Homme - anno II - n.21 - 25 aprile1855

L' li O~1ME. ------------------------------ de pactiser avec l'insurrection victorieuse. En Lombardie, les valeureux Milanais s'illustrent par une lutte acharnée contre les bourreaux de leur belle patrie. L'Allemagne, profondément travaillée par la philosophie ltwnanitaire, sentit remuer ses entrailles. La haine sourde mais implacable, vouée aux trente-cinq tyraus de la Diète, et contenue péniblement depuis trente années, fit' subitement explosion. Ohaq ue pays~ chaque ville, pour ainsi dire, eut sa part du mouvement. Le grand-duché <le Bade, tête de colonne de la liberté, ouvrit la marche, et l'asseh1blée populaire d'Offenbourg menà hientôt à hi levée de bouclier de 8truve et de Heclher. A Vienne, le peuple insurgé obligea la maison de Habsbourg à proclamer une con~titutiou presque radicale. A Berlin, une insurrection formidable força Frédéric-Guillaume IV dan~ ses derniers retnmchemen ts, et le roi de Prusse ne put se sauver qu'en déployant le drnpeau du futur empereur âllemand. Le duc de Nassau, le gra11d-duc de Hesse, le roi de ,v urtemberg, l'électeur de Cassel, le grand-duc de Bade, envoyèrtnt des patriotes populaires, pour remplace:· à :Francfort les diplomates de la vieille école. Le prince royal de Hesse fut nommé co-rég·ent, et l'amant couronné de Lola-iffo11tès, Louis <le Bavière, se <lérl'liten fovom' <le son fils Mnximilien. Partout on dëniun<la la libërtè dè la press~, l'uiiité <le l'Allemagne, des chambres lihP-rales et, ati besoin, la guerre contre la Ru~sie. Enfin, sur les 'bords du Rhin, quelques hommes <le cœur prirent la féconde initiative de corivoquer le parlement précnrseur de FrancforL 0 beauJ jours de 1848, qu'êtes-vous devenus sous le souffle <lestructeur de la cotltre-r~volution t , Après six années de luttes cf de déceptions, il ne reste de vous que des larme;; et des cyprès. Comme l'a dit le titoyol1 Ledrn-Rollin, :-ni déhut de sa vie politique: "Ce peuple est l'~CCE HOMO des temps modernes." l\lais après lé calvaire, lu résurrection ; après la co'lro111ied'épines, l'auréoie de l'iminortalite. Bientôt le p_enpl~ cute11<lrade nouveau la g1w1<levoix <le la Révolutioa qui lui dira: soulève la pierre <le to11 tombeau, et nlarche à1la conquête <lu monde. 'rhéoclore KARCIIER. DERNIERES NOUVELLES. Le:;s Couférences de Vieu ne sont de hou vt>au suspendues et les déµêches a1111ooce11I. <J ue lt>sdeux plén ipoteritiaires de l'occident. Lord John Russell et M. Drouin de l'Huys ont, déjà, fait leurs adieux aux c.ollégues neutres ou récalcitraus. Si cette chronique est _la vérité vraie, si les passeports ont été pris, adieu la dernière chance de la paix tant désirée, tant rêvée. La Cité de Loudres en dc"ra prendre sou parti, comme la Bourse de Paris et tous les tripots financit-rs do l'univers. Attendons, pourtaut, car le conseil de Vienne est fécond en péripéties; l'Autriche, d'ailleurs, peut -encore avoir intérêt à prolong·er la conversation, jusqu'au jonr où les influences pestile11tielles du climat et. de la sc1isonauront assez fermenté, pour que les Russes aieht retrouvé leur général Choléra. DéJà l'on annonce que le typhus exerce ses ravag·es et que les malades transportés d'Orient a .,.roulon en ont doté la patrie-mère. Le siége avance et se resserre, toujours, disent Jes <lépèches Canrobert et Raglan. On n'e~t plus qu'à quelques toises <le distance, entre les fortifications, et la mort peut éclater, à pleines bor<lées, dans les rangs. Elle est, <l'ailleurs, il faut en convenir, à riche et magnifique fête. Cinq cents pièces de canon, tirent des tranchées sur la ville ou ses fortifications extérieures, <::tde )a ville ou des postes avancés ,qui la couvrent cinq ou six cents pièces répondent a.u carillon de l'alliance. Or, voilà déjà 15 jours, (depuis le 9) que le bombardement est ouvert et que la pluie de feu couvre cet hypodrome où plus <le cent mille hommes so11t eng-agés. Quelque furieuse, pourtant, que soit la tourmente, et quoique les boulets déchirent le ciel par milliers à l'heure, les dégâts se réparent aux tra11chées, comme du côté <le la villE:, et la brèche ne .sera pas ouverte ou praticable avaut longlem~ s. On compte, en général, trente-trois jours de homharderue'r1t (et cela dans les moi11smauvaises conditions) avant de livrer l'assaut. En voilà quinze d'écoulés, dans u11 héroïque et constant effort, et la tour de Malakoff, ouvrage extérieur, est encore debout, ains~ que le fort de la Quarantaine. Nous recevrons encore bien des hulleti11s. Deux batteries russes ont cessé leur fru, démontées sans doute, et les Français ont vu l'une des leurs s'effondrer sous les boulets. Voilà la grande nouvelle qui disait Sébastopol ruinée: c'est uue affaire de trois batteries. Les chroniques vont vite comme les nuages et les morts. ' • 1 Admettons mainŒuant que la partie des assiègeants est la meilleure, que leur feu supérieur g·ag·ne tle jour en ionr, d'heure en heure, et que la ville, sotis la terrible étreinte des artilleries liguées, ouvrira bientôt ses flancs déchirés et fumants, à quoi cela servira:t-il 't Les armées alliées, en $'engageant à travers les brèches, ne trouveront-elles que des cadavres, des ruines, et des g·roupes de veuves éplorées, de vieillards suppliants'? - Hélas! la brèche ouverte sera la dernière perfidie, la vengeance des Russes ! Les Russes, quand ils se défendent, l'expérience ne l'a que trop prouvé, pratiquent peu les façons courtoises de Fo1îtenoy : pour affamer les armées eunernies, iis brftlent des villes capitales; pour barrer passage a,,x flottes d'attaque, ils e1Jseve 7 lissent léuts Hottes an .fund des eaux, ils encombrent les ports. Ou peut donc, sans être par trop Cassandre, annoncer et prédire que derrière les brèches ouvertes, les mir,es cachées écluteront, tourbillons terrihles, emportant des phalanges entières, et que derrière ces ruines secondes, on trouvera les rues barricaùées, les maisons créuelées, comme à. S::ir1 agosse; ·un siège à l'i11térieur, muraille à muraille, borne à borne, ruine à ruine, tombe à tombe, voilà donc le le11dcmai11<le la brèche enlevée et <le la grande victoire. Ajoutez à cela, que les fortifications <ln Nord, intactes et respectées, car on ne peut les itivestir, ouvriront sur les légions de l'assaut, l..talet,;ntes et décimées, leur$ terribles vomitoires de fer etd-efeu. • Duns sa plus belle chance, voilà l'avenir! M. Louis Bonaparte oy1é de sa jarretière et fait Bourgeois de Londres - il n'était jadis que Coustable - a fait sa reotrée dans Paris; mais il emporte, dil-on, avec les courtoisies de la Rtine et de la Cité, l'autorisation de commander eu chef les deux armées d'Orient : voilà donc, les Auglais de ,velliug-ton qui vont servir sous le neveu de Ste.- Hélène.-- Cet homme exerce et poursuit, évidemment. une vengei:lnce implacable ! Mais ira t-il en Crimée ? Le typhus et la tempête n'arrêteront-ils pas l'étoile! César qui vient Je risquer un petit voyage, voudra-t-il tenter le long cours méditerrauécn, laissant Jerrière lui ses coteries effarées et des révolutions mal éteintes ? L'indépendance l'assure à travers -des phrases changeantes comme l'onde, et le Times le confirme, heureux, dit-il, de voir enfin se réaliser et s'établir l'unité du commandement. W ous n'en croyons rieu, quunt à nous, et voici potlrqu·oi: 'l'a1it que l'Autriche ne sera pas entrée dahs l'action commune avit les deux Puissances Occidentales contre la Russie, M. Bonaparte n'ira pas eu Crimée. Ses tranchées contre la Prilsse sont sur le Rhin, ses tranchées contre I'Autriche sont en Italie, et il ne peut pas s'écarter de la base des opérations possibles, tant que les <leux Puissauces, ( ou l'une du moins) ne seront pas militairement engagées. Les,Couféreuces de Vienne suspendues ou formées, condamnent .IH. Bormparte à teu:r g,ir11ison Jans Paris ;· et si l'Autriche, après de si l011gs débats, s'en tient, comme nous le croyons, à sa prudente ueutralit6, la guerre chaug·era bientôt d'allures, et le champ de mauœuvres s'éteu<lra. Peut-être, alors, en cette crise extrême, l'entendrons-nous répéter sa parole de Londres : '· tous ceux qui souffrent tournent instinctivement, " leurs regards vers l'o-:citleut" ce qui veut <lire, '' en un cas dori11é nous pouvons ;noir besoin de " l'Italie, de la Hongrie, de la Pologne; il faut " les hohorer d'un snuvenir dis.cret et d'une méla11- " colil'.'' Nous connais~ous, depuis lougtemps, ces diplomaties napoléonie:llles qui ménag-ent tout,·s lf's condoites et toutes les voies; mais noils sa vous aussi, ce qu'il y a d'arrèté, d'implacable coutre les nationalités, dans la pe11s~e de cet homme, et nous sommes certains qde s'il estjamais condamne à se ser\'ir des penp!es-révo!nt:ons, il les vendra! ,, Il ne faut pas oublier la Prnsse qui se démasque, enfin, et. commence à nous révôler par des faits, sa véritable alliance d'intérêts et de famille. Frédérick Guill,mme et son confident le g·énéral W<~del travaillent, on Allemagne, pour e11traîner la Confédération germanique dans la politique russe et contre le congrès de Vienne; ils ne lui disent pas qu'elle doit mettre en ligne ses conti11g·ents, et ses épargnes en circulation, nu compte de la Russie, mais ils l'eng-,1ge11tà rester neutre, ce qni laisserait derrière les Alliés pc1rtis pour l'Qrient le camp de Wallt-:instein, à q riclques lieues <les frontières du Nord. L'Allemagne, ajoute la Prusse, n'a plus d'i1-itérêts engagés clans la querelle qui divise l'Europe, puisque <les quatre conditious, les deux premières sont acceptées par tontes les Puissances et ronsenties par la Russie elle-méme. Les Provinces Danubiennes et If' g-rand rflenve garantis, s'ouvrant à noc; échanges, qnc nons importe le reste t C'est ainsi que l'on comprend, en Alle1nc1gne, le g·rand devoir de civilisation dont parlent tant· l~s alliés. Clwcun chez ·soi, chacun pour soi. }L Hamelin remplace M. Ducos au ministère de la Mariue, et le décret est daté de ,Vindsor, lieu de plaisance et de festins. L'autre datait dn Berlin, de Vienne ou de Moscou. L'Espag·ne er~est to11jo11l'snux propos révolntionnaires interrompns. P.spartero a communié d{i nouveau, dans la fraternité militaire, avec so11 étt>rnelle garde civique; et les Cortès, sous l'impulsion de M, .Madoz. semblent décidées à vot0L· la loi d'expropriation contre le clergé. Les anathêmes et l'excomunication ne se feront pas attendre. Quelques lettres de Pari:, ;rnnoncent gne la garnison a été Yiolèmrnent ng·ih'.~epar vingt-cinq nr-. restations, opérél:!s dans le corps des officitrs. 011 parle d'une co11spir:1tion organisée dans les r0~·iments, e"t qui devait éclat,·r pendant le voyag.;o: les jouma\JX fra11çaiti n'<'n disent rien, cela ne 11011s étonne pas; mais les journaux anglais se taisent également, et nous attendrons. Une nouvelle plus certaine, hélas! c'est qn'un des nôtres vient de mourir à Londres : Paul Dupont, proscrit de M. Bonaparte, s'éteignait sur,nn lit d'hôpital quand l'homme du pa1jnre se rendait en graud appareil au palais de ,vindsor. Ent:ore une tuche de sang· au livre de décembre! Ch. n.. VARIÉ'rÉS. LA GAULB TROIS SIÈCLES AV:\.~T J ÉSUS-CHR13T. Dans les républiques gr<'cques et italiques, le principe essentiel, aux belles époques, est la vertu civique, l'attachement absolu du citoyen à l'Etat. D ns la soci6té gauloise, les sentiments <lomiuants sont l"honneur, c'est-il-dire l'Pstime exaltée de chacun pour sa personnalité, et le cl(-_ vouement à l'homme qu'on s'est choisi pour sa personnalité, et le dévouem~nt à l"homme qu'on s'est choisi po~ir chef et pour modèle. A la guerre, les autres peuples combattent pour le succès, les Gaulors pour l'honneur. Ct>s hommes" simples et sans malice," comme rlit Strabo:,, réputent tous stratagèmes, toutes embûches indignes des. braves. Ils ne combattent qu'à force ouverte, autant ·par mépris de la ruse que par cet instinct d'action collective et sympathique qui les pousse aux grandes batailles comme aux granrles a'ssemblécs. Dédaigneux de la tactique et de tout artifice, ils dédaignent jusqu'aux armes d(•fensives ! On voit, clans les grandes journées, les plus jeunes et les plus beaux, dépouillés de leurs vlltements, étaler au premier rang leurs vastes corps blancs et nus, parés <le co!liers et de bracelets <l'or pour la fête des lances. Le Lacédémonien, si courageux quïl soit, s'lu1bille de rouge pour ne pas voir couler son sang; le Gaulois s'enorgueillit et se décore du sien comme d'une parure. Ce même point d'honneur qni rend les Gaulois :si téméraires au combat, qui envoie leurs vieillards à la guerre jusqu'au derni<·r souffle, fait chez eux de la vie priYée une lutte perpétuelle. Le duel, i11co11nuùcs Grecs et des Lati1,s, est 'chez enx un inci<lent de tous les jo;..rs. On se bat dans les banquets pour se disputer le morceau d'honneur, résen;é au plus vailla11t. On croise le fer, par ma- •nière <lejeu, après le repas; puis, le jeu s'échautfant et 1'amour-11ropre s'irritallt, on se battrait jusqu'à la mort :,;i les assistants ne se hàtaient de séparer les deux jouteurs Le duel est arri,·é à l'Hat d'im,titution judiciaire chez c nains peuples g:llllois, dans l'Ombrie, par exemple. Le point d'honneur cxpliy_ue ces mœurs si différentes de l'antiquité classique: mais cet enivrement de soi-même qui produit le point d'honneur, d'où vient-il? Le point i1·1ionneur explique le duel; il n'éxplique pas le suicide; il n'explique pas les étranges immolations volontaires aux llieux dans les solennités nationales, ni ces suicides biel\ 1ilus étranges encore, où le Gaulois, pour quelq11ei pi~ces '

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