Homme - anno II - n.10 - 7 febbraio 1855

-SCI E.KCE.- -SOLIDARITÉ.- JO-URNADLE LADEMOCRATIUENIVERSELLE. 9 \. 1 (Jersev), 19, Dorset Street.-Les manuscrits clépo~és ne seront I ANGLETER_Iu~ET C0Lo~1Es: N8 1O. MERCREDI, 7 FEVRIER 1865.-...,e 1 nuée • c1' ÜN s' ABONNE. A Jersey 19 Dorset street _ A Un an, 8 shillings ou 10 iran es. pas ren ns. - , ,, • , , • s· · 4 h 5 " L udres chez .M. STANISLAS, 10, Greek-strcet, Soho Square.-A 1x_11101s: s • ou ,r. • 0 ' "b • G ·11 'l' JI I Trois mois 2 sh ou 2 fr 50 c C:e .JotH'llU\I ]!tan.•ait une f"oâs l!l3l 0 se1uan1e. Genève (Suisse), chez M. C?rsa_t, h raire, rue _u a~une- e _. ~ , , · ., ·. · Puun L'ÉTRANGE!\: Un an, 12 fr. 50. Six moi~, 6 fr. ~5. Trois mois, 3 fr. 50 c. J • t , • • d es doivent être afii-anchies et Be/rrique, chez tous les libraires. - .A Madnd, c,wz Cas1m1r CHAQUE NUM.BRO. Toutes ett1 es e cou espon anc O . 1 . • 3 pence ou 6 sous a<ressees au " l , bur·e•u de J' [mprimerie Universelle à St-Hélier 11o11111er, 1bram::. . • 'il'@tH I.e~ ~1!,011uu~11ue11ns se 1•~1-ienu! d•;·n-ance. LACRISE. Le g·ouvernement anO'lais est en pleine dissolution et la crise est telle, 0 cette fois, qu'on ne sait trop comment elle pourra.finir. , La Chambre des Communes a renverse par un vote formidable un ministère· de coalition ~u'elle avait appuyé jusqu'ici et auquel el!~ av':1t_tout donné : confümce, hommes, trésors. Ces mrn1stre~ sont tombés devant une proposition d'enqu~te qm {~hit un véritable verdict de condamnat10n, et, <l;ns lenr chute, ils se sont trahis, ils se sont liv1:és les uns les autres, ne gardant pas même le dernier honneur. Voilà donc les trois rovaumes sans administratl·on réo,1lière et c'est au~ milien d'une opération 0 ' / . de guerre qui demanderait toutes les energies concentrées. Comment sortir de cette situation et que fera le Parlement'? rrrouvera-t-il un nouveau ministère de coalition'? Mais les éléments à grouper sont irrités et divercrents; la confiance e!'<tperdue, les événements co;mandent, et il faudrait de fortes majorités dans le pays, comme <le fortes armées sur le champ <lebataille. . Fera-t-on un ministère homogène, entier, compacte, qu~ a 1 it. une P?li_tiq~e personnelle et laq7ement <lessrnee? Mais 11 11 y a dans les ass~mbl_ees de la Grande-Bretagne aucune nuance qm pmsse par elle seule donner forc_ede gou ver~ement. Les denx anciens grands partis sont tom~e~ eu poussière, et les hérésies, les sectes, les d1fterences_ne permettent cle former que des g-roupes de, fam1_ll~. La situation est grave pourtant: les necess1tes de la rruerre appellent et veulent une prompte solntiori°: d'une autre part, si le gouv_en_1ement;estait sans responsabiiité, le pays fimrait pe~t-etre pa'r tout prendr? à son ~ompte, et les Anghus, en affaires, vont v1te et loin ........ . Ch. R. LERHIN. Il est sérieusement que~tion d'une prochaine campagne sur les bords ~l~ Rhin : la Pruss_e qui s' ohstine dans sa neutrahte russe en ferait les frais, et M. Bonaparte arrondirait ses domaines sans reprendre la tl3rrible guerre de 1815. . L' Ang·leterre, ju~qu'ici, malg~é la cordiale alliance, n'a pas voulu consentir; ses homn~es d'Etat craignent qu'après les deux rives du Rhrn. 011 n'ait besoin de l'Escaut et d'Anvers, et les ambitions des '.ruile::-ies, quoique impassibles et voilées, sont connues. La Pru!-Se, dit Louis Bonaparte, trahit l'Europe et la civilisation; sa neutralité est une hostilité véritable. Elle entraîne la Conf{,dération g·ermanique et paralyse les bons vouloirs de l'Autriche. Il faut frapper. Mais l'AnO'leterre est sourde: elle n'a pas d'ar~ 0 • ' Il -mée de rechaug-e, et nous sommes certams que e n'ira pas avec M. Bonaparte sur le Rhin. Quoique les aspects changent, les inté;·êts s~nt toujours les mêmes. L'Angleterre ne defera. Ja- ;nais ,v aterloo. C. R. CORRESPONDANCEPARISIENNE. 31 janvier 1855. La première rencontre entre les deux cousins a ,été fort or,1geuse. Le fils.de l'oncle Jérôme avait l'avantaO'e de la souffrance et de la 1 utte : il en a largeme~t profité, et les aides de camp qui tiennent l'antichambre en ont entendu de belles! M. Napoléon, dit le prince impérial, a déclaré à son cousin que l'expédition de Crimée était une folie tellement O'raveque la France, qu'on a pu tromper jusqu'i~i, ue la pardounera jamais, quand elle saura le fond des choses. " Cent mille hommes, a-t-il dit, ont été déjà " sacrifiés à cette fontaisie de M. Saint-Arnaud. " Mais cette perte, sang et trésors, n'est rien : " c'est la Maison Bonaparte qui peut crouler sous " cette responsabilité redoutable. Nous avions " dans nos armes le laurier d'Austerlitz et le cy- " près de Sainte-Hélène. Je crains bien que la " France ne dise bientôt que le laurier est mort." Le Sire des 1'uileries a répondu avec assez de hauteur : mais il était embarrassé et les questions posées hardiment sont re~tées sans réponse. . , Les familles qui ont des membres en Cnmee, officiers ou soldats ,sont bien tristes. Le Moniteur ue publie ni les pertes ni. les promotions, et la terrible incertitude est assise à tous les foyers. Jam ais les mères n'avaient tant souffert ! En Angleterre. les états du service sont publiés ré::rulièrement. En France nous n'avons pas lPdr~it de-demander si nos fils sont morts et ceux auxquels on daig-ne envoyer les bulletin~ ~e dé~ès, sont des privilégiés appartenant à l'adm1mstrat10n, ou bien en cour. Nos départements-frontières voient toute la population de ving:t ans. ~n. ?e servir sous cet homme. V 01là la vente ; prit militaire en France n'est pas éteint. n'a pas confiance et on se dérobe. émigr.er veut pas car l'esMais on Les prêtres ont commencé leu: seco~de. campagne : vous savez avec quelle samte harne ils ont appuyé, servi la réa~tion ,da~s t~~ltes ~es fureur~, en Décembre. Au1ourd hui qu Ils crownt la Hevolution morte ou d·u moins défaillante, ils attaquent ::\L ~onapa_rte_ et travaillent p~bliquement pour Henri _V. A10~1,dans tous les ·departe~ent_s de l'Ouest, il va croisade contre le neveu del o_rpe de Corse : du ·ha~t de~ chai:es tombent d 1 es allu- ~ions et <las esperanées qm sont fort osees. On sent déjà que le confessional n'a plus, ou ne croit plus avoir besoin du corps de garde. Les grands pillards de Décembre se <li_visen!t L'administration fait de son mieux pourtant, et la police ne fut jamais plus en fleur. Ainsi les cai~- tonniers qui travaillent sur les routes sont embrigadés pour la surveillance ; co~me 1 l~s ge~da~·mes, ils demandent les passeports, ils ep1ent, 1~srnterroo·ent ils empoio·nent : en deux mots, ils fout office de sergents de ville sur !es g-ran~s che~1ins. La misère est comme la police, active, umverselle, acharnée: Les départements du Midi, surtout, souffrent cruellement. II y a des com:nu11es entières qui s'en vont sur les routes, et les bourgeois craig·nent le 1 pilla~e. Les autorités rest~~1_t fort calmes et ne s mqmètent pas trop du pe1 il social; car il est dans la politig ue <le M. Bonaparte de faire et de garder la terreur entre les classes. Il vit de la peur des autres. XXX. Les Russes ont fait. des sorties meurtrières mais sans résultat, les 12, 1!·3, et Q2 Janvier. Le froid, la neig·e, ont accru les souffrances des assiégeants, ~t rendu plus diflicile encore le transport des provisions et des muuitions. Le major M'c Donald est mort de froid dans la tranchée : ce seul fait suffit pour indiquer tout ce que doivent souffrir l~s soldats. Aussi annonce-t-on de nombreuses desertions. Omer Pacha a fait une courte visite au camp des Alliés. Il a dil demander à Lord Raglan de ne plus appliquer aux Turcs la peine ignoble du fonet eucore en usag13 dans l'armée anglaise. Il est retourné à Varna. Il a, dit-on, définitivement donné sa démission de Général ea chef. Cette décision est attribuée soit à la persuasion du Pacha que le plan de campagne adopté col](luirait son urmée à un échec, soit à l'insubordination de certaius de ses officiers, entre autre_sd'Ismaïl Pacha, et à la mauvaise administration du ministère de la o·uerre. rrre~üe deux-mille rrurcs ont été déjà débarqués à Eupatoria d'où ils doivent agir contre Péd]kop. Le co11tingent piémontais sera dirigé contre Kaffa. Le traité signé par le Piémont met quinze mille hommes, plus une division de réserve, à la disposition des Alliés; mais l'Angleterre s'eng·age à prêter vingt-cinq millions par an au Piémont, pendant la durée de la g·uerre, à 3 p. cent. On assnre que la Suisse "autorise" le passage des troupes françaises sur son territoirP,, et fournira en outre un contingent de quinze mille' hommes. La Diète germanique a refusé d'appeler le contincrent fédéral, ainsi que le demandait l'Autriche, 0 mais sur la proposition de la Bavière acceptée par l'Autriche, elle a ordonné la mise sur pied de guerre des troupes de chaque Etat. Les conférences diplomatiques continuent à Vienne, et l'Autriche, qui n'a promis sa coopération active que si les négociations échouent, gagne du temps, et laisse la Russie menacer impunément <lefranchir le Danube et d'envahir la Dobrn<lja. Le o-ouvernement français a demandé à la b ' f • ] Prusse de permettre à une armee rauçmse < e traverser son territoire pour attaquer la Russie. La Prusse a répondu par un refus formel. La c:rise ministérielle n' atait pas encore termi~ née à Londres au départ du courrier. Le ministère an()'lais, tombé devant une opposition de 305 v i; contre 148, a donné sa démission. C'était là le but de Lord John Russell qui n'avait pas d'autre moyen de se débarasser de Lord Aberdeen et de ses amis, dont l'impopularité menaçait <le renverser tout le ministère. La chambre des Communes s'est réunie jeudi pour féliciter le général de Lucy Evans de sa belle conduite en Crimée, d'où il revient malade et épuisé. Le major Reed a profité de cette séauce, pour déposer une pr~position renversant le système actuel <le promot10ns dans l'armée; ce serait un grand coup porté à _la constitution encore féodale de l'Angleterre. Le Duc de Newcastle, en expliquant sa conduite dans le ministère, a su mériter même cet éloge, que " s'il a été u~ mauvais I?i~istre de la gu~r'.e, il a montré du morns un patriotisme et un desmtéressement bien rares. " Le Comte de Derby (tory), le Marquis <:e Lansdowne, le Comte de Clarendon, Lord John Russell et Lord Palmerston ( tous quatre membres du dernier cahiuet ), ont été succe'isivement appelés par la Reine et chargés .~e composer ~m ministère. On croit à la recomposit10n du dermer cabinet, moins les amis cl' Aberdeen et Lord John Russell. Les nouvelles de la guerre sont ù peu près nulles depuis deux mois, mais les bulletins de mort n'en sont pas moins chargés : Nous avons sous les yeux une lettre écrite du camp frauçais et qui dit crûment : . . " L'armée s'en va. Dans un mois, s1cela dure, " nous ne serons pas cent capables d'envoyer une , " balle à l'ennemi. La mort invis;bJe nous enve- " loppe, et les plus rudes, nos anciens d'Afrique, " se srntent eux-mêmes condamnés. •' Quelle camp~gne, b~n ?,ieu, _a_pr~s;ant d~ " rayons et une s1 belle l11sto1remilitaire .....

CAMP DE BOULOGNE. 30 janvier 1855. Le commerce n\;.jamais été si florissant : les hommes se paient de 5 à 6,000 francs ! Des _sociétés philanthropiques s'organisent dar,s toutes les villes, sous lo patronage des épinards et des écliarpes. 'Ces habiles négociants réalisent en quelque temps des sommes immenses. Ceux qui ne se sentent pas assez forts pour affronter les vengeances p~pulaire!.' ~'éclipse_nt avec les banques. Toute leur provision de_ch~1r humaine sera bientôt consommée, dévorée par la mitra1lle et les maladies, et quand il n'y aura plus d'écus _et de chair à canon, les bons bourgeois anglais et français sauront, un. peu trop tard, ce que c'est que cle combatt:e l~ dcspot~sme sans la liberté, et de compter sur la fidélité d un renegat. En attendant, l'armée, cette esclave qu'on croyait si fidèle et ~i dévouée, menace de la révolte. Vons savez qu'on a forcé les hommes libérés de garder le harnais jusqu'au· printemps prochain. Cet ordre les a indignés; et lorsqu'on lut le bulletin, il y eut de tels murmures dans tous les réo-iments, que le commandant du camp fit prévenir les ~atrapes de Boulogne _et de ~alais de mettre la gar<le nationale et la gendarmerie sur pied. Le lendemain, beaucoup d'hommes tefusèreut le service; les plus faibles cédèrent sous la menace de la fusillade, les plus énergiquP.S tinrent bon P.t sont maintenant dans les souterrains de l' Abbaye et de la rue ChercheJlfidi. La masse est encore menaçante, on vient de la désarmer. L'ordre du jour qni parait a.ijourrl'hui annonce qu'ils seront exempts d'exercices, de marches militaires, etc., excepté des corvées. Les mots ronflants de patriotisme, de gloire, de discipline et d'empereur , les promesses <l'argent it <l'avancement, les discours de nos pieux missionnaires qui leur assurent toutes lP.s bénédictions du ciel n'y font rien. La Crimée a Ùsé tout cela, l'empire et l'empereur n'excitent plus que leurs colèr~s. On a beau cacher ce qui se passe là-bas, il en transpire toujours quelque chose. Si notre situation n'est pas aussi déplorable q11ecelle des Anglais, cela tient ù la vie d'Afrique où nous avons appris à tont faire aux dépens de l'ennemi et à ne ja:nai_s compte~ sur le~ provisions du gouvernement, mais 1 état de 1 armée n est pas aussi florissant que les journaux anglais' l'assurent. Il est certain que l'expédition a failli. Pour tirer nos pauvres camarades de ce mauvais pas, on parle de remplacer Canrobert et d'envoyer le général Pélissier dont on vante beaucoup les talents et qui n'a malheureusement pour exploits que l'incendie et le massacre des grottes de Dhan. Cela suffit à Bonaparte. Les victoires manquant, on fait ronfler le grrrand emprunt. J'entends dire que l'aristocratie du pays a làc11é une somme considérable Jans l'espoir que leur maitre portera un coup funeste aux hérétiques <l'outre-Manche, grande et sainte mission annoncée depuis longtemps par tous les abbés du camp. Un nouvel ordre du jour défend expressément aux offi :iers subalternes de s'habiller eu bourgeois. Il parait que notre cemmandant en chef a eu une mauvaise affaire avec qur)lquei<-uns de ces messieurs, dans une: maison de bonne compao-nic. Depuis la campagne de Drceinbre, chacun croyai~ avùir le droit de se dégniser quand bon lui semblait. Ils avaient rendu de. si grands services sons ce . costume pendant les glorieuses journées! On peut se rappeler que plusieurs vinrent trouver les défenseurs de la loi derrière les barricades, comme officiers de la garde nationale, et qu'après leur avoir ,annoncé du secours et bien reconnu leurs positious, ils retournèrent dans leurs rangs pour venir les attaquer. Avec les 3,000 assommeurs de Paris et les 6,000 des· départements, on peut maintenant les affranc1lir de ce service. Tout à vous, Un suspect du camp de Boulogne. LA FRANCE ET J,A RÉVOLUTION. J'ai fait voir que le Christianisme est condamné et par la philosop1iie de l'histoire de l'esprit humain, et par son incompatibilité absolue, radicale avec la philosophie. Avant d'aller plus loi11, je veux insister eu <{Uelques mots sur cette démonstration contre le Christit;.uisme, car elle me semble gra\'e. L'humanité est un corps immense qui se développe dans le temps. En elle, de même que clans tous les êtres, le développement se fait, la vie st muuifeste par cles faits qui se succèdent <l:msune série ir,cessante et interrompue. Cela pos~, si, étudiant l'humanité dans son mouvement à travers les àges, je trouve : prcmi~rement, deux faits dont l'un va s'affaiblissant et Ù<)scendant peu à peu dans la mort, et dont l'autre va se fortifi.:rnt et s'éleYal!t de plus en plus dans la vie; et deuxièmen1ent, incompatibilité absolue, ridicule entre ces deux faits, si bien que l'un doit nécessairement se substituer à l'autre, quel argument puissant contre le premier et en faveur du second ! puisque c'est la réalité elle-même saisie et mise en lumière. Eh bien, c'est précisément ce que j'ai établi par rapport au Christianisme et à la philosophie, L'liOM~l IL C'est là, si je ne me trompe pas, un véritable coup d<! massue qni atteint et frappe;le Christianisme; et, à la rigueur, il suffirait pour l'écraser. !lais le Christianisme est dur à tuer. Il se relève 110:1 dompté encore. Il interjette appel, et, pour s:1 défense et son acquittement, il invoque une foule[îde moyens qu'il faut examiner et réfuter pour la justification de notre thèse. Et tout d'abord, il s'appuie snr la métaphysiq11e, sur la science. Il dit : on ne niera point que la métaphysique ne soit la base des autres sciences, la première de toutes les scie11ces. La métaphysique, en effet, apprend à l'homme quelle est sa n"ture, quelle est celle de l'univers et de Dieu, et quels sont les rapports fondamentaux qui lient l'homme à l'univers et à Dieu; et, par là même, elle est le point cle départ des divers ordres de con11.iissances que l'homme possède et dont il tire grandeur tt profit. Or, cette science sublime et essentielle, c'est moi qui en ai doté l'humanité. Vous prétendez que je suis vieux, que je ne suis plus bon à rien, et vous conclaez à ma suppression; je vous l'accorcle pour un moment, mab j'ajoute immédiatement : m'abattre, c'est attaquer dans leur source ces ccnnaissances scientifiques dont vous êtes si fiers, c'est en abattre l'édifice inachevë quoique grandiose, en arrêter les progrès extérieurs tt en dernière analyse jeter l'humanité de la civilisation et de la lumière dans l'ignor.rnce, la nuit et la barbarie. Nous n.'avons pas amoindri, on le voit, les moyens de défense. Présentons, - aussi dans toute leur force, - ceux de l'accusation. • Donc, répondant à notre adversaire, nous avançons tout d'abord, hautemtnt et hardiment, qu'il n'y a là de la part du Christianisme qu'une prétention purement et entièrement gratuite; et, ce que nous avauçons ainsi, nous nous faisons fort de le démontrer et par le raisonnement et par les faits, par conséquent de la ma.uière la plus péremptoire, la plus complète. Nous savons que le Christianisme, -toute religion pour mieux dire,-· est le symbolisme et la révélation. 'Qu'est-ce que la mE:taphysique, la science? D'une p:irt, la raison souveraine ; et, d'autre part, l'explication t:i.tionelle, c'est-à-dire claire, limpide, évidente de toutes choses, en un mot la formule de toutes choses. Or, le symbolisme est nécessaircmeut hostile, contradictoire à la formule, la révélation est nécessairement hostile, contradictoire à la r:i.ison. Car le symbolisme ouvert, le sphinx déchiffré; c'est la mort du symbolisme, du sphiux; car la raison humaine c'est la négation, et partout la ruine de la révélation. Doric, bien loin que le Christianisme soit le père de la métaphysique, de la science, il en est l'e11ne1;ninaturel. Et en ceci, qu'on le remarque bien, nous ne faisons qu'exposer l'essence des religions en général, du Christianisme eH particulier. " Rien rle nouveau sous le soleil'', disait autrefois l'Ecclésiaste; de nos jours, l\f. L:i.cordaire a prêché à Notre-Dame" que l'homme est un être enseigné," et J. De Maistre a écrit : "· si la science n'est mise après la religion, nous serons abrutis par la science." Ces idées ne sont-elles pas les nôtres sous une autre forme? N'est-ce point là proclamer la vanité et l'impuissance de la raison, la vanité et l'impuissance de la métaphysique, de la science? N'est-ce point là nier la raison, nier la métapliysiq ue, la science, le progrès ? Ainsi, la métaphysique, la science est la condamnation du Christid.nisme considéré théoriquement et en soi . Mais il y a plus. A la preuve par la théorie et le raisonnement, vient se joindre celle par les faits. Le Christianisme a eu sa philosophie. Nous entendons parler de la philosophie scholastique. Or, la philosophie scholastique est, non moins que le Christianisme qui la produisit, la contradiction, la négation même de la métaphysique, de la science. Eu effd, qu'est-ce que la philosophie scholastique? L'application du syllogisme, de l'argumentation par déduction, à de certains faits posés par le Christianisme, et érigé par lui en lois et en principes. Mais le syllogisme, l'argumentation p-r.r déduction, ne dépasse poiut, ne peut dépasser les prétendus lois et principes d'où il part et procèlle. Par conséqueut la philosophie scholastique enfermait l'esprit humain dans un cercle infranchissable, et elle aurait immobilisé à jamais l'humanité, si elle avait continué à gouverner les intelligences. Absolument contradictoire au Christianisme, la métaphysique, la science a été engendrée par h philosophie moderne. Les théologiens ont fait le procès de la philosophie dans un esprit de h:1!ne et de dénigrement. En vue de l'abimer, ils ont opposé à ce qu'ils ont appelé l'anarchie philosophique l'unité de la doctrine catholiq•1e. Rieu de plus simple que cette conduite de leur part. l\lais qu'elle inintelligence n'y a-t-il pas chez ces philosophes qui jouent le jeu de leurs adversaires, de leurs e11nemis? D'abord, parce qu'aujourd'hui le doute rle J\Iontaigne est hors de saison, la tâche de notre époque étant tâche d'affirmation et non de critiqne ; et ensuite, pare,e que, malgré la division, ou plutôt par l'effet de la division dont on l'accuse, la philosophie morlerne est arrivée à formuler en métaphysique, en science, des lois et des principes dont la certitude est acquise, et qui sont par conséquent les fondemeuts sur lesquels doit s'élever l'édifice scientifique que nous nous efforçons <le bâtir pour le plus grand bien de l'humanité tout entière. L'examen très général et très rapide <les travaux les plus saillants de la philo~ophie moderne le démontrera. La philosophi'.! moclerue a passé, depuis son origine, par deux pha~es : la première qui commencE: à Bacon et à Descartes, tt la seconde à Kant. L'œuvre de Bacon et de Descartes a été d'inaugurer dans le moude intellectuel la métaphysiqne, la science, par la substitution de l'observation et du raisonnement aux discussions sophistiques et oiseuses d~ l'Ecole. Œuvre consirlérable s'il eii fût, et qui a imniortalisé à juste titre ces deux noms. Quel est le but de la métaphysique, de la science? se demande R1con. D'en augmenter la puiss<1nce humaine, en découvrant les secrets de la nature, c'est-à-dire les lois d'après lesqudles elle produit ses opérations simples, et les principes de ces lois. Ces lois et ces principes, la philosophie scholastiqne est impuissante pour trouver, p1-.lisque l'argumentation syllogistique ne donne que ce qui est contenu d:i.ns les prémisses. Que faut-il donc faire pour y parvenir? ajoute Ilacon. Il faut, au lieu d'argumenter à l'infini sur de prétendus principes acceptés comme vrais, observer tous les faits particuliers, afin de remonter à des lois et à des principes d'où l'oa puisse ensuite descendre à de nombreuses applications. Bacon est ainsi le père de la métaphysique, de la science, quant aux faits externes, à l'univers : de lui sont is$ues les sciences 'physiques, arrivées à un si prodigieux développement. Ce q1 Je Bacon. a été pour les faits externes, l'univers, Descartes l'a été pour les faits internes, pour la métaphysique, la scieuce de l'homme et de Dieu : de ce dernier sont issues les sciences morales, non encore constituées aussi scientifiquemt:nt que les sciences physiques, mais qui marchent de plus en plus vers la science et la certitude. Qnels sont les points capitaux de la philosophie de Descartes? Frappé comme Bacon de la stérilité de la Scholastique, Desca~tes se propose pour but de se dépouiller rles notions erronées qu'il y a puissées, et d>:!rebàtir sur des bases inébranlables l' 6difice de ses connaissances. Pour cela, voici comment il procède : il rejette comme faux tout ce dont il lui est possible de clouter, - les données des sens, de la mémoire, de l'imagination, les mathémathiques elles-mêmes : car on prend souvent pour une démonstration ce qui n'est q1J'un paralogisme. Qu'arrive-t-il pourtant ? que dans le naufrage de ses connaissances surnage quelque chosl, en présence de quoi est bientôt Descartes et dont il ne peut douter; c'est la pensée. Car comment douter que l'on doute ? Mais penser c'est être, d'où cette parole si connue : .ie pense donc .ie su.is. Descartes est donc en possession de cet aliquid i nconcustum qu'il cherchait, d'une base inébranlable sur laquelle il peut élever l'édéfice de ses connais:sances. C'est ce qu'il fait : cle l'idée de son existence,' Descartes tire successivement la spiritualité et l'immortalité <le l'âme, l'existence de Dieu et la réalité de l'univers. Pour exister, il n'est pas nécessaire d'être dans un lieu. Et ainsi, notre existence est indépendante de notre corps. Taudis que, au contraire, nier la pensée c'est nier l'existence, puisque penser c'est être. Notre être est donc une substance qui pense; notre âme est donc spirituelle et immortelle. Cependant nous sommes êtres imparfaits, et en même temps nous avons l'idée d'un être parfait. Cette idée ne peut venir de nous, car il est coutradictoire que l'imparfait produise le parfait ; elle ne peut venir que de cet être parfait lui-même. Donc Dieu existe. Un être pnrfai1, -Dieu, - ne peut pas nous tromper. Donc l'univers existe, donc la réalité de l'univers n'est pas moins certaine que celle de Dieu. Toutefois, d'un côté, Bacon, en prenant uniquement l'empirisme externe pour point de départ, a conduit l'esprit humain dans la voie d'un réalisme grossier, qui a abouti au sensualisme, au metérialisme et à l'athéisme ; et, d'un autre, Descartes, en s'enfermant dans l'interne, et d'ailleurs raisonnant trop et n'observant pas assez, l'a conduit dans celle d'un idéalisme fantastique, qui a abouti au panthéisme et au mysticisme. Mais il a puru, dans le siècle dernier, en AllemDgne, un homme de génie, Kant, qui a concilié Bacou et Descartes, le réalisme et l'idéalisme. Jusqu'à Kar1t, les philosophes s'étaient occupés de la mi.:.tière de nos con:1aissauces bien plus que de l'instrument propre à les <icquérir. Kant fit le c,rntraire: il porta son attention scientifique sur cet instrumE:nt lui-même; il se proposa de déterminer la sphère légitime d'action de la raison humaine. C'est là, en effet, le pro blême fondamental de la philosophie, de la métaphysique, de la science; car, ce problême résolu, la raison humaine connait sa route, et elle ne risque pas de verser dans les faux systèmes Ju réalisme et de l'idéalisme exclusifs. Kant n'a pas achevé la science sous ce rapport, mais il ra placée daus la bonne direction. . Kant fait voir que nous ne connaisson~ le monde phénoménal qu'à la crrndition que des !lotions à priori de l'entendement s'y ajoutent ; que les phénomènes étant le monde apparent et non le monde réel, les I idées de la co11naissance sont subjectives, bien qu'elles aient nn se11s s~jectif. Il démontre que nos connaissauces 11ellépassent pas le phénoménal, ne peuvent péuétrer les cho:,es en soi. Et il en couclut que l'ordre du monde, les genres, les espèces n'out de réalité que dans l'esprit ; mais il y a

en dehors quelque chose, à nous parf:.itemer,t inconnu quoique réel, yui est l'occasÎùtl clu jeu de l'entendement. Gràce au philosophe allcm ,n<l, l'esp:·it humain connait s:i puissance et ses limites. Il sait que toutes les idées qni sont en l11i sont sul(jectives, et db lors il ne spiriwalisera plus la matière, il ne tombera p'.us <l:rns le sensualisme, le matérialisme et !'athéisme ; et il sait et, outre qu'il ne peut p6nHrer les cho:,es en soi, qu'il lui est do11né seulen1ent de <·o,maitre le ph6uomé11al, et <lès lors il ne realisera plus les conceptions de la raiso:1 p~ire, il ne s'égarera plus dans les rêveries du p:rntltéisme et <lu mysticisme. Et, tout en réduisant nos connaissances aux rapports des choses, Kant demontrP. l'immortalité de l'ùme, la vie future et l'existence de Dieu. l\Iais j'aurai occasion de revenir plus tard sur ceci: j'ai hàte <le terminer. Maintenant notre conclusion est facile à formuler. La voici en deux mots : C'est que la méta;)hysique, la science est fi!le ,le la philo~ophie moclerne; que les di,·isions i11téri(•ures de la philosophie ont servi et poussé eu avant la métaphysique, la scienct:; que, d'ailleurs, ces divisions tendaient à l'u:1ité, qui a été réalisée p.ir le g6,1ie de Kant; et qu'aujourd'hui la métaphysique, la science est assise s11r un roc solicle où l'esprit hutllai11 peut s'appuyer avec toute confiJnce pour al;er pins loin; -et c'est que, d'une autre part, la religion essenticllemant hostile, contradictoire à la métaphysique, à la science, est restée _étrangère au progrès scientifique df" notre temps, et que, sous le rapport de l'intelligence et des lumières, elle est comme un revenant d'un autre ùge, sorti hier du tombeau où il était enfermé depuis des siècles et des siècles. H. MARLET, La philosoplüe du dix-huitième siècle ne s'est pas co11tentée de jLter à l'ancien ordre de choses les terribles ironi-?s, les é:oqnentes rrutestatious, de Voltaire, cle Rousseau et des Enclyclopiù:stes. Elle ,i po1irsuivi, <lans une yoie plus mo<leste, un trarnil de ùéclnction et d',111alyse qui devait aboutir il une négation complète ùe l'ancienne synthèse métaphysique. D-:s.::artes, après avoir rejeté la sci •nec tr,1.cLtionn!lle, s'érnit hàté <le refaire une sci,nce avec sa raison. ~fais cette n.i-0.1 était encore, ~n dépit d'ellQ-m~me, sous l'influence de la trnùitio!l ; b science qu'elle venait de reeonstruire üait <10nc suspecte. C'est pour0,uoi le dix-huitième siècle aVoit bien :.1.dopté 1a négation Où le doute méthodique de Descartes, mais avait rcponssé ses affirmations et ses hypoth~ses. Le problème à résoudre pour ce siècle était évidemm~nt celui-ci : De quel droit la ruison afftrm"!-t-elle? Ava11t cle porter un jugement sur les idées que nous t1Ol)Vons en 11ous, il faut se rendre compte de la nature et de l'origine de ces ie,léc·s. Ce problème des idées avait été traité en Angleterre par Locke, placé soi.s la double influence de Bacon et de Dtscartcs. Locke app:irte11ait au mouvement négateur ou révolutionnaire dont ces deux philosophes avaient tlonné le signal. Mais il e1m:loppa .;es plus gra11d~s hardiesses de toutes les prl!cautious et <le toutes les réserves exigées par la prudence conservatrice de l'esprit brit,rnnique. -Sou analyse imparfaite, accueillie e11France comme_ un évan. gile, y fut poussée jusqu'à ses dernières extrémités. C'est là seulement qu'on a le courage <le la logique et qu'on ose demander à un principe toutes les conséquences qu'il renferme. Coudillac reproduisit avec une admirable clarté le système de Locke, en élagua soigneusement ce qu'il renf P.rmait encore de mécaphysique spiritu:iliste, et ramena toutes nos idées à la sensation, c'est-à-dire à une origine matérielle. La doctrine de Condillac conduit à l'11théisme, mais elle ne le proclame p~s encore. Le philosophe avait une position sociale; il devait à Dien quelques ménagements, et la politesse exigeait qu'il lui laissât encore une petite place dans le monde. Ses successeurs s'affranchirent promptement <le toutes les considérations <le ce genre ; ils atLeignirent enfin l'extrême limite du doute et de la négtttion possible en rejctaut comme absurde tout ce qui ne tombe pas sous J"obserrntion sensuelle. La philosophie avilit poursuivi l'idée jns1ue dans la pulpe ncr\'euse. Arrivée là, il ne lui restait pl11s qu'à ahcliquer clevant l'autorité supérieure cle la chimie et de vhysio!oi',ie: c'est ce qu'elle fit en cléclar&nt par la houche de Cabanis que la pe11sée n'est qu'une sécrétion du cerveau et par la bouche <le Y olney que l'homme n'a pas d'antre mobile <le ses actions que l'utilité physique. Est-ce Ft le seul titre cle gloire <le l'école idéologique? S'('St-el.e stoïquement renCerm6e dans cette froi<le et inexorable analyse qui se te.r1'uine au néant? Non : elle s'en est affranchie dans b pratique par une noble inconséquence; et ces hommes qui niaient en théorie la momie sacrée et l'àmc immortelle, se sont montrés les plus zélés défenseurs <les <lroits éternels de la raison. C'est qu'il y arnit en eux une Jouble \'ie, une double intelligence, une dou1le mission. Leur scie)1ce protestait contre tout cc qui s'.était appelé morale et religion dans le passé ; m.iis au moment même où elle semblait expirer <lans le vide, elle se tra ,sformait et puisait une vie nouvelle dans le sei11 cle l'Humanité. Les idéologues croyaient agir et parler au nom de leur philosophie; mais ,,ette philosophie n'avait d'autre objet que d'anéantir les vieilles institutions, et c'est la rPligion humanitaire qui agissait et p:irlait en eux, quand ils se dévouaient pour la cause de la iiberté et du progrès; c'est cette religion qui inspirait à Co11<lorcet l'hymne de l'avenir devant la hache de la Terreur; c'est elle qui soutint le courage et la clignité d'uu petit groupe de penseurs au milieu des fureurs des p:ntis et devant la fortune ins'.>- lente rlu soldat couron11é, Napoléon qui voulait enrégime11ter à son service tout<::sles gloires et tous les genres de mérite, s'efforça ide disr:ipliner un bataillon d'idéologues ; mais la philo- ~opliie refnsa de marcher au son <lu tambour et de se prêter à toutes les évolutions qu'on exigeait d·e11e. Elle prit pince dans les grands corps de l'Etat; mais elle réserva toujours sa liberté d'allures et son franc parler. Cette ind~\pendance obstinée de quelques hom nes vis-àvis de la plus absolue puissance des temp~ modernes fut sans doute le plus sérieux obstacle et le pins cruel embarras qu'elle hit rencontré. Une victoire gagnée sur l'idéologie eût été d'un plus grand prix il ses yeux qu·un triomphe obtenu sur ses plus sauglants ennemis du dehors. Mais que pouvait l'orgueilleuse colère du Ilespote contre cette tran4uille opposition de la science? Par quelles :.urnes l'atteindre sans se blesser elle-même? Il fallut se contenter d'injures, de sarcas111es et de vexations ; et dans cette sour<le guerre, la puissance <le l'égoïsme finit par succomber sous la puissance de la raison. C'est un idéologue, Destutt le Tracy qui fit décréter, en 1814, la déchéance de Napoléon. Quel que soit le jugement qu'on porte aujourd'hui sur' le système de cette école, il faut rendre justice à la grancleur de ses travaux et reconnaitre dans sts errenrs mêmes uue phase importaute de l'histoire dé l'esprit humain. Il!ais ce qui est supérieur à tous les systèrnes, c'est la faculté <le les pro<luire et de les exprimer, c'està-clire la vie même de l'intelligence; et le premier titre cle l'école idéologique à la recounaissance dl.! la p!1ilosophie, c'est de 11011savoir tra11smis, à trave:s la double épreuYe de la tourmente révolutionnaire et du despotisme impérial, le dépôt sacré qu'dle avait reçu du dix-huiti~me ~iècl<J, la liberté de la pensée. L. C. VARIÉ'rÉS. LRS VOLOKl'_\.IRES DE -1792. ...... L'avant-gurde de la Fédération est à Paris, peu nombreuse encore, mais impo:.ante par son altitude, et laissant deviner ce que sont par toute la France les recrues de l'<'nthousiasme. Q,ie vont faire ces hommes violents? Se fixeront-ils dans la ville ? Se contenteront-ils de la traverser ? Est-ce pour une fête seulement qu'1ls arrivent? Est-ce pour le combat ? Et quel combat? Il est certain que, depuis quelques jours, la situation s'est singulièrement assombrie. Déjà, de cette Constitution dout 1cs plus hardis naguère se bornaient à demander le maintien, quelques-u11s disent que c·est "la boite de Pandore;" d'autres parleIJt de déchéance ..... Danton a rappelé puLliqnement que le droit de pétition n'était pas -resté enseveli dans le Champ-de-Mars, sous les cadavres de ceux q11'011y avait immolés, et Robespierre a fait adopter par les Jacobins un manifeste où la société-mère, s'adressant aux fédérés, I'eur dit : " Ne sortez poi11t Je cette enceinte sans avoir décidé dans vos gœurs le salut ùe la France et de l'espèce humaine. " On a vu quelles espérances la Cour fondait sur la marche des armées étrangères, et que Marie-Antoinette s'attendait à être bientôt délivrée; mais cet espoir, incrssamment mêlé d'effi-oi, n'était que celui du naufragé qui aperçoit un navire passant à l'horizon. Comment savoir d'ailleurs où conduirait cette fête du 14 juillet, qui condamnait le roi à se trouver comme englouti dans le peuple? On commanda secrètement pour Louis XVI un plastron qui pût résister aux coups de stylet et aux balles. Or, telle était chez le monarque, chez la reine, chez tous leurs sen-iteurs dévoués, la crainte d'être surpris, que, quand il fut question <le faire essayer le p:astron an roi, on resta trois jours à épier le moment fa\'orable, trois grands jnurs p0 ndant lesquels M:ne Campan ciut porter en jupe <le dessous l'énorme et pesant gilet! L'é\·énement ne justifia point ces alarmes. La f-'..tc dt1 14 juillet 1792 ne fut qu'humiliaute pour le mi, artisan obligé du triomphe qu'on y décerna à Pétion. Cdr, tandis qu'entouré du corps municipal, l'air serein, le front radienx, et semblant couvrir de sa pretectio11 généreuse ce même duc de La Rochefoucauld qui, par les mains du Dir~ctoire, l'avait suspendu, le maire rGiutégré s'avançait m,,jestueusement à trn\'ers une immense multitude de citoyens criant : Vive PJtion ! et portant ce vœu écrit sur leurs chapeat1x aYec de la craie; Louis XVI, revêtu de son plastron et prol~ôé par un nombreux Lataillon de grenaclicrs nationaux, se trainait au C:1amp-d<J-l\Iars à travers d(:S rues détournées. • -Une estrade avait été préparée pom la fami1le royale, qui arriva la µrtmièrc. Le Champ-de-1\Iars, encore désert, était couvert de quatre-vingt-trois tentes, représentant les quatre-vingt-trois <lépartemellls, et devant charnne desquelles se drer,sait un peuplier. Au centre, on avait • figuré, pour ceux qui mourraient à la frontière, un tombeau avec Ct!S paroles écrites sur un des côtés : Tremblez, tyrans, nous les vengerons! A cent toises clen-ière l'autel <le la Patrie s'élevait un grand arbre, l'arbre <le la féodalité, aux branches duquel pendaient des boucliers, des casques, des écussons bieus, et qui sortait du milie11 d'uu bùcher où l'on voyait entassés couronnes, tiares, chapeaux de cardinaux, manteaux d'hermine, titres de noblesse, sacs de procès, bon11ets de docteurs. Le cortége national étant entré clans le Champ-de-Mars, par la grille de la rue de Gn,nelle, cléfila sous le balcon du roi et se porta vers l'autel de la Patrie, pendant que l'Assemblée, présidée alors par Aubert Dubayet, s'arrctait pour atte1,dre le roi. Le maintien de Marie-Antoinette était ferme, sa parure brillante; mais il y avait sur sou vis::ige m,e indéfinisaùlc expression de douleur combattue, et ses yeux portaient la tr..,ce de-; larmes. Du pavillon sous !,!quel il était, Louis XVI se rendit à l'autel de la Patrie où il devait prèter sermvnt à la Constitution. -Sa démarche, sa conten:mce, avaient quelque chose de morne et cl~ bien résigné, bien propre à toucher les cœurs qui l',timaieut. " Je suivis de loin, raconte Mme de t,taël - elle était dans l'estrade - je suivis de loin sa tête poudrée au milieu de ces têtes à cheveux noirs; son habit, e11corcbrodé, resso1 tait à côté du c,,stume des gens d11 peuple qui se pressaient autour de lui. Quand il monta les degrés de l'autel, on crut voir la victime s2inte s'offra11t volontairement en sc1crifice.'' Invité à mettra le feu à l'arbre de la féodalité, il s'en excusa en faisant observer qu'il n'y avait plus de féodalité. II rejoignit ensuite b reine et ses enfants. Le peuple se pressait pour le voir ; ce fut la dernière fois. Ou ne le revit plus en public que sur l'échafaud. Le Mcret du 2 juillet orclon11ait qu'après avoir a5sisté à la fête civique, les féclérés se ren<lraic:nt au camp de Soissc,ns ; mais, Paris les enveloppant, beauco11p répétaient déjà le mot de Danton: "Nous avo11s apporté ici, non-seulement notre via, mais notre pensée." Le 17, il::; envoyèrent une députation lire à l'.Asseml,lée une adresse que Roùcspierrr avait rédigée et qui conteuait ces som1·aations impérieuses : " ..1:-èresùc la patrie, suspendez le pouvoir t>xécutif dans la personne du roi : le s;tJut cle l'Etat l'exige. - Mettez en accusation Lu.fayette : la Constitutio11 et le salut ·public vous l'.orclo1111eut.,_ DJcrétez le licenciement des fonctionnaires militaires nommés par le roi, - Destituez et puuissez les dirtctoires.- Renou velez les coriJS juùiciaires." Tant de hauteur révolta le côté droit, et n'eüt peutêtre fait qu'étonner l'opinion, si le sentiment qui avait dicté cette adresse n'eût été jnstifié par les balancements cle l'Assemblée, tantôt pleine de fougue, tantôt timitle à l'excès, selon qu'elle cédait aux inspirations de la Gironde, on se laissait retenir par les :Feuillants. C'est aimi qu'après avoir, le 15 juillet, décrété l'éloignement des cinq régiments de t, oupe de ligne ou de troupes suisses, elle s'arrêta tout à coup, et recula devant la nécessité rle frapper Lafayette, dont la respo1'1sn.bilité, vivement débatti;e pendant troi;; jours, finit par échapper, à la faveur d'un ajournemeut. D'uu autre côté, d'alarmantes nouvelles arrivaient coup sur coup de la frontière. Luckner écrivait que l'effectif des quatre armées était à peine <le soixante-dix mille hommes disponibles, et que, vers le Rhin, au centre, quarante mille homme~ seulemeut allaient avoir à soutenir le choc <le deux cent mille Autrichiens, Prussiens, Hongrois, et de vingt-deux mille émigrés; Dumouriez, en annonçant à l'Assemblée l'occupation d'Orchies par l'ennemi, se plaignait de manquer de vivr(;!s, d'argent, d'instructions ...... Bien évidemment. le salut de la France dépendait de la force qu'elle puiserait dans sa foi et son désespoir. A elle désormais de prono11cer le fameux mot de Médée : Contre tant de malheurs, que vaus reste-t-il? -Moi! Et c'est en effet ce qu'elle osa dire. Qnelle àme vraiment française, l'oubliera jamais cette héroïque journée <ln 22 juillet 1792, où, siu toutes les places publiques, au bruit du canon d'alarme, au roulement de& tambours, la muuicip.ilité de P,iris pro:nulgua le décret qui proclamait la patrie en d:rng-cr? Dès le matin, Paris a fait entendre un mu.;issement semblable à celui de l'Océan soulevé dans ses plus noires profondeurs. Officiers municipaux et gardes à cheval parcourent les rues, agitant ùes bannières au-dessus desquelles se déploie celle qui porte ces mots effrayants et sauveurs : Cito.11ens, la patrie est en danger ! Aux salves d'artillerie, au son des trompettes remplissant l'air d'appels lugubres, une grande voix répond, une grande voix émue, celle du peuple. Voici l'heure des enrôlements volontaires. Des amphithéâtres ont été dressés sur les placts publiques. Quel tableau ! Une tente cou verte de feuilles de chêne, chargée de couronnes civiques et flanquée de deux piques que surmonte le bo111,etro11ge; en avant une table posée sur deux tambours; le magistrat en écharpe consigIJant cbns un livre impérissable le serme11t sacr.} d'affronter la mort ; des canons pour défendre les balustrades, les <leux escaliers, le devant de l'amphithéâtre; et, autour, des hommes de tout âge, de toute con'dition. se précipitant ... : " Ecrivez mon nom! Mon nom, mon sang, ma vie! Que n'ai-je plus encore à offrir à men •

• pays!".- Immense fut le 1Ïombre des rnrûlements. On vit se prése11ter iles Lazaristes, <leshommes marirs, des fils uniques. Un Yieillard Yint, appuyé sur ses deux enfants, et les trois s'in~cri\'Îrent. Ceux qui n'avaient pas seize aus, l'àge de rigueur, voulaient partir comme les autres, 111 i:1.ient, suppliaient, et, refusé-;, se retiraient avec <leslarmes de rage rlans les yeux. Ee elles 6taient - bien tristes aussi, au milieu de ln joie sombre de cette race de guerriers, les pauvres mères qui venaient donner à la France ce qu'elles aYaient de plus cher au monde, h· fruit de leurs entrailles, toute leur àmc ! . • Ces grandes scènes furent répétées dans toutes les villes, et ainsi se forma la phalange des volontaires de 92, pépinière de tant d'incomparables sohlats, les uns rudes comme Masséna et Augereau, les alftres impét11eux comme Murat et Kléber, ou austères comme Desaix, ou tendres et nobles comme Hoche et 1\f arce ,u. C'en est fait, l'en11emi peut venir maintenant : la France est prête. Robespierre écrivit dans son journal, ces fortes et mélancoliques paroles : " Notre cause? qur. les peuples de la terre la jn6ent ! ou, si ]a terre est le patrimoine de quelques despotes, que le ciel lui-même en <léci,\e. Dieu puissant, cette cause est la tienne ! <léfen(ls toi-même ces lois éternelles qne tu gravas dans les cœ11rs, et a11sousta justice accusJe par les malheurs du genre humain .... " Louis BLA~c. La p!"otestation française, contre le crime de Décembre, avait un vaillant oqpnc dans le Républicain (de N éw-Yorck). Aussi est-ce avec un regret profond que nons avons lu dans le numéro du 30 décembre les lignes suivantes: " A partir de ce jour, la publication du Républicain sera interrompue. ~M. les souscripteurs aux abonnements et aux annonces seront desservis jusqu'à l'expiration de leurs abonnements respectifs par le Progrès, journal français, sous la direction de M. Aimé Maltspine. " Le premier numéro du Pro,r;rès paraîtra mardi prochaiu, Q janvier 1855. " Les bureaux du Progrès sont situés 321, Broadway. '' Les eng-agements contractés par l'administration du Républicain seront exactement remplis. Les personnes qui ont des comptes à régler sont priées de s'adresser, dans le pins bref délai, à M. J. Souvy, 22, Reade street, liquidateur. ·" Nous éprouvons le besoin, à propos de cette cessation, de donner quelques explications au public. " Ceux qui nous connaissent, ceux qui ont travaillé avec nous, ceux qui nous ont aidés, savent que la publication du Républicain n'a jam.::is été de notre pait une spéculation. Nous avons poussé · l'abnégation de l'intérêt personnel jusqu'à l'ex• trême !:mite du possible. Daus ces circonstances, nous sommes heureux de donner l'assurance que l'opinion républicaine conservera un organe français indépendant à New-York. Par là, au reste, se trouve rempli le but des amis dévoués qui out, eux aussi, fait des sacrifices ponr le maintien d'une publication si chère aux hommes militants. Cette assurance adoucit pour nous l'abandon d'une entreprise qui a, nous pouvons le dire, rempli utilement, d'abord sa mission de protestation contre le crime de Décembre, et a ensuite eng·agé à jamais ]es populations gallo-franques dans la voie du rationalisme politique et social. L' IlOJlMF. " Notre drapeau n'est ni abaissé ni amené : il est seulement transporté sur uu autre navire. différant de nom, il est vrai; mais l'opinion est tout. Un mot encore. N otrc entreprise 11' a pas été une spéculation. Notre compensation est de voir poursuivre, avec toute g·arantie de succès, une publication démocratique.'' AVIS On trouvera chez MM. les agents <lu journül ou à l'imprimerie universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, les numéros qui manqueraient aux personnes faisant collection de l'HOMME,à raison de 3 pence (6 sous) l'exemplaire pris séparément. Quant aux personnes, au contraire, qui désireraient avoir tous les numéros qui ont paru jusqu'à ce jour, elles peuvent se les p1:ocurer aux mêmes coadi:tions ~'abonne- . ments qui se trouvent indiquées, pour chaque pays, en tête de notre journal. JEM VENTE A l'Imprimeric et Librairie universelles, 19, DORSET STREET, SAINT-HÉLIER (JERSEY) : Ou par commission à LONDRES, à la Librairie Polonaise, 10, Greek street, Soho Square. 1855. ALMANACH DE L'EXIL. L'Almanach de l'Exil pour 1855 forme un beau volume in- 16 de p1us de deux cents pages. Ce livre, œuvre de propagande démocratique, contient les articles suivants : Calendrier Grégorien .................. . Calendrier Républicain ................ . Calendrier Maçonnique ................ . Note sur le Calendrier ........... par J.-Ph. Berjeau Quelques Ephémtri<les révolutionnaires ................................ . Les trois Napoléons ..................... Ch. Ribeyrolles. Les deux Fléaux... . . . . . . . . . . . . .. . . . . . . . Félix Pyat Une page d'Histoire (les Girondins) .. Louis Blanc. La Ré\'olution au Théàtre .............. Au.9. Vacquerie. Un Grenier ouvert au hasard (poésie) Victor Hu,90. La D~mocratie dans Shakspeare ...... Fr.-V. Hugo fils. L'0uvrier manufacturier ............... A. Bianchi Les Suppliciés d'Arn<l.................. Sùndor Teleki. Paris et Saint-Pétersbourg ............ Arnold Ru_ge. Le parti républicain en Italie ......... L. Pianciani. Mort des frères Bandiera ............. . Danton et le ] 0 Août .................. . T. C(ûiai_r;ne. Les Prisons de l\I. Bonaparte......... Charles Hugo fils. Le Dualisme, c'est la M anarchie ..... Alex. Jlertzen. Souvenir <le Pologne (musique) ....... Ed. Reminyi. La Révolution dans la Science ......... Bonnet-Duverdier Rés11méhistorique de l'année ......... F. Taféry. Etc., C'tc. Prix: 1 sh. (1 fr. 25 c.) Un exemplaire envoyé par la poste·: 1 sh. 6d. PROPAGANDE RÉPUBLICAINE. VICTOR HUGO. p~~,i~~:s à Jersey, au Jhaqnet du :29 Novembre 185.t. (24e anniversaire <le la Révolution polonaise). Prix: Un exemph,irr, Id.(~ so11s); cent, 4s. (5fr.) L KOSSUTH Discours e o prononcé à Lo11dres, à l'occasion de l'anniversaire de la Révolution polonaise.-Brochure de 20 pages, en français, 2d. (4 sous). Discours (sur le même sujet) prononcé à Jersey par L. PIANCIA.N I, proscrit it~lien.-ld. 1TICTOR HUGO Le discours pro- V , 11011céle 27 se]ltembre 1854, sur la tombe du citoyen Fflix Bony, vient d'être imprimé sur papier fin et en petit format. On peut s·en procurer à Jersey à l'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street , et à Lo11clres. DAKGERS T0 ENGLAND OF THE ALLIANCE '\iVITH THE .M:EN OF THE COUP D'É~fAT. To 1l'hich are added, the personal confessions of the December Conspirators, and some bio_qraphical notices of the most notorious of them. BY VICTOR SCIIŒLCIIER, Representativeof the People. Ouvra,qcs iuiprirnés en polonais. LUD POLSKI W .EMIGRACYI. 1835-1846. l volumegrand in-8., à denx colonnes.- Prix: IO sh. NIEZABUDKI JERSEYSKIE , RocHA RUPNIEWSKIEG0. Prix : lsh. ~i, Dl~l.1rIH1acie francaiee DU Dr. J. PHILIPPE, 28, Greek Strret, Soho Square à Londres, seul dépôt pour la ventP, en Angleterre de • tous les ouvrages scientifiques de 1. Histoire naturelle de la Santé, de la Maladie, etc. 3 v. in-8, avec 18 planches en noir ou coloriées. 2. Revue Elémentaire de Médecine et Pharmacie domestiques, 2 vol. in-8. 3. Nouveau Système de Chimie organique, 3 gros voJ. avec un atlas de 20 planches. 4. Nouveau Système de Physiologie végétale, 2 vol. in-8, avec un atlas <le 60 planches. 5. Nouveau Manuel de la Santé, 1855, vol. in-18. 6. Fermier vét6rinaire, 1 ml. in~] 8. 7. 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