J • YAR.TÉTÉS. LA GAULE TROIS SIÈCLES AVA~T JÉSUS-CHRIST. Lo caractère national se manifeste sous des aspects contradictoires dans ces repas nombreux et bruyants où se complaisent les Gaulois. Le banquet, ouvert dans l'expansion la plus cordiale, se termine souvent au milieu des rixes soulevées par l'hnmeur la plus querelleuse qui soit che7, aucun peuple. Et qui dit rixe, parmi eux, dit combat, et combat à mort : le Gaulois ne discute pas avec les poings, mais aycc le fer, et l'on ne peut pas même dire qu'il laisse aux femmes le combat de la langue; car la Gauloise sait fort bien intervenir avec d'autres armes dans le péril de son mari, et " ses grands bras blancs lancent de grosses pierres avec la roi<leur d'un catapulte." Il semble que les Gaulois 11epuissent vivre les uns sans !es autres, ni les uns avec les autres. Chacun aspirant à passer pour le plus fort et le plus brave, leurs prétentions s'cntrcchoc1uent sans cesse ; le sentiment cxcest;if de lP.ur valeur personnelle fait que chacun ticut peu de compte de son voisin, et que tous ensemble ont en grand dédain les guerriers des nations étrangères; et ccpenclaut ces hommes si dédaigneux sont avides, comme les Grecs enxmêmes, de toutes choses no11velles et lointaines; ill'I s'intéressent à tout ce qui se passe clans le monde. Depuis qu'on est sorti de cette snuyage époque cle séparation absoiue entre les races, où l'on immolait h des divinité:-; impitoyables les rares étrangers que le hasard où !a tempête jetait sur nos plages, depuis que l'humanité s'est éveillée ou réveillée, les voyageurs sont accueillis, fêtés avec une hospitalité sympathique; les tribus entières s'assemblent pour écouter leurs récits ; on les artête en plein champ pour les questionner avec une curiosité infatigable. Le premier aspect de la ville ou du village gaulois est ùur c.epemlant à l'œil de l'étranger \'Cllu des brillantes cités <lela Grèce ou <le la basse Italie; If voyageur recule en apercevaut des têtes d'hommes clouées aux portes de la ville et à celle <les maisons, à côté cles lnnes et des mufles d'animaux saun1ges, trophées <le la guerre rapportés au cou des chevaux et mêlés aux trophées de la cha..;se. 1\Iais les manières franches et ouvP.rtes de ses hôtc>s, leur cordiale simplicité, la propreté, l'espèce cl'élégance rustique des habitations et des vêtements remettent le cœur de l'étranger, et il finit par s'habituer à regarder sans trop de répugnance au fond d'un gran,l coffre, ouvert solennellement par le chef gaulois, d'autres têtes embaumées qui sont comme les archives de la famille, dépouilles choisies des chefs, des héros ennemis tombés sous les coups du guerrier ou de ,es aucêtres. Ces titres de noblesse, le guerrier qui les céderait pour leur pesant d'or serait déshonoré dalls toute sa nation. Des contrastes toujours plus étonnants se rhèlent à mesure qu'on pénètre plus avant clans les mœurs des Gaulois. Ces féroces exterminateurs, capables de tant de cruautés dans le délire de la victoire, sont toujours pr/\ts à s'émouvoir aux pljintes des opprimés, et ;1 défendre les faibles contre les forts; ils sont ù la fois na·{s et sagaces, ennemis de tout détour et pénétrant aisément les détours d'autrui, rucles et fins, enthousiastes et moqueurs, imitateurs et spontanés; ils passent dans leurs disconrs d'nne briêveté énigmatique et sentencieuse à une éloquence impétueuse et intarissable en figures ]iardies; leur mobilité singulière en ce qui concerne les personnes et les choses extérieures ne tient pas seulement à la vivacité <le leur imagination, mais aussi à leur indomptable personnalité toujours prête à réagir contre le despotisme du fait; cette mobilité cache une persistance opiniâtre dans les sentiments intimes et dans les directions es~entielles de la vie. L'HOJlME. Dans ce qui re~rrle la famille, la femme, le fond même de la vie morale et sociale, les contradictions semblent plus grandes que dans tout le reste. Si l'on accepte au piecl de la lettre certains témoignages, surtout celui du grand e( fatal advers11ire de la Gaule, qui d'ailleurs se préoccupa beaucoup plus de combattre ses armées q11e d'étudier à fond ses sentiments e::tses lois, le père de famille aurait eu, comme dans ln Rome primitive, droit de vie et de mort sur sa femme et ses enfants. Si un personnage considérable vient à mourir de mort s11specte, ses parents assemblés font mettre à la forture sa femme et ses enfants (le texte équivoque de l'historien latin semblerait indiquer que les chefs gaulois pouvaient avoir plusieurs ~pouses) : le c~ime prouvé, ils livrent aux flammes le coupable ou les coupables. A ces traits qni dénoteraient une barbare mais énergique constitution de la famille sous le despotisme paternel, les historiens en ajoutent d'autres particuliers anx peuples des iles de l'Ouest, et qui seraient au contraire la négation même de ce qu'on peut nommer l'individualité <le la famille naturelle, noyée dans une grande famille collectiYe. Lt-s sauvages habitants d'Erin (irlanrlais) et les Gaëls cle la Bretagne, leurs frères, auraient vécu clans une complète promiscuité, les enfants ne connaissant d'autre père que le Clan. Les Kimris de l'ile de Bretagne, ou, tout au - moins, certains d'entr'cux, en vuraieiH été à un degré intcrmédiai:·c, Yivant par groupes cle dix ou douze parents, avec femmes rommunes, et les eMants étant censés appartenir à l'homme qui le premier a connu la mère vierge encore. Aucune trace de ces monstrueuses aberrations, probablement beaucoup plus restreintes que ne l'inrliqueraient les historiens, n'apparaît dans la Gaule continentale, qui paraît en avoir été toujours préservée. Quant à ce droit de vie et <lemort, à cette espèce de tribunal domestique que César indique sans aucune explication, ce ne péut être qu'une loi spéc.iale, applicahle à de certains crimes dont la ven<l'eance est abandonnée au père de famille ; car :, d'autres coutumes, rhélées par le même historien, sont incompatibles avec l'esclavage 011 l'abaissement de la femme. Ainsi les parents de la fille lui donnent une dot; le mari est tenu d'y réunir une valeur égale ; le tout est administré eu commnn; le mari ne peut aliéner. ni le principal ni même les fruits qui en proviennent, et le tout, principal et fruits accumulés, appartient au survivant <les deux époux. On n'achète donc pas la femme en Gaule, co,nme dans certaines a6tres législations antiques: on se l'associe, et sa.libre personnalité se mai:i.ifeste nettement par la. propriété. Cc ne sont pas, certes, ,des esclaves écrasét:s sot)S de durs travaux ni d'oisifs instruments de plaisir que ces bellP.s et fières créatures, tant admirées des historiens, qui nous les montrent ép0uses si dérnuées, si bonnes éducatrices, égalant en force rl'âme leurs m:His, auxquels elles préparent <lesfils dignes d'eux. L'usage de la coupe nuptiale, tel qu'il apparait dans les traditions sur la fondation de :Massalic·, est le symbole le plus éclatant de la liberté uat:uelle qui appartient à la jeune fille cle choisir son époux, liberté depuis mé_connue, foulée aux pieds durant des siècles, dans les sociétés les plus ciYilisécs, par l'autorité paternelle dégénérée en tyrannie. Ce que les traditions snr 1\fassalie nous apprennent de cet usa(?e e5t coniplétl! par le dénoüment de l'histoire de Camma7 cette bdle prêtresse gauloise dont ]e mari avait été tué en trahison par un autre guerrier épris d'elle. Le meurtrier poursuirait la veu\·e de ses obsessions. C'était un chef puissant : il gagne ou intimide les parents même de Camma ; elle parait se rendre. Le moment des noces arrivé, clla prend une coupe d'or, fait une libation à la divi11ité qu'elle sert, boit la première" et tend la coupe au fia11ct!," Il la vide d'1111trait; elle jette un cri de joie: " Sois t6moin, chaste déesse, que je n'ai consenti à survivre à mon cher Sinat que dans l'attente de ce jour! Je l'ai vengé ! Je vais le rejoindre! Et toi, dis aux tiens qu'ils te préparent un sépulcre; car voilà le lit nuptial q11eje t'ai ùestiné !" La coupe était empoisonnée. I César nous a mor,tré la personnalité de la femme ganloise par la propriété : l'usage de la coupe nous a témoigné sa liberté dans l'acte le plus essentiel de la vie. Plutarque nous révèle son intervention dans certaines oc·- casions solennelles de la vie publique. " Avant de passer les Alpes et de conquérir la partie de l'Italie qu'ils habitent maintenant, Àes Gaulois (Kf>..ro,), divisés par de grancles et implacables discordes, étaient entrés en guerre civile. Les femmes, s'avanpnt entre les armées prêtes à se charger, prirent connaissance:: du différend, et le jugèrent avec t,mt d'habileté et de justice qu'une amitié admirable de tous avec tous s'établit dans chaque peuple et dans chaque famille. C'est pourquoi les Gaulois conservèrent dorénavant la couturne de consulter leurs femmes sur la paix et la guerre, et de les employer à apaiser leurs diflëren,!s avec leurs alliés." En effet, lors des prf'paratifs de la guerre de Macédoine, le bre11n (génét'al), partout où il :illait, convoquait les hommes et les femmes. HENRI MARTIN'. EM VENTE A l' Imprimerie et Librairie universelles, l!l, DORSET STREET, SAIN'f-HÉL IER (JERSEY) : Ou par commission à LOt'\Dl{ES, à la Librairie Polonaise, l 0, Grcek street, Soho Square. PROPAGANDE RÉPUBLICAINE. V .~ton· Hugo A •~011i§ Bosa~pa;rt~. Brochure in-16, 4d. (4 sous) l'exemplaire; 4s. (5 fr.) le cent. VICTOR HUGO. p~::i.~: à Jersey, au .13.rnquet du ~9 Novembre 185-t (2-te anniversairé de la Révolution polonaise), et à la réuuion du f24 Février 1855 (7e anniversaire <le la Révolution française de 1848). Prix : Un exemplaire, Id. (2 sous); cent, 4s. (5 fr.) Discours (su, le même sujet) prononcé à J ersry par L. J>JANCIAN[, proscrit italien.-ld. L , KOSSUTH Discours • . • prononcé à Lo11dres, à l'occasion de l'auniversaire de la Révolution polonaise.-Btochure de 20 pages, en français, 2d. (4 sous). 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