KOSSUATUHXANGLAISa ...... Si la nation anglaise veut accepter une paix quelconque, l'Autriche pent dicter les termes de cette paix. L'Europe pourra la déplorer, l'histoire pourra la bhîmer • l'Empire britannique pourra l'expier chèrement. Cepen~ dant l'Angleterre est libre d'agir ainsi, si cela lui plaît. Elle doit seulement se bien convaincre que c'est sa faute si elle n'obtient qu"une ridicule solution eu échange d'aussi énormes sacrifices en argent, en vies humaines, en réputation libérale et en position politiqne. Dites alors : " Nous savons que cette gnerre n'a abouti à rien; mais nous l'avons voulu "l.insi." On pourra vous prendre en pitié, mais on n'aura nulle objection à vous faire: t-it l'as voulu, JonN" BuLL ! 8eulement, finissons-en avec les mystifications et la phraséologie de l'hypocrite diplomatie; qu'on ne nous parle pl11s de la cause européenne, et de vos rombats pom la liberté et l'indépendance de l'Europe, car cela est absolument faux; que le peuple anglais ne s'imao-ine plus superstitieusement qu'il dévoue son sang et ses° trésors à une cause digne de son héroïque abnégation ; qu'on ne 11ous parle plus de tout cela; c'est une insulte au bon ~ens_; c'est une profanation des nobles sentiments qui rnspuent le soldat anglais au cimetière de Sébastopel et le peuple anglais dans ses foyers ! . J'en app~!le à la c?nscience, à cet austère juge inténeur dont l rncorrupt1ble verdict déchire le cœur, er.i dépit des sourires grimacés par l'hypocrisie. J'en appelle à la conscience, avec cette même anxiété -dont mon âme sera pleine, lorsqn'elle paraitra devant le Tout-Puissant pour écouter son arrêt. Vous, Anglais, réfléchissez, pesez, jugez et prononcez ! Lord J ol~n Russell est l'organe officiel du gouvernement ~nglais. Ses paroles ont l'autorité des faits. L'approbation ou le blâme populaire - bénédiction ou anathème - pour la politique gouvernementale s'attachent ' 1 ' a ces paro es. Je _ne . fera_i pas de raisonnements, je n'argumenterai p:is : Je c1tera1. Il y a peu cle mois, Lord J olm Russell déclaiait emph~tiquement, qu'?près d'aussi grands efforts, et voyant clairement les proJets de la Russie, " le ministère et les citoyens anglais seraient les pl-us imprudents des mortels, s'ils signaient une paix sans garanties, qui permettrait à l'ennemi d'attendre un moment plus favorable à son dessein, par les dissensions ou l';;ffaiblissement des autres Puissances." Et depuis, chaque fois que le ministère a été apre'é à rendre cornpte de ses intentions, Lord John Russell déclare que "la puissance et l'ambition de la Russie étaient dangereuses à la liberté et ù l'indépendance d~ l'Europe, et incompatibles avec sa sécurité • que dès lors . . , ' ' o~ ne fe:a1t pas la paix sans garantie~. L'Angleterre ne •.hiposera1t les armes qu'après avoir obtenu des garanties 'il1at~riell~s qni, '.éduisant la puissance rnsse à des prolJ0rt1ons rnoffens1ves aux libertés de l'Europe, nous don11eraient pleine sécurité pour l'avenir." _Ces déclarations ont ébranlé le monde. L'Europe s'é- ·•edl? tl:ins une légime attente; l'Rnrope s'émut de symwatli1e pour vons. La nation anglaise peut acquitter son gounrnement de la responsabilité attachée à de telles dé- ~1aratio11(la responsabilité ministérielle est une chimère •lans ~otre pays constitutionnel) ; mais le gouvernement anglais reste responsable à Dieu, et !'Honneur a110-lais à 1'Europe, à l'humanjté, à 1'11istoire, de la sincérité b rle ces promesses. Une évidente contradiction éclatait entre les paroles et les acies ; Lord Lyndhurst en demanda compte au gouvernement : " Qu'est-ce que cela signifie '? Vous parlez " de sécurité," vous nous présentez la perspective de "_garanties matérielles ; " et vous acceptez le protocole de Vienne, 5 décembre 1853, où il est stipulé que la guerre actuelle 11e peut, en a11cun cas, amener des modifications territoriales pour l'Empire russe." A cela. Lord Clarendon, votre ministre d~s affaires étra11gères, répondit : "Telle peut être l'intention de l'Autriche et de la Prusse, mais uon L1 volonté de la France ni de l'Angleterre." Le ministèrt anglais est encore responsable de cette ..déclaration devant l'Europe, devant l'histoire. • J'ai cité des faits. ;J'appelle maintenant le lecteur à relire, et à bien peser, la dernière déclaration officielle cle Lord John Russell à la Chambre des Communes, le 22 Décembre. Il a dit : "Nous devons obtenir quelque séc-urité pour l'avenir. Les " quatre points" sont extrêmement modérés ; nous les acceptons. Le ,gouvernement an,9lais n'a nul désir, nul pr~jet de voir la Russie démembrée, ou de la priver .D'AUCUNE PORTION DE SON TEitltITOIRE." Ceci est encore un fait. Nous voyons ainsi le blâme d'imprudence se changer en l'éloge de la modération; la par.faite sécurité réduite à quelque .~écurité ; ,garanties matérielles représentées par ces misérables " quatre points ; " et la " réduct.ion de la puissance russe à des proportions inoffensives " -11'effaçant devant cette accablante déclaration " qu' 1 on n'entend priver la Russie d'aucune partie de son territoire! Tels sont les faits. Un jour ou l'autre, j'examinerai ces " quatre points, ''. Terre promise présentée à l'Europe, et offerte par la diplomatie en échange du sang et èes L'H OJl M~:. trésors <le l'Angleterre. La Nation anglaise •Seconter.te-telle <le cette r6:.tlisation mesquine de ses espéra11ces, soit! 1\Iais 1l'uuorcl, que la Presse, que la co1Jscieuce du Peuple anglai<; répondent à cette question: Sera-t-on satisfait par cette co11clusion des tours-de-passe des diplo:nates et des Cabinets. Ce u'e.st pas anx co1_1sciencesdes Ministres que je fais appel : cllos sont trop ù1plomates ! Ce n'est pas à Louisllouaparte que je fais appel : son passé présage trop certain~men_t son avellir ; Cf: n'est pas à la Nation frallçaise que Je fais appel : sa presse est enchainée, ses lèvres sont c~tdcnassées; s'il en était autrement, une acclamation unanime répondrait à mon appel. C'est à la moralité de la presse anglaise, à la conscience du peuple anglais qne je fais appel; et j'affirme qu'il n'y a pas un seul honune dans le Royaume-Uni qui ose écrire et signer, et déclarer, sur son honneur et sa conscience, qu'il ne désirait rien de plus quand il a poussé le cri rle guerre national, et qu'il se contentera parfaitement d'une telle iudemnité pour Jes flots de sanoanglais qui ont déjà coulé et qui couleront encore, et pou~ les 500 millions de francs déjà dépt>usés par l'Angleterre senle, sans éompter les centaines de millions qu'on dépensera encore. Je 11epeux croire qu ïl se trouve un seul homme qui, en préstnce d'un tel résultat, soit prêt, dans la sincérité de sa co1,sciPnce, à se rendre à l'Eglise pour en remercier Dieu ! .. Mais, me dira-t-on, il en est ainsi : nous aurions préieré quelque chose de mieux; mais puisqu'on ue peut faire autreme11t, c'est bien ; cela JJons suffit. On ne peut faire autrement ! - L'Angleterre et la France confesseraient do11cqu'elles ue peuvent ou 1!e veulent arriver à une meilleure solution ? Si \'OllS dites que vous ne le pouvez pas, vous avouPZ que, même alliés, vous n'êtes pas de force à vous mesurer avec la Rnssie; vous avouez que, malgré les actions héroïques cles armées anglaise et française, vous avez été vai11cus, après tout; que vous avez, tout au moins, échoué d:rns vos entrl'prises. Peuple anglais! :Peuple frallçais ! Etes-vous disposés à un tel aveu? Le Peup'.t- frarn;ais, lui, ne peut répondre;; un nouvel emprunt d'un demi milliard et une nouvelle levée de hû,000 hommes, voilà toute la part qu'il prend à cette affaire ; mais ses traditions glorieuses, mais son histoire et son esprit national répondent énergiquement: Non! Nous, seuls, nous défions encore, et la Russie, et .tous ses vils satellites ! L'Angleterre veut-elle ;,'avouer amoindrie et vaincue ? Le Peuple anglais peut répondre par lui-même, le Monde attend la réponse de Britannia ? Mais, tout en repoussant avec indignation une telle imputation, le Peuple anglais pourrait dire: "Nous pouvions dicter de meilleures conditions, nous pouvions exiger de.s g:,ranties matérielles, et assurer une paix permanente à l'avenir, mais nous préférous être généreux envers ce pauvre Czar trop harcelé; vous ne voalons pas tui faire un mal réel. " - Vous ne le voulez p,is? Alors, au 11Om du sens commun, pourquoi donc cette guerre? Le fait est que vous, Anglett::rre et France Ue parle des N' atio:1s), vous avez et la puissance et la volonté de délivrer à jamais l'Europe du despotisme russe; vos gouvernants ont seulement remis la solution aux mains ùe l'Autriche. Vous avez sous la main les moyens de vaincre et de réussir; il ne s'agit que de frapper au cœur de l'Empire Russe - la Pologne; - seulement vos gouvernants n'osent se servir d'un tel moyen ; ils craignent l'Autriche. Là est l'origine de tout le mal, la cause de votre faiblesse et de vos incertitudes. Je vous affirme positivement ce fait, de source authentique: 011 connait à Vienne cette terreur de l'Autriche ressentie à Paris et à Londres. On en est fier, et on suura en prefüer. :Maintenant, on a signé un traité du 2 décembre avec l'Autriche. Il n'oLlige pas l'Autriche à prendre part à la guerre ; mais il lie la France et l'Angleterre à la défense d~ l'Autriche. Nul homme de bon sens n'aurait pu imagmer que vos gouvernants pouvaient signer un tel traité . Il doit y avoir, il y a un article secret. Nous connaissons déjà son existence, nous en apprendrons peu à peu le contenu, et nous pourrons avoir à en dire un mot, un mot adressé à la moralité des peuples. Néanmoins, quel que soit cet article secret, la raison hu- ~aine ne peut croire que la despotique Autriche tire 1épée contre le Czar. Les espérances entretenues ponr le 2 janvier sont devenues déjà une plaisanterie; il y aura encore plus d'une date semblable! Il est aujourd'hui certain qu'aussi longtemps que 1'Autriche aura part aux 11égociatio11s,il sera impossible de rien projeter pour la réduction de la puissance Russe. L'A1ürithe n·y consentira jamais. Lord John Russell l'avait insinué dans les débats sur l'adresse. Mais je n'ai pas besoin <le ses insinuations comme d'une preuve; le bon sens me suffit. Et pourtant l'Ano-leterre et la France out livré jusqu'à leur volonté, pieJs et })Oino-sliés à l ' .\ • 1 0 ' .-.utnc 1e, e11s'engagea.ut à ne rien négocier sans l'assentiment de l'Autriche! En ce rncmt::nt, ce u'est ni à l'énergie, ni à la sagesse des gonvernements anglais et franç:üs, que le Mo 11,ie d:vr~ être_ reco1~uaissant s( on .n'a pas déjà signé uneJJaix baclee et rnsuj/1sante; mais bien à l'ambition du Czar et à s~~ trop grande confiance dans le prestige de ses armes. Qu 11 0Lt1e11ne un succès, et 11ous entenrlrons dire au Czar,: " je ne peux pas vous jeter à la mer ; vous ne pouvez me chasser de L:t ville. Criez donc : le Czar est grand! je répondrai : graudes sont la France et l'Angleterre! et donnons-nous la rnain .... " Les ministres ne 8. 1\;; commu~ic~u~:·ont ~e traité _au ~arlem_ent, ainsi que leur sat1sfact1011_; apres b rat1ficat1011,bien entendu, et quand personne n y pourra plus remédier; puis viendra une nuit d'orageuses conversations au Parlement sans '.~ême_un scruti11, ou bien avec uue majorité de 8 ou de 08. voix '. -: et enfin, Rule Brita,mia, un jour <le soleunel. es réJot11ssa11ces,et God save the Queen ! l•:n attendant, on a divisé l'armée turque. La moitié est envoyée rn Crimée. pour y périr. Oh! il n'y a rien de tel à la <lisloc:atioll d'ulle armée, pour n'avoir plus d'armée_du tou~. - Après Navarin, la Turquie est restée sans manne. Après Sébastopol, la Turquie restera sans armée et a_vecdes finances épuisées; et elle n'aura plus rien {{ c;-am~re. N~u; riell. Le pis qui pût lui arriver sera fait. E_lle II aura m armée, ni trésor ; mais elle aura en retcur cinq_protecteurs, trois flottes étraugères dans ses mers trois _Sébastopol sur _se_s rivages ; d'ailleurs, " l'intégrité parfaite de son ternto1re et son indépendance complètP s:111:-s aucun doutt ... '' Et la question d'Orient sera diSfini~ tivement réglée ..... . _Est-et pour une telle solution que la Nation anglaise a pris les armes ? Est-ce pour cela que des héros ont perdu la viri, que le pays a dépensé des millions ? Est-ce lit toute 1 l_aconsoh~tio11 offerte par Yotre gouvernement à dl·s m1,l1ers de familles a11glaises gémissautes, dans les pleurs? Et l'Europe, et ses espéranc,:s ? C'est triste à dire, mais voilà pourtant ce que nous présage 1855 ! Rh! bien, que l'Angleterre fasse ce qu'elle voudra. LC'!~_uropen ùésebspère. Mais vous, Hommes d'Etat clu aornct, vous su irez l,! responsabilité de vos actes si l'Europe, .désespérée, ne prend plus conseil que <le son désespoir. J'ai dit. Dédaignez mes paroles si cela vous plait. Et n'y a-t-il pas de remède? Si, il y eu a. 111. cl'Israeli vous l'a indiqué: " Pas d'alliance autrichienne; laissezlà les quatre poillts." Tant _que_j'aur~i rn_,e langue ponr parler, une plume pour écnre, Je répetera1 ces paroles, comme le vieux Caton son delenda Carthago. .Je m'inqu_iète peu, et ne veux pas me mêler à vos intngues_ p~ht1ques de~Whigs et des Tories. Je parle au nom des Pnnc1p~s .. Et, Je vous le dis, quels que soient les hommes qui agiront d'après ces Principes et 1€:sappliqueront avec une mâle éuergie, l'histoire leur rendra ce t' _ moignage. qu'ils _auront,_ servi fidèlement leur patrie da~s cette ternble cnse~ qu ils auront épargné à l'Europe de sanglantes catastrophes, et qu'ils auront bien mérit ~ de l'humanité. t: (Traduit du Sunday Times.) KOSSUTH. La parole de Louis Kossuth a touJ·ours un o-ranrl . A b r~~ent1ssement en ng·leterre, et la conscience pubuq ue en est_ au fond très remuée. Malheureuseme11t, _les fait_s engagent, les situations acceptées ou sulH~s devier:ner:it des nécessités fatales, et si les esprits se laissent eutraîr:er, les intérêts sont là, qui barrent le chemin. L'opinion publique, d'ailleurs, n'est qu'une force morale et lente: elle 11epeut ui prévenir, ni comman_der; e}le n'_e~tpas. le pouvoir du Jour, l'acte, la vie, et I adm~mstrat10n est toute puissante, iraitelle à la trahison, surtout lorsque se taisent et s:effacent les grands contrôles de l'Etat, la presse hbre et le Parlement. ~ ous sommes d~nc convaiucus que les habiles et e11erg1ques conseils de Kossuth passeront comme l~ rayon et le vent, entre un peuple qui ne peut '.ien, ~t un gouvernement qui s'est déjà lié ; mais mstrmre le ~euple es! la _Plus be~le, la plus haute, la ~eilleure preparat10n de l avenir : les organes officiels ne le tromperont pas longtemps grâ~e à ce rude contrôle hebdomadaire qui v~ droit aux choses et ne cache rien. Qu~n? }es nation~ auront compris et pénétré, ce qu1 etmt _autrefois le secret des dipl.,maties, elles ne se laisseront p~s accabler et dépouiller, po_urdes _guerr~s mal fa1t_eset. con~uites par des a_nstocrahes 9~1 ne sauraient Jamais être de séneu~~s, de vc~itables ennemies du despotisme . L 1?tcrvent10n de Kossuth dans la polémique ang!J1se portera doue s~s fruits, et pour la politique et pour les guerres de l'avenir. Ch. Rrn. Errata de la dernière note sur les Bagnes de Cayenne: Le l le pa:agraphe ?ommeuçant par ces mots : J'essaie de r~prodi~ire une scene horrible, doit précéder l'av,mtderlllcr qm commence aillsi : ces bourreaux ont l'audace. -:- 2e co_lonne, ligne 39, au lieu de s'agonouitlent, lisez: s agenoml_lent; - même colon11e ligne 49, au lieu de Roumazeil ler A rgcrori, lisez : Jlourna~eilles forf;eron.
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