Homme - anno II - n.12 - 21 febbraio 1855

qu'elle en ait été effrayée ou qu'elle ait eu peur des menaces cfo la G:illicie et de la Hongrie, soit enfin pour toute autre cause qu'il importe peu de connaitre, elle se ravis~ et conclut le traité du :? décembre. Ce traité inattendu vous frappa comme un coup de foudre; tous ceux qui vous examinèrent <le près s'en aperçurent. Par le chc1n, g"ment de langage des cabinets qui vous jouaient et <lont vous vous étiez faits les instruments aveugles, vous vous êtes tout à coup trouvés is~lés, saris aide possible contre les tempêtes futures, menacés à la fois des rancunes de l'Autriche, et de l'excitation des patriotes que vous· aviez vous-mêmes contribué ù s,rnl1·ver par de folles et traîtresses espérances. Et l'Autriche se leva, déclarant aux cabinets qu'elle ne pourait s'exposer à participer à lrurs luttes, si on ne la g,1ra11tissait d'abord contre l'ennemi qui pressait ses flancs, si le Piémont ne donnait un gage de son ina.::tion en Italie, et ne compensait le mal qu'il avait fait en jetant le décourageme11t dans les âmes italiennes. Les cabinets furent d'accord, et il vo~s fut proposé - ou de diminuer votre armée - ou de consentir à ce que l'Autriche .occupât Alexandrie jusqu'à la paix - ou enfiu d'envoy·er en Crimée, comme mercenai,es, destinés à y périr de fatigue et de maladie, vingt mille de vos soldats, des nôtres ! C' ~st entre ces partis et non entre deux systèmes politiques que vons avez choisi. Reponssant le premier, auquel consentait votre miuistre de la guerre, mais qui vous épouvantait parce qu'alors vous restiez neutres et isolés de votre peuple ; repoussant le &econd qui eût été le signal de votre chûte ; acceptant le troisième qui vons laissait 1;spérer le découragement chez nous, l'appui de l'Autriche, et, dans le cas où cela serait nécessaire ' le secours des autres, Yous •avez demandé à envoyer, ava11t <le vons iier, des négociateurs à Londres et à Paris, et on vous a refusé. V011s demandiez que l'Autriche levât les séquestres, et on vous a refusé. Vous demandiez timidement, et affo que cda fùt répéte par vos meneurs, qu'à l'époque de la paix les ca- .binets prissent en considération la situation de l'Italie et ·promissent quelques réfur es dans les provinces occup~es ;par l'étranger, et vous avei été refusés. Vous avez accepté sans comb~t les fourches cau<lines, et vous avez 11igné. Et cette l1istoire que je sais, que d'autres connaissent, que YOtre-peuple apprendra. s'il ue me croit aujourd'hui, lcm,qn'-il mettra la main dan~ vos archives, cette histoire devait voüs suggére,, d'autres paroles que celles par vous écritei; eu ,tête de votre traité. Mais vous êtes excusés par les traditions de la maison de Savoie, hésitant toujours entre le oui et le NON, mystérieuse dans ses moyens, rarement audacieuse clans ses paroles, plus rarement encore dans s~:s actes, jamais à la fois clans les paroles et da11s tes actes. _ Cependant le fait est accompli: la chambre, à l'instant même où j'écris, a donné force de loi au traité. Alliés de l'Autriche et du de):potisme impérial de France, vous voi:à réintégrés, mais à distance convenable, dans le concert des cahinet~. Vous signerez les traités <le la nouvelle alliance avec le sang de quin.ze mille de vos concitoyens appelés à combattre dans une -guerre qui n'est pâs la vôtre, sous un chef étranger, côte à côte avec l'Autriche, sur une terre où notre <l-rapeau jadis flottait fièrement, indépendant, conquérant pour l'Italie terres, honneur et richesses. L'Autriche, elle, les signe dès à présent aveç les larmes de ceutaiues de mères qui pleurent leurs fils nouvellement enfennés dans les cachots. Les fautes de ] 848 sont pardonnées. Redevenus membres ou plutôt vassaux de cette ligue dan,- laquelle on vous enseigne les moyens d'empêcher les 11:1tio11csourbées de se relever, vous irez loin. Les moindres aHiés s'informent toujours et nécessairement des tendances dominantes dans les conseils des plus puis- :sants ; les institutions de votre Etat devront s'harmonier avec elles ; les despotismes français et autrichien vous montreront la route. Le pays vous suivra.-t-il .Jans cette voie fatale ? Giuseppe MAZZINI. Le sentiment complet de la solidarité n'existe encore que dans le prolétariat des villes. Tandis que le bourgeois, seul à la tête de sa fabrique, ,le son usint, de sou magasin, de sa maison de banque, ne relevant que de lui-même, et cherchant à ne compter que sur lui-même, persiste à se renfermer exclusivement clans la notion individuelle; le prolétariat entier professe la notion supl5rieure de la généralité nécessaire. Réunis pour la plupart dans des ateliers où la division du travail les distribue en séries, leur métier est un enseignement immédi~t de la solidarité. L'œuvre q11i sort de leur atelier, ne fùt-c.e qu'une épingle, un fil <lefer, n'est l'œuvr1; d~ personne e1, particulier; elle est l'œuvre générale résultant du travail solidaire d'eux tous. Leurs soulèvements, leurs victoires, leurs défaites, · sont pour eux des dérnonstra~ions de la solidarité. Aussi les caisses rie prévoyance, le compagnonnage et la mntuellisme, sont-ils des pratiques significatives dn prolétaüat des vi1les. Quant au paysan, à peine sorti du servage, et ~eahe;up L'HOMME. moins ast1eint à la divhion du travail, il en est encore à la notion individuelle. Il a un plan d'uction, une activité mue dans le cercle indivi1luel, comme le hour~eois. Il a une petite maison où il habite seul avec sa f'amilie, comme le bourgeois ; un petit champ à lui seul, comme lrJ graud champ, au bourgeois. Et, par une rétroversion fatale, cette rlirection d'idées semblable chez le paysan et chez le bourgeois, presse de toutes parts et menace la bourgeoisie. Comme le bourgeois, le paysan est avide d'argent : et il demande que l'impôt p~se sur les riches. Comme le bourgeois, il est avide de places et d'honneur : et il demande que son fils soit, par l'instruction, en état de disputer au bourgeois les places et les honneurs - partout c'est un cultivateur, un meunier, qui dispute la mairie des communes au gran<l propriétaire. Comme le bourg~oi3, le paysan est avide de propriété personnelle : et c'est sur ce désir violent que les calomnies insensées de la ré.tction bourgeoise contre le parti républicain ont greffé clans plus d'un cœur de paysan l'idée du partage <les grandes propriétés. L'infériorité d11 paysan en aspiration démocratique, est rachetée d'ailleu, s et compensée par une f,ic11lté de persistance et de résistance très supérieure à celle des ouvriers des villes. Et.le paysan donnera à la Révolution future un caractère d'énergie durable et de ténacité qui a 'm'.lllqué aux révolutions précédentes. Nos amis <lu MAxigue nous adressent la pièce suivante. C'est un appel à tous les dévouements, à toutes les forces révolutionnaires que nous insérons avec plaisir daus les colonnes de ce jourual. CITOYENS, En présence du duel à mort que se livrent deux brigands pour se disputer le privilége d'opprimE:r le monde, la Démocratie a <les des devoirs à re .. plir, auxquels elle ne saurait manquer sans déshonneur. ' Des deux côtés, c'egt le s:rng du peuple qui coule, et les lauri ..r.s de Bonaparte, pas plus que ceux <leNicolas, ne peuvent que lui rapporter un surcroit de misères et Je tyrannie! Pendant que le fils d'Hortense partage ses loisirs entrè le:-:bains de Biarritz et les chasses <le Fontainebleau, le pauvre sacrifiera sou dernier fils, le riche son dernier écu, pour aboutir peut être à une troisième invasion; car cet homme fatal a tué la vie de la France, et la trahison jointe à l'ineptie commande nos troupes! Pui~ les Magnan, les Lespinasse, les Forey et tant d'autres qui vendirent en Décembre leur honneur militairt: pour les 2-5 millions volés à la Banque de France, se vendront encore à Nicolas, parce qu'il y a plus d'or dans les Monts Our ls qu'à la Banque <le France. Ils se vendront et passeront à l'ennemi pour assurer l'impunité de leurs crimes ; ils iie vendront et passeront à l'ennemi pour aller jouir en paix du fruit de leurs rapines sur les sépulcres <le nos légions sacrifiées ; ils se vendront et passeront à l'ennemi pour aller c~cher les taches du sang de Décembre qui les marque au front ! Les faits d'ailleurs ne parle11t-ils pas assez déjà, pour prouver qu'il ne suffit pas de savoir assassiner des femmes et des enfants sur les Boulevards de Paris pour devenir général habile et expérimenté ! Oni ! &ion ne se hàte de châtier et d'anéantir ces héros du meurtre et du brigandage, ils entralu~ront la France dans un abime dont il est impossible de sonder la profondeur. \ Citoyens, Vous êtes notre avant-garde, vous êtes aujourd'hui les seuls représentants <le la nationalité française ; car vous avez, car nous avons tous emporté dans l'exil l'honneur de cette terre de martyrs, pour le lui rendre intact au grand jour de la Justice. La Démocratie trahie, mais n~n vaincue, n'a point livré son ùrapeau ; le moment est venu de le déployer contre les infâmes ! Alors les peuples, aujourd'hui mornes et inertes en présence de cette lutte où leur sang coule à flots, au profit de quelques scélénits, se réveilleront terribles; a)ors cette Italie si ~ublime dans ses luttes, cette Pologne toujours héroïque, cette Hongrie frémissante, cettè Espagne qui se régénère, s ·uniront à nous pour former contre l'oppression une ligue formidable et invincible, parce que 110s solrlats, soustraits aux hommes qui les souillent aujourd'hui, remplaceront dans leurs gibernes les odie11x décrets de Décembre par la déclaration des Droits de l'Homme. Citoyens, frères d'exil, vous tous que de dures nécessités n'ont pas trop éloignés de notre pauvre France, toujours si chère,.continuez plus que jamais à secouer ce peuple qui dort ; criez sur toutes les frontières, criez au monde entier qu'il se saurait y avoir de solidarité entre la France démocratique et Bonaparte; entre les martyrs de Décembre et les complices rle la caverne impériale ! Dites-lui aussi qu'il faut qu'il se hâte de faire justice, car le temps est proche et le Cosaque avance. A l'œt1vre ! héroïques sentinelles de la Démocratie ! nous seuls pouvons relever la France des flétrissuras bonapartistes en ré'véillant de sympathiques et généreux élan!!. Quoique 1iien éloign~$, nous vous suivrons dans cette sainte c~oisade. Dès _aujourd'hui, nous prelèverons s1ir notre parn de Répubhcams proscrits 11otre part de coutribution de guerrr. ' Nous vous env0 y ons donc une première cotisal ion. Ce~te so~1;:;cription ~era mensuelle et envoyée tous les trois ~ois. Nous _invitons tous nos amis républicains proscntg ou 11011proscrits, à joindre leur~ offrandes à b n?tre, afin de vous aider à soutenir la lutte, jusqu'au jour ou nous pourrons, en payrrnt de nos personnes,' vous prêter nn concours plus ,,ctif. • Salut et fraternitf. Clrnrles de BAnRÈs, prof'esseur. Eugène LATA PI, ancien nérrociant à 0 la· Guadeloupe. DE NOLHAC, d. - m., couclamné à mort de Décembre, par le 2e conseil de guerre de l'Allier. LE MINISTÈRE PALMERSTON.i Le sl'irituel et humourist collaborateur ùu Leader qui signe '· Un étranger au Parlement" rend compte en ces termes d'un assez curieux incident des explications données au Parlement sur la crise ministérielle : .... le comte de Derby commence .... Il a été trouver Lord Palmerston, 1\I. S. Herbert, 111. Gladstone, d leur a dit : "Joignez-vous à moi, et, à nous quatre, nous pouvon_s~ener !,'affaire, surs d'avoir toujours la majorité.•: Mais ils ne 1 ont pas voulu, ce qu'il regrette profonrlémen~·: · Ce qui revient à dire qn'il ne se soucierait gnères de drnger un gonvernement qui ne serait vas un gouvernement absolu. C'est ponr cela qu'il se fût volontiers joint à Lord Palmerston qu'il avait essayé cle démolir dans l'affaire Pacifico, à ce M. Gladstone que son parti a si méchamment vilipendé depuis sept ans, et à ce l'II. Herbert qui s'écr.iait, en n:10ntr:rnt le banc du ministère Derby: Si vous désirez savoir ce que c'est que l'!Jull1iliation, regar- <lez là! - Pas un mot de principes politiques, des désirs du pays, de la guerre à pousser avec vigueur, <lepolitique ~trangèn, en u~1 mot ... Et, avec quelque peu d'insolence, 1_1a l~ué la Re_rne, car il pouvait assurer les Lords que Jamais S€l Ma_7esté ne lui avait adressé une seule question, sur ce qu'il pensait faire si elle lui livrait la Nation anglaise._ . ... ...... Lord Jlerby a tant perdu de ses vièilles illusions q.u'il n:a ,pas _hésité à déclarer qu'un des principaux mo~ tifs qm l avaient poussé vers Lord Palmerston c'est r.u'il . ' 1 savait que Lord Palmerston "est Ministre, sans portefeuille," de ...... Louis Napoléon ! I,1Y.a, <lans tout cela, quelque chose qui nons plaît fort_: l alliance Anglo-Française est complète ! Voyez ! Loms Napoléon gouverne les cieux pays .... C'est là., sal'ls doute, la fe1çondont Lord Lansrlow11e entend "maintenir le Systême rep.résentatif contre la Russie?" Lord Palmerston en entendra certainement de toutes les couleurs à ce sujet; il écoutern tout avec cette patience d'un Ministr.e co~stitutionnel, qui sait ce qu'il doit faire, et qui s~ dit qu après tout le Gouvernement de l'Angleterre vaut bien quelquc!s mauvaises plaisanteries. Nous saurons bien nous débarrasser plus tard du gouvernement d'un Empereur de France, tout comme il y a deux cents ans de c.elui d'un Roi de France. Les Whigs connaissent bien " les précédens !" ... Les principes rie Lord Palmerston sont très vagues. Il a envoyé nn Empereur de France mourir à Ste.-Hélène, et il a applaudi au Coup- d'Etat de l'autre ... La conclusion, c'est qu'il n'a pas de principes politiques ... :Revue de la Seoaaine. ~es reste~ de l'armée anglaise (10,500 hommes environ) sont remplacés dans leurs positions pnr l'armée française qui, désormais, est seule "haro·ée du siège. L'armée anglaise passe an corps d'~bserv~tio11, vers Bala?la,va et sur la 'I'chernaya, et eooperera avec le general Bosquet contre Liprandi qui a repris, avec 30,000 hommes sa position sur les hanteurs de Balaclava. Les Anglais ont eu 6,500 hommes mis hors de cb°:1bat, dans 1~ se1_dmois de janvier, par les maladies et les pnvat10ns; on renvoie des réo-iments à Malte pour y être "réorg·anisés," c'est-à-dire re~réés; et on•ci_teune division, la 4e, qui est rédui!e à un effectif de 30 hommes, y compris l'étatma,1or ! Plusieurs détachements de la <rarde impériale son: ~rrivés à Balaclava, qu'ils de~ront défendre, con.1omtement avec les Anglais. La 9e division française et d'autres renforts, retenus à Constanti_~rnple, comme inutiles, par le

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