Homme - anno II - n.33 - 18 luglio 1855

Nord. Ce serait un nouveau démembrement de l'Italie ! L'Angleterre, en eifet, n'accorderait jamais Naples à l'influence français~ qu'à la eoudition d'avoir, elle-même, une vice-royauté en Sirile. Ce serait une tyrannie nouvelle et étrangère substituée à la tyrannie du Bourbon, car Napoléon ne peut permettre que, tandis qu'il règne en despote sur la France, un membre de sa famille accepte ailleurs un pacte de liberté. Il faut dire qu'admettre un prince français en Italie ce serait donner à toute tentative future de liberté un nouvel et puissant ennemi tant que durera l'empire, et fournir au mépris bien merité des Républicains de France, pour le jour où ils auront repris le pouvoir, un nouvel appât à cles tendances conquérantes que des sacrifices communs et le courage Italien ont fait oublier, mais qui ne tarderaient pas à revi".re si, comme aux jours de la premi~re Révolution, ils pouvaient se dire : "Les Italiens sont indignes de la liberté." Il faut leur dire que le parti national serait à jamais déshonoré aux yeux de l'Europe et livré à la. plus terrible anarchie. Il faut leur dire que la concession par laquelle les raccoleurs Napoléoniens tentent d'obtenir la tolérance de l'Autriche pour leurs projets ambitieux, c'est la promesse de se faire les soutiens de la tyrannie sacerdotale à Rome et ses alliés perpétuels contre tout mouvement tenté dans 1a Lombardo-Vénétie. Il faut leur dire que l'infamie d'un pareil pacte rP.tomberait tout entière sur Naples. Il faut pour en sauver le pays, la fai, e retomber avant tout sur la tête des quelques embaucheurs et les nommer quand besoin sera ............ . Le moment est suprême. L'Autriche en· rompant les traitéa de Décembre, en diminuant son armée pour effacer tout soupçon dans l'esprit du Czar et lui laisser la liberté de concentrer sei, forces contre le:s Alliés, l'Autriche a perdu tout droit à l'aide et à la protection de la France et de l'Angleterre; elle est seule. Si les Italiens ne se lèvent pas, ils disent à l'Europe : "Nazis ne somm ~s pas " capables de nous lever contre tm enn,.mi que 7WlM " avons la ce1·titude de vaincre; nous ne croyons pas •" à notre droit ; pour nous lever et être hommes, nous " avons besoin d'un Pape et d'un Roi qui m1irmurent à " noire oreille, et pour la trahir, une parole de liberté!" Gelui qui ne comprend pas rimportance ,le ce moment ne comprernl pas les destinées du pays.. Cdui qui la comprend et ne fait pas tous les· sacrifices possibles pour y aider, pour se lever et faire lever les autres, celui-là n'ai ne pas le pays. Ceux qui restent inertes et prêchent l'inertie doivent être signalés au pays comme des amis tièdes et peu sflrs du devoir commun envers la commune Patrie. Ceux qui fourv-oient l'intelligf"llce nationale dans les seiitiers tortneux d-esconspirations étra'ngèrés o·tt des transactions avec le despotisme, méritent le nom de traitres et ,{oivent par nous être démasqués ! Chargez-vous de ce soin. Au nom de ceux qui sont morts, au nom de ceux quj souffrent dans les prisons et accusent leurs frères d·un, ingrat égoïsme, au nom de l"honneur de l'ItaHe flétri par nue inertie dont devraient rougir ceul.'.qui en sont coupabl~s, au nom d'un peuple trahi par des hommes qui dans la presse se posent comme ses chefs et n'osent ni ne 1;av,entle guider dans l'unique voie de salut, l'action, instituez-vous révélateurs; faites de votre journal, sans égards ni craintes, un registre des fautes ou des vertus civiques: une page Dantesque d"histoire contemporaine. Vous aurez rendu un service irnmen e à l'Italie. Je puis vous aicler efficacement dans l'exécution d'un pareil projet et je promets de le faire. Votre, .etc., 30 Juin. GrusEPPE MAZZINI. Nous recevons de Londres la communication suivante : ADRESSE DU COMITÉ INTERNATIONAL. A tous ceux, dans le monde, dont les bras sont avides de trav.1il, le cerveau avide de science, le rœur avide de justice,-au nom de l'HuMANITÉ-nous demandons l'alliance. L'alliance en vue du progrès à accomplir; en vue de l'erreur à chasser des croyances, de l'injustice à chasser des lois, du mensonge à chasser des mœurs; l'alliance en vue de l'élimination des despotismes qui, sous les formes monarchiques, aristocratiques et bourgeoises, oppriment les peuples, et tiennent dans un état infiniment trop prolongé de minorité la plus grande partie du genre humain. L'heure de cette alliance a sonné. Quoique la Révolu- ., tion soit permanente dans la société comme la révélation, dont elle est la traduction dans les faits, est permanente dans l'esprit huu,ain, il est cependant pour l'humauité des époques de renouvellement, des âges critiques, qui demandent l'emploi de toutes les forces, le secours de toutes les énergies. Nous sommes à un de ces moments. La sève d'une nouvelle jeunesse monte dans les veines de l'homme. De toutes les religions, de toutes les philosophies, de toutes les institutions du passé, jetées et fondues au feu de la Révelution, sortira, synthèse nouvelle, un ordre social dont la vie de l'humanité jusqu'à ce jour n'a été que la prophétie et la préparation. Auprès de cette Révolution, les révolutions du passé ne sont que des pressentiments, des rêves de la nuit. Mais le jour vient. Les fantômes de la tyrannie s'agitent vainement avant de fuir devant l'aurore. - P1mples ! réveillons-nous! connaissons-nous ! la nuit de l'intelligence finit; le jour de }'Egalité et de la Liberté commence. Qui sommes-nous pour parler ainsi? qui nous a donné mission? et de quel droit venons-nous évangéliser le monde? Nous sommes les Proscrits de toutes les Nations, des persécutés de toutes les tyrannies, des souffre-misères et des souffre-douleurs de toutes les classes ; de missionnous n'en avons point; et de droit - nous n'avons que celuj qui appartient à chacun de poursnivre dans le monde la réalisation de !'Idéal entrevu. Nous ne vous disons pas: venez à no1,s,-' nous n'avons rien à donner ni à promettre.-N ous vous disons : venez à 'Cous-mêmes; venez à la science et à la conscience, à la liberté et à la justice, à la vie pleine et entière que nous voulons tous, hommes et peuples, et que nous ne pouvons pas conquérir les uns sans les autres. Jamais moment plus favorable ne s'1;st présenté dans l'histoire des nations. Dans l'ordre religieux, dans l'ordre politique, clans l'ordre civil, tout ce q11iconstitue une autorité véritable a eté détruit. La dernière inc nnation de DiP.u est une pièce d'or,. la propriétli -voilà le dogme,, le banquier-voilà le prêtre, le gendarme-voilà la sanction sociale. Mais qui ne voit que ce Dieu, plus encore que celui de la science et de l'amour, est accessible à tous ; et que si les prêtres, au nom de la science, les guerriers, au nom <le la gloire, ont pu gouverner le monde, il est absurùc que les travailleurs, au nom du travail, se11lproducteur et possesseur légitime du capital, ne se gouvernent pas eux-mêmes, et laissent le soin des choses publiques à des castes voraces d'industriels aristocrates et bourgeois. Qui n'est pas las ,l'entendre ces gou\·ernements, royautés, empires, aristocraties, porter la parole dans le monde au nom (\CS peuples qu'ils trompent et oppriment? Qui n'est pas iudigné de voir les intérêts de dyna0 ties et de castes toujours interposés aux intérêts <les nations, et les allia~- ces .tes oppresseurs co11vertes impudemment du manteau de souverain volé aux oppri~nés? Qui n'est pas honteux d'assister, en plein XIXème siècle, à ces promenades de reliques impériales, à ces petits cadeaux de thiares et de layettes, à ces échanges de colliers, de rubans et de jarretières ( 1) : exhumations grotesques <lu Moyen-Age, mascarades <lechevalerie restaurées par des chev:diers .•..... d'industrie et de meurtre, des faussaires politiques et de misérable rejetons de races dégénérées : insultes au bonsens, à la morale et à l'esprit public ; farces ridicules qui, au lieu de faire rire, font pleurer lorsqu'on songe que les peuples sont menés par les baladins qui jouent ces dégoûtantes parades? . Assez, assez de tout cela. Peuples ! le travail est tout dans le monde. Il est la vertu; il est la noblesse; il est la richesse ; 11 est l'amour; il est la création se continuant ; il est la vérité et la beauté s'incarnant de plus en plus dans l'humanité divinisée par ses œuvres. Devant le travail, tous vos gouvernements ne sont, socialement, que des intendants fripons, des teneurs de livres infid~les dont vous <levez faire justice au plus tôt. Oui : économiquement, la Révolution n'est qu'une rectification de comptes à faire, pas autre chose. . Si au point de vue économique le vieux monde est ainsi percé à jour, j11gé, condamné, combien ne l'est-il pas davantage anx poiuts de vue moraux et intellectuels. L'idéal est complètement changé. Le Fils soumis au Père, jusqu'à la mort inclusivement, le Christ reconnaissant des droits à Cé~ar, renvoyant l' Esprit dans le ciel et ajournant le règne de la j 1Jstice sur la terre, a fait place à l'homme libre, affranchi de la volonté du Père, révolté contre la tyrannie de César, appelant ses frères à la liberté, et réalisant l'égalité au nom de l'Esprit, au nom de la lumière donnée à to1it homme venant dans ce monde. Pour la femme aussi l'Idéal est changé. Païenne ou chrétienne, religieusement, politiquement, civilement, le passé n'a connu que la femme soumise, rnineu,·e, sujette de l'homme. A la Révolution moderne de créer la femme consciente et responsable, la compagne et non la sujette, la femme libre et égule à l'homme. Ainsi étendu et complété, l'Iùéal cesse d'être un privilége masculin. Il em. brasse l'humanité tout entière, la rétablit dans tous ses droits, la relève dans toutes ses personnes. A la conscience de ce nouvel idéal doit nlcessairement répondre un nouvel ordre dans la societé, et vers ce nouvel ordre la connaissance, comme le sentiment et l'instinct, nous pousse rapidement. La science, en effet, ne s'est pas contentée de donner· à l'art et à l'industrie une vie nouvelle. Elle ne s'est pas contentée de faire la lumière dans cette nuit profonde où la double aùtorité religieuse et politique nous tenait enfermés. Après avoir réuni l'esprit et la matii)re, fausse. ment séparés, relevant l'homme, en vertu de son a11torité . souveraine, de la damnation éternelle dans le ciel et de la misère éternelle sur la terre, la science nous montre le lien véritable, la loi universelle qui soutient l'humanité et les mondes. Cette loi, la même au fond que celle de la gravitation céleste, dont elle ne diffère que par son objet, est la loi de la gravitation sociale qui a reçu le nom de SOLIDARITÉ. La science appelle les hommes à la reconnaissance de cette loi et à la pratique d'~n ordre où chacun n'obéira (1) Les faits auxquels il est fait ici allusion ~ont encore très près rlcnous. Est-il besoin rle rappeler comment le roi de Prusse a fait porter en triomphe devant un de ses régimPnts un habit du défunt Empereur de Russie, comment la reine d'Espagne a reçu une layette du Pape et lui a envoyé une thiare, et l'extravagante réception faite à Bonaparte en Angleterre? qu'à soi-mé!me en vertu des facultés dont le développement intégral est nécassaire à l'équilibre du monde social. Comme les Eléphants monstrueux qui, selon les religions indiennes, portaient la terre ont disparu devant la loi de gravitation pour laisser la terre se porter par son propre poids, ainsi les Rois et les Maîtres, ces monstres du monde social qui tiennent la sociHé dans l'ordre, doivent disparaitre devant la loi de Solidarité pour laisser les hommes s'organiser, se gom·erner, s·ordonner librement selon le poids et la masure de leurs natures égalès et de lenrs faculté!/' diverses. Là est la vérité, là est la justice, là est le but vers lequel tendent tous nos efforts. . Pour que nous puissions atteindre ce but, pour que le JOUr se fasse, pour que les ombres du passé s'éloignent de nos fronts et les chaines de nos mains, que faut-il ? - Que les Peuples se connaissent, qu'ils se sentent assez forts p~ur se Mtacher des liens de la vie fatale par laquelle ils ont dft passer, qu'ils n'aient plus peur : car la peur seule les reti~nt, la peur que les tyrans excellent à entretenir en nous montrant l'ombre des révolutions; l'ombre de l'humanité lancée, haletante et enivrée, à b poursuite de la liberté, de la responsabilité, de la justice ; notre o~nbr~ à nous-mêmes dans ce que notre développement lustor1que a de plus dramatique mais aussi de plus glorieux. Hommes ! Peuples! sentez-vous donc si peu de vie eu vous que vous craigniez de mourir si vous vous débarrassez des lisières du gquvemement paternel? Ce sont ces liens qui arrêtent votre développement.-Levez-vous et marchez - et votre force vous sera révélée. . Voilà la parole que nous avons à semer, voilà ies principes que nous !1-VOnsà propager et en vertu desquels nous voulons fonder l'alliance des Peuples sur le terrain de la République démocratique et sociale tmiverselle. Ce n'est pas l'œuvre d'un jour on d'une secte, c'est l'œuvre de tous et de toujours. Aussi, à cette œuvre commune, nous pro\'oqL1onstout le monde, femmes et hommes, Nous sollicitons tous les elf~rts. Propagande publique et secrète, écrits, paroles, actions, argent, pensée, vie et liberté, nous supplions t~us ceux pour qui le mot de justice n'est pas une parole vide de sens de donner tout ce qu'ils croient pouvoir donner. Pour nous,--les registres des prisons, les ro11tesde l'exil, les barricades et les échafa,Jds s1:1.nofantstémoignent 'à b qu cette cause nous appartenoni corps et âme. Cette cause ·- la République liémocratique et sociale - nous i'aimons ...... d'amour. A ceux qui l'aiment ·ainsi, nous demandons leur mains comme nous leur offrons la nôtre. Pour le Comité international : Le Secrétaire géné_ral, George HARRISON, 2, E1'eter Change, Strand, Londres. REVUE DE LA SEl\IAINE. Les Anglais ont recommencé, le 10, à bombarder le Redan. Les travaux de siège continuent, <l'ailleurs, sans incidents nouveaux, sauf une sortie des Russes, le 15, repoussée par les troupes du Mamelon Vert. Le choléra diminue, selon les rapports officiels : il a néamoins frappé plusieurs généraux, surtout dans l'armée anglaise. L'armée turque d'Asie a repoussé une attaque. des Russes sur Kars.- 40,000 Russes marchent sur Baiclar. La flotte de la Bali.igue a brillé les petites villes de N ystadt et de Lovysa, en Pinlande. Lord John Russell a donné sa démission. Le chef du parti Whig ayant a~oué qu'il avait approuvé les propositions de l'Autriche, Sir E.- Bulwer Lytton a demandé un Yote de censure contre lui ; et les députés fonctionnaires, mais ne faisant .pas partie du ministère, ayant fait déclarer à Lord J. Russell qu'ils se croyaient obligés de voter la motion de Sir E. B. Lvtton, le Ministre des Colonies a donné sa démission avant le jour fixé pour le débat. Sir G. Grey, Ministre de l'Intérieur, a nommé nne Commission d'enquête sur la conduite de la police dans Hyde Park. L'agitation se calme: les efforts tentés dimanche pour exciter la foule ( peu nombreuse ) ont été' infruçtueux. La police a opéré quelques arrestations ; et il ne s'est présenté aucune voiture sur la Promenade. La motion de M. Scully, pour la Réforme administrative, a été rejetée par 140 voix seulement contre 125. La grève de Barcelone et des autres villes de la Catalogne touche à sa fin. Des troupes nombreus~s ont été envoyées dans cette province, où la faction carliste de Marsal s'est montrée pendant quelques jours, et où les chefs de plusieurs manufactures .et leurs familles ont été poignardés par des ouvriers en grève. Espartero se montre d'ailleurs dur et impitoyable pour cette province révolutionnaire, qui l'a renversé du pouvoir il y a douze ans. •

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