Homme - anno II - n.35 - 1 agosto 1855

L'IIOMME-!J-· Bet"'Cl~edl, -----=-~-.,.,,,,=-=---~-=-------------~---·----------.;.._ __ _;__________________________ ..:.... ___ . ,...,. VARIÉTÉS. L'ART :EN ITALI.E. Les Anglàis et la ·plupart des touristes oisifs ,qui visiteri.t'l1'ltalien'y cherchent guères que les ruines merveilleuses et les paysages splendides. C'est pour eux un voyage aux villes mortes, et tlaos leur pensée, Rome est un tombeau comme Jérusalem. La vie est là, pourtant,-les dernières révolutions l'ont prou vé,-la vie est là, .féconde, puissante, variée sous le linceul des morts, et Londres, la métropole de l'Angleterre, a.vec ses trois mili lions d'hommes qui marchent en liberté, -Londres , est bien loin d'avoir 'les énergies actives qui se • cachent dans le dernier village des Abruzzes. • La vie est partout en Italie, et, dans un avenir •.prochain, elle éclatera sous toutes les formes. Telle fut toujours la pensée de Mazzini, et c'est ,.l'unité de sa -vie, de son effort. Voici quelgues lignes qu'il écrivait, en 1835, en , réponse au_poète Barbier qui, comme .les lords, . n'avait trouvé que la ruine en Italie. J Les· hommes qui ont la foi profonde ne changent '-guères et leurs paroles durent. ~ ................................. -~. •· ........ . Chez Yous, comme e::hez nous, une grande époqut.! se meurt, une grande époque va commcnrei:. Plac6 entre cC's deux moments, entre un regret et un ,désir, ,entre une ,tombe et un berceau, l'art, comme le Memnon du désert, entre deux soleils, n'a.qu'un gémissement à donner à ceux 1iui l'interrogent, une ·plainte à exhaler dans le vide. 'C'est•qu.e l'.ari lw,màin, la poési~ de l'individualité a eu son Verbe en Byron: l'art social, la poé:-dede l'humanité l'attend encore pour s'élancer sur ses traces au développement de sa nouvelle mission. C'est 'l,ll'en Franc:e, comme en Italie, il faut à'l'art son mot d'ordre, son génie, so.1 ange, son verbe qui lni dévoil_esa nouvelle unité, qui ltii •dise : là --estton soleil! là est ton peuple! là est ton Dieu! - Or, cette unité, 11ous la pressentons, nous aussi ; ce ,:peuple, ce Dieu, ce soleil est invoqué partout et pour tous, à Milan commo à Parii,, sous les portiques du Colysée, · comme sous les arcades de W cstminster. Seulement, vous, forts et les mains libres, vous vous débattez comme .la Pythonisse sous la puissance 11ui vous entraine, vous ·luttez comme Jacob contre l'esprit ,:de Dieu, - et nous, a!servis, garrottés, nous nous taisons : nous attendons immobiles. - Vous exhalez vDs souffrances ; -nous épuisons les nôtres en silence. Vous ~panchez tout ce qu'il y a de poésie dans vos âmes .dévorées, saus le poids du présent, d'un instinct d'aveuir : nous -·refoulons la poésie vers-sa source, nous effaçons le sourire, now;'b,1vons nos larmes. Car -en Italie 1 voyez-vous, il est défer1du de -sourire, il est dHendu de pleurer. Il vous faut, dans ce pay&de misère, renfermer en votre cœur joie et tristesse, douleur et espéram:e,,et marcher à travers Jar foule, entre les tombeaux de vos pères et les échafa11ds de vos frères, sans vous prosterner, s,,.ns -maudire. Il ,vous faut aller, venir et vous asseoir sur cette -terre -sainte :de malheur et de gloire, où chaque pas vous amène un souvenir de lutte, c!e liberté et d'oppression, sous un soleil qui a brillé sur les têtes de Dante et de Michel-Ange, de Pétrar,ue et de Raphaël, comme si vous étiez un étranger, un passant rl'un· jo1ir, bien froid, bien indifférent : ,un étranger à cette terre, qui couvre les ossements 'de votre père et de votre mère : un étranger à ce soleil qui r~youne la poésie et l'amour, qui vous a échauffé tout petit dans votre berceau, et dont une étincelle s'est fixée à votre cerveau , a·ctive et brCllante. Et ~i celte Hince:lle vous a fait une arme de feu, si vous &tes de ceu>.: à qui Dieu a mis un signE: de prédestiné sur le front, si une espérancP, une grande et noble espérance, :.t touché vos yeux du bout de son aile, si la p11.trievous est apparue un jour dans vos rêves comme une sœur que la violence a flétrie, comme une mère qui a perdu ses enfants, et qui pleure ; - si une voix sort pour vous du fond de chaque tombeau; - si vous voyez quelquefois les images de ces morts illustres qui ont peuplé les siècles qui ne sont plus, passer devant vous grav<'s, et majestueuses, sous les arcades de ces monuments que le génie a fait à leur taille, et que vous sentiez en vousmême assez de puissance pour évoquer ces images, pour les reconquérir sur la mort, pour les embrasser, les dominer, les soumettre, les fixer dans vos pages, ou sur votre toile; - c'est un affreux tourment, croyez-moi, que d'être forcé de vous taire, forcé de courber votre jeune tête, et cauvrir vos yenx pour ne pas voir, forcé de serrer votre cœ1:1rdans vos mains, de peur que votre secret ne s'en échappe; car ce seoret c'est la m-0rt, •la mort dn cachot, la mort du Spielberg, la mort d'Oroboni, de Moretti, de • Villa, avec des visages étrangers à votre chevet, des mots teutons p~ur dernier adieu des vivants, et la pens~e fixe, rlévorante, maudite q11e -vos restes dormiront sur la terre ennemie, dans une .fosse,creusée par des mains d'ennemis, - ou bien c'est cette moJ;t de tontes les heures .qu'on a nommée l'exil, le long ,et.froid exil, existence triste et clécolorée comme un' ciel brumeux, comme ·un foyer éteint, souffrance sana nom, sa.n-s-pleur-s,-sans expression, qui u'a de .-poésie que pousr ,ceux .qui la regardent de loin et passent, qui ·creuse et amaigrit sans tuer, courbe et ne brise pas, et fatigue vos yeux à suiHe au ciel les nuages qui -s 'eu vont poussés par le vent, libres comme la pensée, vers le ciel de votre patrie, au-delà de ces Alpe5 éternelles, Chérubin de glace qui vows ferme l'entrée de ,·otre Eden ch~ri.; ou bien encore c'est plus que la mort du Spielberg, plu-s que l'exil : c'est la mort de l'âme au sortir du cachot, c'est de l'insensibilité à tout ce qui fait battre votre cœur, c'est l'oubli, c'est la mort de Pellico; car Pellico est mort : Sylvia ne vit plus pour nous que dans cea beaux vers cle Paolo per te, per te - qui ont fait tressaillir, sur la bouche rle notre Modena, la jeunesse de Bologne et de Florence. Et alors - quand la sambre réalité s'est dressée de,·nnt Lui, quanrl un regard lui a tout appris, et que partout où son âme ardente et naïve a voulu s'épancher, il s'est vu repousser par une main de fer, que voulez-vous qu'il fasse, 1-epauvre artiste, seul avec son génie, sans encouragement, sans but, sana peuple, i-ans liberté, sans perspective, si ce n'~st. une couronne. de mnrtyr, non pas au bout de sa carrière, mais entre son art et lui ? Comment, et pourquoi lutterait-il sur une terre où tout élan, tout enthousiasme, toute indiddualité se détachant rle la foule, fournit matière aux soupçons, où Varèse ne peut imprimer une histoire·de Gênes, parce que le mot liberté .rcv:ent trop souvent dans les fastes de la vieille r~puhlique; où l'on jette pour plusieurs mois Cantù dans une prison, parce qne, dans sa vanité d'écrivailleur, un espion tyrolien, un emvloyé de police, Zajotti, se trouve offensé de l'approbation ,que la jeunesse lombarde témoigne pour les travaux de l'historien de Corno ; où pas une palme dramatiq11e ne peut être cueillie, où pas un journal n'existe qui puisse signaler ses premiers efforts·? -:-·Et oommellt accomplirait-il une œuv,re toute de sympathie et d'amour au milieu du désert, quand le développement de toute grande pens6e, leur est interdit, quand le besoin lui cri-e chaq11ejour à l'oreille.: flatte les sens, broie des couleurs, fais des saints pour des chapelles, des madones pour des couvents, cles portraits pour des antichambres, des traductions pour des libraires, ou bien meurs de misère et d'isolement ? Alors, il cède : il cède à la fatalité; il proteste comme Bezzuo1i par son Charles VII; il maudit comme Sabatelli, par son Ajax; pnis il se fait m2térialiste, broie rles couleurs, fait des saints pour des chapelles, des madones pour des couvents, des portraits pour des antichambns, des traductions pour des libraires, des dissertations d'érlldit pour les ·académies, et meurt inconnu comme il a vécu, pauvre fleur à qui l'air et le soleil or,t manqué, en emportant dans sa tombe son génie ignor1', ses rêves déchus, ses passions méconnues. Mais donnezlui à cette âme d'artiste sa patrie et la libertt. - Mettez un dieu dans son temple, une étoile dans son ciel, nn signe de réhabtlitation sur cette terre, forme de poésie, cadavre de beauté, auquel il ne manque qu'un souffle pour se relever ange. -- Rendez-lui son art tel qu'il l'a rêvé dans ses premiers jours d'atelier, tel qu'il lui est àpparu dans ses jeunes inspirations, son idéal, son Eden défendu, son art des temp3 dt: la république, l'art ancien avec une pensée moderne ; -:-- donnez-lui 1m peuple, un peuple de frères, un peuple rém;1i sous l'œil de Ditm,_dans une sainte et grande pensée d'amour et d'humanité, - ou bien donnez-lui' la lutte, rien que la lutte ; enivrez-le des souvenirs de Pontida et de Legnano ; peuplez-lui de guerillas cette chaine de l' Apennin moins sublime, mais plus pittores4.ue que celle des Alpes ; - qu'il ait entendu un seul instrument de guerre résonner dans les 'gorges des Abruzzes ou de la Luuigiana; - qu'il ait vu un drapeau, un seul drapeau national aux belles couleurs flotter sur une de ces cimes que Dieu a élevées pour sen·ir d'asile à la liberté ; - qu'il puisse contempler sans rougir les monuments qui l'entourent·; - qu'il puisse arrôter son regard sur la nuit de Michel-Anc.;e, sans songer, aYec honte et rage, que le Sonno e la Vergogna durent depuis trois siècles; puis vous· verrez ! vous verrez si ces âmes à demi-éteintes l}e recèlent pas des trésou de génie et d'activité à étonner le vienx monde, et à en eufanter un nouveau ! vous verrez ai cet art, q11i erre aujourd'hui dans les souterrains avec Migliara, marche à l'histoire par le roman avec Haye-z, trace comme par pt.esseutiment la silhouette du peuple avec Pinelli, ne se lèvera pas rayon. nant de vie et de· beauté, comme J ulicttc, ,de son tombeau! J. MAZZINI. Tout ce qui .conceme l'impression des livre!:, brochures, .discours. etc., etc., - ou demande de livres d0 propagande républicaine, - doit &tre adressé à M. ZENO SwIETOWSLAWSKt, 19, Dorset Street. ANNONCES ET AVJS DIVERS. A LOUE'R 'PRÉSENTEMENT: Appartement" 11011 carnl11 et Jardin Crultler . S'adresser à :\L \YATRIPO:-, ~fasonic lodgc-, St.-Sau\'eur> J. DONNER,T, TAILLEUR, Fait et .fournit à des prix modérés. -- 35, Gerrarcl-street. Soho square, à Londres. IIGTEL nu PROGRÈ~. -CA [<'j~ ,N'.ES'f AU n.A NT, fl\mu par •J. LORGUES, proscrit français. - D.i'hrr à l:l C:\rle à tonte heure, 21', Great Chape! Street, Oxfort Street, -Soho Squ3re, à LONDRES. A LOUER PRÉSENTEMENT Une Maison ou partie de Maison garnie APPELEE BU DE LA flUE. 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