Soldats ùu Piémont! ga:·Jez bien mes paroles. Imbus de soupçons par la calomnie contre les intentions du parti i1ational, vous ne le comprendriez peut-être qu'11 moitié aujourd'hui. Mais lorsque percés de la lance d'un Cosaque, beaucoup <l'entre vous chercheront d'un œil mourant le sol.cil de votre Italie, quand vous penserez aux affections dont vous serez séparés, vous vous rappellerez la parole que moi, votre frère, je vous adressais avant votre départ, vous <lirez : cet homme disait vrai : il valait mieux mourir sous les bénédictions et les regrets dans notre p~. tric, pour la liberté <le l'Italie, qnc cla11scc pays t\t, anger en combattant des hommes qui ue nous ont point offensés, sans honneur et sous le sou1ire moc1ue11r de l'Autriche. Giuseppe 1\1-.\zzrxr. De tou_tcs les misères humaines, il n'en est pas de plus sacrée qne celle des captifa. Voici une lettre qui porte la plainte dt· Cayenne, et dont la date est ancienne déjà. Nous reg-rettor;isde n'avoir pu la publier plutôt; mais elle nous· arrive par l'/talia del Popolo, de Gênes, qui l'avait empruntée aux journaux anglais le f.,eader et le 1liorning Advertiser: Citoyen Louis Blanc, Au nom des martyrs républicains de 1848, et en qualité de déporté à la Guyane française, je m'adreôse à vous afin que vous révéliez au monde civilisé l'indigne traitement auquel nous sommes soumis it 2,000 !,eues de notre patrie, <laua uue colonie qu'on <lit française. Sans égard aux lois de la civilisation clu XIXe siècle, des hommes qni n'ont commis <l'autre crime que d'avoir été vaincus, après avoir pris les armes pour la défense de leurs droits, sont enfermés sur un rocher <le l'Amérique du Sud, sous un ciel ardent, et traités plus cruellement que les nègres. 8oumis aux travaux forcés, côte à côte, avec les criminels !P.s plus vils et les plus dépravés, ils subissent le régime des galères dans sa plus rigoureuse application ; ils sont forcés de se couvrir des vieux habits marqués des lettres Tl<' cle prisonniers morts, et le rnol. ignoble de galtrien est inscrit en majescules jusque sur leurs souliers. Comme les galèriens, on les d forcés ~ raser leurs cheveux, et quand ils voot à la messe, ils doivent s'humilier jusqu'à faire le s Jut militaire aux geôliers devant lesquels i]:,: passent. ' Comme les galériens, ils sont forcés d'exécuter, durant huit heures du jour, les plus durs, les plu1o dangereux travaux S<lnS aucun s:i.lairr>. Dans les Doclcyards, ils sont surYeillés et conduits comme des galériens, par les argou~ins qui les traitent de la façc,n la plus barbare. La nourriture de ces proscrits est celle des galériens, Penclant les premiers mois Je leur séjour, ils n'ont eu que du métuel et clu cou.ac, nourriture des anciens esclaves. L'argent que leur envoie leurs familles ne leur est pas remis. Sous le conp <les tourments de la faim, rles douleurs morales, de l'influence rl'un climat malsain, trente cinq hommes sur deux cents sont clevcnus <les cadavres et ont (té jeté;; a11xpoissons, car, «!ans l'i lôt Saint-Joseph, les priso11niers n'ont pas d'autre cimetière que les profondeurs de la mer. La prison, les chaines et un jcùne prolongé, telles 1;ont les plus légères punitions infligées sous le moindre prétexte à ces infortunés martyrs du droit. 8i quelqu'un d'eux ose faire une observation sur I"insolence des tyrans su bal cernes, gare à lui!...... il est immérliatement plongé en prison, attaché à un billot avec de grosses cordes qui lm étreignent les bras, le cou, les jambes et la poitrine. La durée de cette punition corporelle est de quatre heures par jour, pendant quinze au plus. Ce genre de supplice a été inventé par l\L D. Bounarrl, capitaine de vaisseau et gouvernenr de la Guy:ine,. en réponse aux plaintes des détenus politiques. Le même personnage a, par son décret du 29 aoùt, autorisé tout garrlien à tuer sur place tont prisonnier qui violerait la co11signe. L'argent et cc qui appartient à la victime morte à l'hôpital, tout est séquestré par les a~ents de l'administration, sous les ordres <le 1\1. de la Richerie, lieutenant de vaïsseau. Pendant six mois de l'année qui vient de s'écouler, les <1eux tiers des prisonniers ont été contraints à travailler couverts de haillons et les pieds nus. Aujourd'hui on pent dire littéralement qu'ils meurent tous de faim; et tandis que leurs geôliers et leurs bourreaux s'enrichissent clc leur travail, on refuse aux malheureux prisonniers tout salaire et les aliments cle première nécessité. ' Quelqu'iw:omplète, quelqu'imparfaite que soit cette JJeinture cle l'horrible positior1 des proscrits français à la Guyane, nous voulons cependant qu ·elle soit connue de tous les hommes honnêtes. TASSE LIER, Prisonnier politique, 1ransporté dè Juin 1848, qui ' a travaillé pendant quatorze mois comme ses compagnons d'infortune avec une chaine de quarante livres pesant, et un boulet de canon. VARIÉTÉS. RENAISSANCE. L'ère de la Renaissance. L'état bizarre et monstrueux, prodigieusement artificiel, qui fut celui <ln moyen àge, n'a <l'argnment en sa faveur que son extrême durée, sa résistance obstinée au retour de la natnre. l\Iais n'e'st.:.el!c pas naturelle, dira-t-on, une chose qu!, ébranlée, arr~chée, revient toujours ? La féodalité, voyez comme elle tient dans la terre. Elle semble mourir au treizième siècle, pour refleurir au quatorzième. l\1ê111eau sci.zième. siècle cnrore, la Ligue nous en refait une ombre, qui cout111uera la noblrsse jusè1u'à la Révolution. Et le clergé, c'est bien pis. Nul coup n'y sert, nulle attaque ne peut en venir à bout. Frappé par le temps, la critique et le ~rogrès <les idées, il repousse toujours en dessous par la force de l'éducation et des habitudes. Ainsi dure le m~yen àge, d'autant pins difficile à tuer qu'il es~ mort depuis longtemps. Pour être tué, il faut vivre. Que de fois il a fini ! Il finis.sait dès le douzième siècle, lorsq1ie la poésie laïque oppo_sa à la légende une trentaine d'épopées ; lorsque Abailard, ouvrant les écoles <le Paris, hasarda le premier essai de critique et de bon sens. Il finit au treizième siècle, quand un hardi mysticisme, d_épassant la critique même, Ùéclare qu'à l'Evangile histoncp1e su_ccède l'Evangile éternel et le Saint-Esprit à Jésus. Il fü~1tau quatorzième, quand un laïque, s'emparant des trois mondes, les enclot clans sa ComéditJ h11manise f• f ' ' t_rans1gure et erme le royaume de la vision. Et définittvement, le moyen âo-e ao-onise aux quinz,ième ~t seiz:èm.e siècles, ~uanJ y~npri~crie, l'antiqriité, 1 Aménque, 1Onent, le vrai systeme du monde, ces foudroy:rntes lumières, convergent lèurs rayons sur lui. Que conclure de cette durée? Toute grande iustitution, tout système une fois régnant et mêlé à la vie du 1110J1de d~re, résiste, meurt très longtemps. Le paganisme <léfail~ lait dès le temps de Cicéron, et il traine encore au tenP>S de J uliE:n et au delà de Théodose. 1 • , Que le greffier date la mort <lu jour où les pompes funcbres mettront le corps dans la terre, l'histoire date la mort du jour où le •vieillar<l perd l'activité productive. • Entrez clans uuc bibliothèque, demandez les Actâ sanct~'.·um <le lYiabillon, le grand recueil qui a reçu siècle par s1ecle, r.ouche par couche, l'alluvion successive de l'invention populaire, l'histoire de ces mil!iers de saints qui, selon le temps, les nuances enfantines de la piété barbare, ont donné à chaque pays le Dieu du lieu, le Christ local. Tout finit au douzième siècle ; le livre se ferme • cette féconde efflorescence, qui semblait intarissable, tarit tout à coup. " Les jésuites ont continué, dira-t-on; les saints surabondent dans le recueil des bollandistes." D'autres saints, les saints du combat, excentriques et polémiques, dont le violent mysticisme, qui vient secourir Jésus, l'épouvante et lui fait peur. Il recula en présence du délire de saiut François, vraie bacchante de l'amour de Dieu ; et la Vierge recula en présence de son cheval~er, l'Espagnol saint Dominique, qui pour ,elle, dressait les bûchers, organisait l'inquisition commencait ici les feux éternels. ' '< Ces véhémentes figures r.ontrastent, à faire frémir avec les vieilles figures bénénictines. Dans cette fréque~ce de gestes, dans cette fu~eur de paroles, la vultuosité du visage bouleversé, celles-cr, en regardant le ciel; ont quelque chose de ce qu'elles maudissent, de l'enfer et de l'hérési~. Ouvrez les conciles, vous trouverez même changement que àans la légende. Les anciens conciles sont généralemen~ d'institution, de l,égislation. Ceux qui suivent, à partir du grand concile de Latran, sont de menaces et de t~rreurs, de fa:ouches pénalités: II_s organisent une police. Le terrorisme entre dans 1 église, et la fécondité en sort. Ses derniers efforts ont cela, qu'en lui donnant des victoires, ils lui créent de nouveaux périls. Saint Bernard, son défenseur victorieux contre Abail ard, lui donne un triomphe apparent sur la raison et la critique. Par quelle force ? par le mysticisme qui, dès la fin du siècle crée les formidables prophéties de Joachim de Flore, l'en~ seignement de Jean de Parme, le docteur de l'Evangile éternel. L'art, eccl1isiastiq ue jusque-là, sous la clef dP,s prêtres maçons, devient alors chose laïque; il passe aux mains des francs-maçons, serviteurs mariés <le l'Eglise, dont les humbles colonies, abrités de son patronage, n'en élèvent pas moins da.ns des formes inrlépen<lantes ces édifices grandioses, où la poitrine de l'homme trouve enfin la respiration, avec le vague du rêve et la liberté des soupirs. E~t-ce tout ? Non. De la cré;1tion du gothique, qui ne soutient encore le temple que sur un pénible appareil d'étais et de contrn-forts, la Renaissance marche à la création de ! 'architecture rationnelle et mathématique, qui s'appuie sur elle-wême, et dont Brunelleschi donna le premier exemple dans Sainte l\Iaric cle Florence. L'art finit, et l'art recommence ; il n'y a pas d'interruption. Moins Yivace est h scolastique. Elle meurt pour • ne P,as r.enaî.tre. Ock~m l'achève en la replaçant au point o~ 1 avait laissée Abailard; sa s·uprême et dernière vie., to1re est de r~ntrer it s0n berceau. Que dir~ du moyen âge scientifique? Il n'est que par ses ennemis, par les Arabes et les Juifs. Le reste est pis que le néant; c'est une honteuse reculade. Les mathématiques, sérieuses au douzième siècle deviennent une vainè astrologie, le commerce <les carrés :nagiques. La chimie, sensée encore dans Roger Bacon, devient une alchimie folle, un dé)ire. La sorcellerie épaisit au quinzième siècle ses. fanta~t1ques ténèbres. Le jour baisse horriblemeut. Et 1] ':e faut pas croire qu'il renaisse avec l'imprimerie j ?lle ag~t lcnte~ent, nou~ le prouveron~ ; cette grande et 1mpart_1ale pu1ssa1:~e aida, d'_aborcl tous les partis, les enne.m1s de la Jnmiere aussi bien que ses amis. Disons nëttement une chose que l'on n'a pas asse?.: dite. La Révol_ution f:ançaise trouva ses formules prêtes, écrites r.ar, la p_hilosopl11e. La révolution du seizième siècle, arnvee_ plu,s d&<lenx cents ans après le décès de la philosophie .d alors_, rencontra une mort incroyaùle, un uéant, et partit de nen. • Elle fut le jet héroïque d'une immense volonté. Générations trop confiantes dans les forces collecti ,·es qui font la grandeur du dix-neuvième siècle, venez voir!; source virn où le genre humain se retrempe la sot1rce de l'âme, qui, sent que seule clic est plus qu; le monde <:t n'attencl pas du voisin le secours emprunté cle son salut. Le seizième siècle fut un héros. J. Mrc1tELE'f. Ce fragment est un extrait d'un livre de .J. Michelet qui vient de paraitre, sous 'ce titre : la Renaissance Ce volume coutinue l'œuvre historique si remarquable du gralld écrivain. N ons en rendrons compte dans un prochain numéro, La comédie du voyage en Crimée est à bo~t, C ' • p ' S' b l ! b e.,n es as a e· astopo, sous es o us et la pluie de fe,u que la prudente majesté va se rendre, c'est en _Anglt'terre, c'est à Londr.!s, (d'aucuns disent à. "\,V.mds~r). Les tapissiers de la reine travaillent, nmt et Jo,ur, ~ux draperies, festons et guirlandes. On veut prodiguer les grands honneurs à l'ancien constable de 1848 fait empereur par le crime. I! ne manque à cette horrible profanation de la fam1l~eet des souvenirs qu'un mort, le duc de \.Vellmgton. Sa présence, en effet, eût consacré l'ignominie de la rencontre. L'homme de Waterl00 le_ministre du long supplice de Sainte-Hélèn;· faisant salut et courtoisie au neveu de la victimd restée san:, vengeance! • Il n'y a que les maisons impériales ou royales pour oser <letels scandales et bafouer aiusi l'honneur et le sentiment. ,Ce voyage est apprécié par les masses, comme une in<lig·nité. Le peuple y voit ,une abominable oubli de 1~ _pudeur et des légitimes ressentiments, et les _rol.1t1ques d~ la b?urgeoisie déclarent qu'il' pour~ait bien y 1 av~ir tra~1s?n·. Quant aux propagandistes 11apoleomens, Ils rnsrnuent tout bas, dans les cabarets, qu'on va lever les plans ·avant la descente. , rra~dis que les deux têtes à grande couronne de l Occident vont coqueter et festiner, comme si les temps étaient à la joie, le nouvel empereur de Russie fait des appels ardents à ses nobles, à ses paysans, à ses armées, en l'honneur de la sainte p_atrie orth?doxe et barbare. Il continue la polit1que de ,N1~olas avec énerg·ie, et ses diplomates ne sont a Vienne q~e pour le paravent. Lè clergé russe sert de son mieux les vues et l'ambition de Pét~rsbourg : il fanatise les m_assesabruties par la servitude, et leur montre le Ciel, ce rêve éternel des pauvres. Que sortira-t-il de cette croisade acharnée? L'on n'exalte pas en vain les ignorances sauvages et les forces aveugles! si derrière les Pierre-L'Hermite du Niémen et <lu Don, il se trouvait un o-énéral à la Souvarow, on pourrait bien avoir s1r les bras a_vant lo?gtemps, la dernière <le ces terrible,:; inva~ s10nsqui, du fond du N or<l, ont si souvent débordé sur les pays aimés du soleil. . Que l' ~ngleterre ?e c?ml?te pas trop sur la force de ses alhances et 1 hab1lete de ses diplomates : Lord J ohu Russell serait-il doublé de Pitt, ne parviendra pas à, ~romper _la vieille diplomatie greco-slave, et, d ailleurs, s1 on laisse le temps à 1'01:ag-equi s'amasse l~-bas, dans les steppes, d'entramer tous ses tourlnllons, ce ne sera plus une guerre dans les règles, une expédition savante uu jeu-d'échiquier, comme en Crimée, ce sera Î'effroyable avalanche d'un monde. C'est là qu'~st le danger.' Mieux donc vaudrait au lieu de négocier éternellement, ramasser le;
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