Homme - anno II - n.37 - 15 agosto 1855

L'HOMME. -1f.le1·c1·edl, -----------···~ --------------------------------------------------- pour défendre à l'extérieur les droit de la Pologne opprimée, écrasée; et nous espérons qu'une Assemblée réunie pour délibérer sur l'objet même de: notre mission, ne refusera pas d'entendre la DÉcLARATiON suivante de nos convictions, müries par une longue méditation et une dure expérience. Nous déclarons : 1° Que le grand problème historique relatif à la guerre actuelle ne p_eut pas être résolu par un compromis temporaire, et implique l'absolue néc_essité d'une solution définitive. 2° Nous regardons comme une vérité incontestable que la solution définitive implique la nécessité absolue de la réduction matérielle de la puissance accablante de la Russie. 3° Nous sommes convaincus que cette réduction, quelles que soieut les forces euvoyèPS contre le Colosse d11 Nonl, - dont les extrémités, bien que frappées, sont trop éloignéP.s pour affocter les ressources et les forces vitales de l'intérieur, - ne peut s'effectuer qu'au moyen d'une campagne victorieuse en Pologne. 4° Nous déclarons rlonc que nous applandissons du fond du c.œnr à tout mouvement cle l'opiniou publique destiné à pousser les Gouvernements alliés à 1:eP.lus éviter, comme ils l'ont fait jusqu'ici, ce seul moyen i''obtenir la victoire dans la gucn e, b sécurité dans la paix. [} Nous sommes fermement conrnincus oue si les Pnis~ance:s alliées, en attaquant la Rugsie e1; Pologne, donnaient à la Nation polonaise une preuve évidente qu'elles ne rrgardent pas l\1s~ervissement de la Pologne comme uu élément essentiel <lu système européen, elles trouveraient dans la ~ ation poloaaise un a!lié, un auxiliaire puissant. 6° Mais nous déclarons que pour obtenir ce résultat, la Pologne doit être rassnrée dès le début coutre toute arrière-pen ée des Puissances contre l'indépendance et la liberté de la Nation, dans le réglement de ses aff.tires intérieures ; car tout empiètement sur sa souveraineté 1létruirait leur prestigr. et rdppe!lerait à l'esprit de la Pologne ces mêmes démembrements contre lesquels elle proteste et lutte co11ti11uclleme11dt epuis un siècle. Si la Pologne doit être une utile alliée, elle doit être traitée en Nation; elle doit être certaine qne les arm6es qui pénètreront sur son territoire, agiront comme alliées, an profit commun, et non pas en maitres et eu dictateurs, usurpant l'autorité, comme les Autrichiens dans les Principautés. 7° Eufin, quant à la formation de Légions Polonaises, -et nous croyons être en cela les interprètes du sentiment unanime du peuple polonais,-nous croyons qu'il ne s~rait ni jnste ni généreux de la part <lel'Angleterre de profiter de la misènt qni existe dans les rangs de l'émigration, pour entrainer ses membres à jouer le rôle <lemercenaires, et à sacrifier leurs vies pour le triomphe d'une politiqll;e qui s'engage à ne p;llS empiéter sur les limites t..:rritoriales de l'Empire Russe, et à le laisser en parfaite intégrité, même eu cas de victoire; au profit d'une politique dont l'objet principal semble être ju~qu'à re jour de satisfaire les désirs et les int6rêts <le l' 1\utrirhe. Non senlcment la Nation Polonaise ne se serit nucnn intérêt pour de semblables desseins, mais encore elle les rc(farcle comme hostiles à ses 1lroits et ,lestructifs de ses " plus légitimes espérances. La Nation polonaise verrait donc avec regret et douleur ses fils exilés entrainés par l'Angleterre à risquer leurs vies 1lans un p:ireil but. La misère est facile aux entrainements ; I' ,\ngleterre pourra <lonc trouver quelques exilés polon~is acceptant la solde de recrues, et s'offr:rnt à la mort sous les murs de Sébastopol, s~r les montagne de l'Asie, ou dans ll's· marais <le la Dobrn<lscha, sans aucune utilité pour leur pays. L'Angleterre n'en profitera guères. Il y 1~11 a peu à qui la misère même puisse faire oublier que leur Yie appartir.nt à la patrie; et ceux-là, affaiblis par l'âg~, ou trop jeunes pour avoir <lel'expérience, sans entho1JSiasme, ne pèseront guères dans la balance de la victoire, dans ces régions éloignées. - niais, sur le sol de la Pologne, ces faibles éléments "au<lraient des armées entières ; leur appé!-rition sur le sol de la patrie sern.it le drapeau sous lequel toute une Nation se lèverait pour la TJerté, se lèverait toute armée, forte par le nombre des combattants, invincible par Je courage. L'émigration polonaise est le grand et dernier trésor de la Pologne ; il ne doit pas être vainement prodigu_é au loin. Servez-vous des armées polonaises, mais sur le sol de la Pologne. Là, elles vous donneront la victoire, parceque là, la victoire donnerait la main à notre liberté ; mais si vous ne voulez pas les employer s11ruotre sol, ne privez pas la cause de la Pologne du sang de ses fils. Une Légion Polonaise sous les murs de Sébastopol ne serait qu'une légion de mercenaires; en Pologne seulement elle aura le caractère polon<1is. Au nom de la Société démocratique polonaise, Le Comité central, L. BuLEWSKI, S. W oncELL, A. ZABICKI. L'excommunication est aussi dure que bien fon- -dée, mais elle n'est pa~ la seule. Ainsi, nous avons reçu, sous ce titre: Déclaration de l'assemblée des démocrates polonais exilés, un ordre dn jour puissamment motivé coutre le meeting de Saint-Martin's Hall, dans lequel nous lisons, entr'autres vérités sévères : " Réprouvant toute alliance avec les despotes, " ne voulant secours d'aucun d'eux, condamnant " le caractère de la présente guerre, et ne travail- " lant qu'à la Révolution européenne, dans le but " de la délivrance et du bonheur universels, la " Pologne dénonce comme crime, toute formation " de lég-ion polonaise qui n'aurait pas pour dernier " mot et pour bannière, sa régénération radicale, " an dedans, et la République, démocratique et " sociale dans le monde entier (1wiversal). L'intrigue est donc combattue ·par toutes lt>s fractions polonaises ; voilà pour l'Angleterre. A Paris, M. Czartoriski est désavoué, dans un écrit fort remarquable par 3076 signatures de l'émigration ; à Constantinople lE>sdupes ou les malheureux qu'on avait embauchés, comme ici, dénoncent les traîtres, et les aînés de rexil se tiennent partout dans le devoir. Aristocrates anglais, vous n·aurez de Polonais au ~ombat, qu'en Polog11e. Ces proscrits-là ne se font ni Hessois, ni PeauxRouges ! Ch. Rrn. ------··------------------ 9 août 1855. M. Bonaparte, en îrappant lè parti républicain dans ses libertés, dans ses tribunes, tians ses hommes cf dans son gouvernt1ment qui était le droit et la loi, M. BonaprtJ croyait avoir écrasé tous ses emH:mis et co11juré tous les dangers: eh bien, voilà que son aile d~oite, dans la grande conjuration commune, conspire presque R ciel ouvert, contre l'Empire, et que partout se retrouve la trace des menées rova listes. Sur les côtes de Ï'Ouest, les éiections municipales et départementales sont à la merci ,le la faction; les prêtres, ch~fs de la propagande, rallient les âmes vendeemies ; les grands propriétdires-ferrniers accusent la guerre, ft'ayant plus la Révolution, et l'on a saisi, dans le Midi, <les correspondances légitimistes indiquant un complot avec l'étranger, sous la raison sociale : Chambord, de Bf odènc ~ Jl1o II témotin. l}où viennent ces audace'l et cette résurrection du parti le plus vieux et le plus cassé <le l'Europe? S'il y a de1-:Bonapartistes naïfs: ils pourront bien se. plaindre, mébrncoliquement, de l'ingratitude des prêtres et des grands seigneurs :l l'endroit de l'ho1nme-Pro\·idence qui les a 1-auvés de l'anarchie; ~ai$ U\UX qui savent le génie du Droit divin, i;es loAgs desseins, ses secrets et ses mœurs, ceux-là comprendront qui? l'Empire n'ayant })U cueillir le lauri•ir de Sébastopol, et la Russie qui est l'armée sainte, n'ayant pas été entamée, les royalistes ont jugé l'heure favorable, pour tenter une divt.!rsion, rendre par là service au Czar et se faire appuyer en Espagrie, en attendant qu'on puisse donner l'assaut, ailleurs. C'est là, <ln moins, ce que révèlent certains documents saisis, et si l'on rapproche ces révélations de la procla- ' mation Castellane (puLliée dans notre dernier numéro), 011 verra que la police et les Tuileries out bien pu prendre l'alarme. Dernièrement e(lcore, le gouv~rnement de M. Bonaparte a découvert à Bordea1Jx une conspiration légitimiste. Il existait depuis longternp~, dans cette ville, une· société appelée l'Union, composée d'ardents légitimistes 4ui exerçaient, ça et là, quelques petites œuvres de bienfaisance. Malheureusement pour ces nobles messieurs, il a été re,.onnu que ces prétendus bienfaiteurs embauchaient quelques paunes 1liables d'ouvriers en leur donnant de l'argent pour les entrainer à embrasser le parti du comte de Chambord. En un mot, cette société était en relation avec les carlistes espagnols, et appuyait de tous ses efforts leurs tentatives pour renverser le gouvernement d'Isabelle II. Tout ceci ne serait rien pourtant, car M. Bonaparte sait bien ce que valent les complots impérialistes ou royalistes, tant qu'ils n'ont pas sous la main l'étranger et le gouvernement; mai, ce qui est grave, triste et navrant pour les aigles, c'est que l'armée, ~ jour en jour, se fait ennemie, c'est que les divisions de Paris elles-mêmes chantent dans les casernes les couplets sécHtie:ux, et que les troupes de Crimée n'ont plus de souffle que pour maudire. Voilà les cruels soucis ! Les trois ou quatre milliards souscrits au registre de l'emprunt sont une légende-monstre, mais qu'il est facile d'expliquer. Vous voulez 500 fr. d'emprunt ? Vous deffi;lndez pour 20,000 fr.; vous versez, en partie, votre l 0me, et comme les inscriptions restent, si vous êtes 100 souscripteurs au même taux, avec nn apport non versé de 50,000 francs, vous représentez 4,000,000. -,- Et voilà comment on aligne les milliards ! - Nous ne parlons pas des fonctionnaires qui s'exécutent par ordre, et des caisses d'épargne qui se vident. On verra plus tard les abimes ! • Il y a eu. dans le Pas-de-Calais, à Arras, une petite manifestation autour de la statue de Frédéric Degeorge. La République du Siècle s'y était donné rendez-vous, et l'on· a prononcé quelques paroles, politiques. La police avait permis. Je ne vous en avais point parlé,· mais c'est un signe. Vous vétï~_z_,dans les journaux allemands, que l' Angle~ , terre passe, de joti: en jour, à l'impérialisme. Ainsi, la Constitution de Hanôvre (la dernière de 48) vient d'être abolie : le cousin de la reine a !Jridé son peuple. Q11e ne peut-on en faire autant à Londres ? Patience, cela viendra, par les Palmerston qui courent. Lisez-vous l 'Emancipatio11, Belge? Voicf ~e qu'elle nous a donné dans la semaine, en sa qualité de jour71-al privilègié ; Qu'y a-t-il de vrai, dans cette bourriche de police? "Je m'étais abstenu de vous annoncer l'arrestation <lu " frère de Pianori, mais quelq11es journa1Jx de Londres " en font mention. Cet It~lien arrivait des Etats-Unis à. " Jersey, où il tenait d'infàmes propos qui ont forcé les " autorités anglaises à s'assurer de lui. Cet incident " jetterait sur les causes déterminantes de l'attentat de " Pianori une clarté nouvelle, si, depuis longtemps, "l'opinion publique n'était formée à l'égard de ce misé- " -rable et <les promoteurs de son abominable tentative.'' J. J. La chronique-Pianori dont parle l'Emancipati-on belge est une fable qu'elle n'a pas inventt:e : le mérite en revient à certains journaux anglais, le Times en tête qui, pour avoir des correspondants jusque dans la lune, n'en voit pas plus clair sur terre. Pianori a-t-il mi frère? Nous l'ignorons. Un citoyen de ce nom est-i! venu à J erscy ? Nous affirmons qu'il n'en est rien, et nous défions les autorités jersiaises, qu'on met en cause, de nous démentir. Tout ceci s'explique pnr l'intervention des polices; il y a de~ hommes, ici, qui mangent à deux ratdiers, et qui ont besoin <l'inventer des conspira- !io.ns. Il y a des journaux cherchant, par ordre, à 1rnter contre les proscrits le pays d'asile, et qui font des bulletins. • Nous méprisons les uns et les autres et ne répondons jamais. N otrc devoir est autre et pins haut. Nous regrettons seulement que les autorités déléguées par le gouvernement anglais se laissent duper par de tels confidents. C. R. 1.1.e~·uede la Sen1aine. A peine sorti du Pouvoir, Lord John Ru~s~H se pose en chef de parti, du parti de la paix. Lui, l'ardent promoteur de la guerre, au début, il demande a11jourd'hui qu'on permette à la Tuquie d'accepter les propositicus de l'Autriche. Il a demandé, àe plus, ( pour recouvrer sa popularité) si les troupes étrangères qui impose11t à l'Italie le r~gime oppresseur, intolérant, cruel du Pape et des autres princes, ne seraient pas bientôt retirées, laissant les peuples libres de réformer leurs gouvernements. Lord Palmerston, sans trop s'étonner de ce revirement d'opinion de son collègue - son complice, disent ses ennei~i~ - a répond~ que la Porte n'acceptait pas les propos1t1ons de l At1tnche ; les puissances alliées continueront la gnene jusqu'à ce qu'elles aient assuré l'indépendance de la Turquie. Il est conv2nu des crimes commis par les gouvernements Italiens - sauf le Piémont dont il a fait l'éloge; - il reconnait combien est funeste l'occupation étrangère ; mais ". ce sont là des sujets trop délicats pour en parler." Il a affirmé, enfin, que si.l'Autriche ne c-ombattait pas pour les Alliés, elle ne combattrait certainement pas contre eux. M. de Rayneval, l'ambassadeur français, a été chargé de réclamer du Papn diverses réformes, et spécialement la séc~1larisation de son gouvernement. La· répons·e a été négative. Le Pape, pour châtier les Etats qui s'emparent des biens ecclésiastiques, a excomnrnnié le Piémont et lancé un monitoire contre l'Espagne et la Suisse. A Na pies, où domine l'influence russe selon Lord Palmerston, un citoyen ayant blâmé les violences et les provocations de la police contre les patriotes et les partisans ~e la France_, a été contlamné par une commission de police à recevoir 100 coups de bâton. Il est mort quel11ues heures après ce supplice. Le roi de Hanovre ( cousin de S. M. Victoria) a dissous son Parlement et refait la Constitution selon les ordres de la Diète Germanique. L'Espagne constitutionnelle se débat dans l'ornière des révolutions fausses ; elle n'a pas su profit~r de l'heu~e de liberté po~r (;Onstituer ses pouvmrs souverainement, et la vmlà qui se prend de peur entre les grèves et lt>sCarlistes. Son gouvernement a des terreurs folles· il sent qu'il n'est point rissis, et dans son rêve d'émeutes il fait offrir aux Puissances Alliées, un contingent espagnol, à ces deux conditions, - lui souscrire un emprunt et le sauver de Montémolin. Aux deux points de vue, mauvaise politique. Contre Montémolin E>ttous les prétendants, il n'y a qu'un remède, la République : pourquoi ne pas la proclamer? En Espagne, les mœurs sont faites. Quant au contingent, n'y a-t-il pas assez de morts en Crimée ?

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==