Homme - anno II - n.31 - 4 luglio1855

L' .II 01'I1'IE. ---~---,.,,,..,,--------------~----------------------------------- exotiques par leurs équivaients indigènes, à nationaliser leur usage et leur g·oût. R<1ppelez-.vous qu'en France l'industrie du coton a êlû son essor rapide et la fabrique de sucre de betterave son origine, à une situation semblable dans vos dernières grandes g·uerres. Le résultat de votre guerre par blocus, ce serait de rendre la Russie manufactnrière par force! Faites-le, si cela vons con-' vient? Je me sens compétent pour donner des conseils en pareille matière; j'en ai eu l'expérience en 184·8-49, et je pourrais vous citer <les exemples instructifs à cet égard. Non, non, la Russie ne peut être soumise _par µne guerre de blocus. Ou lé blocus ne lui ferait pas de mal, ou ce serait le commencement d'une ,querre,européenne. Vous le voyez, je parle avec impartialité ; cai:, dans ma position, l'idée d'une guerre européenne ne peut que me plaire. D'ailleurs, pour que ce blocus ne soit pas une honte permanente, l'acte d'une politique couarde, indigne de deux grandes puissa.i1cPs,il vous fou- , drait, a11m9ins, prendre Sweabord, Revel et Riga, dans la Baltique, brôler Kinburn et Oczakoff, prendre et garder Odessa dans la Mer Noire, Reni et Ismaïl sur le Danube. Vos gouvermmts trouveront-ils assez d'énergie pour faire tout cela'! Je n'en sais rien; mais, à moins de lè faire, le blocus livrerait les Puissances occidentales à la risée du monde .... et en le faisant, vous inaugureriez une longue guerre européenne. Et cependant, une paix sûre et. honorable est impossible. Lisez les protocoles de Vienne, et vous verrez qu'on a vainement empioyé tous les moyens suggérés par la modération (ou par l'avilissement, si vous voulez). Prenez donc conseit de la Logi- •que des Evènements. Rappelez-vous mes paroles: Je vous ai dit autrefois que vous ne pouviez vaincre la Russie sans une campagne en Pologne. Je vous dis aujourd'hui qne vous ne pouvez pas vous tirer sans honte de cette guerre, sauf par une campagne en Pologne. . Tout le reste .n'est que ....... faribole, comme le ~isait certain général français qui a combattu en Crimée. L. KOSSUTH. LACONSPIRATION.: L'attention publique est, depuis huit mois con- ·ce_ntrée sur un seµl point, Sébastopol ; toutes les inquiétudes et toutes, les curiosités de l'opinion y convergent; on dirait e9fin que cette tour Malakoff est la grande porte de toutes les Russies. Ce n'est là, pourtant, qu'nn chétif d.étail, et l'opinion forait beaucoup m~e~x d'étudier dans ses mouvements dive.es, la vaste et formidable conspiration qui partout s'agite, chemine et s'étend. . Au c_ommencemeut de la guerre, les deux Gouvernements <l'Angleterre et de France déclaraient que tous les Etats de l'Europe, petits ou grands, allaient entrer dans l'Alliance de la civilisatiori et que le czat· condamné, comme l'ennemi public, ne serait bientôt qu'un JEAN-Sans-Terre. -Le Royaume- de Na pies devait se lever,- comme l'Autriche, comme la Prusse, comme le Piémont; toutes les armées clu continent devaient former les faisçeaux; c'était une ligue universelle et sainte, la ligue du bien ,qénéral, le la justice, de la probité, de la civilisation. .Les journaux de l'Angleterre et ses hommes d'Etat excellent dans ce genre d'églogues, comme ses usuriers dans l'art de g·rouper les chiffres. Mais tous ces tableaux-fantaisies s'évanouissent vîte, èt les faits restent avec lesquels il faut compter et vivre. • Or ces faits, les voici: L' Augleterre et la France, depuis que l' expépition est commencée, n'ont pas acquis une seulo alliance active, sérieuse, désintéressée. Qu'est-ce que la participation <lu Piémont et que vaut-elle 11vecses quinze mille hommes à la solde du gouvernement anglais ? Le Piémont est cependant le seul ~tat_jusqu'ici qui soit entré,avec ses quelques gibernes vides, dans la grande ligue de la civilisation. . Indifférente à la querelle lointaine; et tout entière à ses houleuses destinées, l'Espngne n'a rien donné, ni l'Qr ni le sang, ni le éonseil,ni l'épée, et ceux qui la connaissent savent bien qu'elle ne mettra jamais sa main dans la main d'une France- .Empi.re ! Les Etats du Nord, Suède, N oi.:wège, Daue1nar,kont pra,tiqué comme alliance .... !a neutrnl~té; que ne ponvaient-ils pas, pourtant; dans cette guerre, eux qui sont gToupés et conch,és sur un des flancs de la Russie, eux qui avaient la diversion et l'appui de floites formidables, reines et maîtresses ditns la mer du Nord? La Prusse a fait comme la Suède .... de la neutralité. La Confëdération germanique a fait dE;la neutralité comme la Prusse, comme la . Suède, comme la Belgique, l'alliée des Habsbourg, et qui n'est qu'un chemin tout ouvert sur la frontière de France. Enfin, petits, moyens ou grands, tous les Etats oot fait banqueroute à l'alliance, et l'Angleterre qui est si fière, si opulente, la riche Angleterre n'a pu rien recruter, pas même des. Suisses! Mais de toutes les déceptions qu'·on a subies, il n'en est pas de plus grave, de plus cruelle et qui puisse entraînér de plus redoutllbles conséquences que la défection de l'Autriche. Pendant huit mois on a tout fait, tout tenté pour l'engager; presse, cours et parlements, toute l'Europe officielle était • aux. genoux du chevaleresque empereur, et de la bassesse à la folie, l'on n'a rien oublié pour cette alliance. Honneur et peine perdus. L'Autriche a pris les deux belles provinces da11ubiennes, pour les garder en séquestration, au compte de l'Occident, et lorsque les derniers appels sont venus après les derniers délais, elle a déclaré que son rôle était de conciliation, qu'elle ne ferait pas la guerre! La voilà nrnintenant qui développe, dans le secret et l'ombre Jes f.liplomaties, sa politique .... de neutralité, contre l'alliance. • La France et l'Angleterre ayant engagé le Piémont dans la ligue de l'Ouest, l'Autriche entre en fédération avec Naples, la rroscane, Modène et les autres petits Etats de l'Italie qui vivent sons sa tutelle ou ùans ses servitudes. On répond ainsi à l'Empire de France qui a une garnison à Rome, et à la maison de Savoie qui sig·ne des contrats <le guerre avec l'Occident. • ,. L'Autriche, on le voit, assure ses positions : ellè a sans frais obtenu le Danube qu'elle garde .... pour les Alliés. Elle est trnnquille sur sa frontière ·polonaise où campe une formidable armée russe qui couvre les trois lots du sang, et par sa confédération italienne, du côté du soleil, elle paralyse les ambitions ,de~Paris et de Turin; elle fait contre-poids.- L'Autriche est le gouvernement des trahisons et des équilibres ! Donc, ligue en Italie, au profit de l'Autriche, ligue en AllemI1g·ne au profit de l'Autriche et de la Prusse, au Nord, neutralité sur toutes les frontières, et reliant toutes ces politiques locales, môsquées, ténèbrcuses, influence secrète de la Russie sur tous les gouvernemens qui tiennent l'Europe centrale et fédérée. Où sont les Alliances gag-nées, acquises par la France et l' Ang·leterre et que deviendra la ligue de la civiliwtion avec ses q ui11zemille savoyards·? L'Angleterre et la France s'en vont à ,la honte, à la décade11ce, à ia banqueroute, à travers des batailles stériles qui les épuisent. Les caisses seront bientôt taries .et vides, comme les veines et comme les espérances, 'à ce train de guerre, et les deux gouvernemens acharnés sur Sébastopol, s'ap percevront trop tard, qu'ils sont isolés en Europe et qu'on les a tournés. Que leurs destinées s'accomplissent, d'eux nous n'avons point souci, car ils sont à la fois, le mal, la stupiditt\ le crime. .Mais nous craignons que l'invasion de notre patrie ne soit la dernière étape de ces journées 'Je guerre, et qu'à travers la France vassale et couchée, l'on n'aille éteindre, jusques dans les îles de l'Ouest, où s'est _réfugié !'Esprit de Liberté, les dernières lumières qui rayounent encore, en ce temps plein d'Ombres. Vous aviez, pourtant, Angleterre et France, le Salut et la destinée dans vos mains. Vous aviez la Révolution, et' cela vous aurait mieux servi que toutes vos providences, Empereurs, Reirrns, ou Dieux! Charles RIBEYROLLES. Les Alliés viennent de perdre plusieurs de leurs chefs. Lord Rag-la~ est mort de la dyssenterie, le général Estcourt du choléra ; ces deux maladies déciment de uoµveau }!armée : le choléra enlève un homme sur deux qu'il atteint! Le général Eyre a été blessé griè vèment et le g·énéral Campbell tué, le 18; leur division, après avoir tourné le Redan; s'est ti:ouvée coupée de l'armée anglaise, et a beaucoup souffert en s'ouvrant un passage. Le > g·énéral sarde La Marmora est mort cle. maladie. J..e..s. généraux Brunet et Mayran ont été tués Je, 18, en essayant vainement de franchir un fossécreusé cet_te.1rnit même sous la tour 1\1.alakoff.La division d' Autemare. a seule pénétré dans la tour, et elle en est ressortie en lambeaux, accablée sous le nombre. Les pertes des Alliés s'élèvent à plus de 4,000 hommes, chiffre officiel quadruplé par la rumeur publique. La flotte alliée est toujours à l'ancre devnnt Kronstadt. 46 machines iufernal'es sous-marines ont été découvertes et détruites : plusieurs navires ont été endommagés, et l'amiral Seymour a été blessé. La manifestation popul~ire contre la " Loi du. Dimanche" s'est renouvelée avant-hier Dimanche, plus nombreuse et pins menaçante, en dépit <les placards de la police annonçant qn'on dissoudrait les rassemblements. Plus de 150,000 personnes de tout àg·e et de fout sexe, "décemment habillées et n'appartenant pas à la foule grossi&re ( vulgm· mob) se pressaient dans Hyde-Park, déterminées à faire ,entendre leur voix et à faire connaître leut' volonté à l'endroit de cette au<lacieuse tentative d'une très peüte minorité pour imposer, sous forme de loi, sa bigoterie et ses préjugés à la masse de [a communauté." Des discours assez violens. ont été adressés à cette multitude; u11 orateur a racont~ que •Lord' Robert Grosvenor avait quitté la ville, en voiture de louage, laissant. sa maison à la garde de 200 Policemen; et son frère, le Marquis de W estminstt~r, ,aurait c.lÜ égalem'ent demandn une semblable garnison pour son palais. Déj,\ les buées, les sifflets commer:cuient à ncrueillir les voitures des nohles et riche/ promeneurs, qui trouvent bon <l'interdire au peuple ln possibilité de vendre et a'-'.heter, sous prétexte de sanctifier le Sabbat, muis qui ne renoncent pas à leurs plaisirs. "Allez à I' Eg-lise ! " criait-on de toute part; " et les sympathies des neuf-dixièmes de 1a population intellig-eute était du côté dtis énientiers; mais personne !l'était attaqué, nul mal u'était fait,'' lorsque la police a fait son apparition. 600 Constables, cachés jusques-là derrière quelq'ues maisons, se so11t jetés sur la foule, bâtonnnnt, fonda11t des têtes, blessa.nt et foulant aux pieds jusqu'à. deô enfants, et poussant Jr.urs victimes jusques dans la Sel'pentiue ! Plus de cent arrestations ont étô opérées; une dizaine de blessés 011tété portés à j '1" • t 1 10p1.a . . Il eût été plus court et pins facile, dit le Time::-, auquel nous emprantohs les citations· ci-dP.;sns; " d'illter<lire aux équipages de circuler dans Hyde, Park ; toute éause d'émeute eût disp~ru .... Di-- manche p:-ochain, nous Mnnmes menacé:; de scènes semblables et probablement plus sérieuses; des acks comme ceux d'hier ne peuvent qu'exciter une· grande exaspération .... Les murmures et les nrnlédictions contre !'Aristocratie étaient à leur comble pen<lnnt que la police frappait; jusqu'à un certain point, cela est juste. Si les hautes classt·s n'ont pas inventé cette mesure, elles ont le pouvoir-· de l'emrêcher au Parlement, et f'!les 11e le font pas. La Yérité est qu'elles sont pieuses unx dèpens de leurs voisins." DE L'ALLIANCE ANGLO-FRANÇAISE ET DES CAN AUX-DÉTROr.rs. La guerre d'Orient vient ae prouver ce que le ·blocull'. des grandes voies de communication peut apporter de. perturbation dans ht vie normale des peuplr:s. ( J) Outré . les sacrifices inouïs <le la richesse acquise, la richesse à venir, c'est-à-dire la vie s0ciale, se trouve fortement com-' pr_omise. La question alimentaire est la premi~re qui doit sérieusement attire1' l'attention générale. Par le fait même: des luttes sur la Mer Noire, sans insuffisance b(°en marquée dans les produ-its de l'Occident, la vie matérielle est néanmoins compromise, et cela par l'obstruction d'un rles' vaisseaux artériels de la circulation comrnerciale. La' question est donc n'examiner ce qui, dans la con di~ tion politique des peuples, peut empêcher de pan,illes calamités. Il ne suffit pas de se renfer~er dans un système d'or~ ganisme gouvernemental invariable, et d'attendre <ln, hasard la solution d'une situation périlleuse, dqnt on ·ue. - • . ' (l) En supposant qu'on eût le devoir d'attaquer la Russie, c~' n'était pas dans la :Mer Noire - le grenier de l'Occident, ainsi que les faits· le prouvent - que les soi-disants alliés devaient., por-ter la guerre. . Pou: expliq~1er cc_doute sur le fait même de la_ gue'rie, l'on, peut due :__qu'il est etrange_que les gouvernements 1'nol)archiques se formalisent des prétent10n~ russes. Un Etat-religion ,n~a-t-il pas autant de raiso)1 rle protéger partout, quand il le peut, se11• corréligionnaires, qu'un Etat-glèbe -ses sujets ; car Je pa~seport n'es_t,après tout, qu'une amulette de la police. C'est aµx çonser~ vateurs de Religion et d'Etat qu'il appartient de débrou-ilJer cettethèse: la dé1nncratic n'a rien à y voir, repouss~nt l'une~ l'autre .. : • . • • ' • . j ,,

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