Viennent la loi du 31 mai et les actes subsé1:j-uents, y compris le coup d'Etat, tout eela, M. de Montatembe-rt, confident du crime et témoin du criminel a pris~soiR d·e le définir d'avance : c'est l'expédition de Rome à l'intérieur. Oui, répétons-le après lui, l'expédition de Rome, c'est le cottp d'Etat àe Décembre par anticipation ; c'est le massacPe des BouleYards commencé à Rome au 'début de cette campagne qui doit se terminer·~ Paris. Le 13 Juin qui pouvait, qnoiqu'on en ait dit, 'être une journée de triomphe, fut une journée de 'deuil pour la Ré pubfü:iue; on a invoqué tour à tour 'pelur expliqùe1: notre échec des causc~sdiverses, supe:dic~eUe.sou profondes, qui selon nous ont toutes eu leur part dans notre défaite; nous pourrions. :comme beaucoup d'autres, les én_umérer, mais le moment n'est pas à la récrimination; chacun d'ailleuPs n'a-t-il wis sa part de fautes dans cette journêe oom.me dans celles qui précédèrent ou suivi- •il.'ent? Quoiqu'il en soit, cette protestation restera pour l'honneur du parti républicain, elle restera comme la date de l'avénement d'un principe nouveau qui se produ îsit pour la première fois en armes dans l'arène révolutionnaire, le principe de la solidarité des peuples. Une des deux grandes fautes de Févcier fut rachetée ce jonr-là comme l'atltre l'avait été aux. o·rnndes jonrnées de Juin 48, et nul désormais n'est° en droit d'en faire pe~èr la responsabilité sur le parti révolutionnaire socialiste. Cette date que la loi du temps ramène aujourd'hui ponr la sixième fois depuis 184!), cette date a sa fatalité; si, en effet, oubliant le passé pour un instant, nom rentrons dans l'actunlité, la logique, cette lni des faits politiques. nous reporte invincibleme'nt à ce fatidique 13 .Juin qui est Ir. nœud des événements qui se dérouleut. La coalition royaliste <le l'assemhlée lég·i.slative tombée victime au fl Décembre 51 de sa complicité an 13 Juin 1849 a expié ce crime, qui fut plus qu'un crime, qui fut une faute. Sl!lo11le mot fameux d'un diplomate célèbre. Le pouvoir exécutif d'alors qui· s'appelle Empire aujourd'hui ne peut tarder longtemps à recevoir le châtiment <le l'assassi'nat et d11paijure. Qnelle- est la situation, en effet'! l'Enrope <les Rois et des Empereurs eng-,igée follement dans une guerre d'extermination d'où elle ne peut sortir que par des désastres; guen·e sans issue pour les g·ou.vernements tallt que les peuples refuseront concours. Or l'expédition de Rome, on l'a trop oublié,. a rendu à tout jamais impossible à Mr. Bonaparte l'appel aux peuples dont l'intervention ne se produira qn'à la voix de la Révolution. Que parle donc parfois l'Angleterre de réveil des nationalités? de Polog·ne contre le tzar, et, dans ses accès de mauvaise humeur contre l'Autriche, de Hongrie et d'Italie? Oublie-t-elle donc que l'homme à qui elle s't>st.livrée corps et âme et honneur, ne peut pas plus soulevêr l'Italie assassi- , née par lui que la Hongrie livrée, malgré son héroïque résistance, à son _imi,lucable ennemie. bien pl us par la prise de Rome que par la trahison de Gœrgey et l'intervention rnsse? Il le sait bien; lui, et les vaines parades du ll.fouiteur et les fëlicitations du prétendant Czartoriski et de ses généraux n' out pour effet que de faire ressortir son sinistre isolement. L'app.el du paijure et de l'assassin mjs hors la loi peut, tout au plus, lui susciter de nouveau~ vengeurs plus heureux mais non plus vaillants que cette victime que l'histoire, malgré les efforts impuissants des polices papale et impériale pour substituer à son nom celui d'un assassi~ vulgaire, appellera l'héroïque Pianori. IlONNET-DUVERDIER. LA PARTDE L'AUTRICHE. Dep.uis 1848, les peuples et les monarchies ont eu, tour à tour, la chance heureuse et de bonnes jouroée.s. 'Les peuples ont perdu leur moment. ,minute sacrée des Révolutions, parcequ'ils n'ont pas compris 011 parceqn'ils n'ont pas pratiqué le _grand moyen : l'efl'ort commun ; et la Révolution ,ne les ayant pas liées comme faisceaux, les natio- ,nalités ont été perdues. Plus habiles, les gouvernements ont d'abord .fait cause commune, et on les a rencontrés, contre 1a Liberté, sur tous les champs de bataille, a Pesth, ~ Milan, à Rome. Dans cette première campagne, .qni était une revanche de Février, Bonaparte, Nicolas, et Radetzki, marchaient ensemble ; et }'Angleterre laissi;tit faire, ne .c~mprena~t nen à L'llOMMI. ces luttes du Continent, ou plu tôt ayant peur~ olig-archie corrompue, des électricités que portait ta tempête. , Elle avait peur, I' Angleterre des Lords et des marchands. pour ses :fiefs,.ses. siége~ s.es fonctions grass.es~ses, marchés., e1 quand. revenait fe· Pape. elle disait, c?est hiea- bJasphèmant -sa Eihle de, liberté ; et quand mot;1iliaÎl:at•Hoogrie-,. elle disait, c'est!_}US1ie-qui'av0ns nous à foire des Huniade, et àes. Sobieski. q,u:enous veulent ces.:fantômes. Hon,,-, g'FÎe et Pologne 't- ~t q tmnd tombait Pai:is, où fespr~t d'égahté- po-msu1:vait; aeharué, ses étades et ses propagandes, ell~ s'écriait, à merveill'e: Le voilà fermé, re foyer des Révoh1tions; nous vonrrons dormir tranquitle s.ur oo<i Coffres r Ils n'ont pas dormi longtemps: n'ayant ptus te terrible sonci de la Révolution à surveiller, la H.ussie a marché daos son rêve, d'n côté de l'Orient,, ~t l' ALltriche~ puissance intermédiaire, s'est .i:elevée,, s'est fortifiée,, s'est étendue. Il n'y a pas deu.x ans~ iL y a six ans que- l' Angtetevre travaille pour r Autliiche, ou laisse. fai:ire., Qu,md Bonap.a.rte occupait Rome, et que l'An~ gletert:e acquiesçait, elle ass.i1rait à l'Autriche ses: posess-ions d'Italie, elle perdait soo premi:er camp. de guerre. Quand Nicolas- jetait denx cent miHe hommes en Hongrie et la rendait aux Hapsbourg sans que l''Anp;leterre osât ui une parole ni un message, elle sa~rifiait et perdait son avant-poste sur le Danube, E;tcontre l'Autriche et contre fa Russie. Voilà cl.eux. campagnes à son compte. t Enfin, lorsque da.Ls la guerre ouverte uon pour la 'l\11;quie, mals. pour se~ in.té..êts en Orieut. elle acceptait Vi.enue cornm.e-cenbie de conférenee,, et l'Autriche comme puissau.ce de conciliation, lui donnant LeDitnube à g.--ard~re, t ne la forçant p.oint. à faction de guerre, elle consommait le sacrifice et. se livrait à merci. Qui t1e voit, en eifet. q11eles puissanees occidentaleg ayant rejeté l~s dernières propositions de l'Autri~he, celle-ci se croit en droit <le dégager saparole écrite dans le truité du 2 Décembre'{ E!le n'en, gardera pas moins les provinqes Danubienrw.. c;, pour elle ou pour la Russie. sefon les chances; 'et si l'exµédition:de Crimée dont_}ait,par huzard, quelque victoire décisive aux armées d'Occident, si la Russie qui a tout le nord et toute l'Allemagne ceutrnle sous ses ordres, croyait devoir chercher vengeance et reprti)sailles, jusque sur le Rhin, on peut être certain que l' Autriehe, déjà nantie de son ga_gede guerre, ne se ferait pas attendre an grand camp. .Elle sait bien que si les etefs de l'Europe sont à Paris en temps de Révolutions, sous le despotisme, elles sont dans la Métropole, à St.-Pétersbonrg. Ch. RIBEYROLLHS. L'expédition de la Mer d'Azoff continue à brù.- ler les mag·asim:, les na vires, les vitles des côtes de la Crimée. 'l\1ganrog, Mariopol et Geisk ont été successivement bombardées ; les Russes opposent une si foible,résistance que l~s Alliés n'ont encore perdu qu'e quelques hommes.. . En même temps, le g-ênéral Pélissier continue ses attaques contre Sébastopol: le,,6, le bombardement a recommencé ; il a duré 36 heures ; puis, l'assaut a Hé donné. au Mamelon vert et à lieux redoutes en avant de la baie du Carénage. Ces retranchemens ont été emportés; " la perte d~s fraoçnis est considérable," dit Pélissier, mais on a pris 400 Russes et 6~ canons. Les Anglais se sont emparés des ouvrages des Carrières. Ce combat, livré en plein. jour, n'a duré qu'une heure, selon les dépêches. Le gé.néral Canrobert, assisté d'Omer Pacha, de La Marmora, et de Sir Colin Campbetl, manœuvre ~ur la "rchemaya, où va se livrer une grande bataille, au dire des journaux de Vienne. Les Conférenèes de Vienne ont été closes officiellement.. Le Parlement anglais a tecommencé la discussion soulevée par M. d'Israëli qui espérait reprendre l'avantage sur le ministère au vote des amendemeus sur sa motion. Les ennemis de Palmerston sont trop divisés d'opinion pour le renverser; M. Cobden ne voudrait pas de guerre; les ?eel,ites s'en tiennent au:\ quatre points (rejetés pat la Rus!iie) ; M. d'Israëli demandait à la fois une direction plus énergique de la guerre et des dispo::i.tions t)lus pacifiques dans les négociations; MM.-T~ayar_d,;Roehnck et d'autres réformistes critiquent le Gouvernem~nt, attaquent les quatre ~ Points, reprochent à J. Ruseell de ·n'avoir pas menacé l'Autriche d'insurge:r les nationalités, mais préfèrent après tout Palmerston aux Tories; et le ministère a défini,tiveme111ttriomphé. L'Autriche parie de rédq.ire son armée, que ses finances ne leur permette11t pas de soutenir long- , temps. L'Allemagne ne tardera pas à se décider. 1 Bonaparte ayant demandé: au :_.oide-Hanôvre le passage pour l'armée du aon.1 ~u~ s'embarquerait ajnsi Sli.r la B:alti-que. Lai flotte aHié~ est à l'ancre devant Cronstadt. Espartero ayant pvomutgué un déci;et éearta1.1111 de la milice nationale les:hommes-que te go1:1vernement croirait indignes d'en faire partie, des prntes- ·tatio1<1sénergiques ont été faites par fa mitice et la. rnunic-ipalité de Madrid; et une proposition a ét@ ' soumise aux Cortèz contre te Ministre de t"lntérieur. Le ministère a donné. sa démission. Espartero et O'DonneU co.nservent leurs fonctions et se sont adioint cinq p..o. gressis.tes p.et:1 coftnus.- L'insurrection carliste parait é.touffée. Un des. orgai11esles pfus d·évoués. et !es plu,$hab:i-les q,11ii restent à la Démocratie, li' I-talia e Popo'/Jo, vi:ent d'être rndement frat)pé. pour avoj,r traduü et puhlié dans ses colonnes la derniière Lettre de Viictor Hugo à l'h-omme de décembre. Le Gou verriement du Piémont est jafonx, à ce qu'il paraît, des bons. offices de ta Monar.chie belge, la voisine du N orà; et il pr~te à M. Bonaparte, non seult·ment ses soldats, mais ses justices. 1'f otre confrère de l'Est ne succombera pas,. nous l'espérons bien,. s.ous l'amende in.füg:ée; mais l'honueu.11du Piémont, comme pays lib.Te, et soo iudépeu<lauce m.0rale nous semblent p-rnfondémeat atteiuts. CP-s petits pays con.stit:utiçmnels campés aux frontières du crime crni,ent se sauvn· en lui sacrifiant ainsi pudeur et dignité : ils se trompent crnellement; car ils usent par là toute-· foree moralP, et l'jn vasion, q nand eHe viendra, les trouvera pi ê •s à la servitud·e. Petites ou g-randes, les patries ne se défendent q_u'enrestant entières dans l'honneur. Est-ce que le Piémont ne devrait pas.mieux s'inspirer à l'ombre des grandes A,lpes? C. R. UN PORTRAY.r MANQUÉ. Sous notll'e second Empire, qui rappelle si bieu les décadeuces de la vieille Rome .. le grotesq11e semêle souvent à l'horrible, et tout devient crime contre les Majestés : il y a le crime de la plume, le crime de l'histoire, le erime du vote ; il y a même le crime du burin. En voici la preuve : elle nous est fournie par la Gazette d'Aug,sbourg dont Tes correspondances peu napoléoniennes. sont un mélange de malic~ tudesque et d'hypocrisies diplomatiques. L'anecdote n'a pas. grand~ saveur, mais- eHe peint bien les mœurs impériales et les misères, du temps. , Les belles garanties qu'a la propriété sous ce· régime! On lit 1ans la feuille aUema1~de du 3 juin : " L' lllustrq,tion a été bien près. de voir sa feuil1e supprimée. On l'accusait d'avoir mal reproduit la scène de., l'ouverture de ]'Exposition .. M. Paulin a. essayé rle se justifier par les ass1gances les plus fortes qu'il avait expressément recommandé à l'artiste de donner à la scène toute la solennité conv~nable, et aux traits augustes de l'empereur, la plus .. grau.le ressemblance possible avec ceux de Napoléon Ier. " M. Collet-Maygret a refusé d'accepter la justification; car, a-t-il dit, c'est l'impératrice elle-même qui a manifesté son mécontentement sur le dessin en général, et tout expressément sur la figure de l'empereur. En conséquence, la suspension du journal a été prononcée. " M. Paulin s'est alors adressé à M. Billault; mais là aussi on lui a répondu d'abord que la figure de l'empereur n'avait pas été dessinée avec le respect nécessaire. A la fin cependant, les sollicitations obstinées de M. P.aulin, dont toute la fortune est engagée dans ce journal, ont obtenu la levée de l'interdiction, mais sur l'engagement formel que désormais il serait plus scrupuleux en trai-' tant des s,ujets d'une aussi hante importance." - ( Gazette d'Augsbourg ). Pauvre M. Paulin,! il aurait pu, pourtant, partir pour Cayenne, lui qui est si vieux au Boulevard de Gand !
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