Homme - anno II - n.23 - 9 maggio 1855

it aux stipulations réglées entre les agents officiels des deux gouvernements. C'était un scandale étrange que cette lutte; mais elle servait la trahison. de Paris contre Rome, et l'heure était venue pour la conspiration catholique de se démasquer et d'agir. • La Législative est en place et Bonaparte _est président. Les deux pouvoirs, quoique rivaux, s'entendent à merveille, contre la Révolution. L'Assemblée qui rêve une monarchie sent bien qu'il faut d'abord relever l'autel-trône, et !'Exécutif qui veut être César a besoin du pape qui sacre ses empereurs. On presse, on active, donc, le siége de Rome; on attaque à fond la République, d"ansson centre, dans sa Souveraineté, dans son gouvernement ; avec l' Autrichien, !'Espagnol, et le roi de Na pies, on viole l'indé pend ance et le territoire italiens, comme le fera plus tard le Czar en Hongrie ; et c'est la République française qui porte ces coups à l'honneur, à la foi publique, à la liberté ! Non, ce n'est plus la République, elle est déjà morte : on a violé, dans cette campagne du meurtre, son Article V, ses traditions, ses engageJ!lents, l'esprit sacré de ses doctrines et de ses orig·ines. Un dernier effort est tenté, par la Révolution, au 13 Juin; mais le peuple avait perdu trop de sang dans sa dernière guerre sociale; hôte sinistre, le choléra faisait trop de cadavres dans les faubourgs, et -seuls, quelques soldats du droit tombèrent, les uns dans les prisons, les autres dans l'exil. L'oligarchie des deux branches, maîtresse de l'Assemblée, fut libre alors de continuer le crime, avec son •complice, le pouvoir exécutif, et Rome ,étant tombée, malgré son héroïque effort, sons la mitraille de protection, on rappela la vieille papauté qui revint avec sa soif dn sang ! Plus ne fut question ni de gouvernement libre, nid~ vote souverain, ni de pouvoirs constitutionnels. Il n'y eut d'autre appel que celui des vic- ·times, d'autres suffrages que les arrêts du SaintOffice, d'autres institutions que la vengeance et le ·bon plaisir des prêtres. Les Italiens avaient, de nouveau, perdn la Ré- -publique, perdu la patrie, perdu la liberté. Ceux qui n'étaient point morts ou qui n'étaient point .captifs, partirent pour recommencer l'exil, et Rome épuisée retomba dans sa nuit profonde, la nuit du sépulcre. . Elle y est encore, n'ayant d'autres fêtes que les supplices de ses ·fils, rongée par la vermine mon~- cale, dépouillée par un fisc voleur, in~ultée par\ une garnison étrangère, opprimée, baillonnée, pantelante sous la main froide des prêtres, et se demandant s'il ne vaudrait pas mièux être la Rome des anciens tombeaux que la Rome des papes, la Rome des ruines que la Rome des servito<les? Voilà ce qu'a fait là.:has, M. Bonaparte: Rome et Paris, il a tué les deux villes-mères, les deux .cités de l'histoire. Et maintenant, Anglais, si l'étranger entrait chez -vous, à la tête de ses armées ; s'il occupait vos villes; s'il tenait garnison dans Londres ; s'il vous • rnmenait Jacques II et vous l'imposait avec ses jugés, ses dogmes, ses haines. ses prêtres, ses bourreaux; si de vos tribunes il faisait des corps de .g·arde, et de vos chartes des cigare.ttes pour ses ivrognes; s'il tuait vos libertés, s'il vous livrait, âme et COl"ps,au César noir de Rome, que feriez ·vous? Etudiez, donc, avant de maudire, et pesez, .avant de jug·er. Ch. RIBEYIWLLES. LA PROCHAINE -MÊLÉE POLITIQUE. Quan~ de grands. périls exigent une prompte .ré- • solution, une grande énergie dans l'action, l'instinct prompt du peuple voit toujours juste, tandis que les hommes d'Etat aux prudentes délibérations, estimables dans des circonstances moins pressantes, sont invariablement condamnées à choisir, pour clore, les pires moyens possibles. Au mieux, quand par u.n heureux hazard il leur arrive de ne pas se tromper, ils arrivent trop tard. Pem;ant que Rome cJélihère, Sagonte succombe ! Cet axiôme historique sur le sür instinct populaire, et les délibérations lentes, languissantes, Ït;- certaines, des hommes d'Etat, n'a jamais eu d'exe~ple plus frappant que dans la présente occas10n. Quand le gouvernement fit appel i our la première foif5au pe-npl-e en déelarant " la g-uen-e ù la- , Rnssie ! " quelle fut la réponse? " Ûurrali poi~1· la Polo,gn_e ! " L'i11stinct populaire a touehé juste du premier coup et indiqué le sûr moyen de décider la victoire pour l'Angleterre. Le peuple avait instinctivement compris cette vérité que M. Layard, depuis, a .<lite au Parlement: '' La Russie ne peut être vaincue, la prépondérance de la Russie ne peut être abaissée, sans la Pologne. " Je ne forai pas allusion ù tont ce que j'ai dit à ce sujet; je rappelle seulement ce fajt, c'est que l'opinion du peuple, tristement justifiée pHr les événements, avait indiqué, du premier abord, la Pologne comme le meilleur èhamp de bataille, et le Peuple polonais comme l'allié le meillenr, le plus sO.r, le plus indisJJensable, sans la coopération duquel on brùle inutilement de la poudre devant Sébastopol, on fait couler inutilement le sang le pl!JS pur de l'Angleterre dans une campagne à la Don Quixote en Crimée, - mais quant à vaincre la Russie, à la réduire à proposer des conditions semi-acceptables ? Jamais ! Donc, ce cri: .ll,u·- ralt pour la Polo.r;ne ! " répondant au cri: " Vive la Russie ! " était un cri de défense et de conser- ·:ation sortant de ce pressentiment instinctif que la Pologne abandonnée causerait soit 1la défait~, soit une lionte diplomatique. Hélas! les faits menacent d'une solution bieri pire encore - la défaite et la hpnte diplomatique réunies! "I1elfut l'instinct naif du peuple. Quelle fut la délibération sa,ge, virile, et tnÛJ'e du g·ouvernf'ment? Ce fut cet abaissement pour la nation de trembler <lepeur devant l'Autriche et de courtiser humblement et vainemeut l'alliance de ces Hapsbourgs sanguinaires, despotiques, faibles, ruinés et exécrés! Eh bien! une triste espérance, une triste consolation était restée au peuple anglais. C'était que quand la conpe de l'humiliation aurait débordé, après une année entière de campagne sans succès, après deux années d'artifices <liplomatiqnes, après des milliers d'existences humaines sacrifiées sans fruit, après des millions gaspillés, sans voir se réaliser encore le rêve de l'alliance autrichienne. les gouvernants sortiraient enfin de leur ha!lucinati<m, et chercheraient une assistance active et un coucours efficace qui ne sauraient être retardés pins longtemps sans faire courir au pays le risque d'un désastre infini et honteux. Cette dernière espérance s'évanouit. Tous, les tonnerres du ciel seraient impuissants à arracher ces hommes d'Etat pétrifiés à leur infatuation. L'espoir de terminer la lutte par q uelqne • compromis, si honteux soit-il, est à sa fin. La saison de la campagne de 1855 est proche; l'Angleterre n'a pas un@ minute à perdre; pourtant, lorsque le comte de Har<lwicke demanda: où en est l'Ani riche? Lord Clarendon n'(:;ut pas de meilleure réponse à faire que celle-ci: " C'est seulem'ent si on ne peut faire la paix, qne l'Autriche peut être appelée à se déclàrer. Ce temps n'est pas eucore arrivé; il est donc impossible de dire quelle politiqne suivra l'A ntricbe. " Ah! vous pouvez vous écrier, Anglais, " combien, ô Seigneur, cela durera-t-il ! " Maintenant, quant à _moi, je ne confierais même pas ma boîte à cigares à des hommes qui prétendraient én~ore ne pas savoir quelle politique suivra l'Autriche. Eh! mon Dieu, la politique qu'elle a suivie, c'est d'amuser et d'endormir les Puissances occidentales jusqu'à ce qu'elles soient .affaiblies, épuisées, saig·"ë:lntde mille blessures, f't d'aider alors ia Russie à vous <lonner le coup de gTâce. Et elle est en cela tout-à-fait log-ique et raisonnable, et parfaitement d'accord ave1)ses intérêts despotiques. Le Times lui-même est assez candide pour avouer que" l'Autriche a devant elle tes quatre meilleures armées de la Russie, 250,000 hommes ayant pour base d'opérations une ligne de forteresses imprenables en facP- des fnmtières autrichiennes, de Czarnowice à Olmutz, et, par conséquent jusqu'à Vienne: Elle ne peut aucunement compter sur l'appui de l'Allemagne; elle a des raisous de craindre l'hostilité de sa rivale héréditaire, la Prusse; elle_ne peut espérer aucun secours de la France et de l' An,qleterre, qui ne peuvent disposer d'un seul soldat. " . rrels sont les motifs qui font supposer au Times que, dans ces conditions, "l'existence de l'Autriche pourrait dépendre d'une seule bataille." Excellente raison pour l'Autriche d'agir comme elle le fait; et cependant, ce ne sont pas là les plus grands périls qu'elle aurait à courir, si elle faisait la folie d'abandonner le Czar pour des alliés incapables de lui aider, et ue sachant que la craindre ! Eh ! quoi, n'est-ce pas une folie sans précédens, ~ans parallèle, qne de s'attacher encore à une politique qui vise à un bnt impossible, et dont le résultat-si ce n'était l'impossible-serait le plus épouvantable désastre qui püt atteindre l'Empire Britanniq11e, car cette alliance briserait le dernier lien qui puisse encore reconcilier son existence bien risquée! avec cette Europe de l'avenir qui doit venir, qui viendra, qui s'approche .... Et pourtant les hommes de Downing-Street, qui n'ont su rien oublier ni rien apprendre, persistent dans ieur politique. Et non-seulement ils y persistent, mais j'appréhende de leur voir dans quelques jours gaspiller les dernières espérances de l'Angleterre, et pour ainsi dire le dernier penny avec lequel l'Angleterre pouvait enèore s'assurer le succès dans cette guerre. Cette dernière espérance de succès, c'esf la cause de la Pologne si longtemps martyre et res~ tant indomptable dans sa vit.alité. Les hommes et les mesures politiques passeront-quelque bienfaisante tempête, dût-elle entraîner bien des malheors privés, peut purifier l'atmosphère politique de l'Angleterre. . Et pourt?nt. il est triste de voir que même ce vénérable patriarche (si jeune encore d'ardeur politique) que j'estime et révère comme j'estime peu d'hommes-lui qui, dans l'expansion des plus nobles sentimens, daigne donner des louanges bien peu méritées à mes humbles efforts et à mes bonnes intentions, tandis que les grands de cette terre affectent orgueilleusement de ne pas mêm~ les con!rnitre ;-il est triste de voir que même ,Valter Savag-e Landor, avec des paroles de feu, avec de frappantes révélations, ;r,ec toute son inspiration patriotique, ne peut révei4ler ce peuple de son profond sommeil et le rendre conscient de la situation désastreuse de son pa_ys ! Pourtant, lorsqu'on anra bu jusqu'à la lie la coupe de l'humiliation, l'Ang·leterre se réveillera peut-fHre? Ah ! qu'elle trouve encore la cause de la Pologne intacte et dans toute sa vitalité! Il y aurait alors une ancre de salut, une lueur d'espoir i bi~n qu'01?- ne :puisse nier que chaque jour· de I annee derruère ait emporté une chance de succès. Ce qu'on eût pu faire, il y a un an, avec 12:000 ?or~mes débarquée par Napitr, exigerait auJourd hm 150,000 hommes; dans un au il en faudra le double. Pourtant, il reste encore quelques lueurs d'espoir. ,, Et c'est ce dernier espoir quE},j'ai des raisons de le craindre, les 'I'uileries et Downing-Street vendent en ce moment,- dans leur peur de l'Autriche et leur hallncination d'alliancë autrichienne. Je crains qu'on ne soit à !'oeuvre pour comploter quelque chose comme une Pologne nominale, sans réalité, avec un Czartorisky pour roi, et un don à l'Autriche-probablement la possession permanente des provinces Moldo-Valaq ues - en échange de son consentement à la création de cette Polocrue fictive, ·semhlahle à la République de Cracovie~ Peuple (ffAng-leterre, écoutez cet avis ! Si la natior'J polonaise veut se donner no roi". malfl'ré toute la lnrnière qu'elle peut puiser dnns c-Samuel (Rois, 8e chap.), qu'il en soit ainsi. C'est son affo.ire. Mais, je vous en conjure au nom de la justice rétributive, ne permettez pas à votre a-ou• venicment d'empiéter snr le Droit Souverain lune noble mais infortunée N atioo, qui doit ré,rler ellemême ses affaires intérieures et constituer 0Ia forme de gouvernem'eut qu'elle préfère dans la plénitude de la liberté de sa Volonté nationale. Certes, je suis républicain, et ce que j'ai vu eu ce pavs ne m'a pas engagé à changer mes convictions• ~épnblicàines pour les fictions et les illusions <les Monarchies constitutionnelles ; mais si les spéculations diplomatiques de Puissanèes étrangères travaillaient à impose1· à la Pologne, ou à ma patrie, ou à toute autre nation sur la terre, le gou Vtrnement républicain, je dénoncerais également cette tentative comme une violation criminelle des Lois divinf's et humaines, et je dirais comme aujourd'hui, qu'une nation n'est point un troupeau qu'on pmssevendre à Smith field- \1arket. ... Je pourrais en appeler aux lois, à la Justice, au Droit; je pourrais dévoiler cette effroyable immoralité qui jette les pauvres Mol<lo-Valaques dans le gouffre béant du despotisme autrichien, seulement pour faciliter aux Hapsbourgs la compression de la Hongrie. Je pourrais vous dire que, même à ce prix, l'Au.t.ricl~e ne ti!·era pas _séi;ieusement l'épét" contre la h,ussie; et Je pourrais vous rappeler ces glorieuses paroles de Canning, à propos du Portugal: " Nous allons en Portugal,. non pour commander, non pour ordonner, non pour y imposer une forme quelconque de gouvernement, mais pour défof!dre et préserver l'indépendnnce d'un allié.

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