ambition les aspirations de l'Italie vers l'indépendance. Ce charme rompu, tous les liens ne sont-ils pas brisés ? C'est un homme perdu. Allez en Italie, et vous n'y trouverez pas un ho ,.me qui ne l'appelle désormais du nom •de traitre. Comment donc a-t-il pu commettre la faute de détruire aiusi l'existence de sa Maison? S'il est Italien, il devrait repousser la compagnie de" l'Eternel Ennemi" luimême; s'il est ambitieux, toutes ses chances consistaient dans son hostilité constante avec l'Autriche. N'a-t-il pas été averti? 11 y a quelques semaines à peine, l'un des patriotes les plus honorables et les plus pop11laires du Piémont, dans la Chambre des Députés, avertissait solennellement le gouvernement d'éviter tonte manifestation sympathique, et, à plus forte raison, dP. s'allier, en faveur d'Etats avec lesquels il courait risque de se trouver en compagnie de l'Autriche. Une acclamation una1.1ime accueillit ses paroles; et le ministère se hâta de revendiquer sa part dans cette explosion de sentiment patriotique, en assurant pathétiquement l'Assemblée que le goa vernement connaissait ses devoirs et ne cesserait pas d'être" en froid avec l'Autriche." Et voici venir la diplomatie secrète, les éternels jongleurs; et, en un tour de IlUlin, nous trouvons V. Emmanuel dans l'alliance autrichienne. C'est délicieux ! Puis, arrivent les vils soutiens de l'hypocrisie diplomatique, et ils s'écrient : oh! non, ce n'est pas l'alliance autrichienne, mais seu lem en t l'alliance anglo-française. Arrière, démon llu mensonge. Les faits qui s'accomplissent aux yeux de tons coHfondent toutes les impo3tures. Comment donc cela s'est-il fait? Le Times l'explique !linsi : "C'e,:t une preuve d'indépendance; le roi de Piémont agissant <lelui-même et sans pression, inaugure une politique étrangère nette et indépendante." Cela ne signifie rien. Indépendance vis-à-vis de quoi? De l' .Autriche ou de la France ? Ce sont ces deux Etats qui pèsent sur le Piémont, et non la Russie ; si la Russie pèsa sur le Piémont, ce ne peut être que par l'Autriche ou par la France. De l'indépendance ? ~lais c'est au contraire la preuve la plus catégorique de l'incroyable dépendance du Piémont envers les deux joueurs de paume qui se le renvoient, pauvre balle ! sur leurs raquettes ; une dépendance qui va jusqu'au suicide moral et politique, jusqu'à l'acceptation de l'alliance antrichienne, sur leur injon.::- tion ! Et dans quel moment, encore ! Quel intérêt peut prendre à vos " quatre points " le pauv1e petit prince, si ce n'est peut-être lt désir de voir l'Autriche engagée daus une guerre lointaine. Une politique vraiment inMpendante, c'eüt été <l'éviter soigneusement de s'embrouiller dans les liens de l'alliance autrichienne ; puis, àU moment opportun, lorsque l'Autriche aurait été engagée au loin, de déployer l'étendard tricolore, et dt! crier : " Dehors les Autrichiens ! Vivl l'Italie! " Ceci eût été de l'indépendance. Mais là gît précisément la diffü:ulté? C'est là justemPnt ce que Bonaparte et l'Angleterre, qui disent combattre pour la Liberté de l'Europe, voulaient empêcher, dans l'intérêt de l'Autriche. Voilà l'explication de cette " indépendance piémontaise" venant au secour~ de la " dépendance " de Paris et de Londres. Et le ministère anglais vous assure qn'il n'entend pas seconder l'Autriche contre l'Italie ? Sans doute " Drutus est un honnête homme 1" Le fait est simplement cec:i : Louis-Napoléon Bonaparte, infidèle aux traditions de la France et <Lesa propre maison eu particulier, se fait le marche-pied de l'Autriche. Il s'est uniquement préoccupé de l'idée d'entrainer l'Autriche dans cette guerre, ou, tout au moins, de la détacher de la Russie. " L'Autriche à tottt prix est son mot d'or<lre. C'est une si bonne compagnie, ,·ous savez. Dans rebut, il s'est placé <::t il a mis l'Angleterre aux mains de l'Autriche (il commande à l'Angleterre, comme de raison). Que voulez-vous! l' Empereur s'est grisé du_pouvoir, dit un des sien~ avec un soupir. La" jeune espérance" d' Aberdeen répondit : " J'agirai avec le plus striet égard aux contingences, modifiées par les. circonstances, dépeudantes des éventualités. (Voir le Punch du 16 décembre, un véritable Daniel!) Dans' !'entretemps, f.'lonsie-ur le Parvenu, voyez, votre oncle a été l'ennemi .acharné de ma Maison en Italie; mais vous, l'héritier de ses aigles, vous êtes un bon enfant; vous me garantirez mon Italie, - elle EST mienne! rappele~-vous cela ! Je crains Mazzini et le "petit seigneur" de Turin. Il est ambitienx. Vous devez vous engager à combattre Maz- :zini, s'il s'agite; et vous attacher le Piémontais par un traité. Ou bien, Adieu." '' - Ne craignez rien, majesté I. R. et apostolique, ne .craignez rien ! '' dit Napoléon, et, présentant un tra_ité à Victor Emmanuel, il lui dit : 11 J'ai besoin de rassurer l'Autriche; signez cela ou bien, - je suis à Rome, vous .savez; je puis bien aussi aller à Gênes." Et Victor Emmanuel a signé ! - "Non par contrainte, ,comme de jnste ! Oh! non, par indépendance! •~ Tel est le sort des petits princes, m{ diatisés par leur petitesse et par leur position géographique. On complotait une trahison contre l'Italie ; heureusement, ce ~era seulement nn suicide royal. - Zarar 90k ((il n'y a.i,as de mal!) - dit le Turt-. A Paris, les hommes se grisent de pouvoir. Le gouvernement anglais, lui, construit son édifice sur le sable mouvant de la vie d'un homme, et d'un homme que le pouvoir énivre ! Et l'Angleterre (le peuple) non est inventus ! Mais "la délibération à Wittemberg est une chose, -et la décision du ciel une autre," dit Luther. Les maux de la division ont été retirés de dessus l'Italie! Enfi.n, nous verrons! En attendant, aucune nouvelle frappante de Sébastopol. Canrobert aurait-il un ordre secret de rie pas attaquer ? Pourquoi ? ... ... Peut-être quelque historien de l'avenir <lécouvrira un document qni expliquera pourq11~i les puissances " alliées," allant attaquer Sébastopol, restèrent QUATRE Mors ET PLUS sur la défensive ! KOSSUTH. L'ESPAGNE ET LES PROSCRITS. On lit dans le Morning Adversiter : Dans une discussion récente, les Cortès d'Espagne ont agité l'importante question ,du droit qu'ont tons les hommes d'aller et de venir en pleine liberté. Cette discussion mérite une attention particulière. M. Orense, l'ardent et infatigable chef du parti républicain en Espagne, avait demandé au ministère pourquoi il avait r<::fusé des. passeports à un proscrit franç 1is, M. Schœlcher, qui désirait se fixer à Séville. M. Luzuriaga, ministre d'Etat, répondit quP. la Péninsule était ouverte à tous les réfugiés politiques, mais qu'il était du devoir du gouvernement, au nom de la sûreté publique, de faire à cette règle toutes les exceptions qui lui paraîtraient nécessaires, et qu'en conséquence la personne en question avait été rangée parmi celles qu'il paraissait désirable d'exclure. Cette réponse donna lieu à une proposition de !'Opposition ayant pour but de faire déclarer par les Cortès que, par le simple fait du triomp11e de la Révolution, l'Espagne était engagée à recevoir les réfugiés politiques <le toute nation iudistinctement, et à ne pas refuser son hospitalité à quiconque la réclamerait. Cette proposition, appuyée par MM. Gaminde, Pinilla, Sagasta, Orense, Labrador, Moncassi et Gassol, fut prise en considération et déférée unanimement à une Commission spéciale. Cette décision honore les Cortès. Elle prouve qu'elles respectent la dignité de leur pays. Il est doux aux amis de la Liberté de voir au milieu de la prostration générale du contineut, le peuple espagnol déterminé -à être le maître chez lui et à y recevoir qui bon lui semble. Ce n'est pa·, seulement la conduite la plns honorable, c'est aussi la moins périlleuse. Une nation relativement aussi faible que l'Espagne n'a rien à craindre tant qu'elle maintient son indépendance morale,-le droit naturel et sacré d'offrir asile à tous les naufragés des tempêtes politiques. Si, au contraire, elle prenait conseil rle la peur, si elle se laissait intimider par un puissant voisin, elle serait amenée à une dégradation chaque jour pins g.ranùe par les impérieuses exigences de la politique. Voyez à quelle abjection est tombée la Belgique : elle n~ compte plus parmi les états de l'Europe : elle n'est plus que le gendarme de l'Empire du Deux-Décembre. Nous ne saurions trop encourager les Cortès à persister dans l'esprit de leur proposiuon ; et, si nous insistons à ce sujet, c'est uniquement à cause d'un incident des débats qui parait l'avoir compromise. M. Luzuriaga a déclaré qu'il supposait bit>n qu'en adoptant un principe pleinement reconnu par le gouvernement, les Cortès ne ma11queraient pas rle réserver à celui-ci le pouvoir d'expulser tout exilé dont la présence serait un danger pour la tranquillité publique. M. San Miguel, en appuyant la proposition, a parlé <lans le même sens. L'introductio11 d'une idée pareille dans la nouvelle loi serait un retour au statu quo. Le ministre n'a-t-il pas déclaré que tous les proscrits étrangers pourraient entrer en Espagne ? Pourtant il a interdit cette entrée au premier qui s'est offert, parce que lui, .M:. L11zuriaga, avait déclaré dans sa sagesse, et sans même en donner q.e motif, que le nouveau-venu était dangereux. Nous retrouvons ici le langage dQ tous les gouvernements hypocrites. A côté du· principe proclamé, une réserve qui l'annule ! Dire qu'un pays est ouvert à tous quand il est fermé à telle on telle personne, ce n'est qu'un mensonge grossier sous le masque de la Liberté. Comme il est ilifficile d'arriver à la vérité, quand les hommes sont si faciles à tromper ! Ces prétendues réserves au nom du salut public sont les points de repaire ouverts par le despotisme à la pusillanimité des hommes d'Etat. Enoncer de pareilles réserves, c'est à la fois une absurdité et une insulte à l'Espagne. N'est.:ce pas une absurdité insultante que de dire à cette fière nation, si pleine d'énergie latente, que la présence d'un étranger, quel qu\l soit, est un péril pour son gouvernement? Non. Cela n'a pas de sens. Que demaude donc M. Luznriaga? Il est malheurenscmeut impo~sible de nous faire illusion. Ce qu'il demande, c'est le pouvoir cle sacrifier ceux qui ont une querelle perso11rielle avec Napoléon III, comme dit l'héritier indigne du beau nom de Robert Peel. C'est le droit d'obéir aux exigences du gouvernement actuel de la France. Ce sont les moyens de chasser comme ar,archistes des hommes coupables d'avoir défendu les lpi11 et la C,onstitution de leur patrie .. Est-il vrai que le cabinet présidé par Espartero puisse demander de tels pouvoirs? Nous voudrions croire que non. Et c'est sur la terre du Cid et de Riego qu'une pareille concession serait obtenue d'une Assemblée composée presque tout entière d'anciens exilés ! Non ! ce n'est pas possible. La loi future sur une q11estion pareille, pour être digne de cette terre régénérée, et de sa noble Ilévolution, doit mettre tous les réfugiés établis en Espagne à l'abri du c'ontrôle ministériel. Le pouvoir exécutif ne doit pas avoir plus de pouvoirs sur eux que sur les autres habitants. Les proscrits doivent dvoir tous les droits communs au peuple au milieu duquel ils vivent. En cas de transgression des lois, ils ne doivent être justiciables que du jury. .M. Schœlcher qui est ici personnellement en question, a publié, il y a cinq ou six mois, un livre en anglais sur lequel nous avons appelé l'attentio:1, (Dan_gers poar l'An,r;leterre de l'alliance avec les hommes du coup d'Etat.) Si le gonvernement trouvait ce titre umrlamnable, il ne pouvait que le déférer aux tribm11ux qui seuls avaient le droit de puuir l'aqteur. Tel est la lettre et l'esprit de notre lfgislation, quoiqu'en puisse dire M. Luzuriaga. Les Cortès décrèteront sans dotite guc les réfugiés seront libres, en Espagne, d'aller, rle •venir et tle résiller ou bon leur semble, comme ils le sont ici. Restreindre cette liberté à certaines localités, en dehors desquelles ils seraient sous la surveillance de la police, ce serait leur rendre la vie intolérable ot les soumettre à mille contra. riétés. Ils sont déjà assez malheureux. Une,loi d'hospitalité sans restriction est <l'ailleurs la meilleure garantie que puisse avoir i:n Etat faible contre un voisin puiss:rnt. Personne ne s'avisera de demander à un gouvernement ce que la légi~lation nationale lni défend. En 1852, nus lecteurs s'en souviennent, l'Autriche clemanda ::i.nCabinet de 1 • Saint-James, l'expulsion de certains réfugiés. Notre gouvernement répondit que la Constitution Brité1011ique ne permettait rien de ce genre, et la de:na'iHle fut abandonnée. Voilà la vraie politique d'une nation qui vent se faire respectn. Les Cortès se souviendront qu'eo dehors de cette politique, il n'y a que le despotisme. Ces réflexions du 1Jf ornin,r;-A.dvertise1· sont pro~ fondément vraies, et si le peuple espagnol, si renommé pour ses fiertés d'homme, avait lui-même à conduire ses destinées, il n'y aurait nul dout~ pour nous, à lui confier nos droits errants. L'hospitalité large et libre est dans son caractère, dans ses mœurs, dans sa nature cligne et 'brave.. Il dit : el lt0rnb1·e, et cela vaut bien le g.e'IJ,tle11.i.an Mais le peuple espagnol n'est encore que le souv.enu.n du roseau, dans sa terre aimée du soleil, et soa 0-ou- .1 • b vernement est une anarc-Lue ronfose de coteries mêlées, ce qui le fait flotter .. sans directiou,. au hasard des votes et des événements .. Quoiqu'elles se soient arrêtées -à mi-chemin., dans la dernière révolution, les Cortès valent mieux qu'Espartero. Plusieurs fois ell1:;s ont prouvé qu'elles avaient le sentiment clu droit: mais elles ont oublié que la grande force •·st dans les principes, qu'il ne faut jamais semer ni planter à rombre des monarchies, arbres de mort, et que toute concession faite à certains préjugés-privilég-es, est une bataille perdue. La Révolution en Espagne s'est arrêtée clans les institutions, dans les pouvoirs, dans le g·ouveroement. Qu'en résulte-t-il? Que les Carlistes, servis par les gouvernements étrangers et 1nême par celui de Bonaparte, intrigu·. nt et menacent déjà., que le Montemolin rassemble ses féaux et que le ·g,~néral Cabrera fera demain sa campagne cleVendée. Voilà ce que valent aux peuples les demi-révolutions et les gouvernements-coteries. La France eu sait quelque chose. Quant au citoyen que M. Luzur.iaga voulait exclure comme dangereux, il est vrai que dans la trahison de Décenibre, comme avant, il a rempli le devoir r.épubhcain.: mais c'est noire crime à tous q C'était donc établir, sur un nom, une fin de nonrecevoir contre l'exil! - Pauvre Espagne.! Ch. R. Revue de la Semaine. Le siège de Sébastopol continue sans ihci<lcnts non.- veaux : sorties de nuit, embuscades de tirailleurs, re,. connaissances en masse et cornbats d'avant-poste sans importance, les opérations militaires offrent peu d'intérêt. Le climat décime les armées ai;siégeantes. Les récits les plus affligeants affluent dans les journaux anglais e.t jettent dans la consternation les mêmes populations qu.i saluaient avec tant d'enthousiasme, et d'illusions victorieuses, le départ de ces régimeuts, anéantis aujourd'hui; plutôt par les maladies et le défaut de soins et même de nourriture, qne par les .armes ennemies.
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==