• étnit-ce exagfration de ma part que d'accuser la politique de l'Angleterre ùe s'être trompée, de n'avoir réussi nulle part, d'avoir été partout inefficace, stérile, désa,tr~11s:• ! Pour toute consolation, on vous <lit: •· Aucune prévisio11humaine ,.,. poui·ait devinrr dans quelle siflwtion extraordinaire nou, allions 11ous fro1! - ver.,, .Jc dois répondre que cela est faux. .\foi, par exemple, j'ai ;nliclit tout cela, fait par fait, mot pollr mot; ci, certes, je ne pi étends en rien mériter, à cet ég?.rd, une g~ande réputation de perspicacité. Je m'étonne même qu'aucun homme pensant nit pu méconnaître ces vérités. Pourtant, s'il en est qui n'aient rien prévu, ils eussent pu s'éclairer à la lueur de ma modeste petite lampe. Il e~t vrai que le Peuple de la Grande. Bretagne accueillit me~ paroles par d'Hourdissants applaudissements ......... puis, il rentra chez lui pour travailler, et dormir ensuite. On eût dit que je dcmnndais une favJur personnelle, alors que je n"avais en nie que l'honneur, la dignité, l"iutérêt, le triomphe de l'Angleterre. li$ sont retournés nu l:ibeur et au sommeil; et la fleur de votre armée est all ~e mourir ! Et maintena11t, quan,l les événements ont donné raison à mes avis trop nég-ligéR; qvelqu.:s-uns ~•écrient: L,,s paroles pro11oncérspar lui œniblaie11t l'ii,spiration d'un prophète (seer\ Ott un récit tiré de l'hislnire du pusé. ( 1) Il est vrai que cl' autres répondent ; Auc1111eprévision humaine 11epouvait deviner dans quelle posjtio11 extraordinaire nous allions nous trout-er. ( 2) Extraordinaire ! Rh quoi! que voyez-vous donc d'extraordinaire dans l'enchai1iement logique des faits? Est-il extraordinaire que Sébastopol ait été transformée en camp retranché, renfermant une nombreuse armfe ? Est-il extraordinaire que le Czar lance arm~es sur armées pour la défendre ? Le Czar a eu pleine liberté et temps suffisant pour le faire ; il y a été même iuvité, ponssé, ra~ le traité Austro-Turc, négocié sous les au~pices de l' Angleterre. Ce qu'il y a d'extraordinaire en cette ~!faire, cc n'est pas que Je Czar ait envoyé cles renforts il Sébastopol, c'est qn'il n'en ait pas enrnyé le double, et. un mois pins tôt . .Je trouve Cl'ci tellement extraordinaire, que j'y trouve seule1m•nt deux explications. La premièïe, c'est que c'était une i<lée si ahsurde que de corn. mencer la guerre en envoyant une armée en Crimée, que le Cz:ir, eroyant A ses ennemis plus de perspicJcitê, n·a pu croire à cette cxp"1ition qu'en apprrnant votre débarquement à Eupatoria. La • ~cconde - et ln principale - c'est que vous c)evcz à la Polog11e de n·avoir pas trom·é 100,000 hommes de pius à Sébastopol. Si l'Angleterre n'a pas vu que la Pologne était Je point nt!nérable de la Russie, le Czar, lui, était trop prudrnt pour l'oublier. Que h fière Angleterre et la France l'attaqutnt en Criméë, il se contente de leur opposer 80,000 hommes. Mais en Pologne. où ne se montre nul cuncn1i en armes, où couve pourtant la haine d"un peuple hfaoïquc, il concentre t:ne armée de 300,000 hommes pour être prêt à tout évènement. On vous dira que cela est dù surtout à sa crainte de l',\.utriche ; mais il est démont1é jusqu'à l'évidence que le Czar se ~('nt parfaitement tranquille à l'égard de l'humble obéissance de son Proconsul il. Vienne, sans qnoi il ne laisserait pas l'exi~tcuce de Res 80,000 soldats sur le Pru:h à la merci de son hon ami le lhpsbonrg. Oui, c'est l:i. I>ologne que vous devez remercier si votre armée toute entière, tout hfroïque qu'elle soit, n'a pas suceombé sous des forces accab~antes en Crimée. Mais, telle qu'elle est, la situation cet bien assez triste. - On Il pu commet'rc des erreurs de tactique et de str3tégie dans les opérations militaires .... .Monsieur, je n'ai pas la prétentio:i de dire que mon passé donne de l'autorité à mé's ré!1exions sur les questions militaires. Je n'ai point été élevé pom être soldat, je ne peux pas récl:uner l'honneur d'avoir joué le rô!c d'np ~oldat pcnJant nos glorirnses guerres. Ma tâche était plus haute et plus grande, mais qudque peu·diff6rente. Elle était ce qu·est aujourd'hui celle de votre gouvernement, seulement elle était de henucoup plus difficile. La Hongrie luttait seule co11tre deux granÀcs paissances ; contre une seule de ces deux puissances, vou~ êtes trois grands Etats ! Et je n'avais ni armée organisée, ni finances prospères, ni arsenaux abondamment munis, ni libres communications avec le reste du monde. J'ai dù tout créer. tout eréer de rien, finance~ c-t armées, armes et munitions, séparés eomme nous l'étions du reste du monde, et, à lïntérieur, le tiers ne notre population égar6e s'armant contre nous dn meurtre et de _l'incendie, plus dangereuse que ne le fut jamais la Vendée pour la :France ou l'Irlande pour vous. Trlle fot ma tâche; et j'avais en outre, co1nme aujourd'hui votre gouvernement, à désigner le but nes op.;rations militaires et à diriger h guerre d0 une manière générale. Pourtant, je n'étais pas a:ors .~ soldat ; je ne pouvais <lrC'sserle plan d'1.1ne bataille ou y commander. Mais, si j'eusse pu joindre Je talent d'un générnl à mon dérouemcnt à la P3trie, la trahison ne se fut pas glissée dans nos rangs et la Hongrie sera. t libre encore ! Tous les Czars coaiisés n'eussent pu nous vaincre. Et qui peut dire que je ne serai pas appelé de nouveau à servir moq pays ? J'ai crn devoir employer le temps de mon exil à me préparer aux événements en m'instrnisant d~ ce que, malheureu- ~ement, je ne savais p:,s alors. Tout humble que soit ma capacité, .i'ose dire que ~i une attention soutenue et une ferrne;volonté, gui- ·dé~s par l'expé~ience, p(?uve~t arriver à posséder une science, je ~u1s soldat rnamtenant, et JC me sens compétrnt pour ju.,cr les que~ions militaires. " C'e~t pourquoi je dis qu'il y a eu de graves crrcnrs commises dans lt!s opérations militaires en Crimée. ,1 e regard:i comme une faute inconce\'3ble d'avoir commencé le siège de Sébastopol s:ins prendre d'abord possession de l'isthme de Pérékop au Nord, et, par mer, de la baie de Kcrtcb à l'Est, afin d'arrêter, on du moin~ de ret3rder, les renforts que devait envoyer b R us,ie, cela était facile à deviner. Cette faute une foi. commise, je ne peux comprnndre pourquoi on a changé la base des opérations transportées à l'extrémité sud ne la péninsule, laisfant ainsi pleine liberté d'approvisionner Sebastopol, et d'envoyer, non seulement des renforts en Crimfe, mais encore à Sébastopol, dont la route est ouverte à leurs troupes, quelque nombreuses qu'elles soient, ~ans qu'el.Jes aient même à combattre. Je crois qu'ayant, pour vos opérations, une base mobile, la flotte, vo11s deviez choisir sur la côte le point le plus convenable pour vous y appuyer. Ur, le gros de vos escaJrce n'est point aujourd'hui au sud de Sébastopol, à Balaclava, mais bien vers la rivière Kacsa, au nord de Sébastopol. Pourquoi n'y pas conce.itrer aussi vos années ? Pourquoi ne pas y étendre vos lignes, app11yées sur la rivière Belbeck, pour vous protéger contre la cavalerie ? L:1, posant une forte redoute, au point où l'unique route venant de l'intérieur se sépare en deux vers Sébastopol et Balnclava, par votre seule positio11, vous réduisiez les communieations de Sébastopol à ce petit coin de terre où votre mauvais sort vo:1s a enfermés. Vous auriez coupé la ville de tous approvi- .~ionnements de l'intérieur; et nul renfort n'eüt pu pénétrer dans Sébastopol sans liHer, chacun à son tour, une bataille rangée où, bien certainement, les Russes n'eussent pu se mesurer contre vos héros. Au lieu de cela, Yotre armée s'est campée de façon à his- ~er l'ennemi p1rfaitement libre de communiquer avec tout l'Empire Russe. C'est, selon mon humble avis, une erreur stratégique que ne justifient même pas des considérations de tactique. Assiéger le nord de Sébastopol au lieu du sud, c'eût été vou~ attaquer, il e~t vrni, ~ des fortifications en maçonnerie; mais cc n'est point obstacle poûr. le génie; et vous n'eussiez pas en en face de vous, dan~ 1111camp retranché, une garnison, une armée dont le nombre fait votre plus grande d ifficnlté. D• ailleurs, une foix maîtres deR forts du Nord, voua étiez maîtres de la ville; au eontraire, Ill prise de h ville ne vous livre pas le~ fort~ cl u Nord ; et vou, devrez, ou reprendre pour lrs assiégn ln p0Ritio•11qu'il (i) Voir ]a 3cottiût Preu. (w) Vi,yn le Time<J. eût été préférable de prendre d'abord, ou, plutôt, faire de cette ville ce que vous avez fait de Bomarsund, et vous embarquer, et promptement. si vous ne voulez à votre tour soutenir un siége,- avec cette difiérence : les Russes tiennent contre vous dans unc plaec fortifife; vous, au contraire, vous auriez à vom rléfenùrc dans les rni1·e:;. les brèches, les ciécomhres, les i1~c-rnclics! 3\l&mc à la ha!aille de I' Alma, glor:euse par la vall't1r personnelle déployée par t0us, depui~ le g(nrrnl en chef jusqu'au dernier soldat, je nP. peux m·empêcher de dire q11'il y a eu sacrifice inntile de vies précieuse~, par mite J0 crreurs stratégiques. 011 m• doit .fa.maisattaquer wu· .forte JJositio11quand 011 71ml ln tournC'I'. t.: 1:c •marche de deux milles a:1~·lais en remont:!nt I'Alma, eut forcé les Rnsses, ou à hattrc en retraite, ou à ch~nger leur front de bataille en perrlant les avantages de leur position. C'était la posi. lion qu'il .fallait tourner, 110,i les de1:.t c.îfrs de l'armée russe. Uuant à la l,ataille elle-même, le p:aa qui consistait à tourner à la fois les deux aîles t!c l'ennemi est certainement le plus m:rn. vais qu'on pui~se imaginer. Ce plan est condamné par la théorie autant que par l'histoire rle nos guerres modernes. Aussi u'a-t-il pas réussi contre la Droite (le l'ennemi, le point le plus important; le ~uccès remporté s:.ir ]·autre 11île a donné juste le même résultat que si les Fr:111ç,d~avnient eu la générosité d'empêcher les Russes d'être repoussés dans la mer; puis, la bataille a fini par se réduire à une attaque parallèle, ce qui équivaut à l'absence totale de plan. C'est un combat clc taureaux, ép:iule contre épaule, tête contre tête ... L'audac<! impétueuse du l~rançais, 1le froid courage de !'Anglais, ont gagné la bataille. Les Français ont gloi·icu~emcnt maintenu leur réputation militaire. Le sol,lat anglais mérite, d'autant plus d'éloges, que sous l'empire vénal de n:gl<>mc11ts militaires assuiétis à la domination des guinées et de~ shillings, il ne peut guère partager cette noble exaltation que le sold~t français tire <lela certitude qu'il porte dans sa giberne, son bâto11 dr. J[aréchal. - Cette né'gligence de votre part, soit dit en pas. sant, jette une tache obscure sur l'astre éclatant de la civilisation anglaise. ::_ Ils ont gagné la bataille ; honneur à eux! mais on .aurait vraiment bien pu éparg·nrr l'existence des 4,000 homm('s mis hors de combat. Cependant ces fautes, et d'autres semblables ne tiennent qu'une place secondaire dans l'examen de la situation. La principale erreur (pour ne pas dire plus) des Puis~ance~ Occidentnles. c'est d'avoir commencé la guerre contre la P..us~ic par une campagne i-ystématique en Crimée. Non pas que je croie qu'on puisse terminer cette gucrn' sans arracher h Crimée an Czar et détruire sa flotte de la )[cr ::S- oirc; mais mon opinion l;icn arrft6e est que, si on n'a pas voulu ou pu enlever Sébastopol par un conp-cle-main naval, Je lendl':11:iin du mass~cre insultant de Sinope, une expédition systématiqu<> en Crimée aurait cln être l'un des derniers coups à frapper, j:11n·tis!c premier ,du moins. En lous c~s, je n'aurais vonlu cette entn·- pri,c q1t'après arnir repoussé lc-sRusses Join de la l\Ieï Noirt•, par d'heureu$eS victoires en Bessarabie et autour d'Odr~sa. Postant alors la mas~e rie mes forces dans une localité convenab!e, un peu :iu cle~rns cl'OdC'~sa (cela aurait pu facilement S'J fai,e vers le milieu de scptcn1bre), j'aurais sans doute envoyé pour prendre Sébastopol, 30,000 hommes, qui, vaillants comme ils IC' sont et commandés par 1111 chef brave, intelligent, expérimenté commr l'est Lord Ragl11n, cus~ent suffi, en tou:t's circonstances, pour mener au moins l'entreprise où elle en est aujourd'hui ;.et Menschikofl; conpé, sa1:s espoir cle secours, n'aurait combattu tout au plus que pour ~a réputation militaire, comme le g{>né,·:il Chassé à Anvers. En attend:mt, je me ~erais parfaitement contenté de paralyser h flotte russe par la présence d'escadres infini1rlent supérie1!n's dans la Mer N o;re- tâche :tisée à remplir a,,ec vos forces navales, et moyennant un peu rie vigilance. Je me serais conte:1té de savoir que la n~cessité de 5anlcr à Sébastopol une forte garnison équivalait à une cli1·ersion, en affaiblissant à'autant i'arméè russe que j'aurai; eu à vaincre-. Mais avant de livrer t:ne bataille décisive aux Russes, je n'aurais, en aucun cas, commis la faute de diviser mes forces clisponibles en me séparant des cent vingt mille Turcs sur le Danube; l'll aUC'llllcas, je n'aurais offert à la Russie l'occasion de jeter, wr mes forces divisées, cent mi:lc hommes, ·dans la position la plus avantageuse pour elle, la plus désav3ntageu~e pour \'Ous; en aucun cas, je n'aurais . laissé à ces cent mille ennemis l'avantage additionnel de la force des fortilications, des immenses munitions d'un armement presque iliimité, 'et des canons de lt urs vaisseaux à l'ancre dans la baie; j'aurais forcé les Russes, soit à combattre, privés de ces aranta; 5r;, soit à n'avoir que ces avantages sans les cent mille hommes. En aucun cas, je n'aurais permis à l'ennemi de concentrer co:itre moi ces dunx élément~ c'e force. Tels sont les faits. Je ne rlis pas que vous ne prendrez pRs Sébastopol; des chrfa et des soldats comme les vôtres peuvent faire des miracles, bien que leur position soit loin d'être satisfaisante. Quelle que soit l'inquiétude jetée dans mon âme par les événemens qui s'approchent, pour rien au monde je ne voudrais tro11bler l'ardeur de ces hommes vni;l:ints, an moment où toute leur ardtur est réclamée ponr l'efî->rt suiirême qu'on leur demande. Prenons pour assuré leur succè5-reg~rrlons dès à présent les restes de cette glorieuse armé~ campant sur les ruines brûlantes de Sébastopol. Eh ! bien, après? Si votre but secret d:,m cotte guerre est seuiement la destrnction de la flotte russe, vous pouvez y arriver en sacrifiant la lieur des deux armées; maisjamaisvousn'oseriez l'avouer,jamai'S veu; n'oseriez dire que votre seul but dans cette guerre est rie recommenc.er Copenhague et Kararin, par pure jalousie! Et si vous avez des projets plus é!evés, plus larges, comme vous devez en avoir, alors, supposant que Sébastopol est pris,je vous!~ d~mande encore: Eh! Ue:i, arr?s? La Crimée conq1me ne don nt: à l'Europe nulle sécurité; ce n'est pas une barrière pour la protéger, mais au contraire une conquête à défendre ; et ce que l'Europe attend de cette guerre, c'e&t une barrière matérielle contre la prépondérance de la Russie, une barrière morale de Nations libres contre le Despotisme. Oh I combien serait difiërente votre position si votre gouvernement n'avait paB sacrifié votre propre sûreté à une politique anti-lihérale, et vos jiropres succès à ce qu'il y a de pis en fait de Dnpotes et de Dupotismes ! Supposons que vous avez organisé une brigade d'exilés Polon;iis. La France, méme la France de Napoléon, a une Légion étrangère. Pourquoi n'en aver~ rnus pas, vous qui manquez d'hommee, et r1ui n'avez combattu que de votre argent dans les guerres continentales, soldant les armées étrangèrt!s et réservant vos soldats pour jouer dans les Coalitions le rôle de la Vieille Garde de Napoléon? Supposons que vous avez organisé, ici, u11clégion étrangère polonaise, et donné l'ordre à Sir Charles Napier, non de s'occuper à sonder vers Cronstadt, mais de prendre Riga et d'y débarquer la légion Polonaise pour appeler à l'insurrection la Pologne russe; pour les appuyer, débarquez, là, ces 12,000 Français expêdié~ à Bomarsund, au bruit des pompeuses fanfares d'une parole impériale, et pour y faire si peu ùe choses ! supposez en même temps que l'armée d'Orient, forte de 100,000 hom111es et réunie aux 120,000 Turcs exaltés par leurs récentes victoires, ait poussé lea Russes vaincus jusqu'en Bess:uabie ! Où en semit aujourd'hui la. Russie? Et combien votre position serait différente! Mais I' Aulriche ! Eh! bien, l' Autric.he? J'entends la silencieuse question de votre anxiété. Eh l bien, de deux chose!! l'une : 011l'Autriche vous eût laissé faire, et dans cc c:is votre question n'a pas besoin de rl!ponse; ou elle vous eût trahi, et, dans ce cas, vous n'aviez qu'à faire appel à la Hongrie et à I' ftalie; où en ~erait alors l' A.utric-he? L'~ng;lrterre prend beaucoup troJJ cles airs de dédain r11 aùai~.. sant sur 11011ses regards pleins ù' une orguéil leu se commisération politiyut>, et cela, parce que !Vlazzini, ou moi, ou Ledm Jlollin, ou ceR messieurs (mot1tra11tles polonais) ici pr6scnts, c,u :,lllt autre patriote proscrit, nous 11c sommes ']lie dr paurresexills. L'Angleterre oublie qul' h.s éiémcnts politiques ,:uxqu~ls :1ppar.. :ie111wnt ces proscrits, pauvres a1tjourd'hui,~pc11vc11t1~ser <lernain les clestinées de i' Europe- et les vôtrcs-da1,s le creux <le leur main! Bh ! quoi, Bonaparte ue I(! fait-il pas momentanément, lui que vous avez vu, il y a quelques années à peint>, un proscr;t seulement, ayant moins de motifs raisonnah:es d'espfrer gnc lrs partis auxquels nous appart~nons, bien qu'il ne_lùt pa~ moins mi- ~érable qne (JUClques-1ms d entre nous? Vous oubliez cette llérnlution même, dont cette assC'rnùléc cé. lèhre la commémoration ; vous oulilil'Z que les J:osûnias mêm~ (dites tous les hommes) de l,1 Pologne tant insulté<', ont Jaur/té comme de l'herbe les invincibles cuirassiers russes; vous oublier. •']He nou,, Hongrois, abandon:1és, presque tr~his p11rloutc 1:iterre, à nou~ senls, nous avons tenu tête, non seukment :1 cltte Autriche que i' Angletei:rc redoute 011aimP. tant, 111:1iesncore à cette même Russie que vous attaquez à trois Pouvoirs ! L11 Prudence, la Justic~, l'Humanité vous cons::?iiknt éll'alemcnt de chercher vos allia11ccs dans les peuples; et voyez'. !';'.\11. glcterre flatte les Dynasties, et préfère, s'allier r.ux homme~ qui passent, plutôt qu'aux Nations, q ni restent. Q11elle que soit mon opinion sur Napoléon et sur rntre alliance avec lui, je respecterai vos sentimens et je ne dirai rien gui puisse les heurter; pomtant,je recomm,lndè à ]'An_;l~tc,r1 dJ bien peser cette considération :-Napoléon est wn homme mortd comme to11tautre; il peut 11iotl1·ir ... ... de bien de maladies; il est peut-être mourant en ce moment; qui sait? quoiqu'il en soit, Napoléon n'est qu'un météore passager; la France est une lumière éternelle. Yous vous êtes alliés avec Napoléon : croyez-vous avoir conqui~ l',tlliance des Franpis / Non, vous ne l'a1'ez pas; et pourquoi? l'arce que votre coalition comporte !P. trnc cle la liberté de la Pologne, de le Hongrie, de]' Italie, de l'Allemagne, en rch,mge de l'amitié précaire et méprisable des Hapsburgs et des Brandebourgs. Voilà votre alliance avec Napoléon! Et vous croyez que la Nation française, ressaisiss1nt sn souveraineté comme elle la ressaisira certainement, srmctio1111-era jamais 1me pareille alliance? Non, jamais, par tout ce qu'il y a de plu~ sacré au monde, jamais, jamais! Rappclcz-vou~ ces piroles. ;.faintenant, qu'y a-t-il à faire clans la position cil vous voui ête~ engagés? On vous dit qu'on enmie des renforts, que ces 'renforts suffirdnt. ... J'ai parcoaru to:.:te I' Anglett-rre et les Highlands d'Ecosse, et, voyant le petit nombre d habitans de vos campagnes, je me suis dem:rndJ où i' Angleterre trouverait des soldats, une fois sérieusement <:ngogée clans une grande guerre. Vos cités absorbent vo_tre popu~at:on, et re qu'écrivait l!orncc, il y 1t 2,000 ans, est tou:1011rs t•rat: ce ne s rnt pas les ci;és, mais Je~ campagnes " rusticonim mascula militum proies,'' qui fournissent des bras robustes aux armées. Ct;·tes, envoyer le plas possible cl.:renforts est 11ndevoir, une néces,i:é urgente. ..\fais supposons que vous :ive;,:pu recruter vos rei:fods selon vos désirs et que vous a\'('Z eu le temps de tr~nsfonnrr vos rccr:1es en soldat~ le mal sera-t-il rnciicalcmcnt guéri? Certainement, non. ' Pour changer !'adicalement la situation, il faut aller ,1 la source du mal. La véritable cause ,le tous vos embarras, c'C'st l'Autriche; p·,s 111e1n_fant qui ne S3_?~ecela. Ou l'Angleterre redoute trop l' A1<tnche, ou elle la cherit plus qu'elle ne le devrait. Yoilà le mal. Ne craignez pas l'Autriche : jetez-la par dessus-horù, et vous serez sauvés; sinon, 1ion. Revenant à ce que je vous disais sur la stérilité relative d'uu succès à Sébastopol, je cr-ois réellement que, même maintcn:rnt vous (eriez mieux de rhanger le théâtre de la gueuc, pomvu qu•ïi nC'soit pas trop tard ! Des hommes qui, au nombre de 14,000 seulement, ont battu li0,000 Russes, ne gagneront pas plus de gloire qu'ils n'en ont déj_à,en cueillant 1;111 laurier stérile sur les ruines de Sébastopol; et ils ne peuvent nen perdre de leur réputation en marchant vers un autre champ de bataille, plus fécond en résultat~. Et songez à tou~ce '}U~ pourraient accomplir de tels hommes en attaq uar.t le pomt vr.111nentvulnérable de l'ennemi ! S'engager da?s une mauva~se direction, ,cela peut n'être qu'une err_cur; y persister en saenfiant tant d existences (et quelks existences!), peut ressembler à un crime, dont la peine retomberait lourdement sur vos têtes! Ch 1 .1nge~ le théâtre, de la g_ue~rc,insi~tcz pfrcrnptoiremcnt pour que I Autriche évaque les Pnnc1pa11tés et prenne parti pour ou contre vous; exh~tez le Sultan à rendr.! indépendants les Roumains, et _à les ~rr?e_r; enrôlez l'émigration polonaise, non point en_Turqme, ma1_s1c1;. souvenez-vous que là est lt! point vulnéranle <lel_altns$1e, et frappe:t-y ! Et si u11 Gouvernement quelconqu.r 11oustrahit, appelez aux arn:es les peuples qu'il opprime. Voilà les moyens de changer radicalement la situat;on. Mai!I scuvenez-vons en bien: si, en matière de progrès intérieurs, vous poul'ez dire que vo 11s y arriverez tôt ou tm·d, dans une guerre tout dAépen~ du moment. Opportunité perdue, campagne perdue ; peut-etre pire encore! L,i Pologne est, encore aujourd'hui, votre plus sûre ressource; mais combien c'eût été plus facile et plus sûr, il y a six mois! rc ne parle point ainsi par égoïs?1e national. Cette guerre, qui qu Il arnve-:- et quand el!? ser:i1t condnite ou ,1rrangée aussi mal que possible - est man1festeml;'nt nn acte de la Justice rétributive, lente mais inllexihle dans ses clécrC'ts. L:1 liberté de l/\ Hongrie en sorti:a c~rtainëment, a_ngrand cf(,plai~ir de vos gouvernants. Il serait tnste pour 11101de ne pag voir cr jour; mais c'est ~eule1:icnt une question de bonheur personnel qui ne vaut pus la pe1~e qu'on cn parle. Que je meure aujouni'hui, je m:!urs certam que ma chi,re Hongrie sera libre! Non, je ne parle pas ainsi par égoïsme. J c parle comme l'ami de l'Angleterre. Ni vous, ni même Napoléon, ne pouvC'z consacrer à cette guerre des forces suffisantes. Il ne peut pas dire, comme vous: ".Envoyons jusqu'au dernier soldat, la police noue ~umt.'' ~! ne peut pa~ dire cela. Il ~ trop à garder: Paris, la France, A Iger, veiller au Nord et au Midi. Vous manque:i de soldats; il en a trop besoin! Je répète mes _parole~ d'11utrefoi~: Quoir;u'il arri\·e, l'Angleterre a plus besom_ de l~ Pologne et de la Hongrie que la Polo. gne et la Hongrie n ont besoin de l'Angleterre. Avec nous, victoire ; sans nous, défaite, ou un i,rmistice honteux et i11suflisant. Rappelez vous des Neuf Livres Sylillin::. La Pologne sera vo11 Livres Sybillins. Trois, déjà, sont perdus. Hâtez-vous d'acheter les Six qui. restent, ou, s!non, comme cc roi de la Rome antique, vous aurez à payer le prix total des Neuf pour les Troii derniers Livre~. Voilà mon conseil - il vous le choir! Jersey.- lmprimrrie Vnin.-r!-cllc.
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