, erimes et délits po'ur lesquels l'extradition est permise } par l'art. 1er de la loi, et qu'en outre l'article 6 qui prohibe l'extradition pour les délits politiques et faits eonnexes à de semblables délits s'oppose dans l'espèce à • ee que les accusés soient livrés au gouvernement français. Enfin les accusés ont énergiquement protesté éontre la :participation qu'on lrur attribuait dans l'attentat de Lambersart, et comme l'instruction a été entièrement faite en Belgique, ils ont réclam1 un examen de toutes les circonstances de l'accusatio11, pour établir leur complète innoeence. Malheureusement le dossier et les objets saisis avaient été envoyés en France, et la défense au fond s'est trouvée paralysée par l'absence _des pièces que des preuves et des explicatio11s personnelles n'ont pu suppléer qu'im- ,parfaitement. Voici la conclusion de l'avis : " Attendu que d'après tout ce qui précède le complot èt la tentative d'attentat imputés aux défendeurs ne réunissent pas les conditions requises par la loi poür autoriser l'extradition, et partant qu'il n'y a pas lieu de l'accorder, quelles que soient d'ailleurs la réprobation et la rtpression que ces faits méritent à un autre point de vue quand l'existence en est judiciairement prouvée; " Quant aux antécédents des défendeurs; ft " Attendu que le ministère public n'a ri1m produit qui leur soit défavorable ; " Attendu, quant aux circonstances, de l'accusation, que toutè l'instruction,,en ce qui concerne les défendeurs, a été faite en Belgique, que toutes les pièces de cette instruction, et notammf"!nt les papiers saisis, ont été soumis à la police française, sans que la Cour en ait eu ~ommunicdtion, et que par suite il est impossible <l'apprécier id la nature et la portée des circonstances révéil.éespar la dite instruction, ce qui est au moins regrettable -dans une affaire de cette gravité ; " La Cour, à l'unanimité, est d'avis, en droit, que la loi d'extradition s'oppose à la demande formée contre les ·sieurs Jules et Célestin J acquin, et déclare en ~utre que le défaut de pièces la met dans l'impossibilité de se pro- .noncer sur les circo11stances de fait qui peuvent militer en leur faveur." •Les conclusions consacr~es par l'arrêt de la Cour 'avaient été développées avec un grand talent par M. Alfred Giron, avocat de MM. J acquin, dans une plaidoirie à la fois brillante et profonde. Il y a dans cet arrêt de la Cour d'appel, à Bruxelles, deux faits et deux leçons; on rétablit , d'abord que le respect des loi~doit être entier, que ·le sens n'en saurait être interpré~. ni détourné pas plus que les textes élargis. Ainsi la police bonapartiste voulant faire d'une accusation pour attentat politique, plus ou moins fondée, une cause -pour crime de droit commun ; la Cour rappelle la loi-contrat qui régit l'extradition, et déclare qu'il n'y a pas lieu à cette mesure, les cas politiques n'étant pas compris dans lés. dispositions arrêtées et réglées internationalement : c'est la libertcl sau- -vegardée. En second lieu, la cour d'appel déclare qu'elle n'a pas à se prononcer, et qu'elle y serait impuissante, sur le crime en cause et les poursuites e11g·agées, les pièces de l'accusation ayant été livrées à la police française!- Cette fois, _c'est la dignité belge qui se défend contre l'étranger et contre son propre gouvernement. • Il faut que l'étoile de M. Bo-naparte soit bien dans les nuages, pogr que des magistrats de Bruxelles osent des témérités pareilles. Ils ne se seraient point permis de discuter il y a deux ans. C'est de bon augure, la peur n'a plus peur! 2!) mai J 855. L' eKposition, vous le savez, était la grande spéculation (\'été de cet Empire-saltimbanque, réduit à "ivre d'expédients, au jour le jour, et sans cesse en travail, quand il ne donne pas des fêtes ou des victoires fausses, pour exciter. pour entretenir la plus terrible des fièvres, la curiosité parisienne. Il n'avait pas d'autre Sébastopol que ceux du théâtre; on n'avait porté des mers du Nord que les petits cailloux de Bomarsund; la reine Victoria n'avait point voulu se laisser embaucher pour le carnaval des Tuileries,' et les Barnum des menus plai5irs ne savaie1Ù trop que faire, quand leur vint l'idée de l' Exhibition-parodie. Eh bieh, c'est triste à dire, mais cette exposition n,a pas mieux réussi que la gloire : c'est une affaire manquée, une spéculation compromise, sinon tout-à-fait perdue. Dans les salles, tous les chefa-d'œuvre encom- •brent les avenues, les centres, les contr'allées;' et dorment encore sous le suaire comme des ballots .de c·ontrebande. Quelques Yitrines sont à peine garnies, et l'on n'aura poiut, avant un mois, un . L'·liO~lllE. écrin bien onvert de dix toises. Pauvres merveilles entassées, écharpées; ensevelies et reléguées à l'écart _commele~ pantoufles de Cendrillon ! Lorsque \'.I. Bonaparte ouvrit ce capharuaumbric-à-brac qu'il appelle le te~ple de la Concorde. il faisait froid dans les rangs et dans les cœurs. Les oisivetés brodées n'aimer'it point les splendeurs et les fêtes 1 du travail. II y a pour elles ennui, fatigue et remords à contempler les produits de ces fées merveilleuses qui ont nom l'industrie, la science, et les grâces d'un ballet leur sont plus douces que la rude voix des machines. Il n'y avait pris de peuple, d'ailleurs, en ce jour privilégié des majestés, de3 altesses et des livrées; l'ouverture fut manquée. Autre misère : vous savez combien nos mœurs sont faites à la grande hospitalité pour les cérémonies publiques, les fêtes des arts, les monuments: comme les anciens peuples de la Grèce et de Rome, la France aime les perspectives ouvertes et les entrées libres; elle ne comprend pas l'impôt aux portes, le si:r:pence de l'Angleterre"? Eh bien, 1\f. Bonaparte a frappé de cinq francs le droit de visite à l'exposition. Il a peut-être aussi sa part dans la taxe des chaises! c'est petit et par trop spéculateur, quand on prend .pour ses menus besoins, 40 ou 50 millions, dans le trésor pnhlic, et cela, y u'il y ait guerre, peste ou famine ! Le peuple qui ne dî11epas tous les jours. et la bourgeoisie qui boit du cidre, depuis l'Empire, ne vont guère à l'exposition; on n'y voit que des étrangers et quelques dames anglaises aux pieds d'airain qui trébuchent çà et là, parmi les ballots; elles sont si dignes ces fièr,'s ladies qu'elles n'en peuvent marcher. M. Bonaparte .voyant que ses musées restent à peu près déserts a déclaré qu'il forait les frais sur sa cassette, pour une entrée gratuite par semaine. M'ais le peuple n'aime pas ces façons; l'aumône lui fait horreur: il ne sait que trop bien d'ailleurs, d'où viennent la cassette et l'argent. Une autre mesure et qui touche au secret des misères et des familles a, comme la lésinerie· de l'exposition, profondément blessé les masses. Craignant les émeutes de la faim qui deviennent parfois des révolutions, M. Bonaparte força l'an dernier la ville de Paris à faire vendre le pain au rabais, sauf ù couvrir e-lle-même les déficits. Les opulens de la banque et de la cour avaient ainsi le pain au-dessous du taux, comme les pauvres tanneurs de la rue Mouffetard et les chitfoniers de la place Mauhert. Mais à l'ouverture de l'exposition on a modifié l'ordonnance, rétabli les prix courants, et spécifié pour réserve, que les pauvres garderaient le rabais, à la condition, pourtant, d'aller s'inscrire dans les mairies, et d'y faire, tous les quinze jours, renouveler la carte, la carte de mendicité! Les faubourgs se sont émus de cette injure : ils ont compris que la police e11rrcens~nt leur misère, voulait preudre ses notes et passer ses revues. Ils n'ont point pr.ofité de la faveur-sportule, et V quelque agitations' est manifestée d}ins les quartiers pauvres. Dans les départemens, presque toutes les villes se font autoriser à l'emprunt,ù l'hypothèque,a11x additionels, et les grèves du travail deviennent, partout, menaçantes. ' Le désordre en haut, la g~ne en bas, l'inquiétude dans to,us les foyers, voilà la France du jour. Si l'Empire voulait compter ses amis, il n'aurait pas besoin de nomenclateurs ! J. J. Revue tle la Se111aine. Le g·énéral Pélis/)Îer paraît vouloir justifier par des coups d'éclat-à tout prix-sa nomination au commandement-en-clwf. Son premier ordre du jour a promis un prochain combat ou l'assaut. Dans la nuit du 2Q au Q3, les travaux élevés par les Russes entre le bastion central et la .mer et formant une place d'armes où la garnison se co11ce11trait pour effectuer des sorties, ont été attaqués, et enlevés en partie.· Le combat a duré presque toute la nuit, et a recommencé la nuit suivante. Le reste des travaux attaqués a été pris par les Français qui s'y sont établis. Les pertes sout considérables de part et d'autre. A la suite d'une trève pour enterrer les mot ts, le général Pélissier a envoyé une dépêche évaluant à 6,000 le nombre des Russes tnés ou blessés . Le 25 Mai, les alliés ont occupé la ligne de la Tchernaïa, sans rencontrer de résistance sérieuse,et coupé de ce côté les communications entre Sébastopo!, et l'armée russe, qui s'est retirée sur les collines: Enfin, l'expédition de Kertsch, rappelée, comme elle _allai\ ~é!)ar9ner, par ~rnordre télégraphique parti des I mlenes peu de ,1ours avant la démission de Canrobert, est repartie pour la mer d'Azoff, renforcée par des troupes turqnes. Elle a ohtenu un plein succès. La mer ù' Azotf est au pouvoir des escadres alliées; les Russes ont détruit les forts, les mao-asins, les steamers placés aux détroits d~ Kertsch, et se sont retirés devant le général Brown; on parle ru ème de la capture de quelques vaisseaux <le guerre. La nouvelle d'une bataille de onze heures entre les RussC's et les '1\ucs, à Balaclava, est co.ml_}lètement démentie. ' L'armée de réserve du général Regnau.lit-SainfJ ean-d' Angely et l'armée sarde ont rejoint les armées alliées en Crimée et en portent l'effectif ù enviror, QQ0.000 hommes. Le Times- tont fier d'avoir décidé, il y a un an, l'expédition de Cri-- mée de concert avec Louis Bonaparte> et d'avoir. il y a quelques jours à peine, forcé les '.fuileries <l;, laisser s'exécuter l'expédition de Kerlsch - annonce maintenant de prochaine.. opérations, importantes et décisives, en Crimée, et non eu Bessarabie ou contre Odessa comme le prétendent plusieurs autres journaux. Le général Ca11robert a refusé le comm:rndement de l'armée de siège; il s'est remis ù la t.ête <lesa division. '1~ d' l ' i:.Hl 1s que es annees se mettent en mouvement les diplomates essaie11t de renouer les néo-ociation~ et de rouvrir les co1Jférences. Les Cabi~ets belligér~?s exam~uent e11?e m~ment <l~nouvelles propos1t1onspacifiques presentces pnr I A.utriche,-qui se rapproche de la Prusse et maintient sa llf>nrralité· les divers ambassadeurs se sont visités ù Vienne: et M. Milner Gilison_a.retiré ~a motion pacifiqne: sur la promesse da m1ms-tère d'essayer de conclure la paix pourvu qu'elle ne soit poillt déshonorante. M. La, arc.l, pour la:5.,er aux Tories p!eiue liberté contre le ministère, a cédé son droit de motion à M. d'Tsraeli, dolit la longue et brillante harangue a ou vert un débat saris rt'.•s1iltut, les v,wances de Pentecôte ajournant la l111tl:'. L'..igit<1tio1b1ourgeoise pour la Réforme g,1g11edu terrain, tandi.c; qûe les Communes s'absorbent dans les l11t1esdes co'.eries whig et tory, rejettent la proposi1ion réformiste ( le scrutin secret ) de M. Berkelc·v, et ne perdent pas une occasion d'attaquer et d'Ï111rnilier ~- L_1)'.ar<lù.elui-ci_ reste _iso_léau milieu des partis poltt1ques, et <lev1eut u111s1le représentant du mouvement réformiste, encore vag-ut• dans son objet, mais qui menace pins que l'administration ... .Le roi de Piémont, élevé par les Jésuites, se trouve néamoins placé, par sa position de seul roi constitutionnel et libérnl d'Italie, eu antao-onisme avec le pnrti < léric,tl. 8on ministère, e1~ même temps qu'il signait le trnité <l\.illianc-e avec les Puissa11<.:esoct:ideutales, proposait an Parlement 'la suppression des couvents ...... C'est à ce moment que le roi perdit, en quelques jonrs, sa mère, sa femme, son frère : il vient de perdre son fils, an moment où ses ministres obtenaient enfin du Sénat le vote de lu loi anti-cléricale. - CP-rtains journaux anglais font r.emarq, er cette coï11cide11ce, et en prennent texte pour attaquer les Jésuites .... Le général Canrobert n'a pas accepté la lieutenance qui lui était offerte en même temps que son ex-lieute11ant deveuait généralissime. Il avuit donné sa démission, parce qu'il était blessé par les contr'orclres envoyés des Tuileries, et qu'il se sentait incapable de diriger de grandes années et des opérations militaires si importantes. Il étuit irrité de voie ses lieutenants, Bosquet et Pélissier, plus populaires que lui parmi les soldats qui attribuaient au premier le succès d'Inkermann, au second Je combat du Ier mai. On dit qu'à force d'instances, le général Pélissier avait enfin obtenu de tenter ce combat; au moment où les bataillons marchaient contre les retranchements russes dont ils s'emparèrent, Canrobert voulut les rappeler. mais Pélissier répoudit: qu'il n'était plus temps. Le caractère de Canrobert a paru tellement irrésolu, hésitant, indécis, que les soldats faisant allusion à son prénom de Certain, l'ont surnomméI'incertain. Il n'a pas même osé accepter la dire.ction du siége et se borne, comme il l'avait écrit, à prendre '' une place de combattant seulement comme· chef d'une cliv;sion." Cette modestie est malheureuse- ' . . J
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