officielle des peuples, les rois re:mis du premier choc, se relevèrent cntr'cux; et b guerre qu'on voulut éviter, éclata partout, guerre civil<':et guerre étrangère; le sang rougit les rues de Paris le-23 .T uin, les 11111rsde Rom~ le 30 mai; et le torrent coula par toute I' .Europe, par I' Aliemagne, l'Italie, la Hongrie; puis re/lua sur Pttris le 2 Décembre, ù'où le voiià inond:rnt la Crimée à faire changer de nom à la mer Noire. Les armées n'ont pas mauquf>, vous voyez ! L'appoint socialiste pactisait sans le vouloir avec la bourgeoisie par son sentiment philanthr0pique, son amour cle la paix, s:i passion économique, son zèle exclu,if pour les intérêts matériel,. et les réformes intérieures. Préoccupé surtout des souffrances du peuple, il songeait an travail et oubliait la ~uerre. 11 y avait alors, à Paris, de la faute du capital, deux cent mille ouvriers Fans ouvrage et cles millions d'antres en France qui faisaie11t crédit de trois mois de misère it la Itépnbliq U(.'. Prcs ·és par le mal, tiraillés par les mé<lecins, pnrtagés entre le~ remèdes, ies uns voulaie11t le droit :rn travail, les antres le Commnnis:-ne, ceux-ci le phalamtère, ceux-là la banque d'échange etc Tous variaient plus ou moins sur la sci,rnce, mais tous étai1n: d'accord sur la Révolution. Ils ne pournieut, ils ne devaiC'nt être' una11imes que là. li n'y avait que l'idée générale, c'est-à-cl ire généreuse qui pt1t les rallier tous. Si donc :dors, au lieu d'entraver le noble insti11ct, d"arrêtcr le premier élan du peuple, le pouvoir l'eût secondé ; si au lieu <le soutirer la foudre, il l'èût lancée; ~'il eut pm:é cette simple qllestion : Peuple Franç Lis,veux-tu clélivrcr le monde? S'il leur eüt donné pour drapeau de guerre l'insigne du trarni!, la blouse ou le tablier au bout d'une piqu~, tous n'auraient eu qu·un vceu, qu'un geste, qu'un cri: en ava11t ! Et le monde serait libre; et l'Europe Républicaine, débarrassée de ses roi~, aurait délibété en p::ix dans un Consril fédéral, dans un Sé.1at amphyctionique, dans un 'féritable Concile religieux, la question sociale, la grande el finale question du trarnil: question internationale, s'il en fut, qui ne peut se ré~oudre ni par ni pour un peuple, si libre et si savant <tu'il soit, mais par et pour tons les peuplt>s réunis dans leur savoir et leur Liberté. Comment en effet, un seul peuple délivré, écl:tiré, associé, organisé, ayant à lui seul tous lt:s hienfa·ts de la ltévolntion, QOurr:1it.il en profiter au dedans, s'il est f{êné, troublé, bloqué, ruiné au dehors? Si oa lui fait S-!ulcment concurre11ce avec de~ peuples esciaves, travaillant vingt heures po,1r un salaire '.le vingt sous par jour? que les amis de la p;iix, des réformes, des systè:nes, qn·~ ces nobl2s cœms, ces grands esprits, ces hommes clc scie11ceet de conscience, dé l,1b(ur et de bonne volonté en prennent leur parti; 1u'ils cherchent, fouillent, trouvent à la su(.'nr de leur front les solntions pacifiques pour l'avenir! C'cst bien. :.fais ils se tromneraient encore, s'ils voulaient les appliquer avant rl'avoir fait 1~ République universelle. Il n'y a qu'une solution pratique, po.,sihle, immédiate, c'est la République univer~ellc. Tl faut d'abord balayer la place, nettoyer le terrain. On ne sème p 1Eava11tde labourer. Les rois ne laissi'\rent j:tmais lii vérité prêcher tl'cxc-mplc, la Liberté rayonner en paix; et pentbnt la discussion et l'c>ss:,i des théor~•s, la réaction trnuvera toujours un instant de fatigue. d'impat,ence ou de déception, ré- ~nltat orclinairc c~ctoute éj>reuvc, et avec l'aide du dehors reprendra la place :iu dedans. Où les émigrés ont-ils trouvé un point d'appui! Chez les rois ·Etr~ngers. Tons les !Jeuples, à cette heure, ressemblent à ces hommes fabuleux cl'Hésinde, à ces héros doubles qui avaient deux bras pour les armes et deux bras pour les outils, Que les quatre bras com-- battent d'abord, l~s q,1,1tre b:as travailleront ensuite. La Fnince n'a pas résolu le prohlèmc et ne pouvait pas le résoudre et ne le résoudra pls avant qut- le monrlc soit libre. Il n'y a di, po.,sible 'lue C" qui cstjuste. Or, il n'eH p1sjnste qu'un peuple soit libre llll milieu de peuplts esclaves, heurrux :iu miliru de misérable~. JI n'en a ni le 1lroit, ni le moyen, ni le pouvoir. La loi d'ordre et d'harmonie qu'on nomme clien ne le permc>t pas. Dieu ne veut pas qu'un peuple puisse 1J1ettre tra:1quil!erncnt le pot-an-fen, quan,l les autres n'ont ni pot ni feu. Le droit d'abord, la marmite après. Chercl1ez ta jnstice, le reste viendra cle surcroît. N 011, dieu ne veut pas cle l'(goïsme qui est son antipode, qui est le mal, le rliahle, satan en pel'sonne, qni est la mort des peuples corome eellc des individus. L'égoïsme est le suicide. C'l•st la fin de Nft.t·cibse. Toute révnlution concentrée sur elle-même ~e dévore; en 93, Gironde et Mont~a-ne; 'en 48, bourgeois et sociali~tcs. Ce n'est p=1~le tout de s'affrnnP!iir, il f-nn affranchir les ai1tres. On ne pent plus se s~nvcr ni se perdre seul. Le s;ilnt ~olitaire, individuel et chrétien fSt fiui comme le paradis. Charité bien ordonnl!e comml'n::e par les ;iutres. Tout peuple qui veut jouir seul cle la Liberté est déjà esclave! Tout peuple qui ne vit pas pour les autres est déj,1mort ! Les droits de l'homme disaient Jans nn sens civique: il y a oppression contre le corps social, quand un ~eul de ses membres est oppri:né. Nous <lisons, 11ous, il y a oppression de tous le~ peuples, quand un sen! peuple est opprimé. Le même devoir, la mêmP. loi morale qui ohli~c l'homme à secourir l'homme 1fans la cité, oblige un peuple à secourir un peuple clans l'humanitf. Les peuples sont les citoyens de la gr:1ncle cité h ...maine. Assnvir les uns, c'e~t asser-vir les autres. L'incendie qui atteint le prnchain nous menace. N ou~ aurons he1u dire comme l' Irian. d~1s : ne bougeons pas, cc n'est que le voisin qui brûle; nous brûlerons après lui. L'Europe tremble du Czar, pour n'avoir pas défendu la Pologne. Le devoir, c'est l'intérêt. C'est là une vérité de proverbe, une sagesse d'instinct. Le clemi-sanva~e Bolivar, après avoir fait la République en Colombie, comp1rit qu'il fallait la faire au Chili, au Pérou, au 1\Iexiqne, par delà les Andes et rejeter le roi cl'Espa1{ne en - Espagne. Louis Philippe même, l'inventeur breveté du " Chacun ch:•z soi" l'égoïsme couronné a fait autant de roya:1tés constitntionnellcs qu'il a pu, en Belgique, en Portugal, en Espagne. Les écritures le tHsent, le bon sens le veut, l'histoire le prouve. Hors de la solidarité point de salut. Poin~ de vie pour un peuple hors des pcup'es ! Point d'avenir pour une République hors de !a République uuil'l:rselle. Compatriotes de l'exil, concitoyens de la grande patrie, nous swons donc bien maintenant cc que nous avons à -faire, ce que nous n'avons pas fait, la République universelle. Si nous n'a1•cns pas été solidaires dàns la fortunt-. nous le sommes pour le malheur. Nous avous été vaiucus ensemble, J1ons ~ouffrons ensemble, nous sommes enfermés ensemble, ici, cla11scette île, dans cc Cercle de Popilius, comme pour mieux nous connaître, nous apprécier et TI"Us associer, comme ponr mieux concevoir par l'expiation commune de notre fautC', l'unité de notre cause et Je notrn triomphe à venir. Dn contact de nos peines, de nos regrets, de nos esp(~ rances, jaillit plus lumineuse encore l'idée de solidarité. Jloc Sig110Vincrs, Et cependant qni le dirait? hormis certaine sympa:hie de bienzé.mce, il n'y 1 encore ni concert, ni entente, ni union entre nous. Nous sommes dans la défaite ce que nous étions dans la vie.aire, sa11slien véritahle, sans combinaison d'effort, sans com111nnauté<l'action. Nous aYons le même but sans les mêmes moyens. Toute chine brise et morcelle, on le sait. Nous, encore plus partagés s'il se peut qu'avant de tomber, nous sommes réduits à l'état de poussière et de nfant. L'un pe~1se à la chère Pologne:; l'autre, à la_chère Italie ; l'autre, à la chère llonirrie ; l'autre, il la èhère F1•ance ! Peusons donc tous à l:i chère Révolution ! Si la solidarité est dans nos cœurs comme sur nos lèvres, et uni n'en doute, qu'elle soit aussi clans nos actts ,1 N'en fKissn~ pas seulement des compresses d'élo11uence, et des eataplasmes <lestyle dans les journaux et les meetings ! Q1:'elle soit autre chose qu·une charpie ofücielle et un baume <l'apparftt sur les plaies de l'exil; qu'elle inspire, qu'elle anime, qu'elie dirige notre conduite ! Assez de mot<;, des f:1its. C'est à l'œuvre qn'on connaît l'ouvrier ! Hommes d'action, agissons; hommes de ~olidarité, agissons en commun ! Sortons de notre isolement et de notre faiblesse ; réunissons nos têtes, nos mains, notre bourse ; les plus pauvres· comme les plus riches, ce~x qui représentent le travail contre le capital, comme ceux ']Ui représentent la patrie contre l'étranr~er; mettons tout à la masse, argent et sang, chacun cc qu'il pourra. Ne soyons pas moins frères 11ueles rois! L'impuissance est un crime venant de la division. Ce sera un remord~ ét.,rnel pour nous, d'avoir laissé passer déjà sept ans tle malheur et de honte sur 110spauvres patries, ,le n'avoir pas fait balle tous ensemble contre le principe du mal, le lendemain même du coup d'état. Ch'tqne jour entasse une calamité, une responsabilité de plus sur nos fronts. Agissons aussi ~érieusement, utilement, glorieusement. Si le but est solidaire, le moyen doit l'être aussi. Nous devons concilier nos plans, concerter nos r,·ssources, confondre nos forces et porter nos coups, là où l'elfot sera immédiat, décisif et général. Lai~sons de côté toute rancune, toute envie, tout orgueil et tout égoïsme national. Ne voyous que l'ho11neur et !'11va11tagede tous. Or, la main sur la conscience et de bonne 1oi, où l'action doit-elle être la plus efficac!!? Certes il n'y a p:1s de peuple choisi, de peuple privilégié pour la Révolution. P,1rto11toù elle peut s"allu111er,le droit et lt· devoir pou:- tous, est dt! la souffler, de l'étendre, de l'augmenter, <lefaire, s'il se peut, l'inccnclie <l'une étincelle. Pour notre compte 11ousuons sommes mis il la cli~position de l'Italie dans l'affaire de >Iilan. )fais il pent y avoir des tentatives stériles, inutiles, impossibles, et il convient de savoir par où la ltévolution doit le mieux réttssir. E.h bien! quoique Français, nous n'hé,it«>ns pas à le dire. La Révolution pt!ut surtout réussir par la France ; c't:st encore la France qui est le meilleur terrain pour la Re1·olution. Ce n'est pas de notre part, croyez-le bien, une question de vanité, d'a ourpropre ou d'intérêt patriotique; c'est une questio11 de force, de po,,ition, d'opportunité. Ce so11t des faits à constater, voiià tout? .Est-il vrai que la France est le premier pays rl'Europc qui ait fait sa révolution unitaire, et qu'on dit la France, et non les Frances, comme on dit encore les Russies, les Espagnes, les Allemagnes, les îies Britanniques, etc.? Est-il vrai qu' ain~i la France ayaut le plus d'unité politique a le plus de force rév(1lution11aire ! Est-il vr:ii que la France par sa position centrale, communi,1uc à la fois ses secousses à l'Europe du midi et du nord? Est-il vrai que depuis cinquante ans au moins, quand la Fr:tnce est en révolution, l'Europe avance! qu:ind la France est rn réaction, l'Europe recule? qnaad la France est en gu~rre, l'Europe -se bat? quJnd la France est en paix, l'Europe se repose? Et ce ljUi est vrai de l'Europe pour la France, est vrai de la. France pour Paris. Un proverbe a~sez trivial exprime bien cette influence t!e Paris sur la France : quand Paris éternue la France se moud1e ? Disant la France, nous disons donc P:iris. En 93, Pa,i!I aV11it contre lui l'Europe et l·a Fra11ce, guerreeivile et étrangère; Paris était pour la Révolution, et la Révolutiou l'e111porte. En 1814 et 1815, so:.is l'empire, Paris est pris ùeux fois, deux fois la Frn11ce ~~ rend. En 1830, Paris cha,sc la légitimité, en 184•8il fonde la République ; et la France se fait Con~titutionnelle, puis Ré!)ublicainc. Au 2 Décembre, quarante départc:neuts s'insurgent, Paris s'incline sous la force et la Révolution succombe. E~t-il vrai que la ltévolution faite à Varsovie ou à Rome, il Pcsth ou à Vienne, à Lyon ·ou à Lille peut n'être pas faite :iilleurs? Voyez l'Espagne! S:i Révolution n'a pas soulevé un pavé autre part. A rort ou l", raison, une émeute à Paris fait plus d'efièt qu'une révolntion à ::'lladrid. Est-il vrai que vous célébrez en Février tont le mouvement de 184·1:!? • Est-il vrai que vons le célébrez la plupart en langue française? Est-il vrai que les con~é4uenci:s de notre faute sont tellt>"s,que l'Europe est aujourd'hui esclave, tandis qu'elle serait libre si nous avions fait notre devoir? Est-il vrai, que même à cette heure, la France trafoe à sa remorque toute l'Europe dans sa crois:i.cte contre le Czar, l'Angleterre et le l'iémont, les grands et les petits, l'Orient et l'Occiclent. L'Autriche, dont on exa;èrc tant l'importance en exil, n'est-elle pas devenue son satellite? La Prusse rnê1:1e. dont la politique double comme son aigle, a u11etête à l'est et l'autre à l'ouest, atin de voir cle tiuel côté vient le vent, n'entrc-t elle pas déjà tians l'orbite? Celui qui mène la France en !esse, ne force-t-il pas aristocraties et monarques à être ingrats et absurdes, à marcher ù. sa suite contre leur princtpe. le\U· intérêt, leur honneur, à aider le tyran de fortune, le c~5ar d'occasion, l'empereur d'aventure, le parvL•nn <le la Révolution contre le parangon de l'ordre, de l'autorité, de la légitimité et de l'hérédité? N'est-il pas partout a à cette heure, dans la mer Noire, dans la mer Blanche, clans la Baltique, à Rome, à Athênes, à Coustantinople, à Loudres même? Ponrq 11oi, comment? par l'influence, par la puissance, et la force de la France? Donc la Fr.rnce libre, c'est l'Europe libre. Enfin, est-il vrai que le peuple de France, le peuple révolutionn:tire n'a jamais démérité; quïl a toujours protesté, lutté dans ses plus mauvais jours, jusques sous ces Bourbons même que vous, peuples d'Europe, vous lui aviez imposés; qu'il a eu ses représentants dans to..ite révolution, Fabvier en Grèce, Carrel en Espagnti, hier encore Laviron à Rome? Qu'il s'est insurgé le 15 Mai pour la Pologne ? Trouvez donc clans l'histoire un second peuple qui se révolte pour les autres ? :Mais o..i nous dit: le peuple <le France a fait son temps. Il est tombé en sommeil, en léthargie, en catalepsie ; il est mort! Oh ! si cda était, malheur à tous! Mais n'en croyez rien ! lui mort, pas plus que le soleil un jour d'éclipse, pas plus que le Vésuve un jour de repos! Le volcan ne flambe pas toujours. C'est au moment qu'on le croit éteint, qu'il jettf' à peine de fumée, que les imprudents dansent eur ses laves fig~es et bâtissent sur ses cendres froides, c'est quand on s'y attend le 111~ns, quand on dort dans les palais d' Herculanum et les temples de Pompéia, c'est alors qu'il rallùme son foyer, <1u'il entr'ouvre son cratère, qu'il lauce s~s flammes et enveloppe d,.ns un suaire de feu, templei et palais avec leurs habitants ! N'est-ce pas clans le triomphe d'Alger que le peuple a surpris Charles X? N·est-oe pas dans les tropi1ées cl'Isly qu'il a enseveli Louis-Philippe? Qui sait, s'il n'attend pas la prise de Sébastopol pour terrasser Bonaparte, comme pour prouver aux vaint1ueurs l;. vanité de leurs forcés, comme si, dans sa magnanimité de Lion, il n'attaquait q11el'ennemi debout, armé et triomphant. Ne <lés-espérons donc pas da peuple français. Demandons aux Hongrois où ils veulent que la Révolution commence, après la Hongrie bien entendu ! ils répondront en France ! Demandons aux Italiens, même réponse ; aux Allemands, même réponse! Donc c'est en France qu'il faut faire la Révolution. Car la llévolntion faite là, sera faitB partout, oui, partout, excepté en Angleterre. Frères d'Angleterre, d ïrbnde et d'Ecosse, nous devons vous le dire, vous d:.Jllt les ancêtres ont été les premitrs, vous serez, si vous n'y prcmez 1;arde, les dernit!r, en révolution. Vous avez voulu vous associer, cette année, ù notre commémoration révolutionnaire. Vous avez eu même la bonne idée d'aggranclir encore ce grand anniversaire, en céléhraut non seulement le réveil de la rrance, mais au~si eelui ùe l'Europe. Yous avez voulu avoir la même ftlte et h meme foi, la m&me cauie et le même dr11peau, le même droit et la mêml! charte 'lue nous tous; vous êtes sorti,, de votre séparation insulaire, de rntre protestantisme politique et religieux, vous ne dite;s plus : Die,:, t!t mon Droit, m~is dieu e~t notre droit; vous avez Youlu communier à la table de l'e:-cil, rompre avec 11011s le pain dur des bannis, fraterniser avec les pro~- crits, vous pro ét i·res anglais, proscrits de vos droits dans ,otre propre patrie, b11.n .is de votre souveraineté et de votre proprié1E, exilés dans la m.s~re et l'ignorance, vous esclaves <lu besoin, de l'erreur, dn chômage, de la prste et Je la faim, vous opprim&~, dominés, possédés, prostitués, exploités, cxécuU:s corps et 11111__., corps et biens par une- poignée de seigneurs, vous sucés. mâchéb, avalés tout vifs par ces mangtmrs de moelle, vous comprenez en tin que vous avez le même ennemi qnc nous et vous l'Cnez .:t l.1 République! ::\lieux vaut tard que jaunis, salut et fratcrnit& ! Voilà l'alliauce entre l'An:.;!eterre et la France! Car nous le d,•- mandons, où serait l'alliance vraie, si elle n'était à cc h~nquet frat~rnel? BIie n'est pas à coup sùr entre le Judas des Tuileries et les Shylock du Par:e nent,'.emre les traîtres et ce tr:IÎrrc et ùeuü qui jouait au plus fin et au pins fourbe, entre le successenr dc, Bonaparte qui se venge de \\'aterloo comme il peut en <li!truis11nt l'armée anglaise clan5 le guet-apens de Crim&c et les succ;!sseuri; de Pitt qui oppos12nt le César a1.1Czar, eu attendant d'o1iposer le Czar au Cesur? Non, nous l'avons dit souvent, il n"y a Ùi qu'ambition, avidité, perfirlie, calcul, opprobrn et désastre pour tous, Non, l'alliance véritable, honorable, profitable, imm1ial,le, fo:1dée. sur les seules hases solides, sur les trois larges principPs répuhlicai11s LlllCl!Tf:. EG.UtTi:, FRAT~R:<ITÉ, il n·y a de ~o!iclc qHt: ce qui e~t large, l'alliance univer~Plle qui accorde to•Js lt>s<lroit~, tous les besoins, tous les intérêts, l'alliance éternelle q·.1i,!cfit u11ir ensemble les cieux peuples à tous les· antres pour toujou:-s, saa,; nul doute, cette seule Sai11te-Allia11cc ne peut se foire qu'ici, aujourd'hui entre nous. !\lais voici ùquellescondit:ons! Part de 80nf:.. trnncc ne ~ul1it pas, il faut apporter t.ussi ia part de sacrifices et d'et. fort~. Qu'ave:i-vous fait pour les proscrits? Rien. A.u plus mauvni1 temps de vot:-e monarchie, sous le catholique Jacques Il que v 0 • pères ont cha~sé, les protestants anglais firent tout un b..idgrt, une souscription de ·H mille livres C'n faveur des prosc;·its de Louis XIV. Bt, aujourcl'hni les proscrits de la tyrannie européenne, loin de trouver les ressources cle guerre, n'ont pa5 mê:nc obtenu de vous !c pain du tra1·ail et ~oat contraints cles'enfoncer de p'ns en plus dans t'exil, d'aller au-delà rl~~mers, sur les b:i.:eaux <le votre rci1:e, dl'11ia111!cr à vivre aux Amcricain~. Ceux qui ont cru le plus géi:érc11sc111entà la démocratie angl<1i!:c en désr~pèrcnt. Q.u'avez.vnus foit pour vouS-TJll'!llC~?H,il'll. \"ous pnu,·l'z ,·ou1o réunir, vous entendre, vous concertrr lii.irement; 1•ous n'avc;,: contre cc droit, n1 loi, ni armée. 11aiJ 1111 bâton cle policem:m vous arrête. Tou~ les peuples ont fait un e!fort pour la P..évnlution honnis vous. Vous SPtnhlez si loin de le Youloir, qu'on nous laisse impunément vous dire ces vérités. ,\h ! li ne s111lit pas de prendre le thé trnnquillemcnt, ou rl'ern•r par Ls rues E:11 bnmle,; faméliques, il faut agir. Ponr s•a~~eoir à ci',t6 de8 hie:,sé8 de Li Démocratir, il font arnir combattu ou ~•(•ngager il co,11b::ittre. Si clone vous êtes prêts, soyez les i>Ït'n-vcnn., onvril'rs c!J la dernière heure, et merci de votre co:,cours ! Pour être tarrl il l'œuvrc, vous n'en avez que plus;) faire. Votre tâche en cet d'autant plus grande et plus rudl'. Il vous faut n:doul:ler de volonté et d'activité; vous avez à faire une ruile hesoo-nc. Vous êtes en face d'une aristocratie plus puissante qnc les rois. :Malgré les np. pare11ces monnrchiques, malgré les King Sfrect et les C/1t11mSq1u1n, qnand on foule le sol de Londres, on sent que leLono--Parlemcnt a passé p:ir là, que votre monarchie n'est i·ien et que ~'otrc aristoc~atic est tout; que c'est_ là une monarchie à ce11t têtes, plus v1~ace et plus <langereu~e que les autres; qne c'est l'hydre qui fait peau neuve et se renouvelle sans cesse, qui enlace le monde clans ses cent replis et le dérnre dans i,cs cent gueules. Les ari~- tocraties ont toujours été des gouvernements forts. Yovc1. Rome dans l':intiquité, Venise au Moyen-Age, I' Ang-leterre :11;jourd'hni. Ces gouveracments-là n'ont pas les clé!'.tiUa11cesdes i1!divid11~ comme les royautés, ni les vicissitudes des masses comme dts démocraties; ils ont à la fois la tradition des monarchies et l'i11novation des ltt;:publiques; c'est là leur avantage spécial, Ari~tocrat_ie ~éoù:de et marchande, du_ coton et de la terre, V✓hig on Torte, ils se succède11t et se contmuent avec un esprit de suit~ et d'initiative en même temps qui fait leur durfo et leur force. Souvenez-vous qu'ils ont enrayé déjà une fois la Révolution, soul'enez-vous qu'ils ont étC!la pierre ù'achoppemcntdc la Révolution. Souvenez-vous qu'ils ont fait ving-t-cinq ans de guerrl', dépensé cinquante milliards, soudoyé quatre mihions d'hommes, soutenu dix coalitions, équipé armées et flottes sans nombre pour aomprimer la Révolution! Souvenez-vous quïls ont fore(\ 111 Rtvolution à combattre, à dévier de sa voie pacifique, à devenir militaire, à produire.- Napoléon Ier. qui nous vaut Napoléon III! Souvenez-vous que votre aristocratie sera encore l'ennemi mortci, l'oostaclc fatal, si vous n'y mettez ordre; que nous aurons raison du Pape et du Czar ,Lvant d'avoir raison d'elle; que uous ::1.11ron~ encore à livrer contre elie notre dernière bataille et que la Ilèvolution sera peut-être étouffée une fois àc plus ~ous le b.LC de laine de \Vestminster. Hcnrenscment enfin que vous êtes nos a Ilifa désormais et que vous combattrez comme nous. Heureusement snssi qne votre aristocratie ~e fait vieille après tout, que sa tête branle, que sou bras trcmble, que ~es rlucs de fer sont morts, et que ses ducs en vie sont de for-blanc; henreuscment que ses hommes d'Etat sont chauve~, et ses capitaines imberbes . que le temps et la guerre prouvent enfin l'impuissance et. la faiblesse de CPS deux enfances, que les signes sont dans le ciel, que la crise est proche; que l'heure sonne; que la grande voix qui annonçait jadis le clép:irt des Dieu1:, venue d'écho en écho du foud de l'Orient, commence à s'ôlever aujourd'hui sur les bords de la Tamise, à rouler sou~ les arches du vieux pont et à pousser aux pieds des tours du vieux palais, ee cri fatidique: Le11'Lo1"ds s'c11 ço11t ! Oui, les Lords s'e11 vont! mais poussez-les ! Ils ch11ncellent : qu'ils tombent et qu'ils ne se relèvent plus! Ils ont Ill vie dure: abattez-les, achevcz ..Jes! C'est votre contingont. Que lefleu-ve les charr:e avec les glaçons de la débacle, avec les neiges fondues et les boues clég-elée3 ! N cttoyez les étables du West-End '. Sinon, nous aurons encore,l'or des banquiers et le fer des Cosaques, Gog et :'.\1ago,.,. avec Saint Nicolas, toute l' Europr. et vous-mêmes recrutés :è 1Jressfls contre nous ! Quant à uou&, Républicains Démocrates-Socialistes Français, 1/0ici, pour finir, nos engagements clans le Traité d'.Alliance: Nous répare.rons notre faute ; nous l'arnns reconnue, c'est tont di-re. Nous att:i~iuerons, le jour même de la Révolution, pour n'être pas :ittaqué~ le lendemain, pour avoir le bénéfice du premier coup. Oui, le jour même, nouR publierons ce· nouveau manifeste, répar:iteur de l'ancien : "Au nom du droit éternel, universel, la République Française ne reconnaît pas <lerois ; elle ne reconnaît que la Souveraineté des l'euplès. Tous les Peuples sont maîtres de disposer d'eux-mêmes, selon le besoin de leur nature et dans la plénitude de leur volonté. L'insurrection e!st ·le droit d~s peuples esclaves, la Solidarité le devoir des peuples libres. La France, libre, entreprend donc la guerre pour les op,primés et contre les oppresseurs; elle ne veut ni conquête ni tribut. Après la victoire, les peuples libres et fédérés fixeront eux-mêmos la contribution de chacun, suivant ses rcs.ioutobs, dalls les frais do la. guerre. -Oni, I\Otts le jnrons, nous ferons la guerre sitr ces c!:tuses, rnns
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