Homme - anno II - n.32 - 11 luglio 1855

ié qui n'a que des eercueils et un avenir qni ;n'a que des éclairs: mais si notre sagesse est petit~, et si parfois elle trébO.che, entière est notre bonne foi ; de près, voyons donc nos crimes. Les uns nous orrt dit:: vous ouvrez l'huis et la '!Cène à tous les schismes, à tous les systèmes, à ·toutes les hérésies : vous faites la confusion des .langues et le trouble a.ans_les_intelligences : votre ,œuvre ~'appellera Bàbel. • Moins so.ucieux des idées que des hommes, d'uu- 'tres se sont de nous écartés, parce qu'ils voyaient ·venir à la ruche ce qu'ils appelaient des frélons, et nous avons, ainsi, subi deux .condamnations, l'une pour le mobilier, l'autre pour les idées. Professant la religion de liberté, nous reconnaissons tous les droits, même celui dt:i l'anathème, et· ;nous ne ferons point à nos juges la guerre des re- ·présailles : en vrais républicains, mieux .vaut leur ,donner nos motifs. Nous sommes en exil, frères de ··1a même souf- ;france et du même deuil : nous n'av·ons pas de tri- 'bunes ouvertes où les opinions dissidentes, où les écoles diverses puissent s'expliquer. Pourquoi donc aurions-nous fermé notre petite lucarne des grèves ? Etait-ce l'intérêt de la Scieace, était-ce l'intérêt .de la Révolution, était-ce le devoir de fraternité ·dans la misère commune? Mais l'intérêt de la Science, c'est le libre débat, .•et ·les problèmes qui uous font ombre, qui pourraient un jour amener tempête, sont ass~z graves .pour qu'on ne les écarte pas dans les jours d'étude ,et de malheur. Mais la Révolution a besoin de tous les dévouements; elle ne reconnaît point les schismes et salue dans leurs tombeaux Camille c0mme Babœuf, Condorcet comme Danton. Qu'est-ce .à dire, ,d'ailleurs? l'explication qui est de liherté empêcherat-elle un jour la loi qui est de souveraineté.'? Donc, laissez parler l'e~il; 'le peuple plus tard règlera la besogne et les destinées. Pouvions-nous, enfin, ,établir cen~ure .et tenir bureau d'inquisition dans )la proscription commune? nous n'avons point de penchant pour une œuvre pareille. : nous n'aimons ,pas assez le gouvernement et les gouvernements! Quant aux inimitiés ou rancunes personnelles qui font' diTorce et ne ·.veulent point se 1iroqver à la même. brf'che, cela n'est point à discater ·: ,la cause est plus haute que toutes-ces misères, et lai"Ssant chacun à ses maladies ou fantaisies, nous n'éprouvons d'autre besoin que de remercier ceux qui dans un jo~rnal impersonnel et libre ont bien voulu servir la République et les idées. Lorsque la prem~ère révolution faisait appel pour ses tribunes ou pour ses g·uerres, les hommes se levaient, combattaient et mouraient. Ils ne discutaient ni le système ni le voisin ! Ch. RIBEYROLLH.S. Beli,~a,at Bt!ges PLECTUNTUR ACHIVI. Le 18 Juin est une journée de défaite. Du 6 au 18 les Alliés ont perdu, morts, blessés ou' prisonniers, plus de 10,000 braves guerriers. Mai& en guerre, on est sujet à des calamités, à <lesrevers momentanés qui, pour des puissances comme l'Angleterre et la l~rance, ne seraient pas des causes de découragement, si le peuple pouvait se consoler en pensant que le but de la guerre justifie le risque des revers et l'affreux sacrifice de tant de vies humames.. Existe-t-il une semblable consolation pour jeter son auréole sur le sépulcre des morts, pour verser son baume sur la douleur des orphelins ? Non, il n'en existe pas, il u'eu peut pas exister. Supposez que le 18 Juin vous ait donné la victoire, une pleine victoire, au lieu d'une défaite, en seriezvous mi.eux, en seriez-vou.s plus avancés vers une paix sûre et honorable, ou même vers une paix quelconqug? My Lord Palmerston voudrait bien vous persuader que la prise de Sébastopol serait une solution eonvenahle. parce que là serait le plus grand danger paur la Turquie, laquelle serait en sécurité si ce danger disparaissait. Mots vides de sens ! Le dang·er pour la Turquie, ce n'est pas Sébastopol, mais ce grand pouvoir continental que la Russie tire de la possession <le la Pologne. Admettons. cependant, que Sébastopol soit en danger; eh! bien, qu'est-ce qu'une forteresse détruite? "Une forteresse qu'on peut reconstruire en trois ans, avec l'argent de l'Angleterre," a <lit M. Cobden. Aussi longtemps qu~ les possessions de la Russie borderont lu Mer Noire, personne ne ponrra l'empêcher. d'y construire des forteresses. C'est évident. Lord Aberdeen avait du moins la naïveté d'avouer qu'une paix de 25 ans était le seul but _qu'il cherchât à atteindre; Lord Palmerston, au contraire, parle d'une sécurité permanente .... et se borne ù désirer la destruction d'une forteresse qu'on peut rec6nstruiPe en trois ans. Je ne suis pas surpris que, pour soutenir nne pareille erreur, le noble Lord se soit trouvé réduit, avec son habitude de la dialectique, à employer pour seul argument ces paroles creuses : ·" Soyez-en sôrs, la Russie ne commettra pins "la faute ·d'envahir de nouveau la Turquie. par " terre ; elle ne commettra jamais la fante d'y "' entrer <le nouveau par les Principautés. La " route èst plus courte de Sébastopol à Constan- " tinople, et avec une flotte suffisante., l'expédition " est aisée, et le résultat ne serait pas douteux.'' Non certes, le résultat ne serait pas douteux. Pas un sen! des vingt navires que Sa Seigneurie met à la voile pour son expédition imaginaire, ne voguerait plus <l'un mille sur le Bosphore sans être coulé par le feu croisé des batteries qui bordent ses rivages; et, quant aux 16,000 soldats supposés par .Sa Seig-neurie, s'ils pouvaient débarquer, le ré_sultat ne serait pas plus douteux: les rrurcs s'en déferaient jusqu'au dernier homme avant qu'ils eussent pu planter leur tente intr le sol ottoman . 'Ou a pn ruiner le Dannemark par une attaque navale -sans déclaration de guerre; mais croire que la ·,1,urquie, ·Une put-ssance continentale, conservant toujours à Constantinople la Garde Impériale et une nomhreuse ·garnison., et pouvant rassembler dans oette seul.e ville· 80.,000 hommes armé,s, tous au service actif ou venant d'y passer; s'imaginer qu'un tel empir.e peut être eu aucun cas ·renversé par un coup de mai11 de pirates, c'est absurde au suprême dégré. Lord Palmerston appelle une faute l'habileté des Russes qui, sans s'ahandonner à <le vagues illusions, n'ont jamais envahi la rrurquie que par terre. Je répondrai simplement que ces stupides Russes, à force de fautes de ce g-enre, ont assez bieQ réussi à enlever un empire à la 1,urq uie, à parvenir à une prépondérance dangereuse sur !'.Europe. Et vous pouvez y compter, les Russes préfèrent encore leurs fautes à la sagesse de Lord Pal merston ! Sa Seigneurie, durant sa longue carrière politique, a eu souvent l'occasion de mesurer la force de sa sag-esse contre la faiblesse et les fautes de la Russie. L'histoire donne le décompte des résultnts; c'est un terrnin délicat pour certains hommes <l'Etat, certes. De quelles raisons s'appuie l'assertion de Sa Seigneurie que la destruction de Sébastopol serait une g-arantie pour la rrurquie comme la délivr_ant du plus grand péril? Aucune, absolument aucune. Sur quoi s'appuie mon opinion contraire? sur l'histoire, sur le témoignage de la Russi~ elle-même, sur l'aveu du plus distingué des collègues de Sa Seigneurie, l'aimable négociateur de Viellne; e11fin, sur les actes mêmes de Sa Seigneurie. L'histoire raconte pour moi combien de provinces la Russie a pris à la Turquie en l'attaquant par terre. L'histoire racQnte pour moi qu'en 1827, bien que la rrurquie n'eût plus de marine, l'At\g-leterre y ayant pourvu à Navarin; bien quo la Rnssie eût Sébastopol et une flotte; pourtant la Russie ne pensa pus à envahir la Turquie en partant de Sébastopol, mais bien en passant le Pruth. ~t il eu sera toujours de même, èl'abord p~rceque le caractère essentiel de la puissance russe est d'être continentale, que sa flotte ne joue que le rôle d'anxiliaire, jamais le principal rôle; en second lieu, pal'ceque la puissance de résistance de la 'l1urquie est aussi essentiellement continentale. Or, on nepeut nier qu'un Empire ne peut être conquis ou même vaincu que lorsque la force sur laquelle s'appuie sa résistance, est abattue; on ne p~ut donc pas douter que la Russie dirigera. toujours sa principale attaque coutre cette force de résistance dont dépend l'existence de la r.rurquie. La Russie, pnissance maritime, c'est ce que l'avenir pourra contempler,, grâce à certaines fautes; mais la Russie, puissance continentale dangereuse, c'est ce qui EST. Le àanger réside .où réside la, force. Quant au témoignage de Russes compétents en pareille matière, Lord John Russell m'a facilité la tâche et je n'ai qu'à citer ses paroles, (24 Mai): " Les Russes de grande expérience et de grande '' sagacité d~as les affaires publiques @nttoujours \ "compris que les soins pris-par !'Empereur Nicolas '' pour sa marine à Séba~topol et à Kronstadt, n'a- " jouteraient rien à sa puissance." Et Lord John Russell a la naïveté d'ajouter: ".le c;roisque cette opinion est très sage." Je dis, à mon tour, que si telle est l'opinion de Russes sa-g-aceset expérimentés;- si cette opinion est considérée comme très sage par un Ministre ano-lais; et si cependant, le Premier Ministre d'Angl~terre persiste obstinément dans son illusion, croyant que Séhastopol et sa flotte forment la grande forc:ede la Russie, le_grand péril pour la rrurquie, et que leur dest~?ct;on_ ~ssur~ra e~cacement l'indépendance et l rntegrite de I Empire Ottoman; nous ne pouvous pas nous étonner de la position désespérante de l'Angleterre gouvernée par un Ministère si profondément divisé sur la question vitale du hut et des résultats de la guerre. Que signifient les soins pris pnr la C<.)ur de Russie <leSébastopol et de sa hiarine '? Je vais vous le dire. Le Czar Hïcolns savait très bien qne, lors que ses forces c,)11ti11entalesen auraient fini avec "le malade," (malade qui se porterait parfaitement hie11 si ses médecins anglais et français ne l'affaiblissaient en secret); le Czar savait très bie11 que le partage des dépouilles du vaincu amènerait un conflit avec l'une au moins des deux Puissances Occidentales, toutes deux possédant une marine; et il se préparait en conséquence à résister à· une attaque maritime. Voilà ce qne veut dire Sébvst~pol. Il a la même signification dans 1~ i\1er N ou·e, que Kronstadt' dans la Baltiq_ne: Défensive par mer, m.ais nullement offensive. J'ai un- autre témoignage de Lord John Russell à opposer à Lord Palmerston. Le Plénipotentinire à Vienne disait. le 2;1, 1\:f ai, à la Chamb;-e des Communes: " Le danger· que fait courir à 1;1 11nrquie la pré- ,, ponàénrnce de la Russie dans la Mer Noire ue " vient qu'après le clanger d'uue occupation des " frincipautés et d'une marche pni: les Balkans." En autres termes, le principal danger, c'est la puissance ~o_ntinentale de la Russie, non sa puissance mant1me. •Lol'd Palmerston, au contr:1ire, <lirigc la guerre d'après ce principe, qu'il u'existe aucun dang-er par terre, mais bieu par mer. par Sébastopol. rrelle est l'unité des vues danii ce Gouvernerneut qui verse à flots le sang· de la Nation, prodigue ses trésors, et détourne vers une solution futile la plus grande opportunité qu'.1it jamais eue un homme d'Etat ponr devenir le bie11foitem <le l'hnrnanité. L'un dit blanc, l'autrP- noir, aucun ne sait bien ce dont il s'agit. Les actes mêmes <le Lord Palmerston en donnent la preuve la plns évidente. Si Sa Seigneurie croit sérieusement que, Sébastopol détruit, la Turquie serait en sùreté; que, Sébastopol debout, le péril subsisterait toujours; comment a-t-il pu consentir pour un moment à faire la paix, laissant Sébastopol- debout? Je sais bien que ce u'est pas question à protocoles : parler en Conférences de raser Sébastopol tandis que b Russie le tient encore, ce serait aussi ridicule que de proposer à ces mêmes Conférences de reconstitner la Poloo-ne taudis que la Russie la posst>deencore. Je ~uis donc loin de m'étonner qu'on n'ait pas dit un mot, à Vienne, pour faire raser Séb.:istopol; mais si Lord Palmerston avait une conviction sérieuse à l'égard de Sébastopol, il ne lui était pas permis d'accepter aucune proposition d'arrangement tant que Sébastopol était debout, tant <jue les Alliés pouvaient espérer cle le détruire. Et pourtant on a négocié ; les propositions émanaient <le l' Angleterre et de la France, non pas sous la pression de défaites et de revers, mais au moment où la 'rur- • qnie, seule, avait battu la Russie, où les onrueillenx drapeaux du Czar fuyaient devant les Turcs. De deux choses l'une, ou la destruction de Sébastopol n'atteindrait pas le bnt <leLord Palmerston, ou bien on est en droit de l'accuser d'avoir accepté les conditions inefficaces d'une paix sans sécurité. Il ne sortira pas de ce dilemme. On me répondra peut-être que le Gouvernement insistait sur la limitation du nombre des vaisseaux Husse!; dans la Mer Noire, et que cette limitation paralyserait l'attitude menaçante de Sébastopol'? Nous en sommes donc à ce que M. Cobden appelait "la question infinitésimale <lesix:ou huit vaisseaux de plus ou de moim;.'' Je n'ai pas besoin de m'arrêter à cet argument. Les hommes de toute nuance politique ont également cendamné cette farce. 'l1ant que la Russie restera. une Puissance formidable, étendant ses possessions sur les rivages de la Mer Noire, sa prépondérance y est inévitable~ Les arguments de M. Cobden,. à ce sujet, sorit;

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