-SCI Ei, CE.- ' -SOLIDARlTJtJOURNALDELA.DEMOCRATIE UNIVERSELLE. N8 9. MERCREDI, 31 JANVIER l855.-2e Année Ce J oul.S'nal 1ti-u•m ,t ~nae fè,is 1un• se!lunh1e. Toutes lettre~ et correspondances doivent être affranchies et adressées au bureau de I' Imprimerie Univer~clle à St-Hélier L'HOPITAL--CRIIEE. La terrible folie de Crimée poursuit son cours ·et donne toutes ses preuves, tous ses désastres. Les hôpitaux eucombrés s@nt µ!Pins de râles. C'est comme un concert de la mori: auquel se mêbnt toutes les voix de l\igonie, et le chant désespéré des souvenirs, et les rages de la fièvre, et les hoquets sinistres de la dernière heure, et les mélancolies de la famille perdue, et les sano·lots et l , . L o es gemissements. es plus heureux s'en vont, éclopés de la guerre, de l'hiver ou des maladies, et les navires-cereueils qui les emportent saluent au pa~sage les levées 11ouvel!esque la mer charrie an eirnetière de Crimée. - Double couvoi de mourants! Dans les tranchée~. devant Séhastopnl, jeunes ou vieux soldats, montagnards de l'Ecosse ou vétérans d'Afrique, les hommes tombent par centaines, les pieds gel-és, la balle où la fièvre au corps, et la perte humaine est telle qu'au 10 décembre l'année françuise avait, hors de combat, près de cinquante mille hommes! Au second empire, il restera du moins cette gloire d'avoir, en une seule campagne, repeuplé les Invalides. Qnant aux Anglais, on sait ce qui se passe dans leur camp, Un journal qui s'est fait tocsin, après avoir chanté victoire six mois et servi toutes les· fausses mauœuvres, le Times dit aujourd'hui que la vieille Angleterre peut entrer en deuil de sa <leruière armée. Voilà les faits, voilà les déclarations, voilà la vérité. Cette vérité qui s'appelle la mort de deux armées, le désespoir dt>s i'ami!les et l'abaissement de deux grande:, patries, uous l'avious dite souvent et démontrée comme fatale, avant les malheurs. 'N" ous avions dit à l'Angleterre : votre alliance avec Bonaparte est un crime qui fait tache à l'l1onneur et: qui ne vons sauvera pns. Car cet homme, s'il 11e vous trahit pas, vous donnera des régiments formés anx coups de main, des généraux de guet-apens, des aigles de 1rnit et tout un matériel de guerre, riche réi;erve <le nos temps trauquilles. Mais il ne vous donnera pas l'âme de la Frauce, de Ja France mère des révolutions et des armées. Or, qu'est-il advenu dnrière le conseil et les peti•s mépris qui l'ont accueilli? - C'est qu'une seule expédition, et qui ne touche pas à sa fin, a dévoré les premières armées : c'est qu'on est forcé de faire appel aux conscrits de !':.inprochain, de couper sur pied la récolte humaiue _et que la France fait la morte ! Nous avons dit, et d'autres plus puissants que nous ont dit dans sa langue, à l'Angleterre: "Vous recherchez, vous flattez l'Autriche, vous passez contrat avec la monarchie des grandes trahisons, vous lui livrez le Danuhe. qui est l'Escaut de l'Orient: défiez-vous; vous n·aurez jamais ni l' An triche, ni la Prusse en sérieuse, en active alliance contre Nicolas. Vous enverrez armées et flottes. ou vous répondrn par des conférences : vous dépenserez millious et milliards, on entassera des protocoles." Eh bien ! où en sont les affaires après six mois de patience et de notes diplomatiques'? L' Autri- .cde qui a [,00 mille hommes sous les drapeaux, l'Autriche qui voit s'épui~er et s'éteindre les armées d'Orient, leur a-t-elle porté secours, ou par diversion, ou directement? Et la Prusse, qui joue ]a partie des réserves, des .cas de conscience, des ,explications éternelles a-t-elle assez mystifié ies gouvernements de France et d'Augleterre '? Il y avait, nous l'avons dit eucore, un moyen, .un seul de combattre à fo11<la U.ussie, et de lui .c. ouper pour long·temps le chemin des Indes ; ce .moyen, e'était de servir la Révolution, <l'armer les _peuples, d'appeler l'Europe à I' Affranchissement 1 (J erscy), 19, Dorset ~treet. -Les manuscrits déposus ne -Seront I AN◊LE'l'ERRE ET Co LON TE~ : pas rendus. - ÜN s ABONNE: A Jersey, 19, Dorset street. - A I Un an, 8 shilliiigs ou 10 fran es. Londres, c~ez M. STANISLAS,JO, Greek-street, Soho Square.-A Six mois, 4 sh. ou d fr. ~:nè'.:e (Smss~), chez M: C?rsa_t, libraire, ru~ '3:uillaumc-Tell. -:-1 Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. POUR L'ÉTRANCER: Un an, I ~ fr. 50. Six m-0i~. 6 fr. 25. Belgiqne, t;hl'z_ tous les libraires. - A 111adrid, chez Casnmr CHAQUENUMÉRO: Monnier, libraire. 3 pence ou 6 sous.· Trois mois, 3 fr. 50 c. 'l'ou!i ~e>?J allHM11 ■1elluen8 ,m 1tn.ae&~t t~•~, -..·a.:a~e. Varsovie, Vienue, Berlin, Milan, P<'sth et Rome soulevés, la Rnssie se repliait snr el Ici-même, la vaste confédération des éülts libres l'enveloppait de ses légions, et l'Angleterre aurait g·ar<lé son vieux moude où croissent les pavots et les M og-ols. Au lieu de tenter ce r.oup hardi qui aurait effacé bien des crimes, le gouvernement anglais s'est obstiné dans ses alliances-mensonges, et, voilà que les funérailles arrivent, aveè les gram.les colères! Ainsi, dans le Parlement qu'on a congédié, quand il y avait étude à faire et remède à tenter, on accuse, aujourd'hui, les uns Lord Raglan, les autres le service adminisrratif, et la plupart le gouvernement tout entier. Lord Rilglan n'est certes pas un César; l'administration britan11ique est une vieille routine assez mal entendue, nous le savons, et le gouvernement où dominent les Lords, la Maison royale et le(marchands, ne rappelle guère Carnot e(Ïe Comité du salut public. Mais ce sont lù des détails, des accidents, la faute, la g·rande faute est plus haut : elle est dans la direction de la guerre foite avec les gouvernements les plus misérables et sans le moindre souci des droits sacrés qui pleurenf par tonte l'Europe. ~ La Pologne oubliée, la Hongrie méprisée, l'Italie calomniée, le crime de Décembre salué, glorifié devant les natio11s, voilà depuis deux ans, les grands actes de l'Angleterre libérale. Elle. les paiera cher. Carthage, autrefois, avait comme elle, un puissant commerce. Lorsque les peuples de la vieille Grèce, C<"ttemère illustre des petites civilisations antiques, tombèrent sous le joug de Macédoine et furent dépecés plus tarJ, comme ballots à l'encan, Carthage laissa faire, quand par violence ou ruse elle ne prit pas sa part: elle avait aussi dans ses murailles et dans ses colonies des voix exilées qui l'avertissaient : mais les voix de l'exil sont importunes à la richesse, à l'orgueil. Carthage ne voulut pas entendre, et moins d'un siècle après, ses murailles étaieut suus l'herbe. Que l'Angleterre qui sacrifie Jes penples opprimés pour s'allier aux empereurs médite la leçon : le malheur a le pas rapide : il pourrait bien la visiter à son tour. Charles RrnRYROLLES. En France, l'administration des Postes est un se1·vicepublic, un monopole constitué qui ne permet et ne souffre aucune concurrence. Lettres de commerce, lettres de famille, circulaires, journaux, tout lui passe par les mains, et la loi punit avec rigueur toute infraction au réglement. Ce privilége absolu du service des correspondances oblige et lie l'administration envers le public. Elle lui doit exactitude, fidélité, probité. Eh bien, voici ce qui se passe sous cet honnête Bonaparte qui a préludé à son Coup-d'état par un vol de vingt-cinq millions, commis sur la Banque. Au ministère de l'intérieur, il y a pour dépouiller les lettres suspectes, un service régulier et permanent: à l'administration des Postes, deux délégués du cabinet noir vont chaque jour trier dans le tas et faire la corbeille, comme au bon temps de M. de Sartines. 1VI ais c'est là, direz-vous, violer le secret. des familles, les coufidences les plus sacrées, les intérêts, les relations, les sentiments : c'est tromper la foi publiqne et mentir à la loi. C'est un métier de crocheteur et d'espion-filou? (Jue voulez-vous~ Nous sommes sous l'Empire. Les uns crochettent. les portes, les autres les consciencPs, Et ne croyez pas du reste qu'on ne trawille qu'à l'écart et duns l'ombre. On fait cela maintenant, en pleine lumière, avec signature, et comme une simple besogne administrative. Ainsi nous avons vu, de nos yeux vu, dans: les mains de deux négociants à ,Jersey cinq on six lettres venant de France. Elles étaient ch·cachetées 011 plutôt éve:itrées avec suscription au dos, ainsi conçue : -. ~ar aut?,r~téde_justice. (quelle justice!) Le commissaire de Sa111t-Malo, Duhamel. Un homme qui fait un pareil métier, même pur ordre, est jugé. Mais la respons::ihilité ne <loitnas rester si bas. Elle doit remonter, elle rPmo~te, comme une infamie, comme un scandale sans exemple à l'administration supérieure, à l'hommecrime qui n'a pas même la pudeur de cacher son monsei,qneur ! Ainsi l'administration des Postes, en France, n'est plus un service pnblic; c'est une succursale avouée àe la police. Avis aux familles, comme aux négociants. Plus rien n'est sCtr, pas même les traites ! C. R. L'appel qui suit s'adresse à tous les Italiens qui sont restés fidèles à la religion de la patrie indépendante et souveraine. Il ne s'ao·it pas ici du grief des peuples de l'Occident contre la. Russie despote et conquéraute : s'ils étaient libres, le débat ne serait pas long et Nicolas ferait plus d'une étape en arrière, Il s'agit d'une guerre d'intérêts dans laquelle les gouvernements se liguent en trafiquant des peupl<·s. Ainsi l'on a garanti à l'Autnche, pour prix de son vlliance,-et quelle alliance! - ses provinces de Pologne, ses éta1s de Hongrie, ses possessions italiennes. L'on vient main~enant d'eno-arrer le Piémont dans la ligue commune ... avec 0 1'i\..utriche, et le gouvernement du Piémont a sanctionné l'infamie .... Voilà donc l'Italie vendue deux fois. Quel est le devoir des patriotes, des démocrates italiens, après cette dernière trahison? Citoyens et soldats ils le trouveront dans ces lignes : CITOYENS ET SOLDATS DE CHAQUE PROVINCE ITALIENNE. Un traité d'alliance anglo-austro-française vient d'être, le 10 Janvier, signé par les Italiauissimes ministres Cavour-Ratazy-Lamarmora-Cibrario et Paleocapa, sous la dictée du Duc de Guiche, représentant du grand Coupable de lèse humanité qui, depuis trois ans, fait peser sur la France la honte d'une tyrannie usurpée. Ce traité justifie, exige une protestation solennelle de la part de tout patriote. Aucun ministère, aucnn gouvernement n'a le droit de disposer des citoyens, des soldats italiens pour uue guerre anti-nationale, une guerre dans laquelle l'Autriche est engagée par le traité d~ deux décembre, dont les artides additionnels lui garantissent ses possessions en Italie. Le traité signé par les ministres piémontais décide l'envoi en Crimée de 15,000 soldats italiens, destinés à combattre dans une guerre gui n'a d'autre but que les intérêts matériels de l' Angle-:- terre, la contiuuation de l'odieuse tyrannie bonapartiste, et, enfin, l'établissement d'un équilibre européen pire cent fois yne celui établie en 1815, par les traités conclus à Vienne entre les despotes de la Sainte-Alliance. Italiens! qne de ce jour se forme entre nous un pacte solennel; que ce pacte nous impose la résolution de nous insurger, de ne combattre que pour la liberté, l'indépendance et l'unité italienne, de donner aide et secours à tout peuple qui aspire à revendiquer ses droits nationaux. Que chaque soldat italien se 1·appelle son auguste caractère de citoyen: qu'aucun traité, qu'aucun article de discipline militaire ne le décide à verser son sang pour une guerre non italienne ou n'ayant pas pour but la liberté ou le prog-rès ci vil de tout peuple soumis à un servage étranger ou indigène. 'font citoyen, tout soldat italien qui manquerait au devoir imposé par cette protestation serait c0nsidéré comme pmjure et traitre à la patrie. Italie, 12 janvier ~855.
__ J __________________________________________________________ _ CORRESPONDAN.CE D'EURE-ET-LOIR. ·25 janvier 1855. Un des symptômes 'les plus significatifs de 1a déca- ,,dtnce impériale est la nécessité des reculades. Il y a -quelque temps, les pa'.}'sans d'Eure-e.t-Lo-ir qui ,s'étaient levés au nombre de sept à huit mille, s'étaient emparés .d'une ville, celle-de Dreux, et marchaient sur Chartres pour délivrer leurs amis, au nom de la misère, - avaient été battues par des troupes envoyées contrn eux. Malgré le cri de Vive l' Empereur attribué à ces insurgés par les feuilles bonapartistes, l'affection pour l'homme de Dé- •cembre n'était pas tellement vive parmi les paysans, qu'ils .-n'aient lutté d'abord à force ouverte, puis par l'inertie, grand nombre d'entre eux furent arrêtés, quelques-nus .transportés à Paris pour être de là dirigés sur l'Afrique et .sur Cayenne, et parmi eux les plus dévoués à la République, d'autres enfermés dar1s la prison de Chartres, . d'autres dans celle de Dreux, puis condamnés à quelques années de prison pour rébellion, attroupements, etc.- Ces· mesures de rigueur furent loin de calmer l'agitation ; ellts la tléveloppêrent au contraire, si bien qu'après avoir .destitué le sous-préfet de Dreux, on destitua le prefet d'Eure-et-Loir " à cause de l'excès de rigueur qu'il avait déployé." Cela ne satisfaisait pas la population. On voulait revoir ~es voisins, ses parents, ses amis, emmenés on ,ne sait où. Le nouveau préfet, ne se sentant pas de force à lutter .contre l'orage avec le peu de troupes mis à sa disposition •( trois bataillons d'infanterie et cinq escadrons de cavale- •rie), obtint du ministre de l'intérieur non pas un,~ comm11tation cle peine pour les condamnés, mais leur mise en .liberté et celle de tous de lenrs camarades emmenés à • Paris. Il était temps, car déjà les incendies s'allumaient, la désertion se faisait parmi les soldats disséminés de vilJage en village, et les épaulettes des officiers disparaissaient une à une. Les prisonniers ont donc été rendus, tous, sans excep- .tion et accueillis dans leurs villages avec enthousiasme : mais, quelqu'habileté qu'on ait déployée pour faire croire à un bon sentiment du préfet, ou à un acte de générosité de l'Empereur, ce n'est pas au cri rle : Vive l'Empereur ! que les prisonniers. ont été reçus, mais au cri de : Vive la paille, vive le pain à bon marché, à bas les agioteurs! A.ujour<l'hui, l'émotion n'est pas calmée : les nouve::Lux venus n'ont pas rapporté de paroles de reconnaissance, et le préfet est obligé de réclamer encore de nouveaux ren- ,forts qu'on ne peut lui envoyer. l.ttendons les événements. CORRESPONDANCEPARISIENNE. 27 janvier 18.55. Les affaires ne s'améliorent pas en ·Crimée. Toujours ,d-e fa pluie, du vent, de la neige, et toujours aussi même inaction de la part des alliés et mêmes sorties de nuit de la part des.Russes ; sorties toujours repoussées, il est vrai, ce qui, pour le dire en passant, est dans la nature même de ce genre d'opérntions qui ne peuvent jamais avoir pour objet d'établir sérieusrnzent 30 ou 50 hommes au milieu des tranchées ennemies, et ne peuvE>nt avoir d'autre but que d'épuiser l'assiégeant à foroe de fatigues et d'insomnies; mais sortits qui, en tout cas, repoussées ou non, prouvent l'indomptable opiniâtreté de notre ennemi. Il n'y a rien à ajouter au tableau lamentable que le Times déroule chaque jour de l'armée anglaise. Mais il ne faut pas croire, malgré les éloges très courtois donnés aux Français, que ceux-ci ne souffrent pas aussi très • cruellement. Ils se maintiennent mieux que leurs braves alliés, grâce à leur excellente constitution militaire et à une fort bonne administration. Mais la situation est plus forte que le ,courage et l'énergie du soldat. On peut en juger par ce seul fait : il circule dans les salons de Paris un état, régiment par régiment. cle toutes les pertes subies par l'armée française, depuis son départ de France, et ces pertes en tués, morts, prisonnirrs de guerre, rentrés en France comme incurables sans doute, et évacués sur les hôpitaux de l'intérieur, s'élèvent au chiffre effroyable de 44,000 hommes ! Suivant 111d1octeur, médecin en chef cl'un cles principaux hôpitaux de Paris, et qui revient de Crimée, r.e chiffre /élevait même, au 17 décembre dernier, jour de -son départ sans doute, à 46,700 !... D'un autre côté, l'harmonie entre les généraux qui pourrait tendre à diminuer les dangers d'une pareille situation, est loin d'être complète. Le général Forey, à qui revenait le commandement à titre d'ancienneté, après la mort de M. de Saint-Arnaud, 'déteste Canrobert, et se .montre profondément lilessé de se voir relégué en sous ordre a11troisième ou quatrième rang, quand il prétendait au premier, et Pélissier lui-même, riéjà général quand . Canrobert était encore chef de bataillon, est parti avec fureur. A Paris, on n'est pas plus favorable au général en chef, -tt les familiers de la cour en parlent fort cavalièrement ; c'est le mot d'ordre du maître sau-s doute. Le pauvre • Canrobert devient donc le bouc que l'o:n charge de toutes les iniquités ... C'est lui qui est cause des lenteurs et de toutes les indécisions de la campagne. Nul ne songe à Saint-Arnaud, ce hardi joueur, qui dort paisiblement dans la pénombre des Invalides ... Quelques généraux ér.rivent, dit-on, de là-bas, qu'il ne faut pas se faire d'illusions, et qit'il faut traiter - mais traiter devant Sébastopol est impossible ponr l'honneur des alliés ; on ne peut, c'est la questio1i à résoudre, que traiter dedans. C. C. I~ossutla sui· l'Alliance Piemontaise . Le gouvernement piémontais vient d'entrer dans l'alliance des Puissances Occidentales. L'Angleterre et Louis Napoléon, plus la Turquis, désespérant de pouvoir lutter avec succè:;: contre le _Czar, ont crié à la Sardaigne : " Au secours, Cassius, ou nous succombons! " et le complaisant Cassius s'est élancé, et tout va bien ....... .. la Turquie est exclue des conférences, où on la vend, où on l'achète. N'importe ; elle entrera dans un accès de joie frénétique en apprenant ce grand événement: la Sardaigne s'est engagée à aider la France et l'Angleterre~ pour quoi faire? Est-ce "pour ouvrir le Bosphore au_Czar," dans l'intérêt de "l'équilibre européen? " • Le protecteur N° 6 en perspective ! Trois fois trois Hurrahs pour la Maison de Savoie! Singulière afütire ! Le curieux en cela, c'est de voir le fils de Charles-Albert embrassant Franeois-J oseph. Bravo, diplomates ! Bravo, jongleurs! Voici, enfin, un coup dont moi-même, malgré la haine que je vous porte, je dois m'avouer satisfait. Il y a trois éléments de forces en Italie: l'Autriche, la force brutale étrangère; l'Italie, la nation ; et le roi de Piemont; car, après tout, il a un parti. Le fils de Charles-Albert s'est changé en Autrichien. Des trois adversaires, il n'en reste plus que deux. Il n'a plus de parti, pas un homme sous la voûte azurée de ton ciel bleu, pas un homme dans tP.sbelles vallées, ô Italie ! Réjouis-toi, pauvre rossignol captif; la malédiction des divisions s'est retirée de dessus tes bosquets fleuris, ô Italie! sois seulement une par l'esprit, et le reste viendra, doit venir. 111:azzini,que ces nouvelles soient un baume pour tes blessures, ami. Réjouissons-nous, tt remercions - non pas la Diplomatie qui -croyait porter un coup mortel aux aspirations de ta chère Italie - mais Celui qui, ,dans la sagesse de sa Providence, a fait des pires ennemis de la Liberté - Bonapartistes, Anglais, Hapsburgh, Diplomates, - les involontaires instruments de la réalisation de nos espérances. Non, ce n'est pas à ce point de vue que les Anglais regardent cet événement, et que les Libéraux eux-mêmes i;'en réjouissent. Ils ne s'applaudissent pas du résultat imprévu, mais bien de l'œuvre telle que leurs diplomates s'imaginent l'avoir accomplie. Essayons rie porter un faible rayon de lumière dans ces somb1·es brumes cles mystifications diplomatiques. Pour comprendre le véritable état de la question, il faut avoir une idée exacte de la -position politique du Piémont. Le Piémont, faible par le peu cl'éteudue de son terriloièe et le chiffre pe11élevé de sa population, a, en outre, le désavantage d'être enclavé entre la France et les possessions autrichiennes en Italie. Dans tout conflit entre ces deux puissancts, le Piémont sert de grande route à leurs opérations militaires, sans qu'il lui soit possible <le jamais garder la neutralité. Quancl ces deux antagonistes combinent un moment leur politique, le Piémont ne saurait éviter d'obéir à leurs ordres. C'est une partie de paume, où la France et l'Autriche sont les joueurs, et le Piémont la balle. Le Piémont est à l'Europe cc que Monaco est au Piémont et ce que fut le royaume de l'île de Man à l'Angleterre. C'est le domaine cle la Maison de Savoie, mais son titre de royaume est nne plaisanterie. Pourtant les princes de la Maison de Savoie aspiraient à être quelqne chose de plus que simples propriétaires cl'uu petit château on fermiers à bail. Ils aspiraient à être <le vrais souverains, au lieu de se borner à en porter le titre. Ils n'avaient qu'un moyen d'atteindre ce but, c'était de·• relier à leur ambition dynastique les aspirations invincibles de l'Italie vers son indépendance nationale. '' • Il fallait être ou roi d'Italie, de la moitié ou du quart de l'Italie, ou un squire, un petit seigneur campagnard, un grand Monaco, si ce n'est un exilé. Telle était la seule altzrnativ-e pour la Maison de Savoie. Il y a des Républicains en Italie. Leur nom est Légion. Il y a des hommes de conviction ; et d'ailleurs, commer,t un Romain, un Vénitien, un Gêuois, pourraientils 11epas être républicains? Néanmoins, il n'y a pas de place dans le cœur de l'homme pour cleux passions d'égale force. L'une doit dominer l'autre; et le sentiment prédominant dans tout •eœur italien, c'est la haine de la domination étrangère, Qu'ils soient monarchistes ou républicains, avant tout et par dessus tout, jls veulent être une Nation indépendante et réaliser leur devise" l'Italie pour les Italiens." Quiconque leur présentera une chance de voir s'accomplir leurs aspirations, ils le suivront füt. il roi. La Maison de Savoie le sait bien ! ]\fais cette passion cl'indépendance nationale implique la nécessité d'une irréconciliable hostilité· contre l'envahisseur étranger, l'Autriche. La Maison de Savoie le savait bien. C'est pour cela que Charles Albert arbora la bannière tricolore, pour abriter son ambition. les homme.; réfléchis savent bien c~ qu'il convoitait et ce qu~ le fit échouer; mais, en Italie, bien des carnrs ardens ne virent et ne se rappellent que l'étendard tricolore, l'emblême de l'indépendance . L'éclat de ce souvenir se reflète sur Victor Emmanuel, le royal propriétaire du Piémont. Le seul lien imagiaable entre lui et l'Italie, c'était la croyan·ce dans son antagonisme naturel avec l'Autriche. Cette croyance était le plns riche trésor <lela Maison. Ce lien brisé, ce n'est pas seulement le lien avec l'Italie rompu, c'est aussi le lien entre le roi de Piémout et son propre peuple. Les Piémontais et les Sardes sont, avaut tout et par dessus tout, Italiens, cœ11rs et âmes. L'habitude a pu rendre monarchistes plus-ieurs d'entr'eux; mais le roi Victor Emmanuel doit savoir que leur royalisme ne repose pas tant sur la préférence qu'ils rlonneraient en principe aux institutions monarchiques sur les institutions républicaines, qu â la persu1siou où ils sont que les ressources d'un gouvernement établi et d'une armée organisée mettent la dynastie de Savoie en position de leur offrir, quand elle le voudra, une chance de jettr les Autrichiens hors l'Italie. C'est à coup sl'.ir une erreur. 1847 et 1848 l'ont prouvé. Les Lombard,; et les Vénitiens out été vainqueurs des Autrichiens aussi longtemps qu'on leur a laissé l'enthousi11sme ardent d'hommes q1li brisent les chaines de l'esclavage. Quand ils rattachèrent leur cause à celle de Charles Albert, ils succombèrent avec lui. Des hommes combattant pollr changer de maitres ne sont pas moitié si ,,aillans que s'ils combattàient pour la Liberté. Rien n'affaiblit un m-0uvement national comme d'en faire l'iustrument d'trne ambition. Quoiqu'il en soit, ceci est un fait: l'attachement des Piémontais et des Sardes pour leur roi se basait sur la supposition que la canse de la Maison de Savoie s'était • identifiée avec celle de l'Italie; d'autant plus qu'ils ~avent bien que, sans indépendance vis, à-vis de l'étranger, la Liberté et les Constitutions ne sont qu'une plaisanterie, et qu'ils savent aussi que le Piémont, tel qu'il est, ne saurait être indépendant de l'Etranger. Le roi Victor Emmanuel, en abjurant son antagonisme contre l'Autriche dans les mains de Bonaparte l' Autrichien et de l' Autrichienne Angleterre, insulte les sentiments italiens de ses plus dévoués sujets. Cela, nul Italien ne l'oubliera ni ne le pardonnera. Il a rompu le charme de feur affection. C'est un homme perdu. C'e,;t surtout vis-à-vis de ses sujets gênais. Ceux-ci sont Républicains; ils ne peuvent être que Républicains. Du passé d'une nation sort son-caractère national; et il ne dépend pas d'u,ne infamie dit'lomatiqne - comme celle cles Diplomates de 1815 envers Gênes, - de la déraciner des cœurs. Oh! Angleterre, Angleterre! ce nom de "Gênes" laissera toujours un souvenir de honte sur toi. Jusqu'en 1797, Gênes était une Rép1Jb-lique. L'iniqne hostilité de l'Angleterre contre la grande Révolution française ayant transformé les Républicains français en conquérants, la France conquit l'Italie et déclara, en 1805, Gênes réunie à la France. Gênes se rendit aux Anglais commandés par Lord W. Bentinck, en 1814. Il n'eut pas à vaincre un ennemi, mais à délivrer un ami de la conquête étrangère. Anglais, avez-vous lu la proclamation de votre général en entrant à Gênes, le 26 avril 1814 ? " Le désir unanime de la Nation génoise étant du reprendre leur ancienne forme Je gouvernement, la République, sous laquelle ils joui&saient de la liberté, de la prospérité et de l'indépendance ; et le principe dirigeant des Puissances alliées étant de rendre à chacun ses anciens droits et priviléges, la République de Gênes est désormais rétablie !" Ainsi parlait Lord Bentinck, an nom de l'honneur de l'Angleterre, le 26 avril 1814; et pourtant, un mois après, rien qu'un mois, le 30 mai, Gênes, sur la proposition de l'Angleterre, fut vendue au roi de Piémont par le second article secret du traité de Paris ; traliison qui fnt consommée par le congrès de Vienne. Vainement Gênes protesta-,- vainement, elle invoqua les protocoles cl' Aix-la-Chapelle qui garantissaient solennellement l'indépendance de la République de Gênes! Cela fut exécuté. Oh! c'est une honte! Que les Anglais relisent l'écrasante harangue de sir J aines Mackintosh à la Chambre des Communes, le 27 février 1815. Voilà ce que vaut" la foi des traités." et cette secrète diplomatie si active aujourd'hui, et toujours aussi morale! Ualt5diction ! Exécration de l'humanité sur ses œuvres ! Ainsi fut fondée la domination du roi de Pié-mont sur les Gènois. Qui peut croire qu'un pareil acte ait dû leur arracher leurs sentiments républicains? Ils sont répu~ blicains. Le roi cepend .ut gouvernait une Gênes rêsignée, et cette résignation venait de œ qu'il avait su relier à son
ambition les aspirations de l'Italie vers l'indépendance. Ce charme rompu, tous les liens ne sont-ils pas brisés ? C'est un homme perdu. Allez en Italie, et vous n'y trouverez pas un ho ,.me qui ne l'appelle désormais du nom •de traitre. Comment donc a-t-il pu commettre la faute de détruire aiusi l'existence de sa Maison? S'il est Italien, il devrait repousser la compagnie de" l'Eternel Ennemi" luimême; s'il est ambitieux, toutes ses chances consistaient dans son hostilité constante avec l'Autriche. N'a-t-il pas été averti? 11 y a quelques semaines à peine, l'un des patriotes les plus honorables et les plus pop11laires du Piémont, dans la Chambre des Députés, avertissait solennellement le gouvernement d'éviter tonte manifestation sympathique, et, à plus forte raison, dP. s'allier, en faveur d'Etats avec lesquels il courait risque de se trouver en compagnie de l'Autriche. Une acclamation una1.1ime accueillit ses paroles; et le ministère se hâta de revendiquer sa part dans cette explosion de sentiment patriotique, en assurant pathétiquement l'Assemblée que le goa vernement connaissait ses devoirs et ne cesserait pas d'être" en froid avec l'Autriche." Et voici venir la diplomatie secrète, les éternels jongleurs; et, en un tour de IlUlin, nous trouvons V. Emmanuel dans l'alliance autrichienne. C'est délicieux ! Puis, arrivent les vils soutiens de l'hypocrisie diplomatique, et ils s'écrient : oh! non, ce n'est pas l'alliance autrichienne, mais seu lem en t l'alliance anglo-française. Arrière, démon llu mensonge. Les faits qui s'accomplissent aux yeux de tons coHfondent toutes les impo3tures. Comment donc cela s'est-il fait? Le Times l'explique !linsi : "C'e,:t une preuve d'indépendance; le roi de Piémont agissant <lelui-même et sans pression, inaugure une politique étrangère nette et indépendante." Cela ne signifie rien. Indépendance vis-à-vis de quoi? De l' .Autriche ou de la France ? Ce sont ces deux Etats qui pèsent sur le Piémont, et non la Russie ; si la Russie pèsa sur le Piémont, ce ne peut être que par l'Autriche ou par la France. De l'indépendance ? ~lais c'est au contraire la preuve la plus catégorique de l'incroyable dépendance du Piémont envers les deux joueurs de paume qui se le renvoient, pauvre balle ! sur leurs raquettes ; une dépendance qui va jusqu'au suicide moral et politique, jusqu'à l'acceptation de l'alliance antrichienne, sur leur injon.::- tion ! Et dans quel moment, encore ! Quel intérêt peut prendre à vos " quatre points " le pauv1e petit prince, si ce n'est peut-être lt désir de voir l'Autriche engagée daus une guerre lointaine. Une politique vraiment inMpendante, c'eüt été <l'éviter soigneusement de s'embrouiller dans les liens de l'alliance autrichienne ; puis, àU moment opportun, lorsque l'Autriche aurait été engagée au loin, de déployer l'étendard tricolore, et dt! crier : " Dehors les Autrichiens ! Vivl l'Italie! " Ceci eût été de l'indépendance. Mais là gît précisément la diffü:ulté? C'est là justemPnt ce que Bonaparte et l'Angleterre, qui disent combattre pour la Liberté de l'Europe, voulaient empêcher, dans l'intérêt de l'Autriche. Voilà l'explication de cette " indépendance piémontaise" venant au secour~ de la " dépendance " de Paris et de Londres. Et le ministère anglais vous assure qn'il n'entend pas seconder l'Autriche contre l'Italie ? Sans doute " Drutus est un honnête homme 1" Le fait est simplement cec:i : Louis-Napoléon Bonaparte, infidèle aux traditions de la France et <Lesa propre maison eu particulier, se fait le marche-pied de l'Autriche. Il s'est uniquement préoccupé de l'idée d'entrainer l'Autriche dans cette guerre, ou, tout au moins, de la détacher de la Russie. " L'Autriche à tottt prix est son mot d'or<lre. C'est une si bonne compagnie, ,·ous savez. Dans rebut, il s'est placé <::t il a mis l'Angleterre aux mains de l'Autriche (il commande à l'Angleterre, comme de raison). Que voulez-vous! l' Empereur s'est grisé du_pouvoir, dit un des sien~ avec un soupir. La" jeune espérance" d' Aberdeen répondit : " J'agirai avec le plus striet égard aux contingences, modifiées par les. circonstances, dépeudantes des éventualités. (Voir le Punch du 16 décembre, un véritable Daniel!) Dans' !'entretemps, f.'lonsie-ur le Parvenu, voyez, votre oncle a été l'ennemi .acharné de ma Maison en Italie; mais vous, l'héritier de ses aigles, vous êtes un bon enfant; vous me garantirez mon Italie, - elle EST mienne! rappele~-vous cela ! Je crains Mazzini et le "petit seigneur" de Turin. Il est ambitienx. Vous devez vous engager à combattre Maz- :zini, s'il s'agite; et vous attacher le Piémontais par un traité. Ou bien, Adieu." '' - Ne craignez rien, majesté I. R. et apostolique, ne .craignez rien ! '' dit Napoléon, et, présentant un tra_ité à Victor Emmanuel, il lui dit : 11 J'ai besoin de rassurer l'Autriche; signez cela ou bien, - je suis à Rome, vous .savez; je puis bien aussi aller à Gênes." Et Victor Emmanuel a signé ! - "Non par contrainte, ,comme de jnste ! Oh! non, par indépendance! •~ Tel est le sort des petits princes, m{ diatisés par leur petitesse et par leur position géographique. On complotait une trahison contre l'Italie ; heureusement, ce ~era seulement nn suicide royal. - Zarar 90k ((il n'y a.i,as de mal!) - dit le Turt-. A Paris, les hommes se grisent de pouvoir. Le gouvernement anglais, lui, construit son édifice sur le sable mouvant de la vie d'un homme, et d'un homme que le pouvoir énivre ! Et l'Angleterre (le peuple) non est inventus ! Mais "la délibération à Wittemberg est une chose, -et la décision du ciel une autre," dit Luther. Les maux de la division ont été retirés de dessus l'Italie! Enfi.n, nous verrons! En attendant, aucune nouvelle frappante de Sébastopol. Canrobert aurait-il un ordre secret de rie pas attaquer ? Pourquoi ? ... ... Peut-être quelque historien de l'avenir <lécouvrira un document qni expliquera pourq11~i les puissances " alliées," allant attaquer Sébastopol, restèrent QUATRE Mors ET PLUS sur la défensive ! KOSSUTH. L'ESPAGNE ET LES PROSCRITS. On lit dans le Morning Adversiter : Dans une discussion récente, les Cortès d'Espagne ont agité l'importante question ,du droit qu'ont tons les hommes d'aller et de venir en pleine liberté. Cette discussion mérite une attention particulière. M. Orense, l'ardent et infatigable chef du parti républicain en Espagne, avait demandé au ministère pourquoi il avait r<::fusé des. passeports à un proscrit franç 1is, M. Schœlcher, qui désirait se fixer à Séville. M. Luzuriaga, ministre d'Etat, répondit quP. la Péninsule était ouverte à tous les réfugiés politiques, mais qu'il était du devoir du gouvernement, au nom de la sûreté publique, de faire à cette règle toutes les exceptions qui lui paraîtraient nécessaires, et qu'en conséquence la personne en question avait été rangée parmi celles qu'il paraissait désirable d'exclure. Cette réponse donna lieu à une proposition de !'Opposition ayant pour but de faire déclarer par les Cortès que, par le simple fait du triomp11e de la Révolution, l'Espagne était engagée à recevoir les réfugiés politiques <le toute nation iudistinctement, et à ne pas refuser son hospitalité à quiconque la réclamerait. Cette proposition, appuyée par MM. Gaminde, Pinilla, Sagasta, Orense, Labrador, Moncassi et Gassol, fut prise en considération et déférée unanimement à une Commission spéciale. Cette décision honore les Cortès. Elle prouve qu'elles respectent la dignité de leur pays. Il est doux aux amis de la Liberté de voir au milieu de la prostration générale du contineut, le peuple espagnol déterminé -à être le maître chez lui et à y recevoir qui bon lui semble. Ce n'est pa·, seulement la conduite la plns honorable, c'est aussi la moins périlleuse. Une nation relativement aussi faible que l'Espagne n'a rien à craindre tant qu'elle maintient son indépendance morale,-le droit naturel et sacré d'offrir asile à tous les naufragés des tempêtes politiques. Si, au contraire, elle prenait conseil rle la peur, si elle se laissait intimider par un puissant voisin, elle serait amenée à une dégradation chaque jour pins g.ranùe par les impérieuses exigences de la politique. Voyez à quelle abjection est tombée la Belgique : elle n~ compte plus parmi les états de l'Europe : elle n'est plus que le gendarme de l'Empire du Deux-Décembre. Nous ne saurions trop encourager les Cortès à persister dans l'esprit de leur proposiuon ; et, si nous insistons à ce sujet, c'est uniquement à cause d'un incident des débats qui parait l'avoir compromise. M. Luzuriaga a déclaré qu'il supposait bit>n qu'en adoptant un principe pleinement reconnu par le gouvernement, les Cortès ne ma11queraient pas rle réserver à celui-ci le pouvoir d'expulser tout exilé dont la présence serait un danger pour la tranquillité publique. M. San Miguel, en appuyant la proposition, a parlé <lans le même sens. L'introductio11 d'une idée pareille dans la nouvelle loi serait un retour au statu quo. Le ministre n'a-t-il pas déclaré que tous les proscrits étrangers pourraient entrer en Espagne ? Pourtant il a interdit cette entrée au premier qui s'est offert, parce que lui, .M:. L11zuriaga, avait déclaré dans sa sagesse, et sans même en donner q.e motif, que le nouveau-venu était dangereux. Nous retrouvons ici le langage dQ tous les gouvernements hypocrites. A côté du· principe proclamé, une réserve qui l'annule ! Dire qu'un pays est ouvert à tous quand il est fermé à telle on telle personne, ce n'est qu'un mensonge grossier sous le masque de la Liberté. Comme il est ilifficile d'arriver à la vérité, quand les hommes sont si faciles à tromper ! Ces prétendues réserves au nom du salut public sont les points de repaire ouverts par le despotisme à la pusillanimité des hommes d'Etat. Enoncer de pareilles réserves, c'est à la fois une absurdité et une insulte à l'Espagne. N'est.:ce pas une absurdité insultante que de dire à cette fière nation, si pleine d'énergie latente, que la présence d'un étranger, quel qu\l soit, est un péril pour son gouvernement? Non. Cela n'a pas de sens. Que demaude donc M. Luznriaga? Il est malheurenscmeut impo~sible de nous faire illusion. Ce qu'il demande, c'est le pouvoir cle sacrifier ceux qui ont une querelle perso11rielle avec Napoléon III, comme dit l'héritier indigne du beau nom de Robert Peel. C'est le droit d'obéir aux exigences du gouvernement actuel de la France. Ce sont les moyens de chasser comme ar,archistes des hommes coupables d'avoir défendu les lpi11 et la C,onstitution de leur patrie .. Est-il vrai que le cabinet présidé par Espartero puisse demander de tels pouvoirs? Nous voudrions croire que non. Et c'est sur la terre du Cid et de Riego qu'une pareille concession serait obtenue d'une Assemblée composée presque tout entière d'anciens exilés ! Non ! ce n'est pas possible. La loi future sur une q11estion pareille, pour être digne de cette terre régénérée, et de sa noble Ilévolution, doit mettre tous les réfugiés établis en Espagne à l'abri du c'ontrôle ministériel. Le pouvoir exécutif ne doit pas avoir plus de pouvoirs sur eux que sur les autres habitants. Les proscrits doivent dvoir tous les droits communs au peuple au milieu duquel ils vivent. En cas de transgression des lois, ils ne doivent être justiciables que du jury. .M. Schœlcher qui est ici personnellement en question, a publié, il y a cinq ou six mois, un livre en anglais sur lequel nous avons appelé l'attentio:1, (Dan_gers poar l'An,r;leterre de l'alliance avec les hommes du coup d'Etat.) Si le gonvernement trouvait ce titre umrlamnable, il ne pouvait que le déférer aux tribm11ux qui seuls avaient le droit de puuir l'aqteur. Tel est la lettre et l'esprit de notre lfgislation, quoiqu'en puisse dire M. Luzuriaga. Les Cortès décrèteront sans dotite guc les réfugiés seront libres, en Espagne, d'aller, rle •venir et tle résiller ou bon leur semble, comme ils le sont ici. Restreindre cette liberté à certaines localités, en dehors desquelles ils seraient sous la surveillance de la police, ce serait leur rendre la vie intolérable ot les soumettre à mille contra. riétés. Ils sont déjà assez malheureux. Une,loi d'hospitalité sans restriction est <l'ailleurs la meilleure garantie que puisse avoir i:n Etat faible contre un voisin puiss:rnt. Personne ne s'avisera de demander à un gouvernement ce que la légi~lation nationale lni défend. En 1852, nus lecteurs s'en souviennent, l'Autriche clemanda ::i.nCabinet de 1 • Saint-James, l'expulsion de certains réfugiés. Notre gouvernement répondit que la Constitution Brité1011ique ne permettait rien de ce genre, et la de:na'iHle fut abandonnée. Voilà la vraie politique d'une nation qui vent se faire respectn. Les Cortès se souviendront qu'eo dehors de cette politique, il n'y a que le despotisme. Ces réflexions du 1Jf ornin,r;-A.dvertise1· sont pro~ fondément vraies, et si le peuple espagnol, si renommé pour ses fiertés d'homme, avait lui-même à conduire ses destinées, il n'y aurait nul dout~ pour nous, à lui confier nos droits errants. L'hospitalité large et libre est dans son caractère, dans ses mœurs, dans sa nature cligne et 'brave.. Il dit : el lt0rnb1·e, et cela vaut bien le g.e'IJ,tle11.i.an Mais le peuple espagnol n'est encore que le souv.enu.n du roseau, dans sa terre aimée du soleil, et soa 0-ou- .1 • b vernement est une anarc-Lue ronfose de coteries mêlées, ce qui le fait flotter .. sans directiou,. au hasard des votes et des événements .. Quoiqu'elles se soient arrêtées -à mi-chemin., dans la dernière révolution, les Cortès valent mieux qu'Espartero. Plusieurs fois ell1:;s ont prouvé qu'elles avaient le sentiment clu droit: mais elles ont oublié que la grande force •·st dans les principes, qu'il ne faut jamais semer ni planter à rombre des monarchies, arbres de mort, et que toute concession faite à certains préjugés-privilég-es, est une bataille perdue. La Révolution en Espagne s'est arrêtée clans les institutions, dans les pouvoirs, dans le g·ouveroement. Qu'en résulte-t-il? Que les Carlistes, servis par les gouvernements étrangers et 1nême par celui de Bonaparte, intrigu·. nt et menacent déjà., que le Montemolin rassemble ses féaux et que le ·g,~néral Cabrera fera demain sa campagne cleVendée. Voilà ce que valent aux peuples les demi-révolutions et les gouvernements-coteries. La France eu sait quelque chose. Quant au citoyen que M. Luzur.iaga voulait exclure comme dangereux, il est vrai que dans la trahison de Décenibre, comme avant, il a rempli le devoir r.épubhcain.: mais c'est noire crime à tous q C'était donc établir, sur un nom, une fin de nonrecevoir contre l'exil! - Pauvre Espagne.! Ch. R. Revue de la Semaine. Le siège de Sébastopol continue sans ihci<lcnts non.- veaux : sorties de nuit, embuscades de tirailleurs, re,. connaissances en masse et cornbats d'avant-poste sans importance, les opérations militaires offrent peu d'intérêt. Le climat décime les armées ai;siégeantes. Les récits les plus affligeants affluent dans les journaux anglais e.t jettent dans la consternation les mêmes populations qu.i saluaient avec tant d'enthousiasme, et d'illusions victorieuses, le départ de ces régimeuts, anéantis aujourd'hui; plutôt par les maladies et le défaut de soins et même de nourriture, qne par les .armes ennemies.
L'HOM~1 E. ~~~----------------------------------------------------r-------------- Les Anglais souffrent· aifrensement; leur cavalerie n'existe plus q11e nomiu:ilcment et sert à transporter, à grand peine, et au prix de nombreuse, pertes, les provisions et les muuition-: de guerre débarquées dans les boues et les neiges de Dalaclava. Le service de l'lntenclttncr, des appro\·isionnements rt des transports, dans l'armée française, reçoit des Angluis les mêmes éloges qu'ils a\'aient dc,nnés au service des hôpitaux, et à cet esprit militaire inventif, actif et joyeux qui soutient le~ soldats français tlans cette rude campagne. " L'expédition de Crimée, s't5cfrtit douloureusement le Times en discutant la possihilité <IP lever le siège, demo1,tre à l'Orient l'iucontestable supériorité des Français, l'incroyable infériorité des ~\.nglais en matiére militaire." Omer-Pacha s'est rendu à Eupatoria, puis à Balaclava; il a examiné les positions des armées, il s'est entendu avec les généraux et les amiraux alliés ; puis il est reparti pour Varna pour cliriger le départ de ses troupes qui paraissent devoir attaquer Sébastopol, ainsi que l'indiquait Kossuth, du côté opposé à celui clrnisi par Saint-Arnauil : mais l'arméa turque sera complètement isolée rles armées alliées, par la place et p~r les troupes de 1\Ienschikoff. Des renforts partent incessammeut cl' .Angleterre et de France, où les bataillons se grossissent sans cesse de nouvelles recrues. La France fait concurrence à l' Angleterre pour la formation d'une Légion '.:iuisse ; et le colonel bernois Ochsembein, l'ancien chef <les corps-francs contre le Sunderbun<l, aujourd'hui presque réactionnaire, passe dans l'armée française aYec le grade de général. Le contingent pirmontais ne tardera pas à se rendre en Orie11t, sons les ordres rlu général La Marmora . .Mais le ministère piémontais est en <lisso1ution, les Libéraux ùe Turin voyant avec dégoût leur pays attaché à l'alliance autrichienne. Rattazzi, le chef du ministère de 1S4-9, le vénitien Palcocapa, et le génércl Da Bormida qui avait protesté contre les confiscations exercées c11Lombardie par l'Autriche, ont refusé tous trois de se soumettre aux exigences de la France, et donné leur démission pour ne pas concourir à. cette guerre. Le ministère anglais, de son côtf, est en p1eine dissolution. Le Parlement a repris ses sé~nces; et I\L Roebuck a ùemanclé une enquête sur le ministère de la guerre et sur Ja direction do1111ée à la guerre d'Orient. Lorrl John Russell a sur le. champ <lonné sa démission ; et, dans la séance du 26 janvier, il s'est expliqué, aux dépens de ses collègues. Il a déclaré qu'il croyait l'enquête indispensable, et qu'il 11'avait pas;voulu la combattre comme le voulait le cabinet ; il a vigoureuscmen t attaqué la politiqua suivie par Lord Aberdeen, les ménagements et la protection qu'il accorde à des hommes qne John Russell regarde comme responsables des revers rle l'expédition cle Crimée; et il s'est enfin écrié qu'il fallait une enquête, car lui, président <ln Conseil, n'avait pu obtenir Je tout savoir et de pénétrer certains mystères o'.\ devait se porter l'attention de la Cham·brc des :communes. 111. Sydney Herbert, secrétaire de ]a guerre, 1t combattu la motion de Jtl. Roebuek, et b discussion a été ajournée à Lundi. On croit probable la retraite de Lorr1 Aberdeen et drs autr_es _P~eli~es du Cabinet, ~auf ~ir _J. Graham qui resterait al amirauté, abandonnant arnsi ses amis dont il a d_'aill ·_urs~Ou\'ent renié les opinions en matière di:: politique mtérirure, Lord John Russell deviendrait Premier, et LorJ Palmerston, dont'. il a parlé avec beaucoup d'éloges, ministre ùe la guerre. Les notes diplomatiques adre!'-sées à la Prusse par les cabinets de Vienne et de Paris deviennent de plus en plus aigres et menaçantes. On la somme d'adh6lrer au traité du 2 d{:cembre ; on lui refuse le droit de prendre part aux conférences de Vienne et de trait<>r<le la paix taj)t qu'elle n'nura pas nett<>mE'utdéclnrb à qui elle fora la gnerre si les conférences échouent; ou la somme d'ë:mner cent mille honnnes pour protéger les frontières autrichiennes coutre l'armée russe dont la dernière excursion dans la Dobrudja inquiète les Autrichiens; enfin, on l'avertit qn'on va demander à la Confédération germanique d'armer pour i,Ôutenir l'Autriche, et que, sur son refus, on n'en persistera pas moins à agir avec ceux des Etats allemands qui preudront parti pour les Alliés. La Prusse répond par <l'inutiles protestations et par des propositions de telle nat11re, que le gouvernement français <lcnrnndc si l'envoyé prussien ne s'est pas trompé, d n'a pas remis à Londres la Note destinée pour ~,iint-Petcrsbourg·? On s'attend à la guerre sur le Rhin au printemps, et on parle déjà de démembrer la Prusse dont quelques provinces paieraient à l'Autriche les frais de la guerre. On prétend même qu'on dédommagerait ainsi la Cour de Vienne du concours qu'elle donnerait à la reconstitution de la Poloo-ne; .mais cela ' b o u est pas croya le. Le projet de Constitution présenté aux Cortez de Madrid décrète la liberlé de co1Jscience et. la liberté de la presse, mais propose deux Chambres doi1t un Sé11at nommé à vie ! La crise fimrncière continue; M. Madoz a remplacé M. Sevillauo au mi1:istère des Finances. Une grande agitation règne dans toute I' Espagne. Les ouvriers, à Barcelone; les Démocrates, à Mnlag·a; les ÜHrlistes, dans le Nord, menacent également le gouvernement; et, dans Madrid même, une partie de la Garde Nationale prép,we, dit-on, une manifestation contre les Cortès, qu'Espartero a déclaré vouloir réprimer sévi,rement : il s'y comrnît ! P. S. Le Times annonce comme inévitables, l'échec et la chûtc du ministère Aberdeen, et la nomination de Lord Palmerston aux fonctions de premier, Lord Grey preudrait le ministère de la guerre, John Russell restant, pour le moment, en dehors des affaires. • Le 13 au matin, les Rnsses ont attaqué les lignes alliées après uue furieuse canonuade; ils ont été repoussés. N ons avons déjù parlé de l'emprunt et de ses milliards, nous f'n avous <"xpliqué les sPcrets mobilfls et la signific,ltion véritable; mais, comme on s'obstine à lui donner force d'acdamation universelle, il est bon <le foire, encore une fois, justice et d'établir la valeur de ces !yricp1eshableries. Si l'rmprnnt est preuve d'ulliverselle et sympathique adhésion ù la politique rlu Deux- Décembre, c-omment se fait-il que J<.,fonds patriotique, en France, n'ait pas donn~ deux ce11tsmille francs, tandis qne l'emprunt a, dit-on, pondu des milliards? ' Si la guerre est si populaire et remue jusqu'au fond les bourses et les masses, comment se fait-il qne lrs préf'ets des départements soient forcés de défendre, par circulaire, qu'on donne des passeports aux jennes gens, lesquels émigrent à l'étranger, pour échapper à la loi, disent les fonctionaires de :M. Boi:aparte? L'enthousiasme, chez nous, n'a guère ces allures, et, dnns nos plus rudes guerres, le peuple, n'avait pas <le telles prudences. JENi VENTE A l'imprimerie et Librairie universelles, 19, DORSET STREET, SAINrr-HÉLIER (JERSEY): Ou par commission à LON DH,ES, à la Librairie Polonaise, \0, Greek street, Soho Square. 1855. ALMANACH DEL'EXIL L'Almanach de l'Exil pour 1855 form~ ·un beau volume in- lG de p,us de deux cents pages. Ce livre, œnvre de propagande démocratique, contient les articles suirnuts : Calendrier Grégorien .................. . Calendrier Républicain ................ . Calendrier 1\Ioçonnique ................ . Note sur le Calendrier ........... par J.-Ph. Berjeatt Quelques Ephém~ricles révolutionnaires .. , ............................. . Le3 trois Napoléons ........... ~.' ....... . Les deux Fléaux ............. .,......... . Une page d'Histoire (les Girondins) .. La Révolution au Théâtre ............. . Un Grenier onvert au hasard (poésie) La Démocratie dans Shakspeare ..... . L'Ouvrier manufacturier .............. . Le;, Suppliciés d'Arad ................. . Paris et Saint-Pétersbourg ........... . Le parti républicain en Italie ........ . I\lort des frères Bandiera ............. . Danton et le l O Août ................. . Les Prisons de M. Bonaparte,. ...... . Le Dualisme, c'est la Monarchie ..... . Souvenir de Pologne (mosique) ...... . La Révolution dans la Science ........ . Rés11mé historique de l'année ........ , Etc., etc. Ch. Ribeyrolles. Félix P.11at Louis Blanc. Au.<J, Vacquerie. Victor Hugo. Fr.-V. Hugo ~ls-. A. Bianchi Sàndor Teleki. Arnold Ruge. L. Pianciani. J. Cahai_qne. Charles Hugo fils. Alex. Ilertzen. Ed. 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