Homme - anno II - n.37 - 15 agosto 1855

_,..,,..,.,,._,.........,,=-==~---·~ ----------------------------------------------------------- . borner son iuflu'?nce et ses bienfaits à ce qu'il lui fut douné de percevuir ou d'accompli:.. La Révolution est une religion qui n'est pas drconscrite par des textes étroits ; elle e~t au.dessu-.s de la lettre, et ce qu'elle nous livre, ~•est la :puissance créatrice de· son indomptable esprit. Si nous tenons à imiter nos père:;;, apprenons d'eux à être nous-m'êmes, Là èst le ·témoignage .le .plus élevé qu'ih! puissent attendre de notre reconnaissance et de notre admiration. Nous leur devons, non de les' contrefaire, mais de les continuer. .AUX AUTRES. Vous êtes Socialistes ... en ce sens, toutefois, que c'est l'intelligence seule que vous appelez à affranchir le peuple: l'aclion vou·s fait peur. Ignorez.vous donr. que l'idée a besoin de s'incarner pour être la vie'? Ignorez.vous que l'action est le geste nécessaire de la pensée? Parlons, dites-vous, - Mais si toute tribune est jetée par terre? Ecrivons. - Mais si la liberté de la presse est étouffée ou asservie à l'argent? Prouvons que nous arnns raison. - Mais si l'on n'entend vous répondre qu'à coups de fourche et à coups de fusil? Prenons patience. - Mais si la patience 'ne sert qu'à encourager le mal, qu'à le récompenser par l'impunité, et si l'excès des violences souffertes change la patience en imbécillité ou la fait descendre jusqu'à l'avilissement? Se précipiter dans rles routes pleines <lepérils sans savoir où l' ou va, c'est folie. Mais avoir un but, comprenclre combien il importe de l'atteindre, sentir qu'il est de son devoir d'y marcher, et permettre systématiquement que l'injustice vous barre le chemin, qnand il suffirait, pour l'empêcher, d!avoir du cœ·ur, qu'est-ce donc? Je conçois, de reste, que le stoïcisme dans la résigna. tion soit l'arme de la faiblesse, bien con.statée-; je m'ex. plique comment les martyres peuvent être des triomphes; je m'incline <levant l'immortelle sagesse de Jésus, disant à ses dis-::iple;;, en vue du temps où il prévoit l'impossibilité absolue de la résistance· à César : " Si on vous fr~ppe sur une jone, tendez l'autre joue." Mais qu'on recomrnand~ à un peuple, assez fort pour avoir conquis la liberté, l'étcnge vertu qui consiste à sè la laisser enlever tranquillement, voilà ce que je ne concevrai jamais. Et ici je ne prétends en aucune sorte faire allusion à des circonstances récentes. L'histoire de demain dira si l'on a bien ou mal jugé la sttuation; si l'on a eu tort ou raisor1 d'apprendre au pouvoir que, pour tout oser impunl:ment désormais, il n'avait qu'à entretenir, à Paris, cent mille soldats; si enfin pour &ter à ses adversaires le bénéfice d'une lutte au résultat douteux, le meilleur moyen est de déclarer qu'on la redoute à l'excès et qu'on se rc'." connaît vaincu d'avance. Quant à moi, je n'entends pas ouvrir à ce sujet une polémique rHrospective; je parle d'une manière générale; j'examiue le mérite <le certaines tendances, abstraction faite des choses du moment, 30U~ l'unique point de vue des doctrines, et je dis qu'il est absurde de décrier l'action, absurde <ledécourager le dé- ;6uement 'lU nom de l'étude, absurde de resserrer la Révolution dans telle ou telle étroite question d'économie politique. S'il est bon que le penple, quand il se met en mouve. ment, sache bien où il va, il ne l'est pas moins que, cette condition une fois remplie, il se tienne prêt à agir. • S'il est vrai que l'idée doit être l'âme de l'action, il ne l'est pas moins que l'action est le corps de l'idée. Le temps viendra sans cloute où le désarmeme11t défini. tif th1 prh-ilége dispensera le courage de tout effort. Mais, de bonne foi,, ce temps est-il venu ? Le mal est-il à la veille de se rendre sans combat? L'injustice est.:elle disposée à mettre bas les nrmes à la première sommation ? Regardez plutôt ce qui se passe, et avec qt1el-déplorable emportement la contre-Révolution supprime tout cc qui est de nature à conduire aux dénouements pacifiqùes. La liberté de la prrsse était là .pour mettre la discussion à la' place <le la force: la contre-Révolution a fait main basse sur la liberté de la presse. Le suffrage universel était là pour ôter la révolte et rendre à jamais impossible toute violente manifestation de la volonté publique : la contreRévolution· a détr11it le suffrage universel. Or, s'il arrivait, par impossible, qu'un beau jour l'Assemblée fùt dissoute et la République déclarée hors la loi, devl'ions-11ous re:ster confinés jusqu'au bout dans la théorie <lu calme, coüte que coüte, de la patience quand même? Autre erreur dangereuse. 11 a été dit plus haut combit:n H importait que le peuple ne se précipitât point au hasard dans des routes obscures et se rendit bien compte des révolutions a"ant de les faire. Il y va de son intérêt mat~riel, et aussi de son illtérêt moral, car c'est un des torts des révolutionnaires purement formalistes de ne pas comprendre le côté moral de cette question tragique: la faim. La misère, après tout, ne se borne pas -à torturer le corps, elle pèse cruellement sur l'esprit, elle tend à flétrir et à opprimer l'âme; mère de l'ignorance et aïeule de tous-les vices, c'est elle qui recrute pour les prisons, pour les lupanars, pour le bagne. Il est ,¼onedans le droit du peupl<.!,il est de son devoir de àemander aux révolutions un accroissemrnt de bienêtre.. Mais ce serait tenir le veuple en bien petite estime que de ne lui proposer d'autre bnt que celui-là. Si l'homme .vit de pain - ce qu'oublient trop vite ceux quî n·'eo manquent jamais-il ne vit pas seulement de pain, comme dit l'Evangile; et q1iand une nation est bkssée en fait d'honneur, quand sa dignité souffre, quand on i11s11lteà ses sympathies, quand on la menace et qu'on l'outr,1ge, ce n'est ni dans la tête ni dans l'estomac que doit être le siége de ses émotions ; c'est dans le cœur ! Oui, l'erreur serait grande de faire de la Révolution une simple question .d'économie politique, et cela s\lr la foi de certains hommes q1ie les mots fratnnité publique font sourire et aux yeux de qui le salut du monde est besogne de teneur de lines. 1 Aussi bien, ce sont les faux socialistes que les apôtres d'un matérialisme grossier. On n'a qu'à consulter leur histoire pour -s'assurer c1u'après avoir combattu le Soci 1lisme avec rage, ils n'ont, témoins consternés de ses progrès, adopté le mot q~'afin de mieux attaquer la chose. Ecoutez-les, en effet: ils vous diront merveil :es du lais~ez faire, ils feront à la liberté cette mortelle injure. de la baptiser concurrence; ils admettront en droit le crédit gratuit, mai:, ils auront soiu, .par leur ridicule théorie du I • LinRE ECHANGE ENXRE CF-UX QUI N ONT RIEN ET CEUX QUI ONT TOUT, de re11dre, en fait, la gratuité du crédit dérisoire pour le prolétaire ; , enfin, traitant de sentimentalisme affecté les plus nobles élans, supputant l'amour de l'humanité en chiffres, parlant équations à qni parle syrnpathic, ils ne rougiront pas d'écrire: "Combien me dois. tu? Combien te doi.,-je ? Voilà ma fraternité." Tout ceci du reste n'est gnère nouveau: on en peut juger. C'est le libéralisme devenu cynique en .devenant vieux. Ce sont des guenilles usées jusqu'à la c0rde qu'on s'imagine faire paraitre neuves en les portant à la manière de J)iogène. Tels se montrent les hommes qui, volontiers, si on les laissait faire, soumettraient la Ré\"olution à Barême. Et rema1quez-le bien, ce sont les mêmes que nous voyons, chaque jour, renouvelant contre le jacobinisme les anciennes malédictions de Coblentz, pour1<uivant de leurs moqueries jusqu'au fond <lu tombeau les vaincus de thermidor, baffouaut la tradition révolutionnaire et nous refusant le droit glorieux d'avoir des au-cêtres. Protestons, protestons hautement contre· tant d'impiété. vrais socialistes que nous sommes. Tout en nous efforçant d'agrandir l'héritage que no,1s avons teçu, rappelons-nous avec amour et reconnaissance <le .qui nous .Je tenons. Les temps sont changés; l'adoucissement des mœnrs dispense notre siècle de la nécessité dt:s moyens ,terribh·s .dont l"em. ploi iut imposé à nos devanciers. plus lllaiheureux que nous, et on sait qu'.e11Février 1848, la République victorieus~ ne tua .... que la peine de mort. Donc, pas <l'.imitation étroite et systématique, pas de plagiat serv,ile; mais n'oublions pas non plus que l~,bE_t-de nos pères fut héroïque, quïls mirent à le signaler à l'Europe une magnanimité sans égale, que la cause du peuple n'eut jamais <le plus famwses victimes, que la carrière où nous marchons est toute teinte de leur sang, et que, si la parodie est un tort, l'ir.gratitnde est ttn crime. , De la grandeur de leur intelligence, le monde, ému encore, rend assez témoignage. Mais n'eussions-nous ·à honorer eu eux que leur dévouement, combien leur mémoire à ce scttl titre nous devrait être sacrée ! Il est très vrai que la civilisation, en se développant, diminue la nécessité des sacrifices illustres ; il est très vrai que chaque erreur, que chaque iniquité qni tombe en.porte avec elle dans sa chute une o,:casion de déYoue. ment. Le jour où lïntolérance religieuse fut vaincue, les martyrs pour la cause de Dieu disparurent de l'histoire, et l'abolition de la torture a coupé court à des exemples de fermeté sublimes. Mais le progrès n'en est pas encore au ,point de pouvoir se passer du sacrifice. Respect aux courdgeux et aux dévoués ! RÉSUMÉ. F.n •résumé, le parti de l'avenir ne saurait être nï un parti exclusivement militant, ni un parti purement contemplatif. Le moment est venu où il faut être socialisterévolutionnairei· sous peine de n'N·re pas. Economistes et chevalier~, hommes d'action et penseurs, tous ont à • marcher en avant, groupés :;ous une même bannière. Penser et agir; mais dire ce qu'on pense et samir ce qu'on fait! ' Louis BLANC, Ce travail de Louis Blanc a précédé le coupd' état; c'est encore sa pensée, ainsi qu'il nons l'a dit, et dans cette question ouverte et pendante '' La Politique de l' El-·il," sa parole devait être entend ne. Nous sommes de son avis, quand il déclare que les révolutionnaires qui ne sont pas socialistes, et que les socialistes qui ne sont pas révolutionnaires sont dans l'absurde; mais il s'agit de savoir, aujourd'hui, si les anciennes classjfications sont de justice, et si, grâce à nos malheùrs, les uns et les autres ne comprennent pas le devoir tout entier de Révolution. La question, autrefois, se compliquait d''un gouvernement. .Elle est aujourd'hui fort simple, et c'est Louis Diane qui l'expose lui-même dans ces lig-nes: " S'il arrivait, par impossible, qu'un beau jour '' l'Ass~mblée fût dissoute et la République dé- " clarée hors la loi, devrions-nous rester, jusqu'au ", boui, dans la théorie du calme, coftte que coûte, " de la patience quand même?" Hélas! l'impossible est arrivé : l'Assemblée a été dissoute, emprisonnée, proscrite et déportée. La République qui n'était déjà qu'un nom, n'est plus qu'un crime: la France a reculé, de la pleine lumière de 48. aux ténèbres épaisses de la caverneEmpire; il 11'y a plus ni liberté, ni souveraineté, ni dig·11itédans la vie publique : on est nilet ou l'on est proscrit, et la chute f'st telle, l'abîme est si profond, qu'on se dispute, en France, sur les épavts de 89 ! C'est doue le cas, plus que jamais, de ne pas rester dans la tltforie du calme, et d'abdiquer la patience quand même. N ons avons à reventliquer deux :::iè1·lesd'héritage, 11ousavons à reconquérir, non pr.is la République se11lenw11t,mais la Révolution, nous dt>vrions dire la Civi4isation toute entière; il y a donc, avant tout, nécessiré de fusion, d'accord, d'effort commun, dans les nuances de la Révolution et des idées. Voilà pourquoi notre journal, et voilà pourquoi notre thèse •· la Politique de l' Exil." Aujourd'hui, le premier, le grand <fovoir est révolutionnaire, comme au temp; où la Bastille, la Sorhonne et Versailles étaient debout. Quant au problènw de l'ég·alité, qui ne peut être. résolu que dans h République, c'est encore une instance pour la Révol 11tio11: ne nous convie-t-elle pas, cette c1uestion redoutable et sacrée qu'on ne peut plaider mai11tenant en Frnnce, à la guerre suprême, à la luttt> révolutionaire contre le de~potisme '? Et le peuple qui est i,1no,·a11ce et misère, n'a-t il pas, pour premier i11térêt, dt>revoir le grand jour et d'avoir sa souveraineté libre? Y a-t-il moyen de l'éclairer et de le relevel', quand il est dans l'ombre-et la servitude 't Les heures qui s'appellent Révolutions ne sout pas seulement tempêtes, mai!'; éclairs et rosées! Donc, l'intérêt pressant, l'intérêt religieux, c'est l'action; action par la propng,rnde qui rallie les âmes, et par la conspiration qui rallie les forces. Le despotisme a fait son unité, Notre devoir n'cst-îl pas de faire la nôtre '! Sur .la question des systèmes , républicains uons n'avons qu'un mot à dire.: Sous noire gouvernement qui t:st libe,-té, ~ons la République, les idées s'exposent ,et se répandent. Sons notre gouvernement qui est sou.verai11Pté, sous la Républiyue, les idées se votent et deviennent lois. Rien n'est donc écarté, ni le!I hommes, ni les doctrines; mais rien ne peut passer, ni les doctrines ni les hommes, sans Révolution ! Donc., avant tout, Révolu1ion. Louîs Blaue est donc de notrn avis, nous en somiru•s co1waincus ; et si pendant l'épreuve, la veillée <les armées, il cr0it util~ de nous envover quelques étu-de.;; sur la question du lend~im;in, nous serons heureux <le µnhlier sa pensée; car ce sera encore ch· la llévolut.ion. Les idées sont des balles! Ch. Rr nEYROLLES. 1APOLOGNEETLESALLIÈS. L'Angleterre commence à comprendre que tous les Bonapë:lrte ne s'appellent pas victoire; elle a déjà perdu sa grande armée, sous Sébastopol, et elie voudrait bien en fornwr une autre, le citoyen at home ne donnant pas, avec les débris des misères exi léc>s. De là, les légions Suisse, Polonaise et Britannique étrangère. Jusqu'ici la légion suisse et la britannique étrangère sont fort pauvres: les recrues prises de toutes mains ne tiendraient pas. eu ligne., avant un an• quant à la Légion Polonaise on a beau battre I; rappel dans tous les centres de l'exil et faire des 1neetin.gs, la proscripti.on démocratique polonaise barre le passage, .et voici comment elle répond aux embaucheurs: Au Président du Afeeting de St. Martin's Hall. , • J l\foNSIEUR, ' Apprenant par les affiches qu'on doit tenir un meeting dan-s 8t.-Martin's-Hall sous votre présidence, en faveur de l'emploi d'une Légion polonaise comme l'auxiliaire le plus efficace, et de la Restauration de la Polo,9ne comme le seul moyen d'obtenir une paix durable,'' - nous, les élus d'une nombreuse portion de l'émigration polonaise, et les représentants naturels de l'opinion de cPtte majorité, nous :tvons le devoir d'èx prim,er notre conviction et celle de nos concitoyens sur ces questions vitales pour nous et notre patrie. Nous avons quitté notre pays, seulement

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==