Homme - anno II - n.29 - 20 giugno 1855

LES FORC.ES N.CRIMEE. Effectif approximatif au 1er Juin. Les journaux de l'Angleterre et surtout ceux de la France où l'on n'écrit qu'avec permission Qu par ordre se livrent, chaque jour, à des évaluations fabuleuses sur nos, contingents en Crimée. Nous avons cru qu'il serait utile de faire un véritable et sérieux dénombrement. Voici nos calculs : l~rançais : 11 Bataillons de chasseurs; à 500 hommes ........... . 38 Bataillo-ns de ligne à 1,500 hommes ............... .. 3 Régiments de zouaves id............................ .. 2 Régiments de légion étrangère, à 1,200 hommes .. 1 Régiment de marine ................................... .. l Régiment de tirailleurs indigènes d'Alger ......... . Garde impériale, 11 bataillons à 500 hommes ...... .. Total de l'infanterie ............... .. Cavalerie, 40 escadrons à 100 chevaux .............. .. ~-~;:j~e:·:~.·.·.·.·:.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·::.·:.'.·.·.·:.·.·.·.·:.·:.·::. ·:: . ••.•.•.•.•~. •:••.•.•.. Ouvriers, gendarmes, etc ................................. . Total général. .......... . Anglais (1).................................................. . Piémontais ................................................... . Turcs, Egyptiens, Tunissiens, etc .................... .. 5,500 57,000 4,500 2,400 1,000 1,200 5,500 77,100 4,000 10,000 4.000 4,000 99,100 30,000 15,000 50,000 Total général.................. 194, 1_00 En portant les régiments à J ,500 hommes en,général, et ceux de la légion, qui ont énormément souffert depuis quelque temps, à 1,200, on voit clairement que ces chiffres sont au-dessus de la réalité. , _Il faut de plus défal4ucr du chiffre total (l!l+,000J, 14,000 employés, travailleurs, infirmiers, et l'on compte au rabais. Reste donc en ligne un total de 180,000 hommes. Mais il faut encore déduire : Détachés à Kertch et Mer d' ~zoff ... 20,000 h. l A Eupatoria ............................... 4·0,000 h. 60,000 Il reste devant Séb.1stopol et à Balaclava...... 1:20,000 Or, 50,000 seront indi~pensablcs, au moins, pour continuer le siège, garder Kamiesch et ]hlaclava. De 120,000 hommes, supprimez-en 50,000, il reste 'i0,000 hommes pour tenir la campagne, forcer les cléfilés des montagnes et battre sur les phteaux ùe Simphéropol et Ilaksi-Scraï, une armée ru~•e de 150 ou ,200,000 hommes peut-être. N ni n'en sait le chiffre. • On voit qu'il ne saurait être question d'investissement du c6té norcl. - Dans tout cela il n'est pas tenu compte des pertes des 23 mai et 9 juin, c'e;t-à-dire·de 6 à 7,0J0 hommes. V oilù pour les forces : maintenant résumons les derniers foits de guerre. Le 7 juin, prise dn MamelOl'iVert, des redoutes de '\iV olhynie et de Séliughinsk par les Français, et <lelà redoute des Carrières par les Anglais, redoutes élevées par les Russes vers la fin de février, et qui furent le théâtre du combat sanglant du 23 février, et des combats également infructueux des 15, 16 et 19 mars, - nous les avons emportées d'assaut cette fois; mais le succès a été chèremeut acheté. - Nos pertes s'élè,vent, dit-on, à plus de 4000 hommes du côté des Français entr'autres le général de la Varande et 3 colonels tués, et à 655 anglais dont 53 ofüciers, proportion formidable : un officier pour 12 soldats ! - C'est beaucoup de sang poar de simples ouvrag~s de contre-approche, tout-à-fait extérieurs, indépendants des véritables fortifications de Sébastopol, construits cinq mois après le comJ11encement du sièg·e et moins en vue de la défense proprement ,dite que dans une intention offensive c6ntre les travaux des assiégean1s ! - Le général Pélissier y va largement et semble vouloir réduire la guerre à la plus grande et la plus rapide consommation d'hommes. C'est un système qui dispense de science et d'art, et qui fait dire aux bourgeois et aux militaires retraités : c'est un grand guerrier que le général Pélissier ! Grand guerrier de boucherie, en effet, ce qui, du reste, ne le compromet pas personnellement ; ... mais il faudrait savoir si un emploi plus intelligent de la formidable artillerie des Alliés n'aurait pas pu con:. <luireau même résultat matériel, avec 3000 hommes hors de combat de moins. - C'est notre opinion. [l] Au 16 mai, l'effectif des anglais était de 33,261 hommes dont 3,386 malades ; parmi ces derniers, 64 officiers. Les Russes ont évacué la forteresse d' Anapa, la dernière qui leur restât sur Ja côte de Circassie: ils ont ainsi perdu. tout le fruit de 25 ans de luttes, disent les journaux anbfais. Les Circassiens ont .occupé la place. Les généraux Canrobert et Bosquet ayant refusé le eommandelllent des troupes sur la Tchernaya, Je général Morris a été mis à la tête de ce corps d'arm~e, qui n'a pas encore att,aqué les Russes, retirés sur les hauteurs. Des lettres particulières annoncent que l'insurrection des paysa~s Polonais, dans l'Ukraine et L•IlOM~lE. dans quelques autres provinces, n'est point dirig·ée par la haine contre les seigneurs, comme jadis celle de Gallicie, mais bien contre les fonctionnaires et les popes ou. prêtres grecs. Loin d..'être écrasée, comme on l'avait dit, il paraît qu'elle se propage en Pologne et prend des propor-tions menaçantes pour l'Empire.-On ajoute que les alliés empêchent, autant qu'ils le peuvent, les réfugiés Polonais de s'approcher des. frontières et de pé11étrer dans leur patrie. Ce serait pousser bien loin la fraternité ·gouvernementale que de ménager ainsi le pouvoir du Czar dont on hrùle ailleurs les villes et dont on essaye de détruire la marine. L'insurrection carliste, en Espagne, est vaincue; ses chefs en Aragon ont été pris et fusillés, et ses bandes dispersées ont passé en France où on arrête et interne les réfugiés. Une tentative <l'assassinat sur la personne du Cardinal Antonelli, à Rome, a échoué ; son auteur est arrêté.-Le gouvernement papal a fait exécuter à Fimo cinq jeunes gens, prisonniers de- . puis six ans, pour des assassinats politiques commis en 184,9; selon l'Indépendance Belge, leur crime n'était nullement prouvé; et l'exécution a causé tant d'horreur parmi la population, que beaucoup de personnes ont quitté la ville pour ne pas s'y trouver au moment du meurtre légal. ECONOMIE SOCIALE. LER COALITIONS. En l?rance, aucune théorie économique, quelle que soit d'ailleurs sa valeur morale et son avenir comme tenùance éloignée, n'a eu jusqu'à présent et n'aura de longtemps la force de s'imposer à la nation. Ne nous en plaignons pas ; si la question sociale s'agitait comme en Angleterre, entre le libre échange d'un côté et la protection de l'autre, une réaction politique habile resterait maîtresse rlu terrain en se portant du côté du plus fort à mesure <les oscillations que subirait l'opinion. Du reste, aucun homme n'ayant la, science infuse, ( et par conséquent aucun plan de réforme économique ne se présentant avec le' caractère <levérité absolue, de perfection intégrale, interdit~ à· la nature hnrnaine), plus il y a d'écoles socialistes, pl~s on!compte d'ateliers intellect11els destinés à l'élaboration des idées, et plus la Révolution trouve de véhicul<:;s. Renfermez dans un .lit resserré l~ torrent du progrès , et la réactioù égoïste, ·.frfL ,:oncentrant ses forces sur un seul point, lui aura bien'tôt opposé une digue infranchissable. Laissez au contraire les flots partis de la même source se répandre de tous côtés dans la plaine : la routine, attaquée sur tous les points à la fois, et perdant la tête, laissera les eaux fécondes abreuver les champs arides du pauvre et du déshérité. Croirait-on, par exemple, que 89 -93 fût sorti de la seule école de Voltaire et rl'Holbach? Croirait-on que la Révolution de Février se fût opérée au seul 110mde SaintSimon, ou bien à celui de Fourier ? Il est évident que si l'école seule d'Holbach eût existé en 89, la vieille société l'eût écrasée et par ses propres forces et avec Faide de tous ceux qui, appartenant instinetivement à l'école sentimentale, n'eussent pas eu de bannière à suivre, si Rousseau n'eût pas d'avance formulé sa philosophie dans des livres immortels. • Il n'est pas moins certain que si en ] 847 le socialisme eût été claquemuré dans une école, dans une doctrine unique, le ministère Guizot-Duchàtel eût facilement t:i:iomphé de cette doctrine, de cette école, en soulevant contre elle non seulement tous les amis du pouvoir, mais encore le reste dts citoyens non adhérents formellement à l'école. réformatrice. C'est donc grâce à la multiplicité de ses centres et ùe ses groupes d'élaboration que la Révolution sociale a pu échapper aux coups, de la conservation religieuse et monarchique, mettre en défaut la perspicacité de politiques réputés habiles et s'affirmer en Février par la proclamation de la Républiq'ne. Ce mouvement n'est nullement arrêté. Tout écrasé qu'il semble dans notre malheureux pays·, le progrès continue sa marche incessante. De politique qu'il a été ostensiblement, de 1830 à 1851, il s'est transformé pour devenir purement social. Il se manifeste aujourd'hui pâr les grèves et les coalitions d'ouvriers,-crises que notre ami Nadaud avait justement prévues et calculées quand il demandait à l'Assemblée nationale l'abolition des lois draconiennes édictées contre le plus imprescriptible des droits du travail. , t 1·· Nous ne craignons pas d'avouer toute l'importance révolutiomiaire que prend le mouvement des grèves ouvrières signalées aujourd'hui sur tous les points de la France; car aucune répression militaire ou judiciaire ne peu-t d-éi;Ormais arrêter-cette --éclatante protestation-contre les_idées économiques du Bas-Empire. Cette insurrection mqrale pro•.1ve d'ailleurs que si quelques cerveaux étroits parmi les travailleurs des yilles ont _accepté l'aigle de Boùlogne et le petit chapeau de Strasbourg, l'immense majorité des ouvriers comprend enfin comment les insolvables (Îu .'.J Décembre, après avoir dissipé leur bien et celni des autres, gaspillent la fortune et l'h-0nn.eur du 1 peuple français. • La coalition entre ouvriers est de droit écrit en Angleterre, comme elle est de droit naturel partout ailleurs, malgré une législatlon tyrannique. Eh bien ! en ce pays de liberté relative, la coalition n'a. pas encore été comprise comm.e elle d9it l'être. En France, elle a déjà pris sou vrai caractère : celui d'associatiçm. mutuelle coatre le ravalement du travaj!, contre le retour forcé du travailleur aux misères du servage. Grâce à l'enseignement républicain du siècle dernier, gràce à la propagande infatigable de toutes les éc;oles socialistes depuis vingt ans, l'ouvrier français n'aborde point l'idée de coalition et les soufüances d'une gi;ève avec le seul espoir d'un avantage matériel, cornme on pourrait le dire peut-être de l'ouvrie.r anglais. L'ouvrier français se coalise parce qu'il a compris les bienfaits de la liberté et qu'il veut être libre ; il se cMlise parce qu'il sent le malheur de sej frères pins que le sien propre et qu'il ne veut pas que la fraternité soit un mot vidi::de sen~ ; il se met en grève pour demander à un salaire meilleur les moyens de s'éclairer ; parce qu'il veut arriver à l'égalité par le perfectionnement qe ses facultés, de son cœur et de son intelligence. J.-Ph. BERJEAU. VARIÉTÉS. -~a~- Edgard Quinet, un des proscrits de M. Bonaparte, publia, sous la Législative, une éloquente brochure pour la défense de la République Roµi~i.- ~e .. L~s forme~ p~s plµs que !e~ idées des grands eonvams ne vie1ll~ssent; et d mlleqrs, ce crime de Rome est toujours ouvert, le meurtre est permanent. Voici quelques pag-esqui valent le souvenir : Le manifeste du président de.ln République frijnçaise ac-- c;1se le peuple r~main de t'tngratitudc tu plus ajJligcante. Ceux qn_1ont étudié cette _affairene. pe11ventaccepter ce langage ; ils savent que le divorce entre le peuple et le saint1;.èrt"a eu pour cause la questiqn de l'indépendance nationale. Elu de l'étn,nger, le pontife a refusé de foire la gnt:rrc aux. envahisseurs, aux Aulrichiens. Il a renié la cause nationale et ne potivait faire autrement, san11al,dique1· son caractère. en le suivant.dans cet abandon ùc la patrie, les Italiens eus~ sent trahi l'Italie. D'où 11 suit que le peuple et le pape S:! rnnt séparé~, parce que les principes constituants de l'un et de l'autre sont inconciliaules . 8i la papauté e~t souveraine il ne peut y avoir de nation;t!ité; si la nationi)lité existe, 1~ papauté ne µeut être sonvi:raine. Sans qu'il y ait d'ancuu côté la moindre ingratitude, ce~ deux conditions se repoussent et ne sauraient e.dster 8Îmultanément. La force dt!~ choses qui a fait ces imposs1Lilité.s le veut ainsi. Qui ë;t. jamais accu"é d'ingratitude un angle droit, parce 'qu'il ne peut, sans cesser d'âtre, se plier à être un anale aio-u? Dc_uxchoses sont_~vid_e_nte..~ ~yan_t,~des; _cr~; •.u.n.ep. atrie, 11 faut St! plac(:r dans une condillon 011 la _µatrfe est possible, c'est-à-dire, aholil' le pouvoir temporel; on bien si l'on veut étouffer jusqu'au germe ue la nationalité ita.: lien11edans le présent et l'avenir, il faut rétablir ce·pou- \'Oir. Cela suffit pour étuuffa lt cœur qui cominençait à. battre. • Les fauteurs de l'expédition française de Ci vita-Vecchi1:1. avaient 1êvé qu'il en serait ainsi sans guene, saus effusion de sang? leurs ,~mis de G,1ëte s'en faisaient led garnnts. Ce ~evait êt_re1~plus bertu rés'.1ltat d'une expédition diplomatique et Jésurnque: atrophier dans le o-erme la vie nationale; aider l'Autriche à faire libéraleme~t avorter i'Italie · tuer sans ùrnit, sans effort, sans avoir l,esoin mê111e de ma~ nier le fer; enlacer, étouffer, sa11s laisser même une tràce de violence 1;ur le cuqn de l'Italie, puis dire après; Nous l'a\·ons trouvée morte; voilà ce que l'on s'es.t promis en accordant au clergé.son expédition. Par. malheur, l'Italie a senti le coup; elle a jeté un grand cri: Ja lumière s'est faite, le monde a regardé, il a fallu égorger. Si l'intérêt de l'Autriche est que l'Italie ne puisse se constituer eu corps de peuple, le salut de l,LFrance veut absolument le contraire, en sorte que celui qui sert le premier trahit nécessairement le second. ' Il suffit ù'ou vrir les yeux: p1mr voir que le dang•r qui menace la France n'est plus ~eulement une coalition de roi-, mai~ un changement dans l'équilibre de l'Europe. Deux races d'hom111esse lèvent et se constituent en face de nous, la natio11alité slave et la nationalité germauique. Par le seul poids de leur-masse, ellei;, menacent de nous écraser si l'équilibre ne se rétablit par ur1 autre côté. Dans ce danger, qui tient non aux passions mais à la nature même des cho~es, \e salut de la Frnnce es~ .d'aiJer à co11stit11erdes nationalités nécessai\·ement amies, dont l'alliance soit fonùée·sur la cornmunanté du sang, sur .les rapports d'origine et de langue. Pendaot que la Pn~ss~ évoque la r;i;e ge1manique, la Russie la race slave, qui ne voit que la l• rance, en frappant de mort un membre de la. race romaine, se frappe elle même? A ce point de vue, la nationalité italiennè est pour nous une des pre~ières conditions de vie dans le nouveau travail des races en Europe. c·e~t, pnur ainsi dire, :.JII <Jenos p:opres memure~; quanrl vous la. livrez, ou que vous aidez vous même li l'anéantir, il est évident que vous livrez la. France elle-même: le meurtre est à la fo1~un suicide. Sup,posez <jllel'empereur de Russie ou le maréchal Radetz. ky eussent soûs leurs ordres l'armée française; j'iurngine qu'ils lui donneraient à. peu près l'ordre suivant: '' Pendant "que la grande armée de;la coalition autrichienne et russe, "toujours penda11te sur la France, a sa gauche dans les pro- " vinces moldo-valaque~, et sa droite sur le·Tésin, allez nous s.••appuyer--paPu.ne expédition à. :S,pme. La senle-chose que "nous demandions e~t le rétablissement immédiat Ju pou- " vofr tempore!, sous une forme quelconque. Car nous '' savons _que céla nous suffit pour empêcher l'Italie _dese "constituer et de nous inquiéter ja111ais. Faitt:Js ce que "nous ferions nous-mêmes; empêchez ce peuple de naître, " mettez le pied sur le foyer qui se rallume. N uus nous " chargeons des extrémités; vous, écrasez la tête." Et quel moment a+on choisi pour entrer dans le plan de la eoalisation austro-rnsse ? Avait•~lle du moins ~ur dlc:

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