Homme - anno II - n.23 - 9 maggio 1855

L'HOMMK. ~------------------.------------------------ Le Portugiil rég·lera ses affaires intérieures comme il l'entend.ra; mais tant que la Grande Bretagne pourra lever le brns, ce sera pour frapper tout pouvoir qui essayerait violemment de dicter des loix et d'enchaîner l'indépendance de la nation." ' Je pourrais m'étendre sur tous ces poin1s. Mais, en ce temps de grossier matérialisme, je préfère en appeler aux intérêts de l'Angleterre elle-même, vous <lire: Si jamais vous entrez en Pologne, après avoir laissé les Puissances étrangères fouler aux pieds le Droit souverain de la Pologne à régler ses affaires intérieures ; si vous présentez à la Pologne les lambeaux du Drapeau national et uue existence fictive, comme le prix de son appui dans ~·otre guerre contre la Russie, vous vous trouverez étrangement déçus dans vos calculs - vous aurez •offensé la nation dans son honneur avant même qu'elle ait reçu ancun avantage de votre secours; et, au lieu d'une Nation unie, enthousiaste,. parcequ'elle saurait qu'elle court à l'indépendance, vous auriez créé des factions et affaibli le mouvement, ~t vous auriez ainsi joué votre dernière carte, sans profit ni pour vous, ni pour les autres! KossuTH. Revue tle la Se111aine. Le bruit a couru à Paris que le général Canrobert était rappelé, nommé ministre ùe la guerre, et remplacé par le maréchal Vaillant. Ou a ptlrl{; ;rnssi de la démission réitérée de M. Dronin de Lhuys, démis&iond'abord refusée, et acceptée samedi, s'il faut en croire le Times. M. Walewski deviendrait ministre des affaires f tnmgère-., et serait remplacé à Londres" par 1\1. de Rayneval. Le motif de t:ette crise ministérielle serait une sérieuse dissidence entre M. Louis Bonaparte et sou ministre au sujet des dernières propositious de paix rédigées par l'Autriche, et qn·ou tronve inacceptaules à Paris et à Londres. Ou prétend d'uilleurs qu'elles n'ont aucune chaùce d'êtrtt>acceptées à Saiut-Pétershourg, et ne sont qu'ua nouveau moyen inventé à Vienne pour 11epas se déclarer. Les crises minist~r:el'.es agitent plusieurs cours. A Com,tantinople, Reschid Pacha vient cJe donner sa démission; il e:-t tcmplacé par Aali PaH1a que lui-même va remplacer ù, Vienne. Reschid se retire parceque le Sultan a révoqué l'ordre d'exil donné contre son beau-frère :Méhémet-Ali Pacha, chef du vieux parti turc et le rival de Reschid. Est-ce une iutri~ue de sérail ourdie pour sou mari par la sœnr du Sultan·? Est-ce un revirement de politiq ne, ou une protestation contre les coucessions faitf'S anx chrétiens ·t A 'rurin, la crise était anssi très sérieuse. Le parti ré~-wtio1rnain', triomphant, parlait déjà de c.,np d'Etat, désig-nait les l\fiui~tres <lu Cabi1Jet abolutiste, le Maréchal de Latour, J\i. Bixio et se p; omettait de renouer avec la Rome papale 'les négociations abandonnées par le Comte de Cavour. Déjà Mgr. <le Clwmbér_v courait assurer l'ambassadeur français que le traité d'allia11ce serait scrupuln1seme·11tobservé malgTI~l'arrivée au pouv0ir de ses ad versa ires de la Droite .... lorsque le g·énéral Dnrando, chargé par le Roi de constituer un Cabinet, a renommé le Comte de Cavour et tous ses collègues. Le Sé11at a repris la discussion de la Loi contre les Couvens. A Lisbonne, il est question de l'e:itrée aux affaires de deux Progressistes, appelés par le Maréchal Saldanha. • Enfin la chûte du M inistè~·ePalmerston est annoncée comme prochaine par le Times et la plupart des autres journaux; elle serait vue de bon œil en France, en haut-lieu, assure-t-on; Lord Palmerston a eu le tort de maintenir en fonètions beaucoup d'hommes condamnés par l'opinion publique, et surtout de n'exécuter aucune des réformes radicales qu'on attendait de lui, dans l'administration intérieure comme au Ministère de la Guerre. M. Layard a annoncé une série de motions "sur les réformes;'' et c'est sur ce vote que l'on compte renverser lè ministère, comme on fit tomber Aberdeen par la proposition d'enquête de M. Roebuck. La question est de savoir si les Tories, qui prendraie11t les portefeuilles, seraient plus réformistes, plus libéraux, plus partisans des Nationalités enchaînées, que les Whigs? Quant aux Radicaux, ils n'aura_ient ni le personnel d'une administration,~ ni une majorité dans les élection~, et n'ont, dès lors, aucune chance, surtout depuis l'opposition systématique faite à la guerre par l'Ecole de :.Mauchester. . Le siège de Fébastopol continue ; non pas le bombardement. Plusieurs embuscades russes ont été enlevées, avec beaucoup de perte, p~r les Anglais et par les Français. Ceux-ci -ont enlevé, dans la nuit du Ier au 2 mai, une redoute• de contre-approclrn construite par les Russes, •et out pris 8 mortiers. Les efforts de la garnison pour reprendre sa redoute, le 2 et le 3, ont été infructueux. Diverses reconnaissancès en force ont été poussées par Omer Pacha, Lord R_aglan, et le général Bosquet, en arrière de Balaclava; l'ennemi a évité le combat. Les troupes sardes arrivent à Constantinople. L'ordre a été donné de diriger sur la Crimée l'armée de réserve qui se formait dans cette ville; les Alliés compteront bientôt 200,000 hommes devant Sébastopol. Mais le Choléra qui rage à Constrrntinople, commence déjà à décimer l'année ~ssiégeante ..... . L'IMBROGLIO. Le i:rouvernement anglais, lorsqu'il (>IlVO: a lord .John Russell à Vienne, comme ch~rg-é de pouvoirs, lui enjoignit de s.e te11ir snr le pied de guerre, de mener g·rand traiu les délibérations et de pousser l'Autriche aux solutions sérieuses. Qu'a fait lord J"ohn Russell? Il a prolongé son congé d'un mois, et de retour à Loudres, •il n'a< pas encore rendu ses comptes. Que fait le gouvernement qui <lenait Mre si rapiù.e et ne voulait entendre qu'aux décisions absolues? Il fait déclarer par Lord Clarendon et pm· Lord Palmerston, son foudre de guerre, que les conférences interrompues ne sont pourtant pas fermées, et qu'il ne faut pas rejeter, au poiut de vue de la paix, tonte espérance. Or, voici la situatiion. vnici la vérité, voici la loi russe. Cela Vtlut bien, ,comme renseignements, les prophéties d'Angleterre et de Frnnce. Les diplomates du Czar, à la conférence de Vienne, ont laissé passer, sans J prendre une part bien active, les débats et les propositions. Quand <:'estouverte-la discussion sur le troisième point, ils ont discuté, contredit, épilogué, tra1nant en longueur les délibérations et les vote:s._ Le débat clos, ils ont déclaré ll'avoir pas suffisants ]JOUvoirs, et lorsque sont arrivées les instructions dernières de l~ur gouvernement, ils ont dit ne pouvoir accepter l'ultimatum réduit, très réduit, des Puissances occidentales. Mais ils s'engag-enient à faire une contre-proposition, et l'Autriche a demandé qu'on voulut bien l'entendre, avant de clore et de se séparer. - Eh bien, cette contre-proposition n'est jamais venue: ce qni n'a pas empêché l'Autriche <l'aflirmer qu'il y avait encore juur et moyen pour une dernière tentative de conciliation et de paix ! Vit-on jamais comédie plus longue et plus plats gouvernements? En vérité, la maison de Hapsbourg aurait usé, fatigué tous les Fabricius de la terre, et les deux puissances de l'Occident seraient tombées en quenouille, qu'elle n'y mettraient ni plns de condescendance ni plus de bêtise. En attendant, l'Autriche garde les provinces danubiennes et n'entre pas en ligne contre la Rnssie. L'Angleterre et la France s'épuisent, et Sébastopol est moins que jamais entamé. Voilà le résultat de la comédie. Ch. Rrn. --•-- Un grand ·meeting vient d'avoir lieu dans la métropole~ à London Tavern. Il avait pour but d'appuyer le mouvement d'opinion qui demande la réf orme administrative, mais il est à regretter qu'il ait eu, aussi, ses exclusions. Quoique l'aristocratie agonise, étranglée par ses fautes, ce ne serait pas trop du peuple entier et compact pour l'achever et relever les affaires. 1 Nous reviendrons sur ce meeting dans notre prochain numéro. \ LE 24 FÉVRIER, A MEXICO. Nous l'avons dit sonvent daus le; colonnes de ce journal ; elle est invincible, la cause qui a des apôtres et des martyrs sur tous les chemins de la ten-e ! Il y a près de trois moÎi, nons inscrivions, ici, les paroles <le nos frères d'exil, ù Jersey; aujourd"hui, voilà que la protestation et !'Espérance républicaines nous arrivent des océans lointains. Qu'elles soient les bifm-venues ! car les pensées de la Révolution ne vieillissent pas et il n'est jamais trop tarù pour les nobles sentimens. A Mexico, le 24 Février, et malgré la police ombrageuse de Sauta-A.nua, prbident-à la Bonaparte, Bos amis se sont réunis, pour fêter le grand aunivers;.ire. Le Docteur Nolhac, présidait, et il a ouvert la séance par un discours tout empreint de sa vieille énergie républicaine : Révolution! Rérnlution ! s'est-il écrié, parole magique qui fut de to11ttemps l'etfroi de l'oppresseur,l'espoir <lel'opprimé, puisses-tu aujourd'hui plus que jamais servir de cri de ralliement à tous ceux qui sont restés fermes comme à tous ccnx qui veulent se relever! se relever de la honte, se releve, de la misère, se relever clu mtpris ...... . Bourgeois du 14 juillet, ProlétairP.s du 10 août, Libéraux de 1830, Républicains socialistes de Février, arrière les Yieilles rancuues, arrière les puériles divisions, il s'agit de l'honneur public qui 11ous est commun, le de.air aussi doit être col)'lmun; à r œuvre donc, à l'action immédiate, demain peut-être il serait trop tard ...... . Citoyens, cc ~ri de Ré\·olution, ce cri de justice renvoyé à la mère-patrie à travers les brises de l''océan, emprunte aux circonstances actncllcs u11 caractère profondéme11t gr:we et religieux : c'est peu de cf10se en fait, que cc groupe que nous formons ici pour exprimer en commun nos regrets et nos espérances; mais attendons quelques jours, et nous_apprendrons q1ie sur tons les continents, sur tous les co·ns du g!obe, dam tous les lieux d'exil et cle transportation, dans tontes les geôles de Bonaparte, le même jour, à la même heure, des réunions semblablès ont eu lieu, iles Yœux semblablrs ont été exprimés, et alors nous nous sentirons moins isol(i:1 et nos cœurs battront plus Yîte : puis, si nous nous demandons la cause cle cette spontanéité d'action dans des pays si divers, no11s trouYerons une date : 24 fénier 184-8............ . N ons trouvons encore ces lignes dans un toast à la JJ1oralitépolitique, porté par le citoyen Gambu: Citoyeus, qu'est-ce qui co11:;titue une nation? qu'estce qui fait qu'elle vit, qu'elle compte clans le monrte, qu'elle est en s]roit de dire qu"elle marche à la tête de la civifüation? C'est qu'elle s'appartient à elle-même, qu'elle possède des droi.ts, des garanties, des libertés, <JU'ellepeut se développ~r en tous sens et ne relève que cl'ellE:-même. Eh bien! qu'avons-nous aujourd'hui.de tous ces droits et de ces libertés, je n'en prends que quelques- , uns? ...... Restons fermes pourtant, citoyens, et i11ébranlaùles dans notre foi, ne nous laissons pas décourager au spectacle des misères du présent ; acceptons s'il le faut la persée:ution et le sacrifice : c'est aujourd'hui _du cœur et des entrailles que nous avons besoin pour le triomphe de notre cause. S'adressant aux gén(!rations, espérance et force de l'avenir, le citoyen Duviard· a dit: A la jeunesse démocratique! restée pure malgré les constants efforts de la monarchie et des disciples de Loyola pour la corrompre; à la jeunesse démocratique ! aussi incorruptible que vaillante! à cette jeunesse qui en Décembre comme toujours a fourni sa la:rge part de victimes et .te martyrs; à cette jeunesse que la loi du sang décime plus odieusement aujourd'hui que jamais, sans gloire ni profit pour la France. Espérance de la patrie, sentindle avancée du progrès et <lel'humanité, reste toujours fidèle au· drapeau de la justice et de l"honnenr. Un moment de lutte suprême approche, so_isprête à remplir ton devoir ; et qu'au jour de la victoire ce cri de régénération s'échappe de ton noble cœur : vive la République démocratique et sociale! A son tour, le citoyen Eugène Latapi a porté le toast au Peuple ! rappelé ses erreurs si cruellement expiées par tr:oisans de servitude, de misère et de honte, et prédit que le sommeil du lion ne durer~it pas longtemps. • Nous avons t!ncore trouvé dans ce compte-rendu qu'il nous faut réduire, et que nous regrettons de, donner aussi court, un toast du citoyen de Barrès. Nous ne pouvons mieux finir qu'en citant 1c1 ses dernières paroles : Le Dieu des hommes libres réserve saus doute encore à la Dé~ocratie aujourd'hui opprimée, une de ces dates sacrées et bri~lantes qui puritient et illuminent l'histoire du monde: un nouveau 14 Juillet, un autre 24 Février. - Quelle que soit la date de ce jour inconnu, cherchons, démocrates de tous les pays, à hât~r son avénement par l'union de nos efforts; et qu'après le triomphe, les nations le fassent fructifier par l'établissement d'une ligue compacte et solidaire; car la liberté ne promet de succès durables et de développements complets qu'à l'union démocratique des peuples. '

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