Homme - anno II - n.33 - 18 luglio 1855

.. L'H01'.IME. -1'.le1•credi~ 1.~ Juillet 1~55. n'est' ni la sécurité de la Turquie, ni l'abaissement de la Russie, 11Ï la Solution de la Question d'Orient ; leur but, c'eit app_aremment de préserver de tout mal la déloyale Autriche, d'empêcher la Liberté de profiter de l'occasion, et de bâcler au •plus tôt une p<\ix-donn.antpleine sécurité au Des- ·potisme, sans nuire au Czar, surtout ? Voilà leur but ou ·ils n'en ont pas. Si le Peuple ,anglais est satisfait, je n'ai pas à m'en inquiéter, c'est lui, non pas nous, qui en porterons la peine. La liberté. tlu continent ne compte plus -sur le ,souffle de vos Russells et de vos J>almerstons ; Jeur masque est tombé, on les connaît, et, dès lors, ·ils n'inspirent plus ni confiance ni crainte. Mais je suis convaincu que le Peuple anglais n'est point satisfait d'une pareille politique; s'il s'y soumet, c'est pour ne pas comprendre l'ét~t exact de la question. Je regrette, après une année de guerre sanglante, d'avoir à répéter les premières paroles que j'aie prononcées à ce sujet : " Songez à bien préciser· votre but et l'ohjet de la guerre!" Puis<iJuecela reste encore à faire, le meilleur conseil que _1epuisse donner aux vrais patriotes d'Angleterre, '8'.ilsveulent-sauver leur pays de la ruine, c'est. de s'organiser, de réunir quelques milliers de livres, de rédiger un exposé impartial de la situation, de le distribuer par millions, gratis, au peuple, et d'essayer de réveiller l'énergie de la Nation en portant la lumière dans son intelligence. Si cela ne peut pas vous sauver, rien ne le peut: L'action incertaine et faible du journalisme ne répo:id en rien à la gravité du péril. L. Koss.uTH. TROUBLES ALONDRES. La capitale de l'Angleterrf', la ville aux cent peuples, entrepôt du monde, est etitrée depuis quelques semaines, dans une agitation suivie contre laquelle se sont brisées les v.iolences.comme les diplomaties du gouvt'rnement. Une de ces lois d'hypocrisie religieuse qui fnnt de la liberté protestante un mensonge, avait été proposée par la faction devôte, et l'on ne s'attendait guères, les mœurs anglaises étant bien connues, à l~ tempête qu'elle a soulevée. Comment. en effet, cette nation qui depuis trois siècles a toujours accepté, fortifié même ses polices d'église, comment cet esprit étroit et puritain s'est-il, ainsi, tout-à-coup, mis en révolte? Il n'y a point, dans les masses, de ces conversions subites, de :la foi pleine ou de l'habitude prise en protestations violentes, en orages d'affranchissement, et l'on doit .chercher ailleurs que di1ns la défection protestante le motif sérieux, la cause véritable de ces résistances spontanées. Cette cause, il n'est pas difficile de la trouver et de la constater quand on étudie de près les derniers mouvements. Le peuple s'est-il ameuté, s'est-il insurg-é contre une simple aggravation de cette Loi du Dimanche qu'il subit déjà depuis des siècles et qu'il fait subir aux cultes dissidents? • Il n'a pas fait entendre un seul cri contre l'église ou ses disciplines, il n'a pas revendiqué, comme sa loi de conscience et sa raison de combat cette liberté générale qu'étouffent les hypocrisies puritaines ·àussi bien que les censures catholiques. Il a fait de l'opposition aux Lord's qui vont paonner, dans les parcs, à l'heure des prières sacrées. 11 les a hués et conspués comme sépulcres blanchis, comme hypocrites oisifs et traîtres à la foi qui s'en vont étaler la riches~e et promener les fastueux loisirs., tandis qu'ils poussent la misère et le travail dans les temples.· Ceci est donc une petite leçon d'égalité, mais c'est, surtout, une manifestation politique, un des .accidens de la guerre ouverte depuis quelques années contre l'aristocratie, guerre qu'ont activée, qu'ont irritée les derniers malheurs. • J..1e gouvernement l'a si bien compris, qu'il n fait retirer la loi dévote aimant mieux sacrifier un Lord et l'esprit de secte qua donner de la voile 1 contre les vents. Après cette concessiqn, la vague émue s'est-elle retirée, le peuple a-t-il fait retraite et silence ? Non, il a pris acte contre l'aristocratie et son gouvernement des violences commises par la police de surveillance : iJ a fait faèe à la force aveugle et passive, contre lui lancée par l'administration supérieure, et sous cette forme il a continué sa campagne contre les oligarques. . 8'il en est ainsi, ce que nous croyons; si le peu- , pie anglais 'eclairé par les enqutltes récentes comprend enfin que ses des~inées, mal engagées et mal conduites, s'en vo~1t à néant; s'il veut entrer en rénovation générale et féconde, il faut qu'il se recueille avant l'effort et qu'il change ses voies. Les révolutions sont de droit permanent partout où la souveraineté publique ne peut s'exercer, et_ les peuples qu'on tient en tutelle-servitude peuvent se lever à toutes les heures, quels que soient les priviléges. Ainsi, pour cette loi du Dimanche qui n'est qu'un détail, ou pour ces violencf's de police., accident sauvage, mais simple échauffourée le droit est le même que pour la révendication générale et l'mliversel affrauchissement ; mais les Révolutions sont affaires graves: il leur faut les grandes .idées, comme à la marée les grandes vagues, et quand elles ne sont poussées que par les petits souilles et les petites colères, :elles avortent. Maintenant y a-t-il raison suffisante, y a-t-il matière à rénovation politique et sociale eu Angleterre ? Cette question ne fait pas problème, et tous les intérêts comme tous les droits y répondent. La terre est- elle aff'ranchie ? Non; enclavée dans le fief, elle est un privilége héréditaire. Le droit de suffrage qui seul donne'valeur au contrat est..,iluniversel et libre ? Non ; il ne s'exerce que dans des conditions de cens, de lecalités, de monopoles: il est un privilége de hasard. . Le travail qui fait la richesse est-il émancipé? Non. Le travail est à la merci du capital et le salaire, là, comme ailleurs, et là, snrtout, est en servitude. Le gouverneme11test-il l'action commune et la volonté générale pratiquée ? Non : il y a là des hiérarchies privilégiées qui font de l'administration un domaine, il y a même des fonctions héréditaires sans responsabilité. Ah! le peuple anglais poursuit Lord Grosvenor et les affidés de sacristie, pour une loi sur le dimanche et contre la bière .... mais il a bien d'autres misères à guérir, d'autres libertés à fonder, d'autres cala.mités à veng·er ! ·Qu'il prête l'oreille aux agonies de Crimée : ,elles _dénoncent assez haut ses vieux états-majors, ses conseils SlJpérieurs, son gouvemement ; qu'il entre dans ses ateliers, dans ses fabriques, dans ses mines, cercles infernaux ; qu'il regarde du côté de l'Irlande, vaste clairière en friche et il comprendra qu'il y a un autre programme à.suivre que celui de Hyde-Park ! • ·• Nous devons au peuple anglais dont nous sommes les hôtes un autre avertissement qui paraîtra peut-être étrange en notre bouche, mais que la police française, nous en sommes certains, se gcJrderait bien df' lui donner. ·Que le peuple auglais s'ab.,tienne des violences partielles et des luttes de détail ! Voici pourquoi: Depuis quç l'ère impériale est ouverte, il y a conspiration non seulement contre les Republiques, mais contre les gouvernements constitutionnels qui laissent passer un peu de lumière à travers le monde. L'esprit d'examen et le souille de liberté sont mortels à tous les despotimes, et voilà pourquoi, depuis l'alliance-trahison, Bonaparte a tout fait, ·s'appuyant snr les nécessités dé la guerre, pour que l'ombre vint à s'étendre sur ces îlf's. Bonaparte qui est le crime et qui est le mensonge ne peut pas vivre à côté de la liberté. Or, chose grave, le prince Alb:,rt, le mari de la' reine, faisait, il y a quelques jours, son procès au gouvernement constitutionuel. Lord Palmerston, de son côté, glorifiait, au lendemain de Décembre, la victoire dn parjure et du guet-apens, contre le libre débat et la Souverai11eté du Peuple: le gouvernemeJilt anglais, enfin, s'est livré tout entier, depuis bientôt deux ans. à l'influence des 'ruileries, et ceci est si vrai, si flagrant, qu'il· pratique déjà les violences de Paris dans les émeutes de Londres! ' Il y a donc, en Angleterre, conspiration des Pouvoirs coutre le gouvernement constitutionnel. Autre considération qui nous paraît à méditer. Les habitudes du peuple anglajs sont aux meetings, aux propagandes organisées, aux ligues publiques, et ces campagnes de J'opinion lui sont beaucoup plus familières que le métier des armes. Pourquoi donc, élevant son programme jusqu'à l'idée de justice universelle, ne tenterait-il pas la '1oie d'appel et n'ouvrirait-il pas la brèche de discussion avant de se laisser aller aux embttches? Nous connaissons les rôdeurs qui l'appellent et qui g·uettent la Liberté : ce sont les assassins de Décembre et leurs complices! Charles RIBEYROLLES. La famille de M. Bonaparte, depuis le o-rand heur de Décembre, regarde avec avidité dt côté des trônes, et tient palais ouverts à toutes les intrigues qui s'agitent au dehors pour telever les Majl'stés comparses du second Empire. Ainsi M. Bonaparte, fils de l'ex-roi J érome embauche et raccole, de son mie_ux,p~ur son !tfrit(lge de France. M. Murat, qm tenait pensnm aux Etats-Unis, cherche à rallier le carbonarisme à la rnaçonnerie dont il est le grand prêtre, et conspire dans son palais, comme dans les loges, contre le Bourbon de Na pies qu'il traite d'usurpateur: c'est partout,. enfin, la levée des ambitions et l'appel aux aventuners ! Si parmi ces ~ré!oriens de la fortune il n'y avait que des CondottJen, sans nom, sans caractère, sans passé, de pareilles tentatives ne seraient point danger.eu.ses pour la Révolution .et pour les peuples; mais 11 y a des hommes .c,onnus,des traîtres qui ont e~ rang da~s nos,_derr!~er~sgu~rres, et qui pournuent entrarncr, sils u étaient demasqués. Voilà pourquoi nous publions quelques extraits de la Lettre suivante, adressée par Mazzini à l' Itala e Popolo. ' Ami, En face d'un ennemi faible, menacé par les haines frémissantes -des peuples vaincus, épuisé par ses finances campé avec la meilleure partie de son armée à une dis~ tance. é1:or~e de nos fro~t!ères, et sans alliés en Europe, les millenaires de la poht1que attendent une occasioll favorable pour l'Italie .... au miliP-ude populations dovouées sainttmcnt hardies, prêtes à se lever au premier signal' capal1les d'aller aux canons avec des couteaux, capable~ d'oser et de mourir comme Pianori, les hommes qui ont héroiquemsot défendu avec de simples volontaires le Vas-, cello et_la porte Saint-Pancrace, qui out défait par l'insurrection et presque sans armes une armée autrichienne à Milan, qui avec des troupes réunies au hasurd out tenu Venise pendant dix-huit mois, ces hommes s'abandonnent à une sceptique défiance du peuple; ils déclarent impos- ~ible l 'i~itiative <le l'Italie sans une armée régulière, et ils empo1so~nent de leur déco~ragement la foi des jeunes âmes : - En présence des prisons de Rome, de Palliano et de Mantou_e; des fusillad~s de Fermo, cle la proscription permanente! rnexo~a_ble, universelle, les hommes qui, à tort ou à raison, dmgent par leur influence le parti national en Italie, ces hommes,· au lieu de se lever en poussant tous le cri <leguerre, écrivent des articles sur la Crimée ou des histoires du passé, fables et mensonges. Ils prêchent, sous le nom de prudence, aux persécutés une couarde sountission; ils conseillent à l'Italie, la résignation de l'.esclavc, eux méprisé~ de l'ennemi, faisant pitié à leurs amis éton11és, flagellés par la tyrannie et marnués ,les stygmates du <lèshouneur ! Pen,la.pt ce temps, certains raccoleurs politiques se rc- ~uent avec p~rsévérancc et, ùernièire honte pour l'halic, 113cherchent a créer dans le Sud une faction étra1wère : je parle des Muratistes. 0 Leurs efforts s'étaient ralentis depuis quelques mois et il semblait oiseux d'en parler. Aujou1d'hui ils se réveillent insolen;i_mente_t il est utile de les dénoncer au pays ; non pas qu il y ait d •nger de les voir réussir, - le droit sens des Italiens de Naples, l'amour qu'ils portent à la patrie commune suffisent à éventer de pareils projets _ mais pour que l'œuvre d'un petit nombre ne déshonore pas l'Italie aux yeux de l'Europe, pour qne le silence des bons ne fasse pas croire à l'indiff~rtnce ou au découragement. La faction M uratiste est. une fa.ction étrangère. Les hommes_ qui la diri~ent so~t d~s étran?ers, ou CP. qui vaut moms, des Italiens qut, reniant patrie, foi. indépendance et vertu pour satisfaire dei<vengeances personnelles ou des calculs ùe pouvoir et de richesse, serviraient de marrhe-pied à l'ambition étrangère dans la partie de l'Italie qui la première enseigna les saintes aspirations, les saints complots; or, quand cette ambition est vivante chez l'homme qui règne en vertu du Deux-Décembre et qui fait verser à Rome le meilleur sang italien, se faire conspirateur à son profit, c'est bien un crime que le pays, je l'espère, n'oubliera pas facilement. Rêver la rédemption "italienne au moyen de la monarchie, là où la monarchie est systématiquement et puissamment hostile - là où, ne le fut-elle pas, elle ne veut et ne peut se montrer qu'après avoir surmonté les plus grands obst 1cl~s à l'.a!de de l'insurrection du peuplelà où son premier som, même en face de l'ennemi, serait d'endormir l'enthottsiasme popuhüre, seul capable de sauver l'Italie, mais fatal au but qu'on veut atteindre - c'est une folie insigne ou un projet d'hommes qui s'étudient à ne rien faire. Mais le projet d'implanter clans le Midi une branche de la dynastie napoléonienne et de l'y faire consacrer par un soulèvement du peuple, c'est un crime de trahison, if faut le dire. Il faut dire aux Italiens qu'une longue habitude de )a servitude a rendu trop faciles à accepter les illusions de to11tepromesse secrète, de tout dessein mystérieux qui se vante de forces cachées et d'un haut patronage, il faut leur dire que l'implantation en Italie d'un rameau de la dynastie napoléonienne deviendrait, si jamais elle pouvait réns<iir, une cause d'antagonisme fat(ll entre le Sud et le

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