Homme - anno II - n.26 - 30 maggio 1855

L'110~îME. ,..---~··----------------------------------------..,.--------=------------------ • 1nent tardive : sur 182,000 soldats partis de France, (3~,000'ont été mis hors de combat par la mort, les bles;ures ou les maladies ; l'.m homme sur trois ! SITUATION MILITAIRE. Par suite du changement du. commandant en çhef de 1'armée de Crimée, la guerre entre dans une nouvelle phase que l'on pent, par avance, appeler : Deuxième péi·iode d'impuissance. En étudiant avec soin la première, l'on peut se convaincre que les mêmes conditions fatales d'insuccès se présentent pour la seconde. Le remplacement d'une incapacité par une autre im- • porte peu ; eût-on remplacé un Lafeuillade par un V 1:JUban, que le vice originel de cette expédition n'en produirait pas moins ses déplorables effets. Cette expédition, entreprise comme une aventure, une folie, manquait dès son origine des conditions essentielles: 1 ° Le but à atteindre; 2° La puissance rles obstacles à vaincre; 3° La liberté d'agir à son point, à son temps, à son heure. L'armPe à Varna, dès son débarquement, n'était point une armée de campagne;· elle manquait d'artillerie et de cavalerie surtout, dans les contrées dont la Russie peut inonder les plaines, par ses innombrables chevaux. Ce n'était point une armée de sirge; l'équipage était insuffisant, et c'est en présence <l'une mutinerie et d'une révolte militaire \iossib!es, que fut décidée la p!u::; stupide des teutati res. L'on sait ce qui s'est passé. Maintenant, la question n'est plus de savoir comment on prendra S~bastopol, mais comment on s'en ira. Il n'est pas facile de se rembarquer en présence cl'une année aussi redoutable, à moins de sacrifier sur le rivage une partie pour sauver l'autre. Telle est la situatiou exacte t:es armées alliées, Aussi, maintenant. ,eu est-on venu au grand mot : diversion. Voyez-vous Scipion partant pour Carthage? Mais examinons un peu la situation actuelle des parties belligérantes. La Russie, qui se fùt bien gardée d'entamer cette affaire lorsqu'il n'y avait même plus que le mot Répnbli11ue, car c"eùt été alors une guerre de principr, la Russie a saisi au bonù l'Empire-Bonaparte, bien certaine qu'il ne lui attachera pas a'lx flancs les nationalités opprimées ; ùe là sa force morale, et le temps lui a permis de porter bien haut sa force matérielle. Pendaut que ks alliés s'épuisent, elle augmente ses ressources et rnnltiplie ses armées. L'Angleterre, dont l'impui~sance vient de se révéler, vouclrait_ bien 'se retirer <le la partie, mais elle est menacée dans l'Inde, en' ce moment-ci surtout où la Pcr~e va !ni jouer une diversion. Elle flatte Raton pour tirer les marrons !lu fèu. Ce n'est plus de Waterloo, mais cle la revanche rle l\fo,;cou dont elle ·parle. Sébastopol et Moscou semblent se donner la main ! ... , · ' Il est une antre p11is;;ance clout l'hypocrisie date de loin : mystérieuse comme ses cachots, implacable comme ses gibets, f'aùsse comme sa diplomatie ... l'Autriche! Ce gouVtm1eme11todieux n'a pas cherché le rôle prodigieux qu'il joue dans ce 1lrame cousiclérable. L'impatience a\·eu~le ùe l' Ang1etcrre à clé fondre sa boutique, le besoin de Bonaparte de chevaucher pour la gloire, les ont fait entrer en guerre avant de s'assurer de son rôle et sans aucune garantie de sa part; bien plus, pour avoir ses bonnes grâces-qu'elle ne s'empresse p'.ls <l'offrir, on la débarrasse en Lombardie de l'armée piémontaise qui pourrait lui donner quelque jour du souci. De sorte que, sans tirer un coup de fusil, sans brûler une amorce, l' Autriche tient la clef non seulement -de la position militaire la plus importante mais du terrain même des opérations. ]We peut à son gré culbuter à la mer les armées alliées ou fermer aux. Russes toute issue <le la Crimée et s'emvarer cl'Odessa. A-t-on pu croire à Paris et à Londres que sans convention secrète la Russie eût jamais consenti à cette situation ? L'Autriche garclera ce ~u'elle occupe pour s'emparer plus tard de ce qu'elle désire. S(,n attitucle n'étant point déterminée avant le commencement des opérations militaires, sa position sur le flanc des armées alliées ne laissait plns celles-ci libres de leurs mouvements, et faisant foi1ction d'armée russe par l'c:tccupation des princip:iutés du Dauube, elle permettait à la Russie d'user de toutes ses forces en Tauride. Aussi, peut-on tlire : que l'Autriche étonnera l'Occident par une affreuse mystification ! Le seul homme <le guerre qui ait bien compris cette ~ltuatiop, c'est Omer-Pacha. Quiconque a suivi avec -soin ses opérations, a dû voir que s'il refusait l'attaque des Russes, c'est qu'il observait les A.utrichiens : c'est là , la cause de l'insuccès de la première campagne. La situation est-elle maintenant changée? L'Autriche occupe les provinces Moldo-Valaques. Sébastopol que l'on ne peut investir tiendra tant que les munitions et , les approvisionnements n'y manqueront point, et, ses communications sont toujours libres. Les Alliés sont attaqués en tête et sur les flancs, la mer est derrière eux, pas de retraite. L'att1_1qae,n'avance pas, les héros de Décembre sont- à bout, le général Niel vient changer le plan " du crétin;'• rien n'y fait! De nouveaux plans sont envoyés et le grand hurrah c'est..... Bessarabie ! Voyons. Les faits militaires surtout ont leur impérieuse logique it c'est pour ne· l'avoir pas compris que nos· grands ·hommes se trouvent acculés, la discorde étant dans le camp d' Agramant. Mais voici l'idée nouvelle, on change de méthode en changeant un homme. Ne pouvant pai·tir de Sébastopol, on va tenter une diversion contre une armée qui se concentre de plus en plus et cela en laissant derrière soi cette armée autrichienne encore moins sfire q11'aux premiers temps j c'est SC liner pieds et poings liés ! Il y aur:1 donc bientôt trois corps d'armée isolés : l'un marchant contre le choléra dans la Dobrudscha ou ailleurs, un autre devant Sébastopol et ne fais!lnt rien, et le troisième à Constantinople ne pouvant faire grand'chose. Mais pendant ce temps, la Frai;ice épuise toutes ses ressourc~s pour entretenir ces immenses abattoirs. S'apercevra-t-elle bientôt qne la gloire de l'Empire .fait pendant à " Paix-Empire ? " Nul gouvernement monarchique en France ne peut faire la guerre parcequ'il ne peut, dans son intérêt de conservation utiliser le principe électro-politique qui doit soulever le monde - la Liberté! Malgré tout ce qni sera dépensé d'énergie, de courage et de sang, les hommes de Décembre ne sortiront de l'impasse qu'en passant sons les fourches-caudines ae la diplomatie - Les popnlations de l'Orient ont lenr politique à elles : cette politiq11e ne s'alliera pas actuellement à celle de l'Occident. C'est une neutralité qu'elles veulent en attendant l'an!nir. Cette guerre ne peut donc aboutir à rien comme résultat sérieux, et c'est bir.n iuutilement qu'on y sacrifiera le sang, les rcssour<.:es et la fortune <le la France. Manquée•rlans son principe, ce n'est point dans ks tâtonnements d'expéditions nouvelles que les armées alliées s'en relèveront. Eparpillant leurs forces, elles s'affaiblisstlnt- sur les points où leur adversaire est fort. En dernière ressource, on parle cl'nn moyen extrême: c'est de fortific>r l'un des deux ports de Crimée pour faciliter, autant que possible, la levée du siège et le rembarquement et d'en confier la garde aux amis secourus! L'on se contenterait pour le moment <l'ocenper Constantinople où le Turc devient de plus en plus rare. Cependant, bien contrairement aux intentions cles puissances occidentales, il peut résulter de cette guerre un effet dont h civilisation se ress.entira: c'est l'égalité des castes dans ces belles contrées - égalité ci\'ile, politique, enfin dès droits!... mots inconnus depuis longtemps, et qui, semence de rérnlntions, arrêteroat la barbarie du N ortl mieux que les armées. Y-... LE DEVOIR DE RÉS{STANCE. ' " "Lorsqu'un peuple contemple froidement une succession d'actes tyranniques, lorsqu'il v1Jit sans murmure les prisons s'encombrer, se multiplier les lettres d'exil, croit- • on llu'il suffise, au milieu de ce détestable exemple, <le quelques phrases banales pour ranimer les sentiments honnt!tes et généreux ? L' ou parle de la nécessité de la puissance paternelle ; mais le premier devoir <l'un fils e~t de défendre son pèra opprimé ; et lorsque vous enlevez un père au milieu cle ses enfants, lorsque vou::; forcez ces derniers à garder un lâche silence, que devient l'effet lle vos m iximes et de \'OS codes, ·Je vos déclamations et <le vos lois ? L'on rend hommage à la sainteté du mariage; mais, sur une dénonciation ténébreuse, sur nn simple soupç:on, par une mesure qu'on appelle <lepolice, on sépare un époux de sa femme, une femme de son mari! Pense-t-on que l'amour conjugal s'éteigne et renaisse tour à tour, corn~ me il convient à l'autorité? L'on vante les liens-domestique; mais la sanction des Eens domestiques,c'estl'espoir fondé de vivre ensemble, de vivre libres, Jans l'asile que la justice garantit aux citoyens. Si les liens domestiques existaient, les pères, les enfants, les époux, les femmes, les amis, les proches <leceux que"l'arbitraire opprime se soumettraientils à cet arbitraire ? On parle <lecrédit, de commerce, d'industrie; mais celui qu'on arrête a des créanciers dont la fortune s'appuie sur la sienne ,des associés interressés à ses entreprises. L'effet de sa détention n'est pas seulement laperte momentanée de sa liberté, mais l'interruption de ses spéculations, pP.ut-être sa ruine. Cette ruine s'étend à tous les copartageants de ses intérêts. Elle s'étend plus loin encore : elle frappe toutes les opinions, elle ébraule toutes les sécurités. Tout se tient dans nos as3ociations nombreuses, au milieu de nos relations si compliquées. Les injustices qu'on 11omme partielles sont d'intarissables spurces de malheur public. Aucune loijuste ne deml:!ure inviolable auprès d'une seule mesure qui soit illégale. Supposez un scml acte de riguenr contre ùes hommes, qui ne soient pas convaincus, toute liberté devient impossible. Il faudra Jonc les gêner toutes, les anéantir également. " Une des plus grandes erreurs cle la nation française, c'est de n'avoir j~mais attaché suffisamment d'importance à la liberté individuelle. On se plaint de l'arbitraire quand• on est frappé par lui, mais plutôt comme d'une erreur que comme une injustice. Il y a 11ne cause toute simple pour que, chez un peuple distrait et égoïste, les droits de la liberté individuelle soient moins bien protégés que ceux de, la propriété. L'homme a11quel on enlève sa liberté est désarmé par ce fait même, au lieu que l'homme qu'on dépouille <le sa propriété conserve sa liberté pour la r~clamer. Ainsi, la liberté n'est jamais défendue que par les amis de l'opprimé; la propriété. l'est par l'opprimé lui-même. On conçoit que la vivacité des réclamations soit différente dans les deux cas. " • "Dans cet abîme de maux, il ne reste pas même aux esclaves du despote usurpateur un refuge dans la religion ; sa tyrannie les y poursuit. " Tout cc quf est indépendant l'effarouche, parce que tout ce qui est libre le menace. Il voulait' autrefois commander aux croyances religieuses, et pensait pouvoir en faire à son gré un devoir ou un crime. De nos jours, mieu?- in.struit par l'expérience, il ne dirige plus contre la religion des persécutions directes, mais il est à l'affût de tout ce qui pe11tl'avilir. "Tantôt il la recommande comme nécessaire seulement au peuple, tantôt la pli,ant à ses caprices, la tyrannie s'en faï°t une esclave : humble, dépendante, elle se prosterne aux genoux du pouvoir, observe ses gestes, demande ses ordres, flatte qui la méprise; ses ministres bégaient au pied de ses autels asservis des paroles mutilées. Ils n'osent faire reten. tir les vofites antiques ,les accens clu courage et de la conscience, et cherchent ave'c terreur, dans les regards dédaigneux .du maître, comment ils doivent parler de leur Dieu. Heureux encore s'ils n'étaient pas forcés d'appuyer de la sanction religieuse des lois inhumaines et des décrets spoliateurs ! 0 honte ! on les a vus commander, au nom d'une religion de paix, les invasions et les m:issacres, travestir leurs prédications en_ manifestes, bénir le ciel des succès du crime, et blasphémer la Yolouté divine en l'accusant de complicité. • " La religion ne pe11t résister :\ tant de dégra,lation et à tant <l'outrages; les âmes flétries se détachent de ses espérances. Une foi bien vi\'e serait nécessaire pour espt:- rer, sous le règne visible de la cruauté et de la folie,, le rrgne invisible de la sagesse et de la bonté. Il faut en convenir, le despotisme est l'argument le plus fort contre la réalité d'une providence !" B ...... . ESQGISSE HISTORICO-POLITIQUE. .J,a .i.liohh~- -vr-nlaellle. L'étt•ncllle de la Valnch-ie est- <le 1,120 milles géogrr..phiqut>S(28,000 milles (jilHrrés anglais)- eelle de la Molda\·ie (011 du rnoins du tcrriroire q11ilui reste) est de 570 milles géoi:rraphiques (14,450 milles rpiarr~s anghtis) .. Une <le~ pins belles provinces de la ~loldav1e, la Bnkovrne, c0mprenRnt CTPUgXrands districts, Sz11c~1waet Czernovic:i, ést Ôt'JJLtis lï74 pos~édée pr,r l'AutrichP. ·Durant la guerre de 1769 - 1777 entre la Rus~ie et la Turquie, les Russes occupèrent les Principautés; el ]'Impératrice Catherine, ~an~ attendre la fin de la guerre (q11ise t~nnina par le traité de K11tschuk-Kajnarclsh1), plaçu crtte portion <le la Moldavie aux mRins de l'Autriche, pour acheter sn neutralité. Dans toute g•wrre entre la Russie t't la Turquie, rester neutre e_st le plus ruantl service qne puisse rendre l'Autriche;\ la Rus: sie; service q11ilui procure plu;; <l'avantages qne ne pourrait le f,iire une participation active à la guerre. Cet:e cession faite à i'Autriche, pair·la Russie, d'une partie de la Moldavie tnrqne, fut le complément du partage de la Polo~ ane en 1772-ce témoignage de la criminalité <leErois qu1 demande encore vainement ju~tice!- La 'l'urq11ie tut, bit:u enkndu, forcée de r,1tifier cette cc>ssion. Elle le fit par les traités du 12 Mai 1776 et dn 25 li'évrier 1777; truités mystérieux, enfonis, sans avoir jamais vu le jour, dans les archives de la diplomatie. Plus tard, en l,-;12, la Ilt1ssie, par le traité de Buchare11t., enleva;). la Turquie la moitié du territoire de la Moldavie, environ 45q mdlt"s géographique,1 carrés. , Il est utile de faire remarquer ici que durant cette guerre là rupture entre la Ru~sie et !'Empereur Napoléon aurait certaine1.:'lent permis ù la Turquie de sortir de la lutre,sans rien perdre de son territoire ; mais cette)upture même fut cause que l'Angleterre vint en aide à la Rus8ie, comme médiatrice ; et c'est grâce à cet te médiation de l'Angleterre que la H.ussie possède la moitié de la Moldavie et de lit Bessarabie. C'est la médiatioa de l'Angleterre '1UÎ n porté les frontières russe-1du Dniester au Pruth ! Il me semble qu'à cet endroit l'Angletene <loit quelqu<! chose de pl us ù la Turrp1ie que "des égards pour l'honneur et la <ligniré dP. la Russie," et "de la considération pour l'Autriche." Si la Turquie n'avait pas sacritié, cé<laut au:-c. sollicita-tions de l'Angleterre, une grnnde portion de son territoire en 1812, si die n'avait pas laissé la Russie lilm., de ses rnouveme11,i dans le Sud par le traité <le Buch11rest, le campagne de Mo~cou aurait eu une toute autre _issue; ec selon toute probabilité, l'Angleterre n'aurait jamais eu à. se vanter d'un \Vaterloo ! La cession de la Bukovine ù. l'Autriche éclaircit de beaucoup les évènemens actuels. L'Autriche était neutre ulo~s co111meaujourd'hui; ellH acquit une provjnce s,ms courir les risq11es de la guerre. Aujourd'hui, elle s'est emparé ~e deux provinces, de la même manière. Je ne m'étonnerat!I nullement qu'on lui permît de Je,i garder :tnssi, ~t même qu'elle reçût le,i remerciemen~ du Cabinet anglais, pour "J'eu,barras que cela )ni donnerait?" ' _ La population des deux Principautés monte à e11viron 4 millions. Les habitans sont de race!Roumane à l'excep- • tion de 125,000 Magyar;; cette coloniè de la race M~gy;~re en Moldavie y est établie depuis des temp-. dont l'h1sto1re n'a point conservé le son venir, et parle le dialecte Tsch-1ngoMagyar. Il y 11, en outre, des b,rndes nombrt>us~s de,Czi-- garnl (Gipsies, BoMmiens) errans, quelques Jutf<; epars dans le pays, et quelques marchands Alleniand1t. uans les villes. • Les Roumaim se vantent d'être d'origine Da-co-Romaine, et de descendre des colonies établies dans la Dacie après Li chûte de Décébalus et le renversement de son Empire pal' 'l'ra)an. Leur langue appartient évidemment à la soud1e latine. _li n'y a rien, chez eux, de commun avec la race 01.t l'icliôme slave. La dénomination de "Valarh 1 Vahlchie,''

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