Homme - anno II - n.34 - 25 luglio 1855

'' Quel est le but de cette guerre? De mettre un " terme à la prépondérance de la Russie, dit le •• comte Walewski. Fort bien, si cPla s'applique " à la puissance politique de la Russie en .r;énéral; •' mais si cela si,9nifie seulernent de rest?-eindre cette "prépondérance dans la Mer 1Voire, c'est alors " attribuer la 7;alcur du but à ce qui est seulement '' un moyen de l'atteindre. La diminution, la '' destruction m~me de la flotte rus.<;edans la 11fer " }{oire ne S}(j/irait pas seule à princr la Russie "des avantages q1t'elle t-irc d6 sa position gfogra- '' pltique contre la furquie.'' Les conclusions que l'Autriche tire de ces vérités sont fausses, certain°ment; mnis ces paroles sont cles vérités ! • Hommes d'Angleterre, réreillez-vous ! Procla- •mez haufement votre opinion;~ faites-la résonner dans ,v estminster - Hall; déclarez que. vons ne voulez ni asservir les Principautés, ui intervenir dans les affaires intérienres de la Turquie, mais ·a,;surer son iridépenclance; répudi<'Z hanter::~mt les 'Quatre Points comme honteux, insnfiisan'ts, s,rns sécurité; répudiez la politique qui prend l'xngagernent de ne pas diminuer le territoire de· la Rus- ·sie ; déclarez qué vous ne serez pas satisfaits par 1a destruction de Sébastopol, ou par la limitation de la flotte russe; proclamez que vous poursuivrez la•guerre jusqu'à ce que vous ayez réduit la Puis- ·sance russe à des propositions inoffensives. Que te· Penplr proclarn~ qnr. tf'l est son but, ·rt il aura sauvé I' Allt;let<"t re ! Il s'est trou r<°!, ~!ans ce pays, l.:.n villes et municipalités pom condanrner l'A ntrit:i:e et ex prinwr 1 l<>nts sympathies pour mon humble personnalité. -~~ e s'en trouvera-t-il pas ant_ant pour pronoucer une parole décisive en faveur de l'Ang-leterre ellemême? Il y a quelques jours, les citoyens do Londres ont bieu su, tout seuls, rejeter un bill stupide. Anglais, Ecossais, lrlaud2is, n'êtes-vons pas hommes à renverser, par l'agitatio1i li•galc•,une politique mortelle? Louis Ko~SIJTH. UN.AUTOC:IlATE. 11 y aura bientùt qna!re ans que ~'.l. Bon.~p_a:te concentre, absorbe et .resume en lui toute hmtrntive française : rien ne se foit qn'ù son commandement et selori les règles de sa volonté ; lois, a<lmi-nistration, travaux, commerce, guerre, diplomatie, gouvernement, il a tout dans la main et ses fantaisies elles-mêm{'s so11tsouveraines. Qui l'arrêterait? Ses ministres ue snr,t que des valets ù gros frnitements, livrée de trône qu'on renouvelle, comme des équipag·es d'écurie; ses chambres ou conseils ne peu vent ni la discussion, ni le contrôle, ni la remoutrance, et dans le pays, i,I n'y a pas- une seule force sociale qui 11e soit muette, abattue, désarmée. Ceci est, donc, l'idéal àe l'autocratie dans sa, pleine force, et certes l'on ne vit jamais nne plus énorme confiscation de lu vie générale, f(llC cette monstrueuse raison sociale qui s'appelle l'Empire. Eh bien, qu'a-t-il fait de toute sa tempête cet homme-tonnerre, et que trouYe-t-on dans ses charriots? Ecartons les crimes, les guet-apens, les trnhisons; faisoJis taire les formidables souvenirs; étouffons.même la conscience qui crie avec toutes les voix de l'abîme contrn les impiétés de la force, et sans remuer ni le sang, ni les dates, ni les serments, ouvrons les livres et relevons les comptes . ..-1 Les gouvernements se manifestent et durent par les institutions qu'il:; ont fondées. Quand on écarte l'idée de droit, les institutions ue valent, par e!lesmêmes, que dans fa mesure <l<-c'sonséquences. · Or, quelles ont été, jusqu'ici, les conséqnçnc~s de l'empire? Le niveau <le la connaissance humaine s'est-il élevé'? Les idées encaissées, comme les eau;, se sont-elles act:rues, et la moralité g-énérnle est-elle montée pins haut sous l'autorité souveraine que lorsque la vie jaillissait libre et eommo en pleine nature à travers les anarchies'? Hélas ! les b~'pocrisies religieuses accouplées aux ambitions politiques ont empoisonné tous les ateliers <le la culture et de la science, depuis l'école primaire jusqu'aux académies. Les ôludes sont suspect.es et connue paralysées ; on a peur <le la géographie, peur de la chimie, pdeu 1 ~ 1 ?e 1~ phil 1 osophie, peu.· <le la terre et peur e 1sto1re: es vieux dogmes sont là qui s'affirmefit, hihoux, contre la lumière, et les Galilée p:.irhmtbas.-Que voulez- \·ons? M. Bonaparfr a be~oin <le l'influence cr1tholique, et il a vendu la science, l'enseignement,d011t ou n'a qne faire, d'ailleurs, lorsqn'on on est soimême l'ombre, le sileoce, le. guet-apens. Quant à la vie pubiique et collective, à ses misères comme à ses grandeurs, il n'y en a plus; la Fral'\Ce est une mare ;-elle était, hier encore, une éloquence, urie libre et grande recherche, une, p~nsée profonde, une forme divine, un saint travail ; elle n'est plus qt.ùm décret, le décret-bonaparte; et comme dans ces grands organismes de la vie générale qui s'appellent des sociétés tout est solidaire, lié, dépendant aussi bien que dans les mondes microscopiques, les vertus sont tombées avec les idées. La décadence est partout; voyez les stutistir;ues ! Si dans l'ordre moral tout. s'est effacé, pensées, caractères et têtes ; si le crime a gag-né sous l'<lutoritb, ·comme le froid g-agne sous l'ombre; si les tablettes criminelles sont aujourd'hui plus chargées qu'au temps si mauc[;t des libertés orageuses, peitton dire, du moins, que la richesse matérielle nou-; a été donnée, et qne la France-balise-.cour est heureuse 't Comptons·ses trésors·: .Elle paie -l.G00 millions - bndget annuel - pour les divers services administratifs, ou plutôt pour la grande armée des parnsites : elle paie, de plns, vieilles rentes et nouvelles rentes, car l'ewprunt est à peu près permanent, et la faillite ~e hMe de dif,trihuer ses derniers coupo1111.Elle a l'hvpotht'C)Ue cl,: g1·,rndli-rre, l'hypothèque du notuire, <'e1Ie des usnriers, et, félicité suprême. la tf'rr<:', <lepuis quelques aunécs, a des stérilités ou des défaillances qui font de ia misère, à pt>u près nne cotJdition fatale ! La misère dc1nsla sc·rvitude, voilù donc 1·Em· pire, ses prvspérités, sPs grandeurs. _Il est vrai qu'il a fait la g-uerre et qu'il la fait encore, lù-bas, en Crimée; oh ! cette fois,_ c·est bien lui, l'Empire avec ses fourgons, ses clairons, se'! armées, ses batailles et tontes ses fumées; c'e.:-t bien lui, l'empire-tradition, t'empire-comèlc ! Hélas! il n'e.st pas plus expPrt ~11 métier de la g·loire qu'E-:ntéloqneuce et ses victoires vont d'un train qui ue fat.ig-nera pas les muses. La dernière idolâtrie s'en ,va. le dt•rnier prestige tomhf' : l'Empire. cet empire nonYeau ne sait pas se bJttre ! Qne sait-il donc faire'? A.,;;s,1ssi110!e·,utrer Id nuit, dans les mai~ns, crodwter' les cai.sses, empoigner le somrnei( '1m~Îl(lrel'argent des banques, tirer à pleine mitraille HU' des nourrices et de vieux libraires, égorg·er des prisoniers, ou les en-, tassèr, comme le bétail sur des tombereaux; il sait enfin, mener ù fon<l l'orgie du sang-! Il sait aussi violer le serment, éventrer la loi, ' frauder le vote; il sait mentir et trah~r, frapper et corrompre, piller et mendier; calomnier, smtont, est sou affèl:re, quand il u'a pu tuer ou proscrire, Voi!<'tse<;mœurs, ses œ11vres, ses grandes victoires; et vraiment il excelle en toutes ces besog·nes ! 'Lorsque la France épuisée, folle de douleur, se relèvera dans son désespoir; lorsque le Penple, ayant déchiré toutes les pourpres, ,·crra cet empire à Illl, tel qu'il est, couché dans le sang et les vicr.-, nu cri terrible sortirn des masses, et cette heure de la Révolution sPra formidable, car les saintes pudeurs auront trop long-temps saigné, trop bas sera tombé. l'honneur, et l'on voudra se venger cle l'a v-ilissement ! Mais comment laisse-t-on p~~sseret durer cette débauche? Que fait ce grand esprit de la Révolution qui a le soume des tempêtes et qui nag·uères déracinait et balayait, comme feuilles au vent, les p!ns vieilles reli'gions '? Est-r.e qu'il a perdu le souvenir et l'.;mour de ses traditions, de ses gloires, le peuple de France? Est-ce qu'il ne sait pas qu'il est lu plus illustre personnalité c1es temps, et q11e les plus hantes destinées de l'histoirf', à côté de la sienne, sont chétives'? Une immense responsabilité pèse snr les forts: leur défaillance est crime ; et qnan1 ils dorment trop longtemps, hommes, lJai·tis ou peuples, ils ue se réveillent plus. Lorsque Rome s'affaissa, sa mission d'agrégation et de violence était finie. L'unité matérielle était fondée dans l'univers connu. Mais la France à qui cette tache a été donnée de réaliser ou de poursuivre du moins l'unité morale à travers les peuples et les mond~s, pourquoi déserte-t-elle le chantier et dort-elle si long·temps .au chenil de la • d -, serv1tu e . 1 Les patries qui s'effacent sont des étoiles qui meu.rent. Uéveillons-nons ! CHARLtS RIRF.YROLT.}~S, Politique tle l'Exil. L'utilité générale ou même relative de toutes les écoles socialistes étant admise - en tant qu'elles élaborent simultanément et chacune pour leur part le dogme de !'Avenir -il demeui;e évident qu'aucune d'elles n'a intérêt à faire la guerre aux autres. Le devoir étroit de chacune d'elles est donc, au contraire, de rechercher avec ardeur ce qu'il y a nécessairement de commun entre tous les amis du progrès dans l'humanité ; le devoir de chaque école, sa mission sacrée est de former toutes les alliances possibles avec les ennemis sincères de l'injustice, de l'ignorance et de la superstition, pour marcher efficacement à ràssaut du despotisme politique et religieux. Cherchez dans l'histoire du progrès l'enseignement qui ressort des victoires comme des défaites de la civilisation et vous verrez qu'ancune des conquêtes permanentes, durables de l'humauité dans l'ordre moral, ne repose sur dts théories découvertes par un hoinme ou formulées par une écol~. Il nous Sèra facile de constater que le progrès réalisé est la résultante de travaux immenses dûs à d'innombrables indü·idualités, à toutes les natures génére1Jses que le mal révolte, même quand il ne touche pas à leur égoïsme, à toutes les intelligences qui ne considèrent le connu que comme un point d'appui pour s'élancer dans les profonds abîmes de l'infini . Or, s'il en est ainsi réellement, s'il est incontestable que toutes les écoles critiques. apportent une l)ierre angulaire à l'éd~fication de la société nouvelle, s'il est vrai que tonte négation du mal implique nécessairement une affirmation du bien ; si le destrnam et œdificabo n'est pas une plaisanterie de mauvais goût, s'il est certain que l_a Yérité absolue n·est pas plus à la portée de l'homme Elue la perfection absolue ; il est temps, il est granrl temps que la polüique de l'exil entre dans une voie plus r:1tionnellP que celle qu'elle a snivie jusqu'ici. L'exil a nécessairement une politique; l'exil ne pent 1.i s'en,lonnir dans le linceul de la proscription, ni ~e contenier de maudire en g:.misS'an1 les tyrans de sa patrie. les défaillances de ses curdigiounaires et les joi,is insokntes <les eunemis de sa foi. Ce cri fatal : " J.\1éfiez-vo•1s des proscrits! " est juste <hns la bouche d'un ennemi triomphant, il n'a 1ias de sens dans celle d'un ami qui partage la dé.faite des exilés. La politique de l'exil prévaut à son tour, à son heur~, quelquefois même hélas! lorsqu'elle appartient à un ordre d'idées que l'on croyait à jama.is enseveli dans la ehrysalidc: dn_passé. Pour ne pa<1remont8r pl11s haut dans notre histoire: les Hombo11s ont été bannis et ils sont rcrenus c•n ldH quoique la France les eût onbfüs, Chatcaub:-iand a mangé le pain amer de l'exil à Londres et il est devenu amba%adeur cle France. it lu co11Tde StJames; Louis-Philippe est vènu trois fois demanrler un asile à la Grande-Bret:tgne, la première fois contre lu r{·- ' volution, la ser.on<l~ contre la restauration, et il a ét~ pendant 18 ans l'arbitre et le pivot cle ia paî:<,,en Europ,i avant de retomber cbus un exil définitif; Lonis Bonaparte a subi les affronts mérités 11011 SC'nlement <le l'aristocratie mais de la bourgeoisie anglaises, et il est aujourd'hui le plus puissant, le- plus loyal et le plus cordia·t allié n~ l'aristocratie et de la bourgeoisie anglaise~. Ainsi bonnes ou manvaises, libérales ou liberticides, r,rogres:;ives ou rélrogra,les, les idées qui s'élabotcnt dans la proscrJptior1 ont à peu près la chancr d'être imposées ou appliquées tôt ou tard à la mère-patrie, bien qn'clles n'aient chance de s'y maintenir qu'à la condition d'être nonvelle; et à la hautl'ur dE:la science acqnise. Au point de vue de ia révolulior,, la politique de l'exil a donc une importance capitale; or. comme il e:;t tle bonne guerre de profiter des leçons que donne l'eunemi, ii n'est pas inutile d'examiner comment et ponrquoi la politique de l'exil a si bien réussi à la réaction monarchique et religieuse. CE:ux-là nous ont raconté que ln politiqu€ de l'e:iril a quelques chances d'avenir quand elle ne se répercute pas sur elle-même, quand elle ne se contente pas d'agir dans le cercle étroit de la proscription, quand elle s'allie à tous les ff.écontentements, à toutes les aspirations libérales que suscite nécessairement la tyrannie, quand au lieu de se' concentrer dans la secte elle fait appel à toutes les sectes dissidentes et leur offre loyalement une part quelconque dans les dépouilles de l'ennemi, quand faisa11t abstraction iles personnalités qui ne représentent qu'ellesmêmes, ellf: s'adresse aux 4idées collectives qui représentent une force vive, une cohésion,quelconque. Sa victoire snrtont est certaine, si, dans le choix des mécon.tentements, des secte:; dissidentes, des groupes ralliés, e1le tient compte avant tout de la loi des affinités et procède par rapprochements successifs, non par alliances m_onstrueuses et contre nature. Pourquoi les Bourbons, que personne ne connaissait plus, ont-ils reparu en 1814? parce que Louis XVIII formant alliance avec le libéralisme écrasé par le premier Bonaparte, s'est présenté la Charte à la main. Pourquoi Lç>Uis-Philippe a-t-il succédé à la branche aînée? Parce qu'il s'est allié pen<lant la comédie de 15 ans au républicanisme latent cle la bourgeoisie? Pourquoi la République a-t-elle renversé Louis-Philippe ? Parceque sciemment ou non, avec ou sans intention formelle, elle a marché côte à côte du parti purement réformiste. Pourquoi le faux Bonaparte a-t-il à son tour remplacé momentanément la République ? Parcequ'il a flatté les idées socialistes que l" 6 onwrnPmrn t officiel d(' la Ré:pnbli~nr par craintr ou

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