Homme - anno II - n.29 - 20 giugno 1855

.. ' -SC! ENCE.-· JO-URNADLELADEMOCRATIUENIVERSELLE. N' 29. MERCREDI, 20 ,JUIN 1855.-2e Année Ce Jou1•nal parait une .feis 1uu• 8e111al11e. (Jersey), 19, Dorset Street. -Les manuscrits déposés ne seront I ANGLETERRE ET CoLONTEs: pas rendus. - ON s' ABONNE: A Jersey, 19, Dorset street. - A Un an, 8 shillings ou 10 fran es. Londres, chez M. STANISLAS,10, Greek-street, Soho Square, et Six·mois, 4 sh. ou 5 fr. chez M. PHIL_IPPE,(Pharmacie franç~ise)_, 28, Gree½ street, Soho I Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. Poun L'ÉTRANOER: Un an, 12 fr. 50. Six mois, 6 fr. 26. Trois-mois, 3 fr. 50 c. Toutes lettres et correspondances doivent être affranchies et adressées au bureau de l' Imprimerie Universelle à St-Hélier -Genève (Suisse), chez M. Cor!lat, libraire, ru~ Gu11laume-Tell. CHAQUENUMÉRO: Tou8 le■ aJ101111en1e11 ■ •e paient d'avanee. -Belgique, chez les lib.-Madrid, chPz Casimir Monnier, libr. 3 pence ou 6 sous. CE QU'IL Y A DANS LAQUESTDIO'ONRIENT. àût son expan-sion à son e:,prit guerrier, au principe de conquête dont elle avait fait sa vie. Elle lui düt aussi sa mort. Tout le secret de la grandeur et de la chüte des Romains est là. On fait de grancles choses sous l'aiguillon d'nn pareil principe ; mais du jour où l'on s'arrête, où l'on est forcé de s'arrêter, on est perdu. Il On trouve encore des gens qui vous disent : sans cette faut marcher, marcher toujours, sans se reposer jamais. maudite question d'Orient, nous serions 'en paix. La Rus- Mais ne jamais s'arrêter est tout simplement une sie comptant sans la :France et l'Angleterre, a commis impossibilité, une absurdité. La terre elle-même une étoµrderie. Elle le reconnaît elle-même ; mais trop m·inquerait aux conquérants, quand bien même ils ue engagée, elle ne peut se retirer de l'arène sans coup férir. trouveraient pas dans la résistance des autres peuples, un Son honneur et sa dignité le lui défendent; mais le jour obstacle invincible. C'est pourquoi la monarchie univeroù nos armées auront remporté, sur les siennes, deux 011 selle est une chimère qui n'est jamais entrée que dans le trois bonnes victoires, le jour où uous lui aurons pris cerveau de quelques fous couronnés. Sébastopol et Cronstadt, ce jour-là, elle entrera en corn- Mais, dit.on, un peuple ne peut-il, à temps, reconnaîposition, car nous lui aurons démontré que la Turquie tre son erreur et la répudier ? je ne sais : en tout cas, peut viYre et la braver, avec l'aide de ses amis ; ce jour- l'histoire ne nou~ montre rien i:lesemblable chez les peulà, nous aurons retrouvé la paix, le calma et la tranquil- ples conquérants. Voici, au contraire, ce qui s'oppose, lité. selon moi, à cette évolution : On voit que ce raisonnement implique quelques' qnes- Un peuple dont l'esprit de vie est le principe de contions préjudicielles qu'il faut vider avant tout. Ces quête, cherche, avant tout, si ce n'est exclusivement, à questions, les voici: l'empire ottoman est-il encore Yiable? développer, chez lui, ce qu'il appelle les vertus guerrières. Ses amis et ses ennemis le croient-ils ? La guerre actuelle Or, c'est ici que se trouve l'application de notre adag-epone tient-elle qu'à la question d'Orient? Tout dépend de pulaire: on ne peut pas être au four et au moulin. En la solution 4u'on donnera à ces qnestions. EH disant effet, pendant qu'on donne aux esprits la direction guernotre pensée, toute notre pensée, à ce sujet, nons croyons rière, on ne fortne pas les citoyens au traYail. Nous remplir un devoir. Au point où nons en sommes, toute voyons, au çontraire, q11ele travail a toujours été consi- <lissimulation est dangereuse, de plus inutile. La situation déré comme vil par la race conqnéra11te. Il faut, aux est grave, extrêmement grave. Il est temps d'y songer nobles guerriers, <les esclaves qui remplissent, pour eux, sérieu_sement, il est temps d'aviser, il faut agir. cette tâche difficile et méprisée. Et cependant le travail, Au début de la guerre actuelle, nous disions : " l'inté- c'est la paix, c'est l'antithèse de la conquête, c'est le seul ·' grité de l'empire ottoman, si pompeusement invoquée p_rincipe qui soit opposé, qui puisse être.substitué au prin- " ,par les fédérés, est une escobarderie. On n'est pas c1pe de conquête désormais convaincu d'impuissance et ·' d'accord pour le partage et l'on se bat, en attendant. d'absurdité. La guerre a, pour cor~llaires, le vol, lapa- " Ce sont là jeux <leprinces." resse et l'ignorance qui mènent bien vite à l'abrutissement.· La dernière circulaire du comte de Nesselrode nous a Une fois qu'un peuple en est là, comment espérer qu'il démontré que c'était bien ainsi que l'entendaït, en effet, reconnaisse son erreur et qu'il y renonce pour pratiquer la Russie. Les gouvPrnements de Fra11ce et d'Angleterre la justice, le travail et la science qui s,mt les attributs de ne pcuveut encore agir avec cette franchise, cela se con- la paix? L'hi,toire nous apprend au contraire, que tous çoit; mais noiu; ne sommes peut-être pas à six mois d'un les peuples conquérants se sont affaissés dans leurs vices pareil aveu de leur part. S'ils ne l'ont déjà fait, s'ils ne et abimés dans leurs jouissances. Ainsi finirent les Role font pas bientôt, c'est que la question n'est plus mains; ainsi finissent les Turcs, et c'est justice ...... aussi simple, c'est que la question d'Orient s'est com- Il résulte de ce qui précède que la viabilité de l'empire pliqué~ de la qitestion cl'Occident. Demandez sa pensée Ottoman n'est qu'une chimère romanesque à laquelle ne à l'Autriche; dites-1,.i de laisser éc.happer de ses serres croient pas, surtout les gouvernements, aussi bien ceux les Pro\'Ïnces danubiennes. 'Elle vous rira au nez, tant d'Angleterre et de France que celui de St.-Pétersbourg; elle a foi dans l'inté,qrité de l'empire turc! Et la Prusse, à la11uelle 011 ne peut pas croire, à moins qu'on ne veuille la Prusse la plus machiavélique de toutes, demandez-lui Yo!ontairement s'aveugler. Reste à savoir cc qui peut pourquoi elle fait de si grands armements, puisqu'elle ne sortir rle la lutte engagée entre les trois grandes puissanveut pas prendre parti dans la guerre; pourquoi elle ces. Pour cela, nous n'aurons qu'à répondre à la 3me bor<le les rives du Rhin? Apparemment, la Prusse croit question que nous nous sommes posée,au commencement de aussi à l'intégrité ! Elle n'a rien à prétendre en Orient, cet article: La guerre actuelle ne tient-elle qit' à laquessoit : mais s'agit-il bien de l'Orient, rien que de l'Orien_t ? lion d'Orient ? Son territoire ressemble à une langouste ; elle est à l'é- RÉPUBLICAINE ou CosAQUE, avait dit l'oncle. N r trait dans ses frontières fantastiques. Il lui faut plus d'air; l'u NE NI l'AUTRE, dit le neveu. Et l'Angleterre de répéelle veut, elle cherche un empire moins disgracieux à l'œil ter, après cet étrange protecteur: ni l'une ni l'autre. Oh! et plus solidement assis. Angleterre, terre des Lords, des monopoleurs et des marTous les hommes qui ont le sens politiqut sont du chauds d'opium, oh ! Angleterre, tu l'auras voulu, mais, reste parfaitement d'accord sur l'imminence de la chûte comme George Dandin, tu verras ce qu'il en coûte !...... <lel'empire des Sultans. Les élucubrations de quelques Républicaine ou Cosaque! Pourquoi le nevgu qui s'est romanciers politiques, les sentimentalités banales cle nos tant réclamé du chef de sa race, comme il dit, de ce génie Lamartine ne font rien à l'affaire. Est-ce qu'elle peuvent incomparable, pourquoi Loui1>-Napoléon n'est-il ,pas ,l'acprévaloir contre l'arrêt des destinées, du sens commun ? cord avec son oncle sur ce point important? C'est qu'auLe fait est palpable : seulement il nous semble qu'on ne jourd'hui Louis-Napoléon est Empereur des Français, et lui a pas encore assigné sa vraie, sa principale cause. que, lorsque le vieil Empereur prononça cette parole proQu'on nous permette de l'indiquer, en passant, telle phétique, il ne l'était plus. Ce sont les positions qui qu'elle nous apparaît. parlent et non l'homme. Si Napoléon Ier, au lieu de On a beaucoup discouru sur la grandeur et h(décaden- devenir l'hôte des Anglais, à Ste.-Hélène, était mort, ce des Romains. De brillants esprits, de puissants gé- dans son lit, aux Tuileries, jamais il n'eût. dit cette parole, nies ont livré au mon<le leurs appréciations à cet égard. parceque l'ayant une fois dite, il eût été obligé de conforPour nous, c'est dans le bon sens des masses, c'est dans mer sa conduite à cette appréciation. Et c'est encore ce un axiôme populaire que nous trouvons la meilleure ex- que serait obligé de faire, aujourd'hui, Louis-Napoléon, plication de la décadence et de la cMte dudit empire dans cette hypothèse. Or, e'est ce qu'il ne veut pas. Romain. On ne peut pas être au four et au moulin, dit Voilà pourquoi le neveu n'est pas d'accord avec l'oncle. la sagesse r:es nations. C'est peu poëtique, mais, ce qui Voilà pourquoi il répond au dilemme du vieil Empereur vaut mieux, c'est vrai. Les mêmes causes produisent les par ce mot de juste milieu: ni l'une ni l'autre. Voyons mêmes effets; tout ce qu'on peut <lire des Romains s'ap- cependant. plique aux Turcs, parceque ces deux peuples ayant vécu , Chaque homme, comme on l'a dit, est au moins, porteur du même principe, tous deux rloivent avoir même fin. d'une idée. Or, l'idée de Louis-Napoléon, la SEmle qui Un peuple, comme nn individu, vit de la vie qu'il puise . soit jamais entrée dans sa cervelle, son idée fixe a to11jours dans son princire. Quand ce principe est faux, il est été de se faire empereur des Français. C'est une fantaisie bientôt épuisé; alors ce peuple meurt, s'il ne substitue comme une autre, mais qui coûtera cher à lui, à la France, pas, à temps, au principe qui lui fait cléfaut, le principe à l'Europe. Jusqu'au règne de Louis-Philippe dont celui opposé qui seul, peut le rénover, lui redonner la vie.. Or, de Napoléon n'est, au fond, que la continuation pure et c'est ce que n·e surent pas faire les Romains. Ils n'évo- simple, le dilemme se posait avec une rigoureuse et éviluèrent pas, ils 'ne se révoluti,onnè.rent pas à temps et dente précision. D'ur1 côté, la révolution : de l'autre, le leur empire s'écroula sou~ les huées des barbares ! Rome Cosaquism~. On l'a ,bien vu, ~n 18_48o, tt l'on a pu croire, 1 • un instant, que l'une des deux cornes du dilemme allait faire voler l'autre en éclats. La Révolution, avec leR peupl!!s, s'est trouvée face à face avec le Cosaquisme et son représentant naturel, le Czar. Elle fut alors, non pas vaincue, mais comprimée. On sait comment et pourquoi. A son avènement, Louis Bonaparte a essayé de donner le change. Il a essayé de ressusciter le juste milieu. II voulait être Empereur et devait, par cela même, désirer le statu quo. Dès lors il fait un pacte avec ses frères, cousins, bons amis couronnés. Il leur a dit : à moi la Couronne de France, à vous la sécurité qui en résulte. Je continuerai Louis-Philippe et, mieux que lui, je barrerai la route à la révolution. Le pacte conclu, Louis-N apoléon a été, pour sa part, fidèle à sa parole, beaucoup plus qu'on ne le pense généralement. D'abord, il a escamoté la révolution, ceci ne fait <loute pour personne ; mais de plus,- son rHscours de Bordeaux en témoigne,- il aurait voulu pouvoir éviter la guerre. Il pensait avoir assez bien mérité des couronnés pour croire qu'ils le laisseraient se reposer en paix des horribles fatigues du 2 . Décembre. Aussi, a-t-il hésité long-temps, avant de se décider à faire la guerre à son bon ami, le Tsar. Il fallut bien cependant ouvrir les yeux à la lumière. Aujourd'hui il comprend à peu près rle quoi il s'agit. Le service, le seul que pût rendre au Tsar et consorts, Lonis-N apoléon, étant rendu, la reconnaissance de se~ obligés ·ne <levait pas tarder à s'évanouir. C'est ce qui arriva. Il leur fallait un prétexte; il fut bien vite trouv~. Le Tzar, chef de la bande, s'en chargea. Il n'eut qu'à ie baisser ; il ramassa la question d'Orient qui, depuis long-- temps, traînait dans les cartons de toutes les chancelleries. Les représentants du cosaquisme se dirent : " Bonaparte " a donné tout ce qu'il pouvait donner, brisons cet ins- " trument usé, car il pourrait plus tard, même à son insu, " devenir dange~eux. Produit de la Révolution, il en est, " quoi qu'il fasse, l'expression erronée, 'nous \e voulons, " mais enfin l'expression au moins momentanée. Or, il ne " peut faire, il est hors de son pouvoir que ce principe " révolutionnaire dont' il reste malgré tout la représenta- " tion vivante, ne se développe, ne produise st•s fruits et, " ne nous dévore tous, à la longue, à commencer par lui. " A un principe, on ne peut opposer qu'un antre prin- " cipe, et, Louis-Napoléon ne peut être, à la fois, le re- " présentant de deux principes opposés. D'ailleurs, nous " n'avons plus rien à redouter de lui. Compromis avec " les révolu~ionnaires dP,tous les pays, il u'a plus de puis- " sauce pour nous nuire. Samson lui-même s'est tondu. " Où prendrait-il la force qu'il lui faudrait pour nous " résister, en dehors de la Révolution ql}'il a trahie? La. " première chose qu'il aurait à faire, pour s'assurer le " concours de la Révolution, serait d'abdiquer, et ils sont " rares es Sylla, les Charles-Quint! Haro donc sur le " ...... Napoléon!" Ainsi raisonna le Cosaquisme, et, il faut l'avouer, ce n'était pas trop mal pensé. Nous croyons, en effet, qu'on ne parlerait déjà plus de N apoléor1 III, si. son alliance forcée avec l'Angleterre n'avait, pour quelque temps encore, étayé son trône vermoulu. Mais cette allianco ne durera pas toujours. Les lorùs finiront par reconnaître,- et ceci est déjà plus qu'une hypothè~e,-la vérité de cet axiôme philosophique : enfre deux maux il fa~tt chois'ir, le moindre. Et comme le moindre, pour eux, n'est pas l'alliance avec Louis-Napoléon, l'alliance sera sacrifiée. Donc, si les lords sont les plus forts-ce qui est à craindre avec la niaiserie proverbiale de John Bull, avec ce respect qu'il professe pour la légalit6-l'alliance avec l'Angleterre venant à lui manquer, Louis-Napoléon est perdu, et, avec lui, la France, et avëc la France la Révo-- lution. Supposons néanmoins que cette étonnante al.- liance dure, autant et plus, que les hommes qui l'ont contractée, n'est-il pas encore à craindre que, devant cette constatation, l'Autriche expectante, la Prusse menaçante ne fassent qu'1m, à un jour donné, avec la Russie, ne jet-. tent un million d'hommes sur le Rhin, ne franchissent oe nouveau Rubicon et ne viennent, en quelques jours, dicter. à Paris, leurs conditions à leur bien aimé frère et protégé Henri V? Ce faible descendan.t de Robert-le-Fort se contentera, vous pouvez en être sür, des quelques province!t qu'on voudra bien lui laisser, et le reste ~e la France sera dépecé •et partagé. Voilà, du moins, le rêve du Cosa~ quisme. Nous sommes bien loin, on le _voit, de la questio!\ d'Orient. Cela ou rien. Il faut que le Cosaquisme dévore la Révolution s'il ne veut être dévoré par elle. Et pour cela, il sait qu'il n'a qu'à frapper, au cœur, la. France toujours et quoique révolutionnaire. Ce plan vous paraît-il donc si absurde, si irréalisable? Neu~ coRnaissous 'bien les rai,sous q1_1'01p1e_tlt i-avo~uer

L'IlOMi\lE' . ~---- ..._.______ __..! __________ :___ __________________ ___,_~------------ e:;.trz; mai11 nous ~ avons aussi que, dans l'état actuel des choses, ces rais.ons n'ont pas grand poids dans la balance. Supposons que l'exécution de ce plan soit tentée demain. Qu'aurait la France à opposer aux hordes nnombrables du Cosaquisme ? Quelques cent mille hommes qui seraient écrasés, broyés sous la masse, s'ils essayaient de résister. La plus grande et la meilleure partie de son armée n'est-elle pas occupée à guerroyer à huit cent lieues de la patrie ? Resterait donc le peuple ; mais le peuple armé, c'est la révolution, c'est la chûte immédiate de Louis-Napoléon ! Et le jour où ils envahiront la France, vous verrez Louis-Napoléon plus occupé à empêcher l'explosion révolutionnaire q11'à chasser les Cosaques. . Voilà rlonc où en est la France, la France, la mèrepatrie du progrès : à la veille d'une invasion suivie de restauration et de partage. Il faut que les destinées s'acdomplissent. La révolution, seule, peut opposer son veto ; mais le fera-t-elle? Que l'Enrope libérale y songe, qu'elle médite sur cette situation et puis qu'elle agisse. Il n'y a pas un moment à pwh-e ; il est déjà peut-être trop tard. Allons, bourgeois de tous h:s pays, vous qui aimez encore la liberté, songez que le moment est venu de vous prononéer pour le Cosaquisme ou la révolution. RÉPUBLICAINE ou CosAQ_uE,voilà ce que sera demain l'Europe ; voilà ce qu'il y a: dans la question d'Orient. G. PETIT. Cette guerre d'Orient, à travers les sinistres qu'elle amène, est si mystérieuse et dans ses causes et dans ses fins que nous ouvrons nos colonnes à to11tèsles discussions, à toutes les pensées qui peuvent éclairer le secret de la tragédie et ses conséquences dernières. Ainsi, notre correspondant de Suisse nous déclare contre l'ç,piniongénérale formée sur une résistance héroïque au Danube et devant Silistrie, que l'empire turc n'est plug qu'un cadavre, une ombre; que son principe de vitalité n'a plus de sève, et qu'il n'y a pas de puissances en Europe,même celles de l'Occident, qui croient sérieusement au Stam- •boui de Mahomet. . Nous ne sommes pas, en ce point de mort, aussi certains que l'auteur des lignes qu'on vient de lire, et voici pourquoi. • L'Empire turc, comme bien d'autres, ne peut plus, depuis cent ans, promener sa force et déborder : la Révolution frahcaise a mis bon ordre à té>utèsces fastueuses inondations de barbares qui passaient sans missi.on et sans idées comme les fléaux : il faut, aujourd'hui, sous peine d'avorter, que la victoir~. elle même ait dans son sac de guerre un peu de propagande, et lorsque les conquêtes ne sont que des incidens de force, elles passent avec les héros qui vivent un jour. L'Empire turc est donc mort, comme puissance militaire d'expansion, d'envahissement: mais pourquoi le peuple turc serait-il condamné ? sa religion ri'E>sgt oètes mieux suivie, n'est guères mieux pratrqoée, chez lui, que nous ne suivons, que nous ne pratiquons nos religions, ou nos schismes, et l'ombre .du Croissant est aujourd'hui, dans le monde, aussi ,p,âl(;q}ue l'ombre de la Croix. Le vieux fanatisme s'est éteint dans le Gouver-. nement où marquent des hommes qui se sont abreuvés, soit à Paris, soit à Londres, aux sources de civilisation ; et si -lei;masses sont là, comme ailleurs, en plein'e nuit, elles ont gardé, du moins, l'énergie et la probité qui sont facultés éternelles de jeunesse et dei renouvellement. • • La Russie, comme dignité humaine, comme -oyauté morale et <lans les contrats, est bien plus .arriérée que la vieille race tutque: mais l'ambition de ses Tzars, dans son rêve <l'Empire universel, s'est approprié, dans les armes, dans les ind'ustries, dans _les.arts, toutes les découvertes scientifiques de l'Occident ~t toutes ses méthodes de perfectionnement. Voilà ce qui lui donne, aujourd'hui, la s_upériorité sur la famille musulmane ensevelie depuis des siècles dans la contemplation, et le moyen dé lutter, dans les jeux de la force, contre ses maîtres de l'Occident, , Ceci, toutefois, n'est que momentané. La guerre de Crimée mêl"e l'Est et l'Ouest : les deux g·énies s-e rencontrent sous la même tente, se trouvent assis au même bivouac ; et il ·est impossible, quels que misérables que soient les chèfs des gou vernèments et des armées, que de la giberne de France, qù il y a tant d'instincts et de souvenirs, quelques sêmences révolutionnaires ne tombent. • Qui. sommes-nous, d'aillel~rs, pour rayer, pour èffacer les peuples du livre de vie? Nous cherçhons à les assooier par le contrat humain qui est l'égalité, Nous voulons qu'ils se groupent en fédération frate,,rnelle, qu'ils s'éclairent par le mutuellisme incessant des échanges et des propagandes. Nous voulon<s·qu'ils s'élèvent à 1'.uuitéde famille: Bl:!ÜS c'est pa:r 'des évolutions successives et libres que doit se former· l'Eglise univérselle, et qans la destruction pour nous tout est crime, depuis l'assassinat juridique sur les échafauds, jusqu'à l'assassinat des patries. On ne tue pas, d'ailleurs, on ne peut plus supprimer les peuples. Est-ce que la Pologne èst morte, depuis 1770, la première année d~s grandes violences, et malgré ses trois partages? Quand la Révolution se réveillera, la Turquie qui est le despotisme éteint, sera notre alliée, comme l'Italie, comme la Hongrie,· comme la Pologne, contre la Russie qui est lè despotisme vivant, et la Russie elle-même nous· prêtera ses diversions, ses phalang·es, ses masses que l'esprit nouveau travaille jusques dans les déserts. Ne condamnons pas les µeuples à disparaître; c'est là métier dé rois : ils résisteraient à nous, comme aux gTands joueurs de bataille, et dans l'humanité, nous éterniserions les guerres civiles. Dans sa seconde partie, notre correspondant a raison, quand il dit que la guerre ouverte entraîne la grande guerre de l'Occident : oui, ce point noir de Crimée porte les grands orages; et il en peut sortir, grâce aux gouvernements, une troisième invasion de Paris. Ce serait là le dernièr crime du second empire ! C. R. L ' I NVA S I ON. I. La campagne de 1814 venait de finir: l'Europe inondait la France à l'est, au sud, au nord, et ses armées marquant le pas, comme dans les rondes, s'arrêtaient stupéfaites, sous les murs de Paris. Elles n'osaient entrer dans cette ville redoutable, craignant peut-être, d'y voir se lever 93 et ses morts. Elles avaient en pleine victoire, et malgré les colères des invasions subies, comme un respect religieux pour la ruine ouverte qm avait été la grande place de la Révolution. Si Paris, en cette heure dernière et décisive, avait trouvé ses énergies d'autrefois, si la France avait entendu les appels de 92 et ses terribles invocations à la mort ou à la liberté, rien n'était perdu ~ l'Europé' inqqiète, marchant à tâtons dans sa Yic.toire,pouv'1ai•t s'arrêter sur la terre sacrée et laisser aux masses en bataille dans les villes et snr les chemins, le soin de la patrie et des destinées. En 1815, après Waterloo, au mois de j nin, la France était tombée de nouveau : l'Europe des rois révénait furieuse et pressait Paris de ses arm8es. Mais alors avaient disparu les saints respects et les_douces courtoisies : on [.lillait, on violait, on tuait, comme à la curée des empires; c'était une orgie sur une tombe. Eh bien, cette fois.encore, de cette patrie violée, pleine d'armées mortes, on pouvait faire un dernier et terrible champ de bataille; la borne pouvait tuer, comme la haie, comme le pavé, comme le couteau; mais il fallait ouvrir la guen:e sainte. La France, hélas! ne fit rien ou presque rien, et pourquoi? parce qu'elle était depuis longtemps couchée dans la servitude, parce que la grande, la p"remière invasion qu'elle avait subie s'appelle le 18 Brumaire, parce que la liberté seule sait forger les armes invincibles, et que partout où l'esprit est mort, les peuples mE:urent. Le graud coupable de la patrie tombée, tombée deux fois, le premier envahisseur de la France inviolée jusques là, ce n'est donc pas le Cosaque, ce n'est pas Blucher, ce n'est pas W elli11gton,c'est Bonaparte, c'est l'homme du dix-huit Brumaire. Il aurait mieux valu, _pour notre patrie, perdre vingt places de guerre, dix armées, et tous les arsenaux, que d'avoir à subir cette journée fatale où son âme tomba"1sous la force, où toutes les libertés blessées s'envolè1lent. On peut relever des citadelles, dégager des fro11tières, approvisionner des places vides, forger des. armes et retremper tous ses glaives : EB s'ang revient aux veines taries et la matière a d' éterueis rajeunissements: mais lorsque les âmes sont frappées, sont dégradées, lors qu'elles ont langui dans les peurs basses de laservitude, le mal est profond, la blessure est empoisonnée. • Les despotes sont des fossoyeurs ! II. La France, en quelques années, avait réparé les désastres matériels des·deux invasions, mais elle a mis près d'un demi-siècle pour se relever de sa défaite morale, en pratiquant par le eombat et par l'étude,. par la présse et la· conspitation, le grand - devoir de liberté. L'élite de ses générations est tombée, pour cette renaissance, dans les guerres civiles et sur les échafauds : il y a eu des cachots qui ont gardé les martyrs, d'un règne à l'autre, et ce n'est qu'aprf's d'héroïqtres luttes, souvent mêlées de revers, qu'elle est, enfin, rentrée par la Révolution, dans la pleiue souveraineté du droit et des armes. QDand cette victoire éclata, la vieille Enrope de 1792, l' Eur_opedes coalitions tressaillit: elle se crut perdue: les peuples se levaient un à un et emportaient les trônes, comme l"event les tentes: il n'y avait pas un roi qui osàt regarder du côté du Rhin, et si la France à cette heure sac-rée avait été fidèle à son génie, si elle avait compris sa fortune, elle aurait vengé toutes ses défaites et consacré toutes ses gloires, par la liberté du moude. N'aurait-elle pas noyé Waterloo dans ~ette lumière? Mais l'heure est passée: les Gouvernements sont revenus : on a de nouveau scellé les anciennes. tombes: il y en a d'autres ouvertes d'hier qui sont pleines de sang; tous les peuples sont muselés~ captifs, et, désastre suprême, la France trahie par le crime est retombée dans la servitude ! Le second Bonaparte a fait son invasion comme· l'ancien, et nous sommes en 1812: nous avons des. tribunaux, des armées, des églises, des administrations, des hiérarchies muettes et disciplinées; mais il n'y a plus de Libertés rayonnantes, d'éloquents débats, d'énergies publiques, il uly a plus d'institutions sérieuses. de propagandes ouvertes; il n'y a plus d'âmP-. L'invasion de la mort a commencé. Maintenant, étudiez les faits qui ont suivi cette ch0te; regardez là bas, du côté de l'Orient, cette ligne rouge: c'est l'esprit du sang, c'est la nécessité, c'est la politique, c'est l'étoile de l'Empire,. c'est la guerre .... et, cette guerre s'étendra, gagnera le ciel sombre entre les deux poles; car l'Empire, sans les diversions violentes, ne saurait vivre, ne saurait durer: entre la paix et la lumière il n'y a pas place pour les guet-apens : il faut à la force impie les luttes éternelles: c'est là sa fatalité,. et comme le bon sens, les traditions le disent-ouvrez l'histoire de César ~t de tous les Césarsl'Empire, c'est le glaive ! Les rois, d'ailleurs, ne craig11ent plus la bataille depuis que les peuples sont au chenil, et les Révolutions dans la tombe. Autriche, Prusse, Allemagne, Russie, tout ce qui a vieux blasous et vieilles couronnes n'aime guères les nouveautés eu fait d'Empires, ·et la Ste.-Alliance est plus que jamais vivante entre les monarchies qui ont des ayeux et des tombeaux. Doue, la guerre générale est fatale, en un temps prochain. Les haines comme les ambitions la portent, et la vieille terre d'Europe tremblera, bientôt, sous le poids des armées. Or, qui l'emportera? Les disciplines sont les mêmes, la science du meurtre- est ég-aledes deux côté~, dans les deux camps. Depuis huit mois, une ville russe, aux extrémités de l'empire, tient en. échec les armées et les flottes de l'Occident!- Qui donc l'emportera'? - Le nombre. , Notre patrie peut donc revoir l'inondation. dès-, lances, et, cette fois, elle serait dépecée, car sa. voix-clairon a trop longtemps troublé la terre, et l'oreille des rois est fatiguée; ils, voudraient uormir. V oil-àce qui vient, si la Révolution, égarée dans les récriminations on les problèmes, ne rentre. bientôt au chantier, ne rallie ses hommes, ses phalanges, ses conspirations et ne relève, en ouv~ant les mêlées, les âmes et les peuples qui se meurent. Ah! ces Bonaparte, ces écumeurs de la fortuneet du crime, quelles destinées ils nous auront faites et quelle mémoire ils laisseront! Ils auront deux fois arrêté, souillé, desséché la civilisation de la Frnnce, qui n'était déjà plus le torrent, qui était le grand fleuve ; ils auront empoisonné toutes les sources d'où s'épanchent les eaux de la vie - la Probité, la Liberté, !'Honneur, - et trnis fois ils auront fait violer la terre sacrée de la Patrie, comme une anberge borgne! Puisse l'esprit de la Révolution se réveiller à temps et s'armer. Voyez toutes les puissances mystérieuses de la terre nous font appel. Les fléaux qui s'abattent et qui s'acharnent sur cet empire sont des signes : La µeste nous. le dénonce, comme l'inondation, comme la famine, comme la guene, la nature entière se refuse, et les hommes seuls ne se lèveraient pas! • . Aldrs, brûlons nos annales qui sont notre honte et jettons au vent comme ·une vaine poussière, la çendre de nos livres sybillins, car nous ne sommesplus nous-mêmes ·que poussière et cendre. Ch. RIBEYROLLBS.

LES FORC.ES N.CRIMEE. Effectif approximatif au 1er Juin. Les journaux de l'Angleterre et surtout ceux de la France où l'on n'écrit qu'avec permission Qu par ordre se livrent, chaque jour, à des évaluations fabuleuses sur nos, contingents en Crimée. Nous avons cru qu'il serait utile de faire un véritable et sérieux dénombrement. Voici nos calculs : l~rançais : 11 Bataillons de chasseurs; à 500 hommes ........... . 38 Bataillo-ns de ligne à 1,500 hommes ............... .. 3 Régiments de zouaves id............................ .. 2 Régiments de légion étrangère, à 1,200 hommes .. 1 Régiment de marine ................................... .. l Régiment de tirailleurs indigènes d'Alger ......... . Garde impériale, 11 bataillons à 500 hommes ...... .. Total de l'infanterie ............... .. Cavalerie, 40 escadrons à 100 chevaux .............. .. ~-~;:j~e:·:~.·.·.·.·:.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·.·::.·:.'.·.·.·:.·.·.·.·:.·:.·::. ·:: . ••.•.•.•.•~. •:••.•.•.. Ouvriers, gendarmes, etc ................................. . Total général. .......... . Anglais (1).................................................. . Piémontais ................................................... . Turcs, Egyptiens, Tunissiens, etc .................... .. 5,500 57,000 4,500 2,400 1,000 1,200 5,500 77,100 4,000 10,000 4.000 4,000 99,100 30,000 15,000 50,000 Total général.................. 194, 1_00 En portant les régiments à J ,500 hommes en,général, et ceux de la légion, qui ont énormément souffert depuis quelque temps, à 1,200, on voit clairement que ces chiffres sont au-dessus de la réalité. , _Il faut de plus défal4ucr du chiffre total (l!l+,000J, 14,000 employés, travailleurs, infirmiers, et l'on compte au rabais. Reste donc en ligne un total de 180,000 hommes. Mais il faut encore déduire : Détachés à Kertch et Mer d' ~zoff ... 20,000 h. l A Eupatoria ............................... 4·0,000 h. 60,000 Il reste devant Séb.1stopol et à Balaclava...... 1:20,000 Or, 50,000 seront indi~pensablcs, au moins, pour continuer le siège, garder Kamiesch et ]hlaclava. De 120,000 hommes, supprimez-en 50,000, il reste 'i0,000 hommes pour tenir la campagne, forcer les cléfilés des montagnes et battre sur les phteaux ùe Simphéropol et Ilaksi-Scraï, une armée ru~•e de 150 ou ,200,000 hommes peut-être. N ni n'en sait le chiffre. • On voit qu'il ne saurait être question d'investissement du c6té norcl. - Dans tout cela il n'est pas tenu compte des pertes des 23 mai et 9 juin, c'e;t-à-dire·de 6 à 7,0J0 hommes. V oilù pour les forces : maintenant résumons les derniers foits de guerre. Le 7 juin, prise dn MamelOl'iVert, des redoutes de '\iV olhynie et de Séliughinsk par les Français, et <lelà redoute des Carrières par les Anglais, redoutes élevées par les Russes vers la fin de février, et qui furent le théâtre du combat sanglant du 23 février, et des combats également infructueux des 15, 16 et 19 mars, - nous les avons emportées d'assaut cette fois; mais le succès a été chèremeut acheté. - Nos pertes s'élè,vent, dit-on, à plus de 4000 hommes du côté des Français entr'autres le général de la Varande et 3 colonels tués, et à 655 anglais dont 53 ofüciers, proportion formidable : un officier pour 12 soldats ! - C'est beaucoup de sang poar de simples ouvrag~s de contre-approche, tout-à-fait extérieurs, indépendants des véritables fortifications de Sébastopol, construits cinq mois après le comJ11encement du sièg·e et moins en vue de la défense proprement ,dite que dans une intention offensive c6ntre les travaux des assiégean1s ! - Le général Pélissier y va largement et semble vouloir réduire la guerre à la plus grande et la plus rapide consommation d'hommes. C'est un système qui dispense de science et d'art, et qui fait dire aux bourgeois et aux militaires retraités : c'est un grand guerrier que le général Pélissier ! Grand guerrier de boucherie, en effet, ce qui, du reste, ne le compromet pas personnellement ; ... mais il faudrait savoir si un emploi plus intelligent de la formidable artillerie des Alliés n'aurait pas pu con:. <luireau même résultat matériel, avec 3000 hommes hors de combat de moins. - C'est notre opinion. [l] Au 16 mai, l'effectif des anglais était de 33,261 hommes dont 3,386 malades ; parmi ces derniers, 64 officiers. Les Russes ont évacué la forteresse d' Anapa, la dernière qui leur restât sur Ja côte de Circassie: ils ont ainsi perdu. tout le fruit de 25 ans de luttes, disent les journaux anbfais. Les Circassiens ont .occupé la place. Les généraux Canrobert et Bosquet ayant refusé le eommandelllent des troupes sur la Tchernaya, Je général Morris a été mis à la tête de ce corps d'arm~e, qui n'a pas encore att,aqué les Russes, retirés sur les hauteurs. Des lettres particulières annoncent que l'insurrection des paysa~s Polonais, dans l'Ukraine et L•IlOM~lE. dans quelques autres provinces, n'est point dirig·ée par la haine contre les seigneurs, comme jadis celle de Gallicie, mais bien contre les fonctionnaires et les popes ou. prêtres grecs. Loin d..'être écrasée, comme on l'avait dit, il paraît qu'elle se propage en Pologne et prend des propor-tions menaçantes pour l'Empire.-On ajoute que les alliés empêchent, autant qu'ils le peuvent, les réfugiés Polonais de s'approcher des. frontières et de pé11étrer dans leur patrie. Ce serait pousser bien loin la fraternité ·gouvernementale que de ménager ainsi le pouvoir du Czar dont on hrùle ailleurs les villes et dont on essaye de détruire la marine. L'insurrection carliste, en Espagne, est vaincue; ses chefs en Aragon ont été pris et fusillés, et ses bandes dispersées ont passé en France où on arrête et interne les réfugiés. Une tentative <l'assassinat sur la personne du Cardinal Antonelli, à Rome, a échoué ; son auteur est arrêté.-Le gouvernement papal a fait exécuter à Fimo cinq jeunes gens, prisonniers de- . puis six ans, pour des assassinats politiques commis en 184,9; selon l'Indépendance Belge, leur crime n'était nullement prouvé; et l'exécution a causé tant d'horreur parmi la population, que beaucoup de personnes ont quitté la ville pour ne pas s'y trouver au moment du meurtre légal. ECONOMIE SOCIALE. LER COALITIONS. En l?rance, aucune théorie économique, quelle que soit d'ailleurs sa valeur morale et son avenir comme tenùance éloignée, n'a eu jusqu'à présent et n'aura de longtemps la force de s'imposer à la nation. Ne nous en plaignons pas ; si la question sociale s'agitait comme en Angleterre, entre le libre échange d'un côté et la protection de l'autre, une réaction politique habile resterait maîtresse rlu terrain en se portant du côté du plus fort à mesure <les oscillations que subirait l'opinion. Du reste, aucun homme n'ayant la, science infuse, ( et par conséquent aucun plan de réforme économique ne se présentant avec le' caractère <levérité absolue, de perfection intégrale, interdit~ à· la nature hnrnaine), plus il y a d'écoles socialistes, pl~s on!compte d'ateliers intellect11els destinés à l'élaboration des idées, et plus la Révolution trouve de véhicul<:;s. Renfermez dans un .lit resserré l~ torrent du progrès , et la réactioù égoïste, ·.frfL ,:oncentrant ses forces sur un seul point, lui aura bien'tôt opposé une digue infranchissable. Laissez au contraire les flots partis de la même source se répandre de tous côtés dans la plaine : la routine, attaquée sur tous les points à la fois, et perdant la tête, laissera les eaux fécondes abreuver les champs arides du pauvre et du déshérité. Croirait-on, par exemple, que 89 -93 fût sorti de la seule école de Voltaire et rl'Holbach? Croirait-on que la Révolution de Février se fût opérée au seul 110mde SaintSimon, ou bien à celui de Fourier ? Il est évident que si l'école seule d'Holbach eût existé en 89, la vieille société l'eût écrasée et par ses propres forces et avec Faide de tous ceux qui, appartenant instinetivement à l'école sentimentale, n'eussent pas eu de bannière à suivre, si Rousseau n'eût pas d'avance formulé sa philosophie dans des livres immortels. • Il n'est pas moins certain que si en ] 847 le socialisme eût été claquemuré dans une école, dans une doctrine unique, le ministère Guizot-Duchàtel eût facilement t:i:iomphé de cette doctrine, de cette école, en soulevant contre elle non seulement tous les amis du pouvoir, mais encore le reste dts citoyens non adhérents formellement à l'école. réformatrice. C'est donc grâce à la multiplicité de ses centres et ùe ses groupes d'élaboration que la Révolution sociale a pu échapper aux coups, de la conservation religieuse et monarchique, mettre en défaut la perspicacité de politiques réputés habiles et s'affirmer en Février par la proclamation de la Républiq'ne. Ce mouvement n'est nullement arrêté. Tout écrasé qu'il semble dans notre malheureux pays·, le progrès continue sa marche incessante. De politique qu'il a été ostensiblement, de 1830 à 1851, il s'est transformé pour devenir purement social. Il se manifeste aujourd'hui pâr les grèves et les coalitions d'ouvriers,-crises que notre ami Nadaud avait justement prévues et calculées quand il demandait à l'Assemblée nationale l'abolition des lois draconiennes édictées contre le plus imprescriptible des droits du travail. , t 1·· Nous ne craignons pas d'avouer toute l'importance révolutiomiaire que prend le mouvement des grèves ouvrières signalées aujourd'hui sur tous les points de la France; car aucune répression militaire ou judiciaire ne peu-t d-éi;Ormais arrêter-cette --éclatante protestation-contre les_idées économiques du Bas-Empire. Cette insurrection mqrale pro•.1ve d'ailleurs que si quelques cerveaux étroits parmi les travailleurs des yilles ont _accepté l'aigle de Boùlogne et le petit chapeau de Strasbourg, l'immense majorité des ouvriers comprend enfin comment les insolvables (Îu .'.J Décembre, après avoir dissipé leur bien et celni des autres, gaspillent la fortune et l'h-0nn.eur du 1 peuple français. • La coalition entre ouvriers est de droit écrit en Angleterre, comme elle est de droit naturel partout ailleurs, malgré une législatlon tyrannique. Eh bien ! en ce pays de liberté relative, la coalition n'a. pas encore été comprise comm.e elle d9it l'être. En France, elle a déjà pris sou vrai caractère : celui d'associatiçm. mutuelle coatre le ravalement du travaj!, contre le retour forcé du travailleur aux misères du servage. Grâce à l'enseignement républicain du siècle dernier, gràce à la propagande infatigable de toutes les éc;oles socialistes depuis vingt ans, l'ouvrier français n'aborde point l'idée de coalition et les soufüances d'une gi;ève avec le seul espoir d'un avantage matériel, cornme on pourrait le dire peut-être de l'ouvrie.r anglais. L'ouvrier français se coalise parce qu'il a compris les bienfaits de la liberté et qu'il veut être libre ; il se cMlise parce qu'il sent le malheur de sej frères pins que le sien propre et qu'il ne veut pas que la fraternité soit un mot vidi::de sen~ ; il se met en grève pour demander à un salaire meilleur les moyens de s'éclairer ; parce qu'il veut arriver à l'égalité par le perfectionnement qe ses facultés, de son cœur et de son intelligence. J.-Ph. BERJEAU. VARIÉTÉS. -~a~- Edgard Quinet, un des proscrits de M. Bonaparte, publia, sous la Législative, une éloquente brochure pour la défense de la République Roµi~i.- ~e .. L~s forme~ p~s plµs que !e~ idées des grands eonvams ne vie1ll~ssent; et d mlleqrs, ce crime de Rome est toujours ouvert, le meurtre est permanent. Voici quelques pag-esqui valent le souvenir : Le manifeste du président de.ln République frijnçaise ac-- c;1se le peuple r~main de t'tngratitudc tu plus ajJligcante. Ceux qn_1ont étudié cette _affairene. pe11ventaccepter ce langage ; ils savent que le divorce entre le peuple et le saint1;.èrt"a eu pour cause la questiqn de l'indépendance nationale. Elu de l'étn,nger, le pontife a refusé de foire la gnt:rrc aux. envahisseurs, aux Aulrichiens. Il a renié la cause nationale et ne potivait faire autrement, san11al,dique1· son caractère. en le suivant.dans cet abandon ùc la patrie, les Italiens eus~ sent trahi l'Italie. D'où 11 suit que le peuple et le pape S:! rnnt séparé~, parce que les principes constituants de l'un et de l'autre sont inconciliaules . 8i la papauté e~t souveraine il ne peut y avoir de nation;t!ité; si la nationi)lité existe, 1~ papauté ne µeut être sonvi:raine. Sans qu'il y ait d'ancuu côté la moindre ingratitude, ce~ deux conditions se repoussent et ne sauraient e.dster 8Îmultanément. La force dt!~ choses qui a fait ces imposs1Lilité.s le veut ainsi. Qui ë;t. jamais accu"é d'ingratitude un angle droit, parce 'qu'il ne peut, sans cesser d'âtre, se plier à être un anale aio-u? Dc_uxchoses sont_~vid_e_nte..~ ~yan_t,~des; _cr~; •.u.n.ep. atrie, 11 faut St! plac(:r dans une condillon 011 la _µatrfe est possible, c'est-à-dire, aholil' le pouvoir temporel; on bien si l'on veut étouffer jusqu'au germe ue la nationalité ita.: lien11edans le présent et l'avenir, il faut rétablir ce·pou- \'Oir. Cela suffit pour étuuffa lt cœur qui cominençait à. battre. • Les fauteurs de l'expédition française de Ci vita-Vecchi1:1. avaient 1êvé qu'il en serait ainsi sans guene, saus effusion de sang? leurs ,~mis de G,1ëte s'en faisaient led garnnts. Ce ~evait êt_re1~plus bertu rés'.1ltat d'une expédition diplomatique et Jésurnque: atrophier dans le o-erme la vie nationale; aider l'Autriche à faire libéraleme~t avorter i'Italie · tuer sans ùrnit, sans effort, sans avoir l,esoin mê111e de ma~ nier le fer; enlacer, étouffer, sa11s laisser même une tràce de violence 1;ur le cuqn de l'Italie, puis dire après; Nous l'a\·ons trouvée morte; voilà ce que l'on s'es.t promis en accordant au clergé.son expédition. Par. malheur, l'Italie a senti le coup; elle a jeté un grand cri: Ja lumière s'est faite, le monde a regardé, il a fallu égorger. Si l'intérêt de l'Autriche est que l'Italie ne puisse se constituer eu corps de peuple, le salut de l,LFrance veut absolument le contraire, en sorte que celui qui sert le premier trahit nécessairement le second. ' Il suffit ù'ou vrir les yeux: p1mr voir que le dang•r qui menace la France n'est plus ~eulement une coalition de roi-, mai~ un changement dans l'équilibre de l'Europe. Deux races d'hom111esse lèvent et se constituent en face de nous, la natio11alité slave et la nationalité germauique. Par le seul poids de leur-masse, ellei;, menacent de nous écraser si l'équilibre ne se rétablit par ur1 autre côté. Dans ce danger, qui tient non aux passions mais à la nature même des cho~es, \e salut de la Frnnce es~ .d'aiJer à co11stit11erdes nationalités nécessai\·ement amies, dont l'alliance soit fonùée·sur la cornmunanté du sang, sur .les rapports d'origine et de langue. Pendaot que la Pn~ss~ évoque la r;i;e ge1manique, la Russie la race slave, qui ne voit que la l• rance, en frappant de mort un membre de la. race romaine, se frappe elle même? A ce point de vue, la nationalité italiennè est pour nous une des pre~ières conditions de vie dans le nouveau travail des races en Europe. c·e~t, pnur ainsi dire, :.JII <Jenos p:opres memure~; quanrl vous la. livrez, ou que vous aidez vous même li l'anéantir, il est évident que vous livrez la. France elle-même: le meurtre est à la fo1~un suicide. Sup,posez <jllel'empereur de Russie ou le maréchal Radetz. ky eussent soûs leurs ordres l'armée française; j'iurngine qu'ils lui donneraient à. peu près l'ordre suivant: '' Pendant "que la grande armée de;la coalition autrichienne et russe, "toujours penda11te sur la France, a sa gauche dans les pro- " vinces moldo-valaque~, et sa droite sur le·Tésin, allez nous s.••appuyer--paPu.ne expédition à. :S,pme. La senle-chose que "nous demandions e~t le rétablissement immédiat Ju pou- " vofr tempore!, sous une forme quelconque. Car nous '' savons _que céla nous suffit pour empêcher l'Italie _dese "constituer et de nous inquiéter ja111ais. Faitt:Js ce que "nous ferions nous-mêmes; empêchez ce peuple de naître, " mettez le pied sur le foyer qui se rallume. N uus nous " chargeons des extrémités; vous, écrasez la tête." Et quel moment a+on choisi pour entrer dans le plan de la eoalisation austro-rnsse ? Avait•~lle du moins ~ur dlc:

L'llOMMK -----------------~---------------------------------------~---------- - ..... 'I\ la fascinati<m de la force et de la victoire? Etait-ce un de ces moments où les ennemis de la France avaient pour enx l'autori1 é du succè,; ? Nun. Vous êtes entrés dans les rangs de h Russie et de l'Autriche vaincues. QuH feriez-\·ous donc si elles étaient victorieuses? Ces mêmes Hongrois q ni ont protégé nos pères contre l'invasion de l'islamisme, formaient la barrière la plus solide de la France contre l'invasion de l'Europe Cosaque. H, couvraient de leurs pcitrines notre Occident; ils formaient l'avant-garde i11espérée de la France; entourés de vos ennemif;, ils les refoulaient par une suire de prodiges; ils ne vous demandait>nt rien que de combattre pour votre propre cause, pour celle de votre territoire et de vorre indépendance. Et c'est le moment que vous choisi@sez pour aider à les massacrer par derrière; le concours que vous donnez à l'Autriche a valu pour elle 100,000 hommes, qu'elle a pu en toute sûreté rejeter contre les Hongrois. En sot·te que dn même coup vo1;1savez frappé deux nationalités amies ; et ce double meurtre atteint au cœur la nationalité de ia France. Si, du moins, je retrouvais ici la frirnrhise d'un acte qu~m arnue ! Les emperems de Russiti et d'Autriche ont la llincérité cle leur rôle; ils avouent ce qu'ils font. Puisque uens imitons leurs actions, que u'imitons-nous leur langage? • , Quan.d la Restauration allait étouffer la Révolution espagnole, elle avilit le cœur de le dire; mais cette expédition, qui, pour poignarder en toute assurance une nationalité, se co1rvre d'un masque libéral-et républict1in, a trompé tout le monde. Qui n'a été pris dans le piége? L' A-ssl:'mblée nationale? Elle voulait l'affran('.hissement de l'Italie. Comment arrive-t-i1 que:Cette expédition, votée dans cet c~prit, se trouve être en résultat un honnête coup de couteau-poignard dans les reins de l'Italie? L'armée? Elle croyait marcher à la défense du principe .républicain et de l'indépendance du territoire français; la campagne se tourne contre l'nn et l'autrP. Les ministres? -Ils ..issuraieut n'u-· voir qu'à se montrer pour faire tomber les murailles sans résistance, et la malédiction d'un peu pie .les empêrhe pendant deux mois d'approcher. Le peuple Italien? Il salue du rivage le drapeau français, s'obst111ant à y voir le signe de l'inrlérendance, et il se trouve que ce drapt>au est aussi le drapeau de l'Autriche. Le peuple Français? On l'amuse en lui disant qu'il se couvre d'une gloire impérissable; et cette gloire, en effet, nous restera au front. Le paFti prêtre? Il croit que par cette expédition tout est gagné pour le pape, et cette inrnsiun étrangère est Ja seule chose qui pouvait le perdre·; car du pape elle a fait un Bourùon. M. Loui~ Bonaparte? Il croit sui He Napoléon P il snit Charles X et Louis-Philippe. Nous faisons à l'Italie nn mal inromparablement pins grand que celui qui lui vient de l'Autriche. Celle-ci sur le champ <lebataille de Novarre ne lui a pris que ses bras; nous allons à Rome la frapper à la tête. Les Croatt>s de Radetzky ne font qu'une blessure matérielle; avec nos subtilités fraud11leuse10, nos déguisements obstinés, c'est l'âme ruême que nous allons détruire. L'action de l' Autriche est franche, son attaque est directe; celle de la J?rance·est masquée. . ~ ................................................. . Si la France était restée prisonnière de guf'rre depuis 1815, les mains liées dn1ière le dos, elle ferait exactement ,ce qu'elle fait dans l'ex pédil ion de Rome. En effet, si en anéantissant la nationalité italienne, en ·frappant par derrière la nationalité hongroise, nous tournons directPment co11tre la Frnnce les armes de la France, j'ajoute q11'1:"lnivrant notre droit, nous ouvron, les portes à l'e111\emi. Vous déclarez -1.ne ces gou verne111ents italiens, nés du suffrage universel, légitimes comme vous, sont sans valeur, qu'il e,t permis de les renver,er à quiconque pôs~ède uu morceau de fer. Ce que vous affirmez de l'ltali'e, qui empêchera, au moment venu, la coalition austrorusse de l'affirmer de la France? 'L'Histoire est pleine de ces peuplts perdus pour avoir livré le droit qui ~e1il les foi- ·sait vivre. Venez donc, accour~z au rnome11t propice, de 1ous les bouts de l'univers, vous qui épil'Z l'heure d'étouffer cette n>itionalité lrançai.,e \}Ili déjà ur-ux fois a pu renaître de ses cendres. Pour la turr moralement, \'Ous n'avez <ju'à répéter son la,,gage. Dites-lui à votre tour que ~ous veui•z la délivrer d'une minorité factieuse; que cette ombre de gouvernement républicain n'esr. qu'une anarchie dont vous voulP.Zbien la débarrasser ; que ,·os ari11ées purifieront son ml; que ce peu de fer russe qué' vous lui plongez <dan-5ilecœur e~t un remède a~suré contre les rérnlutiuns qui la poignent. Si l'e1,g,1gement était pris d'extirper du cœur des hommes là notion'de patrie, dites-moi en quoi l'on procéderait autre. rne1it? 'Quiconqne, aujourd'hui défend sa nationalité est un malfaiteur.. Bern, D ..mùinski, Kossuth, .Manin, ces hommes qui ont oonsei·vé le cœur ile, nos héros de 1792, ne SQnt qo~· des é,neutiers; Lafayette en Amérique, lorJ Byron, Santa~Rosft'en 'Grècf, ne seraïent plus que <les bandits. Des Italiens accourent dans Rome défendre le foyer de la société italienne. Aventuriers, nous crie le gouvernement français, ridicules agit;1tems, aus~i étrangers à Rome que nous-n1êmes ! Si jamais l'ennemi passe nos frontières, nous savons d'avance de quels noms infârnants seront rnlués ~e;tn: qui le èombattl·ont. De quel droit un Alsacien, un Lyonnais, un Breton viendrait-il défendre Pari~, s'il est criminel à. un Lombard, à un Génois de défendre Rome? Quiconque répand ces maximes, il e.~t clair qu'il anéttntit moralement la patrie française; il corrompt la conscience des citoyens; il fait entrerl'ennemi dans le cœur de ceux qui l'éconrent. Au point de vue purement politique, on avoue tout bas que 1 •affaire est n,oastreuse; mais que dire au point de vue moral et n,ligieux P Si, dans 1e premier cas, la patrie eH livrée, dans le second, c'est l'humanité entière qui crie contre l'atteutat. Dans leur matérialisme déguisé, instrument rie ccoyances qui ne sont pas lt:s leurs, de doctrines q /ils n'ont jamais soodées, ils rencontrent ici une question morale où ils s'embanassent à pla_isir. Plus eJ.le est grande et périlleuse, plus ils aff-:dent de ne pas• la voir; et ils ont si bien fair, que c'est à peine s'il a été dit jusqu'à ce jour un mot de ce qui est vérit,tblement Lout le tond de l'aff.,ire. Ils vont rétablir, d:sent-ii's, l'auto:ité du 1rnpe; moi, je soupçonne qù'ils n'ont aucune idée du gouffre où il:1 se précipitent. Bonues gens des campagnes, vous que l'on travaiHe à tromper avec un zèle infa1igablt·, écoutez-moi. Je i-u,.pose que des garnisain-s de toutes arm"'s, à pied, à chvval, baïonnette ba~se, sabre nu, s'auatlent tout à coup dans vos fermes; vous leur dema11derie.z d'abord en qnoi vous avez méiité une Httaque aussi brusque. J'admrts qu'un diplomate vuu;; réponde en leur nom: "Nous sommes envoyés pour vous ramener à la raison par monse1gueur An10nelli; ,car nous avons af>pr.isq1,e vous ne voulez plus que \'Oire curé wit en même teml's rotre maire; vous prétendez de plus enlever vos mois,ons, cUEillir vos rendang ... s, sans avoir an préalal.J!e 1111 billet de confession. Vous coml'renez qu'il r,e peut en ê:re ai11si: cc serait le renrcrsef11ent de la I el1gion, de la propriété, de la fa111ille.Le bon ordre, la murale, la polie<', le.s empereurs de Russie eL d' Autriche, et nos seigne111s de Gaëte demandent que vous soyez immédiatement sab: és, ou mitraillés, à votre ch•>Ïi<, si .vons ne rendez sur le champ à mon,i.:ur le curé Je., fonctions du maire." A ce discours étrange, j'imagine que V(j1ts répliqueriez: "No11s av,111sun curé pour l'églis", un maire po11r lt1 mairie; c'est cho,e sage et raisonuable que chacun soit à ses fo11ctions. Pourquoi nous obliger à coups de fusil de revenir à la confusion dont /nos pères se sont débarrassés dans la première r~volution. Si vou<; le trouvez bon, nous ne changerons rien à cette situation qui nous plaît." P.uur trancher cette conversa1ibn, si le tau11.Jour battait la charge, si les lioulets rouges allumaie'•rtt vos gerbes dans la grange. vous verriez difficilement en cela l\:euvre du ~ain t-Esprit. Voilà, néanmoinl', pourquoi nos fils sont obligés de dépenser le plus pur de leur sang et de donne.r leur vie dans cette expéditio11 ,l'Italie ; ils sont churgés d'obl,gt>r •lc-s Ro111ains d'accepter leur évêque pour roi. Comu.,e vous, les Romains I épliq11ent : "Nous voulons bien de notre évêqne dans le~ choses <l"'! la relig,on; 111aisil nous l:'n coûte de l'avoir en même temps pour notre maître et notre prince dans lt>s:¼flairesd'ici-bas; en conséri:1e11ce, nous vous trnpplions de \'Onluir bien 11e pRs nous ôter la vie, ronr nous contraindre d'accepter cht'Z nous un régime do11tvous ne voulez ,pas chez vous." ~11r cette répli,f11e, ,·ous sa\·cz q11ependant deux mois le sang a coulé t flots. Les l>omùes, les bonlt'Ls, les balles df-s cxrabines de Vinc ...nnes, ont eu pour mire ce peuple assiégé par quatre nations, derrière une muraille vieille de quatorze cents ans. De bonne foi, est-ce là une gluire pour nous, de bombarder la porte Purtèse pendant que les A11trn:hiens nous épaulent au nord, les Napoli1ai11s au midi, les Esf)'l· gnols an co11C'hant? Quatre grandes puissances nrnnuées co111r,i11npetit peuple coupable de nous avoir pns pu1,r modèle! Vraiment, jP- cornme11ce à craindre yue son sa11g 11eretombe ~ur no11s! Et déJà qui uous rendra nos fils tués vour cette inicp1ité? E. QUINET. A.VIS. N ou:5prévenons les pers~irnes qui se sont abonnées au journal l'Homme, soit pour un an, pour six mois ou pour trois mois, et qui n'ont pas encore versé le montant de leur abonnement, qu'elles sont instamment priées de s'acquitter sans retard entre les mains de MM. les agents chez lesquels l'abonnement a été contracté, ou bien de l'envoyer directement à l'administration du jo~rnal, à SaintHélier ( île de Jersey), 19, Dorset Street. Dansce dernier cas, il suffira d'adresser soit un mandat sur la poste ou un billet de change sur un des banquiers de la ville de Londres, à l'adresse deM. Louis PIANCIANI. On prie également les personnes qui renouvelleroq_t leur abonnement, d'en envoyer le prix d'avance à l'adresse indiquée, afin d'éviter tout retard dans l'envoi du journal. Tout ce qui concerne l'impression des livre&,. brochures, discours, etc., etc., - ou demande de- •livre~ de propap;.ande républicaine, - doit être· adressé à M. ZENO SwrnTOWSLAWSKI, 19,, Dorset StreP.t. ANNONCES E'r AVIS DIVERS. A LOUER une MAISON, Coie Terrace, 4, St-Saviours· Road, vis-à-vis Mont Plaisant, orcupée prés~nternent parle capitaine Preston. - S'adresser -chez Mr. Zeno Swietowslawski, 19, Dorset Street, ou chez M. Le Ber, House-Agent., Queen Street. .J. BONNER'.l,, TAILLEUR, Fait et fournit à cles prix modérés. -- 35, Gerrard-street. Soho square, à Londres. HOTEL DU PROGRÈS.-CAFÉ RESTA U RAN'r, _ Tenu par J. LORGUES, proscrit français. - Dîner à la cart~ à tonte heure, 21, Great Chape! Street, Oxfort Street, Soh<> Square, à LONDRES. 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