Homme - anno II - n.36 - 8 agosto 1855

·cencieusement frivoles. Il semblait qu'elle possédât ce don attribué à la royauté, de guérir, en les touchant, les plaies immondes entretenues par celle-ci, et qu'elle sût échauffer de sa réverbération le génie même, exact et froid, des spéculatiens scientifiques. Enthousiasme et bon sens, .ce furent les deux pivots du mouvement ré·volutionnaire. .Alors il fut prouvé que les superstitions n'ont pas -seules le secret de l'exaltation c1es peuples, et que les hommes ne sont .pas de feu seulement pour les mensonges. C'est •que se vulgarisant da_nsles masses, les idées vraies étaient descendued de ces haut,:s régions où le soleil ne brille que sur des glaciers. La science se maintient dans la route du progrès so- • cial sous l'impulsion que la République lui donna; elle n'a pas cessé d'être révolutionnaire, garde cette direction d'utilité publique, tend à perfectionner, à soulager le travail, et ce n'est pas sa faute si celui-ci profite peu des améliorations scientifiques. Les lettres et les arts ont presque déserté à l'ennemi, et à part quelqûes hommes isolés, ils s'égarent ou p:iressent hors du sillon que le progrès poursuit avec effort ; ils refusent au service de la liberté l'indépendance qu'ils ont cherché à reconquérir. l)ourquoi !'écrivain et l'artiste se font-ils gens du monde et ne savent-ils plus être hommes du peuple? Ils l'étaient quand le peuple ne valait pas ce qu'il vaut; ils vivaient, jadis, à la taverne, et aujourd'hui ils fuient la place puÜlique '! ·v euleut-ils donc compter dans cette classe de pan·c11us qui pnHend remplacer le gentilhomme, q,iand ce titre -n!a plus d'éclat ; aiment-ils mieux agir en bourgeois qu•en cit~yens? 1.es1êttres et les arts ont pourtant devant eux un terrnin neuf et fécond. Nu11e époque, quoi qu'on en dise, ne fut plus propre à les inspirer qne la uôtre. Il n'y a de trivial que la pensée, le langage, les mœurs des vils i11térêts qui nous oppriment. Ailleurs, tout est beau, fort et jeune; tout respire l'ardeur du bien et du grand, un sentiment profond, une hardiesse d'esprit, cttte foi, ce mélange d'idéal et du vrai, qui font aujourd'hui la ven·e et l'intelligence, la poésie d'une génération tout entière. Placée entre les plus grands jenx de fortune auxquels l'homme ait jamais pris part, et des évènements qui lui ouvrent un horizon sans limites, une carrière de géant, cette époque n'est petite que dans ceux qui l'entra\·ent. Intérêts, conceptions, entreprises, et les souvenirs et l'attente, tout·est vaste. Le génie a épuisé les inspirations <1u'ildevait au grand spectacle de la nature.; le monde social lui en pr~sente un qui n'excite pas moins l'imagination, et vivifie, utilise bien mieux la pensée. . Le Tasse, étant avec un,de ses élèves, arrivé au son:met <l'une montagne, il lui montra tont cc qui s'offrait à leurs yeux, et dit : " Ces forêts, ce fleuve, ces campagnes, l'oiseau qui vole, le vent qui souille, les cieux, les nuages, ~out.ce que tu v.ois enfin, c'est mon poème/' Image viyante sans cloute! mais combien l'est davantage, combien e3t à la fois plus profonde et plus ,dramatique cette pensée <le Sénèque : " Voici un spectacle digne de fixer le regard de Dieu, celu,i d'un homme luttant contre la fortune." Cet homme, c'est le pct,plc .tout entier. Voici l'aspect que votre esprit doit avoir ·sans cesse présr.nt. La nature n'est qu'un cadre; le tableau c'est l'homme, le point de vue, c'est sa destinée sociale. Poètes, philosophes, soyez les peintres, les inspirés d'un si grand sujet. • La 'littérature actuelle a le mérite de la hardiesse ; eltfi) est sortié de ces prétendues traJitions vantées par les ;pédans q•1e Chénier, aussi bon classique qn'un autre, appelait des Jurés-pçs.eurs de diphthongues, et qui, dans leur fatuité de dénigrement à l'égard d'œuvres présentes, pardonnent aux a11ciensmodèles d'avoir cavalièrement traité les trissotins de leur temps. La littérature n'a pas craint non pb1s <l'attaquer l'état social act11el, et en cela, elle a pri$ une teinte de notre époque. Mais sous quel mobile a-t-elle conduit ses attaques? dans un siècle où c'est au profit des masses que la morale instruit vigoureusement le 1irocès contre les v-ices de la société présente, lorsqu'il faut réclamer pour ·tant-d'intelligences étouffées, tant de légitimes intérêts méconnus, la littérature s'en prend à l'ordre social au nom tic quelques vanités, de quelque,, passions mal satisfaites, c'est l'égoïsme blessé qui accuse l'œuvre de l'égoïsme victorieux ; c'est l.e talent (car il y en a beaucoup dans cet égarement d'esprit), qui n'oppose aux abus que les prétentions, et combat par l'individualisme cette société qu'il faut replacer sur les véritables bases de l'association. Qu'on pardonne ces digressions à la préoccupation des républicains, qui leur .fait dan-s les plus minces écheveaux saisir le fil ùe leurs idées les plus sérienses; mais pourquoi donc cet égoïsme et cette dépravation dans un très grand nombre des productions de nos jours? Ces deux JHinces même du grotesque, si bien rappelés d'ailleurs par la Caricature républicaine, Callot, Hog.n-th, disaient, l'un : "j'aimerais mieux me e;ouper 'le -pouce que de rien faire contre l'honneur ,le mon pays; " rautre : "je m'occupe moins d'être peintre que moraliste." Dans le siècle dernier, David ne aevançait pas seul cette régénération révolution11aire que tout hâtait. Les Lettres persanes, comme 1' Esprit <!,eslois ; l' Emile, la Nouvelle Héloïse comme le Contrat social; les romans de Voltaire, ses tragédies, comme son Essai sur les mœurs ; la Politique nat1irelle, le Code de la nature, et lvfon bonnet de nuit ; les Ruines et L'<Li,n 2440 ·; Diderot, Fréret, d'Holbach, Boulanger, .M:ahly, Saint-P.ierre, d0 Alembert, Beamnarchais, Fabre d'Eglantine, Mercier, Rétif de la Bretonne, jusqu'à l'auteur de Bélisaire, et_La Harpe, et Raynal, et l\'f orellet, qui depuis .... Œuvres littéraires ou philosoqucs, fictions, .théùtre, Encyclopédie, écrivains éminens et secondaires, probes ou immoraux même, ceux-là et d'autres, bien ou mal, tous visaient au but commun. De notre temps, on n'écrit que pour soi, et l'on ne parle que de soi :rn public, même les moralistes. Il règne une sorte d'égofome préte11tieux -et -rêvasseur, phrasetir et ner- ·veux, une poésie de.femmelettes vaporeuses, une épidémie ùe gens qui concentrant sur leur personne leurs pensée et leurs amom•s, -Yous font, comme ces propriétaires oisifs, visiter les moindres recoins cle leur demeure, et n'emploient lafo'lle du logis qn'à clcs jérémiades ou des épou- -v,mtes «le mélodrame, ou bien restent accroupis sur e,lxmêmes et se regardent à Ja loupe. Triste moyen de se paraitre grand. • La secte des larmoyans se passe, ·il est vrai; celle aussi des convulsionnart"es. Restent les ,viveurs, et les auteurs fashionables. Il n'y a pourtaut de conle{lr, de passion, d'intérêt moral que dans les r-hoses, nous ne dirons pas politiques, mais publiques. Heureux qui commencera la littérature et l'art proléEaires ! les auteurs chrétiens ont mis l'homme du peuple.en scène sous l'aspect du pauvre, mais ils n'en faisaient qu'un objet de pitié, un mendiant, un lépreux, -quelque chose comme une bête de somme supportant p:iticmment la faim et le joug. Spartacus est plus poétique à la fois, plus noble et plus actuel, assurément, qne .le Lazare de l'Evangile, et cette statue d'esclave révohé, placée en face des Tuilerie, est, malgré ses formes antiques, plus empreinte <le l'idée présente, que la fresque de la légion Thébaine, reléguée clans uuc chapelle de Saint-Sulpice, que le Christ lui-même couché sur la croix clans la retraite des églises, hien qu'on ne manque aujourd'hui ni de Caïphes, ni de J urlas, ni <le Pilates ... où se trouve fo bon larron? S'il ne dépend pas cle la littératur~ et des arts de soustraire le travail du pauvre à l'exploitation clu mauvais riche de faire qt1'il n'ait même plus besoin cles miettes tombées ,le la :table du bienfaisant, ils peuvent enfin ramener le 'travail de l'esprit sur le champ du peau, aider la morale en cultivant le sentiment du grand ou du vrai; ils peuvent rlu moins combattre, comme nous l'avons clit, cette ignoble notion de l'utile qui n'admet aujourd'hui d'utile que cc qui ~e cote à la bonrse, se jauge, se pèse, s'~chète, et ,ie croit qu'en la vendant au prix de la conscience. Au dernier siècle, un raisonneur disait .d'un chef-d'œuvre. de notre scène: qu'est-ce que ceh prouve? on dira maintenant (l'antour tout le premier): qu'est-ce i:iue cela rapporte? Ergoteurs, agio!eurs, engeance nnisible ! Après tout, les sophistes, les traitans oTttfait plus de mal aux hommes que les égaremens des arts; et les pires passe-temps du luxe sont moins funestes encore que cette fureur d11lucre qui rong~ les peuples jusqu'aux os. ...,"Qui te semble rendre Verrès plus odieux, écrivait encore Cerrachi à Lebrun, son goüt pour les peif.ltures et les statues de la Sicile, ou la rage de ses extorsions ? qui te révolte davantage, les élégantes manies d'nn Mécèue on l'avarice barbare d'nn Crassus, la licence toute démocratique d'un Aristophane, ou le bon ordre qni règne dans les affaires d'un maltôtier? certes, il ne faut pas plus souffrir les Arétin que les Turcaret, mais je redoute encore plus pour les mœurs publiques le système de Law que les priapées de Piron, quand même on ne connaîtrait' pas plus son Métromane que son cynisme." ' • Disons de même : les d6horùements du théâtre sont effrayans aujourd'hui, il ne s'y montre plus de ces !'Empirée qu'i méprisent l'argent, de ces Philinte de Molièreoù l'égoïsme et l'injustice sont si vigoureusement flétris; ce ne sont que crimes violens, ou une immoralité doucereuse et grimacièri.? comme celle de Bertrand de Rantzau. ~fais ie théâtre est presque désert, et le palais de la Bourse est comble ... Vous n'a\'ez pas de si mauvais livre que ceh.i de la <lette publique. Ah! s'il y a, sur notr~ scène, de quoi dépraver uu peuple, voulez-vous voir où il y a de quoi l'abrutir, où il s'énerve et s'étiole ? Visitez ce's antres de l'industrie où le pa11vre, sa femme et son enfant, sont jetés en proie il un travail de dix-sept heures par jour, travail tout mécanique, stupéfiant, épuisant, si mal rétribué que ces victimes ne gagnent pas de r1uoi réparer leurs forces ... Les jeux du cirque nuisaient moins au prolétaire romain que les fatigues de maint atelier an prolétaire de nos jours. , Les gymnastiques au moins exerçaient les muscles. L:\, le corps c:t l'intelligence, tout souffre, tout dépérit. .. état social si fort contre nature que le travail m~me est devenu funeste à l'homme, et tue ccnx qu'il devrait nourrir. Go,!efroy CAVAIG~.\C, Tout ce qui concerne l'impression des livrts, brochures, discours, etc., etc., - ou demande de livres de propag-a11de républicaine. - doit être adressé à 1\1. ZE~O SWIETOWSLA WSKI, lD, Dorset StreP-t. ANNONCES E'l1 AVIS DIVERS. A LOUER PRÉS}:NTEl\fEN'l': A1•1•al'ten1e11ts 11011 &'R.~1118 et Ja1•dln f'~uitie1·. S'adresser à :.L ·wATRtPO'.'li\,Iasonic lodge, St.-Sa11ve11r. .-,-. BOIITNERT, TAILLEUR, Fait et fournit à d('s prix modérés. -- 35, Gerrard-str('et. Soho square, à Londres. HOTEL DU PROGRÈS.-CAFlt RES'rAURAN'I1, 1\~nupar .T. LO ltG UES, proscrit français. - Dîner ii h carte à toute heure, :n. 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