1 -SCIEKCE.- ' -SO Ll.DAIUTR.-- JOURNALDELADEMOCRATIUENIVERSELLE. Ne S. MERCREDI, 24 J A~VIER l S55.-2e Année C:e .Jou1·11ud ttal•aU aGa~e troilil BHU.• ~eiaca?ne. Toutes lettres et correspon(lances rloiV('llt être affranchies et adressées an bureau de I' fmprimeric Universelle à ~t-Hélier L'ElwiPRUNTa Nous avons lu dans les jonrnanx français qui portent les oracles de D~cembre, le rapport de 1\1. Baroche snr le dernier emprunt des 500 millions : l'ex-orlé,m:ste (opposition-Barrot), l'ex-républicain de Février qui venait mendier, cocarde au chapeau, la réclame électorale, <laus les bure~rnx <lela RéformP, le justicier de la Révolution qni signait poursuite con•re G:1izqt, déclare à son Sire que la France a souscrit deux milliards cinq cents millions, comme témoignage <l'ailégress~ et d'admi:-ation profonch-s. Ct'S denx milliards cinq cents miltions inscri1s au registre, comme résultat officiel, sont-ils le chiffre véritable? N ons nous souvenons des scrutins frelatés de l'empire, déponiilés par la µoli'ce, et nous avons le droit de douter. Acceptons pourtant, sans enquête ni contrôle, et ne discutons que sur le rapport. Ce document signale 177 mille souscripteurs dans les villes et les campagnes. Or en Franct', il y a 500 mille fonctionnaires en dépendance du gouvernement : en France, il y a de 7 ù 8 m:llions de côtes foncières: faites le rapport des chiffres, et t;rcz la conséquence, vous saurez ce que vaut l'hymne-Baroche! La vérité sur cet emprunt, la voici : les fonctionnaires ont souscrit, en minorité, par ordre et pour faire du zèle : ils n'ignorent pas que sous cet empire <le men<lians, les solliciteurs abondent et qu'pn prl'nant dans le tas, on les uurhit, bientôt, remplacés. Le second ban des souscripteurs sort <le lu petite coulisse. C'est la plrnlang·e, innombrable auj0urd'hui, des spécnlatenrs en diffërences, lesqoels achètent sans c.lenier verser, et s'en vont trafiquer en Bourse. Depnis que les nobles activités de l'intelligence • et du devoir social sont empêchées et condamné-es, ce peuple qui ne pent vivre sans mouvement se laisse entraîner aux fièvres du jeu. Pour les sor- <li<lescalculs et toutes les passions ég-o:istes, l'em- •pire, <l'ailleurs, n'est-il pas un exemple écluta11t, et quand on a vu le pmjure ramasser une couronne dn11sle sang, tous les mouvais instincts ne sont-ils pas sollicités à toutes les aventures? La grande masse de la nation qui vit dans les rudes travaux de l'atelier on des champs est restée, comme toujours, étrangère à l'opération. Entre l'hypothèque et l'impôt, réduite à vivre de pain d'avoine ou de châtaignes, la campagne, hélas! n'a vas d'ar~;ent à placer, et ceux qui la font souscrire avec enthousiasme ne !a connaissent guère ou veulent railler ses misères défaillantes. Qnant au prolétariat des villes c'est encore une cruelle ironie. Faites donc souscrire les canuts de Lyon, les fileurs de Rouen, le peuple des caves de Lille, les chiffonniers et les tanneurs du faubourg Saint- :Marceau ! Si l'on passi1it la revue des gueniHes en France, on les compterait par millions, depuis le haillon gui grelotte sur les chemins, jusqu'à celui qui traîne le soir, au coin des bornes, dans les grandes villes. Le uel enthousinsme que celui de la faim transie et du chômage errant ! Pour constater combien ce délire -national est un me11song·e. il est un moyen bien simple, c'est de mettre en regard l'encaisse prétendu de l'emprunt et la statistique des enrôlements. Lorsque la France est en crise dé guerre, et que le peuple est sympathique au gouvernement, il paie non pas en arg·ent, mais en soldals. Lt:s souscripteurs au sacrifice du :,ang· se comptèrent par millions dans la première révolution française. En LS:30, comme -en 1848, les volontaires arrivaient par masses, t:t l'enthousiasme devançait l'appel •légal des conscriptions réglées. Aujo1tl'h'hui l'empire est forcé de garder dans ses 1ignes de bataille les soldats qui ont fait leur temps, ,et les plus chétifs remplaçants cofttent de quatre à 1cinqmille francs aux héritiers de la Bourgeoisie. (Jcr~ey), J_9,Dorset ~tree:.-Les manuscrits <léposés ne seront l ANGI.ETER_R~ ET Cor,o~rns: pas I C'ndus. - ÜN s ACON NE : A Jn·sey, ] 9, Dor$et street. - A Un an, 8 sh1ll111gs ou 10 tran es. Londres, chez M. STA;>;ISLAS, 10, Greek-street, Soho Square.-A Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Ge11è'.;e (Snisse), chez :'IL C?rsa_t, libraire, rne Guillaume-Tell. -1 Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. Puun L' (:.-n.\ NG Elt.: Un an, l 2 fr. r,o, Six moi~, ti fr. 2i5. Belgique, chrz tous les libraires. - A llladrid, choz Casimir CHAQUE NUMf:no: :'lfonnier, libraire. 3 pence ou 6 sous. Trois mois, 3 fr. 50 c. '&'ou~ =-•l:!l ~E,~nel'!llG!llDll~~,:~a f.~ UH~~êHtt :il'ati·aca•c. Les étoles militaires elles-mêmes, quoÎfjue priYilégiées, sont, comme nombre, en décadence; l'empire, eufin, est tellement aux abois, pour ses levées de guerre, qu'il prend escompte de la moitié, sm la conscription prochaine! Vo_ilà des faits qui sont des indices, des témoign::Jges, des preuves irrécusables. - Comment les contester~ - 0:1 les trouve inscrits snr les reg·istres publics, quand ils ne sont pas la lettre elle-même des décrets impériaux. Donc, les masses populaires sont restées, comme • la bourgeoi.5Ïe sériPuse et hiborieuse, en dehors des factices entraînements de l'i11térêt fonctio•1naire et du jeu. La France est bien toujours la même, une nation trahie, vassale, accablée par lu force militaire, mais qui ne se rend pns, qni n'abdique pas, et recueillie dans sa protestation muette elle laisse inscrire au Grand-Livre ces quarante derniers millions de rente, dernière annexe ù ses budgets, bieu cou vaincue qu'elle ne les paiera pas longtemps! • Ch:irles R1 BRYROLLES. . Paris, 19 janvier 1855. L'héritier in partibus du sceptre impérial, ~-osen u de l'avenir, nous revient découragé, triste et furieux contre l'expédition-aventure, contre le consin, contre !-esgénéraux, surtout Canrobert, et contre tout le monde. ,. Ce perclus de la gloire t,rouve qu'on a conduit cette guerre d'une façon déplorable : il affirme daus ses lettres, et rép~te à ses petits levers., que les armées, engngées là-bas, sont perdues, qu'on . ne prendra pas Sébastopol, et que, soit iucmie, soit trahison (ii dit le mot!) les deux chefs <le commandement, Canrobert et Saint-Arnaud oot, tour à tour, fait à qui mieux mieux, pour compromettre et ruiner, en cette expédition, le vieux prestige des armes uapoléoniennes ! Effrayé par ces ri>criminations princières, Canrobert s'est mis en règle. Il a dépèché l'nn de ses uides-de-camp avec un mémoire justificatif au César des rl'nileries qui, pour cause d'épine dorsale et de peurs compliquées, ne peut aller en guerre. Il a détaillé ses plans, ses victoires, ses parallèlP,s, ses espérances; il a rappelé le grand art et les grands maîtres, le dieu des batailles, surtout, Napoléon Ier, et la Majesté III a donné g·ain de c~rnse à son lieutenant de Décembre : il i'a même affiigé de la médaille militaire ..... Ceci nous parait un désaveu formel des colères du prince, et le fils de M. Jérôme, s'il n'y prend garde, aura peut-être à subir <lesarrêts de famille; mais soyez certain qu'il continuera son jeu d'accusateur militaire, comme celui de prétendant libéral et socialiste. Ce sont là les bascules dynastiques; c'est le tremplin révolutionnaire et les grands exercices à l'usage des cadets. La Presse, qui est l'organe personnel du Jérôme fils, a cru pou"oir, abrité derrière !'Augustule, balbutier quelques çritiques à l'e:1droit de la g·uerre, des opérations et du comma1Jdement. r.rous les collègues en out frémi, le Siècle surtout, et 11111 n'est entré dans la voie qne M. de Girardin avait ouverte par permission de la police et sous patronage. Vous ne sauriez croire combien ce!a fait mal de voir des écrivnins politiques, les 1111scourir la référence, comme disent les Anglais, de quelqu'illustre misérable qui les aumÔlle d'un petit conseil ou d'un renseignement - et les autres, éplucher la phrase dans leurs bnrenux, jus1u'à ce qu'il n'y reste que les plntitu<les officielles et les petites audaces de la supplique prosternée. f.e_célèbre monologue de Fi;aro ne fut jamais de plus grande vérité qu'en ces temps, et lu bassesse est telle <l..i11lses journaux-boutiques , on y pratique à ce point la religion de la peur, que dans le <lernier début sur l' lnwtetculée conception, cette farce indigne qui vient de se jouer à Home, en plrine lumière de civilisation, les plus hardis philosophes de la prC'ssemilitante n'ont ostJ monter à l'assaut de ce ridicule qu'épwlés derrière tel on tel concile, et en y trainant <les Pères de l'église! La personne de l'empereur - sacrée. I..1ct personne de l'impératrice - s:1i11tfe>t sacrée. Tonte la suinte frlmille, dep11is J.f at:1ilde Demidoff jnsfju'à Murat - sacrée, sacrée ... La relig:ion catholique - sacrée. L,1 magistrature, le conseil d'Etat, le sénë.!1-l,e corps législatif, la policf', les préfets, les n·en• l t 1 • . • i:, <. armes, ~utes_ ,es rns!1tut10ns-mensong-es, toutes les <1poshlsies.v1va111es- sactées, sucrées, sacrées! Libre à vo!:S, maintenant, d'ét11dier la qut.'stion des quarunta11H's, celle des harns et la maladie d.es pommes de terre. Encore u'e11 fondrait-il p9i1-lt parll'r trop haut : car toutes les récoltes doivent ètre superbes en temps d' Empire, et la terre 1ie sanrait ëtre malade sou ....César. On respire un air si pur sous la ~e.-vitude ! Ah! dans ce cl0c1que infect où nous !.I0mme's ens8velis vivants, nous aimerions mieux avoir le silence absolu, celui des tombem1x, celui de la mort, que ,d'entendre ces crécelles bavardes qui trompent l oreille et rappellent, comme un écho lointain, comme un souvenir perdu, la Yoix des anciens temps! Ces <l0rn~ journaux sont mie complicité de Décembre, et le sommeil de la France serait moins long si, dans le terrible silence de ses • '1 't ' '. t ' 1. 1 agomes, e, e pouva1 meui cr, s ausor,1er et se recueillir en ses douleurs. L'administration- Loyola qui nous g-ouvernP, comprend si bien les avant.ages de cette diversion opérée par la presse d<'spetites oppositions et des petites li_bertés,,<Ju'ell~ prodigue beaucoup moins la Suspension et l Avertissement. Elle réserve tontes ses colères, toutes s<~sdouanes, toutes s<:'s polices, po1ir la parole rude et libre qui nous vient, I)arf'ois d l '' ' e etrauger, comme le rayon à travers le cachot. Mais les arrestations, les saisies, les amendes, !e~ l;:o?ès et lt>sconfiscati~ns o:nt beau se multiplier, l 1dee passe.avec les haines s:..i11tes, et l'instruction se fait dans les catacombes. Les salous sont toujours à l'épig·ramme, comme l'Institut et les Acaùémies : la bouro·eoisie g-arde 1~ silence, alléchée pa~· les promesses° <le I'exposit10n. Le peu pie est tnste : il ne peut pfus trou ver à se loger, tant les propriétaires qui rêvent la guitJée par jour, de l'exposition de Londres ont élevé le taux de leurs maisons. ' " Nous serons doue obligés d'aller prendre Je "Louvre'?" dis..iit un ouvrier du faubouro- SaintM ' ' l' d b artm a un e ses camarades : ponr cause de surtaxe, les deux emportaient à charrette leurs petits meubles. - " N ons serons pl11tôt ù l'Hôtel- " de-Ville, répondit l'autre, et de là nous pour- " o 1 r1,·1 • • l''à I' r ns causer avec es u enes; ça s est <. qJ vu.' Soyez certain que les masses ont toujours l'esprit républicain, et qu~elles gardent p~ofond le sentiment révolutionuaire. On les a dé~armées et ~arquée~, co~nme des tribus sauvages entre la police et l armee: elles sont pnuleutes, réservées, taciturnes.; elles ont tant souffert! Mais à la première occasion, elles prendront revanche, et les esprits exercés voient déjà les symptômes. Faut-il vous le dire:? La gue,Te d'Orient a été leur dernière illusion. Les masses la rêvaient rapide, énergique, ardente, comme une révolution. Il y avait un souveuir des deux inrasions di;\ns leur sentiment : on les a trompés, or vous connaissez Paris! XXX. A l'heure où nous met.tons sous presse, le paket de Londres u'est pas encore arrivé .. Privés de nouvelles, il nous est impossible de publier notre bulletin de l'étranger. Du reste, jusqu'à ce jour, toute opération militaire a été suspt>ndue devant Sébastopol : baraques et tranchées, tout est ensev~li so~1sla neige. -etJ~-
L' li ij 11~1E. ~-·------------------'--------------------- DISCOURS DEMCa OBDEN. Mercredi dernier a eu lieu à Lf'eds un des meetino-s fermés Ïes plns nombreux qui se soient ja~ais vus en Angleterre: Si'-': mille person,nes r assistaient. Dans ce meetmg, JU. Cobden, depute de la ville de Leeds, a adressé à ses constituants un discours qui occupe en ce moment toute la polémique de la presse anglaise, et dont voici les priucipaux passages : En ce qui regarde la guerre elle-même, J\Iessieurs, ma première objection à cette guerre a été l'illusion trompeuse et j'oserais presque dire frauduleuse qui l'a rendue populaire dans ce pays. (Ecoutez ! écoutez! - Non ! 11011 !) Je Yeux dire que les sentiments clu peuple ont été exaltés jusqu'à l'enthousiasme en faveur de cette guerre, parce qu'on a entretenu en lui la croyance qu'elle aurait des conséquences que je savais bien, que je sentais bien litre très éloignées eles intentions de ceux qui la faisaient. (Ecoutez! écoutez!) Messienrs, y a-t-il quelqu'un ici qui osera nier qu'il y a douze on quinze mois, quand a eu lieu la première excitation en faveur de la g 11erre avec la Russie, que Ja voix du peuple ne s'est pas prononcée pour la guerre dans l'idée dominq.nte qu'elle avait pour but de donner la liberté aux nationalités qui se débattent sur le continent et qu'elle aurait pour effet d'urrêter les prétentions de la Russie à envahir la Hongrie, conquérir la Circassie et opprimer d'antres peuples ? Queh1u'un oserat-il nier c1ue l'opinion dominante était, qu'en <léchrant la guerre à la Russie, nous avions inscrit sur notre <lrapeau la résurrection de la Pologne? (Oui! oui! non! 1101!1) D'après ce que disait mou noble ami, lord Dudley Stuart, dans 'a chambre des Communes, je sais très-bien que lui et c,mx qui votaient avec lui, croyaient que cette guerre avait pour bnt la liberté de Ja Pologne et la restauration <les autres nationalités <léchues. Quant à moi, Me:ssiems, je n'ai jamais envisagé la guerre sous cet as- }Ject, car je n'ai jamais cru qu'elle aurait de telles conséquences. (Ecoutez! écoutez!) Cette guerre n'écait, selon moi, qu'une guerre politique: une guerre politique, c'est-à-dire une guerre de <liplomates et d'hommes d'Etats et non une guerre entreprise au nom <'le la nationalité ou, de la liberté. Cette guerre, c11 d'autres termes et en peu de mots, est une guerre où >lous avons un despote pour allié, un despote pour client, et où depuis un an nous essayons, sans succès, <l'avoir .pour allié un autre despote............. (Cris nombreux : La guerre est-elle juste ? ) J'allais justement répondre à cette accusation que quel- .ques-uns même de mes amis ont éleYée contre moi, et d'après laquede je serais hostile à la guerre parce qu'elle n'e.,t pas ju~te. Je l'ai déjà dit à la chambre des Communes, et mon ami M. Bright. l'a répété très éloquemment (grognements contre 11. Bright). <lans cette g11erre e11tre le gonveruement-i-usse et le gouvernem(!nt turc ; le tlroit est ,lu côté de la Turquie. La Russie ;1, la première, envahi la Turquie : tlonc, si la Turquie ~e voulait, elle avait un casus belli évident po•H dédarer la gnerre à la Russie. !lais Yoici la réserve que je fais : l'att:ique de h Russie contre la Turquie n'est pas une attaque contre nous (grognements) ; bien que nous ayons eu le droit, si cela nous plaisait, de "nous mêler ùe cette querelle et de prendre 1iarti pour la Turquie, cependant uous ue sommes pas en tout temps ot>ligés <l'aller au secours rie. tous les pays qu'on attaque, parce que, si ce principe était le nôtre, il nous forcerait à al1er en guerre partout où il y aurait une querelle, en nous mettant du côté que uous croirions celui ile la justice. (Non, non!) Soit! Alors je conclus que _vous n'adoptez pas pour principe de faire la guerre dans tpus les cas où une autre nation serait victime d'uue attaque injuste. Cette doctriuc serait hazardeuse à l'extrême : elle ferait peser sur nous des responsabilités qui, j'en ai peur, seraient au-dessus tle nos forces. (Ecoutez !) Quiconque a visité la Turquie sera d'accord avec moi sur ceci q11'il y a dans ca pays u11 gouvernement qui ne représente pas la mljorité de la populatio~ gouvernée, et ici j'en appelle aux idées <lémocratiqnes des persounes présentes. Vous avez en Turqnie douze millions d'habitants dont huit millions sont chrétiens et quatre millions musulmans. Les derniers oppriment les premiers et les privent de tous leurs priviléges. Un Turc peut commettre sur un Chrétien toute espèce de cruauté : s'il n'y a pas <le témoin musulman, il n'y a pas de punition pour le crime. Quiconque a étG en Turquie confirmera mes paroles quand je vo1Js dirai que si Yous consultiez toute la population de la.Turquie par le s11ifrage universel, vous auriez dans la question cle la guerre, une forte rnajorité contre vous et en faveur de l'e~pereur de Rus3ie.(Non ! non! grognements.) Il u'y a pas tle doute à cela. (Nouveaux grognernrnts.) Qu.elles sont les plaintes continuelles qne nous entendons de tout6!s parts? On nous dit que les Chrétiens grecs. sont tous hostiles aux Anglais : nous avons été forcés de les chasser <le Balaklava à causic <le cette hostilité. Les -Grecs résidant en Angleterre ont été accusés d'une telle hostilité qu'on les a avertis d'être plus réservés dans l'expression de leurs sympathies e11 fa\'eur ile la Ru~sie. Y oilà des faits ; C't, i1ans ces clifficilc,•5conjectures, je Yous prie <l'e11peser les conséquences. ,Ce srrnt l:t de graves difficultés. Il ,ne s'agit pas d'un élat de choses où le peuple et le gouvernC'ment sont unis et homogènes : ncus avons en Turquie même un en:iemi aussi déterminé que la Russie. Cette question <'les cliss.ensions intérieures de la Turquie, on veut h régler rnaintenrmt, et comment? la proposition que fait notre gouvernement cl'accord avec le gouvernement français est celle-ci : au lit'u de la Russie se mêlant seule de protéo-er la population chrétienne <le la Turquie, on vEut que le; cinq grandes puissances aient toutes le droit d'i_nterveuir. l\1ais cette solution même ne fait yue compliquer la question : des prétentions pell\·ent s'élever d'autre part et nous ne 'pourrons pas !es repousser ·comme nous avons n~poussé_ l'aggression rnsse. (Ecoutez!) Sans doute quelque autre puissance voudra dans le débat sa petite pint de bénéfice (rires). A coup sûr, c'est ·bien clans u,1 intérêt égoïste que la Russie s'est mêlée dee affaires nationales de la Turquie : mais èn adoptant le même principe qu'elle, ne voyez-vous pas que vous justifiez sa conduite aux yeux <ln monde? Je n'aime pas la position qne nous ayons prise pour une antre raison : ·c'est que nous traitons seulement avec les gouvernemen_ts, non ave_c les peuples. (Approbation.) N ons ne nous soucions pas d'intervenir dans un pays, qun ,Hl nctre intervention a pour but le bien d'une nation maltraitée par son gouvernem{'nt. Sommes-nous intervenus quand les Français étaient à Rome, quan<l les Rnsses étaient en Hongrie, alors qu'un gouvernement coupable mettait un peuple sons ses pieds et essayait de l'écraser? Aiusi, quand nous intervenons clans nn pays, nous nous mettons toujours du côté du gom·crnement contre le peuple. Il peut y avoir politiq 11e à cela, mais la justice 11'a rien à y voir. Il y a bien des choses à dire pour et cnntre sur (,ette intervention eu Turquie. Allonsnons faire la même chose que l'empereur de Russie? Voilà quant à la justice de la guerre. Quant à sa conduite, tons· nos amis ici reconuaitront q11'il ne peut y avoir un plus misérable exposé de notre système d'administration militaire, une plus évidente et plus déplorable démonstrntion de nos foutes ? Comment n ·a-t-on pris aucun renseigni.inent sur la condition actuelle et sur la f?rce de Séhastopol? L'envoi de notre armée là-bris a été '· un saut dans les ténèbres'' (a leap in the dark), une faute complète. La faute n'a pas été seulement dans l'estimation de la force de Sébastopol ; elle a été dans le départ pour Sébastopol, en quelque circonstance qu'il se fit (écoutez! écoutez!) Nous sommes allés à mille lieues de chez nous attaquer un empire contenant soixante millions d'habitauts; et, contre une armée de six ou sept centmille hommes, 11ous en avolls envoyé une de vingt ou trente mille! 'Et c'est avec cela que qnelques organes de la presse ont parlé d'anéantir cet empire! C'est une idée ridiGuie et puérile, avouons-le L\ppcobation). Selon moi, la prétention de ruiner Sébastopol était le résultat d'ulle méprise. La méprise, on l'a reconnue : on a dit que c'ét-1it 1111 saut dans les ténèbres! 1\Iaintenant la principale question pour les Ar1glais est de savoir comment se tirer de ce mauvais pas. 8i nous voulons poursuivre la lutte jmqu'au bout, j~ di::, que le système suivi jusqu'ici par le gouvernement est tout à fait insuffisant. (.\pprobation.) Il faut que nous levions une armée immense, que nous trouvions d'immenses ressources et que nous continuions la guerre sur une toute autre échelle. Messieurs, je pense qu'il y a uu autre moyen de tirer nos braves soldats de ce mauvais pas et je crois qwe, sans écouter nos propres passions, sans nous arrêter trop longtemps à <les espéraTIGes exagérées, nous devons éviclemment considérer la situation de ces braves et ne pas créer d'obstacles à la restauration de l.a paix et à la rentrée de nos vaillants soldats dans leurs foyers. Quand on les ramènerait maintenant de Sébastopol, je donnerais à ces soldats le même tribut d'éloges ot de gloire que s'ils avaient réussi, car ils auraient, clans leur tentative infructueuse, souffert dix fois autant que s'ils avaient triomphé daus nn coup de main. Eh bieu ! ri·estre pas possible de conclure une paix solide et honorable? Et en ce moment même les négociations entamées par le gouvernement ne pou.rraient-elles amener cette paix? " Mes amis qui sont derrière moi ont l'intention de " proposer à ce meeting une résolution réclamant du gou- " vernement une énergique continuation de la guerre. Je " leur dirai franchement que si la guerre doit être pour- " suivie, comme ils le clésirerft, ce doit être dans un " esprit tout différent <le celui qui l'a dirigée:; jusqu'ici. Je "blâme donc la résolution qu'ils proposellt: elle est trop " vague pour la g11erre, trop absolue pour la paix. Et, " dans les circonstances actuelles, elle ne peut q11'empê- " cher la soli1t1on désirnble. Nos troupes, en Crimée, " souffrent des mi~ères inouies, EL c'est,\ l'admiuistration " qu'il faut attribuer ces ~ouffrances. Le gouvernement '· u en\'Oyé là bas de braves soldats, l'élite du pays ; il " les a jetés Sùr une côte inconnue, sans conn 1ître les " forces qn'ils allaient avoir à combattre, sans plus s'oc- " cuper de pourvoir à leurs besoins <J_usei c'étaient autant " de forçats (convicts) doat il désirait se débarrasser. " " Maintenant, je demande si nous yui sommes ici chez " nous, bien à notre aise, nous ne devons pas prendre garde " à un appel q11ipeut empêcher la conclu!<ion d'u11e paix " honorable? Supposons que Séb,,stopol soit pris. l,ord "J ohù Russell a ù(iclaré que l'Angleterre 11'avait pr:s " l'intention de l'occuper d'une façon perm mente, pas --------···------·- " plus gne l'intention ile s'emparer d'une partie quelconq11e '· du territoire russe. Dans ma ferme conviction, 01111e '"veut détruite 8ébastop.ol que par point d'liom1eur, ponr " i'.!tre à même ,le <lire: " nous a\'ons pris S(·bastopo!. " ":Ensuite on l'abaudonnera. (Appr-0bation el rires.) Je " vous demande de ..cousidérer quelles seraient les consé- " quences de la ruiut- de Sébastopol. On pourrait faire " saut~r la ville me .par rue, maison par maison, mais "·selon toute probabilité, ce ne serait pas sans une perte " de dix mille hommes po11r les armées alliées. C'est " donc notre strict devoir de considérer si l'objet qu'on " veut atteindre vaut un tel sacrifice, puisq11e le but rie " cette guerre n'est pas la diminution du territoire russe." (Cris énergique : Non, non! - Oui, oui! Ou répète toujours que dans cette question le graml principe de la Justice est engagé. Si cette idée abstraite du droit est la nôtre, nous faucln-t-il donc prendre f,it et cause dans toutes les luttes qui peuvent su·rgir? La guerre actuelle est une guerre. cle politique, calculée tout bonnement ponr notre d6feuse et pour rien autre chose. Nouo ne nous b:1ttons pas en faveur de la Turquie, mais à cause de cette idée que si la Russie parvenait à subjuguer la Turquie, elle pourrait éventudlement nous attaquer (applaudissements ). Voilà la vraie raison. Il y a des hommes qui viennent nous dire qu'il y a là une grande question de droit, que 11011sommes les juges et que nons faisons un grand .acte ~e justice en punissant un grand criminel. Eh bien! s'il y a ici des personnes assez candides pour pirtager cette opiuion sur nous, je suis anglais, moi aussi, et je leur démontrerai que nous sommes les hommes les moins propres à être juges dans une part-ille matière. Üll entend dire cle toutes parts ciue la Russie a pris le territoire des Jrntions qni l'avoisinent. Eh! 1\Iessieur~, comme Anglais, je rougis pour moimême de ce fait que j'ose affirmer : c'est que pour un mille carré de territoire que la Russie a pris à cl'autres par la force des armes, depuis 50 ans, nous, Anglais, nous avons pris cinq milles· carrés ( approbation et rires). Je suis heureux <le voi-r prendre la chose d'aussi bonue humeur. Nous ne devons pas craindre en Angleterre de dire la vérité, et nous arriverions bien vite au rlespotisme, du j-0ur où celui q\li la dit ne serait plus écouté. On a allégué aussi que la Russie avait tout récemment envahi le territoire turc. C'est un fait singulier néanmoins qne, pendant tout le règne <lu Czar actuel, la Russie n'a pas enlevé un pouce de territoire à la Tnrynie. Au contraire, c'est une des parties, •actuellemcnr engagées dans cette guerre pour la cause de la juGtice, qui <1. pris un grand morceau du territoire turc. Tout le monde sait qu'en 1830, la France s'est emparée de l'Algérie, u11e dépendance de la Porte, et je crois même que jusqu'ici l'Angl~terre 11'a pas encore reconnu le droit de la France sur l'Algérie. Elle n'y a pas envoyé de consul, et elle s'est contentée de cette protestation parce qu'elle ne voulait pas offenser sou alliée sur ce point. ~Ecoutez! écoutez !) On nous répète sans cesse que nous sommes les juges et que 0 Je Czar est le criminel et que nous rendons la justice dans l'intérêt de l'Europe et du monde civilis6. • Quant à moi, je pense qu'avant de nous asseoir sur le tribunal, nous devrions avoir les mains nettes. Je ne pense pas qu'un juge reco1mu pQur .être anssi fripon que l'accusé, doive être maintenu sur son siège par l'opinion publique et autorisé à exercer ses fonctioas un jour après qu'il aura {\té reconnu pour tel. Eh bien ! c'est pourtant ce que nous faisons vis-à-vis de nous-mêmes, quand nous nous érigeons en j~ges du Czar. Nous avons beau nous mettre la main Stîr le cœur et dire complaisamment : '' Grâce au ciel ! nous ne ne sommes pas cornme les autres hommes qui prennent le bien d'autrui et s'emparent <lu territoire de leur prochain ; " nous ne disons pas la vérité. Nous avons pris dans l'Inde, au graud lVIogol, un territoire que couvre une population de cent millions d'hommes, près du double de la population de la Russie; nous avons pris le cap de BonneEspérance. Ce que nous avons fait là, nous l'avons fait partout ailleurs quand nous en avons eu l'occasion. Les autres nations ne nous regardent pas comme ce peuple immaculé que nous avons la prétention d'être : sons ce rapport, elles 11onsregardent juste comme une seconde Russie (rires). Oui, juste comme une seconde Russie,- ni meilleure, 11! pire. N 011s avons pris un territoire chaque fois que nous avons cru qu'il en valait la peine et que ses possesseurs n'étaient pas assez forts pour nous repousser. Ainsi, non seulement la Russie n'a pas reconnu n0tre autorité, mais le reste du monde se refuse à la reconnaître. Que sont devenus les beaux jours et la gloire de l'Ecole de Manchester, au temps de la League? Les frénétiques acclamatious se sont changées en gro- _qnements, et M. Cobden paiera de son siège parlementaire, à la première rencoutre électorale, la très fausse tiÎtuation qu'il a prise et qu'il s'obstine à garder. • M. Cobden a raison quand il dit qu'au point de vue de son pays, la guerre actuelle est une question d'i11térêt et non de principes. 1 JH. Cobden a raisonquè.lnd il rappelle que le vaste Empire britanniqucdt:s Indes est une expropriation contre-justice et par la force; mais il a tort lorsqu'il conclut à la paix quand même ; il a tort lorsqn'il clemaude au
L'HOMME. -------------- ·-----------~----------------------·-----:,------------------------- Peuple anglais, s'il entc:id se foire l'universel champion du droit sur la terre - ce qui serait, à la fois, et le devoir, et le salut, et l'honneur; - il a tort de sacrifier la Révolution par les peuples, à la paix avec les despotismes. LPs commettants de M.. Cobden ont voté contre lui, pour une énergique continuation de la guerre. S'il ue se ravise, l',1. Cobden sera bie11tôt enterré ! Ch. IL LA FRANÇE ET L.\ RÉVOLUTION. Je demande la condamnation et l'abolition du Christianisme par rles motifs de diverses sortes: 1° au 11nm de l'histoire philosophiqne de l'esprit humain, et de l'incompatibilité radicale, absolue du Christianisme avec la philo- :;ophie ; 2° au uom <le la métaphysique, r.'est-à-dire de la sci,~nce de \'homme, de l'univers et de Dieu; 3° au nom de la doctrine {(e la morale, de la liLerté et <le la démocratie; 4° enfin, au nom des conditions essentielles du bonheur des individus et des peuples, des intérêts géHéraux et permanents du genre humain. Procétlons par ordre, et traitons maintenant des deux premiers points. L'histoire de l'esrrit humain me paraît se diviser en trois gra1~des époques: la première, qui comprend la hJute antiquité; la ùeuxième, l'antiquitP. gréco-romaine; et la troisième, l'ère moderne. Différentes par le fond, elles sont semblables par la forme; j'entends dire qne, dans toutes les trois, malgré la divergence des irlée.:i, des doctrines et <l.esinstitutions, la même loi a 'présidé an développement <le l'esprit humain, cc cléveloppement s'ét:rnt fait d'abord par la religion, ensuite par la philo~ophie. Qne la haute antiquité ait été reli,9ieuse est un fait évident, et sur la <lémo11stration duquel je n'ai pas à insister; mais la haute an~iquité philosopî1ique, cette ·issertion étonne et soulèfff: la contestation. B,ien de plus vrai pourtant. Ainsi, la Chine a été si hien philosophique qu'elle l'est encore, et que, rlepuis de1.)xmille ans, elle subsiste sans religion, sans culte, sans prêtres, s:rns sacrifices ; et si, ·contrairement il. ce qui s'est passé en Chine, la religion fut surtout domiuante chez les autre:s peuples de la haute antiquité, la JJhilosopl~ie s'y montra néanmoins, y régna et gouverna aussi. Examinons l'lnrle, par exemple. C'est Fi., dans la haute antiquité, le pays religieux par excellence. Eh bien, qu'est-ce que nous y voyons? Nous y voyons trois moments o.ans le mou\·ement général de la pensée humaine : un premiE:r moment où la religion est acceptée anssi ·humblement qui:! possi111:, est suivie et enseignée à la lettre ; un second n;10ment où, tout en s'appuyant sur elle, on 11ecraint pas, an besoin, de s'en .écarter nn peu ; eufin, un troisième où la raison, s'en foisa11t juge, en ·admet ·et en rejette ce qui lui convient. L'étude du développement religif:UX et philosophi,pie des Perses, IIIèJe-s, ·Egyptiens, etc., nous amènerait au mème résultat. Donc, il est démontré que, dans la hante antiquité, la philosophie parait à son tour, et après la religion. Tandis 11uela h rnte antiquité fut principalement religie11se, l'antiquité ~réco-romainc fut principalement philosophique. Cependant, cl?.ns ce set0:1d âge du monde ai11si que dans le premier, la religion précéda la philosophie; car, av 1nt les écoles Ionienne, Italt'lue, Eléatique, - avant les Sophistes, - avant Socrat~, - avant l'ancienne Académie, - avant les Péripatétitiens, les Epicuriens et' les Stoïciens, - avant Cicéron, Sénèque ·et Marc-Aurèle, il y ent les prêtres et t6us ces premiers poëtes, les Linus, Orphée, Homère, Hério<le etc., qui chr.ntèrent ingénuemcnt dans l.eurs po~mes les fictions religieuses, telles que la tradition les leur fourniss,1it. Et même, malg.ré la puissance de la philosophie, Ja religion y conserva assez d'empire pour y faire condamner à mort Socrate, l'un ùe ces hommes rares qui honorent l'humanité, comme coupable <le corrompre la jeunesse et d'enseigner dP.s dieux nouveanx. Q11oiquïl en soit, ici encore, nous trouvons l'élément religi~ux et l'élément philosophique dans l'ordre <lemanifestation et de succession que nous avons noté précédemment. Le christianisme offre mê:11c physionomie. Quelle église fut jamais plus puissante q11e l'église chrétienne! Mai~ bientôt se lèrent le ~chisme et la philosophie. Dès le XIIIe, siècle, parait l'hér(sie <les Albigeois; puis viennent Jean Hus et Jérôme de Prague; enfin, l'unité se brise sous les coups de Luther, et des ruines dont le grand moine jonche le sol sortent le Ca~holicisme et le Protestantisme. Et ce n'est là qu'un des côtés <lu mouvement de l'esprit humain dans la civilisation à laquelle nous appartc1101Js. En même temps que 1c Christianisme se divise en lui même et se déchire de ses propres mains, la philosophie pren<l la parole pour son propre compte. Et, depuis son !!pparition snr la scf'ne du monclc moderne, avec quelle admirable logique elle poursuit sa per,sée, elle marche à son bnt ! Voici, successivement, d'un côté Rabelais, Montaigne, Voltaire, qui sapent' et détruisent le Yieux monde par le cloute, l'ironie, la moquerie, le mépris; et ,de l'autre, Bacon, Descartes, Rousseau, Condorcet, Laimennais 11ui tt·nte11t de ~onstruirc le nouveau sur les bJses de la r~ison, de la morale, de la liberté, de la démocratie, du pro6rès et de l'amélioratiou sociale. De la philosophie de l'histoire <le l'e1.prit humain il résulte donc que, d'une part, l'esprit humain se manifeste sous une double forme, sous forme religieuse et sous forme philosophique; et que, d'une autre part, ces deux formes ne se produi:,ent pas à la fois, maiR l'une a.près l'autre, en premier lieu la forme religieuse, et en second lieu la forme philosophique. Mais, pour la démo11stration de notre thè.,e, pour la co11damnation du christianisme sous le point de me que nous avons abord(·, ceci n'est pas assez. Car établir qu'il y a clan:; l'humanité deux éléments intellectuels, l'élément ïehgieux et l'élé,11ent philos1Jphique, ce n'est pas établir formdiement et catégoriquement que ces deux éléments sont nécessaii·ement incompatibles, qne de ces deux éléments l'un doit nécessairement se substituer à: l'autre. En ef!'P.t,ne serait-il pas possible que la rciigion et la philosophie eussent, chacune, leur domai:1e? que loin de s'cxcliire et de s'~nathématiser, elles ·pussent et dussent vivre côte à côte, et se prêter réci pro9uemcnt secours et appui. C'est ce que pensent les Eclcctitj_ue& modernes'. Ou hien est-ce que, couforméme11t à l'opinion des Sain~-Simoniens ou <les philosophes issus rlJ Saint-Simonisme, la philosopl_iie ne serait qu'une chose éphémère, bonne pour la en tique et la démolition, rnuu vaisc pour la doctrine et la réorganisation? et par suite ne doit-elle pas aboutir à une no11velle religion, s'y fondre et s·y perdre ? Eh bien, d'après moi, non la religion et la philc,30phie ne sont pas compagnes, mais adversaires, mais ennemies; et il faut que l'une des <l.euxmeure et disparaisse, laissant à l'autre l'empire et ia domination sans partage et sans limites. Eh bien, d'après moi, non le présent n'est pas gros de quelque nouveau christianisme, mais par la raison il est maître de ses destinées ultérieures; d'après moi, uon l"avenir n'appartient pas à la religion, mais à la philosophie. C'est ce qu'un examen général et rapide <le la nature de la religion et de la nature de la phi!osophie nous fera voir très clairement. Représentons nous l'humanité à l'origine è.es choses, ou bien aux époques de ces grands cataclysmes où péris:;ent religions et civilisatious, comme celle où s'abimèrent le Pagauisme et la civilisation gréco-romaine. Le problème comp:exe dè la connaissance de l'homme, de l'univers et de Diell se pose fatalement devant elle. Car, si elle ne sait pas ce qu'elle est, ce qu'est l'univers, ce qu'est Dieu, et les rapports qui l'nnissent à l'univers et à Dieu, comment pourra-t-elle penser, agir, se mouvoir, vivre en un mut? Mais, dans ces temps primitifs ou malheureux, l'humanité est plongée dans l'ignorance la plus profonde : elle ne sait rien d'elle-même, elle ne sait rien de l'univers, elle ne sait rien de Dieu, elle ne sait J:ien des rapports qu'efü: soutient avec l'uniYers et avec Dieu. Le savoir par la raison et la science ne peut être que ic résultat d'une longue tlaboration ; et cep,rndant, il lui en faut, à tout prix. et sous peine de mort, une -solution quelconque. A.lors, l'huruanité, s'abandonnant à son imagination, crée la religion. A l'imitation de la double nature qu'elle sent plutôt qu'elle n'a reconnue en elle même, elle fait de l'univers et de Dieu un être immense, dont Dieu est l'âme et l'univers le corps. Les prémisses posées, les conséquerices suivent forcément et rapidement; et le soleil clevient l'œil de la divinité, l'air en devient le souffle, la terre en devient I.e vaste sein, l'éclair, le Lo:rnerre, la foudre deviennent les signes visibles de sa colère. Et l'humanité, se laissaut toujours conduire par son imagination, à ces premières fantaisies en ajoute bientôt d'autres, elle crée les prophéties, les miracles, les théophanies, et elle r.onstruit un monde infiHi de fantômes. Qu'est-ce donc qne la religion? C'est, d'une part, l'idée concrète, symbolisée, l'oppression de l'idée par le fait et la substance ; et d'une autre part, cette matérialisation de l'idée attribuée à la toute puissance de Dieu, divinisée, - la révélation. Qu'est-ce que la philosophie? Par ses mythes, ses symboles, ses mystères, la religion n'a rien appris, absolument rien appris à l'humanité; elle l'a bercée, l'a nourrie, l'a élevée clans son enfance, mais ne l'a point instruite, ne l'a point éclairée. La voilà arrivée à l'âge mûr, à l'àge de 1a. pensée; et, devant elle, elle trouve, ai11si qne dans les anciens temps, le problème non encoe résolu de l'homme, de l'univers, de Dien et de leurs rnp;iorts. Quelle voie suivra-t-elle pour le résondre? Evidemment, elle ne suivra pas celle ile l'imagination et de la rdigion, puisque l'imagination et la r~ligion n'ont produit que le néant et ne l'ont pas satisfaite. Que foit-ellc par conséq11ent? Elle dëlaisse les mythes, les symboles, le~~mystères, et elle ne deman<le qu'il la rüso:i, à la lo6iq11e et à l'évidence la solution qui la préoccupe et la tourm8.nte. Qu'est-ce doue que la philosophie? La pli il ose puie r,'est, d'une part, l'abstraction et la généralisation, la connaisssallce des choses ponrsuivie par les lumières de l'esprit , et, d'autre part, la souvc:r:.ineté de la raison humaine, proclamée comme unique point de départ et uniqnc rr.oyen de la connaissance. Cela ét!!bli, est-cc qu'entre la révolut:on et la souveraineté de la raison humaine, entr~ la :;:ymbolisation ile l'idée et l'idée abstr~ite e.t philosophiqne, il y a conciliation _r,os- , . , sible? est- ce qu'il n'y a iras, au con~raire, incomp:::.tibilité absolue, radicale? et, dès lors, quelle puérilité, ou bieu quelle trahison conclamnable cles devoirs d,! la r,hilogophic, 11 ·y a-t-il pas de la part <les éclectiques à tcutcr cette impossible conciliation ? D'un antre côt6, est-ce que les Saint-Simoniens ne se heurtent pas contrn la loi même du proorès humaui.tuire n ' eux, les fameux apôtres du progrès ? Nous remettre _en religion ne serait-ce pas nous reùo.incr du Yicux, nous foire rétrograrler ef nous préparer <l.e.nouveaux combats à renrlre. Assez de mythes, de symboles, de mystères, de nuages, d'obscurité ; c'est le passé ceb; laissoHs le passé où il est, c'est-à-dire dans la tombe; ce qu'il faut à l'humanité d'aujourd'h1ii et de l'ave,tir, c·est la lumière sur toutes choses : or la lumière ne peut ~ortir iJtie de la raison et de la philosophie. - Victimes innombrables clu catholicisme, Yotre sang n'a point été versé en vain! Nov,itcurs hardis, pe11seurs puissants qui avez sonné le tocsin cle la destruction contre l'Eglise, vos paroles out porté leurs fruits ; il rnus est né en fonle des enfants qui s'en nourrisscut, et en poursuivent l'accomplissement; et si, parmi eux, il e;1 est qui, par là,heté ou trahis0n, quittc1,t le cl1!!1:ipcle bataille, il en restera toujours assez pour combattre, vaincre et écraser l'ennemi. • Le souvenir des saintes œuvres du cat11olicisme ne s'était pas effacé de nos mémoires. Nous n'avions oub~ié ni ·les massacres des Albigeois, r,l la Saint-Barthélemy, ni les Drngonnades, ni les horreurs du ::\Ii<lidans les premières annt!es ùc la Restauratiou. Kous savio;1s que b jésuitisme, l'inquisition et les moines étaient les piliers <le l'E 6lise. l\fois, apparemment <le peur que noas nous eHdormions dans le repos, elle se montre ùe nos jours dans toute sa hi<lense nudité, elle tne comme autrefois. clic bénit le crime comme autrefois, et r.lle iuvoqne comme a:1trnfois pour sa défense la nécessité de l'i1Hiuisition, du jésuitisme et cles auto-cla-fé. SJit ! que chacun soit clans son camp t<'t. à son ,Poste ; que la lutte se contillne, et q11e les desti11s s·ucco:nplisscnt ! H. ]LrnL ET. VARIÉTÉS. ASSE~\IBLÉE LÉGISLATI\'E. -179LLe 14 octobre, l' Asscm blée législat.i.ve se tron va constituée d'une. mauière définitive; sa vie politique commença. Combien la scène arnit changé de,puis la com-ocatiou des états généraux, et quels autrt!s acteurs ! Il n'y avait plus ici d'hommes à grands titres ou à g~auds noms, plus de personnages féodaux, plus de froHts clwuves, plus de têtes blanches. On se demandait avec une curiosité tragique les noms <le ces nouYeaux vellus ; dans leurs regHrds étincelants d'ardeur, .dans leur virn contenance, sur leurs visages saus rides, on cherchait l'a~ venir. Qu'ils étaient jeunes! l\Iais la Révolution Hait jeune, elle aussi. Cette concordance remplissait d'espoir ceux qui ne songeaient gu'à aller en avant; .elle remplissait d'zffroi ceux qui à tout prix auraient Yonlu s'arrêter. Quant aux hommes de cour, ils aimaient à se persua~ der qu'après avoir enfanté une assemblée telle que la Constituante, la France avait dû se sentir épuisée ; ils ne, ne pouvaient croire que d'obscurs robins, des taleuts imberbes, des célébrités de village, portassent bien loin un iar<leau sons lec1uel on avait vu l\Iirabeau lui-n:ême chanceler. Et puis, quelle était la fortulle ùe tous ces gP.ns-là? Organe fidèle des dédains de la conr, le comte de La Marck écrivait au comte de l\Icrcy-Argenteau : " Plus des dix-neuf vingtièmes de cette légis_lature n'ont d'autres équipages que des galoc:hes et des parapluies. On a calculé que tous ces nouveuux députés ensemble n'ont pas en biens fonds 300,000 livres de revenu. Une telle assemblée qui n'rn imposera pas par la dé~ cence, puisque la géné:alité des personnes qui la composent n'a n:çu aucune éducation, qui 11'annoncc que des talents médiocres, qni n'a plus rien à sacrifier au peuple, sans aehe\'er de consommer la dissolution totale de la société et sans donner le signal du sau·ee gui peut, une telle assemblée, dis-je, ne peut obtenir ni la considération, ni la confiance, ni la faveur du public." Illu" sions ! ilbsions ! La séance dü 4 octobre fut consacrée à la solen11ité, éternellement décevante, des serments. Ce fut d'abord le serment de vivre libre oit mourir que, d'un mouvement spontané, debout, la tétc décou\·erte, et anx applaudissements rl'tloub!és des trib1111es, tous les membres de 1'Assemblée prêtèrent ensemble. Vint e11S1Jitele serment individuel de fidélité à la Constitution. Une commission de douze vieillanls eut charge d'aller chercher, eu grande pompe, le livre de la loi. Apporté par l'archiviste Camus, il fut déposé sur la tribune, et chaque Jéputé, à son tour, les mains appuyées sur ce contrat national, jura de lui être à jamais fidèle. Ils jurèrent
L' HO~IME. ~~----------------------------------------------------------------------- tou::-, même ,ceux qui, dans le secret cle leur cœur, brülaient cl'éteuclre les conquôtes cle l'esprit nouveau, et ceux qui déjà, nn risque d'affreuses tempêtes, s'étaient déclarés contre l'acte constitutionnd ! Ils jurèrent tous, même les républicains bien connus, même Condorcet et Brissot ! Cette cérémonie terminée, Cérutti se lev?. et dit : " Quatre cent quatre-vingt-douze députés viennent • ,l'appuyer leurs mains sur l'frnugile de la Constitution. Ils ont juré cle la défendre et de la maintenir jusqu'à leur dernier soupir. Je clemande que nous rendions l1ommage à ceux de qui uous tenons cet immortel bienfait. Investis par une armée menaçante, ils l'ont repoussée et soumise. Entourés de ruines et de tempêtes, ils ont par leurs travaux ramené l'ordre et le calme. Quel sénat .de Rome ou de Grèce, qnel parlement britannique, quel congrès américain a opéré <lesi grandes choses, en si peu de temps, au milieu de tant d'ohstacles, et avec aussi peu d'imperfections! A mesure que les temps vont se pro. jeter sur leur ounage, comhie1-1lenr nom va grandir !... Héritiers de leurs travaux immenses, c'est à nous de proclamer le premier acte <le la reconnaissance fran- •çaise." Députés et spectateur~ app. au<lirent à plusieurs reprises ; la motion fut unanimement arloptée ; on décida que le discours serait imprimé officiellement et envoyé dans toute la France ... ; mais la Révolution n'en•endait pas s'·arrêtC'r fa : on s'en aperçut bien vite ! Les premiers rapports du roi et de l'Assemblée eurent nn caractère particulier d'aigreur. Le principe républicain et le principe monarchique en étaient déjà à se mesurer. La Mputation qui, conduite -par Dncastel, allait annoncer au roi la constitution ,lu Corp:. législatif, trouva sur son passage, comme pour lni barrer le chemin, le ministre de la justice, et fut obligée d'insista pour être introduite chez le prince immédiatement. •Q Quels sont les noms de ces messie1Hs ? " demanda Louis XVI à Duc:istel, lorsqu'ils entrèrent, " en usant ainsi à l'égard des représentants du souverain, selon .-la remarque amère <lu journal de Prudhomme, comme il avait coutume de faire envers les valets présentes à la cour." Avec une affectation ùe simplicité lacédémonienne, Ducastel dit: " Sire, l'Assembll'>e est définitivement constituée: elle nou~ a députés pour en instrnire Votre Majesté ; " et, non moins !acon ique, Louis XVI répondit: "Je ne pourrai vous voir que vendredi." Cette scène, rapportée par Ducastel à ses collègues , les émut d'une indignation hautaine, qui, dans la séance ùn 5 octobre, éclata en coups imprévus. Un membre s'étant avisé d'appeler le Corps législatif et le roi des pouvoirs é_qat1.-r,, 011 le force à se rétracter : c'est indép~ndanls l'un de l'autre qu'il voulait dire. Nouvelle explosion. L'abbé Au<lran crie au blasphème l Est-ce que la Constitntion ne place pas le roi sous la dépendance tlu Corp:,; l6gislatif? Un député, dont le nom, ignoré maintenant, aura plus tard unP illnstration redoutée, se lè\·e alors. Il paraît faibîc, i I est infirme, et l.l douceur forme le trait <lomi:1ant <le sa physionomie. Combien rude 116anmoins Pst son laugage l " Pourquoi le mot Sire! il signifie Seigneur. -.Pourquoi le mot i'Jajesté ? il n'y a de majesté que celle de DiCll et celle <lu peuple. - Que lorsque le roi se J>résentcra, tous le rrçoive11t tlebout et découverts, à la bonne heure ! mais dès qu ïl sera arrivé an bureau, que chacun ait la faculté de s'asseoir. - A quoi bon, pour le pouvoir exécutif, un fauteuil cl'or, un trône ? Ce sera certes l'honorer ass~z qne 11c lui céder p:tr déférence le fauteuil de celni qui préside aux délibérations des représentants du peuple. Lui, il est le roi des F.rnnçais, et c'est ainsi, seulement ainsi, qu'il faut qu'on l'appelle." Des applaudissements, qui durèrent plusieurs minu- . tes, prolongèrent l'impression produite par cette vive sortie. Le puhlic des galeries était charmé, )'Assemblé@ enivrée d'orgueil : le cliscours de Couthon fut Jt. l'instant même conn:rti en décret. Or, comme sur un des nrticles, l'épreuve d,1 \'ote semblait d0utcuse. '' C'est que les membres de la droite ont prétendu 11e pas ente11dre,'' s'écria Lacroix. I•:t aussitôt ceux-ci <le rép01Hlre, indignés : " K ous ,·011sp1ouverons que nous sommes cle bons, et peut-être de meilleurs patriotes que \'Olls." Le journal du temps qui rapporte cette circonstance caractéristique, ajoute : " Puisse le corps constituant être le seul qui ait en un côté ùroit ! " Louis IlLA::-.c. Ces quelques lignes que nous avons empruntées élUsixième volume de Louis Blanc ( Histoire de la Révolntion française), rappellent un souve111r de plus de soixante années. Ainsi, nos pères de 1791, à peiue sortis de la nuit féodale, s'affirmaient et se proclamaient en face du roi, comme ce,; anciens Romains qui s'étaient exercés, des siècles durant, à la gnrnde souveraineté. Ils avaient un tel sentiment du droit et <le la valeur du mandat populaire, qu'il~ ne voulaient laisser au dessus d'eux et de leur souverain, le peupie, aucun vestige, aucun titre, aucun symb Ir• cle suprématie. "Pourquoi le mot Sire, s'écriaient-ils : il vent "C.:i!·e seigneur. - Et pourquoi le mot Majesté? '' 11!l'y-a pas d'autre majesté que celle de Dieu " et celle <lupeuple." Puérilités vaines, dira-t-on, que tous ces débats de blason et <l'étiquette : les cl10ss() et non les mots ! Les mots ont leur danger quélnd ils traduisent le privilège et qu'ils perpétuent le menso11ge. Les mots sont pères d'ignorance et de corruption. L'Egalité d'ailleurs comment l'établir avec la langue des aristocraties et comment garder la dignité? Cnuthon avait raison. Aujourd'hui nous .avons, après soixante ans, un Sire, des Majestés, des Alte,ses, des Excellences. Aussi voyez e:e qu'on est devenu. Les pouvoirs so!'lt des domesticit~s. les citoye11ssont des cltoses. Le peuple c'est le b11dget, c'est le travail, c'est l'armée, c'est la richesse et le sang de la France exploitée par des muîtres. Ce n'est plus une nation, ce n'est plus une souveraineté. Ah ! si nous avions gardé la fière attitude et l'énerg·ique seutiment de nos premiers temps révolutiounairf's, nous n'en serions pas, aujourd'hui, les nns à lutter pour notre foi sur tous les chemins de l'exil, les autres à ,·ivre déshonorés sous le sceptre impie de la force et dn crime! Cette p.ige de Louis Blanc est donc un beau souvenir et une leçon. C. R. On nous écrit de Paris : On parle, en ce moment, de huit éents gardes d'honneur qui veulellt aller se faire tuer sous Sébastopol et qui sont prêts à partir. Des gardes d'houueur qu'est-ce à dire? Nous ne connaissions encore que les pages. Il est vrai que la domesticité gagne et s'étend chaqnc jour, comme la lèpre! Des gardes d'honneur ! et de quel hcnneur, bon <lien? Les corps privilégiés, ceux qui restent, comme ceux qui s'en vont, sont en exécration dans les rangs de la troupe simple, et, comme autrefois, les petites jalousies se réveille:,t: ainsi, ces gros cuirassiers et carabiniers qui foulaient les massrs 1 comme la venc.Lmge, en Décembre, les voilà furieux contre la Garde impériale; ils dégainent à Paris, à Versailles. à St.-Germain, et le ministre de la guerre. \1. V aillant, a réuni, ces jours derniers. les chefs de ~orps, pour qn'ils eussent à faire cesser au plus tôt ces querelles ~ de· famille. Mais on a tellement e.xcité les instincts grossiers et les appétits brutaux des prétoriens, que l,l,.._hesog-ne sera difficile. 'La solwtesq ne est en rüt: faites largesse, César, ou craign<'z les gémonies ! EN VEN'l.,E A L'IMPRI1lfERJE UNTVERSELLE, 19, DORSET STREET, SAINT-HÉLIER (JERSEY) : Ou par conm1is::;ion à LO.'\ Dl{8S, chez Stanislas TcHoRZEWSKI, 10, Greek street, Soho ~quare. 1855. ALD1ANACH DEL'EXIL. L'Almanach de l'Exit pour lS.'.;5 form'! un beau volume in- lô de p1us de deux cents pages. Cc livre, œnvre de propagande démocratique, contient les articles suirnnts : Calendrier Grégorien .................. . Calendrier Républicain ............... .. Calendrier Maçonnique ................ . Note sur le Calendrier ........... par J.-Ph. Berjea" Quelques Ephémf:rides révolutionnaires ................................ . Les trois N apolé-011s..................... Ch. Rihe,yrolles. Les deux Fléaux ........................ Félix P.11at Une page d'Histoire (les Girondins) .. Louis Blanc. La Révolution au Théâtre .............. Au.r;. Vacquerie, un Grenier ouvert alt hasard (poésie) Victor 1-fugv. La Démocratie dans Sliabpeare ...... Fr.-V. Hu.90 fils. L'Ouvrier manufacturier ............... A. Bianchi Le:, Suppliciés d'Arad .................. Sàndor Telel..-i. Paris et Saint-Pétersbourg ............ Arnold R.u_qe. Le parti républicain en Italie ......... L. Piancia11i. Mort des frères Bandiern ............. . Danton et le JO Aoüt.. ................ J. Ca.hai.9ne. • , Les Prisons de 1\1. Bonaparte ......... Charles Hugo fils. Le Dualisme, c'est la .i\Jonarchie ..... Alex. Hertzen. Souvenir de Pologne (musique) ....... Ed. Remiuyi. La Révolution dans la t:lcience ......... Bon11et-Duverdiet Bésumé historique ùe l'année ......... F. Taféry. Etc., etc. Prix: 1 sh. (1 fr. 25 c.) DA~GERS TO ENGLAND OF TJIE ALLIANCE ,vITH 'rHE MEN OF THE COUP D'ÉTA.'11. To which are added, the personal co11fessio11s of the December Conspirators, and some biugraphicat notices of the most notorious of them. BY VICTOR SCHŒLCIIEJt, Represcntative of the People. JERSEY, ntl'RIMERJE UNIVERSELJ.E, 19, DORSET STllEF.T: EN VENTE A JERSEY ET A. LONDRES: ' GUTEL rnosCRIT DU 2 nf:cEM!lRE, a le triple av:rntage d'unir l'élégance, la légerté et 1n•ofe!!lsc1~1ï• 13e ~on1•e la solidité. J'ailleur ti,'Hu/Jits.-W, Belmont Ro:1d, St.-1-Iélier, Les semelles sont fix<:esavec du laiton et ne en plâtre, eu circ, en mastic et en gélatina sur nature morte 011 vivante. ------------,Jersey. laissent aucune :tdpérilé ni à l'intérieur ni à l'exIl moule aussi les ornement~, les statm•s et fournit des épreuves à un prix modéré.-20, Donstrect, St.-Hélier. n I, m cn1 f-i:~~;,:/!, ~~l~~it~~~; D Jll1 fi , en chef pendant h 1it ans du journal quotidien le l,lcss11/!erdu Nortl, p ,ra issant à Lille ( Fran.ce), <l_on~1c à ct.omicile, ~es 1eçons de langue f'.·ançais:, _<l anthméttque, d hisA. EDOUARD BIFFI, PROSCRIT ITALIEN, Donne des lrçons· c1e l:tni;ue it~li<'nne. toire, de géographie, <le httcrature, etc. li se char"'e également de toutes corrcspon- S'adresser, 20, Don Strert, Saint-H6lier. ~nces, écriti~·es commerciales et autres, et des mémoires dont on lui.confie 1~ rédaction:. , 18. l'l'HLI,'S•STREET, S'l'.-ILÉLIBR, JERSEY. S'aùre~ser au professeur, 20, Don-st1 cet, St.- G y . . Hlilier (Ile de Jersey). u 1'1 proseri~ ~ln ~ Décembre, faiseur Références chez MM. Wellman, P. Asplet, li. ,de BOffES sans couture, pour G~o. Vickery. hommes et pour d:ime!i. - Ce ~enre de chauçsure périenr. - On peut marc:hcr .l l'eau sans nuire à la solirlité <lela cha11ssmc. A LA RÉCIPROCITÉ. " WAHRI & Cie., TAILLECRS, jChaux-de-F'onds. - Maison Heinzeiy, primeur (Suisse). imJERSEY. Excellente Table d'Hôte, A 10 h. 1 h. et 5 heures, A L'HOTEL DE L'EUROPE • DON STREET, No 11, Tenn par ROUSSEL, Cuisinier françai~. Dîners et <léjeûners particuliers à toute heure. -Joli~ app~rtements et vins de toutes qualités, il: mouleur en piâtre, se charge i des pnx modéi/s· . de touie csprce de moulng-e I Salons de reumon et pour repas de corps
RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==