Homme - anno II - n.27 - 6 giugno 1855

' I L'IlO ~l ~1E. .... --·--------------------------------------------------------- "ce offensive et défensive contre l'Angleterre. Constan- " t.inople et Atl1ènes devaient être érigées en Royaume de " Grèce ou de Byzance au profit du grand_;Duc Collstantin. " Nicolas devait relever la Pologne et la France reprendre " les frontières du Rhin. "La Révolution de 1830 sauva la Belgique de ce dan- " ger, mais elle ne fit rien poux la Pologne. Tous les ." ans les chambres dans leur adresse émettaient un vœu en "faveur de la Nationalité Polonaise, et tous les ans Louis "Philippe répétait: La Nationalité Polonaise ne périra "pas. "Toutefois, si nous ne nous trompons, cette formule " devenue un peu monotone, fut abandonnée après l'Ukase '.' qui ordonna qu'en Pologne, l'armée, l'administration et ." le culte seraient à l'avenir complètement Russes. " Arrive le 24 février 1848. Nous savons ce qu'ont " fuit pour la Pologne la seconde République et l,e second " empire !......... " Ce que n'ont pas fait les Monarchies par intérêts les Républiques par impuissance, le Bonaparte de Décembre voudrait-il, pourrait-il le faire ? Pour reconstituer tL Pologne, il faut que le drapeau français flotte sur la Vistule. Or les armées françaises ne peuvent entreprendre seules une parei1le guerre. Elles ne peuvent avoir de chances de succès que dans une Révolution européenne. C'est donc avec une profonde conviction que nous disons à tous les amis de la Pologne : banissez les espérances que pourraient vous donner les manifestations princières et les promesses de l'homme de DécPmbre, il ne pe11ty avoir là qu'une trahison. L'homme qui a foulé aux pieds la Révolution ne saurait l'appeler. Vingt fois Kossuth a dit à l'Angleterre, la politique d'honneur, la politique de justice, la politique de s.alut et pour la Pologne, et pour les trois royaumes et pour l'occident; mais la cité de Londres rit des prophètes, comme autrefois Jér~salem. Le jour n'est pas loin où elle pourra pleurer. Voici, encore, une voix qui l'avertit, celle de :M.ieroslawski, un homme de guerre. Peine perdue! et, pourtant les conseils sont bons: l'auteur les résume ainsi dans sa forme rapide : I. La Russie étant une puissance essentiellement continentale, et incapable de prétendre sérieusement à aucun développement naval jusqu'à ce qu'elle ait étendu et consolidé sa domination sur les côtés grec11ues et scandinaves, il est absolument sans intérêt d'attaquer ses frontières maritimes. II. Le pouvoir continental de la Russie n'étant bas6 que sur le démembrement de la Pologne, c'est seulement dans sa partie polo11aise que la Russie est vulnérable. III. Mais ce seul point vulnérable de la Russie étant constamment protégé par les puissances allemandes qui ont pris part au démembrement de la Pologne, le Tzar, par sa conqnête de ce pays, trouve dans l'Allemagne 1m ferme appui, le protectorat du Panslavisme, et la certitude de pouvoir reprendre par terre, non seulement ce qu'en peut lui prendre de ses frontières maritimes actuelles, mais même les deux clefs navales de l'Europe. IV. Dès lors, pour attaquer ce seul côté vulnérable et accessible de l'empire russe, il faut cPsser de demander la permission des puissances allemandes et prendre une route qu'elles ne puissent interdire. C'est seulement lorsque ce chemin sera trouvé et que l'Occident aura -pris en main la restauration de la Pologne, que ces puissances repousseront le vasselage de la Russie, et seront forcées d'agir de concert avec l'Ouest. V. Cette autre voie pour arriver eu Pologne a été ouverte le jour-où les flottes sont entrées dans la mer Noire et dans la Baltique; car la Pologne est l'isthme qui joint ces rleu~ mers, et les deux extrémités de cet isthme sont comprises dans la Pologne russe. VI. Quand la France et l'Angleterre auront com1)1'is que les extrémités de cet isthme sont Odessa et Riga et non Sébastopol et Cronstadt, elles auront ff examiner comment elles doivtnt agir sur ces nouvelles bases d'opérations pour relever une véritable et utile Pologne, une Pologne qui pui11se, dans toutes les éventualités à venir, arrêter, empêcher les succès des Russes. VIF. Que les puissances occidentales ne se trompent pas sur ce point, 1101 s les avertissons que -- d'une part, dégoûtée par la cruelle expérience de cinq tentatives de résurrertion par les voie~ diplomatiques qui ne peuvent tonduire qu'à un sixième et mortel démembrement, d'aut-re part, décapitée, dépeuplée, paralysée à l'intérieur par ses trois oppresseurs réunis, - la Pologne ne se lèvera en armes qu'à l'appel de son émigration rentrée dans son sein. Telle serait la triomphante réponse faite anx autres peuplés de la terre par la nation polonaise sur cette dél(!- gation, sans cesse renouvelée, pendant les vingt-trois dernièrelil années. . VIII. Afosi toute guerre entreprise contre la. Russie. ne neut aboutir qu'à un armistice, préliminaire assuré de son 'triomphe, à moins que l'érnigratiom polonaise ne soit armée dans le but exclusif d'ouvrir, à l'airle de cette avant-garde, les deux portes de la Pologne sur la Baltique et la Mer Noire .. Tel est le plan. Nous voudrions- pouvoir analyser la brochure entière imprimée par le Co • mité de Newcastle, mais ce qui vaut mieux, c'est la lettre suivante : .MON CIITIR MONSIEUR. J'ai lu Je mémoire du général Mieroslawski. Il est bien,·vrai, digne, que puis-je dire de plus? Mes profondes sympathies pour la Pologne sont connues depuis 1831; je ne mériterais pas de défendre ma • nationalité italienne et d'aimer la liberté, sije pouvais oublier ou mépriser les souffrances et les droits ~es autres nations, celles-là surtout qui, comme la Pologne, ont combattu et versé leur sang pour nous tous. Ma conviction bien connue est que le Czar ne peut pas être vaincu,si ce n'est sur la ligne qui s'étend de la Vistule an Dniéper, et que le coup décisif ne peut être frappé qu'en Pologne et par elle. C'est vraiment une vérité si élémentaire qu'aucun gouvernement ne devrait oser l'oublier, à moins qu'il ne tînt moins à la victoire qu'à se-s engagements envers le despotisme. Mais ui le pampblet indiscutabl~ de Mieroslawski, ni mon opinion, ni cefü· de tous les hommes militaires, ni même, je le crains, celle de votre propre pays à moins qu'il ne se levQ.ttout entier, unanime et menaçant, ne pr-évaudront sur vos gouvernants. Le problème, pour vos gouvernants, depuis le commencement de la guerre, n'est pas de savoir: tCOmment vaincre complètement et promptement avec le moins dt~perte et le plus d'honneur possible pour l'Angleterre ? mais simplement ceci : Comment empêcher les nationalités de profiter de lu g·uerre pour s'insurger? On a trouvé la solution de ce problême dans l'alliance de l'An triche. Dépouiller la guerre de toute tendance libérale; -décourager les nations opprimées en montrant que sil' Ang·leterre était involontairement entraînée à combattre une puissance despotique, elle ne s'en rapprochait que davantage dn représentant du despotis.me dans. l'~urope centr}lle ;-donner un gag-e public au marntien des traités de 18]5 ;-tel a été, tel est encore le principal objet de votre gôuvernement. La guerre et sa direct fou ne sont que secondaires. C'est à cette cause politique que sont dues les eri•eurs, les fautes, les échecs, les pertes dont volls vons plaignez; d'autres, plus terribles encore, sont inévitables à moins que vous ne changiez complètement de système. Le rêve immoral d'une alliance autrichienne cansera votre ruine dans cette g·uerre: vous ne reviendrez à la victoire qu'après avoir chassé virilement et r~olunit)ut ce cauchemar. "Les Réformes administratives" ne sont d'aucune utilité. Elles ne seraient réalisées-si jamais elles l'étaient- que trop tard pot.r îe péril actuel. En outre, à quoi bon une amélioration quelconque à une mécanique dont le plan et la destination sont radicalement mauvais? La question vital€\ pour vous est de clian9er de politique. C'est à Vienne que vous coupe~·ez le nœud _gordien ! 'fant qu'il sera permis à vos ministres de se vanter que l'Autriche est votre alliée-bien que seulement jusqu'à un certain point-il n'y a pas d'espoir pour la Pologne. 'rant qu'on leur permettra de déclarer, d'un air 5atisfait d'enx-mêmes, que les sentiments moraux et politiques de l'Autriche sont identiques aux leurs, vous <levez rejeter tout projet qui mettrait en péril la possession de la Gallicie. 'rant que les armées autrichiennes occuperont les Princïpautés, toute campagne par terre vous est interdite. 'fant que vous laisserez l'initiative de la solution diplomatique de la question à I'Autriche, vous ne pouvez songer à faire appel à l'insurrection. Vous continuerez à faire décimer vos braves soldats en Crimée, à épniser vos ressources financières, sans autre résultat possible que de faire passer la Valachie et la Moldavie, des mains· du Sultan dans celles du Kayzer autrichien. • Joseph MAZZINI. Enfin ! les propositions de l'Autriche ont été rejetées, par les puissances occidentales, et la neutrn1-ité,masquée si longtemps~ est officiellement déclarée. L'Angleterre et le gouverncment'français restent seuls. L' Allemag·ne est à bout d'intrigues et de protocoles: les situations s'éclairent et le drame va se dérouler. Déjà la Suède prend la parole, et tout nous_annonce qu'avant p,eu, la .ligue du Nord, - Suède, Prusse et Russie,-fer::t' tête à la ligue de l'Ouest si crnellement éprouvée d/ljà, dans cette terrible campagne qui ne peut finir. La diplomatie· russe répond ainsi à la. menace gosconne de gue1Terévolutionnaire qu'ont balbutié Bonaparte et Palmerston. On enclave, on resserre un peu plus cette brave Pologne, et c'est l'homme du Deux-Décembre qui, pour le jeu de· ses intrigues, lui aura valu ce noµveau tourment. Quant à la guerre engagée, quelle en sera la solution? 'fout <:>nivrésd'un petit succès récent, ]es deux gouvernements espèrent avoir bientôt raison de Sébastopol, et leurs feuilles chantent victoire. C'est encore tôt, et les canons de la tour de Londres feront bien de se taire tant que n'auront pas parlé ceux de Sébastopol. Toutes les batteries de défense seraient-elles détruites et les murailles rll.sées, resterait la fortification intérieure : or; qu'on se souvienne de Sarragosse ! Sébastopol, d'ailleurs, disparaîtrait-il, et la flotte ne serait-elle plus qu'un amas de pontons, comment la guerre serait-elle près de finir'? Sébastopol pris, la Russie changerait de terrain; elle ferait face sur le continent ; et c'est pourquoi vient de se former la Ligue du Nord. 'fant que la Révolution n'entrera pas en ligne, on n'aura pas raison de la Russie, et la guerre épuisera l'Occident. C. R. ÉCONOMIE SOCIALE. Si la rérnlution politique s'opère toujours ou presque toujours par la voie des armes, il n'en est pas de même, il n'en peut être de même de la Révolution sociale. Une minorité au<l:1cieusepeut s'imposer plus ou moins longtemps à une nation divisée d'opinions; elle ne peut froisser les intérêts de cette majorité ni les déplacer radicalement sans s'exposer à être écrasée par la coalition des positions compromises, menac6es ou simplement effrayées. Dans la Ré\·olution politique, l'ascendant moral domine tout et enlève tout, même lorsqu'rl n'appartient qu'.à un petit nombre. cl'inclivid us ; dans la Révolution sociale au contraire, rien ne peut réussir que par le groupement numérique <lr.sintérêts, et la haute maiu appartient à la prosaïque majorité. Bref, la Révolu1ion politiq1ie vent être une affaire de cœur, la Révolution sociale est surtout une affaise de chiffres. Quelquefois cependant, ces deux mo-uvements marchent, de front, comme 011 l'a vue,dans l'immortelle Rél'o!ution de 89 -93. La nui-t du 4 Aoùt <loune une idée <le l'espèce de compromi!': qui peut ex:ster eiltr'eux. Mais res points de contact sont rnrC'~, en France surtout, où l'économie politique n'est nullement comprise de la bourgeoisie et interdite aux ouvriers 1° par le haut prix ,les journaux, 2° par la tyrannie qui écrase la libre pensée, 3'' par la voie fausse et réactionnaire dans bquelle se sont jetés les économistes proprement dits, L't>sprit mercantile du peuple anglais, la liberté réelle dont il jouit en fait de discus.sion, d'associatioa et cle coalition des intérêts, son éducation économique plus ancieune que la nôtre, ont permis au mouvement social cle prendre quelquefois l'avance sur le mouvC>ment politique et de le !miner à la rem·orque. La réforme politique qui menace aujourd'hui l'aristocratie anglaise est sortie des deux grandes qnestions, plus débattuPs en Angleterre qu'en }?rance, de la prokction et du libre échange qui 011tmis en présence l'un de l'autre les intérêts opposés des producteurs agricoles et des producteurs manufacturiers. Longtemps la protection défe~<lue anic acharnement par la classe plus nombreuse des agriculteurs a prévalu dans la législation économique anglaise; mais Jepuis les habiles conceptions du ministère de Robert Peel, les tendancts libre-échangistes ont repris un ascendant qu'il est désormais impos:;ible de leur enlever. Si nous examinons au point de vue des renseignements statistiques de 1831 l'6tat des forces que les <leux partis pou\'aient mettre en ligne pour tenter la conquête de l'opinion publique; nous trouvom; que 2,280,000 familles <leproducteurs de toute espèce avaient à poun·oir non seulement à leurs propres besoins, mais encore aux besoins réels ou factices de 804,000 familles de consommateurs, marins, soldats, prôtres, avocats, médecins eli propriétaires rentiers, pauvrés et mendiants. On comptait dans.le camp des agriculteurs, en y comprenant les meuniers, boulangers etc., dont les intérêts étaient identiques, 1,230,000 familles; tandis que les mine~rs, ouvriers des manufactures, tailleurs, cordonniers, etc. formaient seulement 700, 000 familles. Entre ces deux partis opposés-, était la classe des boutiquiers forte de 350,000 familles, espèce de tiers-parti qui pouvait égaliser la lutte en se portant du, côté des industries .. Ce n'est pas tout. La classe des consommateurs non producteurs avait aussi sa voix dans le débat, voix prépondérante par son influence d'argent, son influence morale, son influance parle'mentaire; et en ajoutant là totalité des famj]les de propriétaires et de rentiers, soit 316,585 a11x 1,230,000 agriculteurs, ceux-ci présentaient ,m effectif de 1,646,585 familles; tandis qu'en ajoutant aux industriels la totalité du clergé, du barreétll et des médecins, soit 90,000, l'armée industrielle ne' comptait encore que 790,000 familles intere·ssP,es au triomphe desidées de libre-échange.

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