Homme - anno II - n.01 - 6 dicembre 1854

8 UPP LÉM.ENT au journal ·l'HOMM:E, No 1er <le1a deuxième année. -- 185-l. DISCOURS DE LOUIS :,ro:urnur:, (s'adressaul <w Prf•ûdcnt, .Sir J. Walms/ey.) Tout ha~tué que je suis à la ,loul;;ur, c't•~:t encore avec une -émotion plus profonde que je me lève aujourd'hui. C'est la cause ,de la Pologne qui nous rassemble; et comment pourrais-je p:irlcr en un tel mo1!1cnt, sans me sentir doulourc11~c:nent affecté, en me ,rappelant que Lord Dudle;Y S1uart n'est plus! Sa mort prén:aturée vous enlève ua ami, monsic;.:r, le noble compagnon de vos dforts pour le l>rogrès et ia L:bcrté ; à moi, ua ami i'l qui je dois une reconnaissance personnelle (et les exilés, dans le malheur, ont peu ll'amis); à i'hennnité, un ami comme il aM reste peu parmi les vivants; à h l',)logne, 1111 ami cJm:uc elle n'en eut j:imais de plus sincère, de plus dèv:H:é. Je puis résister à des malhcus privés, et fièrement porter b poids des douleurs accumulées sur ma tLte; mai, voir l'humanüé souffrante privée clu meilleur, du pin~ pur de ses défenseurs, c'est trop de douleur, rnêrnc poar moi ! Le renom de ses vertus as;ure à rn n:é:i1oirc l'esti:nc de tous les hommes de cœur. Combien plu~ je dois sc11tir H perte, moi ,qui l'ai 1·u s'associer publiquemeut à moi,-à 1:1oi c1ue ,'aristocratie an6laisc éritait si ~oiineusemcnt, parcc> que j'abordais sur vos rirages, non couronné de l'auréole d'un su~cès,--fût-il acheté par .le crime et le parjure p.tb/i,:,-mais exilé, persécut,::, victime tombée en accomplissant Je clcroir patriotiqut ! Ils m'évitaient; il. vint à moi, et jeta sur h tête de l'exilé le reflet de ses vertus. Combien je dois souffrir, moi qui fus témoin de ses efforts infatigabÎes pour la Liberté vaincue, pour ses m:irtyrs? moi qui pus jouir de son affectueuse intimité, et des bie11faits de son secours.daus la persécution publique comme dans la détresse priYée, pour moi comme pour des miiliers cie mes frères infortunés/ moi qui l'ai vu se dévouer, avec tout le zèle perséYérant <le son â!ne magn:rni11:c, à la cause de la Pologne, pendant c~s temps où des hommes sans convictions, ou de peu de foi, rl'jcta1ent dans i·omhre jusqu'au nom de cette terre infortunée? Dè's affections _privées, con~acrécs par le temps-et la fidélité à ses attachements est u11epreuve de plu., de sa supériorité morale-ont vu l'induire parfois à trop identifier avec qucl11ues individus une cai:sc qui, si c-11.:: trio_mpha_it,_nc ~aur:ii_tadmettre l'absor~t_iou de la nation par un p~ïtt. M~1s il :•git toaJon:·s dans la parfaite conviction qu'il servait sa chere Pologne ; et cela, du moins, est certain, la Pologne rt l'hll!uuité oppriméê n'eurent ja:11ais d'ami plus dévoué. Pour moi, monsieur, c'est une grande consolation, dans 1u~s m:ilheurs publics et mt'S douleurs privé:>s, clc pournir me l'anter d·avo:r ac,1uis, dans l'exil, deux a!Jlis comme mus, Sir Joshu:,i, et Lod Dudley Stuart. 11 nous a quittés . .Je reporterai SIH' vous monsieur, l'aJ'.'.!ction que j'avais pour lui; mais, aussi lon1{lcmp~ que 11101c1œur battra, ce cœur sera un autel où ne cessera iam:ii~ de brillc·r la flamme sacrée d\) la re;:ounaiss:mce. " P,1ix à ses cendres ! llonnPur à sa mtaioirc ! l\faintcnant, ~ notre tâche l - Chaeun de'\; hommes p~éscnt, d,ins c~t:e enceinte concorde ~lrtns les sentiment~ excités pnr C.:!ttc solcnn1tc; cluc11n de nous : aie mt ég:d tribut de l'énératiou à ce noble eflèr. de vertu _nationale que nous. cominénorons ici; et tous, nous nous unissons dans nos :vœux pour la complète reconstitut~on de la to.logne; la Justice la réclame, ses droits impre~crip tibles de N :it10n la demanclent, ses longues et terribles souffr:inces la mérite.it, la sécurité de l'Europ~ l'exige. • Mais bien que chacun de n0ns partage ces sentim~nts, le rôie que nous avons à jouer tla!IS ces évènements diff~re. Depu:s qu'au tonnerre des canons de sl:!1astopol réponrlent, par milliers, les échos cies gémissements de la douleur d:ms les l'oj•ers aw•lais •1 l O ' est-1 ~n. seu c~ur ~r~ton t1ui n'ait tressailli à eette ttucstion: 1:,a po;1t1que qui prcs!de à cette guerre est-elle une sage poli-- 11que . ces morts glorieux '!Ue Je monde admire et 11uc pleure la Grande-Bretagne, sont-ils tombts, t1ihut sangla:lt d'une cruelle nécessité, ou bien victimes follement sacrifiées sur l'autel de ]'Erreur <le vos gouvernants / La vieille mère, l1ier vaine de sa joie maternelle, et sans enfants aujounl'hui; -- l'orphelin, privé de son père, t't semblable au rameau détaché clu troue ;-la Yeuve, ahJndonnée à la Charité publique (et, déjà, on rn compte 011:::e mille) ;-la N stion, mutilée par la perte de S(!S fils les plus braves et les meilleurs ;-toutes ce, douleur$ pcu1·e)1t-elles ~e consoler eu répétant les paroles de l'aul-Emilt!, alors que. sort:111t cks funérailles de ses deux fil~, il montait en triomphe au Capitole : Je_ se11s la ~ésol_aiio11du foyer consolée par la gloire de la /ùipubliqu~ ! - Est-il un seul homme, <la11svos îles, q'-'i ne se soit demandé :iu fonJ de son cœur, s'il n'é:.ait pas une meilleure <lir~ction à ~uivre dans ~ette ~ucrre, plus ?ertai11e de succès, plus riche en r<!sultats, mo\is affreuse en 11acnfiees / Oui, cette lJUestion, tous l'o11t posée - elle résonne, comme le tressaillement de la conscience, au cœur de chacun. Et partout où elle a été posée, partout où elle a ré$onné, le pâle fantôme ri? la Polog1~c s'est levé devant'.vos yeu~, et les paroles que j'ai tlites à ce SUJet au peuple anglais ont du lumter la conscience de Britmmia ! L'hypocrisie peut feindre l'indifférence et le mépris pour les opinions qu'elle h:i.it; mais quand la triste réalité vieut tl:m_oigne_rde l'exactitude de prévisions_ dédaignées, alors le souvemr revient avec le remods prendre la place de l'iudifférencc orgueilleuse, de l'imprévoyante négli{,l"cnce. Dans ce5 circonstances, le 2·~e anniversaire de la Révolution pole.nuise n'est plus unt! commémoration purement Polonaise et <lefamille, destinée à relever le courage des sul'l'iva:its par les souvenirs d'un gloriru..: passé; c'est nn avertissement solennel adressé, pour sa propre conservation, à l'Etat de la Grandc-llrctagne; c'est la Question par laquelle le Génie de]' Avenir est au ,moment d'éprouver la vitalité de l'Empire Britannique. De !il, la différence de nos rôles. La Pologne fait la q:.iestinn; .à l'Angleterre d'y répondre; à l'Angleterre, l\Ies~ieurs, et 11011 ·pas à cette Assemblée. Les conséquences de nos Mlibérations ne s'arrêteront pas à <JUelquesparoles prononcées dans cette enceinte, au, applaudissements p:issagers qui ont pn les acr.ueillir. Cette question n'est pas de celles dont l'Angleterre pui~sc se débarrasser en les passant sous silence. Ne pas répondrt!, ce serait encore répondre. Et, telle va être la réponse de l' Angle!crrc, tel sern l':ivenir <le l'Angleterre! Quant à nous, représentants d'autres n:itionalités - nous, attendant qur. l'~eure ~oirne pour 110S batailles aus,i ( et nous y préparant, peut-etrc ), mclmc., sur nos armes, n1ms veillons, nous examinons, nous avertissons. C'P.st en restant dans ces limitPs que je m'adresserai, 1l'ahord à vous, mes frères P.n infortunes, ex~ Hés Polon:iis, puis à I' ,\ ngleterre, Monsieur, ( s'adressa11t au Président) si vous le per:neltez. A vou$, chers frères en exil, j'exprimerai ma reconnaissance, je fer:ti une promesse, j'adresserai un c0n1ei!. Quatrc-vin_gt-un ~ns_~e sont écoulés depui~ que la Pr>lbgne fut, pour l:i première fo1F, ecartelée par la scélératesse des 1,fonarchies .combinées, él'énement si bien carartérisé p:ir le Tacite Suis~e, Johannes Müller, quand il dit: ·' Dieu penuit cet acte pour mon- ,trer ce qu_evn~t la_":ornlit 0 é des rois. " - Et voili'l 2·~ ans que la Pologne ecrasee il lait la p1us grnnde - 11011 la dernière - manifestation de sor. impérissable vitalité; les Caùiuets europi!e1,s ont .été, _outrop b_o~néspour la c?mpre11Ù!'C,ou trop corrompus pour l~ bien apprecier. Quatre-Vingt.un 311S d'impunité du crime, 11111gt-quatreannées de misère dans l'exil ! c ·c~t bien- lo1w pour souffrir, et ne pas désespérer 1 "' , Et, pendant tout ce temps, vous, patriotes proscrit,; de la PoJogne, vous avez souffert, et voas n'avez pas clése~pérf: Vous -vous êtrs dressés devant le monde cornme une "statûe viva,rtè, •' 1a flamme inextinguiblr. du patriotisme vr.rsant à flots h vi~ dans ,ce~ _membres pétrifiés; vous ~ous_êtrs dressé$, protestation du J)ro1t éternel contre la dommat1on de la violence impie - " M11u ! Tek.el 1 Pharis ! " écrits en lct1res de sang brù!ant 'sur I~.~murs du Despoti5me tont-puis,~nt ! Le tcmp~, lu mis~re, ],1 douleur ont hicn réduit les rangs <le rn:re Israël dispersé; voui avez porté 1·os morts au tombea:.t, et Cl't:X qni surviv:ifont continuaient:\ sou!!l-ir...... et à espér€r. P,1rtout où la liberté opprimée relevait s~ bannière, vous vous ralliez autour - la Statue t•ivante se c.ha;1g~ait en héros des batailles. Dien des vôtres lombai•rnt; et, quanti le crime triomphait enco:-e nne fois du Droit et de la Vertu, vous repreniez le baton de voya'.,;Cde l'exilé errant ...... et vous ne désespériez pas! Beaucoup, parn,i rous, jC'uncs <.'ncorc, lorsqu'ils virent pour la dernière fois se lc1·er Je soieil sur les plai.'lrs et les montagnes de la Pologne, ont aujr:ur<l'lllli leurs rheveux hl:mehis, lcnrs forcc:s brisrc,; par l',lge, par les angoi~ses, par la misère; mais leur cœur patriotique a gudé la fr:1îchenr :lt! sa jeunesse. il est jeune en amour de la Pologne, jeune eu aspi1ai ions ,·ers sa libcr1·é, jeune en espérances, f•t toujour~ jl'une en énergique détermination de briser le~ chaînes de la Pologne! Q.ue.lle rie:1e source de nobles actions doit être le l'atrioti: n1t', qui vous a /.!onné la foroe de tant SC!H!li·iert ne j:imais dé~e~pér<!l ! Yous nous avez dorn1é un noble ,exemple, à nous tou,·, vos plus jeunes frè1:es dans l!i famille des Exilés. - Quan-d la batdil!e de Cannes fut perdue, qunnc'.1Annibal mesurait par 1oi,scaux les anneaux des Chevaliers Itomains tombés sous ses coups, le Sénat de Rom<.! vota des remcrciemenïs :,u Consul Terentius Y:irro pour 11' avoir pas désespéré de la &publique. l'atriotcs prosc:-its de la Pologne, je vous remercie, et l'histoire aussi vous en remercier:i; vous n'avez pas désespéré de la Résurrection, de la Liberté! A Voilà pouquoi j'avais à vous exprimer ma reconn:iissancc. Le temps s':ipproche où les Nations opprimées vont 1>églerleur compte avec leurs oppresseurs; et des millions d'hommes libres, dan~ la plénitude de leur Droit et de leur Force cousciente, prononceront leur juiemcnt contre les Conquérants «rrogants, le~ m~urtriers privilégiés, les Rois pa1:iures, A ee momeut suprême, les Xations opprim1'es se lèveront, chaeuHe pour te~1foset toote~ pour c!iacune. Fautes. erreurs, illfortuaes d:i. passé 11'aurcmt Jlas été vaincs. Ce nous fut un terrible enseigacment; mais enfin, ce fut un enseignement. T'Om, 110-l~-yS arons appris quelque chose; et ce que uous y avons appris de meilleur, c'est 11uele principe de la Fraternilé ,les Nations est q11elque cho~c de plus !]U'un mou1emrmt cie philanthropie; c'est la 11eule garantie eflic~1cc de cette liberté que nous arnns il conquérir, que nut.s conquerrons 1 Que l';\.nglcterre et l'Amfriqnc, si fièreg de leur sécurité pré- ~~nte, foonte11t mon avis pendant yn'il en est temps encore. Ceux qui n' anront pas contribué au triomphe de la Libertf qu:ind ils en av:tient la puis5ance, ceux-Ll. auront forfait leurs droits i la garantie mutue;Je '. Si les signes ne nous trompent pas, vou~, hommes de Pologne, 1·ous serez li!s premiers appelé3 sur la brèc!H•, Beaucoup se ièvernnt à vo., c3tés; d'autres combattront, plus loin, po11r la même causr. :lfais quelque nombreux qu'ils soient, le plu;; pr~s est le plus près. et le plus près est l<' mieux( 1). Cc J1'est pas en v;iin que la N aturP, qnc le Dieu de la Nature a placé la Honiric prè~ de la Pologne. la l'ologne à côté de la Hong-rie; 110.; ennemis S'lllt les mêmes et notre cause est identique. Tout ce que je sen•, le.peu que _iesais, tout ce que je peux, cœur, intelligence, bras, est avec la Pologn~. Ne l'oubliez pas. Cependant, quoi que j'aie pu apprendre, le gage de mon assistance fraternelie est de peu d'importance, et ce peu même pourrait bientôt être perdu ; mortel, je deviens vieux, je suis brisé par la do1.!eur ... mais ceci ne vaut pas la peine de s'y arrêter. J"e puis n'être plus rien bientôt, m:iis la Hon1~rie sera, et e'e~t le génie de la Hongrie qui vous le jure par mes lèvres: La Hongrie combattra aux côtés tic la Pologne ressuscitée. Rappelez-vous mes paroles l Telle est la promesse que j'avais à vous faire. Vient e11finle conseil que je veux vous adresser. Les complications actuelles -conséquences fatales des crimes du passé- ne peuvent pas être amenées à 1me conclusion di\linitive s,ins la Polog11e. De deux ehores l'une: ou cela se termint'ra par un arrangement insuffisant, lai$sant l'avenir, 11n avenir proclrnin, incertain, et l:i certitude de voir recommencer la guerre, plus dangereuse pour qllelques-uns, plus t!ffroyable pour tous; ou bien 011poussera la guerre jusqu'au bo11t. lt n'y a pas d'autre alternative. Dans le premier cas, la Pologne aura encore perdu du temps, mais elle n':1Ura pas perdu sa ·cause. D'autres porteront la peine de l'imprn<lencc d'une pareille iadéciaion; r.ul plus que l'Angleterre ! Soyez-en certains! l' Anglctt:rre, cette grande nation, le Times la. déclare oscillante a1t point culmÏll:wt de sa ~rn11deur. (2) Si cette guerre n'est point pousséejus<1n'autriomphe définitif, je crains, lorsqu'elle éclatera de nouvea,,, j'appréhende qne l'Angleterre uc pr!lscnte à son tour une seconde Polog,1c ;) l'histoire. Cela pourrait être, ici même, che7. vous; ljlli sait ! l\fais certainement, il en serait ainsi de \'O~ :\.méri<.jues, et dt:>vos Indes. La fière Angleterre pré~e!1te plus d'un point vulnérable. Là est la grande différence, d-i!savantageuse pour rnus, entre !'.Empire Russe et l'Empire l3ritanniqi:c. L'Angleterre a he,,ucoup de poi11ts n1lnérablcs, la. Russie n'e11 a qu'un - la Pologne. j\faJheur à ceux lJUi, en guerre contre la llussir, négligeraieut cc fait. • Quant à la seconde alternative, il serait absurde de supposer que la guerre puisse être décisive, sans la Pologne. Ceux ljUi n'y penscuient que trop tard, auraient à s'en.repentir. Donc, hommes cle Pologne,je vous le dïs, srrrez vos reins! Saisissez le moment. Iteposez-vous dans votre armure, mais de cc moment ne dormez plus. ltappeleZ-V<)US le proverbe franç,ll.,, " Ai1e-toi 1 Dieu t'aidera.'' Le moment est critique; il réclame toute la sagesse, toute la prud,mce, toute l'énergie de chaque patriote polonais; j'ai entendu parler à voix basse de combinaisons discutées <laus les sombres recoins de la Diplomatie. Oh! mot fatal! atelier clc conspiration contre l'humanité, où se trament plus de crimes, (et plus meurtriers) qu'il u\ en cùt jamais <le dévoilés de1•a.nt les tribunaux! .J'~vertis la N:1tio11 polonaise de se tenir sur ses g:irdes. La Diplomatie des cabinets, contrainte par une dure nécessité, peut faire appel à la Pologne ! mais si la Pologne, si votre nr.tion ne prend pas à temps une position qui lui permette de reYendiquer sa personn.ilité, de tr:iiter sur le pied d'égalité, en puiss:mce qui peut donner, comme recevoir, concours- t•n puissance qui ne soit pas seulement un objet, mais une partie co11tracta.ntc dans les négociations, - vous expérimenterez nne foi~ de plus ce que vous avez axpérimenté lors des secrètes transactions du congrès de Vienne en 1815, alors qu'on se serl'it du nom de votre nation pour s'assurer des concessions (yui ne vous concernaient en rien); mais, les concessions une fois obtenues, on jeta la Pologne par dessus bord, on la sacrifia aux conveuances des p ou,·oirs. Vous pourriez bie·n voir se renouveler cc tour diplomatique. Personne n'a le droit de dispo::er de la Polognr, si cc n'est la Polvgne elle-même, Je fais appel a la Nation Polonaise! Qu'elle prenne à temps une positiot, telle, que d'un cô1é, nul ne se hasarde à usurper ses droits; que, cl'un autre côté, nul 11ese permette de les méconnaître. 0 Nation Polonaise, prépare-toi, accepte le secourf, clt! quelque part qu'il te vienne, mai~ rreuds garde de mettre ta confiance dans les rois. ~ls ne peul'<:nt aimer la Pologne, ils détestent la Liberté ! (1) A l'attaque de Sébastopol pnr les flottP.s, l'amiral égyptirn pa~~a _devant un vaisseau anglai~ pour s'approcher dea fort~ russes; ptq\t il, envoya ~es excuses au capitaiuc m1glais, qui répondit : '' Dai1s un combat, le plus près est le plus près, et le plus près de l'en11e111eist le mieux.'' (2) Le Times terminait son leader du 27 Nov. par ces mots: " Un revers serait le premier pas de l'Angleterre vus cette déca- " rlence que l'histoire nous mon'tre comme le sort inévitable de '' tou~ les Empires." Tel est mon conseil. i\Iaintcnant, à l'Angleterre, -:'lfo11s:eur, (s'adressant à .;r J. Jl'almtley), si l'asscmbléé me pc-rmct <le coi1tinuer; sinon, je m'arrêterai. là.... ( Conti1111e:: ! couti1111e::: !) D'abord, et avant tout, je 1·eux p/!yer le modeste tribut de mon :idmir:itioi, it cel~l' htiroïqne arniée d'Oril!nt qui s'avance avec t11ntde gloin', sur la route <le l'honn!.'ui°·, des périls, et de la' mort; nul!emcnt in:imidé-c par cette ré!h·xion qni n'a pu échapper i\ ,'intell1gc11c? de be:iuroup de ~e~ g1wrricrs. c'est que le poste d'ho11ueur 0-11, ils sont placé~ n'est l"'' le meilleur qu'on put choisir pour commeuccr laAgur,rc contre la Russie; et qu'une politique plus ~a~~c, 11end1a1rnnt pas C'i'S é:élllents a11xiliaircs auxqucl$ les circonstances ordonnaient impfricuscmc·nt d'al'oir recours eût ép:irgné b~:iucot:p de ce sang h-éroïqnc, tout en .obtcu:int dt•; ré~ultats bien pins ;w;:mtagenx. ?,(on$ieur ! Je Jrnis parler d'héroïsme! Ces D$mi-Dieux de la Hongrie qui soutinrent la !11ttegiga111esq11cde 184-D, peuvent bien réclamer une place d'immortel reno111parmi les plus br:wes de~ br~vcs? Et moi, témoin de leurs exploiis,je vous te dis, l'histoire doit pourtant rétrograder.bien ioin clans les siècle$ :ivant de trouver •n:10h:ttaille scmb!able à celle d'fnker111ann où 14 000 lrnmmes ont l'ictorieusemeut repo11s$é l'..1ttaquc de '(i0,000 'hommes <lc11 troupes les mieux disc:pii11ées, et où, po11rainsi dire, chacun de vos combattants a·ctù coucher i'l terre un de ses c1111emis.La bat~ille d' .\!ma. tou~e d~l!:cllH:u~e.qu'elle ait él.5 ,!ans ses dispositio11set, de~, lor,; !orccrnPut stènlc, avait é1é glorieu,e; el!e amit cùuvert d'un iu~trc i11111wrtcile nom ùcs armées (!'_\.110-letcrre t ile l:'ra11ee• .:\fais la balaiile tl'lnkermann témoio,1e "'dans V03 g_ucrric~s, ~cpuis l~ prr1-:1ierjus_lJu'au dernier, d'111H~valeur prodigieuse a pcmc 111lér1cureau miracle d' .Azincourt. L'histoire <le i8!i·f, quel qul\ ,oit son juJement sur la sa~cssc de vos Hommesd' Etat, portera il. la postérité, couronné 'd'une gloire impérissable, le_ sou~~nir <le l'impitueuse valeur <les Franpis, et du coura7e rnflex1ole et austère des Bretons 11uicombattent en CrimG<;,Pou:·tant, ils luttent sur un champ <lebataille plus riche en gloire qu en résultat~, surtout, plus 1·icl,,: c11 morts. Encore. une victoire comme celle d' lukermann, et c'en est fait de votre armée. 1:)netriste consolat(on \'011~resterait, car les tombes <le ces glo- ~,ieux morts pour,~1~nt <lire comme celles des Thermopyles : Passant, va d,re n l ,1.ngldu-re fJ.1'e 111 nous as vus couchés ici pour obéir à stts ordres!" • . On a dit dernièrement :111 public anglais que jamais une situat10~1J)llls d'.u1gere11sc Il'.\ impérieusemellt réclamé l'esprit; qui ~r~rn1t, au lieu (le les atîen?re,les_6vénemens, !'intelli~ence qui peut ent~r d<!s. :11,rnxau '"1 ul;l~ il serait _:rntrement impossible de porter re11:edc. 1.;c1a e~t parlattenw1'.t Juste, quoiqut• cette prudence aprcs coup, ~oit un_peu tanl1vc. nfais, ~i cela est juste, c'est rendre ma_uvais serv1~e à ~•Angle~erre que d'endormir l'opinion sur les faits accomp~is. Un espnt prérn_vant doit s'instruire par les exemples <lupasse. Or, le grand enseignement des faits accomplis, :'est ceci : !:l p~litique anglaise, par rapport à la guerre, est crronee dans ~a d1rect10n, comme elle est inefficace stérile désastreuse clans l'exéclition. Analysons la situation. ' ' Votre arm:;,da di! la B.,l~iqu~ ~ c~eill_i à peine un laurier pour reposer sa tete. Pour agir, h, il fallait avant tout obtenir la coo.. pérati?1! de la S~ède; l'Angleterre ne l'a pas obtenue parce quo la ~ol1t1que del Angleterre était erronée. Je l':ii dit, il y a six mois, le concours de la S11ède ne pouvait être obtenu qu'en appel~nt aux armes la Polo~ne. Et_ ~oil:l justement ce que le roi de Suède, Oscar, répondait dermerement au "'énfral Barao-uaycl 'I:I"ll' V ' b O ' 1 1ers. ous avez pns Bomarsund; c'est vraiment peu ! Cependant, quanrl l,a nécessité. 1•ous forcera <levous rappeler Ill Pologne, vous aurez a la remercier, car elle mettra la Suède dans votre parti. C'est alors que Bomarsuu<l e!lt pu être une offrande acceptable pour la Suède; mais vous l'avez fait sauter comme effrayés <levotre propre victoire, comme résolus à n'avo1 ir rien à offrir à la Suède. Quelle gigantesque bévue! L'Angleterre ~ prétendu frapper le commerce russe par le blocus de la Baltique; ~Ile n'a réussi qu'à faire passer en Prusse 1~ commer~e <le la Rus~w. L'Angleterre a concentré son attention_sur les moyens d'entraîner l'Autriche dans son parti. Pour attemdre ce b11t, elle 11. tout sacrifié,. mil_lions vainement dépensé,;, le sang_de l~ flei:r. de s~r~ armé::, mutilement versé, principe~, réputation <lhalnlité poht1q11e, le curactè-re libéral de la gue,·ri le but même de la guerre, tout! Et votre o-ouvernement a-t-il en~ traîné l'Autriche? A-t-il gagné l'appui de cette Autriche 14 laquelle il a tout sacrifié? de cette Autriche "pour laquelle '• - le 1'imes lui-même a dù le reconnaître - " vous combattez plus encore que pour vous ! '' ~.uel '.l_édain,<la1~sles rég_ion~o~ci~lles. accJeillit mes paroles, alo'.s qu 0 _1l Y_,~ plu~1e~rs mois, Je disais _aux bonnes ~eus d'Angleter~e 'IU ils_~_1111~grna1e1p1at )'.er et mounr pour la Liberté, tanclis qu en réal1te, ils cornbatta1ent pour l'Autriche! Voilà qu'on s:en a~erçoit- Ja VJrité se découvre à la fin, comme le crime .... Eh! bien, vo_tregouvernemen_t a-t-il gag-nP.l'appui de l'Autriche? _A_lle_ze,t_ lisez le~ lamentation~ de vos journaux. des organes m1i,.1stenels eux-memes, sur l'attitude perfide et l'insolence insupp~rtab!e de cette _Autr!c_he que vo_tregouveme1!1ent persiste à courtiser avec tant d humilité, et qui, en retour, facilite les entreprise 1 s d,e la Russie, insulte vos alliés et contrecarre vos opé-- r;1t1on~. Et 110'.1seulement_ vous n':ivez pas gagné l'appui de 1Autnchc, ruais encore, voilà ks Turcs arrêtés au milieu de leur c_ourse héroïg~e; voil,à le fruit de la victoire, la pauvre Valachie. livrée aux lll?.llls perhdcs de la des1iotinue Autriche• voilà d'un At, l' , l ·1 ' ~o e, armee turlJ ue para ysée; de l'autre, le Czar rendu libre de .icter armées sur ;irn'.écs sur les ~ancs et sur l'arrière-garde de vos chevaleresq nes b:ita1llons en Cnmée. L'ardeur <les Turcs enflée par les victoire,; de Si!istrie et de Giurgewo, est abattue, 1 décou- ~agé:; !e m~ral des ~iusses, a,~aissé naguues, s'est relevé. Ah! J~ sais, J~ p111sv_ous_dire c; qu d en coûte, de perdre le monwnt d exaltat10n victoneutie d une armée, de donner à un ennemi démoralisé le temps de reprendre haleine et courage. Un seul moment _d'un.::tel!e négligence dallS une_guerre, et ce n'est pas une bataille que l on ,peut perdre, Messieurs, .non, ce ne sont pas seulement <les batailles, mais des empires! La dernière - 11011la moindre, hélas! - des erreurs gouverneme;i~al_e~,c'est Sébastopol! Tout cœur anglais suit avec angoislle3 les penpe_t1es de ce drame sanglant. Vous ne me demandez pas <le vous dire ce que sentent vos cœurs. Vous ne me demandez pas de vous répéter que v_osbraves_ont _trouvé là un camp retranché renfermant une armee, au lieu ri une forteresse contenant une fai)>le garn_is?n, co1~me semblait s'y :iùendre votre gouvernement; qu on préc1p1te armees,~ur armées contre vos r:ings décimés, comrr.e votre go~vernen~ent_ ne semble pas l'avoir prévu, car autrement. sa condmte srra1t. pire qu:une faute. Je n'ai ici qu'à vous citer cc,; paroles <l'un rapportpubiic: "Let questio1111'estplusdesavc,irsinotts pre'.1~ro11osu non Sébastopol. Le siège de Sébastopol n·est pas levé, ma.,~ il est suspen~u. ~ous e/1sommes réduits à l,i déf1m.1ive. " 1 elle est la s1tuat1on. " Le vent u tourné. La ltussic vous assiège ; vous êtes les assiégés. •' Et à quel prix avez-vous acheté cette situation? Messieurs Je J_J_uillct ( di.i: se~n~ineB avant l'cmbar,1uement <le cette ex 1 péd1t10~1m, al combrnee autant que mal préparée); à Glascow, dans un discours dont I'Anglet•!rre eut bien fait d'écouter les conseils je prononçais ces paroles: "lt 11',11 a pas wi de vos braves su; cinq qui puisse rrvoir son Albio11 ! '' J'employais ce nombre seule~nent co1~1~1e!'.image d'une grande perte; c'est aujourd'hui une tnste réal1te_- Cvmptez vos morts, vos blessés, vos malades; vous avez MJà per<l11:W,00() hommes sur 30 000 - mes tristes pr~visions s'accomplissent à la lettre! Et ici,' dans vos foyers! Ici, le ~1ombre_<le_sv.!uves et des orphelins implorant Je secoun de la chanté patr1ot1qne, monte à onze mille! Te!le est h position, Messieurs. Mainte11a.11t en présence de <>:l'ttesituation, j'en appel!t à 1_1oseontemporai1;s et à l'hi~toir.-.,

RkJQdWJsaXNoZXIy MTExMDY2NQ==