Homme - anno II - n.04 - 27 dicembre 1854

-SCIENCE.- ' -SOLI DARI'l'É.- JOURNALDELADEMOCRATIUENIVERSELLE. {e 4. MERCREDI, 27 DÉCEMBRE 1854.-2e Anuée l (Jersey), 19, Dorset Street.- Les manuscrits déposés ne seront l ANGJ.ETERHET CoLoNrns: pas rendus. - ON s'AnONNE: A Jersey, 19, Dorset street. - A Un an, 8 shillings ou 10 francs. . • Lo11dres, chez M. STANISLAS, 28, Greek-street, SohoSquare.-A Six mois, 4 sh. ou 5 fr. !e Joua·nal 1aa1•tdt une fois 1u1,a-se1uan1e. Genève (Suisse), chez M. Corsat, libraire, rue Guillaume-Tell.-, Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. PouR L'ÉTRANGER: Un an, 12 fr. 50. ' Six mois, 6 fr. 25. Trois mois, S fr. 50 c. Toutes lettres et correspondances doivent être affranchies et Belgique, chez tous les libraires. - A ~f,1drid, choz Casimir CHAQUENUMÉRO: lressées an bureau de l' Imprimerie Uninirselle i\ St-Hélier Monnier, lihraire. 3 pence ou 6 sous. '1'01111les altonne111e1111 11epaient d'avanee. AVERTISSEMENT. M. Bonaparte a inventé, comme chacun ait, la législation des u.vertissements. En ·oiciun qui s'adresse à lui, et que nous en- •oiele citoyen Victor Hugo : Je préviens M. Bonaparte que je me rends 1arfaitement compte des ressorts qu'il fait mouoir et qui sont à sa taille, et que j'ai lu avec .itérêt les choses dites à mon sujet, ces- jours ,assés, dans le parlement anglais. M. Bonaparte 1'a chassé de France pour avoir pris les armes ontre son crime, comme 0'était mon droit de cioyen et mon devoir de représentant ùu peuple; il .i'a chassé de Belgique pour Napoléon-le-Petit; il 1ie chassera peut-être d' Ang·leterre pour les proestations que j'y ai faites, que j'y fais d que je :onti11ucraid'y faire. Soit. Cela reg·arde l'Anp;leerre plus que moi. Un triple exil u'est rie11. lnant à moi, l'Amérique est bonne, et, si elle onvient à M. Bonaparte. elle me convieut aussi. r'avertis seulement M. Bonaparte qu'il n'anra pas ,lus raison de moi, qui suis l'atôme, qu'il n'aura ·aison de la Vérité et rle la Justice, qui sont Dieu nême. Je déclare au Deux-Décembre en saper- ;onne que l'Expiation viendra, et que, de France, le Belgique, d'Angleterre, d'Amérique, du fond le la tomhe, si les âmes vivent, oomme je le crois :t l'affirme, j' eu hâterai l'heure. M. Bonaparte a ·aison: Il y a en effet entre moi et lni une "que- ·elle personnelle,'' la vieille querelle personnelle du nge sur son siège et de l'accusé sur son banc. VICTOR HUGO. Jersey, 22 Décembre 1854. BAGNDESCAYENNE. UNE ÉVASION. Mon cher ami, Les ténébreux assassinats qui s'accomplissent, chaque jour, clepuis trois années, avec un froid calcul, au fond des horribles b<ignes de Cayenne, trouvent, parfois, de courageux révélateurs. Une voix puissante et connne va, dit-on, jeter à la France un suprême appel en faveur des sublimes agonies qui, là bas, ràlent sous la triple torture de la fièvre, du jésuite et du gendarme, - fléaux décimateurs qui rivalisent d'implacabilité pour assouvir les insatiables ·appétits de l'empereur-bourreau. En attendant ce cri solennel d'angùisse et de protestation, auquel répondra la conscience universelle, et qui, peut-être, fera tressaillir notre pays dans son léthargique sommeil, permettez-moi d'exposer aux yeux de vos lecteurs, un coin du sombre abattoir, où la Mort entass;; nos martyrs. Les exécuteurs des hautes-œuvres bonapartistes, réunis en conseils de guPrre et en commissions mixtes, marquèrent près de trois cents têtes pour être abattues. N'osant guillotiner cette héroïque légion, comme il avait guillotiné Charlet à Belley, Gérasse et C11isinier à Clamecy, Joseph Laurent et Abel Cadelard à Béziers, - n'osant pas d'avantage la mitrailler ou l'égorger, comme :l égorgea ou mitrailla tant de groupes d'hommes, de ,ieillards, d'enfants et de femmes, à Paris et dans •les irovinces, - Louis Bonaparte décida que ces trois cents 1éfenseurs du Droit et de la Liberté iraient mourir dans , e cirque tropical, sans bruit, lentement, un à un, jus- ,1u'au dernier. César comptait snr l'ingénieuse férocité de ses tortionnaires impérianx, et sur les bouillonnements d'un sol qui allume la fièvre aux fronts épuisés; - or, c11 mesurant à la puissance de cette ,combinaison meurtri~re la résistance possible des forces humaines, il calculait froidement qu'en peu de mois l'œuvre homicidJ serait consommée. Mais, César ignore que la vraie foi, la foi démocratique, élève les âmes au-dessus des vulgaires abattements, et permet de soutenir contre les souffrances une lutte qui, en se prolongeant, trompe, les farouches prévisions des faux-mesureurs d'une agonie républicaine. Cette foi donne au cerveau de nos chers m11rtyrs une i<lée fixe : s'échapper, au mépris d'une mort violeute, de cette nécropole où ils traîneut leur suaire, et où M. Bonaparte refuse même une sépulture à leurs ossements. C'est qu'il veut dérober au monde et à l'aveuir taut vestige de ces meurtres abominables; -dès qu'un transpqrté• cesse <le vivre, deux forçats .prennent soti cadavre non refroidi, et vont le précipiter sacrilègement dans la mer! - L~ 2 septembre dernier, à onze heures <lu soir, un canot <lepêcheur quittait silencieusement b crique de Cayenne, et, bientôt, fran.chissant la rade, voguait en pleine mer. Quaire de nos vaillants amiil recouvraient leur liberté : voici leurs noms : François Rigaud, âgé de 28 ans, ex-cafetier à Nuits, Côte-d'ùr ; - Ambroise Scévola, âg~ àe 41 ans, - et François Barthès, âgé de 47 ans, tons les deux scieurs de long et nés à Labastide, Tarn ; - Denys Bruno, âgé <le4v ans, chau:;sounier, de Carpentras, Vaucluse. Aux premières lueurs <lu matin, ils passaient devant les iles du Salut, et leur cœ1ir attendri envoyait de muets adieux à leurs frères itifortu11és de l'ile St.-J oseph; là un officier de marine, c6mmissaire particulier, E. G. de la Bicherie, applique incessamment sa malfaisante nature à torturer p ,r <les moyens nouveaux et à provoquer par d'immondes ironies les plus nobles soldats du devoir et de l'honneur. Nous retrouverons à l'œune ce Tristan féroce. Nos quatre navigateurs eurent besoin de toute leur énergie pour disputer leur frêle barque aux flots mugissants et qui semblaient prêts à l'engloutir. Cinq jours se sont écoulés, leur gouvernail s'est rompu, ils peuvent, cependant, aborder le mouillage <le Matapica, plantation l1ollandaise, d'où, par la Fora, on les conduit à Parama~ ribo. Pendant quarante-huit jours, on les retint prisonniers au fort; ils eurent la douleur d'y voir mourir leur panne camarade Bruno. Triste destinée! Bruno a brisé ses fers, il est libre, et, à peine rêve-t-il aux ineffables joies de revoir sa femme et ses deux enfants, que la fièvre jaune le saisit et le tue! Hélas, il emportait de Cayenne le germe de cette affreuse maladie. Une veuve et deux orplrnlins de plus, au grand jour des réparations, crieront: VENGEANC ! VENGEANCE! Rigau<l et ses compagnons arrivèrent, enfin, à Demerari -Guyanne anglaise. -Vous me saurez gré, j'en suis certain, dP signaler, ici, à tous nos amis, la gGnéreuse conduite du capitaine C. M. Jones, de Guernesey. Ce brave commanclant de !'Adélaïde fit à nos trois camaradP.s un fraternel accueil, les prit à. son bord, et les entoura de soins affectueux jusqu'à Londres où sa délicate sollicitude ne les a point aban,lonnés. Vous verrf:z, proch:iinement, à Jersey, ce bon et loyal capitaine. et, d'accord avec nos ro-proscrits de St.-Hélier, vos sympathies lui prouveront que le souvenir d'un pareil bienfait se grave profondément dans tous les cœurs républicains. - Il convient, maintenant, de dire, en peu de mots, quelle fut et comment se termina l'administration du premier gouverneur-général. M. Sarda-Garriga. Les transportés, soumis au régime civil, habitaient, par groupes de trente, des baraques d'une longueur de seize mètres sur six de largeur ; chacun d'eux avait son lit en fer, son matelas, ses draps et sa couverture. Le travail était volontaire et salarié. Mais l'abbé Huss, supérieur des jésuites 'établis à Cayenne, fidèle à l'esprit dominateur de la caste noire, manifesta la prétention de gouverner la colonie. M. SardaGarriga qui, paraît-il, n'aime guères les fils d'Ignace, . renvoyait poliment les bons pères aux soins de leur autel. Au mois de novembre 1852, l'abbé Huss, dont la vésicule pleine d'un fiel dévot se gonflait, partit subitement pour la France, non sans prodiguer au gouverneur des sourires doucereux, d'obliques regards et des protestations de dévouement, - signes infaillibles d'une trahison sacerdotale. En effet, le 18 février 1853, le jésuite radieux amenait de Paris un certain lieutenant Fourrichon, qu'un décret du 5 janvier, ren,du snr la proposition de la compagnie de Jésus, avait transformé en contre-amiral, commandeur de la légion dite d'honneur, et gouverneur-génfral de la Guyanne française. Dès ce moment, l'abbé Huss règne et gouverne; Fourrichon n'est que l'aveugle et docile instrument de son protecteur ; aussi, la. haine des jésuites éclate-t-elle avec rage : - les trav_aux volontaires sont suspendus en attendant qu'ils deviennent forcés; les lits sont remplacés par des hamacs, et les baraques reçoivent cinquante hommes au lieu de trente. Le 10 mars, arrivent, sous le nom de volontaires, deux cent cinquante forçats, auxquels on accouplera nos républicains fiers et sans tâche ; à toute heure du jour, l'infâme de la Richerie ne cessera de leur crier : " Eh bien! " démocrates, tas de canaille, révoltez-vous donc pour " que je vous tue ! " ' Ce lâche provocateur est mP.rveilleusement secondé par Barbet, lieutenatit d'infanterie de marine, ven11aux îles du Salut, le 10 avril 1853, avec le titre de commissaire particulier. Un fait confirmera cette assertion et dévoilera l'affreux régime que subissent à Cayenne les vainc·us de Décembre. Le parisien Longuépée envoya, le 22 juillet 1853, una tasse de café à un ami de l'hôpital ; un forçat infirmier le dénonce à Barbet, qui lui inflige quatre jours de cachot, et qui, entouré de quatorze gendarmee, monte an camp afin d'y saisir le grand coupable. On procède à l'appel des transportés ; l'uu d'eux, Tassiller, typographe de Paris, atteint de vioîentes douleurs articulaires, ne se lève pas assez vîte au gré de Barbet, qui pousse un gendarme sur le malade renvtrsé par ce choc ; le gendarme prend un pistolet, l'applique au front de Tassiller et va presser la détente. Au même instant, Angéliaume, honnête et brave cœur, s'avance et crie : " A tt secours ! on assassine " nos frères ! Les transportés accourent et forment, autour de Barbet et de ses argousins, un cercle qui, peu à peu, si resserre. Aux cris du commissaire effrayé, la garde tnonte, bayonnette en avant. Le cercle des républicains ouvre un passage aux soldats, se referme sur eux, et se rétrécit encore. L'œil de nos amis suit le mouvement <les armes : si elles deviennent agressives, ils s'en empareront. Barbet comprend le danger, agite sa canne, et opère une retraite prudente en jetant aux transportés dont le calme ne se dément pas, ces ignobles paroles : " Je "vous ferai travailler à coup.~de trique, tas de voleurs!" Le lendemain, arrivent <leCayenne deux cents hommes que Fourrichon commande ; sur la désignation de Barbet, on garrotte trente révoltés, et on les amène à Cayenne. Les geôliers frappent, bri1talement at sans prétexte, Tassiller et Angeliaume. Ce dernier invoque la loi méconnue, en rappelant qu'on l'a transporté sans le juger. Le procureur général :Mitaine lui répond, d'une voix arrogante : " 11 n'y a pour vous ni loi ni droit ; vous n'avez plus " qu'un':! chose à invoqu~r, la pitié de vos gardiens! " Le 22 aoüt, douze des révoltés du 22 juillet sont trainés ùevant un conseil de guerre qui siège à l'ilot, et que préside le commandant du génie De Saint-Quentin. Le brigadier Letourneur et le maréchal-des-logis Hautroux déposent que " les révoltés ont voulu arracher les " épaulettes et le sabre au commaudant. " L'accusé Pan, ouvrier de Paris, demande qu'on lise aux témoins l'article de la loi concernant le faux-témoignage. Le président s'y refuse; Tassiller requiert la comparution immédiate du commandant. Barbet, ignorant la déclaration des deux gendarmes, avoue qu'il " n,avait ni sabre ni épaulettes ; il portait une " petite veste et tenait un bâton à la main. " Néanmoins, l'accusateur impüial réclame les têtes de cinq accusés, P.tleS' fers à perpétuité pour les autres. Il y eut sept acquittements ; Angéliaume, Tassiller et Hollet, ex-brigadier des douanes à Marseille, furent condamnés à cinq ans de fers ; les deux autres à deux ans de détention. Trois mois plus tard, le faux-témoin Hautreux devenait chevalier de la Légion-d'Honneur. Depuis le 2:3 août 18.'i3, Angéliaume et ses deux compagnons, la chaîne et le boulet aux pieds, traînent la brouette à l'ile Saint-Joseph, côte à côte avec des galériens qui, eux, sout dispensés du boulet et de la chaîne ! Une deuxième lettre dévoilera de nouvelles barbaries napoléonniennes ; puis, nous compterons nos morts, et ceux qui vont mourir, si l'Europe et la France permettent aux bandits impériaux. n'exécuter jusqu'au bout ce meurtre immense. Salut fraternel. HIPPOLYT.Il MAGEN( Londres, 25 décembre 1854.

L' li OMM J~. - • ·- •• -·-·--------------------------------------------------------- CORRESPONDANCEPARISIENNE. 20 Décembre 1854. Je ne vous ai jamais parlé rle l'immaculée Conception: J'espérais que ce triste scandale <l'hypocrisie ne serait point ùonné au monde et que la France de Voltaire, la France de la Révolution ne serait pas provoquée. Je me suis trompé : Les hommes noirs ont eu le courage de faire un concile à Rome, sur la mère du Christ, et de la déclarer imma_culée; pauvre et brave femme ! Lisez à cet endroit Salvator et Strauss. Donc les évêques, les cardinaux et le pape, étant en saint Conclave, ont fait ce dogme, et t<mte la Catholicité s'y prête. Eu France, les marguillers, les chanoines, ies gendarmes, les juges, les prêtres, les fonctionnaires rle toute robe et de tout état ont illuminé. Pas besoin n'est de vous dire que le Peuple a ri, et que les honnêtes gens étaient tristes. Pauvre France ! Elle payera cher la loyauté de ses souvenirs et la niaiserie de ses enthousiasmes. M. Bonaparte, qni est trës immaculé, comme vous savez, a pris la tête de la croisade, et s'est rendu, comme parisien, à St-Germain l' Auxerrois : c'est le crime complet, jusqu'à la bouffonnerie. Question d'argent : Cela revient toujours depuis le 2 Décembre ! On va faire un second emprunt de 500 millions. Le pays sera prochainemen~ invité à la souscription impériale, et, comme il y a Carême dans les ateliers et dans les fermes, on priera les gros banquiers de Paris de faire le reste. M. Rotsehilcl a refusé. C'est le Nestor du vieux temple. :Mais M. Pereire accepte, et vous connaissez III. Pereire ! Jadis, cet homme Saint-Simonien trarnillait au National, du temps de Carrel, et Pierre Leroux, qui est votre compagnon d'exil, a plus d'ur,e fois vu de sa prose. D,epuis quinze ou seize ans, les chemins de fer ont entraîné cet indomptable patriote de la finance. Aujourd'hui, gras et lâche, il rit de vos misères et de celles de la patrie et de celles de l'idée. Donc il complètera l'emprunt :· mais la querelle entre l'empereur et le pays n'est pas de bourse, seulement. On enlève aux campagnes les bras robustes ; on prend dans les villes tout ce qi n'est pas phtysique, rachitique, éclopé: la moisson humaine se coupe à pleine faux, comme au temps du premier empcrenr. Or je vous déclare que le vays ne comprend plus et ne veut plus ces coupes sombres. il paierait encore, pour la personuelle, pour les portes et fenêtres, pour le sel, le tabac et le vin, mais il ne veut pas qu'on lui vole ses enfants pour la gloire de Crimée. M. Bonaparte, qui a gardé la conscription, ne fera pas cette annét une seconde levée : la patrie ne comprend pas· et ne veut pas. Que vous dirais-je des salons ùe Paris? C'est toujours la même guerre, la même impertinence, les mêmes petits bons mots et la même làcheté. La vieille société française n'aime pas cet homme : elle discute ses actes, sa femme, son nez, mais elle a peur du droit qui va venir, et jamais elle ne regarde du côté de l'exil sans trembler. La vieille société française, c'est la marquise en 92. MM. Fortoul, Baroche, Troplong, Delangle, et Pietri, se sont rencontrés, il y a huit jours, chez cet oncle Jérôme qui siège au Luxembourg et 11uiest l'en-cai du /:'.OUvernement. Ils .disr.utaient, ces braves gens, sur les droits de la pensée et sur les moyens de relever, sans péril social, la liberté française. A la fin du diner, l\1. Fortoul, qui avait gardé la majesté du silence, s'est levé, et il a dit : " Je porte un toast au citoyen Albert ! - Souvenez-vous qu'il y a six ans à peine, le Luxembourg était à cet homme et à Barbès. - Comprenez-vous, maintenant, qu'il y a toujours danger, même ici, même entre nous, à parler de la liberté française ? " - Les autres burgraves se sont inclinés, et se sont évanouis ... Pauvre Fortoul, tu reverras Albert ! M. Bonaparte a refusé les dons patriotiques pour l'armée d'Orient; il a déclaré, clans le J11oniteur, qu'à lui seul il appartenait de consoler et de rémunérer nos gloires.- C'est de sa comédie : M. Bonaparte ne veut pas que le Peuple et l'Armée puissent s'entendre, même sur les tombes; il craint qu'on ne s'explique sur son compte, en enterrant les morts ; et il garde, pour lui seul, sa Crimée.- Qu'elle lui soit légère ! XXX. LE Q9 NOVEMBRE A NE,VCASTLE. L'anniversaire de la Révolution polonaise a été célébré dans la plupart des grands centres politiques de l'Angleterre avec une grande solennité. Nous recevons, entre autres, le compte rendu dn meeting de Newcastle-on-Tyne, présidé par M. W. Cook; un public nombreux et enthousiaste s·y pressait pour entendre ùes orateurs populaires comme W. Newton, Julian Harney, M. Shtck (rédactenr de l'Atlas), etc. Les résolutions suivantes ont été adoptées : " Le meeting déclare que le démembrement de la Pologne par les Etats despotiques, Russie, Autriche, Prusse, est un crime des plus noirs, un outrage sanglant à ces 11rincipes ùe Droit et rl'Equité qui sont la sauve-garde des Nations. Tout acte de résistance à ce crime, tout mouvement du peuple polonais contre les oppresseurs doit être regardé comme .saint et comme méritant les appla11dissements du monde entier. " Le meeting a célébré avec recueill~ment la mémoire des effo::ts héroYques des Polonais dans la grande lutte commencée le 29 Novembre 1830; et regrettant avec 1rne douleur 11rofonde l'insuccès de leurs efforts, il proclamf? sa foi dan~ le Droit imprescriptible de la Pologne à recouvrer son existence nationale, et sa conviction que le Devoir du Peuple anglais, dans la crise actue1le, est <l'aider les Polonais à recouvrer l'indépendance et la liberté de leur Patrie trop longtemps martyrisée. " Le meetin,g déclare que, les antécédents des gouvernants actuels, surtout ceux du comte d'Aberdeen, dans leurs relations avec la R~ssie depuis le congrès de Vienne jusqu'aux négociations act11elles à l'égard de ses agressions contre la Turquie; que leur faible et illusoire résistance - sinon leur connivence-avec le Czar, leurs refus et leurs délais avant de commencer la guerre ; que l'absence totale de tout secours à la Turquie, longtemps après l'ouve1ture des hostilités, les obstacles apportés à la conduite de la guerre par les Turcs ; que les machinations diplomatiques qui ont placé l'Autriche dans les Principautés comme un bouclier pour la Russie., inh.e ainsi en état d'envoyer son armée en Crimée pour combattre - et accabler peut-être -les armées anglaises et françaises; que leurs refus e,u leur négligence quand il eiît fallu s'allier à des Etats ou à des Nations menacées ou opprimées par la Russie - ont formé une telle masse de rnalversatio11s qu'il faut exiger leur destitution par la Couronne et leur mise en 1tccusation par le Parlement. "Le meeting croit d'ailleurs qu'il est devenu indispensable à la sécurité même de la Patrie - quelque soit le ministère qui préside à la direction de la guerre - que la paix ne soit pas conclue sans rétablir la Pologne comme Nation indépendante; sans garantir l'indépendance des autres Etats sur la 13altique en rendant la Fi11lande à la Suède et en annulant le traité p11r lequel l'Angletene et d'autres Etats ont assuré à la Russie la succession au trône de Danemark, faisant ainsi ùe la Baltique un lac russe; et, enfin, sans garrntir parfaitement à h Turquie le Droit exch..sif de gouverner des provinces et :-:es sujets sans contrôle et sans intervention d'aucun Prorectorat, religieux ou politique." Le meeting s'est séparé après avoir voté une a<lresse fraternelle et sympathique aux Polonais, et uu appel énergique au peuple anglais. Il s'est formé à Londres, <lans le même but, \111 Comité anglo-polonais, présidé par M. P. A. Taylor, et qui tient ses meetings, 10, Southampton Street, Strand, UNE PAROLE DE BENJAMIN CONSTANT. " Tout confirme cette maxime de Montesquieu, qu'à mesure que le pouvoir devient immense, li!.süreté diminue. " Non, disent les amis du despotisme, quand les gouvernemeHts s'écroulent, c'est toujours la faute ù11leur faiblesse. Qu'ils surveillent, qu'ils sévissent, quïls enchaînent, qu'ils frappent, sans se laisser entraver par de vaines formes. " A l'appili de cette doctrine, on cite deux ou trois exemples rie mes\Jres violentes et illégales, qui ont paru sauver les gouvernements qui les employaient. 111ais, pour faire valoir ces exemples, on se renferme adroitement dans le cercle d'un petit nombre d'années ; si l'on regardait plus loin, l'on verrait que, par ces mesures, ces goU\·ernements loin de s'affermir, se sont perdus. " L'usurpation ne peut donc subsister, ni sans le despotisme, car tous les intérêts s'élèvent contre elle, ni par le ùespotisme, car le despotisme ne peut subsister. La durée ,le l'usurpation e~t ùonc impossible. " Sans doute le spectacle que la France nous offre parait propre à décourager toute espérance. Nous y voyons l'usurpation triomphante, affichant le mépris des hommes, le dédain pour la raison. Autour d'elle se sont réunis tous les désirs ignobles, tous les calculs adroits, toutes les dégradations raffinées. La cupidité parait à découvert, offrant son opprobre comme garantie à la tyrannie. Le sophisme s'empresse à ses pieds, l'étonne de son zèle, la devance de ses cris, obscurcissant toutes les idées, et nommant séditieuse la vt>ix qui veut le confondre. L'esprit vient lui offrir ses services, l'esprit, 11ui, séparé de la conscience, est le plus vil des instruments. Les, apostats de toutes les opinions accourent en foule. Des transfuges habiles, illustrés par la tradition du vice, se glissent de la prospérité de la veille à la prospérité du jour. La religion est le porte-voix de l'autorité ; le raisonnement, le commentaire de la force. Les préjugés ùe tous les àges, les injustices de tous les pays, sont rassemblés comme les matériaux du nouvel ordre social. L'on remonte vers des siècles remplis; l'on parcourt des contrées lointaines, pour composer de !Jlille traits épars une servitude bien complète qu'on ]JUÎsse donner pour modèle. "Un pareil état est plus désastr~ux que la 1 révolution la plus .orageuse. On peut détester quelquefois les tribuns sfditieux de Rome, mais on est oppressé du mépr~ qu'on éprouve pour le sénat sous les Césars. On peut trouver durs et coupables les ennemis de Charles Ier, mais un dégoüt profond nous saisit pour les créatures de Cromwell. " Missionnaires de la vérité, si la route es(interceptée, redoublez de zèle, redoublez d'efforts ! Que la lumière perce de toutes parts! Obscurcie, qu'elle reparai~se; repoussée, qu'elle revienne! Qu'elle se re11roduise, se multiplie, se transforme! Qu'elle soit infatio-able comme la persécution! Que lP-suns marchent avec'\ourage, que les autres se glissent avec adresse ! Que la vérité se répande, pénètre, tantôt retentissante, et tantôt répétée tout bas ! Que toutes lee raisons se coalisent, que toutes les espérances :;e raniment, qne tous travaillent, ,que tous servent, que tous attendent! "La tyranme, l'immoralité, l'injustice, :sont tell.emeut contre nature, qu'il ue faut qu'un effort, une voix courageuse pour retirer l'homme de cet ab"ime; il revient à la morale par le malheur qui ré!<ulte de l'oubli de la morale• il revient à la liberté par le malheur qui résulte de l'oubÙ de sa liberté. La cause d'aucune nation n'est dé5espérée," Ne dirait-on pas que ces lio-nes sont écrites d'hier ? Les temps et les empere;rs se ressemblent moips la gloire, pourtant, ' Le premier N ::ipoléon avait fait à la France une situation de silence et de servitude que la France du jour a vu renaître : il la trompait et l'entraînait par ses victoires. Aujourd'hui, ses victoires sont _maig:reset la misère des âmes est plus grande que Jamms. . ~es p~roles de_ ~enjami11 Constant, quoique v1e1lles d un cle1m-s1è"I", sont conformes à nos malheurs. Le temps prés""t les m:... ;t~ et les doit méditer. Voilà pouro ..,,,;nous les cifou,. LA FRANCE ET LA RÉVOLUTION. Le premier pas à f,,ire pour fonder en 1848 la Liberté c'était l'établissement d'un seul pouvoir politique, d'un; Convention contenant en soi les attributions de la pui5sance législative et de l'exécutiv., ; le secoud, c'était la commune afiranchie et constituée sur des bases larges et fortes ; et le troisième, le remplacement de la magistrature par le jury, ce <lont je traiter~i maintenant. Notre organisation judiciaire a subi le contre-coup des changements par lesquels a passé notre organirntion politique. La nature des choses t<J veut ainsi : ttiut se tient, en effet, dans l'ordre social ; et, dès-lors, à chaque forme de gouvernement doit correspondr.e nécessairement une forme d'organisation judiciaire analogue. Il n'y a point d'exagération à dire que l'organisation judiciaire de l'ancien régime se <:ompos:iit d'abus de toutes sortes et en quantité presque infinie. Toutefois, il me: p~- i:,üt possible de les classer sous trois chef::. principaux : lo Le droit de rendre la justice était une chose, une propriété, faisait partie du patrimoine ; on en héritait, tout comme on héritait des terres, des maisons, du mobilirr ; on rn pouvait disposer par testament, douation entre vifs, échange, ve11te, etc. 2o Le pouvoir judiciaire empiétait sur les attributions du pouvoir législatif et de l'administration, apportait ainsi le trouble, le désordre dans les services publics, partant, dans la société tout entière. 3o Il y avait ùes tribunaux privilégiés et des formes de procédure privilégiées pour certaines classes de plaideurs privilégiés. On distinguait le délit commun du délit privilégié. Le droit de plaider était privilégié : il n'appartenait• qu'à certaines personnes privilégiées 'de défendre devant Îes tribunaux la \'ie, l'honneur, la fortune des justiciables; la loi ne reconnaissait mrme pas le droit naturel de la défense personnelle ; enfin, on ne pouvait forcer un président à accorder audience, un rapporteur à présenter son rapport ; et, la justice étant refusée inlléfiniment, les intérêts de chacun étaient toujo1irs compromis, souvent sacrifiés, rnéantis. ' L'Assemblée Constituante, qui a jeté les bases de notre, organisation judiciaire actuelle, abolit ces abus , elle res-. titua à la justice son cara~tère propre et essentiel : elle la considéra comme le droit et le. devoir de la société, et, parapplication de ce principe, elle en fit une prérogative de la souveraineté et une fonction publique. Elle en fixa nettement les attributions, et les circonscrivit rigoureusement dans le domaine des choses privées, où, en effet, elle a_ seulement autorité. Elle &opprima les priviléges, proclama l'égalité des justiciables et, sanctionnant le drc,it naturel de se défendre, elle suppnma la uuée innombrable et dé-. vorante de gens d'affaires ~ui assiégeaient les avenues du prétoire et envahissaient le prétoire lui-même, L'Assemblée Constituante fit plus : s'appuyant sur lo dogme de la souveraineté du Peuple, elle en avait tiré h pouvoir législatif et l'execntif ; conséquente à elle-même, elle donna au pouvoir judiciaire la même origine, et dis., posa que les magistrats de teus _lP:; degrés se.raient nommt:a p~r le Peuple. L'Empire alt~ra profondém~ilt l'œuvre de la Constt. tuante sous <leur. rapports principaux : D'un côté, I« Peuple fut dépouillé du pouvoir judiciaire, ainsi qu'il l'était d'ailleurs du pouvoir législatif et de l'exécutif, et la. nomination des magistrats fut attribuée exclusivement à l'empereur; <l'un autre côté, les cours impériales, espèces de parlements au petit 1)i,,,l furent instituées, et la gent

hesoignense et famélique des hommes de loi fut réinstallée dans ses fonctions et emplois privil.:giés. Qu'arriva-t-il de là ? Que la plupart des anciens abus reprirent existence et vie. On n'eut pas, comme avant 89, un corps de magistr«ture en quelque sorte indépendant et souverain, on en eut un, au contraire, essentiellement dépendant; mais, malgré la différence. l'action des deux magistratures fut la même sur le Peuple ; seulement, tandis que celle d'autrefois opprimait pour son propre compte, celle de nos jours a opprimé et opprime pour le compte du pouvoir cxécutif,-empereur, roi, 11résident de République, n'impor~e. Ainsi fut abattue la Liberté politique. La Liberté civile ne le fut pas moins. Les magistrats ont été institués à vie, sous prétexte d'as5urer leur indépendance, ce qui ne l'a nullement assurée, le ponvoir exécutif nommanl naturellement iL ces fonctions les individus faits pour le joug, et, eu outre, nourrissant incessamment en eux le scrvilisme p:::r l'appàt de l'avancement tt des honneurs qu'il tient dans la main, et qu'il verse sur ,qui lui plaît, c'est-à-dire sur qui le sert le mieux. Mais si l'institution à vie n'a pas atteint so11but, si elle n'a pas donné le bien recherché, elle a produit eri revanche un mal incalculable que le législàteùr eùt prévu très assurément, s'il avait été c<mduit par l'amour de la justice et le sentiment de l'intérêt général. Accorder pour leur vie à 1111celasse d'hommes la prérogative de statuer comme juges sur la fortune, l'honneur, la liberté de leurs concitoyens, quelle immense et exorbitante prérogative ! N'était-ce pas ouvrir pleine carrière aux mauvaises passions de ces hommes ? N'était-ce pas leur livrer, pieds et poings liés, cette fortune, cet honneur, cette liberté, qu'ils ont charge pourtant de sauvegarder ? Malheureusement, les faits ne justifient que trop la logique de nos raisonnements ! Je défie qu'on trouve dans l'histoire de nos cinquante ,dernières années, et sous tous les gouvernements que nous avons eus, un service politique, un seul, auquel la magistrature se soit refusée. Ce n'était pas assez, semblet-il; il fallait qu'elle devint instrument de ce qui s'appelle le se.cond empire, tyrannie monstrueuse et abominable, sans foi, lois ni règles, qui mena<:e, ô crime! d'étouffer dans leur essence même la civilisation et le progrès, lts conquêtes du pa:,sé, du présent et de l'ave1:ir. Sous le rapport purement civil, le tableau n'est pas ))lus édifiant. Que d'impuretés se c-tchent sous la toge ! Combien de cours d'appel où l<!sYices les plus hideux débordent et font scandale ! Combien de tribunaux <le première instance où la justice et le droit périssent étran- _glés par l'animosité, la haine, la vengeance ! Si je voulais mettre à nu les visages, les portraits se présenteraient en foule sous ma plume ; mais je ne Jcscendrai pas dans -cette bouP., je resterai sur les hauteurs sereines des consi- ·Ùérations philosophiques et générales : la dignité du sujet et celle du lecteur le veulent également. En 18.48, la corruption profoade, endémique, irrémé- ..<liablcde la magistrature frappait tous les yeux. Il n'y .avait pas à hésiter. Si, pour conquérir la Liberté, il fal- ,lait alors abattre la centralisation et mettre le Peuple en _pleine possession et jouissance de la Commune, il ne falJait pas moins abattre la magistrature et mettre le Peuple ,en pleine possession et jouissance <le la ·Justice. L:i Liberté n'existera, en effet, que lorsque, incarnée dans les fostitutions et les faits, elle nous e~1,·eloppera cle toutes parts, elle nous sera devenue l'atmosphère où nous ·vivrons, l'air que nous respirerons. Or, il est visible que ]a réalisation de la double réforme dont nous parlons eût .été un grand pas pour la conquête de la Liberté. Mais comment mettre le Peuple en pleine possession et jouissance de la justice? Mon Dien ! il n'y a pour cela qu'un moyen, c'est d'universaliser le jury, c'est de rendre le Peuple juge du civil ainsi que du criminel. La Liberté . politique et, la Libtrté civile le commandent impérieusement; et, si peu juriste que je sois, je ne crains pas <l'affirmer que la nature des choses juridiques ne s'y oppose _point. Qu'est-ce qu'une République démocratique ? Un gou- ·vernemer.,t où le Peuple, souverain, fait par lui-même tout .ce qu'il peut bien faire, et par ùes délégués ce qu'il ne peut pas bien faire lui-même. Qu'est-ce à dire ? Ceci .apparemment : que le Peuple doit se réserver expressément les pouvoirs et fonctions qu'il peut exercer, et qu'il ne doit déléguer que ceux pour lesquels son incapacité est positive et absolue. Si ces conditions sont remplies, le Peuple sera souverain, la Liberté politique régnera ; si .elles ne le sont pas , la souveraineté du Peuple et la Liberté politique ne seront qu'illi1soires, en dépit des constitutions, chartes et déclarations des droits, parce que des volontés particulières se seront substituées à la volonté générale, dans des cas où elles n'avaient pas qualité pour le faire. Dans l'espèce, le Peuple ne peut-il pas exercer clirectement sa souveraineté ? Je pense qu'il ne me sera pas difficile d'établir qu'il le peut, et que, par conséquent, l'en priver c'est le dépouiller de son droit et immoler la liberté politique. Qu'est-ce qu'un jugement? La comparaison d'un fait avec la loi. Si j'analyse cette définition, dont l'exactitucle ne saurait être contestée, je trouve qu'un jugement se compose de trois éléments, d'un fait, d'une loi et de leur rapport ; que, pour qu'on puisse rapporter le fait à la loi, jl est d'absolue nécessité que le fait et la loi soient au L'HOMME. préalable posés et formulés ; en autres termes, que le fait, la loi et leur rapport forment un syllogisme, dont le fait est la majeure, la loi la mineure, et le rapport du fait à la loi la conclusion. Que si, dans toute contestation judiciaire, il faut tout d'abord et séparément d&tenniner le fait, il suit que cela n'appartient qu'au Peuple, en vertu du principe fondam~ntal qu'en République démocratique le Peuple doit faire par lui-même tout ce qu'il peut bien faire. Donc la nature même de la matière appelle ici l'exercice <le la souveraineté du Peuple; donc, ici, la liberté politique peut être facilement constituée. Je connais les objections. On dit : Dans tout procès, le fait et le droit sont indissolublement mêlés, les questions à juger sont complexes ; Ear exemple, dans un contrat, en dehors du fait, qui plus est, pour mettre le fait en lumière, il y a à rechercher cc que c'est qu'un contrat, quelles en so11t les conditions essentielles, quelle a été l'intention des parties, etc., questions de droit ; dans 1me hérédité, il y a à cons:dérer les questions de la qualité de l'hérédité, de la réserve, de la quotité disponible, etc, questions <le droit également; et ainsi to11jours, quel que soit l'objet en litige. Ces raisons ne me to11chent pas, quelque gra\'es qu'elles soient; et voici pourquoi : ,c'est que mon argumentation est supérieure à celle de mes aÙ\'ersaires et la domine. Je pars, moi, de la Raison, de ses loi!t logiques, rigoureuses, éternelles. La Raison est une, ses lois sont unes. Contre la Raison et ses lois, il est absolument impossible qu'il y ait une autre Raison et d'autres lois. Donc, l'abjection soulevée contre moi ne tient pas et tombe, donc la séparation du fait d'av~c la loi est possible. Elle est si bien possible qu'elle se pratique en Angleterre et aux Etats-Unis. Qu'importent les abus de la justice dans ces deux pays ? Ai-je besoin de dire qu'ils ne dérivent pas de la séparation <lu fait d'avec la loi, mais d'autres causes que je n'ai pas à expliquer ici. Comme on le voit, c'est en m'appuyant et sur la théorie et sur l'.expérience que je propose la réforme jncliciaire radicale dont il s'agit. 1\fais il y a plus : par l'i1istitution du jury au civil comme au criminel, la liberté ciYile est aussi bien réalisée que la liberté politique. Pour remplir son objet, la justice doit être prompte, facile, impartiale. J'admets qu'a,·ec des corps de magistrats il soit possible d'obtenir les deux premiers points ; mais le troisième échappe ; hommes de localité, les magistrats sédentaires ont des préférences, produites par de bons ou de mauvais sentiments. Dans de pareilles conditions, bien loin que c~ soit l'impartialité, ë'est la partialité qui dicte les arrêts; et la Liberté ci,·ile disparait. Avec le jury, des magistrats ambulants remplacent les corps de magistrats sédentaires ; et alors, l'impartialité est assurée, car des magistrats se rend11nt temporairement dans les localité~ où ils ont à administrer la justice sont forcément dirigés par la voionté <lerendre à chacun ce qui lui appartient . De ce qui précède, il s1Iit, si je ne me trompe pas, que l'établissement du jury, tant au civil qu'au criminel, était nécessaire en 1848 pour la fondation de la République et de la Liberté. H. MARLET. VARIÉ'rÉS. BO~NEVILLE. Au milieu de ces crises terribles qui secouent le monde jusqu'en ses fondements; sous l'effort du génie révolutionnaire dont le souffle, trombe embrâsée, court sur la vieille société pourrie, la ro11le et l'enveloppe en la purifiant <ln faite à la base, bien des êtres humains disparaissent, la plupart ignorés et destinés à l'être dans tous les temps et à travers tous les ébranlements. Ils laissent à peine un souvenir circonscrit dans le petit cercle où se tenaient leurs affections et leur utilité restreintes . D'autres s'en vont emportant avec eux un peu ne l'idée humanitaire en fermentatiCln dans leur tête féconde, et aussi le haut sentiment du cœur qui devait l'appuyer. C'est l'histoire des champs dt bataille : beaucoup de chair à canon, pour user de l'atroce expression d'un Bonaparte, puis quelques têtes pensantes unies à des cœurs vaillants, héroïques parfois . Mais de même qqe des êtres affectueux et loyaux ont coutume, la boucherie de guerre achevée, d'aller cherchant dans l'ombre les restes inanimés de l'ami, afin de marquer, sous le modeste rameau de la tombe, la place où il tomba ; de même aussi l'histoire, vigilante et ju.ste, va fouillant les chroniques , les récits et les souvenirs longtemps perdus, afin d'exhumer du champ de l'oubli lamémoire de ceux dont la vie brille par une grande pensée, une noble action, un beau jour. Nous venons remplir ce devoir envers l'un des nôtres, Bonneville, homme de grand cœur, qui le premier osa proclamer dans la Bouche de fer, numéro du 21 et du 23 juin 91, la nécessité de la République. Aujourd'hui, pour tout esprit sérieux et juste, ce n'est plus en discussion. La forme républicaine, en effet, porte en elle tout ce 11uido_itfaire plus larges et mieux éclairées les voies de l'humanité ; e.lle contient l'idée métaphysique de Dieu, le juste absolu, c'est-à-dire la distribution équitable du bien~être pour les hommes dans l'avenir. Mais il n'en ét.1it pas ainsi au temps dont nous parlons. Au .pre~ mier mot de Rép11blique, les Jacobins s'étaient indignés et, le l 3 juillet, Robespierre était bien dans leur pensée en disant : " Je ne suis ni républicain, ni monarchiste." Il en était de même aux Cordeliers et même à la Commune. Ni le maire de Paris, Pétion, ni Danton, ni Brissot n'exprimèrent leur pensée sur la forme de gouvernement. Le seul journal qui se prononçât nettement et avec énergie pour la République, ce fut la Bouche deftr, dans les numéros du 21 et dn 23 juin, - journal alors rédigépar Bonneville. Son collaborateur, Fauchet, était dans l'évêché du Calvados, où il venait d'être appelé. Certains trouvent Bonneville trop souvent clans les nuagP.s, non toutefois sans rendre justice à la remarquable lucidité de son esprit dans les crises graves et périlleuses, plus hardi, plus franc que son ami Fauchet, Bonneville soutenait contre lui la non possibilité d'asseoir la Révolution sur u11e base religieuse qui ne serait autre chose qu'un replâtrage philosophique du Christianisme; laquestion de la royauté était alors fortement agitée. Bonneville l'appréciant avec une grande lucidité d'esprit, jugea l'institutio1, finie et repoussa les formes bâtardes sous lesqnelles d'intrigants hypocrites essayaieat de la ramener. " On a effacé du serment, disait-il, le mot infâme de "rois, - plus rle rois, plus de mangeurs d'hommes! on •~changeait le nom jusqu'ici, et l'on gardait toujours la "chose. - '' Point de régent, point cle dictateur, point de protec• " teur, point d'Orléans, point de LafayE:tte. - " Je n'aime point ce ~hilippe d'Orléans qui prend justement ce jour pour monter la garde anx Tuileries, ni son vère, qu'on ne voit jamais à l'Assemblée, et qui vint se montrer hier sur l., terrasse, à la porte des Feuillants. - " Est-ce qu'une nation a besoin d'être toujours en tutelle? - " Que nos départements se confédèrent et déclarer,c " qu'ils ne veulent ni tyran, ni monarque, ni protecteur, '' ni régent, qui sont des ombres de roi, aussi funestes à '' la chose publique que l'ombre de cet arbre maudit, le " Bohom-Upas, dont l'ombre ei;t mortelle." Toujours plei11 de courage et d'enthousiasme révolutionnaire, Bonueville, dans un a1itre numéro, s'écriait : " Enfin, on •a retrouvé nos piques du 14 Juillet ! on " nous rend uos piques, frères et amis ! la première " qu'on a vue à l'Hôtel-de- Ville a été saluée de mille ap- " plaudissements, qu'est-ce que nous pourrions crain- " dre? - " Avez-vous vu comme on est frère, quand le tocsin " sonne, quand on bat la générale, quand on est . délivré " des rois ? - • "Ah! le malheur est que ces moments ne reviennent " que rarement ! " Le courage de Bonneville à propos du gouvernemnnt républicain, avait bientôt amené la polémique sur ce terrain ; mais il fallait à l'ardent républicain quelque chose de ferme et de juste,il ne voulait pas s'accommoder au goût des prôneur;;, flasques ou perfides, de telle ou telle république passée. " Il ne suffit pas, répliquait-il, de dire " République ; Venise aussi fut République. Il faut une " communauté nationale, un gouvernement national. - ·' Assemblez le peuple à la face du soleil, proclamez que "la loi doit être souveraine, jurez qu'elle règnera seule. " - Il n'y a pas un airi de la liberté sur la terre qui ne " répète le serment. " Bonneville écrivait ces lignes le jour de la Fête-Dieu, et donnait le jour du vote comme le meilleur à choisir pour la consécration de cett~ fête. Républicain mystique, il avait confiance dans l'infaillibilité de la raison générale. Cela est vrai si l'on raisonne en perspective de la somme de l'intelligence communo dans l'avcmir, l'instruction et l'éducation ayant nettoyé jusqu'ici les voies couvertes des détritus pestilentiels de la monarchie; mais le cœur est oppressé doul9ureusement à l'aspect de l'ignorance élevant un Bonaparte à la Présidence, et forgeant ainsi de ses mains lès armes qui vont bientôt servir à la trahison du parjure-meurtrier. Toutefois, en écouta\Jt, Bonneville, on ne saurait n'être point tonché de cette foi jeune, ardente, enthousiaste, renclant hommage à la moralité. humaine. Le dictionnaire historique <le Bo~illé ne donne point le nom <leBonneville. Mme· Roland en parle pourtant dans ses lettres. Nous ne lui connaissons aucune notice biographique, bien que sa qualité de rédacteur de la Bouche de Fer eût dû le mettre en lumière. Toutefois, il est j11ste de rappeler à ce sujet une note de M. J. Michelet. Bonneville était petit-neveu de Racine, et il l'a souvent " imita, copié même (par droit de famille, dit-il) dans son " poème mystique qu'il appelle une tragédie : l'Année "MDCCLXXXIX, ou les tribuns du peuple. Il y a quelques beaux vers. Nous terminons cet article par un fragment du récit de Tissot, professeur de philosophie, qui vit Bonneville à Paris en l 824. " Il traînait ses derniers jours au fond d'une arrière- ,, boutique, rue des Grés l 4, où il avait été recueilli par '' une vieille marchande de bouquins, presque aussi '' pauvre que lui, et qui était restée son admiratrice en- ,, thousiaste. Elle cachait son dérnuement avec une ,, exquise pudeur dans le bien. - Pour la rassurer, il •' fallait la certitude d'une communauté de sentiments ei

-----~-------------,------------------------ " de culte. Oh ! alors, elle était heureuse de parler de "M. Bonneville, de raconter sa vie, d'offrir, av.ecun cer- " tain mystère, un recueil <le poésiC's nationales. Cette "anuée même, Bonneville, qui n'était déjù presque plus "de ce monde, finit par le quitter tout-à-fait, il ne tada "pas i't être suivi par sa bienfaitrice, <lo11jte vois encore "les larmes couler sur sa robe <ledruil." Ainsi meurent les républicains r(•volutionnaires, la conscience pure et la foi ferme an cœur, jusqu'au <lernier battement. 0 vous, adorateurs dn pouvoir brntal, füt-il né m·}mE <lucrime le plus époll\·antab!e rt ne prolongeàt-il son existe.1ce qu'à force de crimes, n'al'ez jamais chrrcher rien de pareil à Bonne,·ill•1parmi 1,s muets, complice_;;dorés d'un Bonaparte. Ne cherchez point là, vous di:s-je; la République élève }'rune et maintient le cœnr ferme et fier; • B 1 01 1 • • d n· 1 mais un onaparte . ... ... .. . 1. Jnst1ce e 1eu . Aussi brave que probe, Bonneville, le premier, avait fait app~l aux armes dans l'Assemblée des /\lecteurs, le 6 juiu 89. J. C.HIAIGNE. t, RULLJ~TDINELASE~IJA.Nt La semaine s'est passée sans apporter aucun chang-ement à la situation de l'Europe. _ A Sébastopol, arrivée de nombreux renforts aux deux armées, sorties cle la garnison, combats à la ùayonnette et escarmouches d'avant-postes ; en 'furquie, ordre enfin <lo1111é à Omer-Pacha <le s'embarquer pour la Crimée avec 45,000 hommes et d'abundonner ses projets d'e11valiissPme11t de la Bessarabie; en France, eu A11gletf'l-re, embarquement de troupes, de munitions de guerre, d'approvisionnements de toute sorte -y compris une cargaison de pudding.~ de Noël envoyés par les dames anglaises - pour la Crimée : voilà tout le bulletin <le la guerre. Le Czar lève 10 hommPs sur 1,000 habitants, environ 500,000 h., il équipe <les vaisseaux dans la Baltique, il achète des armes et embauche des armuriers eu Suisse et en Belgique; et, tout en se <lisant prêt à concéder les "quatre poiuts '' récliP més par le traité de Vienne, il se prépare à une lutte désespérée. La Prusse flotte entre ses sympathies "royales" ponr le Qzar, et ses sympathies "nationales" pour l'Occident. Elle voudrait bien qu'on fît la paix, et cr::-iint de trop s'en_g-ager eu accédant au traité de Vienne! M. d'Usedom, nn grand homme d'Etat de Berlin, colporte à Londres et à Paris les propositions de Frédéric Guillaume, et on parle de recruter des Prussiens pour la Légion étrangère de <lix mille hommrs, votée par le Parlement ang-lais. Le vote du Parlement, fortement combattu par les Tories, p.. 1r les Radicaux et par l'école <le Manchester, à des points de vue souvent opposés, a été décidé par l'insufüsauce évide11te del' Angleterre à remplir seulement les cadres de ses rég-iments par,l'enrôlement volontaire. L'armée ang-laise va être augmentée de près d'un quart ; et les Suisses, lt-s Allemands, les Espagnols. les Portugais vont être appelés à renforcer les troupes de S. M. Victoria. Quant aux Polonais, c't>st une autn• affaire. Lord John Russell a très llettcment déclaré que " la guerre actuelle n'était point de propagande révolutionmüre, mais au contraire toute conservatrÎl.:e; qne la paix serait signée dès qu'il y aurait sécurité pour la rrurqnie et pour l'Occident dans les garanties offt•rtes par la Russie; et que le but du gouvernement ll'était nullement de démembrer l'Empir~ Russe eu de lui enlever des portions de sou tP-rritoire. " • . 011 comprend qu'à ces conditions l'Autriche soit prête ù parader à côté des Alliés daus cette lutte, dont ni les g·ouvn11ements ni les peuples ne reconnaissent la grandeur qu'à l'acharnement des batailles €t à l'énormité des pertes. L'imminence d'une,i11vasion russe, la destruction ou la transfornrntion de l'Empire Turc, la " clef du monde'' convoité<' pa~ la Russie et 6cilement conquise à Co:1st1nti11oplr, si la France et l'An'gleterre renonçair11t à leur politique traditionnelle, tout cela ne µréoccupe pas le ministère ang-lais, autant que I'imporla.1ce <le u'ouvrir aucune issue à la Révolution, en reudant à la Pologne son indépendance, et en affranchissant l'Europe libérale de toute inquiétude à l'égard du Czar. Ainsi, 011 mé11ag-e la Russie, contre laquelle on lutte au prix ile tant <le sang et d'or; et on s'acharne sur la Révolution, qui semble pourtant accablée, presque dompt~e ! - C'est de bon ang·ure pour la Révolution. -,e-- Voici un incident d'honneur et de probité qui nous paraît bon à signaler. ·Nous sommes en Espag·ne: " 1\L Orense demaude au ministère ponrqnoi l'ambassa- " deur espagnol à Londres a refusé des pas~eports à un " ancien repré:-.entant du peuple Français, qui voulait se " fixer à Séville. Il s'agit, dit ie correspondant de La "Presse, du citoyen Sr.hœlcher. " Le ministre des affaires étrangères a répondu que la " Péninsule était ouverte à tous les réfugiés politiques, " mais que le gouvernement avait le droit, dans l'intérêt " public, <l'admettre et d'examiner des exceptions. •• Cette réponse n'a pas satisfait l'Assemblée, et une " proposition a été formulée, déclarant que, par le seul " fait du triomphe de la Révolution, l'E~pagne était ou- " Yerte à tous les proscrits sans distinction. " Cette proposition a été prise en considération à l'una- " nimité. " -e--- Le géuéral Rostolan, fitproconsul du· Midi en 1851, a failli être assassiné à Marseille; un homme lui a tjré un coup de pistolet et l'a manqué. Cet homme a été arrêté. -~il- . 011 annonce qu'à partir du 1er Janvier, la taxe des lettres a.-ffranclties entre la France et l' Angleterre sera réduite à 8 sous, ou 4 pence. AVIS On trouvera chez MM. les agents du journül ou à l' Imprimerie universelle, J 9, Dorset Street, à Jersey, les numéros qui manqueraient aux personnes faisant collection de l'HoMME, à raison de 3 pence (6 sous) l'exemr.Iaire pris séparément. Quant aux personnes, au contraire, qm désireraient avoir tous les numéros qui ont paru jusqu'à ce Jour, e1les peuvent se les procurer aux mêmes conditions d'abonnements qui se trouvent indiquées, pour chaque pays, en tête de notre journal. EN VENTE A L'IMPRlilfERIE UNIVERSELLE, 19, DORSET STREET, SAIN'f-HÉLIER (JERSEY) : Ou par commission à LONDRES, chez Stanislas TcHoRZEWSKI, 10, CJarernont Place, J ud<l Street, New Road. 1855. ALMANACH DEL'EXIL L'Almanach • de l'Exil pour 1855 form':! un beau volume in-16 de plus de deux cents pages. Ce livre, œnvre <lepropagande démocratique, contient les articles sui vauts : Calendrier grégorien, Calendrier républicain et Caleudrier mru;omlÏque, lll'CC mite historique ....................................... }>llf J.-Pu. Bt:RJEAU. Qw·lq1œs éphén1éridrs révolution11aires l,e.ç trois Nupoléu11s....................... . Les d1•11.r J,'lémtJ:................ , ......... .. Une page d'Histoir,, (les Gironclius.). . l,r, Rholution rm ThPtitre.... ........... . U11Orenierouvert au hasard (poésie). Ln Démocratie dans Slwh,•spea.r..e. .. L' 01wrier mani~(acturier ........ ...... .. Les Sttppliciés d' Arad .................. .. Paris et S11int-Pétersbu11rg.......... .. .. I,,, p11rti rép1tblicn.i11 en Italie ........... . Note su.r les .frèrr.ç B1111diern........... . Da11to11 et le JO Aofif .................... . L<"s Prisons de JI[. Bo11rrpurfp ......... .. l,e Dualisme, r 'est la lllo11an·.h..ie ...., Souvl'llir de Polog,w (musique)...... . La Révolutiodna11s la St"in1ce...... .. . Résumé llisloriqul' de l'111111ée ...... .... . Etc., etc. C li .• RIBE\"ROJ,J,ES. Ff1.1x PYAT. Louis BLANC. Aua. V ACQUJ-:ll!E. V1cTon Huao. FrtANço1s- V. Huao. A. BIANCHI. SàN»Oll TEI.EKI. ARNOJ.IR) UGE, L. PtANCIA:--11. ,J. CAII.-\IONJ-:. CHARLES Huao. ALEX.HEltTZt~N. R». Rr:mNYI. BoN:-sFTD-uvr.R»u:n. F. T.u-·t1n·. Prix: 1 sh. (1 fr. 25 c.) VICTOR HUGO. p~:,si.~: à \Î ersey, au Banquet du 29 Novembre 1854 (24e anniversaire de la Révolution polonaise). Prix : Un exemphtire, Id. (:? sous); cent, 4s. (5 fr.) L KOSSUTH Discours • . • prononcé ù Lo11dres, à l'occasion de l'anniversaire de la Révolution polonaise.-Brochure de 20 pages, en français, 2d. (4 sons). ,, Discours (sur Je même sujet) pro11011cé à Jersey par L. PIANCIAN I, proscrit italieu.-ld. VICTORHUGO Le discours pro- • r,oucé le 27 septembre 1854, sur la tombe du citoyen Félix Bony, vie11t d'être imprimé sur papier fin et en petit format. On peut s'en procurer à Jersey à !'Imprimerie U11i\'erselle, 19, Dorset Street , et à Lou<lres. BIOGRAPHIES BONAPr\RTIST.ES, Par Pn. RJŒJE~U. - Prix : :?s lhl. JERS~:y,IMl'RIMEI\IEUNIVERSELLE, l!J IJOH1't:STTllEF.'I', EN VENTE A JERSEY ET A LONDRES,: A. POlJil 1~55o A_VIS. Gu.TE"L PHosCRIT nu 2 DÉCEMBRF.a, le triple av:mtaged'unir l'élégance, la légerté et p1•of~sset11• cle eot1pe la solidité. Taillenr d' Habits.-2!), BelmontRoad, St.-Hélier, Les semelles sont fixéesavec du laiton et ne -----------1 Jersey. laissent aucune aspérité ni à l'intérieur ni à l'extérieur. - On peut marcher à l'eau sahs nuire à la solidité de la cha•lssure. ' en plâtre, eu cire·, en mastic et en gélatine sur nature morte ou vivante. Il moule aussi les ornements, les statues el fournit des Epreuves il u11prix mocléré.-20, Donstreet, St.-Hélier. BIANCHl,~;t~iI;r1~!~~~~=~:~ EDOUABRIDFFI' huh ans Gll journal quotidienle Messager du Nord, A LA RÉCIPROcrrÉ. E Il ,-]' bl d'H A paraissant à Lille (France), donne à domicile des PROSCRIT ITALIEN, ~ XCe ente a e ote, J eçonsde langue française, d'arithmétique, d'his- " A 10 h. 1 h. et 5 heures, JERSEY. toire, de géographie, de littérature, etc. Donne des leçonsde l:mgue ;,:ilienne. WAHRI & Cie., . TAILLEURS, A L'HOTEL DE L'EUROPE, li se _eh~rgeégalement_de toutes correspon- S'adresser, 20, Don Street, Saint-Hélier. Chaux-de-:Fonds. _ Maison Heinzel im- DON STREET, No Il, <lances, eentures eommerc1aleset autres, et des · · y, 1 mé·no1 rcs dont 011lui confiela rédaction. . . . ---- pmneur (Smsse ). Tenu par ROUSSEL, Cuisinier français. S,, d 1· 20 Do st cet St l,J, COLOMDJ::RSlTi,R; Ef~TS,T,-IIELIERJ,ERSEY. Dîners et déieîmers riarticuliers à toute heure. a rcsscr au pro esseur, , n- r , .- GUAY , • . Hélier (Ile de Jersey). proscrit du 2 Décembre, faiseur ------------ 1 -Joli~ appartements et vms de toutes qualités, à Jli-(ére11ccs chez MM, ·wellman, P. Asplet, ,de ll0TTES sans couture, pour I ALPHONS L' mouleuren plâtre, se charge des pnx modé~é.s. G::n. Viekery, ' hommeset pour clames,- Ce genre de chaussure r r,, de toute esp~ce de moulagr Salons de reumon et pour repas de corps

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==