Homme - anno II - n.11 - 14 febbraio 1855

-SCI.EI\' CE.- ' -SOLIDARITÉ.- JO-URNADLELADEMOCRATIUENIVERSELLE. N• 11. MERCREDI, 14 FEVRIER ]855.-2c Année 1 (Jersey), 19, Dorset ~treet.-Les manuscrits déposés ne seront I ANGLETER_RE~T CoLONTES: pas rendus. - ÜN s ABONNE: A Jersey, 19, Dorset street. - A Un an, 8 sh11lmgs ou 10 francs. Londres, chez .M. STANISLAS, 10, Greek-street, SohoSquare.-A Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Ce elflllll'lllal nuu.•ait UBlle fois gta.ll• senaaine. Genève (Suisse), chez M. Corsat, libraire, rue Guillaume-Tell. -1 Trois mois, 2 sh. on 2 fr. 50 c. Puun L'ÉTRANGER; Un an, 12 fr. 50. Six mois, 6 fr. 25. Toutes lettreR et 'correspondances rloivent être affranchies et Belgique, chez tous les libraires. - A Madrid, chez Casimir CHAQUENUMÉRO: adressées au bureau de l' fmprimerie Universelle à St-Hélier Monnier, libraire. 3 pence ou 6 sous. Trois mois, 3 fr. 50 c. 'l'ous les aho1nne1ue111a se 1•aie1:n1i d'a:,·auce. LE29EBULLETIN. Dans la terrible campagne de 1812, quan<l la Grande Armée se mourait sur les chemins, et que les désastres l'accablaient, sur la foi des bulletins, Paris était en fête. N apoléo11 1er venait d'envoyer au Tltétitre frauçais le statut organique <le ses littératures, et la France disait: puisque l'Empereur règ·le, de si loin, les vieilles tragédies, c'est que nos armées sont en gloire. Quelques mois, quelques jours aprè~. pourtant, arriva tout à coup le 29e bulletin, et tous les voiles tombèreut. La grande armée n'était plus qu'une ambulance en marcfie qui se traînait sous la neü!·e et sous le haillon : la sinistre retraite des six cents lieues, à chaque étape, laissait des phalanges, et le maître, arrivé transi comme un déserteur, appelait de nouvelles levées. La France comprit : dix ans trompée par le plus g·rand faussaire de l'histoire, elle avait cru que ses destiuées ne pouvaient tomber, A cette lueur soudaine, elle s'éclaira, révélation terrible et venue trop tard ! La France avait abdiqué dans les mains <l'un homme. Elle n'avait plus, elle ne sentait plus. ces énerg·iques électricités qui font lever un peuple comme un aùolt~scent, ou pour l'amour 0:1 pour la guerre. Elle était n10rte aux saintes idées, aux austères devouements : elle se sentait morte à toute espérance, et après avoir donné ses derniers enfants, elle se coucha jusqu'aux iuvasions. Voilà ce qu'avnit produit, ce que produira toujours le despotisme insolent d'un seul. serait-il l'üniversel génie, quand il prend la place d'un peuple et dt la liberté vivante. Il ne perd pas seulement les armées <le la patrie, lorsque la défaite le visite, il tue son pays même par ses victoires, et si le ma!heur, ce grand justicier, un jour ou l'antre le frappe, il reste seul et ne tronve plus dans son empire que cendre et poussière. L'e.,prit public vous fait peur, g·ouvernements imbéciles ou traîtres, qui vous donnez la mission de régir le monde'? Vous n'aimez, dans la paix comme dans la g·uerre, que vos armées et vos diplomaties? Mais vos diplomaties sont la confusion, l'impuissance, la duplicité. Qu'ont-elles fait en Orient'? -,- mais vos armées sont limitées, peuvent être battues et ne se renouvellent pas sans le grand souille qui vient des patries! Quand l'esprit d'un peuple avec toutes ses voix libres est derrière un congTès, les dialogues ·sont courts; quand l'âme d'un peuple avec toutes ses énergies est derrière une armée, il y a vingt armées. Mais non, faites silence, vous, France, et vous, Angleterre. Que vos tribunes se taisent, que vos journaux parlent bas; que vos faruil!es désolées lisent à l'écirt les bulletins navrants des hôpitaux ou <les champs de bataille, le Moniteur de Mr. Bonaparte vous invite à c<1cher vos pertes, vos plaies, vos douleurs, les cruels sinistres qui frappent, au loin, vos enfants. Oui, soyez sobres, soyez discrets, ayez confiance entière, confiance absolue dans ces gouvernements qui sont ici, dans ces gé1iéraux qui som là-bas, dans ces diplomates qui tien:.ent table à Vienne. Etouffez vos sanglots et vos cris d'alafme .... on pourrait vous entendre de 8aint-Pétersbourg ! Et quand le 29e Bulletin arrivera, quand tout ·sera consommé, lorsque les flottes et les armées ne séront plus qu'un sonvenir de deuil, on vous • demandera d'autres arnHi)eSet d'autres flottes ; on renouvellera les emprunts, on aggravera les charges, ,on prendra le deruier sa11g·et le dernier argent! Mais, Haro d'abord sur la liberté ; l'on n'a be- ·soin que des cautirüères ! Ah! nous n'aimons pas la politique du Times, :ses cyniques palinodies, son mépris du droit humain, ni l'esprit de ses idolâtries ou de ses haines, mais i! vieut de rendre à son pays un service éclatant par ses franches révélations et se~ philippiques acharnées. Il a été la sentinelle vigilante de l'An-. gleterre, tandis que les oies de Paris dormaient ou se taisaient; et l'esprit public mis en.éveil par ses énergiques avertissements, lui devra de ne pas être surpris, en pleine défaite, par un coup de foudre, comme cette malheureuse Frauce où toute voix librn est condamnée. L'alarme est donnée maintenant: l'opinion est plus quejam<1is vivante, et les mauvaises institutions tomberont, quand même, et les désastres seront réparés, et l'Angleterre qui penchuit pourra se relever, ayant sou peuple sur le pout ! • Quant au nôtre, il est dans la cale, amarré, baillonné, sans souille et sans air. Mais la destinée nous fut plus d'uns fois miséricordieuse. La Révolution, qui est un peu partout, même dans l'armée, ne sera peut-être pas longtemps à foire justice du malfaiteur qui l'a surprise et trahie. Déjù n'entend-on pas des bruits de révolte en Crimée? Les jésuites ont perdu le droit divin dont ils étaient Je plus solide appui. Louis-Philippe a été entniîné par les bourgeois de la Banque; pourquoi les soldats n'en :finiraient-ils pas avec M. Bonaparte? C'est la vieille sagesse qui le dit: on tombe toujours par où l'on penche. Charles RIBF.YROLLES. P. S. Une lettre du général Bosquet circule, pur copies, <lans les salons. Cette lettre établit que le matériel <le guerre est perdu, qne les c,rnons de la flotte, portés sur de mauvais affûts, ne pourront servir; que l'eutier cootingf'nt sous les armes n'est q.ue de 40,000 hommes, et que l'assaut est impossible! CORRESPONDANCEPARISIENNE. 7 février. Le gouvernement décembriste est profondément inquiet, et les peurs de l'agonie le trav:iillent. Il a vu se lever les petites Jacqueries de l'hiver, et, quoique ses gendarmes ou ses cavaliers aient une première fois dompté les bandes désarmées de la campague, il craint que la misère n'enfante, à la longue, les derniers dési.spoirs, ceux qui prennent la torche et la faux. .Le mois <lèrnicr, q•ntre commissaires d'enquête, agents de haute police !'Jtfonctionnaires borgnes, furent envoyés dans les <lépartemcuts pour étudier le véritable esprit des populations, par eux-mêmes, sans contact avec les administrations locales, et leurs rapports envoyés directement à lVI. Bonaparte constatent une haine souqle, un mépris absolu, presque dans to•JS les départements. L'inquisiteur envoyé dans l'Ouest déclare que les prêtres travailleut presque 1rnbliquemem à leur éternelle propagande pour Henri V. Le càrifessionnal, la chaire, l'aumône du dimanche, la visite aux mourants, tout leur est bon et tout leur sert. Ils déclarent même que toute semence restera maudite, tant que l'ordre, le grand ordre qui vient du ciel, n'aura pas son Mai représentant sur terre. Voilà donc Bonaparte, le sauveur d'hier, condamné comme autrefois le grand oncle; il a fait son œuvre d'instrument-bourreau contre la République: il a Soigné la Révoliltion aux quatre Yeines : sa tâcl1e est finie. Qu'il se retire pour laisser passer l'oint du seigneur, ou les prêtres lni feront fermer l'huis du ciel, quand sa grand âme part.ira! lt n'y a qu'un roi, cornme il n'y a qit'un Dieu : tel est le thême de la propagar1de cléricale et tel est aussi le titre du rapport envoyé 1rnr le commissaire mystérieux de l'Ouest à l'homme des Tuileries. illais ce reitre, athée jusqu'aux os, quoiqne grand comédien de religion, ce voleur de banques et de couronnes estime heaucoup plus les royaumes de ce monde que le dais étoilé de b. gloire éternelle, dans !'Alhambra peu connu du ciel catholique, et il a fait appeller le père Ravignan qui est le chef des Jésuites, pour la province de Fra11ce. ' "Votre· Ordre, Monsieur, me fait la guerre, et vos '' prêtres, je le sais, empoisonnent les dC-partements de "l'Ouest. " Sire, a répondu le jésuite, cc sont les fils cle Voltaire "q1ü nous calomnient. La religion qui avait tant souffert "a été par vous relevée. En votre nom, l'encens fume "rnr tous les autels, et de tous les cœurs la prière monte. "Sire, n'écoutez pas nos éternels ennemis qui sont les " vôtres ! " - Je vous dis, Monsieur, qu'il y a croisade ouverte "contre ma maison; j'en ai les preuves : dans vos seml- " naircs, vos couvents, vos confessioriaux et même vos "chaires, vous faites la propagande du prétendant. " Sire, notre régie nous défend le soin et le ;souci des "choses <lela terre, mais s'il y a p;:1,nninous des pécheurs "nous les ramènerons." QuE:lques jours après, le général, successeur du père Rootham publiait cet ordre rlu jour si bouffon où il est <lit par le chef des plus grands intrigants de l'h.istoire ~ • "Notre Ordre n'entre point dans les querelles terrestres., " nous respectons toutes les puissances et, comme il est " dit dans nos instituts, nous rendons à César ce qui est à " César ! " Nous sommes fort détachés de tout souci, comme <le toute religion en matière <l'Empire ou cl' Empereur, et ]a querelle des prêtres avec Bonaparte ne nous importe ; m_ais si nous étions de la faction, ou des cuisines, ou ùu budget, no1 Js aurions grand peur. 'Car les enfants de Loyola ne sont jamais plus dangereux que lorsqu'ils prennent diplôme officiel et situation publique d'indifférel)ce ! Le commissaire pour les dépa'rtements du Sud a fait un véritable rapport d'exécration et de famine. Il dit qa'il n'y a pas 1111 bonapartiste, un seul, même dans l'administration des communes, que tout est légitimiste, orléatfr,te ou bleu ; que la réaction royaliste est maitresse dans tous les ccnseils, et que sous les respects officiels dont elle accable l'autorité centrale, elle est parfaitement ll"bstile, tandis que les campagnes ulcérées par les persécu~ tions, dévastées par la souffranee et la misère, restent farouches. C'est à la suita de ce rapport qu'on a cru dernir proposer cette fameuse loi municipale qui, dans certaines villes, attribuerait au gouvernement seul la nomination des adjoints, comme celle du maire, et qui permettrait, à la moindre menace de conflit, de remplacer tous les con~ seils municipaux par des commissions provisoires au choix du gouvernement. Vous voyez que les six mille coquins ont peur, et qu'il leur faut, après sabres et goupillons, les écharpes de la France peur vivre et durer. l\ferveilleuse confiance, tranquillité profonde du rè·gne., je vous salue! Les policiers en mission dans l'Est et ·le Nord ont porté les mêmes plaintes à l'oreille auguste, et de plus, leurs rapports constatent que les conscrits de ces bèlliqueux départements s'expatrient par bandes, préférant le travail de l'exil, si difficile pourtant, aux joies abruties de la caserne impériale, et aux lauriers gelés de Sébastopol. Les enfants de Lille et de Sambre-et-Meuse ne désertaient pas autrefois, quand la Révolution les appelait aux frontières ! Ils se grouperaient encore sous les mêmes drapeaux, an même appel : mais il s'agit aujourd'hui de l'Empire. Or, ils 11e veulen~ pas se faire tuer pour la tyrannie. Et quelle tyrannie! - La làchcté qui se cache dans ses fastueuses alcôves, tandis qu'officiers et soldats s'ei:ivont au loin, souffrir, combattre et mourir. La police est plus brutale que jamais. La violence, vous le savez, est toujours compagne de la peur: aussi, chaque nuit, les visites domiciliaires se renouvellent à Paris, à Lyon, à Lille, et, dans cette dernière ville, on a fait il y a peu de jours, une nouvelle razzia d'ouvriers sus7Jects : Les pères emprisonnés, la femme et les enfans restent sans pai11, en plein hiver. l\Iais qÙ'importe? petit souci pour la valetaille administnlti\·e qui mange toujours et pour les grands qui regorgent ! On fouille même les châteaux, et vous connaissez r1éjà sans doute, par les journaux anglais, l'arrestation d'une dame, pour crime <le corrE:spondancc politique avec un exilé volontaire, résidant à Bruxelles. 1 Quelques journalistes, Jourdan, Jules Simon, et Pelletan du Siècle ont été mandés par lejnge instructeur et seront, peut-ètre, mis en fourrière. Il est dit que, sous cet Empire, toute lèvre sera scellée~! XXX.

Les dernières lettres recnes de Crimée port~nt la date du 23 janvier. "Les sorties des~Russes se succèdent toujours avec une opiniâtr~té, un acharnement terrible. Les troupes russes vienncgt très souvent attaquer les alliés jusque dans leurs tranchées. Dans une de ces meurtrières attaques, trois officiers français et plusieurs sol<lats ont été tués. On ajoute aussi que parmi les morts de l'ennemi, on,aurait trouvé un aide-de-camp de l'empereur Nicolas, la poitrine percée de deux balles. La tactique des Russes semble avoir pour objet, momentanément dn moins, de harceler l'armée assiéµ;eante. Ils savent parfaitement qu'il ne peut se faire rien de s?riet1x entre_ les de~x. armées, taut que les plmes et la neige marntienclront les terres dans le déplorable état où elles se trouvent encore. Le sol est littéralement converti en marais, et pour faire n;anœu vrer rles bataillons et de l'artillerie, il faudrait s'eufoncer jusqu'à la ceinture! Les ingénieurs anglais, chargés de la construction du chemin de fer de 13aluclava, sont arrivés avec tout le matériel nécessaire et 250 ouvriers anglais; on a également recruté il Constantinople des ouvriers croates et indigènes, et déjà ils ont commencé les travaux préparatoires <le ce chemin, sur lequel on ne fora circuler, bien entendu, que des charriots traînés par des chevaux. On pense que ce chemin de fer exigera plusieurs mois de longs et âpres travaux. Dans un ordre du jour publié par Canrobert, ordre qui semble fait à dessein pour relever le courage abattu du soldat, il est dit que l'effort des assaillants, dans la sortie du 15, a été supporté par la compagnie <le grenadiers (capitaine Bouton), et par la 1re compagnie (capi1aine Castelnean). Ces dtux capitaines ont été tués ;\ la tête de leur troupe. Dans cette même affaire, le chef de bataillon Roumejoux, du 74e, " luttant de sa personne sur le parapet et appelant ses hommes à soutenir l'honuenr du drapean," a été grièvement blessé. L' Ei:ening Journal, feuille anglaise qui, assuret-on, est assez bien renseig·née, publie une dépêche de Vienne, datée dn 8 février. Cette dépêche, si elle se eonfüme, est de la pins haute gravité. En voici la, teneur : '' Une sortie de la g·arnison de Sébastopol a eu " lieu Je i3 janvier, et a causé une grande perte '' aux Français. " Les Zouaves se sont mutinés et ont demandé " leur 'retour de Crimée.' " Qnatre cents des mutins sont arrivés en- " chaînés à Constantinople, et vont être expédiés •' à rroulon." Italie. La proclamation de la République, à Rome, fut nn des plus o-rands événements <le cette année18,1,8-1849 quib a été si féconde en Révolutions héroïques, sur le vieux continent, et c'est un des souvenirs les plus chers à l'exil. Aussi les pr0scrits de toutes les nations que _la tempête a jetés aux grèves de Jersey, se sont-1~s réunis en famille pour célébrer cet illustre. anmversaire, et l'un de nous, un enfant de Rome, un représentant à la Constitnante, u11 soldat de la République assassinée, a porté la parole en son nom. Vo:ci. le discours plein d'âme et <le mouvement du citoyen L. Pianciuni. CITOYENS, Il y a six ans, à pareH jour, à pareille henre, cent quarante-trois citoyens se trouvaient réunis à Rome, clans un des salons de la C.:hancellerie apostolique. 'La plus grande partie venai.t tles prisons, de l'exil, où la vengeance cléricale les avait retenus de longue.-s années. Ces {>chappés dts bagnes cle Grégoire XVI étaient alcrs les élus <lu Peuple. Le Pape les avait excommuriiés en- ' core une fois. Tous les monuments de la Rome papale entou-:-aient l'assemblée et semblaie11t la menacer. Le Vatican d'un côt6 - l'ancienne p::qiauté, la papauté de Grégoire VII et des Borgia, h papuuté <le la violence et de la débauche, - le Quirinal de l'autre - la pap1,uté mo<lerne, celle Je l'intrig11e et de la lâcheté. Au fond, était le Saint-Of.i.ce, cc sombre édifice où le sang ruisselle dPs murailles; é<lifi::ernr lequel plane cette hideuse figure d'un Pie _(Pie \'), ùont l'église romaine a fait un saint pour a,·oir fait égorger quelques millions d'hommes. Pourtant ijOUs nons i-:er,tions forts; nous 11epo1 Jvions pas oublier que la terre que 11011fsoulions s'était appelée jadis le Champ-de-il1ars. " Ces hommes qui ont si longtemps plié sous le joug des Papes n'oseront pas le hriser ; cette puissance qui dure depuis c,nze siècles, ils n'oseront pas s'y attaquer; ce pouvoir devant lequel se sont age11ouilléR les plus orgueîlleux souverains, ils 11eseront pas de force à l'abattre." Voilà ce qu'on se disait. On se trompait. Ces hommes n'étaient plus des sujets, ils étaient les mandataires du Peuple; il$ savaient qu·· la vérité est plus forte que le temps, qu'on ne saurait prescrire contre elle, et que la justice des Peuples n'est p1s obligée aux concessions que l'usurpation impose aux princes. Sur cent quarante-trois votes, il n'y en eut que cinq qui furent favorables au maintien de la Papauté; il n'y en eut que vingt-deux qui purent imaginer pour Rome une autre forme de gouvernement que la forme républicaine. La République ïut proclamée par le vote nominal de cent vingt et une vcix. Partisans de la légalité quand même, vous pouvez être satisfaits, le Pape avait été condamné dans sa propre chancellerie ! Citoyc1Js, j'ai fait peu de choses pour la cause de l'humanité ; malgré mon bon vouloir, je sui:-; peut-être destiné :'t faire encore très peu pour elle, mais quant à cet acte, je serai toujours fier d'y a,·oir participé . .A mes deruicrs moments j • pourrai me dire: ma vie n'a pas été toutà-fait inutile, j'ai signé la déchéa11ce du Pape, j'ai proclamé la République romaine. Car voyez-vous, citoyens, la Papauté, selon moi, est le plus grand fléau qui·pèse sur la terre. La Papauté est le soutien de toutes les antres tyrannies. Elle ne se contente pas <l'opprimer les corps, elle tue l'ùme. Le Pape est souverain, inquisiteur, prêtre et juge. Il s'ap.Pe!le Dieu· et se fait hourreau. .Les autres tyrans vous pendent; mais ce n'est pas assez pour le Pape : il s'acharne sur l'àme d11pendu ponr la jeter de sa main sacerdotale dans les flalllmes éternelles. Et quand nous pouvions nous délivrer de ce fléau, devions-nous hésiter? Quelqu'un a dit que notre démarche avait été impolitique, qu'on devait attt11dre. Mais est-il tlor1c permis de se croiser les bras quaml les lois de justice commandent; est-il permi, de transiger avec la force des principes ? Si la Révolution italienne a fait une faute, ce n'est pas, selon moi, de s'être trop hâtée, c'est, au contraire, d'avoir trop tardé. . Notre force est la vé'rité, notre conduite doit être la sincérité, et la Révolution italienne a commis une foute quand elle a commencé à faire de la diplomatie. La diplomatie est bonne pour la réaction. Toutes les fois que la Rhulution vouclra en faire, elle ser,1 perùne : souvenez-vous de L::imartine ! S'a 5·e11ouiller devant un pape auquel on ne croyait pas, aller à la messe pour faite la cour à Pie IX, et crier vive le roi po1n avoir des soldats, voilà des fautes, des fautes commist:s par la Hé\'olution italienne, et qui ont été suivies d'une terrible expiation. l\Iais, il fant le dire, nous en avons encore commis une autre : 11ousn'a,·ons pas assez tôt compris le devoir que la solidarité impose aux 11ations. Dès qu'un peuple fait un pas dans la voie du progrès, le devoir des autres est <le l'y suivre. S'ils hésitent, cc n'est pas s(•ulement son a,·enir qu'ils compromettent, c'est le leur propre. La République ,ivait été proclamée en France, et les Italiens combattaient encore sous le drapeau d'un Pape et d'nn Roi ; il fallait accepter le graud principe, l'accepter loyalement, le proclamer hautement, réunir les deux drapeaux sur le sommet des Alpes ; la République eut fait de là le tour dn monde; C.:ette faute a été cruellemellt punie. La Hongrie insurrectionnelle nous a abandonnés ; l'Allemagne révolutionr.aire 11ous a opprimés, et quand nous nous sommes tournés vers la France, 11ous n'y avons plus trouvé de Républiqu·e. Terrarnée dans lPs journées de Juin, elle avait été assassinée aux Tuileries, sur les pontons, dans la transportation. Au lieu de la liberté, nous avons trouvé le sabre du général Cavaignac, C't, ,,près, le plumet tl'nn Bonaparte. Quelques mois plustôt, nous aurions eu un Marceau en Italie, nous avons eu un Oudi11ot. Oui, citoyens, la soiirl.arité des peuples n'a été enteudne par aucune n:.1tio11en 184:3. Pourtant il y en a eu une dans laquelle une minorité ;,énércuse l'..t proclamée généreuscme11t, lui a sacrifié son passé, sa liberté. Cc principe qu'aujourd'hni nous 1léfo1dons tons, qui cor,stitue la force de l'aYenir <le l'humanité, il fot compris par les lwmmcs dü Treize-Juin: honneur à ces hommes! L'Italie n'oubliera jamais cette journée. Ce souvenir a été gravé 1laus son cœur par la reconnaissance en caractères indélébiles. Elle pourra oublier fille la France a souffert qu'on lui jette un moment sur le dos la tléfroqne cle gendarme 11cla Sainte-Alliance, mais elle se souviendra tonjours du Treize-Juin, de ces lion:mes de cœur qui ont accepté la prison et l'exil plutôt que tl'ab:wtlonner notre. cause qui (itait e,ellc <le la justice. Malheurcuse111ent, la réaction les a calomniés ces hommes, et même plusieurs de nos amis qui ont rendn, qui rendent, et rendront toujouïs de grands services ù la cause cl~mocratic1ue ; de nos amis, de nos camarades (l'exil <1uirendent j11stice aujourd'hui à l'-es. prit du Treize-Juin ne le comprirent pas assPZ alors. Ah! si cela 11efut pas ar:·ivé, Napoléon ne SPrait pas aux Tuileries, uous n~ serions pas ici, la liberté règnerait dans l'Europe entière. On a appelé le Trci2e-J uir, une démonstration, on l'a regardé comme une émeute, comme un inciclent de la lutte, mais c'était une graude étape daus la marche du progrès, vuisque la, question révolutionnaire, de natio11alc qu'elle étaît avant, devenait humanit:tire. On a plaisanté sur ie Conservatoire des Arts-et-Métiers, mais l'alliance des peuples cherchant son point <l'appui sur le sauctuaire du travail, c'est là, à mon idée, l'avenir de l'humanité. On s'est moqué des représentants, des défenseui·s du droit que les baynnnettes poussaient par les fenêtres. Eh bien, croyez-moi, le jour n'est 11as loin où ils rentreront var la po1te. L•j peuple fut chassé du Champ da Mars par la mitraille; pru de mois après, ses boulets lui ouvraie11t la porte dC's Tuileries. La République est morte, répète la réaction, dans son orgie cfo répression; non, elle n'est pas morte, le droit ue meurt jamais, la force brutale ne peut que l'assoupir. La République dort à présent à Rome comme ailleurs; elle se révciilcra. bientôt, je l'espère, et à son réveil, elle ne s·appellera plus la République Romaine, elle s'appellera la République Italienne. Quand en Italie surgira encore la République, elle ne craindra pas d'avoir à combattre les armées des autres nationalités ; unie aux autres peuples, elle accomplira le grand œuvre de la Républic1ue universelle. La République, à son réveil, ne sera pas obligée par égard pour les susceptibilités des autres gouvernements, de faire de la Démocratie, du Socialisme, sans oser en prononcer la forruule ; on pourra proclamer hautement le principe qui sera inscrit sur le drapeau sous lequel tous les peuples combattront. Ainsi, citoyens, qua11clje vo11s invite à boire à lamémoire de l'événement Jont nous célébrons l'anniversaire, ce n'est pas seulement au salut cle la République Romaine, c'est au salut de la République Italienne, de la République universelle, démocratique et sociale. Il y a là de nobles sentiments et des vérités sévères; mais ~ quoi bon le malheur et l'exil, s'ils ue· doivent être justice et s'ils ne portent enseignement? - Oui, des fautes ont été commises à Paris, ·comme à Rome, un peu partout. Nous nous sommes tons trompés, chacun à notre heure. Aujourd'hui, le devoir, le devoir pressant, c'est que toutes les consciences vraiment acquis~s à la Révolution s'unissent et travaillent fraternellement. Ne l'oublions pas, la date, la graude date, c'est l'avenir ! Dans cette réunion, le citoyen Cahaigne a fait entendre aussi quelques paroles inspirées par un sentiment élevé et qui rappelaient aux révolutionnaires les grands devoirs - le sens moral et l'énerg·ie, dèlns les œnvres, comme dans la foi. ~ ous sommes heureux, du reste, d'avoir à signaler cette énerg·ie sur des poi!lts bien difforent:,. Ainsi, taudis qu'on faisait acte de propagande à Jersey, voici le très remarquahle et très vig-oureux appel que les républicains de Gênes adressaient anx soldats français venant de Rome et traversant le Piémont. " Soldats français, "Vous traverserez nos contrées au milieu cl'un silence de deuil; il n'y nura pour vous ni sourire d'amitié, 11ifleurs tlu souvenir jetées à vos pieds, ni adieu fraternel: nulle trace de teutlress1.; ou de regret. Vous n'aurez d'autre accueil que celui des flatteries officielles. Et cela, solJats français, parceque vous retournez en France, la poitrine couverte <leùlessures e:t cl~ décorations bénies par le Pape mais m·;udites par le Peuple ! parcequ'on vous a envoyés trahir notre Nation, qui n<? saurait vous sourire aujourd'hui. "Et maintenant, refoulant dans nos cœ11rs l'indignation res<;entie par tous ll0S frères Italiens, 11ousvous diro11s: ".:,oiclats Français ! - Nous avons pitié de vous, car, vous aussi, vous êtes ma !heureux. Nous voud riofis vous serrer la main fraternelleme11t, mais votre main est tachée du sang de nos amis, de nos enfants, des enfants d'une Nation qui, sans vos bayonnettes liLerticides, se serait dl',·anchie de la double oppression des Prttres et des Tyrans. " Vous passrz au milieu des veuves et clC'sorphelir,s que vous avez fait~. Détournez vos yeux, car vous rencontrerez à cha<]ue pas les visages pâlis des hommes que vous avez arrachés à leurs familles pour les livrer à la misère et à l'exil ! "Vous aussi, vous êtes malheureux, car vo•JS êtes tombés avec les libertés 11:lissantes que vous étouffiez, et vous n',tvez pas, comme nous, pour e,om;olation, la fierté des vit:times, la dignité de la défaite. "v· 011s, les enfants dt Vo:taire et c1ela Révolution, vous nous avez imposé le Pape, l'Inquisition, les tortures et les_ cr.chots ; en échange, vous allez trouver, fumant encore, dans votre patrie, le sang du Deux-Décembre ! Vous allez,

porter les mess:iges clu Pape au maître qui vous a vendus t't déshonorés,.nu ban<lit qui a fait des so!d,tts de la France, de la patrie des 13ayarù et des Hoche, une armée de suisses ou plutôt de geoliers ! "Yous trouYerez partout les pleurs et la misère ; les malédictions étouffées par la Terreur ; les plus conrageux citoyens transportés ou captifs ; vos meille,,rs généraux, ceux qui pourraient vous conduire à la gloirr, languissant dans l'exil, tandis qne la vie cle vos cam.iraclcs, l'hoBneur de votre drapea11, sont linés à des chd's sans capacité, sans foi, et sans honneur ! "Oui, nous avons pitié de vous, car votre malheur est cruel, plus cruel que le nôtre : il s'y attache de la honte ! "SOLDATS :F1tAN'ÇAIS ! ":Nous espérons Pli l'j_venir. "N"ous avon:; foi dans l.t régén6ration des peuples, dans la résur, ection des uatioaalités. "Puissiez-vous un jour revenir parmi nous, fa.vés du saug de nos frères, et portant, non plus le drape.iu de la trahison et <lu paijurc, mais celui cle la Sainte-Alliance des Peuples ! " Gênes, Déc., 1854. "LEs Gb,01s "an nom de toute la .l'Vation." LA FRAXCE ET LA RÉ\-OLUTIO~. :Maintenant j'attaquerai le Christianisme avec la doctrine <le la morale, de la liberté et Ùc la Démocratie. C'est avec intention et à dessein que j'écris: doctrine de la 1,1or,de,le la liberté et de la Démocratie. Il y a, en p/fot, selon moi, une doctrine de la mor:1lc, de la liberté et de la Démocratie qui possède sa philosophie c.~ ses théories <l'orgamsation politique et d'organisation économique. Je n'en traiterai pas complètement ici, parce que ce serait m:rnquer le lint ,le ces études, et que ù'aillrnrs un pareil travail me deman,lerait trop de temps et d'espace._ Je me co11te11terai<le l'exposer à grnn<ls traits, <l'une manière suiiisantc toutrfois, afin qu'elle puisse me servir comme de p;erre de touche relativement au Christianisme. Quel1e est, considérée d'un coup cl'œil général et sommaire, cette cloctrine? Son élément fondamental est la libe:·té. Que si je descends au foncl cl.:: ma conscience et m'y -examin:>, immédiatement je m'y sens, je m'y trouve souverain de moi, m:titre de moi; el, de suite, tradui:;ant par la pensée, l)ar la parole cc fait, cette réalité intcrnt, j0 m'écrie : je suis lihrt. Puis, si, sortant de ma conscience, je l'ais rouler sur la scène tlu monde et me m0ler a11x choses et aux évJnemcnts, je m'y confirme ,!ans la conscience, que dis-je? da.ns la certitù<le que j'ai <lema liberté. Je suis porté vers les objets qui m'enveloppent de tontes parts et j'en suis repoussé par cles raisons de divers·~,- sortes, p,tr les mobiles de l'instinct et de l'appétit, 1nr le3 cotuidérations cl<!l'intérêt bien entendu, par les motifs d\;dnits de la raison et<lu devoir; m:tis, au milieu cle LL tempC:tc qui s'agite en mon sein, je sens, je sais qnc je suis encore, que je snis toujours souverain <lemoi, nL,i ,·e <le moi, et qu'il dépe11J absolument Je moi <le u'obc·ir llu'aux instincts et app,itits, de ne -,uivrc que les indications de l'intérC:t bien enten<ln, ou <le ne me conduire et diriger qnc par la raison et le de·,oir. La monde est le scccnd élemcnt de la doctrine de la morale, <le lal iberté et <le la Démocratie. J • suis libre. Xous l'avons reconnu. Qu'est-ce à dire? C'est dire en autrfs termes que j'ai le pouvoir du choix, que jai le pouvoir de faire et de ne pas faire. Mais, pour qn~ je puisse choi~ir, pour que je puisse faire ou ne pas faire, il faut nécessaii-emenrque Je sache cc que j'ai à choisir, cc que j'ai à faire et à ne pas faire; pour marcher clans la vie et l'action, il me faut nécc:s:;airemcnt une lumière. " Au commenccn:cnt était le Verbe, .... dit St. Jean, ... C'était la vraie lumière, qni éclaire tout homme venant en ce monde," Cette lumière, qui éclaire tont homme venant en ce monde, c'est la morale .. \.in~i, la liberté suppose, implique la morale. Ou, pour mieux dire, la liberté et la morale ne sont que deux faces <lenotre être intellectuel et moral, deux points de vue différents sous lesquels on !"elldsa 6e, le premier étant le point de vue de sa puissance, et le second celui de son devoir. L'homme est un ëtre moral et libre; l'homme est souverain de soi, maitre de soi, il tient dans SPSmains sa destinée, et il en renclra compte à ses!>emblables ou à Dieu, pcut-êtr•.! à la fois et à ses semLlaùles et à Dieu. Voilà deux points de prouvés, d'établis; voila deux points qni nous sont acquis. Ce n'est p:,s tout. Qu'est-cc que doit être la société? L'image de l'l:o:11me intcree. Donc notre être moral et libre r .yonnant au dehors appelle et veut, comme conséquences de la liberté morale, h liberté civile, la liberté ·politique, b liberté religieuse, la liberté éronomique, - toutes les libertés,- en un mot la dGmocratie, qui les résume et le-; contient. La doctrine de la morale, de la liberté et de la Démocratie étant de la sort(: accusée et produite somm·tirement, j'ajoute pre31ièrement, qu'elle est la seule doctrine véritablement vraie, - la seule doctrine véritabl~ment juste, -la seule doctrine véritablement utile à l'universalité des hommes, - la seule doctrine véritablement démocratique et révolutionnaire. Elle est la seule doctrine véritablement vraiE, parce que, seule, elle est la traduction philosophi•111e de la nature intellectuelte et morale de l'homme. Elle est la seule doctrine véritablement juste, parce que, seule, lie place tous les h 1mmes dans les mêmes droits et les mêmes devoirs. Elle est la seule doctrine Yéritablement utile à ·1•univcrsalité des hommes, parce qne, seule, en Yertu de son cs~ence même, elle nie les distinctions de castes, <le classes, de persom1cs, et tend au bien-être général et commun. Elle est ln seule doctrine véritablement dén1ocratique et révolutio1,11aire, parce que, n'étant au fond qnc la doctrine de Rousseau, de Robespierre et de la 1\font·1gne, elle a, senle, son origine clans la Révolution, seule elle s'y rattê~che et s'y soude, et seule, par conséquent, elle est apte à la continuer et à l'achevN. J'ajoute, deuxièmement, qu'elle a 0011 caractère propre, qui la sép 1re et la <lifférencie très netten,ent des autres doctrines soi-disant démocratiques et révolutionnaires, lesquelles, d'après moi, bien loin d'a\"Oir cette \'Crtu éminente, sont essentiellement rétrogrades, et plongeraient l'humanité dans des malheurs iucalculables et sa.Ils fin, si elles ven·tiPnt.à triompher. Sans insister beaucoup à cet égard, je me bornerai à dire qu'il est visible : Que, par la momie, el~e se distingue du Saint-Simonisme et du Fouriérisme lesquels, par cela qu'il:; rélrnbilitent la chair et les J)assions, sont la né~ation dt: toute loi morale ; Que, par la liberté, elle se distingue <lu Communisme et des systèmr.s bàtards issus rlu Communisme, puisque le Communisme et ces ~ystèmes suppriment la liberté, sous prétexte d'une égalité illusoire qu'il~ sont irnp:.issants à donner. Enfin, j'ajoute en troisième lieu, que la doctrine rle la morale, de la liberté et clc la démocratie est la conciliution t0ujours cherchée et non encore effectuée tlc ]'autorité et de la liberté, de l'ordre et du progrès, clcs intérêts moraux et des intérêts matériels de l'humanité, eu sorte que, si elle ét·-tit plei1,ement appliquée, ce seraient la raison, la probité, la jastice et le bien-être universel qui, pour toujours, ré6neraient et gouverneraient. J'aurai cccasion et soin de rev(:nir plus tard sur ces matières fondamentales de la philosophie politique; les courtes et rapides considérations qui précèdent me suffisent ponr l'attaque que je veux diriger aujourd'hui contre le christianisme. Abordant clone b question que je me suis posée, j'affirme et je vais démontrer que le christianisme est absolument contrar1ictoire à la doctrine cle la morale, de la liLcrté et de la démocratie. Jean-Jacques a remarqué avec raison que la morale la pl us pute respire clans l'Evangile. Je sais que Jésus a prêché, en toutes oc'casions et en tous lieux, l'amour, le dévouement, le sacrifice; je sais qu'il a enseigné: " que i'on ne devait pas faire à autrui cc que l'on ne voudrait pas qui vous fùt fait," - " qu'aimer Dieu par ,lessus toutes choses et son prochain comme soi-même renfermait la Loi et les Prophètes, " et "qne celui qui voulait être le premier, devait se faire le serviteur des autres. '' Mais que le Christianisme. - le Catholicisme plus partic1tlièrc111cnt, - sont loin de la simplicité de l'Evangile ! La morale qui, dans l'Evangile,· se montre sur le pr()mier plan et en relief, est, de par 1~ Catholicisme et le Protestantisme, reléguée derrière les dogmes et les mystC'res, où elle se perd et disparaît. En effet, pour le catholique et le protestant, cc <[Uiimporte par-dessus et avant tout, c'est la foi aux dogmes et mystères du Catholicisme et du Protestantisme. Que le catholique croie à la confession et Fi la présence réelle, que le protcstnnt croie à la prédestinaLion et à la gràce ; et tous les dcnx, s ,uvés par Dieu, entreront dans le royaume des cieux et jouiront des joies du boi,heur éternel. Or, qu'est-ce que la morale et les devoirs qu'elle impose ont de commun avec ces mystiques rêveries ? La condition e~sentielle de la Liberté, c'est que l'homme ait pleinement con5ciencc, ait certitude de la souveraineté de la raison hnmaine, ait pleinement conscience, ait certitude de sa liberté intellectuelle et morale. Tout, en effet, viE·nt du dedans <le nous. Par con~équent, <le la souveraineté cle la raison, cle la liberté intellectuelle et morale, découleront la liberté civile, la liberté politique et la liberté économique ; et, <le la sorte, l'édifice des libertés reposant sur sa base légitime, sera à jamais inébranlable. Or, le Catholicisme est la 11égation vivante ,de la souverai11eté de la raison, cle• la liberté intellectuelle et morale. Car, d'après le Catholicisme, la raison humaine est infirme et impuissante, l'homme est incapable cle penser et de vouloir par lui-même, et il doit puiser dans la révélation et dans l'autorité instituée par Dieu pour expliquer la revélation, les motifs <le sa peuséc et cle sa conduite. D'après cela, il est évident que la Liberté ne peut pousser en terr:iin c~tholique. Donc, pour que la Liberté trioniphc et prévaillc, il est inùi,-peusable que le dogme de la souveraineté de la rai:;on, de la liberté intellectuelle et morale rem pl tee le Cathoiicisme daus l'àme et le cœur de l'humanité. Contradictoire à la souveraineté de la raison humaine, à la liberté intellactuelle et morale, le Catholicisme l'est nécessairement à la Démocratie, puisque la Démocratie n'est que l'application politique et t'.!conon1iquc de la sou• veraineté de la raison, de la liberté intellectuelle et morale. Pour le Catholicisme, il n'y a qu'une seule espèce de gouvernement légitime, le gouvernement théocratique : en haut, le Pape, au-dessous, ]'Empereur ou Roi, bras séculier <lu Pape, et en bas la masse du Pe_uplc, esclave <lecorps et d'esprit : voilà l'idéal de société que le Catholicisme a toujours rhé et voulu. " Mon royaume n'est pas de cc monde"', répète l'Eglise à travers les siècles,· et l'histoire des siècles n'est presque qu'un tissu <les crimes que son ambition, que sa soif insatiable du pouvoir et <les richesses lni a fait commettre. Aphorisme hypocrite et menteur que cc pieux aphorisme , de l'E;.Jise ! J\Iais, cachée sous ce h1asque, elle ourdit impunémcnt ses trames et ses complots, et elle prépare les circonstances où elle pourra frapper fJrt et à coups sürs. A l'appui <le no-; a~sertions, besoin n'est pas cle rcmon:. ter bien haut. L'histoire de notre temps suîrit. La conduite du clergé français à la Révolution de Février est encore présente à tous les esprits. A cette époque, les pr~tres s'en allaient disant et prêchant: " La religion est i11diffjrente aux formes diverses de ;;ouvernemeut; elle les accepte et les reconnaît toutes, à la condition d'être elle-m~rne acceptée et respectée; et, d'aill~urs," ajoutaient-ils, " le Christ u'a-t-il pas enseigné la fraternité et l'égalité? et l'on préteu<l que la République, la Démocratie n'est que la fraternité et l'égalité politiques: nous sommes républicains, nous sommes dt:mocrates." Et on les vit se mêler aux fêtes populaires, glorifier la Révolution et le Peuple <le Paris, exalter la ltépublique, bénir les _\.rbrcs de Liberté. )lais la comédie dura peu ; bientôt, les prêtres reprirent icur rôle et moncère11t à l'assaut des institutions libres que la France s'êtait données. Et puis, comme les pe11sées perrnrses des prêtres se sont éclairées dans leurs replis les plus profonds depuis la domination dn brigandage b0napartiste ! En Yérité , tout ceci sern~le provi<le11tid. Car, nujounl"hui, les républicains save11t, et ils savent de science certaine, que, pour assurer à jamais le règne de la doctrine de la morale, <le l t Liberté et cle la Délllocratic, il faut abattre le Catholicisme ; et ils ne l'oublieront pas. H. UARJ,ET. JCLES BRAZIER. La mort-une mort sublime-vient encore d'enlever un des membres de la proscription française ! Il y a à peu près -douze ans, uu brave ouvrier cle Paris, un a~1cien sold.1t, J u!es 13razier, était condamné aux travaux forcés à perpétuité, par les Pairs clc Louis-Philippe. Ce loyal prolétaire avait, Cil effet, commis un grand crime; il avait conspiré contre la royauté an profit de la République, il avait voulu l1itcr l'heure de l'affranchissernent des Psclaves blancs en luttant contre l'autorité <le la naissancç et de la fortune. C'est pour cela que Brazier alla au bagne de Tonlon et fut soumis au bitou humiliant des garcles chiourmes; c'est pour cela qu'il eut la tête rasée, qu'il fut co:ffé du bonnet vert, q1 .1 'il porta au piecl un boulet et un anneau auquel était rivé un autre m1rtyr, un compagnon de chaine, républicain comme Brazier et souffrnnt pour la même cause; c'es_t pour cela, enfin, que le roi des barricades, aussi magnanim_e que Bonaparte, lais~a pendant plusieurs années le condamné politique assujéti aux mêmes travaux et aux mêmes privations que les forçats condamnés pour crime orclinaire. Plus t:ird, la peine de Brazier fut commuée. On le transféra dans une maison cenuale, où il trouva 111ême compagnie qu'au bagne : des voleurs, des faussaires, des assassins. Heureustment, la Rtvolution de Février éclata, et rendit à Brazier la liberté dont il était privé depuis si longtemps. li'idèle à ses anciennes convictions, Brazier entra aussitôt dans l'armée socialiste. Il était de ces ouvriers énergiques et intelligents comprenant cette vérité : la Révolution ne sera réellement accomplie qu'après avoir porté au cœur de l'organisation sociale les éléments égalitaires introduits cla11s l'organisation politique. Lui aussi croyait que le suffrage universel ne deviendrait une conquête réelle que le jour où l'onnier, dégagé de toutes les entraves, ne serait plus soumis aux exigence1- politiques du maitre qui d:stribue le salaire. Sous la réaction qui commença en 18-!8, Brazier fut mis à l'index gouvernemental ; sous Bonaparte, il en fut de même. Quand le coup-d'Etat éclata, Brazit r, arrêté dans ln Somme qu'il habitait, fut enchaîné, .1eté en voiture cellulaire, et emprisonné ùaus la citadelle <le Doullens. Deux mois plus tare! - son petit établissement êtait ruiné - la commission mixte le fit sortir Je prison en lui signifiant un internement dans le Midi. Trop fier pour se sonmettre aux valets du bourreau de Rome et clc Paris, Brazier préféra l'exil libre à cc nouveau bagne ; il vint donc chercher un refuge à Londres. Il passa pr<)S de deux années au milieu de nous, travaillaut à la menuiserie quand il trouvait de la besogne, et toujours en quête pour en trouver; luttant avec courag~ contre la misère, - prêt en tout temps à recommencer la bataille contre le honteux despotisme qui pèse sur notre pays. A la fin pourtant - à bout d'efforts et de ressources,-

L' I-l O )! ME. .-m.~--------------------------------------------------------------------- ne trouva11t à Londres-comme tant d'autres-que le pavé libre et l'atelier fcrmi\ ; il partit en pleurant, " car, nous disait-il, il ne s~rait pas là an grand _jour," il partit pour l'Amérique où, bientôt, par son travail incessant, il se créa une position laborieuse et satisfaisante. Notre pa1.1vrccompagnon ne <levaitpas en jouir. longtemps ! Il y a ùeux mois à peine, une horrible tempête éclate rion loin clela côte qn'habite Brazier.. Plusieurs navires sont en péril ; le danger augmente, un des bâtimeuts sombre, les passagers vont tous périr : l'ex-galérien du roi n'hésite pas ; il se jette an plus fort de la tourmente, la mer le repousse; plus fort que l'océan, il lutte et le dompte. Servi par cette vigueur et ce courage que nous lui connaissions, quatorze fois - oui, quatorze fois - il se précipite au milieu des flots et quatornc fois revient à la grève, apportant dans s~s bras une victime nouvelle qu'il arrache à b mort. Notre ami est exténué, on vflut le ·retenir sur le bord ; rien ne l'arrête. "Il y a là-bas des hommes qui meurent", s'écrie-t-il, et il se précipite de nouveau .... Il aperçoit une quinzième personne que la ngue entraîne ; Brazier la saisit encore ; il nage... il avance ... , ses forces diminuent .... , les bras lui refusent leur aide .... , il abandonn~ son précieux fardeau .... , il enfonce lui-même et disparait. ... - hélas! le gouffre l'a englouti pour toujours. Brazier est mort en soldat du dévoûmeut, sur le champ <lebataille clu sauvetage, en accomplis.sant la granùe loi du Socialisme, la loi ùe Solidarité. Cette mort vaut mieux que celle reçue sous ou sur les murs de Sébastopol, pour la plus grande gloire <leBonapart3 ou de Nicolas. HoHneur au couragenx martyr ! Son nom restera comme le type cle la souffrance héroïque et de la vaillante 11ersévérancc. Au lieu de ces inscriptions fastueuses et mensongères qu'on burine-à tant la lettre-sur la tombe <lesbanquiers exploiteurs; des évêques tartuffes et <les égorgeurs soldés, qu'on mette sur celle de Brazier ces simples paro.les, et sa vie sera racontée en quelques lignes: • "Fils d'ouvrier, la conscription le prit à son père et l'envoya en Afrique ; '' Républicain, Louis-Philippe le cloua au bagne; "Socialiste, Bonaparte le jeta eu exil ; " Proscrit et prolétaire, il ne put trouver en Anglet.erre Je pain du travail; "Homme de sacrifice, il courut à mie mort certaine pour sauver la vie menacée de ses frères. " Quel Conservateur, quel Catholique: mériterait une telle oraison. fuuèbre? A. BrANc!II. I,a crise ministérielle est terminée en Angleterre. Lord Palmerston devient Premier, en remplacement de Lord Aberdeen, et Lord Panmure (M. Fox Maule, ancien ministre), n1inisfre de la g·uerre en remplacement du. Duc de Newcastle. Lord Granville, membrfl du dernier cabinet, reprend les fonctions de président du Conseil, q nittées par Lord John Russell qui redevient simple député. M. Layard, le consul angfais qui a retrouvé les ruin/'>s <le Ninive, et qui, tout récemment, a été étudier e11 Crimée les vices de l'organisation militaire ang·iaise, devient sous-secrétaire d'Etat à la o-uerre. Sir. G. Grey pass 0 e des ·colonies à l'Intérieur; et M. Sidney Herbert, de la Guerre aux Colonies. Les autres membres du Cabinet conservent leurs frn:;tions. Les deux Chambres ont assez bien accueilli les nouveaux miuistres, é'lssurés de l'appui de lems collègues démissionnaires, Abertleen, Newcastle et Rnssell. Lord Palmerston est le favori de l'opinion publique; pourtant, on commence à se demander s'il réalisera les réformes radicales exigées pour réorganiser l'armée anglaise, presque anéantie sous 8ébastopol. Le Portugal et la 'roscane vont, dit-on, suivre l'exemple du Piémont : cela mettrait vingt mille hommes au service des Alliés. L'Angleterre lève en:outre, sa Légion étrangère en Suisse, en Allcmag·ne, et, dit-on, en France même. La mortalité, toujours effrayante, diminue cependant dans l'armée des Alliés; pourtant, les régiments anglais ne comptent pas plus de 12,000 bayonnettes, et ont dû être relevés dans une partie de leurs tranchées par les di visions françaises. Le g-énéral Canrobert a expnlsé tous les correspondants des journaux français de la Crimée, même une personne munie de la recommandation d'nn ministre. Le général a, en outre, averti les officiers <l'être plus circonspects dans leurs lettres, et surtout d'en ·interdire la publication• par la presse. ' Le A,,Joniteur publie un article contre les " fatales indiscrétions des journaux ; " cet article, dit le Times, a produit un très mauvais effet en France. Les notes diplomatiques envoy~es à Berlin depuis quinze jours, s:mt de telle nature que les journaux parlent ouvertement d'une campagne sur le Rhin, par Louis Bonaparte et le géuéral Schramm; on par.le aussi d'une expédition sur la Pologne, à travers l'Autriche; enfin, on reprend le projet de faire une diversion en Bessarabie. Les Cortès espag·noles ont commencé la discussion de la Constitution. - M. M adoz a proposé la vente des biens des couvens, des églises, des communes et de l'Etat; le clergé menace; on lui répond en lui interdisant <le parler de l'immaculée Conception. L'Irnmaculée Conceptfon, annoncée par un député, a fait partit- <l'uu uuiversel éclat de rire les Cortês portugaises. Enfin, le Monitoire du Pape, menaçant le Piémont d'excommunication, n'a pas empêché le vote de la loi abolissant les ordres monastiques et réunissant leurs biens aux domaines de l'Etat. Ces Etats, jadis catholiques, se prononcent chaque jour pins nettement contre la Papauté. Le Parlement piémontais a voté le traité d'alliance, défendu par le comte Cavour contre les vives attaques de la droite et de la gauche, unies pour la première fois depuis l'introduction du rég·ime parlementaire à Turin. M. Sou lé a donné sa démission des fonctions d'an~bassadeur en Espagne, pour aller soutenir sa candidature de sénateur en Louisiane. Plusieurs Carlistes, cherchant à franchir la frontière pour arriver en Espagne, ont été arrêtés par les gendarmes <le M. Bonaparte. PROPAGANDE RÉPUBLICAINE. VICTOHRUGO. p~::i;::· à Jersey, au .Banquet du ~9 Novembre 1854 (24e anniversaire de la Révolution polonaise). Prix : Un exemphiire, Id. (2 sous); cent, 4s. (5 fr.) JERSEY, DIPllIMERIE UNIVERSELLE, 19, DOfülET STREET. n~11au•1nacie franeaiie DU Dr. J. PHILIPPE, 28, Greek Strret, Soho Square à Londres, seul dépôf. pour la vente en Angleterre de tous les ouvrages scientifiques de FomV.~ RA~P AIL. 1. Histoire naturelle <lela Santé, de la l\[aladie, etc. 3 v. in-8, avec 18 planches en noir ou coloriées. 2. Revue Elémentaire de Médecine et Pharmacie domestiq11es, 2 vol. in-8. 3. Nouveau Système de Chimie organique, 3 gros vol. avec un atlas de 20 planches. 4. Nouveau Système de Physiologie végétale, 2 vol. in-8, avec un atlas de GO planches. . 5. Nouveau llfanuel de la Santé, 1855, vol. in-18. G. Fermier vétérinaire, 1 vol. in-] 8. 7. Revue complémentaire des Sciences appliquées à la Mérlecine, à la Pharmacie, aux Arts, à !'Agriculture, etc. Publication meJ1suelle (les six premiers mois sout en vente.) 8. Boites ph:irmacies por~atives gran°ds et petits modèles. N.B. On trouve à la Pharmacie du Dr J. PHILIPPE toutes les préparations d'après le Système Raspail. On trouve également toute espèce ùe pàte pectorale, sirops assortis, toutes les fleurs, plantes et racines employées en médecine. Consultations gratuites tous les soirs, de 6 à 10 heures. 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Bianchi Le3 Suppliciés d'Arad .................. Sà.ndor Telelci. Paris et Saint-Pétersbourg ............ Arnold Ru,r;e. Le parti républicain en Italie ......... L. Pianciani. Mort des frères Bandiera ............. . Danton et le JO Août .................. J. Cahai_qne. Les Prisons de M. Bonaparte ......... Charles Hugo Le Dualisme, c'est la Monarchie ..... Alex. llcrtzen. Souvenir de Pologne (musique) ....... Ed. Reminyi. La Révolution dans la Sc~ence......... Bonnet-Duverdier Rés11méhistorique de l'année ......... F. Taféry. Etc., etc. Prix: 1 sh. (1 fr. 25 c.) Un exemplaire envoyé par la poste : 1 sh. 6ù. Gu1'EL PROSCRIT DU 2 n!'.:CEMllRF., a le triple av:mtaged'unir l'élégance,la Jégertéet un•Jtd°efH:jeua•de cou1p1e la solidité. en plâtre, eu cire, en mastic et c11gélatine sur nature morte ou vivante. 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