Homme - anno II - n.08 - 24 gennaio 1855

L'HOMME. -------------- ·-----------~----------------------·-----:,------------------------- Peuple anglais, s'il entc:id se foire l'universel champion du droit sur la terre - ce qui serait, à la fois, et le devoir, et le salut, et l'honneur; - il a tort de sacrifier la Révolution par les peuples, à la paix avec les despotismes. LPs commettants de M.. Cobden ont voté contre lui, pour une énergique continuation de la guerre. S'il ue se ravise, l',1. Cobden sera bie11tôt enterré ! Ch. IL LA FRANÇE ET L.\ RÉVOLUTION. Je demande la condamnation et l'abolition du Christianisme par rles motifs de diverses sortes: 1° au 11nm de l'histoire philosophiqne de l'esprit humain, et de l'incompatibilité radicale, absolue du Christianisme avec la philo- :;ophie ; 2° au uom <le la métaphysique, r.'est-à-dire de la sci,~nce de \'homme, de l'univers et de Dieu; 3° au nom de la doctrine {(e la morale, de la liLerté et <le la démocratie; 4° enfin, au nom des conditions essentielles du bonheur des individus et des peuples, des intérêts géHéraux et permanents du genre humain. Procétlons par ordre, et traitons maintenant des deux premiers points. L'histoire de l'esrrit humain me paraît se diviser en trois gra1~des époques: la première, qui comprend la hJute antiquité; la ùeuxième, l'antiquitP. gréco-romaine; et la troisième, l'ère moderne. Différentes par le fond, elles sont semblables par la forme; j'entends dire qne, dans toutes les trois, malgré la divergence des irlée.:i, des doctrines et <l.esinstitutions, la même loi a 'présidé an développement <le l'esprit humain, cc cléveloppement s'ét:rnt fait d'abord par la religion, ensuite par la philo~ophie. Qne la haute antiquité ait été reli,9ieuse est un fait évident, et sur la <lémo11stration duquel je n'ai pas à insister; mais la haute an~iquité philosopî1ique, cette ·issertion étonne et soulèfff: la contestation. B,ien de plus vrai pourtant. Ainsi, la Chine a été si hien philosophique qu'elle l'est encore, et que, rlepuis de1.)xmille ans, elle subsiste sans religion, sans culte, sans prêtres, s:rns sacrifices ; et si, ·contrairement il. ce qui s'est passé en Chine, la religion fut surtout domiuante chez les autre:s peuples de la haute antiquité, la JJhilosopl~ie s'y montra néanmoins, y régna et gouverna aussi. Examinons l'lnrle, par exemple. C'est Fi., dans la haute antiquité, le pays religieux par excellence. Eh bien, qu'est-ce que nous y voyons? Nous y voyons trois moments o.ans le mou\·ement général de la pensée humaine : un premiE:r moment où la religion est acceptée anssi ·humblement qui:! possi111:, est suivie et enseignée à la lettre ; un second n;10ment où, tout en s'appuyant sur elle, on 11ecraint pas, an besoin, de s'en .écarter nn peu ; eufin, un troisième où la raison, s'en foisa11t juge, en ·admet ·et en rejette ce qui lui convient. L'étude du développement religif:UX et philosophi,pie des Perses, IIIèJe-s, ·Egyptiens, etc., nous amènerait au mème résultat. Donc, il est démontré que, dans la hante antiquité, la philosophie parait à son tour, et après la religion. Tandis 11uela h rnte antiquité fut principalement religie11se, l'antiquité ~réco-romainc fut principalement philosophique. Cependant, cl?.ns ce set0:1d âge du monde ai11si que dans le premier, la religion précéda la philosophie; car, av 1nt les écoles Ionienne, Italt'lue, Eléatique, - avant les Sophistes, - avant Socrat~, - avant l'ancienne Académie, - avant les Péripatétitiens, les Epicuriens et' les Stoïciens, - avant Cicéron, Sénèque ·et Marc-Aurèle, il y ent les prêtres et t6us ces premiers poëtes, les Linus, Orphée, Homère, Hério<le etc., qui chr.ntèrent ingénuemcnt dans l.eurs po~mes les fictions religieuses, telles que la tradition les leur fourniss,1it. Et même, malg.ré la puissance de la philosophie, Ja religion y conserva assez d'empire pour y faire condamner à mort Socrate, l'un ùe ces hommes rares qui honorent l'humanité, comme coupable <le corrompre la jeunesse et d'enseigner dP.s dieux nouveanx. Q11oiquïl en soit, ici encore, nous trouvons l'élément religi~ux et l'élément philosophique dans l'ordre <lemanifestation et de succession que nous avons noté précédemment. Le christianisme offre mê:11c physionomie. Quelle église fut jamais plus puissante q11e l'église chrétienne! Mai~ bientôt se lèrent le ~chisme et la philosophie. Dès le XIIIe, siècle, parait l'hér(sie <les Albigeois; puis viennent Jean Hus et Jérôme de Prague; enfin, l'unité se brise sous les coups de Luther, et des ruines dont le grand moine jonche le sol sortent le Ca~holicisme et le Protestantisme. Et ce n'est là qu'un des côtés <lu mouvement de l'esprit humain dans la civilisation à laquelle nous appartc1101Js. En même temps que 1c Christianisme se divise en lui même et se déchire de ses propres mains, la philosophie pren<l la parole pour son propre compte. Et, depuis son !!pparition snr la scf'ne du monclc moderne, avec quelle admirable logique elle poursuit sa per,sée, elle marche à son bnt ! Voici, successivement, d'un côté Rabelais, Montaigne, Voltaire, qui sapent' et détruisent le Yieux monde par le cloute, l'ironie, la moquerie, le mépris; et ,de l'autre, Bacon, Descartes, Rousseau, Condorcet, Laimennais 11ui tt·nte11t de ~onstruirc le nouveau sur les bJses de la r~ison, de la morale, de la liberté, de la démocratie, du pro6rès et de l'amélioratiou sociale. De la philosophie de l'histoire <le l'e1.prit humain il résulte donc que, d'une part, l'esprit humain se manifeste sous une double forme, sous forme religieuse et sous forme philosophique; et que, d'une autre part, ces deux formes ne se produi:,ent pas à la fois, maiR l'une a.près l'autre, en premier lieu la forme religieuse, et en second lieu la forme philosophique. Mais, pour la démo11stration de notre thè.,e, pour la co11damnation du christianisme sous le point de me que nous avons abord(·, ceci n'est pas assez. Car établir qu'il y a clan:; l'humanité deux éléments intellectuels, l'élément ïehgieux et l'élé,11ent philos1Jphique, ce n'est pas établir formdiement et catégoriquement que ces deux éléments sont nécessaii·ement incompatibles, qne de ces deux éléments l'un doit nécessairement se substituer à: l'autre. En ef!'P.t,ne serait-il pas possible que la rciigion et la philosophie eussent, chacune, leur domai:1e? que loin de s'cxcliire et de s'~nathématiser, elles ·pussent et dussent vivre côte à côte, et se prêter réci pro9uemcnt secours et appui. C'est ce que pensent les Eclcctitj_ue& modernes'. Ou hien est-ce que, couforméme11t à l'opinion des Sain~-Simoniens ou <les philosophes issus rlJ Saint-Simonisme, la philosopl_iie ne serait qu'une chose éphémère, bonne pour la en tique et la démolition, rnuu vaisc pour la doctrine et la réorganisation? et par suite ne doit-elle pas aboutir à une no11velle religion, s'y fondre et s·y perdre ? Eh bien, d'après moi, non la religion et la philc,30phie ne sont pas compagnes, mais adversaires, mais ennemies; et il faut que l'une des <l.euxmeure et disparaisse, laissant à l'autre l'empire et ia domination sans partage et sans limites. Eh bien, d'après moi, non le présent n'est pas gros de quelque nouveau christianisme, mais par la raison il est maître de ses destinées ultérieures; d'après moi, uon l"avenir n'appartient pas à la religion, mais à la philosophie. C'est ce qu'un examen général et rapide <le la nature de la religion et de la nature de la phi!osophie nous fera voir très clairement. Représentons nous l'humanité à l'origine è.es choses, ou bien aux époques de ces grands cataclysmes où péris:;ent religions et civilisatious, comme celle où s'abimèrent le Pagauisme et la civilisation gréco-romaine. Le problème comp:exe dè la connaissance de l'homme, de l'univers et de Diell se pose fatalement devant elle. Car, si elle ne sait pas ce qu'elle est, ce qu'est l'univers, ce qu'est Dieu, et les rapports qui l'nnissent à l'univers et à Dieu, comment pourra-t-elle penser, agir, se mouvoir, vivre en un mut? Mais, dans ces temps primitifs ou malheureux, l'humanité est plongée dans l'ignorance la plus profonde : elle ne sait rien d'elle-même, elle ne sait rien de l'univers, elle ne sait rien de Dieu, elle ne sait J:ien des rapports qu'efü: soutient avec l'uniYers et avec Dieu. Le savoir par la raison et la science ne peut être que ic résultat d'une longue tlaboration ; et cep,rndant, il lui en faut, à tout prix. et sous peine de mort, une -solution quelconque. A.lors, l'huruanité, s'abandonnant à son imagination, crée la religion. A l'imitation de la double nature qu'elle sent plutôt qu'elle n'a reconnue en elle même, elle fait de l'univers et de Dieu un être immense, dont Dieu est l'âme et l'univers le corps. Les prémisses posées, les conséquerices suivent forcément et rapidement; et le soleil clevient l'œil de la divinité, l'air en devient le souffle, la terre en devient I.e vaste sein, l'éclair, le Lo:rnerre, la foudre deviennent les signes visibles de sa colère. Et l'humanité, se laissaut toujours conduire par son imagination, à ces premières fantaisies en ajoute bientôt d'autres, elle crée les prophéties, les miracles, les théophanies, et elle r.onstruit un monde infiHi de fantômes. Qu'est-ce donc qne la religion? C'est, d'une part, l'idée concrète, symbolisée, l'oppression de l'idée par le fait et la substance ; et d'une autre part, cette matérialisation de l'idée attribuée à la toute puissance de Dieu, divinisée, - la révélation. Qu'est-ce que la philosophie? Par ses mythes, ses symboles, ses mystères, la religion n'a rien appris, absolument rien appris à l'humanité; elle l'a bercée, l'a nourrie, l'a élevée clans son enfance, mais ne l'a point instruite, ne l'a point éclairée. La voilà arrivée à l'âge mûr, à l'àge de 1a. pensée; et, devant elle, elle trouve, ai11si qne dans les anciens temps, le problème non encoe résolu de l'homme, de l'univers, de Dien et de leurs rnp;iorts. Quelle voie suivra-t-elle pour le résondre? Evidemment, elle ne suivra pas celle ile l'imagination et de la rdigion, puisque l'imagination et la r~ligion n'ont produit que le néant et ne l'ont pas satisfaite. Que foit-ellc par conséq11ent? Elle dëlaisse les mythes, les symboles, le~~mystères, et elle ne deman<le qu'il la rüso:i, à la lo6iq11e et à l'évidence la solution qui la préoccupe et la tourm8.nte. Qu'est-ce doue que la philosophie? La pli il ose puie r,'est, d'une part, l'abstraction et la généralisation, la connaisssallce des choses ponrsuivie par les lumières de l'esprit , et, d'autre part, la souvc:r:.ineté de la raison humaine, proclamée comme unique point de départ et uniqnc rr.oyen de la connaissance. Cela ét!!bli, est-cc qu'entre la révolut:on et la souveraineté de la raison humaine, entr~ la :;:ymbolisation ile l'idée et l'idée abstr~ite e.t philosophiqne, il y a conciliation _r,os- , . , sible? est- ce qu'il n'y a iras, au con~raire, incomp:::.tibilité absolue, radicale? et, dès lors, quelle puérilité, ou bieu quelle trahison conclamnable cles devoirs d,! la r,hilogophic, 11 ·y a-t-il pas de la part <les éclectiques à tcutcr cette impossible conciliation ? D'un antre côt6, est-ce que les Saint-Simoniens ne se heurtent pas contrn la loi même du proorès humaui.tuire n ' eux, les fameux apôtres du progrès ? Nous remettre _en religion ne serait-ce pas nous reùo.incr du Yicux, nous foire rétrograrler ef nous préparer <l.e.nouveaux combats à renrlre. Assez de mythes, de symboles, de mystères, de nuages, d'obscurité ; c'est le passé ceb; laissoHs le passé où il est, c'est-à-dire dans la tombe; ce qu'il faut à l'humanité d'aujourd'h1ii et de l'ave,tir, c·est la lumière sur toutes choses : or la lumière ne peut ~ortir iJtie de la raison et de la philosophie. - Victimes innombrables clu catholicisme, Yotre sang n'a point été versé en vain! Nov,itcurs hardis, pe11seurs puissants qui avez sonné le tocsin cle la destruction contre l'Eglise, vos paroles out porté leurs fruits ; il rnus est né en fonle des enfants qui s'en nourrisscut, et en poursuivent l'accomplissement; et si, parmi eux, il e;1 est qui, par là,heté ou trahis0n, quittc1,t le cl1!!1:ipcle bataille, il en restera toujours assez pour combattre, vaincre et écraser l'ennemi. • Le souvenir des saintes œuvres du cat11olicisme ne s'était pas effacé de nos mémoires. Nous n'avions oub~ié ni ·les massacres des Albigeois, r,l la Saint-Barthélemy, ni les Drngonnades, ni les horreurs du ::\Ii<lidans les premières annt!es ùc la Restauratiou. Kous savio;1s que b jésuitisme, l'inquisition et les moines étaient les piliers <le l'E 6lise. l\fois, apparemment <le peur que noas nous eHdormions dans le repos, elle se montre ùe nos jours dans toute sa hi<lense nudité, elle tne comme autrefois. clic bénit le crime comme autrefois, et r.lle iuvoqne comme a:1trnfois pour sa défense la nécessité de l'i1Hiuisition, du jésuitisme et cles auto-cla-fé. SJit ! que chacun soit clans son camp t<'t. à son ,Poste ; que la lutte se contillne, et q11e les desti11s s·ucco:nplisscnt ! H. ]LrnL ET. VARIÉTÉS. ASSE~\IBLÉE LÉGISLATI\'E. -179LLe 14 octobre, l' Asscm blée législat.i.ve se tron va constituée d'une. mauière définitive; sa vie politique commença. Combien la scène arnit changé de,puis la com-ocatiou des états généraux, et quels autrt!s acteurs ! Il n'y avait plus ici d'hommes à grands titres ou à g~auds noms, plus de personnages féodaux, plus de froHts clwuves, plus de têtes blanches. On se demandait avec une curiosité tragique les noms <le ces nouYeaux vellus ; dans leurs regHrds étincelants d'ardeur, .dans leur virn contenance, sur leurs visages saus rides, on cherchait l'a~ venir. Qu'ils étaient jeunes! l\Iais la Révolution Hait jeune, elle aussi. Cette concordance remplissait d'espoir ceux qui ne songeaient gu'à aller en avant; .elle remplissait d'zffroi ceux qui à tout prix auraient Yonlu s'arrêter. Quant aux hommes de cour, ils aimaient à se persua~ der qu'après avoir enfanté une assemblée telle que la Constituante, la France avait dû se sentir épuisée ; ils ne, ne pouvaient croire que d'obscurs robins, des taleuts imberbes, des célébrités de village, portassent bien loin un iar<leau sons lec1uel on avait vu l\Iirabeau lui-n:ême chanceler. Et puis, quelle était la fortulle ùe tous ces gP.ns-là? Organe fidèle des dédains de la conr, le comte de La Marck écrivait au comte de l\Icrcy-Argenteau : " Plus des dix-neuf vingtièmes de cette légis_lature n'ont d'autres équipages que des galoc:hes et des parapluies. On a calculé que tous ces nouveuux députés ensemble n'ont pas en biens fonds 300,000 livres de revenu. Une telle assemblée qui n'rn imposera pas par la dé~ cence, puisque la géné:alité des personnes qui la composent n'a n:çu aucune éducation, qui 11'annoncc que des talents médiocres, qni n'a plus rien à sacrifier au peuple, sans aehe\'er de consommer la dissolution totale de la société et sans donner le signal du sau·ee gui peut, une telle assemblée, dis-je, ne peut obtenir ni la considération, ni la confiance, ni la faveur du public." Illu" sions ! ilbsions ! La séance dü 4 octobre fut consacrée à la solen11ité, éternellement décevante, des serments. Ce fut d'abord le serment de vivre libre oit mourir que, d'un mouvement spontané, debout, la tétc décou\·erte, et anx applaudissements rl'tloub!és des trib1111es, tous les membres de 1'Assemblée prêtèrent ensemble. Vint e11S1Jitele serment individuel de fidélité à la Constitution. Une commission de douze vieillanls eut charge d'aller chercher, eu grande pompe, le livre de la loi. Apporté par l'archiviste Camus, il fut déposé sur la tribune, et chaque Jéputé, à son tour, les mains appuyées sur ce contrat national, jura de lui être à jamais fidèle. Ils jurèrent

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