8 mars 1855. Malgré la police, les portiers affilliés et les ciuq Jn six mille coquins qui font ù tant par jour le triste service <les délations, on a célébré l'anniversaire <lela. Révolution de Février dans uos faul)Ourgs. Réunis en familles de huit ou dix citoyen~, les ouvriers ont fêté la grande date, qui est ponr eux un sonYeni_r de relicrion, et si les démonstrations publiques ont fait ,défaut,bles catacombes ont prouvé que tous les républicains ne sont pas en exil ou morts. Les funérailles de Dupont (de l'Eure) ont été une occasion nouvelle de manifestation quoi qu'il n'y ait pas eu de discours sur la tombe. Cette fois, c'étaient les politiques du parti qui passaient leur revue, et s'il y avait, à ce convoi, bien des fautes représentées et de criminelles erreurs, on n'y comptait pas du moins d'apostasies au nrofit de Déce'Ilbre. Le gouvernement s'est f 1rt inquiété de cette démonstration funèbre, ainsi que <les réunions civiques organisées dans les quartiers rle Paris. Il a même fait arrêter, dans un département, dix-huit ouvriers qui avaient commis ce o-r:ind crime de célébrer cntr'eux l'anniversaire de la b catastrophe. Tout ce qui ra1)pelle cette date n'est-il pas en effet une injure pour l'hommi; qui a trahi l'honneur, la loi, le ~erment, et qui écrivait, il y a six années, cette déclaration, devenue sa tache éternelle : " Sans autre ambition que " celle de servir mon pays, je ne puis et ne veux reven- " cliquer que mes droits et ma qualité de citoyen français. " l\Ia vie entière sera co11sacrée à l'affermissement de la ·" République ! " On ne parle plus du départ <le M. Bonaparte pour la Crimée. Depuis que Nicolas est mort, toutes les espéran- .ces sont à la paix, (une paix problème !) mais d'un autre côté, l'on craint beaucoup pour la fragile alliance entre la France et l'Angleterre. Les bourgeois redoutent une scission qui nou" livrerait à toutes les aventures, et le p<-mple rit volontiers de ces alarmes qui agitent la caisse et les ventres. Le fils cle M. Jérôme, le grand coupable de la brochure ôelge; est, t0ujours, aux: arrêts forcés. Ces façons- là sont cle la pure tradition impériale, et M. Bonaparte troisième a grand soin de garder intactes toutes ces pré- -rogatives de chef de dynastie, surtout quand il s'agit de pénalités. Il n'a pas encore son Lucien, l'exilé <leRome,• les fils de ce dernier qui se disaient républicains n'étant j>lus que poussière; mais il se venge sur le cousin-héritier et il le chàtie pour faire l'empereur. Cette- petite comédie amuse les salons et divertit les casernes. Hélas! quel temps! Dans sa dernière visite an camp de Boulogne, M. Bo11aparte voulait adresser une allocution de guerre à son armée du Nord : mais il a gardé le silence, et pour cause. L'Ano-leterre n'étant pas encore décidée à rompre ouverteme~t avec la Prusse, lord Clarendon a prié le grand allié des Tuileries de retenir ses phrases et ses aigles contre la monarchie du grand Frédéric. En revanche, M. BoHaparte a parlé de la presse et de la tribune anglaises en termes du dernier mépris,. et il a déclaré que si l'on ne baillonnait pas ces bavardes, il serait obligé de refuser concours et d'opérer seul en Crimée. la presse et la tribune sont les deux grandes ennemies de tous les malfaiteurs. Un fait s'est passé au camp d'Helfaut qu'il est bon de signaler comme e:xemple et preuve de la prospérité publique sous le Bonaparte. Les pauvres tr.ivailleurs de la campagne, poussés par la faim, encombraient chaque jour les avenues, et les ·soldats leur donnaient, sans trop se cacher, une part de leur ratiorl. M. Bonaparte, apprenant le crime, a donné ordre q11eces fainéants fussent chassés, et qu'il n'y eût à l'avenir aucune relation entre la campagne et le camp. :l\'[. Bonaparte a peur de tout contact entre le peuple et l'armée. Qu'arriverait-il, en effet, si les uniform(ls et les blouses venaient à s'entendre? L'empereur d'Autriche a fait dire à son cousin des Tuileries que s'il allait guerroyer en Crimée, lui, François-Joseph, se trou\·erait en grande perplex_ité. - "La " République peut se lever derrière vous, écnt le Cheva- " leresque, et alors mes plus ~elles pro~inces, It~lie, " Hongrie, tombent en Révolut1cn, ou bien Henn V, " Yous étant mort, remonte sur le trône de ses pères, "fait alliance intime avec la Russie, et l'Autriche, alors, " se trouve seule dans le monde avec l'Angleterre épui- " sée. Sire, ne partez pas ! " De ces deux revenants, il y en a un, en effet, qui pourrait bi':!n faire son app~rition, que M. Bonàparte aille ou n'aille pas en Crimée: mais l'autre u:est qu.e l'ombre ~es ombres ; il faudrait, pour le.galvamsor, deux: cent mille Cosaques dans Paris. L'IlO111\1E. .,-------------- MEE'rING DU 24 F:èVRIER A LONDRES. Nous publions, ainsi que nous l'avons anuoncé, le discours qu citoyen Alfred rra landier et la lettre du citoyen Safü. Ces de~x piè~es diffèrent_ profondément, quoique la meme tribune les ait accueillies. l\Iê:}isle grand devoir <le l'exil ne s'appe11e-t-il pas Liberté ? C'est ainsi, <lu moins, que nous le comprenons, laissant aux consciences souveraines le soin d'apprécier et de ju·ger. Lettre du citoyen Saffi J'ai reçu votre invitation d'assister et de parler au meeting, qui aura Iieu le 27 prochain, en commémoration du mouvement ré - volutionnaire de 1848. Je suis tâché ùe ne pas pouvoir m' y rendre personucllement; Mais, puisque vous. ave~ b!en voul u me faire l'honneur de m y appeler comme patriote italien, ayan t pris une part quelconque à la cau_se de l'émancip_ation_ de ma patrie, et, par elle, à la caus~ umversellc de la hbertc et de l a civilisation; c'est mon devon· envers mo11 pays et envers me s propres convictions, d'exposer, dans cette circonstance, que_l le est ma ma11ière d'envisager la Révolution, quels sont les prmcipes, les vœux, les espérances, qui_ ~n~ment ma vie, d~vant 1 ~ grande lutte du siècle contre les pnvileges et les pouvoirs qm empêche11t le développement normal de la société chez les na - tions < urnpéennes. . . Je ne me poserai pas comme représentant,. ou fa1sa,nt_part!e d'une représentation quelconque de ma patne dani I exil. Ce n'est pas un individu, ni quelques individus, loi~ de }eurs foyers , qlli pourraient représenter à notre époque,_ les mtérets- vastes et compliqués, les _as~irations, rn _grande pa~t1e encore latentes, d e la vie d'une nation ou des nations travaillant à se dégager de s liens du passé. Les mdividus peuvent, suivant le~r C~J!acité in - tellectuelle lenr force sympathique, leur bonne foi, sa1s1r plus o u moins exa~tement, d'un côté quelquf.s lignes générales, d e l'autre, quelques tendances particulièr~s du gran~ mouvement d e l'histoire vivante des peuples; étudier et suivre, chacun dan s leur sphère, les lois et les exigences du véritable progrès d e cette histoire; contribuer de leur part d'expérirnce au grand travail commun; faire jaillir sttrtout du fond de leur âme, e n présence de lems concitoyens, de leurs frères, la sainte flamme du dévoûment pour tout ce <JUiest beau_,noble, g~n~renx, dans l _a souffrance comme clans la lutte; mais leur 1111ss1one saui;,a it aller plu; loin. Quiconque. prétendrait à présent extraire de son intellio-ence individuelle, et imposer aux problêmes qu i agitent la so~iété, des formule,s d~fini;s, ab~?lues, s,e tr_ouv~ra it bientôt renfermé dans le cercle etro1t qu d aurait trace lm-meme , impuissant à co,nprendre, à agir, démenti par les faits, dépassé par les lois inexorables du mouvement! e~1 un m?t, _hors d e J'œuvre de la vie. Le temps des orgamsat10ns ,arb1tra1res, de s systèmes tout faits, des f~rmules qui mutilent !es énergi_es in - times, spontanées, nécessaires de la nature humaine, au l icu ~ e les laisser s'oro-aniser d'elles-mêmes, suivant leurs propres 10 1s individuelles 0 et sociales, est heureusement à jamais passé. Comme, dans les sciences physiques, l'obser~ation ~dèle de s phénomènes et des harmonies réelles d 7 la vie a pns la place des à priori de 1.avieille école, et 1 p:1r ce simple moyen, le grand mystère de l'ancien Fatum a disparu, e~ l'horreu~ des forces de la nature a cédé au libre et fécond emploi de ces forces au profi t de l'humanité; ainsi, dans les questions politiques et sociales, c'est par l'expérience et 1:t science ~ositive, ~ar !a décou~erte prorrressive des lois véritables et pratiques, qm doivent régir le s rclationg mutuelles des hommes et des nations, d'après la nature même des choses, qu'on pourra résouclr~ véritablement l e grand problè 1:e du bien-être et du perfect1onneme11t de notr e espèce. ✓ • Il n'est pas vrai que ces_lois, ces tend~nce~ de la vie de l'huioanité, soient aujourd'hm, dans leur d1rect~on, en dehors de c e qu'elles ont été, indépendante~ du p_assé,.~m~an~ un _cot~rs_tou t- à-fait nouveau, devant lequel 1! n'y ait qua detru1re md1stmcte - ment. Il n'est pas vrai que tout ce <jui nous vient.~e nos_p~res , tout ce qui existe clans la forme actuelle de la societé, _soit_Jau x, iucompatible avec les nouvelles tendanc_es. Au cont~·a1re, 11y ~ continuation liaison intime entre ce q111a été, ce qm est, ce qu i sera. Il n'y~ pas contradiction dans la_mar~he de l'espr!t hu - main, il y a développement. La Révolutl?n n. est pa~ une !nven - tion de nos jours; - elle a été la force historique, 11npuls1ve d e }'humanité à travers les siècles. Elle a fait déjà de grandes con .- quêtes; il ne faut pas les mé~onnaître, !es repou_s,ser. Ce serai t méconnaître, repousser la réalité; ce qu ?n a déJa gagnli.! p 1 o~r le rêve, pour ce qu'on ne pourrait pas attemdre, sans se preva,01 r des forces déjà acquises au progr~s. , . Citoyeng ! il y a deux forces immenses que la Revolu:10n a déjà gagnée; au pr?grès de l'humanité. ~•u~e est. le _sennmen t de l'initiative in1lividuelle, de la personna!tté libre. mdependante, dans la conscience de l'homme; l'autre est ce même sentiment dans la conscience collective des nations. . 1:\ Révolution des domaine~ de l'homme extérieur dans ceux de l'lwmmc intérieur. La Réf,,rme et la Philosophie s'1.•nsuivire11t . Le Pape et l'empereur furent à jamais tués comme ùroit; -ils restèrent dtbout commi; des fantômes, répandant la terreur par la force des arnws que les r~stes dispersés des anciens privilégiés groupèrent autour d'eux. C.:efut en Espagne et en Italie surtout qu'ils purent s'enivrer pendant trois siècles rncore dans l'orgie <le la mort. l\Iais, malgré leurs efforts, ce qui avait (té con,1uis i la civilisation, resta. L'homme ne fut plus la proie de l'homme, le bourgeois ne fut plus ùépos~éùé par le seignc.ur, le laboureur lui-même demeura libre, malgré sa pauvreté. La science fit des progrès étonnants, même à la lueur sinistre J.es büchers. Galilée prononça à la faca des inquisiteurs la formule inexorable du mouvement - eppur- si muoue. Vico appliqua la même formule à l'histoire des nations. L'imprimerie sauva pour toujours des .Auto.-da-Pè de la Papauté les produits sacrés ùe l'intelligE·nce. :Elle mina da11stous les sens et fit crouler les vieilles murailles du despotisme spirituel et politique, comllle la poudre ouvre le roc. Cc fut ,e grand œuvre de la pensée dans le XVlleetXVIIIe siècles en Angleterre, en France, en Allemagne. - L'individualité libre, l' i111cllige11ce émancipée organisèrent la liberté politique et religi:!use en Angleterre; créèrent un nouveau monde en Amérique, pour une civilisation indépem!ante de toutes le5 formes traditionnelles de Ja vieille Europe; popularisèrent en Europe, par Ja Rérnlution de 89, la Charte des Droits de l'Homme mise à la place des priviléges dès castes. Citoyens ! l'un des résultats de tous ces efforts de nos pères, l'un des 6léments de l'héritage qu'ils nous ont tr:rnsmis, c•e~ t, comme je l'ai dit d'abord, la conscience dans l'individu qu'i l n'est, dans l'exercice de ses facultés morales, intellectuelles e t industrielles, l'eselave ù'aucun <leses semblables ;-qu'il est maî - tre de sa destinée: qu'il a le droit et le devoir de la régler, de l a développer de lui-même et pour lui-même, sauf les loix uni - verselles de la moralité, de la justice, de l'association. L'autre élément, c'est la conscience de l'individualitll nationale s'élevant contre la confusion et l'arbitraire de la conquête , et des fausses unités. Une fois l'esprit individuel émancipé de s lieng de rimpérialirn1P. et du Papisme cosmop·olites, il était im- possible que l'esprit national ne s'affranchît pas de même de s liens rie la conquête, des systêmes politiques imposés par les Cas - tes, contre toute relation primitive et naturelle des nationalités . Comme la Révolution avait proclamé l'égalité de droits entre les hommes, elle proclama aussi, comme conséquence nécessaire , l'égalité cle droits entre ces gr<!ndes associations d'hommes qu'on appelle des Nations. Chaque nation sent maintenant qu'elle n'es t pas matière à vente et achat, au gré dP.susurpateurs ùu pouvoir ; que la conquête, clequel~ titres qu'elle se pare et qnels que soien t les traités qui l'ont ratifiée, est un crime; que chaque nation a u n droit primitif, imprescriptible, à régler, par ses représentants lé - gitimes et librement élus, ses propres intérêts; - voilà l'autre grande do1111ée légi.ée par les efforts du passé à la conscience actuelle de l'Humanité. C'est un des principaux caractères de cette époque, que l'esprit de conquête soit devenu. impossible. Le dernier des conquérants, malgré tout son génii;, malgré toute la force que lui donnait l'en - thousiasme d'une grande nation, est mort, comme s'il eût été l e derni~r des hommes, dans une île déserte de I' Océan. Il ne tomb a pas sous les coups des roi~: il les avait vaincus-il tomba sous les coups des Peuples qu'il avait méconnus. Les nations s e levèrent au nom de leur vie, de leurs droits. Ce fut le premie r acte du drame de leur émancipation. Elles furent trahies. Leu r noble élan ne pro~ta qu'aux anciens pouvoirs, aux fragments en - core debout des conquêtes antérieures. Mais de ce jo•n-Jà, l a question fut posée. L'immense iniquité clu Traité de Vienne, l a Sainte-Allia11ce des despotes, ne fut qu'une faible digue contr e laquelle chaque vague de la vie nouvelle vint essayer son poids . Comme toute négation arbitraire et violente, elle ne fit qu'aider, clans la conscience de ces nations opprimées, l'affirmation plu s exacte, plus nette de Jeurs droits, des lois naturelles de leur vi e intérieure. Après de longs frémissements, des essais inachevés , locaux, en 1848 les peuples, poussés par les mêmes causes, s e levèrent partuut en même temps. Les armées de l'absolutisme furent désorga11isées au premier choc. Il ne tenait qu'à l a volonté, à la sagesse des insurgés, d'en finir pour toujours ave c l'arbitraire dans Je gouvernement intérieur, comme da11sles rela - tions internationales; de substituer au Droit public des diplo - mates, le Droit public des peuples; à la confusion dt:s états, constitués pour le bon plaisir de quelques familles issnes •d e voleurs barbares du Moyen-Age, la confédération des nationalités libres et indépendantes; aux lois prohibitives de l'économie de l a conquête, les lois scientifiques de l'économie de la liberté; d'ouvrir, par là, une route triomphale à la éivifüation, à la paix, à l a régénération des classes souffrante~. Il était encore trop tôt. On ne se comprit pas. En France, l'antagonisme irrationnel de l a bourgeoisie et des travailleurs, traversaut des luttes à jamais dé - plorables, aboutit, comme dans les H.épubli,1ues italiennes d u -fl-loyen-Age, à la tyrannie personnelle; partout ailleurs, on s'arrêta, en suspens, entre les tra,litions du passé et les aspirations encore vagues de l'avenir. On disputa sur des formes au lieu d e fonder des intérêts; on transigea avec les pouvoirs louvoy:mt s qu'on avait abaissés, au lie11 dP s'allier entre peuples pour la cause commune; et quand ces ponvoirs, sortant de leur mensonge à demi- libéral, relevèrent leurs prétentions clespotiq ues, il étai t trop tard pour la protJstation de la liberté. Cependant, citoyens, dans cette catastrophe étonnante, ce ne sont que deHhommes, - des erreurs peut-être, qui sont tombés . Les idées vraies, organiques, éternrlles du progrès de l'humanité, restent debout. Elles se purifient, elles s'élaborent, elles se déter - minent toujours mieux, d'une manière plus scientifique, plu s pratique, dans l'intelligence et la vie intérieure des peuples. Un fait moral nouve.au, plein d'avenir, commence à poindre à l'horizon. Jusqu'à pré~ent, on l'avait pressenti, on l'avait essay é d'une manière tr\ls incompiè1e, partiellement, comme moyen d e défense des faibles contre les forts, des i11térêts exclusifs d'un e corporation contre les interêts exclusifs d'une autre. C'étai t e11cored~ l'individualisme, de l'égoïsme organisé par associations d'arts et métiers, par petites confréries, par sectes, en lutte le s unrs contre les autres. Fraternité au dedans, guerre au dehors . C'était uni' application du principe catholique de la grâce aux ordres de la société. Les associations partielles, privilégiées, rendaient impossible la grande, la vraie, _la Jibr_e association •. Au - jourd'hui, au contraire, c'est de, la d!ssoluuon des orgai:i1~mes antagonistes détruits par la Revolut1on, que la nécessite d e l'harmonisation véritable, nniverseile, des intérêts et des aspirations humaines surgit et se répand partout, avec une force et un e Les D'Orléans seraient bien un autre danger que le Monsieur de .:'rohsdorff. Il y a à peine cinq siècles, les plus nob_les n~tions ùe l'Europe étaient régies par la conquête, par la se1g1~eune _re:·s01111elli; de , l'homme sur l'homme. La terre appartenait exciu~1vement a1 '.x chefs des conquérants; - le reste cle_sho1:1mes é~a1e11tdes s 7rfs, des esclaves, des parias. Les populat1oi1s mdustnelles des v11l cs d'Italie, sur une large échelle, les communes d' All~mag·ne, d e France, d'Angleterre, dans des sphères plus restrcrntes, se le - vèrent contre les s:?igneurs, délièrent la terre des entraves de la féodalité affranchirent les labonreurs, donnèrent, par leur tra - vail, par'leur commerce, un développement immen~e ~ux pr_o~u i~s du sol et de l'industrie manufacturière. La propnéte, q111_e_t a1t d'abord un vol, devint clans leiv:s mains le résultat, !'.effet lég1t11 ne de leurs efforts de leur travail. L'homme, qu~ était auparavant un instrument 'passif, une chose dans la main du maître, devin t une énergie intelligente, libre, active. Le déve,lopp~meut de l a richesse donna l'essor au développement de I espnt. Dante e t Michel-Ange, Machiavelli et Colomb surgirent com~e des géants des entrailles de i'humanité, réveillée à la conscience d'ellemême. Ils furent comme de grands flambeau_x entre, le p~ssé e t l'avenir, les précurseurs do cette marche sublime de 1esprit hu - main dans l'émancipation de ses plus nobles facultés - tle ~ett e marche de la civilisation, qui n'est encore qu'à ses premières étapes, et de laquelle personne ne peut prévoir l'évo):utior~défi - nitive, parce qu'elle se cache dans les pro~oncleurs 1e l mfim. rapidité qui éblouit nos regards, qu~ncl de _l'œuvre lent~ du pass é nous les tournons à ces grandes voies qm nous entrarnent ver s l'avenir- machines, bâteaux à vapeur, chemins de fer, télégraphes électriques. Com~uent don_c? bâteau:' à vapeur, chemin s de fer, télég-raphes électriques, m~s ,a~ service de la ~ensée, ù e l'imprimerie, du journalisme, des mte!·ets, .des ex_pai:is1onsde l a vie d'un hémisphère à l'autre! La hber!é améncame. placée à <JUelquesheures de distance de tout ce qui demande à vivre dan s le continent européen? - Est-ce que cette pauvre, aveugle diplomatie, qui n'a d'autre Credo, ni d' ,rntre 11;1o_yende ménag~r les destinées qui Iui échappent, que cette vieille balance poliIl est vrai de <lire, pourtant, que la force, au service du «:rime et de la ruse, peut tout produire et tout ramener. Que n'a rnns-nous pas vu.,déjà.,-sous cet Empire ? Y... Une fois la conscience humaine émancipée de l esclavage ma.- tériel et de l'ignorance, elle devait bientôt s'~mancip,er ~e i'esclavaO'e moral et du mensonge. Les Républiques cl It_alie commen~èrent l'œuvrc par la séparation del' Etat et de l'Eglise! elles se jouèrent des excommunications papales dans tout ce qm regardait leurs intérêts politi4ues; mais elles n'allèrent pa_s]?lu s loin. Ce fut leur faute et loor perte. Ce fut la grande m1ss10 n, !.: ~lo:re de la race allt'mande et anglo-saxonne, de transporter tique d'il y a deux cents ans, pourrait se soutenir plus longtemps
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