Homme - anno II - n.13 - 28 febbraio 1855

L' li OMM E. ...,..~~----~---------------------------- Ce qne je veux, ce sont mes droits, tous mes droits Pt je les com1ais; quiconque me relient un centime, sur le prix ùc mon travail, me l'O]e. Donc plus d'intermédiaires, s'engraissant de mes sueurs, plns d'e::Dloitcurs'--plus d'oisifs - le travail pour tous, éli1,!Ïnation des ·fonctions improductives. La science m'a fait hom::1e et a ao-randi le domaine de mon être; je st:is citoyen du mo:1dc; je 1lai plus cl'cnnemis, je ne vois que des frères autour de moi; plus de frontières. Li hertit absolue de la rela!ion. Plus de douanes : gratuité clc ]'échan 6e. Plus de conquêtes: soli<hrité <le,;peuples.- l~lus de guerres, inviolabilité de la vie humaine. Citoyens de toutes les nations, géants de la littérature, piJ:1niers de la pensée, publicistes, savans, artisans, prolétaire:,, titans de la production, âmes ardentes qu'enflamme l'amour du droit et qui portez comme moi la chaîne du malheur et le grand souci de !"avenir, voilà, voilà ce que l:i. révolution nouvelle nous demande et voilà ce que n'a p'tS su lui donnn le 24· Février, ce grand réveil des penples - suivi d'une si amère mystification. Mais les moytns, me dira-t-on? lis sont trouvés, indiqués, traci's, - Je plan, le devis, tout est dressé, tout est prêt; lisèz. signez et c,éculez, quand l'heure sera venue. En atten:lant, regardez Bonaparte, sombre fossoyeur, nous déblayer lui-même le ~ol. 0 puissance invincible àc la R~volution ! L:t déccntralis:it ion, la transformation de la propriété, substitutio:1 de l'oïg:inisme économique au mécanisme politique et gouvernemental, attaquent de front, sans doute, certaines idées, d'autant pins chères, qu'elles protégent des intérêts. Je sais d'ailleurs ce qu'il en coftte toujours à un homme de se ~éparer brusquement <les idées qu'il a nourries et défendues, même quand le temps, ce grand logicien, les condamne et les jette, guenille_s de l'esprit, dans le cimetière du passé. Je sais tout cf:la; mais on ne peut pas échapper au sac:·ificc. Au milieu du tourbillon ']Ui nous emporte vers les riantes perspectives de l'avenir, pouvons-nous rester traînards dans les ornières du pas~é ? Que! est celui de nollS qni n'attache pas honneur :i &trc attelé au char du progrès? Quel est • celui de nous qui ne soit pas jaloux d'éviter à son pays les malheurs qui suivraient une nouvelle incarn~tion de 1848 ? QnJl est CP.luide nous qui voudrait encourir le terrible reproche historique : Il 11'arien appris, rien oublié? l\Iais que parlé-jt: de mouvement à des hommes tels que vous, moi, votre prosélyte, moi qui ai tont :ippris de vous; qui ne pensais pas encore, que vous luttiez déjà; vous qui, de 1830 à 1848, avez porté sur vos épaules le dangereux farde<1ude la Révolution; vous qui, travC'rsant le pouvoir, avez pu commettre des fautes, mais qui êtes resti>s purs <letout acte de félonie; vous qui illustrez notre passé et qui honorez notre infortune: Oh! ce n'est pas à vous, certrs, que s':idr<'ssent n!es encouragements ni mes conseils. Je parle ici à la collectivité révolutionnaire, le langage de la Révolution, lc!le qu'elle est défbie par h science, telle que je la comprends, telle que je la désire, telle que nous la ferons en restant unis. Vive la Révolution sociale qui, seule, i1,augurera le règne de la· République et de la Liberté ! Après ce discours où les idées, à notre avis, affluent un peu mêlées, mais où éclate un grand et loyal sentiment, le citoyen Pianciani, proscrit iuilien, a pris la parole en ces termes : CITOYENS Si h rais/ln n'avait assez démontré déjà que la Répuhliq ne est l'avenir nécessaire de l'humanité, le 24 Février, cette date glorieuse dont nous célébrons ici l'anr,ivcrsaire, devrait suffire pour en convaincre les plus incréclules. Une monarchie de dix-huit ans, forte de son origine, car elle sortait d'une révolution, populaire en cela qu'elle r.!présentait la négation du droit divin et de la conquête, puissante par ses armées, par son argent, p:ir la prospéritf matérielle du pays, celte monarchie, quand le peuple l'a voulu, est tombée dans un jour. On a dit que la France ne s'attendait pas à la République ; elle s'y atteaclait d'instinct, répondrai-je; mais en tout ca~, ce ne serait qu'une preuve de plus de ma proposition. Le peuple voulait améliorer son sort, une monarchie lui faisait obst<1clc, il l'a repoussée du pied et il a trnuvé la République. Le plus grand nombre d'e!itre vous, eitoyem, a vu le grnnd spectacle que la France a <lonné en cette circonst:rnce; plus de soldats, plus de gendarmes, pins de mouchards; s?.ns oppression, sans violence, sans astuce, l'ordre et la p:iix régnaient partout. Les priwns se vinaient en attendant que les tribunaux criminels vinssent à se former. La religion, j'en conviens, est un fre.in puissa11t aux mauvais penchants, mais la religion, selon moi, la vraie religion est la religion républicaine. Pendant que cela arrivait en France, jetons un coup cl·œil sur l'.E•irope. On avait proclamé à Paris la République en Février, et dans le mois de Mars,]' Italie se levait toute entière; la Croati?. réclamait sa nationalité, la Hongrie ses droits. l'Allemagne sa liberté: la Pologne frémiss:-tit, la Prusse, la Belgique menaçaient; et Virnne, h ville des Césars, elle-même, renvoyait son empereur. Pourquoi n'a-t-on pas proclamé la République en même temps ~ur tous les points de l'Enrope? Cela a été une faute, j'ai eu occa~ion de le dire il y a quelqnes jours. ::v[ais b cause de cette faute, c'est que la diplom:itic s'était interposée entre la vérité et l'lrnmanité; c'est, vous me permettrez bien de le dire, que le :Manifeste de "Lamartine av:üt séparé la France des antres nations. Au lieu de faire de la révolution. on a Ctit de la légalité quaud même, au lie\\ de reconnaître les droits des peuples on a rcspc,cté les traités de la S:.iiute-Alliance. et on a fait l'aumône des ateliers nationaux au !bu de faire la justicP par d-:s armées humanitaires. La Révolution pouvait avoir son Austerlitz et son l\larengo, elle a en les journées de Juin. Oui, citoyens, sans cela nous serions tous en Répnù lique, les Etats- Unis de]' Europe seraient constitués moins l'esclavage en bas et le privilége en haut, et pour ravoir oublié, on cherche à préseut à rtfairc un congr~s de Vienne. Permettez que je dévelol!pe mon· idée sur la marcb~ révolutionnaire. Une Révolution n'est selon moi qu'une étape dn progrès, d"oi:l il pose un jalc,n pour les conquêtes à venir. Toutes les fois qu'une nouvelle révolution perd son temps à refaire ce qm a été fait, elle en donne à la réaction pour s'organiser; toutes les fois qu'elle ne part pas du jalon que la précédente a posé, elle perd de sa force, elle en donne 'à la ré:tction et lui ass~Ji·e un triom1ihe momentané. .Je ne veux pas parler <in mon<ru ancien. Le Chr:~ti:misme, l'inv,,sion des barb:ires ont été scion moi plus qu'une révolution, ils out été un cataclysme: pas une étape, mais t:::e ère. Le monde est entré clM:sune Yic nouvelle. L'i11dividuaLrn1c était le principe de l'ancien monde; lois, intérêts, politiqne, religion, tout s'iacarnait en 'lui. L'empire 1'oma:n qui s'étendait rnr toute la terre n'était à vrai dire qu'u1:e ~rande indivi<l1.ia!ité<lui s'appelait Rernc. ,.. N otrc princiric à nous est la co!lcct:Yité. Le rapport Lh Ïindivi.ln it la Collectivité, voilà le problème à résou<:r~. D~ set solution surgira pi'Obablemcnt une ère nouvelle dont le principe sera l:i comrnu1nuté. M:,is ce temps est encore loin selon awi, et je v.onx parler lht présent. Le progrès trouvait dans sa marche pour obstacle les restes de l',:ncicn individualisme qui était représenté p<trticulièrement dans le princip~ de i·autorité. Autorité rcli 6i-:!use par la révé7 lation et le prêtre, autorité politiqiic p:ir le goureraement et le roi. autorité économique par la p~·opriété-monopole et le capit:d acca p:1 r:>ur. Le Progrès touSours logique dans sa 1m,rche a commencé à saper le vieil é,lifice par sa base et il a attaqn6 l'autorité religieuse. !.fais il n'a pas manqué <leposer son jalon eu avant. La révolution religieuse s'eet faite en Allemagne, elle s'est accomplie en Angleterre; son jalon a été la suppression de la monarchie : Cromwell. La France a eu ]'honneur de planter le drape:m <lup,ogrès à sa nouvelle étape, mais ::\firal'eau, Danton, Robe$pierrc n'ont nas discuté Luthrr, ils ont suivi C,·ornwell. ' Cette grande révolution avait aussi jeté ses jalons pour celle qui devait la suivre. Ces jalons s'appelaient le 4 Aoüt, l'abolition de tous les droits féodaux, le 19 novembre, décret de la Convention promettant secours à tous les -peuples contre leurs gouvernements, le H juin, Constitution de S3 présentée à l' acceptation du peuple. C'e~t de là que la nouvelle TI.é·,qlution devait p:irtir. Il ne s'a;-(s,ait pas de répéter les Etats généranx et on ne devait pas s'arrêter :tu décret du 25 septembre 92. Il y avait, il est vrai, à balayer les vieux restes dont on avait encotnb•·é le sol, mais à cela avait suffi le souille populaire. Le lendemain du 24 Févri<'r, il n'y avait plus de roi en France, et le prêtre, cet éternel hy;io·crite, souillait de ses bénédictions l'arbre {le la République. La ltévolution avait autre chose à faire, Pt, je le répète, c'était 93 qui devait êtrt son point cle départ. Il fallait accepter cc grand !cg$ de la première Ré·:olution, moins la terreur. li fallait se dire encore une fois: la Républiqne bat monn<tie sur la place de la Révolution, mais cette fois, la h1che révolutionn:iire ne devait p:is tomber sur des têtes, el!e devait abattre les privilèges. Car la nécessité de sa propre défense peut seule contraindre la ~oeiété à suppri1:1er un in.Jividu: ]'individu a droit à vivre; mais la justice lui impose de tuer le privilége; cette pl:tnte parasite est destinée à périr. Le c:i<l:wre du mort cn,poisonne l'air et tue les vivants, le sang du jnsticié jaillit quel,1uefois et aveugle le meurtr:cr. Le privilégc al.attu fertilise 1~sol sur lequel il tombe. Le programme de la nouvelle Hévolution était inscrit sur le drapeau des Lyonnais : Vivre en travaillant ou 1J(Ouriren combattant. Q,1'en a-t-on fait de cc programme ? On lui a donné une phrase : "le è.roit au travail." On l'a fait représenter par un homme, " Albei-,." La phrase a été méconnue clè!s le commencement, ouhliée aprè~, - l'homme est à Delle-Isle, martyr du devoir, et Bonaparte est aux Tuileries, offr:mt aux tranilleurs la médaille du Dix-Décembre. Ce· brave pcnplè français! il avait tressailli de joie en se voyant encore une fois à la tête du mouvement européen. Il tendait aux antrPs ses mains durcies p:.ir le travail, et offbdt son salaire à la Révolution. On a restreint dans les limites de la France une question tout humanitaire; on a permis à ce brave peuple <le discuter quelques mois au Luxembourg, et puis on l'a mitràil!é, on l'a fusillé, on l'a déporté; Cavaignac, après lui Bonaparte,: et la Révolution a étl perdne. Mais la Révolution en t:>mbant, par cette loi invariable dont je vous parlais, a posé son jalon pour la route de l'avenir. Elle l'a po~é au Treize-Juin; il s'appelle" Solidarité des peuples.'' Pourquoi, se diront quelques-uns, revenir sur le passé? Pourquoi rappeler des fautes qui ne sont pas des crimes, car la générali,é des hommes qui les ont commi•cs aimait sincèrement la Lib-.'rté et la République? Pourquoi acenser une Révolution que ses enHemis ont si lâchement calomniée? l\foi, accuser la Révolution de Férrier ! .Jamais. Elle restera coin me le pins grand acte c!e ce siècle, et je m'incline <lev,,nt elle comme devant ma mère iliaisje dis, et j'ai le droit de le dire, car la Révolution est humnnitaire, le peuple français a fait la Révolution, les fautes des individus l'ont perc\ue. .J'ai le droit de le dire, car qui de i.ous n'a pas commis qucl'lue faute clai,s sa vie politique ? Qui de nous voudra refuser la main à un frère quand il en parle dans l'intérêt du parti, dans i'inté:·êt de ;'humanisé? J'ai le droit de le dire, j'en ai le ,Jevoir, car les kçons du passé sont ]·enseignement de l'av~nir, et l'avenir est, com1:1e le di,~it dernièrement un de nos amis, b GRA:rnE DATE, notre héritage, notre bi:'n à tous. C'est de l'avenir que je m'occupe quand je parle du passé ; et son devoir est selon moi de partir du jalon que la dernière Révolntion a posé, pour accomplir ce qu'elle n'a pns pu faire; de greffer la révo!utio11 économique sur la solidarité des penp!cs, d'accomplir, en un mot, la révolution sociale. Et parce que nous voulcns cela, on nous traite de fous; c'est le sort de tous les pionniers de 1'hu11rnnité. 1Ioï,e était un fou ; le Chri,t a été appelé fou; Campanella, Colomb, Salomon de Caus, Rousseau, des fons! Vous rnycz, citoyens, que nous sommes en bonue compagnie. Nous sommes des fous, parce que nous nous sacrifions à la Yérité d'un principe. N otrc folie se nomme co11-cience, et je la préfère il CC'tte sagesse qui n'l,t qne fom·berie, hypocrisie, mensonge. J'aime mieux être fou avec Lamennais que sag-e avec le ca:dh1al Antonciii; j'aime mieux êlle fou comme Rubu·t Blum t{Uesage comme Ilayn:111 et Vindisehgraëtz. On nous appelre les paunrs, les impuiss;:nts. Oui, nous sommes p~uvres, et c'est notre honneur; nous sommes pauvres, car ceux-là même qui or,t as~cz pour vine n'ont pas souvent a~scz pour secomir l:!s misères de leurs camarades, poar ai<ler la cause, et cet~l•panYrcté est aussi douloureuse <Jtie l'autre. :1!ais cc ne sont ni les riches ni les puissants de la terre qui font les révolutions: S1 )a1taeus n'était qu'un esclave. Nous n'avons pas à notre disposition les million~ de la B:mque pour payer les prétoriem ; mais nous avons des richesses à promettre aux peuples, à ce prolétariat-multirnde, auquel nos ennemis ne donncn't que honte', mépris, misère, esclavage, no.us pouvons promettre,-nous, les pauvres,- lumière, bonheur, liberté. . Nous, les impuissants, nous n'avons ni le plomb qui tue, ni le for qui ench:be; m:iis nous avons la vérité pour force. Nous ponvons rlire aux masses : brisez vos fers, vous en avez la force ; jetez-les à la tête de vos oppresseurs, vous en avez le droit, et vous finirez de souffrir: et le jour où elles nous écouteront, avec cll<!snous serons les plus forts. Mais cc jour, ce lendemain est le jamais, dit la réaetion. 1'foi, cc lcnc!cmain, je l'appelle aujourd'hui, car dans la vie des peuples les anHées sont dC'sminutes, les lustrt)S sont des heures. Nous sommes des brouillons, nous gâtons le8 affaires des gouvernements établ;s, nous de,;rions nous taire. Nous tain•! Est-ce que les inté,êts des gouvernements nous rcgrrdrnt ? Rst-ce que Je nommé Sir Robert Peel croirait nous cffnyer par ses menaces? Nous taire en ce moment! lorsqu'appuyés sur une fatale cxpé 0 rien cc nous pouvons dire aux peuples: " tant que vous aurez le ----- ·--------- d~spotis;,1r, vo~s n't:~l,1;ii,2rez ni à la gu0rre ni à la banqueroute, nt ~ la boucherie, ni à !a spoiiation : ce n'est '}Uela République .qui pem voHs assurer la paix et la richesse.'' Nous <kvri:ms nons t.1ire ! quand la terre de la Crimée est ro_ugie <1u sang des r!1fants du peuple, <lenos enfants, de nos frcres, e'. quand 1101,s pouvons dire à l'autocrate de Russie: "ne vous réjou:~su: pas trop <les cimetières que vous faites, b Révo!ution est à l'arriùre-gardc, et le peuple vei)••era un J. ourses t • • • 1 1•· 0 en ants v1c1nnt>s Le impuissance des reis." Le ~ociafüme, efl\ayc; oui, le Socialisme défiguré plr les calo_mmt!s~ll' la ~e~ct1on con~re_ lesqn 7l_lcson n'a pas assez proteste peut. etre. ::\iais le Soc1al1sme-venté, le Socialisme-justice n'off.-aye aucune âme honnête. Le Socialismc-Liberté-Eo-alité- ~•'ra_,erni.~n'j1~ouvantera que ceux qui préfèrent le privilège au uro1t, les mterets au devoir; et ceux-là nous voulons bien les épouvanter. Nous voulons épouvanter par le Socialisme comme le Christianisme a épouvanté le Paganisme, comme la Réforme a épouvanté la Cour de Rome, comme la Révolution de 89 a épouvanté le~ privilégiés de la Cour. Citoyens, ne nous _laissons pas impos~r par des panîques, par des mcn~ces, par ~es insultes! ne nous la!ssons décourager ni par nos sou!lrances m par nos nnsères.-A I œuvre ! à l'œuvre incessante! :ux armes! pourrai-je di:·e; aux armes de la propagande pour hater le moment d'en vcmr à celles de l'action ; et quand c_c_momcn: ~e~·avenu, aux armes! pour faire une Rél'olution pohtHJue qui soit le moyen d'accomplir la Révolution sociale, et alors, - alors surtout, en arme:;! car ce n'est pas assez de conquérir, il faut que le Peuple défende ses co11q11êtes. Que la date quf: nuns cétébroug soit pour nous un double enseignement. Qu'elle nous apprenne par le 24 Février comment un peuple -pout faire une révolution, par ses consé-1uenc.es ce qu'il doit faire pour son afformissement. V1vE LARBPUBLIQUEUNIVI:RSELLE,nf::,fOC!tATIQUEET SOCIALE! Après ce discours, qui est la logique de la Révolution voici une magnifique haraogue où les formes et les idée: sont lumière et foudre. Le citoyen Victor Hugo: PROSCRITS, Si la révolution, inaugurée il a sept ans à pareil jour à )'Hôtelde-Vil!e <)e~aris,, avait suivi so'.1 cou,:s naturel, et n'avait pas été, pour ams1 dire, des le lenr.cmam mt:me de son avènement déto:irnée de ~on but; si la_réaction d'abord, Louis Bonaparte' ensuite, n'ava_1ent pas détrmt la _1épublique, la réaction par ruse et lent empoisonnement, Louis Bonaparte par eecalade nocturne, effraction, guet ..apens et meurtre; si, dès les jonrs éclatants de Février, la R-îpublique avait montré son drapeau sur les A(pes_ ~t sui: :e R~ii~ et jeté au nom de la France à l'Europe ce en : L1bertc. <{UJeut suffi à cette épo'q11e,vous vous en souvenez tOU$,pour consommer sur le vieux continent le soulèvement de tous les peuples et achever l'écroulement de tous les trônes. si la France, appuyée sur la g,-nnde épée de 92, eût donné aide' connne elle le devait, à J'It:ilie, à la Honi-rie, à la Pologue à J~ Prusse, à l'Allemagne, si, en un mot, l'Europe des peupl;s eût succ~dé c~ IU8 à l'.E:trope des rois, voici qt~elle serait aujour• d'hu1, apres sept annecs de !tberté et de lun11e1·e, la situation du continent. On verrait ceci : Le continent serait un seul peuple; les nationalités vivraient de leur vie propre dan~ la vie commune; l'Italie apparti~ndrait à l'Ita_lie, la _P~logne app~rtiendr~it à la Polo~ne, la Hongrie 3ppart1endra1t a la Hongrie, la I• rance appartiendrait à ]' Europe J'Emope appartiendrait à l'Humanité. ' Pius de Rhin, fleuve allemand ; plus de Baltique et de mer N ::>ire,lacs russes; plus de Méditerranée, lac françdis; plus d' Atlautique, mer anglaise; plus de canons au Sund et à Gibraltar• plus de kamn:l:rlicks aux D:irdanelles. Les fleuves libres Je~ détroits libres, les océans libres. ' Le groupe européen n'étant plus qu'une nation, ]'Allemagne s~rai_tà la France,_ 1: Fra1'.ce ~~rait à l'It~lie ce qu'est aujourd hlll la N ormand1e a 1a P1carc11e et la P1r.ard1e à la Lorraine• pins de guerre, par conséquent plus <l'armée. A11 seul point d; Y\lf: financier, bénéfice net par an pour l'Europe: quatre milliards (1). Pius de frontières, pins de douanes, plus d'octrois; Je lib:·e échange; flux et ref1ux gigantesque de numéraire et cle dcnré,•g, industrie et commerce vingtuplés, bo111fication annuelle pour la richess_e du continent: au _moins dtx milliards. Ajoute:r. les 'i uatre n11lliards de la suppression des armées, plus deux milljar!h au moins gagnés à l'abolition dE:s fonctions parasites sur tout le continclll1 y co111prisla fonction de roi, cela fait tous les ans un levier de seize milliards pour soulever les questions économiques. Une liste civile du travail, une caisse d'amortissement de la misère épui,,ant les b:is-fonds <lu chômage et du salariat avec une puissance de seize milliards par au. Calc11lez cette énorme pi'O<luction de bien-être. Je ne développe pas. Une monnaie contiacntale, à double base métallique et fiduciaire, ayant pour point d'appui le e<1pit:i.lEurope tout entier et pour moteur l'activité libre de deux c2nts millions d'hommes, cette monnaie, une, remp!acen•rait et résorberait toutes le~ absurdes variétés moné,aires d'aujourd'hui, cfligics de princes, fig·ures des mbères; val'létés qui sont autant de caus~s d'appauvriss('mcnt; car, <lans le va-N-vient monétai,c, multiplier la variNé, c'est multiplier le frottement; n1Ultiplier le frottem:!nt, c'est diminuer la cireulatio11. .En monilaie, connne en toute chose ci:-culation, c'est unité. ' La fratc·rni:é engen~rerait la solidarité: le crédit de tous ser:iit la propnGté de chacun, le trnYail de chacun, la gar:intie de tou,. Liberté d'aller et vrnir, liberté cle s'associe,·, liberté de posséd~r, liberté d'enseigner, Hberté de p,1rlcr, lihu-iil d'écrire, llbnté de penser, liberté d'ain,C'r, liberté de croire. toutes les libe1tés ferai en r faisceau autour du citoyen gardé par el les et devenu inviolable. Auem1e voie de fait; contre qui gue ce rnit; même pour amener le biPn. Car à quoi bon? par la ~euic force des choses, par la simple augmentation de la lumière, par le seul fait du plein jour succécl,:nt il la pénombre n:onarchiquc et sacen:o:ale, l'air serait devenu irrespirable à l'ho!Jlme de force, à l'homme de fraude, à l'hcmme de mensonge, à l'homme rie proie, à l'exploitant, au parasite, ;iu sabreur, à l'usurier, à l'ignorantin, à tout ce qui voie clans ics crépuscules avec l'aîlc de la chauve-souris. L:i vieille pénalité se serait dissoute comme it: rcs:e. La guerre étant moi te, 1 échafaud, qui a la même racine, aurait séché et di:,paru de lui-rnéme. Toutes les forme~ du glatl'e se :,crait!nt évanouies. On en serait à douter que la créature humaine ait jamais pu, ait jama;s o,,é mettre à mort la créature humaine, même dans le passé. Il y aurait, dans la galerie ethnographique du LouHe, un rnortier-Paixhans sous verre, un canon- Lancastre sous verre, une gu' llotine sous verre, ,me pot<:ncc sous verre, et ]' (ln irait po.r cm·iosité voir ,rn musércm ces bêtes féroces <le l'homme comme on va v-oir à la ménagtrie les bêtes féroces <leDieu. On dirait : c'est donc cela, un gibet! comme on dit : c'est donc cela, un tigre ! (I) Pour la France, plus de füte civile, plus de clergé payé, plus de magistratu:e inamovible, plus d'admini•!r:ition ccntrali- ~ée, plus d'arn,éc permanente ; bénéfice net par au : huit cents. millions. Deux millions par jour.

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