Homme - anno II - n.01 - 6 dicembre 1854

24~ ANNIVERSAIRE DELAREVOLUTION P LONAISE. - 20 No,.emhre 1830. -- A cette fête mêlée <ledeuil que nous avons célébrée à Jersey, se trouvaient représentées tou fes les proscriptions de l'Europe: Italiens, Hong-rois, Polonais, Allemands et Français y étaient réunis en frères. C'est le citoyen Albert Schmitt que la, commission g-énérale des proscrits avait choisi pour parler en son non) et pour ouvrir la séance. Voici son discours : CtTOY&X8, Dhiiiné par votre oommission pour prendre la parole au début, . je tacherai de m'e1r acquitter ~elon mes force~. • Le malheur i,nplacahle veut que nous nous rassemblions encore i~i,-maiij pour la dernière fo!s, espérons-le,-afin de célébrer en oo.nmun, en frères, un des plus glorieux épisodes de notre histoire, celui de la ltévolution polonaise <lu 29 Novembr.e 1830. Quand les actions d'un homme aussi bien que c~lles d'une Nation repré- ~entent les tendances réTolutionnaire11,elles sont un pas <le plus vers le but permanent auquel tend l'Humanité dans ses évolutions sucoessivee. Or, un peuple comme le nôtre, qui a un tel passé histerique, est entraiué fatalement à servir jusqu'à. la mort le progrès fJ.uand même, et soyez certains qu'il n'abandonnera jamaiij le poste de combat avant qu'il n'ait atteint le but de sa missioH! Citoyens, l'auniversaire de la Révolution polonaise que noua f6tons aujou ~d'hui, porte évide:nment le cachet particulier du progrès élaboré par l'Humanité. Il n'est Pf!S•le résultat de l'éiroïsme individuel ou exclusivement national. - Croyez-moi, citoyens, qu~nd j'affirm'e que la Pologne n'est point une branche d.ltachl!e do l'arlxe s:>cialet universel, branche destinée à périr: non, elle y o!Stfortement attachée; la sè,e humaine nourrit toujours le peuple polonais. hier faiblement, aujourd'hui si ri:herncnt, qu'il est prêt, comme autrefois, à saisir la faux et à livrer bientôt, avec h D~mocratie européenne, une lutte décisive à la tyrannie repré~entée par les Czars de Pétersbourg, de Vienne et de Paris! Je vou3 le demande, citoy.ns, ne voyez-vous ·pas des preu'Ves évidentes <le la vitalité de cette Pologne qui, déchirée en lamheaux, mutilée et crucifiée par les trois bandits couronnés, donne toujoun dcBsigne3 éclatants de sa vie ? Ces trois vautours atroc3s ~spfraient l'épuiser, en s'acharnant à sucer ses forces vitales. Ontils réuesi ? Oh ! non, mille fois non! Le grand jour des comptes à, réglu avec ces bourreaux n'est pas loin, et les membres lacéré■ et pitlpibnts de la Pologne finiront par les enlacer et les étouffer! Il serait inutile de vou, démontrer par les faits accomplis, que l'eeprit du peuple polonais, en brisant ses chaînes en 1830, pour r<::eoaqufrir son indépendance et sé régénérer, n'était qu'un des agunt, de l'idée progre1sive universelle, de eette idée dont lee rranda symboles éclairèrent l'immortelle Révolution <le 1789, et q\li a inauguré une nouvelle vie dans l'Humanité, par cette grande dev;■e-lumière : Liberté, Egalité, Fratern:té ! Je n'ai paa besoin de vous faire remarquer qu'b. l'époque où nous combattions notre ennemi le plus acharné, ces symboles n'étaient -pas encore aussi bien compris qu'aujourd'hui. Un demi-siède de trayail incessant et de nouvelles révolutions n'est pas perdu! Cepentlant toutes les nations, remuées par les journées de Juillet, tressaillirent de joie et de sympathie en voyadt leur sœur, la PolognP, lutter ai héroïquement pour la conquête non seulement de sa propre liberté, mais aussi de la liberté du monde.. Vaincus, mais non conquis, jetés par la trahison et la force brutale en dehors de nos foyers, nous sommes venus avertir l'Occideut fle la défaite de la grand- garde de la f'ivilisation, et du danger imminent qui le menace si, pour le combattre et détruire l'ennemi, tou~ les peuples ne se préparent à une lutte suprême et décisive. c;toyens, Tous faut-il des preuves irrécusables que ce premier avertissement n'aboutit qu'à de nouvelles calamités plus terrible, et plus écrasant '8 que jamais ? Après la sublime et trop généreuse RéTolution de Février 1848, la commotion spontanée a ébranlJe l'univers; le bras du peuple 11 partout châtié le despotisme immonde, avilissant pour la dignité }m:naine, et quelques jours après la réaction unie nous a désarmés et jetés sous les pieds de nos ancief\S oppresseurs. Hélas 1 nous combattions isolément, - voilà l'énigme dti l'avortement momentan~ de cet orage révolntionna:re qui a passé avec la rapidité électrique sur tous les peuples 1 Le, despotes ont largement profité de ce manque d'enter.te eerdiale au sein de fa Démocratie militante; aussi s'empressèrentile de faire drc3ser des gibets à. Naples, à Home, à Milan, à Bre■- cia, à Arad, a Pesth, à Varsovie, à Baden, gibets qui, fonctionBant nuit et jour, versèrent par torrents le sang le plus précieux de •es martyrs. Citoyens, retrempons donc notre foi et notre énergie dans le &entiment d'unité pour déraciner le principe oppresseur qui écrase l'Hum,nité souffrante! Citoyens, le s'.lrt implacable nous a-t-il dispersé sur toute la fü!'face du glob~ pour gémir seulement sur les malheurs de l'IIu111anit~ ? Je ne le crnis pas. - 0 enfants de l'Italie, de la Hon- •~rie, do la Pologne et de la France, réunis tous autour de cette table, proscrits pour la cause sacrée de la Démocratie, nous somrnes la protest11~ionv;vante cle l'idée, de la justice et des tendances eommunes; nous avoua adopté pour devise : " Solidarib des peuples·,, Dos devoirs immenses pbcnt sur nou5, et le premier c'est d'aeeélérer le moment où nous pourrons proclamer la déch~ance du àespotisme, quoi qu'il soit; à la suite 1 abolition de l'explo:tation de l'homme par I homme, le d~oit au travail, l'enseignement commun, gntuit par la so~iété, voilà les po:ntR principaux de la régénération foture des peuples. Donc, les hommes pfoétrés de cette con- • vietion, aoivent, sans retard ni trève, se constituer en une intime io:tuniverselle famille, reliée dans l'espace par le lien invisible, maie 1&Ul rê l de l'esprit e~ du cœur. La nccessité-dcvoir de l'Union et fll' la Solid.,rité posit:ve des peuples est trop évidente pour avoir besoin de la moindre démonstration. L'influence de ces peuples, ~ur le monde extérieur, sera toujours e,1 raison de l'étendue et de l'intimité morale et matérielle de leur associat:on. Or, citoyens, 11ousnnélns Mjn. de réali11er en partie celte conséquence rigoureuse de nos principes! • - Je vous le ùemande, peut-il y avoir un plus ravifsant spectacle '{Ue eelui que nous présentons ici, nous, Français, Italiens, HonlJt'O:s, Polonais, Allemands, Â.nglais et Jersiais, confondus en une famille ùe frères, animés du même dée;r et travaillant, avec nos Mrce~ réunies, à l'avènement de la République démocratique et soeinle ( c1r ch:icun de nous, sans distinction de race, apporte sa piene li. ]' œuvre commune) ? Laissons tomber les vo:Ies 6ur le pis~é digne <l'admiration, mais qui ne doit que nous servir de guide indicateur. Comment éviterons-nous les écueils contre lesqueh nos efforts pourraient encor~ se briser? Yoifa ·quelle doit être la commune recherche. L'HOMME. dans ~on flanc le germe destructif du despotisme, et elle annonce un:! tempête qui va bientôt écraser ceux qui l'ont provoquée. Ce n'est pa~ en Crimée qu'on étouffera ce Czar, protecteur de l'ordre. ce sauveur de b famille et de la propriété: l'Attila de Saint-Petersbourg est seulement vulnérable par la Pologne. La diplomatie des grandes puissances recule encore devant !>-emploi de ce seul et unique moyen dont l'idée lui fait peur; mais l' Occident, poussé à bout, sera forcé d'y avoir recours. Alors le combat ùcviendra sérieux, combat entre le despotisme et la liberté féconde! Les Polonais qui ne vivent que pour reconquérir leur patrie, pour la voir grande, régénérée, et pour aider les autres à foudroyer le mal, attendent avec impatience le moment où ils pourront accomplir la sainte mission qu'ils ont acceptée, celfo de sacrifier leur vie à la défens!' de tous les peuples opprimés et à leur propre salut. Or, le moment me paraît bien près d'arriver où nous pourrons • pousser notre cri retentissant : Yiwt la République universelle, démocratique ,t sociale! Le citoyen L. Pianciani, proscrit italien, s'est exprimé en ces termes CITOYilllNS, Gloire à la Pologne! .... Quand je parle de la Pologne, ce n'est pas seulement à son passé glorieux que je songe, c~ n'est ;in~ seulement pour son avenir que je fais des vœux, dans la Pologne je vois l'humanité. La Pologne a toujours été pour moi un symbole du sort que l'injustice fait aux nations. Je regarde la Pologne comme un monument sur lequel tous les rois sont venus écrire leurs crimes en lettus de sang. , Ce n'est pas seulement cette femme qui cherchait, dans se~ crimes, les plai~irs de l'amour nt dont chaque amour fut un crinie ; ce n'est pas seulement Catherine la maudite qui fut le bourreau de la Pologne; cet homme qui s'appelait un philosophe, tt qui n'était qu'un roi, se fit la chevi.Je ouvrière de cette œuvre de spolia1ion et de sang; et une autre femme auMsi.... non, une autre reine, qu'on appelait la magnanime, Marie Thérwso-dont les Hongrois doivent se souvenir_ profita du partage. l~t les autres ~ouveraius de l'Europe que firent-ils? Si on nv·1it insulté un de ces valets à livrée dorée qu'on appelle ambas~adeurs ou ministres, TOUii auriez vu un grand émoi ; les armées auraient été en mouvement, les millions dépensJs et les centaines de milliers d'homrr.es peut-être tués dans les batailles. Cela aurait paru juste, c:ar on doit défendre la domesticité; mais il ne ~•agis;;ait dans ce cas que de l'as~assinat d'une nation, ils ont laissé faire ! Et qu'a-t-on fait de cette terre de penseurs, de bra,·es, d'hommes libres? La Russitt en a fait une prison, la Pru~se une caserne, l'Autriche une boucherie, Quand on a eu besoin d'elle, on lui a promis une nationalité et on ne lui a donné qu'une Constitution dont le dernier résultat pour c.: peuple a été la Sibérie. Les nations se sont émues du sort de la Pologne ; mai ■ quand la France lui promettait aide et secours, le ~ouvernement-mensonge de la Toyauté de Juillet osa parler d'ordre; alors que la mitrai1le avait décimé Varsovie et que les gibets portaient encore ses enfants. • Aussi je ne puis concevoir qu'un Polonais réserve exclusivement sa haine au Tzar. Pour ma part je ne puis serrer la main à un seul des fils de cette vaillante nation sans répéter : anathème à toutu le, monarchi,a ! Malgré cela on a espéré à propos de cette guerre dont on parle tant et où on fait si peu, séparer les Polonais de la cause des peuples. On a d~terré le vieux rêve de couronne d'un octo. génaire et on a cru faire peur 4 la Russie de cette ambitionsq,ie)ette, et prendre les Polonais à cet appât de monarchie nationale qui sentait le 11épulc!e! Napoléon-le-Petit s'e1t dit: puisque mon oncle faisait des rois, ne pourrais-je pas, moi, en faire aussi ? feulement l'autre les cherchait sur le champ de bataille, lui les demande aux Invalides. La Russie a souri de cette mise en scêne, et les peuples laissant la diplomatie à ses mensongères promes:;es lni ont tourné le dos pour venir à nous, à nous qui sommes le droit et la vérité, à nous qui sommes la justice et l'avenir, à nous la Démocratie de tous les pays, les proscrits de toutes les nations. Tandis que les gouvernements promettaient aux Polonais un meilleur sort pour l'avenir, se proposant comme toujours de faus8er leur:1 p, omesses, le peuple polonais a compris que c'était à lui-même à assuro:r son sort, s'unissant de cœur, d'âme et de bras à la Démocratie militante européenne, Il a compris que ce but ne pouvait êta assuré autrement que par la solida1ité. Nous avions eu toujours da11s les Polonais des amis, depuis le commencement de la guerre nous avons en eux des alliés. L'année dernière, à pareil jour, je me trouvais à Loudres à {,'ter l'anniversaire de la Révolution polonaise; alorR, comme ici aujourd'hui, tontes les nationalités étaient représentées ; aujuurd' huî comme à Londres, on célèbre cette fête de la überté, Et ce ne sont plus seulement les proscrits de toutes les nations, ce ne sont plus des ind1viclualités généreuses qui viennent faire acte de sympathie à la cause de la liberté, les députatious des villes d'Angleterre y concourent; le peuple anglais, 1 ui-rn4me, prend uue part active à cette démonstration. C'est que l'idée marche. Malheureusemeut les faits ne la suivent pas encore assez. Ce qu'on disait l'année dernière, on doit encore Je dire aejoord'hui. Nos p11roles qui ont été répétées par tous les écrh·ains, par tous les orateurs du progrès, depuis ée.temp8, out été deHprophétit:s; mais comme pre~que toutes les 1,rophéties, elles ont été d'abord méconnues. Nous avion, déclaré cettc guerre inpuissante; Nous avions dit à l'Angleterre de se défier de son allié parjure, de son allié qui o~ait tendre à. la libre Angleterre une main rouge encore du saug de Décembre. Nous avertissions les peuples de n'avoir aucu11e confiance dans les promesses qui leur étaient faites par cette alliance monstrueust Voilà ce que nous disions, nous le répétons aujourd'hui, mais avec nous, c'est aussi l'expérience qui le dit. Quels ont é é les r~suhats de cette guerre! Une flotte, la p:us granàe peut-être dor,t puisse parler l'histoire, n'a fait au Nord, que sonder la Baltique ....... , j'oubliai~ Bomarsund l Au Sud, deux tlottes et deux armées; qu'ont-elles fait? Si je lis les journaux, je n'y vois que des pertes, et Louis-Napoléon, luimême, disait récemment qu'il fallait envoyer des forces au .général Canrobert pour qu'il puisse reprendre l'ini.tiative. L'initiative I une armée as1Mgeante si considérnble que celle qui est à Sébastopol ! Est-elle donc sur la défensive? Craindraitelle d'être à la merci de la garnison, ou serait-elle assiégée à son tour? Vous n'a,•ez qu'à lire le Tim1• pour en être convaincus, et \'oiià les résultats des guerres des rois! Tournons maintenant nos yeux Yen les régions oli se joue à rette heure un drame des plus sanglants. L'Occident e,t aux prises avee le Czar, ce pil'er de la tyrnnn·e fuoucbe. La question ~ricnt:.ilé, ~nvisa~e sous quclqne _point de vue ~ue ce so\ porte , . L'Angleterre, qu'a-t-elle gagné à sa confiance dans ce crimeempereur, son a1lié? en suivant les relations de la campagne, je •ois, clèdle commencement, les Français par(aitement casernés, penda11t que les Anglais étaient au bivouac; les premier!! pour- \'US même du supeTfl.u, qual\d le 1uleessaire fitleait dbl'aut aux • autres. Cea pauvres soldats nnglais durent s'appercevoir a,lor.;<le ia frA.ternité du M11réchaldu Deux-Décembre ! EL après, quand 011 s'est trou~é en pré~ence de l'ennemi, est-ce que les choses se &ontpan1'es différemment? Pourquoi donc les positions des Anglais sont-elles toujours les premières attaquées? Pourquoi est-ce sur leurs batteries que tombent les sortie~, et sur leurs retranchements les troupe~ russes qui b<1.ttentla campagne? Ne dirait-on pas que les deux em1>ereur~s'entendent entr'eux et tiennent à se faire courtoiai,? Trois généraux anglais mort~, cinq blessés, des milliers d'offi. ciers et de soldatY hors cle combat; et les Français donc! 011 dit que le général Canrobert est blessé, et le prince Napoléon, après s'être lai~sé enclouer ses batteries, est parti pour Constantinople, parce qu'après la bataille, il ~ouffrait ...... (pas~cz-moi le mot) d'une dyssenterie. Les peuples ont dû YOirquel compte ils pouvaie11t faire de~ promesses qu'on leur prodiguait. Car, il ne faut pas l'oublier: on a commencé cette guerre en disaut qu'on entrait en campagne dans l'intérét dn droit et de la. liberté, pour défendre les nationalités men,tcées pa~ la Rus:;ic, Eh bien, Citoyens, est-ce que le droit a é.é mieux respect~ depuis, quelque part? Est-ce que la liberté a été moins foulée aux piedil, moins étouffée dans le sang, en Italie, en Hongrie, en France, partout? On a recherché l'alli,rnce de l'Autriche, la négation la plus complète de toute nationalité, l'ennemie la pins achnrnée de toute liberté; et tandia qu'on promettait de rétablir la Pologue, on tendait la main à la Prusse, une des puissances qui s'enrichissent de ses dépouilles. Vuilà comment nos prophéties se sont vérifiées. Seront-el!Ps mieux écou1écs aujourd'hn~? On nous accusait alors de parler dans un intérêt iadividuel, on doit reconnaître à présent que noua parlions dans celui de la véri1é et et de l'humanité. L'Angleterre se persuadera-t-elle qu'étant la seule qui représente en Europe quelque liberté, elle ne peut trouver aillears que daus la liberté u11ealliance sflre et efficace et qu'elle sera tou. jours haïe par le;; autres gouvernements, à moins qu'el!e ne des• cendej:1sq11'à les imiter? Le peuple à ce qu'il semble en est déjà persuadé. La sympathie qu'il montre à toutes les nationalités opprimées le prouve assez, e~ nous en avons un éclatant témoignage dans la démarche qu'on fait pour 13arbès. Pendant que Louis Bonaparte est appelé pour être fêté aux châteaux de la Cour, aux palais de l'aristocratie, c'est dans ]C'~ rues que le peuple fêtera le proscrit; le monde officiel applaudira peut-être au crime, mais le peuple assurément saluera la vertu. Barbès, c'est le représentant du progrès, c'est la victime de la réaction, c'est le prisonnier de toute• les monarchies; c'est la loyauté que le peuple anglais veut opposer au parjure couronné. Le Parlement va se réunir bientôt et je ~uis prêt à parier qne cet enthousiasme pour l'alliance qui éclatait dans ses dernières séances ne se retrouvera pas ; les législateurs d'Angleterre ne peuvent pas manquer de réfléchir à ceci que, pencant que leur puissar.ce s'u~e en Oric•nt, le camp de Boulogne eijt bieu pri:, d'eux, et que leur allié est un tralcre. Et le cabinet que fcra-t-il? la majorité Je;i hommes qui le com, posent ne saurait à coup sftr ;nspirer confiance. Peut-êtr, enfermés da.us leura palais il~ méprbt:ront ce qui se dit sur la place; qu'ils prennent garde pourtant ; quand les grands de la terre ne veulent pas descendre jusqu'au peuplP., il arrive quel. quefois que le peuple monte jusqu'à eux et se met à leur place: l'aristocratie anglaise sait bien cela; on se moquait des réclamations nasi!lardes des tétes ronde,, on méprisait leurs simples cou• turnes, et, peu de mois aprè~, elles siégeaient seule~ au Parlement et les brillants Cavaliers étaient à la Tour. Je qe crois pas qu'on veui,le une fois encore tomb.:r dans la même faute, Et si ou peut espérer de la part de l'Angleterre comment douterait-on des peuples? Les peuples qui ne se sont pas lai,;sé prenJre à ces promesses dont j'ai pari,, qui $e wnt toujours avec nous défiés de cette alliance, ~'ils ontjusqu'ici retardé leur action, ne la retarderont pas encore longtemp~; je le crois. On leur a dit: l'Empire c'est la paix! rnilà la paix que l'empir11 donne- la guerre avec toutes seJ horreurs, l'esclavage avec toute!! ses injustices, la misère anc toutes ses douleurs. La seule garantie de l:i. paix, c'e.;t l:1 Hévolution. Car ce n'est qu'aprt>I avoir assuré le triomphe de la Révolutio1t qu'on pei..t en finir pour jamais avec la guerre, avec l'échafaud, avec la misère; c'est à elle à garantir tou~ le~ droits et tous 1~~· in1érêts; c'est à la République universelle, démocratique et sociale d'en finir avec l'aritagouisme, en se débarrassant de tous le, maitres, qu'ils soient sur le trône, à l'autel ou à la BourRe. li e~t des gens qui prétendent que le Chauvinisme empêcherait la France de faire une Hévolution, tant que la guerre durera; j'honore tn•p un pays <lans lequel je compte t,int de frère:i en ~ouf. france et tant d'amis ,le eœur, pour admettre un iustant ce11e accusation; mais j'ajoute, s'il y a encore en France des Chauvin~. ils doivent être au~~i Républicains. C'est b drapeau de la Hépubliquc qui flottait à LoJi, à Ma, reugo, aux Pyramides, et l'Empire '{ui parle si souveut d'Ans terlit.i: et d'léna, ne devrait pa:1 oublier Moscou et \Vaterloo. Ce fut la Hépublique q11ipurge11.le so\. sacré de la patrie des armées de l' Eurrpe liguées contre elle; ce fut l'Empire qui laissa ces mêmes armées bivouaqller deux fois dans Paris. • Et toi, mon Itali<', ma mè:c chérie, toi à laquelle sont particulièremet,t adressés les soupirs de mon i'tme, souffriras-tu lonir• temps e11coreta honte et ton servage ? Si malgré la double haie de douaniers et dl:lgendarmes qne tes maitres t'ont faite, ma voix peut arriver jusqu'à toi, si tu peux m'eutendre à travers la robe d'un j~suite et sous l'escopette d'un sbire, écoute la voix d'un de tes enfants ! Il y a quelques mois, tout le monde se disait qu'une révolu, tion allait éclater dans ton sein: les journaux de ia réaction euxmême::; aôsuraient que tu étais décidée à secouer le joug ; à ces nouvelles, mon cœur bondissait de joie, je me sentais entraîné vers toi, espérant pouvoir, l'un des premiers, offrir ma vie pour ta cause. Cet espoir a été déçu. Voudra-t-on t'accuser de lâchetr 1 N ou, personne n'osera appeler lâche le peuple qu'on a vu~ l'œuv, e en 1848, ~9 et 53 à Milan, à Palerme, à Brescia, à Gênes, à Venise, à Home. Non, tu n'as pas à te reprocher une lacheté, mais peut-être tu sentiras un remord~; car toutes les fois qu'un peuple peut lever l'êtendard de la Révolution et qu'il ue le lèTe pas, il manque non rnulement à ses deToirs envers lui-mêml', mais encore à ceux de la solidarité envers les autres, Je le sais, ô ma patrie! tu craignais que ce même devoir ne fôt pas compris par les autres peuples, tu craignais de rester seule sur la brèche ; il n'en eût pas été ainsi ; cette solidarité qui a toujours été un droit et un devoir est aujourd'hui reconnue par tous, comme un intérêt et comme un besoin. Banniij donc toute hésitation, lève-toi avec cette énergie dont tu as donné tant de preuv11s: sois encore une foi~ l'Italie de Legnago, l'Italie de Balilla, de Procida, de Muaniello, d' Arnaldo, de Cola di Rienzo. Lève-toi, è.ébarrasse-toi de tous tes ennemis, et sois en sûre, les nations, tes sœurs eu souffrances, suivront ton exemple ! Et en te IPvant, pousse ce cri qui fait trembler lts monarqu,s, sous leur pourpre, et frémir les magistrat!!. sous leur toge, ,ce tri 41ui est Us<;>z pui&s,uit pour faire pâlir ln traîneur, cl.e

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