porter les mess:iges clu Pape au maître qui vous a vendus t't déshonorés,.nu ban<lit qui a fait des so!d,tts de la France, de la patrie des 13ayarù et des Hoche, une armée de suisses ou plutôt de geoliers ! "Yous trouYerez partout les pleurs et la misère ; les malédictions étouffées par la Terreur ; les plus conrageux citoyens transportés ou captifs ; vos meille,,rs généraux, ceux qui pourraient vous conduire à la gloirr, languissant dans l'exil, tandis qne la vie cle vos cam.iraclcs, l'hoBneur de votre drapea11, sont linés à des chd's sans capacité, sans foi, et sans honneur ! "Oui, nous avons pitié de vous, car votre malheur est cruel, plus cruel que le nôtre : il s'y attache de la honte ! "SOLDATS :F1tAN'ÇAIS ! ":Nous espérons Pli l'j_venir. "N"ous avon:; foi dans l.t régén6ration des peuples, dans la résur, ection des uatioaalités. "Puissiez-vous un jour revenir parmi nous, fa.vés du saug de nos frères, et portant, non plus le drape.iu de la trahison et <lu paijurc, mais celui cle la Sainte-Alliance des Peuples ! " Gênes, Déc., 1854. "LEs Gb,01s "an nom de toute la .l'Vation." LA FRAXCE ET LA RÉ\-OLUTIO~. :Maintenant j'attaquerai le Christianisme avec la doctrine <le la morale, de la liberté et Ùc la Démocratie. C'est avec intention et à dessein que j'écris: doctrine de la 1,1or,de,le la liberté et de la Démocratie. Il y a, en p/fot, selon moi, une doctrine de la mor:1lc, de la liberté et de la Démocratie qui possède sa philosophie c.~ ses théories <l'orgamsation politique et d'organisation économique. Je n'en traiterai pas complètement ici, parce que ce serait m:rnquer le lint ,le ces études, et que ù'aillrnrs un pareil travail me deman,lerait trop de temps et d'espace._ Je me co11te11terai<le l'exposer à grnn<ls traits, <l'une manière suiiisantc toutrfois, afin qu'elle puisse me servir comme de p;erre de touche relativement au Christianisme. Quel1e est, considérée d'un coup cl'œil général et sommaire, cette cloctrine? Son élément fondamental est la libe:·té. Que si je descends au foncl cl.:: ma conscience et m'y -examin:>, immédiatement je m'y sens, je m'y trouve souverain de moi, m:titre de moi; el, de suite, tradui:;ant par la pensée, l)ar la parole cc fait, cette réalité intcrnt, j0 m'écrie : je suis lihrt. Puis, si, sortant de ma conscience, je l'ais rouler sur la scène tlu monde et me m0ler a11x choses et aux évJnemcnts, je m'y confirme ,!ans la conscience, que dis-je? da.ns la certitù<le que j'ai <lema liberté. Je suis porté vers les objets qui m'enveloppent de tontes parts et j'en suis repoussé par cles raisons de divers·~,- sortes, p,tr les mobiles de l'instinct et de l'appétit, 1nr le3 cotuidérations cl<!l'intérêt bien entendu, par les motifs d\;dnits de la raison et<lu devoir; m:tis, au milieu cle LL tempC:tc qui s'agite en mon sein, je sens, je sais qnc je suis encore, que je snis toujours souverain <lemoi, nL,i ,·e <le moi, et qu'il dépe11J absolument Je moi <le u'obc·ir llu'aux instincts et app,itits, de ne -,uivrc que les indications de l'intérC:t bien enten<ln, ou <le ne me conduire et diriger qnc par la raison et le de·,oir. La monde est le scccnd élemcnt de la doctrine de la morale, <le lal iberté et <le la Démocratie. J • suis libre. Xous l'avons reconnu. Qu'est-ce à dire? C'est dire en autrfs termes que j'ai le pouvoir du choix, que jai le pouvoir de faire et de ne pas faire. Mais, pour qn~ je puisse choi~ir, pour que je puisse faire ou ne pas faire, il faut nécessaii-emenrque Je sache cc que j'ai à choisir, cc que j'ai à faire et à ne pas faire; pour marcher clans la vie et l'action, il me faut nécc:s:;airemcnt une lumière. " Au commenccn:cnt était le Verbe, .... dit St. Jean, ... C'était la vraie lumière, qni éclaire tout homme venant en ce monde," Cette lumière, qui éclaire tont homme venant en ce monde, c'est la morale .. \.in~i, la liberté suppose, implique la morale. Ou, pour mieux dire, la liberté et la morale ne sont que deux faces <lenotre être intellectuel et moral, deux points de vue différents sous lesquels on !"elldsa 6e, le premier étant le point de vue de sa puissance, et le second celui de son devoir. L'homme est un ëtre moral et libre; l'homme est souverain de soi, maitre de soi, il tient dans SPSmains sa destinée, et il en renclra compte à ses!>emblables ou à Dieu, pcut-êtr•.! à la fois et à ses semLlaùles et à Dieu. Voilà deux points de prouvés, d'établis; voila deux points qni nous sont acquis. Ce n'est p:,s tout. Qu'est-cc que doit être la société? L'image de l'l:o:11me intcree. Donc notre être moral et libre r .yonnant au dehors appelle et veut, comme conséquences de la liberté morale, h liberté civile, la liberté ·politique, b liberté religieuse, la liberté éronomique, - toutes les libertés,- en un mot la dGmocratie, qui les résume et le-; contient. La doctrine de la morale, de la liberté et de la Démocratie étant de la sort(: accusée et produite somm·tirement, j'ajoute pre31ièrement, qu'elle est la seule doctrine véritablement vraie, - la seule doctrine véritabl~ment juste, -la seule doctrine véritablement utile à l'universalité des hommes, - la seule doctrine véritablement démocratique et révolutionnaire. Elle est la seule doctrine véritablement vraiE, parce que, seule, elle est la traduction philosophi•111e de la nature intellectuelte et morale de l'homme. Elle est la seule doctrine véritablement juste, parce que, seule, lie place tous les h 1mmes dans les mêmes droits et les mêmes devoirs. Elle est la seule doctrine Yéritablement utile à ·1•univcrsalité des hommes, parce qne, seule, en Yertu de son cs~ence même, elle nie les distinctions de castes, <le classes, de persom1cs, et tend au bien-être général et commun. Elle est ln seule doctrine véritablement dén1ocratique et révolutio1,11aire, parce que, n'étant au fond qnc la doctrine de Rousseau, de Robespierre et de la 1\font·1gne, elle a, senle, son origine clans la Révolution, seule elle s'y rattê~che et s'y soude, et seule, par conséquent, elle est apte à la continuer et à l'achevN. J'ajoute, deuxièmement, qu'elle a 0011 caractère propre, qui la sép 1re et la <lifférencie très netten,ent des autres doctrines soi-disant démocratiques et révolutionnaires, lesquelles, d'après moi, bien loin d'a\"Oir cette \'Crtu éminente, sont essentiellement rétrogrades, et plongeraient l'humanité dans des malheurs iucalculables et sa.Ils fin, si elles ven·tiPnt.à triompher. Sans insister beaucoup à cet égard, je me bornerai à dire qu'il est visible : Que, par la momie, el~e se distingue du Saint-Simonisme et du Fouriérisme lesquels, par cela qu'il:; rélrnbilitent la chair et les J)assions, sont la né~ation dt: toute loi morale ; Que, par la liberté, elle se distingue <lu Communisme et des systèmr.s bàtards issus rlu Communisme, puisque le Communisme et ces ~ystèmes suppriment la liberté, sous prétexte d'une égalité illusoire qu'il~ sont irnp:.issants à donner. Enfin, j'ajoute en troisième lieu, que la doctrine rle la morale, de la liberté et clc la démocratie est la conciliution t0ujours cherchée et non encore effectuée tlc ]'autorité et de la liberté, de l'ordre et du progrès, clcs intérêts moraux et des intérêts matériels de l'humanité, eu sorte que, si elle ét·-tit plei1,ement appliquée, ce seraient la raison, la probité, la jastice et le bien-être universel qui, pour toujours, ré6neraient et gouverneraient. J'aurai cccasion et soin de rev(:nir plus tard sur ces matières fondamentales de la philosophie politique; les courtes et rapides considérations qui précèdent me suffisent ponr l'attaque que je veux diriger aujourd'hui contre le christianisme. Abordant clone b question que je me suis posée, j'affirme et je vais démontrer que le christianisme est absolument contrar1ictoire à la doctrine cle la morale, de la liLcrté et de la démocratie. Jean-Jacques a remarqué avec raison que la morale la pl us pute respire clans l'Evangile. Je sais que Jésus a prêché, en toutes oc'casions et en tous lieux, l'amour, le dévouement, le sacrifice; je sais qu'il a enseigné: " que i'on ne devait pas faire à autrui cc que l'on ne voudrait pas qui vous fùt fait," - " qu'aimer Dieu par ,lessus toutes choses et son prochain comme soi-même renfermait la Loi et les Prophètes, " et "qne celui qui voulait être le premier, devait se faire le serviteur des autres. '' Mais que le Christianisme. - le Catholicisme plus partic1tlièrc111cnt, - sont loin de la simplicité de l'Evangile ! La morale qui, dans l'Evangile,· se montre sur le pr()mier plan et en relief, est, de par 1~ Catholicisme et le Protestantisme, reléguée derrière les dogmes et les mystC'res, où elle se perd et disparaît. En effet, pour le catholique et le protestant, cc <[Uiimporte par-dessus et avant tout, c'est la foi aux dogmes et mystères du Catholicisme et du Protestantisme. Que le catholique croie à la confession et Fi la présence réelle, que le protcstnnt croie à la prédestinaLion et à la gràce ; et tous les dcnx, s ,uvés par Dieu, entreront dans le royaume des cieux et jouiront des joies du boi,heur éternel. Or, qu'est-ce que la morale et les devoirs qu'elle impose ont de commun avec ces mystiques rêveries ? La condition e~sentielle de la Liberté, c'est que l'homme ait pleinement con5ciencc, ait certitude de la souveraineté de la raison hnmaine, ait pleinement conscience, ait certitude de sa liberté intellectuelle et morale. Tout, en effet, viE·nt du dedans <le nous. Par con~équent, <le la souveraineté cle la raison, cle la liberté intellectuelle et morale, découleront la liberté civile, la liberté politique et la liberté économique ; et, <le la sorte, l'édifice des libertés reposant sur sa base légitime, sera à jamais inébranlable. Or, le Catholicisme est la 11égation vivante ,de la souverai11eté de la raison, cle• la liberté intellectuelle et morale. Car, d'après le Catholicisme, la raison humaine est infirme et impuissante, l'homme est incapable cle penser et de vouloir par lui-même, et il doit puiser dans la révélation et dans l'autorité instituée par Dieu pour expliquer la revélation, les motifs <le sa peuséc et cle sa conduite. D'après cela, il est évident que la Liberté ne peut pousser en terr:iin c~tholique. Donc, pour que la Liberté trioniphc et prévaillc, il est inùi,-peusable que le dogme de la souveraineté de la rai:;on, de la liberté intellectuelle et morale rem pl tee le Cathoiicisme daus l'àme et le cœur de l'humanité. Contradictoire à la souveraineté de la raison humaine, à la liberté intellactuelle et morale, le Catholicisme l'est nécessairement à la Démocratie, puisque la Démocratie n'est que l'application politique et t'.!conon1iquc de la sou• veraineté de la raison, de la liberté intellectuelle et morale. Pour le Catholicisme, il n'y a qu'une seule espèce de gouvernement légitime, le gouvernement théocratique : en haut, le Pape, au-dessous, ]'Empereur ou Roi, bras séculier <lu Pape, et en bas la masse du Pe_uplc, esclave <lecorps et d'esprit : voilà l'idéal de société que le Catholicisme a toujours rhé et voulu. " Mon royaume n'est pas de cc monde"', répète l'Eglise à travers les siècles,· et l'histoire des siècles n'est presque qu'un tissu <les crimes que son ambition, que sa soif insatiable du pouvoir et <les richesses lni a fait commettre. Aphorisme hypocrite et menteur que cc pieux aphorisme , de l'E;.Jise ! J\Iais, cachée sous ce h1asque, elle ourdit impunémcnt ses trames et ses complots, et elle prépare les circonstances où elle pourra frapper fJrt et à coups sürs. A l'appui <le no-; a~sertions, besoin n'est pas cle rcmon:. ter bien haut. L'histoire de notre temps suîrit. La conduite du clergé français à la Révolution de Février est encore présente à tous les esprits. A cette époque, les pr~tres s'en allaient disant et prêchant: " La religion est i11diffjrente aux formes diverses de ;;ouvernemeut; elle les accepte et les reconnaît toutes, à la condition d'être elle-m~rne acceptée et respectée; et, d'aill~urs," ajoutaient-ils, " le Christ u'a-t-il pas enseigné la fraternité et l'égalité? et l'on préteu<l que la République, la Démocratie n'est que la fraternité et l'égalité politiques: nous sommes républicains, nous sommes dt:mocrates." Et on les vit se mêler aux fêtes populaires, glorifier la Révolution et le Peuple <le Paris, exalter la ltépublique, bénir les _\.rbrcs de Liberté. )lais la comédie dura peu ; bientôt, les prêtres reprirent icur rôle et moncère11t à l'assaut des institutions libres que la France s'êtait données. Et puis, comme les pe11sées perrnrses des prêtres se sont éclairées dans leurs replis les plus profonds depuis la domination dn brigandage b0napartiste ! En Yérité , tout ceci sern~le provi<le11tid. Car, nujounl"hui, les républicains save11t, et ils savent de science certaine, que, pour assurer à jamais le règne de la doctrine de la morale, <le l t Liberté et cle la Délllocratic, il faut abattre le Catholicisme ; et ils ne l'oublieront pas. H. UARJ,ET. JCLES BRAZIER. La mort-une mort sublime-vient encore d'enlever un des membres de la proscription française ! Il y a à peu près -douze ans, uu brave ouvrier cle Paris, un a~1cien sold.1t, J u!es 13razier, était condamné aux travaux forcés à perpétuité, par les Pairs clc Louis-Philippe. Ce loyal prolétaire avait, Cil effet, commis un grand crime; il avait conspiré contre la royauté an profit de la République, il avait voulu l1itcr l'heure de l'affranchissernent des Psclaves blancs en luttant contre l'autorité <le la naissancç et de la fortune. C'est pour cela que Brazier alla au bagne de Tonlon et fut soumis au bitou humiliant des garcles chiourmes; c'est pour cela qu'il eut la tête rasée, qu'il fut co:ffé du bonnet vert, q1 .1 'il porta au piecl un boulet et un anneau auquel était rivé un autre m1rtyr, un compagnon de chaine, républicain comme Brazier et souffrnnt pour la même cause; c'es_t pour cela, enfin, que le roi des barricades, aussi magnanim_e que Bonaparte, lais~a pendant plusieurs années le condamné politique assujéti aux mêmes travaux et aux mêmes privations que les forçats condamnés pour crime orclinaire. Plus t:ird, la peine de Brazier fut commuée. On le transféra dans une maison cenuale, où il trouva 111ême compagnie qu'au bagne : des voleurs, des faussaires, des assassins. Heureustment, la Rtvolution de Février éclata, et rendit à Brazier la liberté dont il était privé depuis si longtemps. li'idèle à ses anciennes convictions, Brazier entra aussitôt dans l'armée socialiste. Il était de ces ouvriers énergiques et intelligents comprenant cette vérité : la Révolution ne sera réellement accomplie qu'après avoir porté au cœur de l'organisation sociale les éléments égalitaires introduits cla11s l'organisation politique. Lui aussi croyait que le suffrage universel ne deviendrait une conquête réelle que le jour où l'onnier, dégagé de toutes les entraves, ne serait plus soumis aux exigence1- politiques du maitre qui d:stribue le salaire. Sous la réaction qui commença en 18-!8, Brazier fut mis à l'index gouvernemental ; sous Bonaparte, il en fut de même. Quand le coup-d'Etat éclata, Brazit r, arrêté dans ln Somme qu'il habitait, fut enchaîné, .1eté en voiture cellulaire, et emprisonné ùaus la citadelle <le Doullens. Deux mois plus tare! - son petit établissement êtait ruiné - la commission mixte le fit sortir Je prison en lui signifiant un internement dans le Midi. Trop fier pour se sonmettre aux valets du bourreau de Rome et clc Paris, Brazier préféra l'exil libre à cc nouveau bagne ; il vint donc chercher un refuge à Londres. Il passa pr<)S de deux années au milieu de nous, travaillaut à la menuiserie quand il trouvait de la besogne, et toujours en quête pour en trouver; luttant avec courag~ contre la misère, - prêt en tout temps à recommencer la bataille contre le honteux despotisme qui pèse sur notre pays. A la fin pourtant - à bout d'efforts et de ressources,-
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