Homme - anno II - n.34 - 25 luglio 1855

à vous aussi l Un jom viendra où la guerre parnîtra aussi absurde et sera aussi impossible entre })aris et Lo11<lres, entre Pétersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu'elle serait impossible et qu'elle })araitrait •absurde aujourd'hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Un jour viendra où vous France, vous Russie, YOtts Italie, vous Angleterre, vous Allemagne, vous toi.tes, nation~ du continent, sans perdre vos qualités distinctes et votre gloTieuse individualité, vous vous fondrez étroitement dans une unité supérieure, et vous constituerez la fraternité européenne, absolument comme la Normandie, la Bretagne, ]a Bourgogne, la Lorraine, l'Alsace, toutes nos provinces, se sont fondues dans la France. Un jour viendra où il n'y aura plus d'autres champs de bataille qne les marchés s'ouvrant au commerce et les esprits s'ouvrant aux idées. -Un jour viendra où les boulets et les bombes serout remplacés par les votes, par le suffrage universel tles ,reuples, par le vénérable arbitrage d'uu grand sénat souverain qui sera à l'Europe cc que le parlement est à l' Angleterre, ce que la diète est à l'Allemagne, ce que l'Assemblée législative est à la France! Un jour viendra où l'on moHtrera un canon ùaus les musées comme on y montre aujourd'hui un instrument de torture, en s'étonnant que cela ait pu être! Un jour yiendra où l'on verra cPs ~,le11x groupes immenses, les Etats-Unis d'Amérique, les EtatsUnis d'Europe, placés en face l'un de l'autre, se tendant la main par-dessus les mers, échangeant leurs produits, le'ur commerce, leur industrie, leurs arts, leurs géuies, défrichant le globe, colonisant les désPrts, amélioraBt la création sous le regard du Créa~eur, et cornl,inant ensemble, pour en tirer le bien-être de tous, ces deux forces infinies, la fraternité des hommes et la puissance de Dieu ! • Et ce jour-lii, il 11e fanrlta pas quatre ce11ts au<; ponr l'amener, car nous l'i1<rns da11s le roura11t d'é\'éncmr11ts et d'idées le plus h11pétncux qui ,,it encor: entrain,, les peuples, et, à l'époque où llous sommes, une anlléc fait parfois l'ouvrage d'un siècle. Et Français, Anglais, .Belges, Allemands, Russes, ~lacvcs, Européens, Américains, qu'avons-nous à faire pour arriver le plus tôt possible à ce grand jour ? 1\" ous aimer. Nous aimPr ! Dans cette œuvre immense c1c la pacification, c'.est la meilleure manière d'aider Dieu ~ Car D'ieu le veut, ce but sn1>lime ! Et voyc7., pour y atteindre, ce qu'il fuit de toutes parts : Voyez que de découvertes· il fait sortir du génie hum11in, qni toutes vont à ce but, la paix ! Qne de prngès, que de simplification.~ l Comme la nature se laisse de plus en pl·us dompter par l'homme! comme la matière devient de plus .en plus l'esclave de l'intelligence et la servante de la civilisation ! comme les causes de guerre· s'évanouissent avec les causes de souffrance! comme les peuples lointains se touchent ! ,c?mme les distar,ces se rapprochent! et le rapprochement, c est le commencement de la fraternité ! Grâce aux chemins de fer, l'Europe bientôt ne sern pas plus grande que ne l'ttait la :France au moyen âge! Grâce aux navires à vapem, 011 traverse aujourd'hui l'Océau plus aisément qu'on ne traversait autrefois la Méditerranée! A vaut peu, l'homme parcourra la terre comme les dieux d'Homère 11arcouraie11t le cid, en trois pas. Encore <Juelques années, et le fil électrique de b concorde entourera le globe et étreindra le monde. Ici, messieurs, quancl j'approfondis ce vaste ensemble, ce vaste concours. d'efforts et d'événements, tous marqués du doigt de Dieu.; quand je songe à ce but magnifique, le bien-être des hommes, la paix ; quand je consi<lère ce que la Providence fait pour et ce q11e la politique fait contr1:, une réflection douloureuse s'offre à mon esprit. Il résulte <les statistiques et des hu1lgets comparés que les nations européennes dépensent tous les ans, pour l'entretien de leurs armées, une somme qui n'est pas moindre de deux milliards, et qui, si l'on y :1jou1el'entreticu du matériel des étabfüsements de guerre, s'élève à trois milliar<ls. Ajoutez-y encore le produit perdu des journées de travail de plus <le rlenx millions d'hommes, les plus sains, les l)lus vigourc11x,' les plus jeunes; l"é.lite' des populations, produit que vous ne pouvez pas évaluer à moins d'u11 milliard, ~t vous·arrivez à ceci qne les armées permanentes coO.tent annuellement à l'Enrope quatre milliards. Messieurs, la paix vient de durer trente-deux ans; la somme monstrue·use de cent vingt-huit milli rds a Hé dfpensée pendant la paix pour la gu:!rre ! Supposez qne les peuples d'Europe, au lieu de se défier les uns des autL"es, de se jalouser, de se h:ùr, se fussent 11imés; suppost:z qu'ils se fussent dit qu'avant même <l'être Français, ou Anglais, ou Allemand, on est homme, et que si les nations sont des patries, l'humanité est une famille ; et maintenant, cette somme de cent viugt-huit milliards, si follement et si vai-. nement dépensée par la défiance, faites-la dépenser par la confiance ! Ces cent jingt-huit milliards donnés à la haine, donnez-les à l'harmonie l ces vingt-huit milliards donné~ à la guerre, donnez-les à la paix ! Donnez-les au travail, à l'intelligence, à l'irnlustrie, au commerce, à la navigation, à l'agriculture, aux sciences, aux arts, et représente7.-vous le résultat. Si, depuis ·treute-deux ans, cette gigantesque somme de cent vingt-huit milliards avait été dépensée de cette façon, l'Amérique, de so11côté, aidant l'Europe, 5avez-vons ce qui serait arrh·é ? La face du monde serait clrn.ngiSe ! les isthmes seraient coupés, les flenves cre11sés, les montagnes percées, les chemins de fer couvriraient les deux continents, la marine mar.clrnnde du globe au.rait centuplé, et il n'y_ an rait JJlns nulle part ni landes, ni jachères, ni marais ; on bâtirait <les villes là où il n'y a encore que des solitudes; on creuserait des ports là où il n'y a encore que des écueils; l'Asie serait .rend ne à la civilisation, l'Afrique serait rendue à l'homme; la richesse jaillirait de toutes parts de toutes les veines du glohc gens le trarnil de tous les hommes, et la misère s'évanouirait ! Et saYez-vous ce qui s'évanouirait avec la misère ? Les révolutions. Oui, -la face <l1.1rnonde serait ch:.rngé1: ! Au lieu de se déchirer entre soi, on se répandrait pncifiquement sur l'uuivers ! Au lie1 .1 de faire des r'évolutions, on ferait d(ls colonies l Au lieu d'apporter ln;barbarie à la cirilisation, on apporteruit la civilisation à !a barbarie ! Yoyez, messieurs, dans quel aveuglement la pr.éoccupatio11 de la guerre jette les nations et les gonverna11ts : si les eent Yingt-huit milliards qui ont été donnés par l'lrur~11e depuis trente-deux ans à la gnerre qui n'existait pag, avaient Né donnés à la vaix <]Ui existait, .disons-le, et disons-le bien haut, on n'allrait rien vu en Europe de cc qu'o11 y·voit en c,i moment; le rontiuent, au lien d'être un champ cle bataille, serait un atelier. et au lien cl_ece spectacle douloureux et terrible, le Piémont a1attu, Rome, la ville éterneHe, liHée aux oscillations misérables (le la politique humaine, la Hongrie et Venise qui se débattent héroïquement, la France inqaiètc, appaunic. et som.bre; la misère, le de.iil, la guerre civill', l'obscurité sur l'a\·e- , nir; au .Jiet:i de ee spèctaclc sinistre, n,>us aurions sous les yeux l'espérance, la joie, la bienveillance, l'effort de tous_vers le bien-être commuu, et nous verrions partout se dégager de la civili;,.:ationen travail le majestueux rnyonnement <le 1:.,, concorde univtrsellc. Chose digne de métlitation ! cc sont nos précautions contre la guerre qui ont amené les révolutions 1 On a tont fait, on a tout dépensé contre le péril imaginaire ! On a aggravé ainsi la misère, qui était le péril réel! On s'est fortifié contre un <langer chimérique; on a tourné ses regards <lLt cûtJ où n'était pas le point noir·: on a vu les guerres qui ne venaient pas, et l'on n'a pas rn les révolution:. qui arrivaient. l\i.Iessienrs, 11eJésespérons pas pourt:int. Au colltrni,re, espérons plus que jamais! Ne nous laissons pas effrayer par des commotions momentanées, secousses nécessaires peut-être des grands en fantl'mcnts. Ne soyons pas i uj ustes ponr les temps où nous vivons, ne voyons pas no:re époque autrement qu'elle n'est. C'est une prodigieuse et adminble époque après tout, et le dix-neuvième siècle sera, êlisons-le hautemrnt, la plus grande page <le l'histoire. Comme je vous le rappelais tout à l'heure,_tons les progrès s'y révèlent et s'y manifestent à la fois, les uns amenant les autres : chute des animosités internationales, effacement des frontières sur la carte· et des préjugés dans les cœurs, tendance à l'unité, adoucissement des mœurs, élévation du niveau de l'enseignement et abaissement du niveau <les pénalités, domination des langues les plus littéraires, c'est-à-dire les plus humaines ; tout se meut en même temps, économie politique, science, industrie, philosophie, législation, et converge au même but, la cr~ation du biën-.être et de la bienveillance, c'est-à.dire, et c'est là pour ma part le but auquel je tendrai toujours, extinction de la misère au ùedans, extinction de la guerre au dehors. Oui, je le dis en terminant, l'ère des révolutions se ferme, l'ère des améliorations commence. Le perfection. nement des peuples quitte la forme violente pour prendre la forme paisible; le temps est venu où la Providence va substituer à l'action ·désordonnée dès agitateurs l'action religieuse et calme ù.es pacificateurs. Désormais, le but de la politique grande, de la politi. que vraie, le voici : faire reconnaître toutes les nationa. lités, restaurer l'unité historique des peuples et rallier cette uuité à la civilisation .par la paix, élargir sans cesse le groupe civilisli, donner le bon exemple a11x peuples enco~e barbares, substituer les arbitrages aux batailles; e1tfi11,et ceci .résume tout, faire prononcer par la justice le dernier mot q11e l'allcien monde faisait prononcer par la force. M' essieurs, je le dis en tcTminant, et que cette pensée nom; encourage, ce n'est pas d'aujourd'hui que le genre humain est eu marche dans cette voie providentielle. Dans notre vieille Europe, l'Angleterre a fait le premier pas, et par son exemple séculaire elle a dit aux peuples: Vous êtes libres. La France a fait le second pas, et elle a dit aux,peuplcs: Vous êtes sot-:verains. l'rhintenant faisons le troisirme pas, et tons ensemble, France, Angleterre, Belgique, Alle~agne, Tt:ilie, Europt, Aml:!rique, disons aux _peuples· : -Vous êtes frrres ! VICTOR HUGO. ANNONCES E'r AVI~ DIVERS. A LO.UER iPRÉSEN'fEMENT: A1•pa11•te1nents 111011 fl,'R1-nls et .Jardin t·ruiOe1•. S'adresser à M. Vi-'ATRIPON, Masonic loclge, St.-Sauveur. .Tc DOIWNEltT, TAILLEUR, Fait et fournit à cle~ prbc modérés. -- 35, Gerrard-strc~t. Soho square, à Londres. EDOUA,RD COLLET, ·Réfugi~ politique, artiste peintre, Donne des leçons de peint1nc et de clessiu. Figure, pay. sage, fleurs, et dessin linéaire. 57, Clearview Street, Saint-Hélier. HOTEL DU PROGRÈS,,_CAFÉ RESTAURANT, Tenu par J. LOltGUES. proscrit français. - Dîner il .lac11rte à tome lwure, ~l, Great Chape! 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