-SCIENCE.- -~O LID.A.RITÉ.- JOURNALDELADEMOCRATIEUNIVERSELLE. MBRE 18 4 (Jersey\, 19, Dorset Street.-Les manuscrits déposés ne seront I ANOJ,CTER_~~ET CoLONtEI!: Ne 53. - 11'!ERCREDI, 29 NOVE 5 • pas rendus. - ÜN s'ABONNE: A Jersey, 19, Dorset Street. A U_n an,_8 sh:,lmgs,r.ou 10 francs. Londres, chez M. STANISLAS,28, Greek-street, Soho Square.-A Six _mois'.4 sh. ou iJ :r· Ce Jo111•11al 11au•ait une f'ol8 1aa.1• 8e■na.ine. Genève (Suisse),' chez :.1. Corsat, libraire, rue Guillaume-Teli- -:-1 Trois mois, 2 sh. ou~ fr. 5 0 c. POUR L'~TltANOER: Un an, 12 fr. 50. Six mois, 6 fr. 25. Trois mois, 3 fr. 50 c. Toutes lettres et correspondances doivent être affranchies. et Belgique, chez tous les libraires. - Â !tfadrid, chez Casnmr CHAQUENUMERO: dressées au bureau de I' Imprimerie Universelle à St-Hélier Monnier, libraire. 8 pence ou (l aous. 'l'ouii le!il abou11en1ene ue paient d'a'l'ance. AVIS AUX ABONNÉS Nous prévenons les personne_s qµi se so?t abo_nnées au journal l'Homme, soit pour trois mois, soit pour six mois, soit pour un an, et qui n'ont pas encore ,ersé le montant de léur abonne~ent jusqu'au 1er Décembre 185.t, qu'elle-s so11t mstamment priées de S'ACQUITTER SANS RETARD entre les mains de M. Stanislas TCHORZWSKI, Q8, Greek-stn- et, Soho Square, London, ou bieu de l'envoyer directement à l'administration du journal, à Saint-Hélier (Île de Jersey), 19, Dorset Street. Da11sce dernie-r cas, il suffira d'adresser soit un mandat sur la poste, ou en starnps, au nom de M. Zeno SwJETOSLAWSKI. Les souscri pte11rs au journal !' Homme sont avertis que la SECONDE ANNEE du journal commencera le Ier Décembre 1854; partant, l'Admi11istration prie les personnes qui désireraient renouveler leur abonnement, d'en envoyer immédiatement le prix d'avance à l'adresse indiquée, AFIN D'ÉVITEH. rrourr RETARD dans l'envoi du journal pour le_no_uveau terme. - . Les c,,onditions ci-dessus sont 111d1spt11sahleset dotve-nt etrn remplie", - autrement les Abonnés s'exposeraient à -la cessation de l'envoi du jourrrnl. L'EMPEREUR .FRANCOIS cm JO EPH. 5 I. Cf dernier rejeton des Hapsbourg- était à peine entré dans la puissance qu'il prenait chaque jour son bain de sa11g comme un vieux r lÎ: . r ils de Fra11çoi-.-Charles et de Sophie de Bavière, espèce de \lessali11e hlo1,de qni daigna protéger le g·énéral Vasa, le nouvc>I.e:nperenr ~?nta au trône r'.i cette même date fat1<l1que et sm1stre de Dét;embre l848, date qui donna la Présidence à Louis-Napoléon. Il avait, alors, à peinA dix-huit ans, et ·Jesâmes simples e.;péraie11t qu'à rnnt de j<•trnessé il se ~~ lerait un peu de cette l'aiblesse charmante , qui signala les premiers jours ~e Néron. Mais .les _Hapsbouro-naissent grands-maitres en tyrannie : ils suceut, 0 comme premier lait, le sang· des peuples, et la mère de cet impérial louveteau n'était pas femme à laisser se développer en lui les instincts cléments et les grâces uaïves, qui sont la fleur et comme le parfum de la première vie. Une année s'était à peine écoulée depuis son avé11ement, quP déjà la Hongrie, couvert~ d'échafands, voyait se balancer, au vent de-s gibets, sa 'Vaillante g·énération de guerre. Ses fils les plus illustres et les meilleurs, hommes d'Etat, savants ou capitaines, étaient jetés tour à tour au bourreau. Ses femmes elles-mêmes avaient à subir la publique infamie, le supplice hideux des verges autrichiennes, et les généraux du jeune empereur présidaient, comme en des académies, à ces exécutions monstrueuses. C'étaient là les premiers tournois de l'empereurchevalier, du jeune François-Joseph. Après la Hongrie, l'Italie; et, nous devons même dire, pour 11e lui point faire dommage, qu'il sut mener de front les boucheries et les supplice-s daus les <leux patries, aussi féror.e à Pesth ou sur la place d' Arad qu'implacable à Milan. Avant de mitrailler les Parisiens, d'ensanglanter jusqu'aux derniers villagc>s de France, d'organiser ses prétoires d'assassins et de lancer ses pontons à travers les mers, Louis Bonaparte avait 1'écu, longtemps vécu dt,S mépris de l'Europe : rexil lui avait volé trente ans de tyraunie, et -cette haine altérée, repliée sur elle-même, avait accumulé dans la nuit et l'isolement les désirs farouches, les projets si11istres, les rêves-vengeurs : il était en retard de deux ou trois gé11érations avec la Révolution Française et la liborté: aussi quand il put déborder, ce fut une véritable invasion -~es crimes et l'homme donnant toute sa mamere prouvd qu'il était com~let dans la ty;anni~. Mais comme.nt ce Jeune César d Autriche, à peine éclos à la vie sérieuse et_que 11'avaif>ntpo~nt flétri les julousies amère,, a-t-il pu, dès le premier jour, avoir ainsi l'irnpa.,sibilité des grands tueurs d'hommes et la solidité des vieux tyrans! Ceci èst, à la fois, un privilége de race e-t le secret des éducations autrichie1111es. Dès le berceau, les petits Hapsbourg voient rouge : leur sang s'irrite, s'échauffe comme les poisons : ils so11t presque tons atteints de J'épilepsio vertigineuse, et leurs premières caresses ont de l'écume. V oyez ce dernier : il est grand, dans toute la force de la première jeunesse; il n'a jamais souffert des tristes maladies du pc:1uvre-,la soif, la faim, le froid ; il ne sait point ce qu'il y a de_larmes dans le travail, de craintes dans le salaire des concurrences , et les repas <le ses chiens seraient des ag-apes p•rnr ses paysans. Eh bien, il a la jeune-sse terne, froide, suns élan, sans sourire, comme les n.ichitiquvs. Son front s'efface et fuit, comme -s'il avait penr de la pensée, et le ~ang est si corrompu, si rare dans ses veines appauvries, que l'œil est mort et la lèvre toujours pendaute. fat Lèvrependante, voilà les Hapsbourg ! Ce vice orio-inel, qui est un des caractères du crétinisme, n'~st pas nouveau dans la famille humaine:"' mais il frappe, surtout, les races qui ne se renouvèlent pas et qui vivent fermées, comme la maison d'Autriche. Malheureusement , lorsqu'à ce crétinisme de naturf est jointe la puissance souveraine, il en résulte fatalement des maladies terribles, des ivresses sauvao-e3, des peurs féroces. On a des monstres- 0 • Il 1 • r1~·b' à C ' t eufa11ts 9111 rapp ent e vieux 1 ere • apree, e l~s verticres du Césarisme, dans ces natures épuisées, sot~t plus redoutables que chez les bandits les mie•1x faits au meurtre. Ainsi en est-il de François-Joseph. L'éducation isolée, privilégiée, de haute bêtise_ et de haute cérémonie que l'on donne partout aux princes, surtout en Allemagne, est encore nn ~Oyen puissant de corruptiou, auquel ne saurawnt échapper à lu longue, les facultés les plus riches et les plus ouvertes ellPs-mêmes. Ces enfanb sont de petits Dieux qu'encensent les. Muses ;t les _no~rrices; ils 11e savent de la vie que I orgueil: ils n'appren11ent que le commandement, e~ bientôt en eux s'dfë.1cele grand caractère humain, qui ue s'éve-ille jamais que par la sympathie. . . En Autriche, pays de chambellans, de vieille étiquette et de jésuites, on excelle à former ces affreux petits monstres, qui deviennent P,lu_st~ird le fléau des nations et les scandale-s de I h1sto1re. Aussi François-Jose ph est-il un mod~le e~1 ce genre. Il a eu le sang des Hap.sbburg, l enseignement des prêtres et les conseils de sa mère. . C'est un vrai César pour les annales du cr!me, voyez l'Italie et ses potences, voyez la Hongrie et ses tombes! II. C'est à ce prince fils des poisons, à ce nourrisson des haines. qne les Puissances Occidentales, Angleterre et France-, vienne?t d~ confie~ les provincPs du Danube... C est a cet elève des Jésuites, pupilte de Nicolas, et son frère en auto: cratie, qu'elles ont donné le champ de g·uerre o_u les rrurcs ont à peine le droit de camper; et tandis qu'elles éo-arent au loin leu~·s flottes et Jeurs armées, ell~s laissent, là, sur la grande route <le Constantinople, un camp immense qui se retranche, se fortifie-, s'étend chaque jour, sans qu'un e1wagement sérieux ait été pris, sans qu'un sf'ul acte <le o-uerr~ ait marqué la solidarité de l'Auo l' • ' triche, contre ennemi commun . François-Joseph, sans tirer l'épée du fourreau, a conquis son gage et maintenant il intrigue, il .discute, il parlemente; il use le temps en conférences et protocoles; il envoie des notes à la Prusse, à la ConfédP.ration Ge1:manique, aux Petits Duchés, aux villes Libres; ù la France, à l'Angleterre, à tout le monde. Il fait la confo. sion des langues et la guerre des courricn-s. Excellente manœuvre pour donner le temps ù la victoire de décider et à François-Joseph d'ag'ir ! Atte11dre le jour et la parole de la fortune, v•oilà le secret, tout le secret de ces tergiversations savantes, de ces scrupules raffinés, de ces comédies sans issue ni fin, qui renaissent chaque jour d'ellesmênws, comme les querelles d'Homère, et qui sont le calcul, l'espérance, toute la politique de l'Autriche. Elle est passée maitresse en ces tactiques de diplomatie, cette vieille puissance que dirigea si long·temps l'esprit de Metternich, et la Chancel• lerie de Vienne est, à bon droit, renomméP- pour son génie supérieur dans l'intrigue, et pour J'habi .. leté de ses perfidies. Aussi bien les Puissances de l'Occident lui ont fait la partie si belle que dix batailles _heureuses ne lui auraient pas donné ce qu'elle ·occupe avec et de I3ar leur const>ntément. Qu'est-ce en iffot que le cours du Danube'! C'était son rêve hér.éditaire. Et que lui sont les Principautés? Une excellente position stratégique, la meilleure qu'il y ait dans cette guerre, et l'Autriche, pour en arriver là, n'a compromis ni un florin ni un homme! Le bénéfice de la campagne est tout entier dans ses mains~ les autres n'ont eu que les coups, et l'Autriche reste maîtresse de sa décision pour la dernière heure. : impénétrable comme le Sphinx, elle flaire les vents ! Nous concevons très bien que le gouvernement français, qui n'a que les habiletés courtes du men~ songe et du guet-apens, se soit laissé duper par l'astucieuse et très habile Chancellerie de Vienne. 0 , ' ' ' l'H n a caresse ses geueranx, encense ommeProvidence, adulé, fêté, salué du titre d'Excel• lences ses diplomates-écoliers, et tout ce monde-là s'est cru de la grande cour. Mais comment la politique anglaise si froide. si pénétrante, si expérimentée, s'est-elle ainsi laissé jouer comme une rosière, com~e une Ag~ès d_c vaudeville ? Ah ! le fils de f.orct.Chatam n aurait pas commis de ces naïvetés; il est vrai qu'il n'aurait pas non plus compris l 1 es all~ances Bon~~artistes. rroujours est-il que I Au_tnche ne,~e decidera pas. n'a"'ira pas contre la Russie, et, qu 11 est trop tard po:r l'y fort;et· maintenant, à moins qu'on ne réveille les Révolutions. Tendre.la main à l'Italie, à la Hongrie, à la Polog·ne, jeter des armes sur ces trois tombes qui s'ouvâraient d'elles-mêmes, battre le grand rappel de:. o-uerres saintes et laisser les peuples travuiller libre~nent à leur destinée, sans leur charrier ni princes, ni ducs, ni gouvernements, ce serait là., nous le croyons, quoi qu'il soit bien tard, une politiq ue de salut pour l'Angleterre; mais l'Angleterre ne le fera pas ; son oligarchie crniut trop les Révolutions et elle est rivée à l'alliance du crime! Dans le secret de ses vengeances, Bonaparte~ son compagnon de guerre, l'entraînera jus4u'aux crises suprêmes : voilà le plan ; et c'est alors que, ne pouvant plus compter sur les peuples qu'e_lle a livrés ou trahis, seule au monde avec ses m~ndrnnts et ses Lords, l' Ano-leterre apprendra ce que valent lf's trois empereur~ <·eluide Paris, celui de Saint:.. Pétersbourg et celui de Vienne! Charles R1 BRYR0LLES. DERNIERES NOUVELLES. Le Parlement anglais est convoqué pour le 12 Décembre • le ministère se décide à une session d'hiver. _:.. En Espagne, Espartero et son ministère -ent ùonn~ lèur Mmission.
CORRESPONDANCPEARISIENNE. 25 Novembre 185-L Il y a dans le pays une 'anxiété profoucle, et Paris, le grand distrait, Paris lui-même est fort triste. _ Des dépêches de plus en plus rares et toujours muti- . lées, des fils électriques qui se rompent, entre deux batailles, des hâbleries de Journaux condamnés à la fanfare éternelle et rien de précis, rien d'exact, ni de sérieux sur k grand intérêt de la guerre qui tient tous les esprits en alarme. A chaque nouveau bulletin .... de victoire, les familles tremblent, car elles sont terribles ces victoires de la Crimée, et le Moniteur ne donne jamais ni le compte ni les noms des morts ; c'est à peine s'il daigne mentionner l€s officiers d'état-major et les hautes graines <lu commandement. Petits officiers, sous-officiers et soldats, tous restent enfouis sous les trophées, et le tas est toujours anonyme. ] 1 n'en est pas de même, tant s'en faut, quand il s'agit des altesses. Que le fils de 1\f. Jérôme Bonaparte qui est là bas pour l'honneur du nom, s'échauffe ou s'enfièvre, tontes les gazettes <lu Deux-Décembre chantent sa fermeté ... auguste fermeté qui est presque toujours sur le chemin de Constantinople! 'foujours est-il que les familles qui ont des soltlats en Orient sont très irritées, surtout dans les campagnes, et il y a tels villages du Midi, où l'on demande tout haut, en plein marché, que le gouvernement ouvre et donne ses comptes ... an moi us pour les funérailles. T~ut marche, ici, dans l'ordre accoutumé. Les espions officiels ou masqués surveil!ent, les sergents de ville et le~ gendarmes empoignent, les prêtres chantent et mentent, les magistrats jugent, les banquiers volent, tous les pouvoirs sont à la fonction et l'on ne vit jamais, <lisent l€s bourgeois de la digestion, un ordre plus profond dans les rues. Eh bien, allez au fond de cet ordre extérieur, officiel, • apparent : ouvrez les registres des tribunaux et faites les comptes, depuis la contravention jusqn'au crime, vous serez effrayé des contingents depuis Décembre. Jam ais la moralité générale n'avait été plus bas: tout est en J)rogression presque géométrique au pénal comme au correctionnel, et deux au nées d'une Révolution comme 48 ne donneraient pas à beaucoup près, en vols, en assassinats, en crim s de diverses espèces, la somme d'une année décembriste. Or tandis que d'une part, sous -J'influence générale d'un gouvernement de guet-apens, l'honneur public s'altère.et tombe, d'une autre les caractères s'affaiblissent, et les sinistres vont de pair avec les crimes. Ainsi l'on ne \"Ït jamais tant de suicides qu·aujourd'hui, Mus cette a,lministration-moclèle: ceux qui ne vont pas au mal, cherchent le néant, tant il est doux de vivre en pleine ère impériaJe ! • Lord Pa:mcrstou a ses grandes et petites entrées aux Tuileries, mais c'est presque toujours en comité privé que Bonaparte et lui tiennent conféren_c:e. lei, comme vous s;nrez, les ministres font tapisserie: cc sont les laquais dt l'anti-chambre. Lord Palmerston voudrait-il, comme on le dit assez gélléralement dans les salons politiques, proposer et faire accepter une entente plus cordiale c11tre les deux puissances, un concours plus actif et des forces de gncrre plus considérables? Son gouvernement l'aurait-il chargé de négocier pour nvoir le sang de 1a France, moyennant argent-comptant? Tant de régiments pour tant de millio:n~, et, an besoin, quelques avances qui ne vientlraicut pas mal, car Décembre est bien près de h banqueroute! Cette version peut être la. naie, mais cl 'autres prétendent qu'il s'agirait de régler à l'amiable et d'arréter en faro ille le compte des prises et les parts proportionnelles, si l'on fait la guerre à la Prusse au printemps prochai u. Bonaparte, affirment les polittques, ;1 directement écrit au Gouvernement àuglais, peur le mettre en demeure sur la question des Puissances allema11des, èt c'est pour cela que Palmerston, qui est le Pitt de la croisade c:ontre le 1111sse,aurait entrepris son voyage. Dans cette donnée, nous serions à la veille cles grands éboulements de Peuples et de Révolutions, et, ce qui nous fait croire quïl y a quelque chose de fondé dans ces graYcs rumeurs, c'est la parole de Bonapar'te lui-même. N'a-t-il pas dit: L'Empire c'est la paix - comme H avait dit précé<lemment: Je prNe serment <l.'inaltérable fidélité à la République une et indivisible et je jure de la àffendre. Prenez toujours la contradiction avec cet homme, et Yous serez dans le vrai. M. Baroche, qui est la pr6tention même, et l'illustre Trcplong, et le magn{fique Rouher, y compris le hautdigni'taire et petit-cœur Fortoul, toute la pléïade de Décembre a fait acc11eil et fête au Lord-Conseilicr et .Mi11istre; mai~ ce personnage, qui a 1<1regard froid et pénétrant, a deviné rapinemei1t cc qu'il y avait sous ces livrées, il n'a pas dit un mot en dehors des secrètes conférence~, et le salon Baroche prétend qu'il n'y a phis de Buckingham en Angleterre. Les bonnes traditions se perdent, s'est écrié :M:adame la Présidente : ce Palmerston n'a pas même de jarretièrl's. - 011, Mul1me, que nous eu avons connn de votre mo11de, qui 1,a,·uie!lt pas de La~,, voiià six aa-s..... . XXX. L'1lOMME. LA. FRANCE ET LA RÉVOLUTION. LA Rk:VOLUT)ON' DE Ff:VR!El~ 184S. Me voici arrivé à la Révolution de 184-8. Je suivrai la même méthode que précédemment. Je rechercherai d'une part, ce que cette révolution .avait à faire tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, et d'autre part ce qu'elle a fait. De la comparaison du but, et du devoir à l'acte, ressortira nécessairement le sens philosophique des événement~. Commençons par l'intérieur ; et, dans cet ordre de faits, par la question politique. Quelle était, sous le rapport poEtiqnc, l'œuvre qu'avait à accomplir la Révolution de 1848? Devait-elle conserver la monarchie? Devait-cllt! inaugurer la République? La momrchie nationale et constitutionnelle venait de tomber sous l'insurrection triomphante. La monarchie du droit divin avait été chassée en 1830. Le Bonapartisme n'existait qu'à l'état de souvenir et de sentiment, encore confus et indistincts. Evidemment, aucune monarchie n'était possible en France. Et la Régence? On dit, surtout en Angleterre : la duchesse rl'Orléa11s était populaire; ses sympathies pour les idée~ libérales n'étaient pas douteuses; et on en conclut qu'il nous eCltmieux valu, dans l'intérêt du progrès comme de l'ordre, tomber en Régence, qu'en R~pnblique, parce q11'ainsi nous eussions évité la Grise hÔrrible par laquelle nous passons en ce moment. Je comprends et je m'explique très bien cette m:rnière de Yoir. Contents de leur gouvernement qui sait être intelligent et sagement novateur, jouissant d'ailleurs des biens les plus essentiels de la société civile, - la liberté individuelle, !a sécurité des personnes, l'inviolabilité des propriétés et la liberté de la presse, - les Anglais aiment la monarchie constitutionnelle et, nuturellement, ils envisagent les affaires cfes peuples étrangers avee, les sentiments qui les animent. 1\Iais ce point de vue est, par rapport à nous, faux et trompeur. Il n'en était point chez nous, en 1848, de la famille d'Orléans, ce qu'il en est chez les Anglais de la famille de Bnù1swick. A cette ~poque, la farnill.e d'Orléans se trouvait en opposition aYec le sentiment du pays : j'en ai dit prccédcmment les causes; et, bien qu'o:1 étaqlît des difl'é'rences et <les distinctions entre les membres qui la composaient, néanmoins l'impopularité dont elle était l'objet en général, rejaillissait sur chacun de ses membres en particulier. Selon moi donc, la Régence était aussi impossible en France, à la Révolution ùe Février, que les autres espèces de monarchie. Du reste, il y a de cela une raison beaucoup plus .profonde l[Ue celles qne je viens tl'cxam.in,:r. Qu'est-ce qu'avait été la monarchie de Juillet? Un système de transaction reposant sur le dogme de la souveraineté du peuple. Or, <ln moment que ce système de transaction toI11hait, il devenait inévitable que le dogme de la souveraineté du pet:ple reprit tout son empire, produisît toutes ses conséqncnccs, et finalement aboutit à la République, qui en est l'expression suprême et complète. La Ré11ublique n'a donc pas été imposée à la France, ainsi que l'ont prétendu perfidement les réactionnaires, mais elle est sortie de la nécessité même des circonstances. Ainsi, le gouvernement légitime, à la Révolution de Février 1843, en vertu de la logique de l'histoire et de la force des choses, et à fonder dès lors, c'était bien le gouvernement républicain. J\Iais quelle espèce <le gouvernement fallait-il constitncr? La République n'est pas un gouvernement nouveau, elle a existé dans le passé, elle existe <lans le préscllt; et, à toutes les époques, elle s'est manifestée sous des formes diverses : ici elle a /:té oligarchique, là aristocratique, aillcur., démocratique. Parmi ces formes, laquelle convenait à la Franc,e ? Rvidemment la Démocratique, puisque toute aristocratie et tous privilégcs y aya~t été abattus, il ne s'y trouve qne des citoyens égaux en droit, qui ne se distinguent les uns des autres que par la fortune, la vertu ou le talent. I)onc République d'abord, puis République Démocrati•1ue, c'était le gouvernement nécessaire en France à la Révolution de Février. Mais ce n'est pas. tout. Comment fallait-il organissr cette Républi,p1e? L'inô.iviclu absorbé par le corps social, tel était le caractè::-e des républiques dans l'antiq,1ité. Mœurs, lois, institutions, tout tendait à ce but. Dans ces gouvPrnements, on ne possédait eu réalité 11i droits ni garanties : on n'était qu'un instrument au service de la communauté. Plus l'absorption de l'individu par la collectiv1t6 était intime, plus l'Etat était fort et puissant : car, alors, une passion unique faisait battre les cœurs et dirigeait les volontés : l'amour de la patrie. A cette passion les anciens donnèrent le nom sublime de vertu, vertu admirable en effet, puisque c'est par elle qu'ils accomplirent ces grandes choses qui étonnent nos petites âmes ! et Sparte ne fut la plus grande <les Répub1iques de la Grèce, q11e parcê que ce systt!me social y fnt lP. plus complètement et 1~mieux réalise. Cela n\t }Joint éch ppé à l'esprit si judicieusement observateur de Montesc1uieu. , I1 :,\:xprime ainsi à cet égard : "Lye11r,r;1.ce mêlant le lartin a,,ec l'esprit de justice, le plus d.ur e~·c:lav.ige .tYec / l'extrême liberté, les sentiments les plus atroces avec la plus grande modération, donna de la stabi1ité à sa ville. Il scmbLL lui ôter toutes les ressources, les arts, le commerce, l'argent, les murailles : on y a de l'ambition dans l'espérance d'être mieux: on y a les sentiments naturels; et un n'y est ni enfant, ni mari, ni père ; la pudeur même est ôtée à la chasteté. C'est par ces chemins que Sparte est menée à la gran<lenr et à la gloire ; mais avec une telle infailiibilité de ses institutions qu'on n'obtenait rie11 contre elle en gagnant des batailles, si on ne parvenait à lui ôter sa police."(Esprit des Lois, liv. IV, Ch. V,) La pensée suivant laquelle la République avait été organisée dans l'antiquité est celle qui a inspiré les philosophes et les publicistes du XVII le siècle .. Il s'agissait pour eux, comnie pour les anciens, de construire un mécanisme social où chaque individu ne fût qu'un engrenage. J.-J. Rousseau lui-même, malgré tout son génie, n'a pas entendu autrement le régime républicain. "Trouver nne forme d'association qui défende et protége de toute la force commune la personne et les biens de chaque associé, e1 par laquelle chacun, s'unissant à tous, n'obéisse pourtant qn'à lui même, et reste aussi libte qu'auparavant." Voilà en quels termes J.-J. Rousseau se pose le pro blême de l'organisation sociale, de la Démocratie; et voici comment il y répond : " Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté gtnérale ; et nous recevons encore chaque membre comme partie indivisible du tout." ( Contrat Sociol, liv. I, Chap VII, passim·.) Ainsi, pour J.-J Rousseau comme pour l'antiquité, la République n'était pas autre chose que le sacrifice absolu et complet de l'individu au profit de la collectivité. Est-ce d'après ces idées et ce plan que l'on devait édifier la République de 1848 ? Je ne le pen~e p s. Je crois qu'il me .sera facile <le'démontrer en peu de mots que J.-J. Roussea11, et avec lui les philosophes et les publicistes du XVIIIe siècle se sont tro pés dans cette matière sur le caractère de la civilisation moderne st sur ses conditions essentielles; et que, dès lors, pour l'accomplissement de l'œuvre considérable r'lont nous parlons, il fallait obéir à d'autres idées, suivre un autre plan. La civilisation de l'antiquité reposait sur deux principes : le principe de l'inégalité de nature entre les hommes et celui <le la fatalité. D'où la division de l'humanité en races supérieures et eu rat.:es inférieures, d'où le régime des castes et l'esclavage, d'où le vœ victis et ces guerres effroyables qui avaient pour objet la destruction ou l'asservissement de nations entières,· d'où enfin la croyance au Destin. ou à la toute puissauce des Dieux sur l'intention, la volonté et la conduite <les hommes. Deux principes absolument contraires forment la base de la civilisation moderne : le principe df: l'égalité de nature entre les hommes et celui de liberté. L'action du premier dans le monde a fait tomber et disparaitre les servitucles du passé ; l'action du second a relevé l'homme de sa <léché nce morale, et lui a donné pleine conscience de soi et sa destinée. S'il en est ainsi, la solution du problème politique ne doit pas être la même dans.. l'ère moderne que dans l'an-: tiquité. On comprend que l'antiquit6 ait sacrifié l'individu à la communauté : c'était là une organisation sociale conforme aux principes qui la gouvernaient. :M:ais faire la même chose aujourd'hui, ce serait précisément se mettre en contradiction avec les principes qui vivifient et mènent la civilisation moderne ! Maintenant que l'homme se proclame libre, responsable de sa destinée, il a droit à toutes les conditions de la vie matérielle, ~ntellcctuelle et morale. füre physique, il lui faut la sécurité de sa personne et de sa propriété ; être -intf.'lligent et moral, il lui faut la plPine et entière in<lé- }Jeudance de sa pensée et de sa croyance. De ni;is jours, le problème politique n'est <lonc pas simple comme autrefois; il est double: il nP s'agit pas seulement de constituer nn gouverùement, mais, eu outre, de sauvegardtr l'individ1ialité humaine; ou, pour mieux dire, il s'agit de bâtir l'édifice politique sur la liberté, c'est-à-dire sur la souveraineté de l'individu. C'est là e;e qui rend si difficile à accomplir l'œuvre politique de nos jours ; c'est en même temps ce qui donne à notre civilisation un caractère singulier de moralité et <le graudeu.r que n'avait point la civilisation de l'antiquité. H. MARU,T. ,, ERRATUM. - Dans i'!lrticle <lunuméro .52, ligne 16e, 1re colonne, au lieu de: srs tendances, ses projets, ses sectes; lisez : Sl's tendances, ses projets, ses actes. DE LA RÉVOLUTION" ET DE L'ITALIE. On p.i.rle de la religion : on voudrait rendre l'Italie prot~stante pour la délivrer dii Pupe ; mais ce ne sont pas les Italiens qui demandent à avoir le Pape, c·est au contraire le pape: qui veut rester en Italie., Les Italiens, sans se faire protestants, ont cherché à s'en débarrasser, et c'est l'étranger qui l'a remis sur son siège. On dit que cela est arrivé parce que l'Italie est catholique; mais la France l'est aussi selon _vous; elle l'est encore plus parce que vous <lites qu'elle a défendu la religion que nous avions attnql!ée dans son chef. Et pourquoi <lone ne pas appor.
ter ce chef en France ou en Espagne, ou ailleurs ? Ces pays-là suivant toujours vos arguments, ont autant de titres que l'Italie au bonheur rie le possédPr. Qu'une Révolution arrive et la religion des Italiens ne les empêchera pas d'envoyer le Pape ............ à Jérusalem peutêtre. . Les Italiens ne sauraient être catlwliques; on a vu la chose de ti op près pour y croire. Est-c_e que ceux qui sont sur la scène se laissent prendre à la fantasmagorie? N'est-ce pas à Rome que Luther ~e décida à la Réforme? N'est-ce pas en Italie que Lamennais abjura le Catholicisme ? L'Italie ne saurait être protestante. Méprisant les momeries catholiques que la raison combat mais qui satisfont au moins l'imagination, elle ne voudra certes pas les changer pour les froides pratiques de la religion reformée. En Italie, be.iucoup de gens vont à l'église non pas seulement parce qu'on y est co11traint, mais parce que cela amuse; on n'irait pas du tout si on était libre, si on denit s'y ennuyer. Du reste l'esprit italien est logique de sa nature, et s'il ne reconnait pas l'autorité des Conciles et des Papes, il reconnaîtra encore moins celle des Sectes. Le principe du libre examen, une fois admis, conduit directement les Italiens au Rationalisme. Dans la superstition elle-môme, on reconnaît le peu de respect qu'on a pour l'autorité religieuse. Pour obtenir le fameux miracle de Saint-Janvier, on l'insulte, on le menace, et quand on croit le miracle accompli, on dit des sottises à tous les autres saints du Calendrier; c'est le ptuple qui veut prendre le paradis d'assaut et y parler en maitre; c'est la superstition, mais c'est la négation de toute autorité religieuse. On parle des prêtres: Le prêtre est le valet du puissant, et il vit puiss:int au milieu des malheureux; les premiers le méprisent et se moquent de lui, les seconds s'en moquent aussi le plus souvent, ma,is ils se recommandent à lui parce qu'ils en ont besoin; ils le craignent toujours parce qu'il peut leur faire beaucoup de mal; ils l'aiment quelquefois quand ii leur fait un peu de bien. Mais ce n'est pas au prêtre qu'ils se recommdndent, c'est l'aumôniE:rdu gouvernement qu'ils prient, c'est l'homme riche par rapport à eux, c'est l'ami du sei_qneur, non de celui du ciel mais de celui de la terre. C'est le prêtre qui fait nommer le maire et qui empêche le gendarme de dresser procès-verbal : le peuple ne craint pas le ministre de Dieu, mais celui qui peut le faire arrêter pour le compte de l'évêque, qui fonctionne comme commissaire. Le pauvre n'aime pas dans le prêtre le représentant de la religion, il aime quelquefois l'homme charitable ; s'il n'avait à donner que le Paradis ou !'Enfer, bien peu de gens s'adresseraient à lui ; personne ne le craindrait et on le haïrait moins. On tr1 a une preuve en Lomb trdie où le prêtre a eu jusqu'ici moins d',tUtorité. Je ne sais si cela a été un bien dans l'intérêt de la Révolution, mais c'est un fait que l' A.utrichc pendait les prêtres aussi bien que les autres, et le peuple qui ne les craignait pas, les courtisait moins et les aimait plus qu'ailleurs ; à présent que l' Autriche c11erche à leur donner de l'influence, on les déteste comme partout. J~n voilà assez ponr la religion, l'Italie reconnait la liberté de conscience comme un dro;t, la République ne peut pas le lui refuser. La Révolution a le devoir d'exiger que le CatholicismP, comme toute autre religion, respecte l'ordre moral, politique et social de l'Etat. Qu'elle fasse cela, et l'instruction aidant, il n'est pas à craindre que la religion lui fasse obstacle dans la voie de la civilisation et du progrizs; pourvu qu'elle ne se la ratt<tche pas comme institutio11, le Catholicisme n'est pas de force à la suivre et doit nécessairement tomber en route. Il est des gens qui croient qu'une fois que l'Italie aurait ses frontières naturelles, son indépendance, son unité même républicaine, elle s'arrêterait là. On a l'air de craiJ11dre que, trahie, pernécutée par presque toutes les nation, européennes, elle 11ese refuse au lien de solidarité ! Un cardinal -de l'église, un roi de Sardaigne ont prononcé un mot: l' Italia farà .da se, et ce mot est reproché aux Italiens comme une accusation pour le passé, comme un sujet de crainte pour J;avenir. Certainement, tant qu'on prendra pour la voix de l'ltalie la parole de ses maitres, les motifs <le suspicion et d'accusation ne fnont pas défaut. Mai:-;est-ce donc le peuple italien, l'Italie républicaine qui a dit cela? Il est vraiment malheureux qu'on 11011asccuse même des faits de nos ennemis. Oni nous avons refusé le baiser LamourettP. du général Oudinot, qui nous l'offrait cle la part de Louis Napoléon, quand il dis ,1t vouloir défendre la République romaine, mais c'était le baiser de Judas; nous n'aurions pas refusé la main fraternelle des hommes du ] 3 Juin, nous avons au contra;re acclamé citoyens Romains les Représentants -dela :Montagne. Venise n'a.-t-elle pas réclamé, comme d'une sœur, l'aide de la France? Ce fut le général Cavaignac, l'homme de la transportation en masse et sans jugement, qui la refusa. Et quelle qu'ait été la conduite p:tssée de différentes nations, il est désormais trop évident que la cause de la liberté a été perdue parce qu'on avait 0•1blié le dçvoir de solidarité, pour pouvoir do·uter qu'aucune d'entr'elles puisse encore tomber dans la même faute. Et après tout croit-on l'Italie si lâche qu'elle n'aurait pas eu le courage de se lever et de se défaire de ses ennemis qui la counent de boue et de sa11g, qui lui crachent :1 la ngure la foulant aux piecls, qui lui Tolent son or, L.HOMi\lE. qui battent ses femmes, emportent ses enfants et pendent ses hommes? N 011, elle n'est pas lâche ; Procida ne l'était pas plus que Brutm, et l'un comme l'autre purent souffrir comme elle souffre aujourd'hui de longues années et retarder leur justice vengeres:.e jusqu'au moment où ils furent sflrs de l'accomplir. Or, cette assurauce, c'est précisément de la solidarité révolutionnaire, de let soli- <larité républicaine que l'Italie l'attei:d. Sans une crainte, mal fondée, selon moi, que son , exemple ne füt pas suivi, vous auriez vu depuis longt~mps flotter en Italie le drapeau de l'insurrection, et ce drapeau aurait été celui de la République uuiverselle. Il êtait prêt (je puis rassurer) à l\1ilan, le G février, et il n'y a pas peut-être à présent une seule ville en Italie qui n'en cache quelqu'un dans ses m1us. Si cette union rarait aujourd'hui nécessaire pour commencer la lutte, elle le paraitra davantage pour en assurer les résultats; et on ue voudra certainement pas déchirer le drapeau qu'on a levé ensemble, sous lequel tous out 1.,ombattu, par lequel à tous a été assurée la victoire. Ce n'est donc pas seulement pour son indépendance que l'Italie est prête à se lever, ce n'est pas seulement pour son unité, c·est pour la République Démocratique, c'est pour la République Universelle. Que si on voulait dire q11ela condition de l'Italie n'est pas telle qu'elle puisse réclamer comme ailleurs l'application des rfformes sociales, que l'éducation du peuplP. n'est pas encore assez avancée pour les comprendre, qu'on diviserait par là les forces révolutionnaires, on serait dan:s le faux tout autant que pour les objections auxquelles nous avons déjà répondu. Je conviens que ce qu'on appelle le malaise social est en Italie moins sensible qu'ailleurs, cela se comprend facilement. La raison d'être de la révolution sociale se trouve dans la distance entre le développement des forces économiques et l'immobilité de la réaction. En Italie ces rl6veloppemE:nts ayant été moindres, cette distance ne peut être au:ssi grauùe q\1'ailleurs; mais ce n'est pas une raison pour empêcher ni pour retarder une révolution économique, puisque le dévE:!oppement dont j'ai parlé est le souhait et le besoin de la nation, son droit eti son avenir, l'iutérêt matériel de la Rérnlution. Dès qu'il aurait lieu, le même malaise qni se fait sentir ailleur3 se développerait en Italie d'une manière plus menaçante à cause de l'immobilité absolue que la réaction y a gardée jusqu'à ce jour. La cbsse prolétaire est moins malheureuse chez nous non parce que les causes de son malheur y manquent; mais parce que le pays étant· moins riche, le pauvre y ést moins pauvre. Cela va paraitre un paradoxe, mais on se convaincra parfaitement du contraire dès qu'on voudra réfléchir à l'organisme de la r6partition actuelle <le la richesse. La part du propriétaire étdnt toujours dans u_ne proportion directe et progressive avec l'accroissement de la richesse, il est évident que l'accroissement de misère du prolétariat doit suivre la même proportion. C'est à cause de cela que dans les pays les plus pauvres, le prolétariat peut avoir moins à souffrir; vous en avez la contre-épreuve en Angleterre. Si l'Italie ne veut pas être condamnée à la misère éternelle, elle ne veut pas non plu.; que le prix de ses effort8 pour la prospérité nationale soit la misère de la majorité de ses enf mts. Et c'est bien simple, qu'au lieu d'attendre les effets, elle veuille éviter les causes qui ont couté aux autres pays tant de lar!lles et de sang. D'autres nationalités eu sont réduites à la répression, l'Italie peut, veut, doit profiter de leur expérience pour faire de la prévention. Eh quoi, ne saurait-on donc voir l'injustice sociale que dans les résultats ? Les résultats la démontrent, mais elle dérive de causes qui existent en Italie comme partout aille•irs. Est-ce qu'en Italie la propriété n'est pas aussi privilégiée dans ses modes d'acquisition et de durée? Est-ce qu'en Italie le travail n'est pas autant qu'ailleurs l'esclave <lu capital? Est-ce que l'ouvrier n'est pas là, comme partout, un instrument dans les mains du capitaliste, dont on paye la manute11tior1 et moins encore? Les conséq11e11ces<le tout cela sont, chez nous comme aiileurs, que le pauvre devient chaque jour plus pauvre et le riche plus riche. En Italie, comme partout, le superfin s'accumule chez les uns en prenant toujours plus sur le nécessaire des autres; l'ouvrier de la campagne qui multiplie la valeur da la terre est volé de sa propriété, l'ouvrier de la ville qui crée des richesses, meurt à l'hôpital; la Révolu~ion doit empêcher l'accroissement de ces résultats en r.n éloignant les causes. On n'a jamais prétendu que pour éteindre le feu, on devait attendre que l'iucendie eût consumé la moitié cl'm1e ville. Le Socialisme est vieux en Italie. Les Gracques n'étaient que ùes socialistes, et je ne sais pas si Catilina l'était au fond de son cœur, mais il se servit du Socialisme pour soulever les masses, et les mas~es l'écoutèrent et le suivirent. Dans le Moyen-Age, on n'a qu'à consulter les statuts de nos villes pour se convaincre qu'on a toujours fait du 8ocialisme : les Papes eux-mêmes, pour attirer les peuples sous leur domination, les ont bien souvent pris à l'appât des réformes sociales. On me répondra que tout cela n'était pas du vrai Socialisme. Je crois que pour en juger il faudrait, mieux qu'on ne le peut, connaitre toutes les circonstances de ces différentes époques ; mais je ne veux pas discuter-; je consta:e un, fait, c'est-à-_clire que les Italiens ont toujour~ compris qu on ne pouvait pas rétablir l'ordre de la société par des r{>formes exclusivement politiques. Notre Socialisme, j'en conviens volontiers, n'a pas été bien souvPnt scientifique; mais si on voulait parlar de la :,,eience, je dirais qne Campanella date de bien plus. loin que Saint-Simon. La science n'est pas uécE:Ssaire pour sentir le besoin d'une Révolution sociale, elle l'est pour en assurer les résulta:s. De ce côté là, si le peuple italien n'était pas assez riche de son propre foncls, il le serait en v ajoutant la richesse ùes autres. • Si c'est un devoir et un gnnd intérêt révolutionnaire de rendre la science populaire, il ne sera jamais possible que tout le monde la possède au même de"ré • mais dès 0 ' que la science fait une conquête, elle appartient à tous. Fulton était américain et sos vapeurs parcourent tontes les mers ; bien peu de gen;; savent faire des machines, pourtant tout le monde eu use. Si la. cond,tion <le l'Italie ne lui a pas permis Je s'unir aux autres dans la discussion, elle en a profité; elle accepte la négatio11 accomplie ùu vieux monde; ellt accepte, à l'état où elle se trouve, l'affirmation pour l'avenir, sauf à la compléter par E:lle-même, dans sa condition spéciale, et d'accord avec les autres nations pour tout ce qui regarde l'intérêt général d~ l'Humanité. L'Italie doit peut-être à ses malheurs d'avoir pu évit:r cet enfantement douloureux qui suit toujours la discussion d'un principe qu'on cherche à dévelopoer, et qui, servant l'idée, entrave quelquefois la mar~he ,les faits. C'est pour cela que les forces révolntionnaires pourront, mieux. qu'elles ne l'ont fait ailleurs, converger au même but. Je parle de forces révolutionuaires, parce que je ne m'occupe pas de la division que le Socialisme peut causer entre la Révolution et ses ennemis; et je regarde encore une fois, comme ses ennemis non seulement ceux qui nient son principe, mais ceux aussi qui s'opposent il ses conséqueures. Tout homme qui a peur des ronséquences d'une Révolution, n'est pas révolutionnaire comme je l'entends. Son conceurs est sou vent un dan ;cr, son éloignement toujours uu avantage : l'expérience de tous les p<•uples l(l pro11ve. Les forces .révolutionnai reis sont les hommes dont la Révolution est appelée à reconnaître les droits et à garantir les intérêts; pour ceux-là l'idée sociale, bien loin de les diviser, les ralliera. Dites à l'ouvrier des vil!es, tu seras ton maitre; dites à l'ounier des campagnes, tu seras ton propriétaire, et on comptern, par le nombre des prolétaires, les soldats de la Rérnlution. L'idée sociale est même la seule, selon moi, qni puisse unir en Italie ,les masses sur un terrain rérnlutionnaire commun, terrain qui puisse prendre la place des préjugés, des habitudes, et réduire au silence les intérêts JJarticuliers. Il y en a bieu d'autres capables <l'enflammer le cœur et de monter la tête des Italiens, mais c'est elle qui pourra, désonm:is, armer leur bras. En ltalie . comme en France on se dit : '' Est-ce que nous ferions 1me Révolution pour avoir des qitarante-cinq centimes?" On sent bien l'houneur national froissé par la présence de l'étra11ger, b besoin ùe nationalité, le droit à 'une République, le devoir de la solidarité ; les âmes cl'éiite sont prêtes, pour ces saintes choses, à exposer leur vie ; mais les masses se deman<lent : " A q11,elleamélioration sociale aboutira tout cela? Qu'y gagnerons-noîts? " La réaction sait bien profiter de ces doutes et leur dit : " Vous perdrez à toute Révolution: vous aurez une Italie, " mais vous aurez la misère; vous aurez une République, " mais vous manquerez de tra..-ail." - N ou~ devons leur dire, et plus fort qu'eux : " Quand vous aurez une Italie, " vous aurez la richesse; quand vous aurez une R6pu- " blique, vous aurez du travail. La richesse justement dis- " trihuée, le travail justement rétribué. Puisque c'est la "la division des Etats qui appauvrit la nation, c'est le " despotisme du privilége qui réduit les individus à la " misère." • Nous 1-ie devrions pas nous contenter de leur dire : " Soyez maîtres de vous-mêmes," nous devrions ajouter: " pour que vous n'ayez plus de maîtres d'aucune sorte." Et ces paroles anraient certainement de l'écho, parce que l'idée révolutionnaire en Italie, comme partout ailleurs, est dirigée contre tous les maîtres ; et ce n'est pas parce qu'elle eu a plus que les autres peuples, qu'elle peut désirer d'en garder quelques-uns. C'est au contraire une raison pour les haïr tous d'avantwe. Le püysan veut certainement délivrer le sol de la patrie de la présence ùe l'étranger, mais il veut aussi que ce sol soit sa propriété. Le bourgeois ma11dit le fisc qni s'empare de sa fortune, mais il maudit le prêtre qni_s'impose à sa conscience. Le prolétaire ne veut pas de l'autorité gouvernementale qui empêche la liberté de ses actions, mais il ne se plaint pas moins de celle du cepital qui lui ôte le produit de son travail. Je le répète encore une fois, l~esoin d'une Révolution sociale, quoique moins discuté par rapport aux moyens, est, en Italie, si généralement senti comme but, qu(! je crois impuissante toute tentative révolutionnaire qai voudrait l'effacer de son 1wogramme. Et ne serait-ce. point pour ne l'avoir pas affirmée assez nettement que plusieurs ont échoué ? Une discussion sur ce point sortirait de~ limites que je me suis imposées dans mon travail, je n'ai voulû prouver que deux choses, savoir : 1 ° La marche générale de la
. Révolution essentiellement ùnitaire, républicaine, Mmocratique et sociale; 2° que l'Italie tend vers ce but autant que toute antre nation, qu'elle peut, comme une autre, entrer dès aujourd'hui en ligne de combat. Je me demande à moi-même, pourquoi elle ne l'a pas encore fait ; mais je ,lois me demanrler aussi pourquoi les uutres nationalités n'ont pas cru devoir le fai e, Certains hommes diraient, c'est providentiel. Moi, je me contenterai de dire : c'est fat:11; et laissant les prêtres crier au miracle, j'ajoute avec tous les hommes de cœur, ce qu'un jour répètera l'histoire: C'EST UN HONTEUX AVEUGLEMENT ! L. PIANCIANI. Jersey, 6 Novembre 1354-. :BULLETUINELASEMAINR. Les correspond.an ces d' Allemag·ne . annoncent que l'Autriche et la Prusse sont presque d'accord pour proposer à la Diète Germanique d'intervenir diplomatiquement dans la question d'Orient, mais toujours sans s'exposer à la gnerre. Les Puissances allemandes sommeraient la Russie d'accepter les quatre conditions posées par la Co11fé1"ence de Vienne, il y a quelques mois; si la Russie les acceptait, les Puissances allemandes s'engageraient à ne rien demander de plus et à rester neutres. Ce serait garantir la Russie contre les chances d'une d~faite; aussi le Times lan0e sur l'Autriche un ses plus menaçants leaders : " .... C'est l'existe11ce del' Autriche qui se joue à Sébastopol, et l'Autriche restl' spectatrice tremblante et impuissante d'un drame où elle semble résolue à n'avoir de rôle quepourla catastrophe? Nous ne prétendons pas déprécier la politif1ue des hommes d'Etat d'Autriche. Ils proclament uue politique d'égoïsme; mais ils oublient que l'égoïsme est l'isolement; et l'Autriche ne peut subsister 1 isolée. Ils ont regardé comme nn coup de maître d'occ'nper les Principautés du consentement des uns sans s'exposer à l'hostilité des autres, et de s'assurer ainsi du prix que se disputent l'Orient et l'Occident; on regarde comme un chef-d'œuvre de laisser s'affaiblir toutes les Puissances et de fortifier ainsi, relativement, l'Autriche, comme résultat de la guerre. Jouir durant la guerre des avantages de la paix, pour g::igner à la paix les avan. tages de la guerre, - rien de plus subtil, de plus profond, de plus prévoyant. , "Mais la Russie n'oubliera pas les félicitations aux alliés après l'Alma; la France et l'Angleterre ne pardonneront pas non plus la politique qui permet aux Russes de concentrer à Sébastopol les forces qui, sans l'Autriche, s'épuiseraient en ce moment dans nne campagne meurtrière sur les rives marécag·euses du Danube. " La condition de succès, pour la politiqne autrichienne, c'est qu'aucnne des parties en lutte n'ait la for0e de manifester sa mauvaise humeur. Que l'Autriche pèse hien sa disposition envers les grands pouvoirs qu'elle a mortellement offensés. La tradition enropéenue a toujours été de conserver l'Autriche comme boulevard, contre les rrurcs jadis, maintenant contre les Russes. Enfant gâté de la diplomatie, favorite des Confér,ences et des Congrès, l'Autriche est un Empire composé à coup de dôts, d'apanages et de donations; elle est composée d'éléments hétérogènes, de races maintenues seulement par la force d'inertie, chacune contrainte par les autres. L'l Hongrie incline vers la Russie, l'Italie vers la France; les provinces Slaves ont IL Cet Almanach, formant un volume de denx cents pa58s, petit texte, paraîtra dans le dernier mois de l'année. Les articles déjà sous presse sont sig·nés : -Victor Hugo, Louis Blanc, Félix Pyat, Charles L'JIQijU.E. peu de sympathies pot1r leurs maîtres allemands ... " A un tel Etat. il faut nécessairement cle fermes alliances ..... Quelle résistanol::¼offrirait l'Autriche, disjointe et désorganisée, à une attaque sérieuse, de quelqne part qu'elle vînt? Qui défendrait un allié qni a trahi chacun à son tour, et qui s<>mhleplacé entre les Belligérants juste pour offrir an vaincu une compensation à ses pertes par une on deux de ses provinct>s? La frontière autrichienne vers la Russie n'est qu'une ligne de cartes de géographie ; et si le Czar allait chanter un Te Deum à Saint-Etienne, l'Europe occidentale et l'Allemagne septentrionale en pourraient être édifiées, et l'Italie et la Hongrie joindre leurs voix an '' chorus." '' Ce n'est pas le seul péril. Deux visites, déjà, ont rendu familière aux aigles françaises la route de Vienne, par Austerlitz ou par Eckmuhl, et cela, quand l'Autriche avait la Russie pour alliée ! Combien faudrait-il d'étincelles de la pipe d'un caporal français pour mettre en fen l'Italie d'une extrémité à L'antre, et quel espoir resterait-il de reconquérir la L'ombardie défendue, non plus par le Piémont SPnlement, mais par la France et l'Angleterrc '. Si l'Autriche veut se mesurer contre les Puissances, qu'elle se rappelle que ses ennemis peuvent partout compter sur le secours de ses sujets. L'Autriche est dans un danger imminent, c'est d'être démembrée comme· une- autre Pologne, et de servir d'indemnité à la fin de cette g·uerre qu'elle regarde follement comme devant se terminer à son seul avantage. "Nous ue désirons nullement de tels événe:. ments. Nous n'avons qu'un irttérêt sentimental à faire de Venise un port libre, et à détruire ainsi dans son germe la prospérité de rrrieste ... Mais nos armées sont en ce moment accablées par des forces supérieures; et l'Autriche reste tranquille avec 500,000 soldats à sa disposition, dans une froide et lâche indifférence. Cela lui est encore permis aujourd'hui; mais qu'elle le sache bien, l'occasion fuit; et si elle nous laisse seuls lutter aujourd'hui, elle aura mis le vainqueur et le vaincu dc.1nsune seule pensée~- le désir de se venger d'un pouvoir aussi intrigant, aussi timide et aussi perfide !" Une lettre de !'Empereur à Canrobert, pol'tée par le g·énéral M.ontebello, annonce l'envoi de puissants renforts qui permettront de reprendre l'o.ffensive. Il ajoute qu'une diversion va être ef fectuée en Bessarabie. On assure, en effet, que deux divisions françaises vont partir pour les Provinces danubiennes, sous les ordres du maréchal Barag·uay d' Hilliers, et e11traînero11t Omer Pacha au-delà du Pruth. - Les détails de la bataille d'Inkermun (le 5) témoignent d'un grand courage dans les Anglais qui ont dû trois fois, reconquérir les positions où des forces de beaucoup supériPures écn1saient successivement les brigades engag-ées. Le général Catheart, un des meille:urs officiers de l'armée, a été enveloppé et tué à coups <le bayonnettes, tandis que sa division succombait derrière lui. Les gardes an~;laises, et les troupes spéciales <l'.A lgérie ont, cette fois encore, forcé les Russes à la retraite ; l'artillerie des ulliés, au dire de Mentschikoff lui-même, a aussi beaucoup contribué au succès de Lord Raglan, Hommé Maréchal eu récompense de sa coûteuse victoire. - Treize steamers anglais embarquent, à MarRibeyrolles, V. Hugo fils, A. Vacquerie, Colonel Pianciani, Colo11el rreleki, A. Ruge, Calrnigne, Faure, Bianchi, Berjeau, Duverdier,Karcher, etc. Les libraires et les citoyens qui s'adresseront, seille, les deux divisions envovées au secours des assiégeants. Jusqu'au 15- ·e~- d~pit d'une dépêc~e annouçant une nonvelle bataille - le siége s'est. continué sans incidents nouv~aux, et sans avautages po1;1.lres al1iés. Le JJ1orni11,rC;hroniale se plaint des all11res fie la police frai1çaise à l'égard des Anglais résidant à Paris; on leur re_tient leurs journaux à la poste ; souvent il n'en arrive pas un seul à destination. Le 23, écrit son correspondant, non seulement on a saisi lrs journaux à la poste, mais encore on a saisi ceux qu'une faveur spéciale avait laissés arriver aux cabinets de lectnre. A midi, la'police est entrée dans la salle de .lec.ture de Galignani, et a arraché les feuilles du matin ries mains des lecteurs. Je n'ai pas besoin -de vous dire combien de tels procédés sont vexants, mais bien plus encore au moment où tant d'amis de nos braves compatriotes attendent dans les angoisses de l'anxiété des nonveller, de Criu1ée. 0!1 suppose que cette saisie est causée par la nouvelle du départ du prince Napoléon pour Constantinople, dont il a été défendu de parler d1J.nsles journaux français. - La semai_nedernière, le Mornin,r; Chronicle a été saisi pour avoir dit que la fuite de Mlle. Cruvelli de l'Opéra avait eu lieu dans des circonstances mystérieuses qui formeraient un des plus curieux chapitres de l'histoire du théàtre. Voilà les mhrntiès qui sont proscrites par la police française. " Au sujet du voyage du prince Napoléon, le Times contient un article très sévère. "Les espérances de snccession à la couronne impériale sont fort endommi1.9ées. Il y a bien des gens qui aimeraient à se pavaner dans de riches uniformes, pourvu qu'il n'y ait ni fatigues, ni périls à rJsquer, et qui aimeraient le service militaire s'ils pouvaient en éviter les souffrances ou s'y soustraire sans souci <le leur réputation. Malheureusement, il n'y a pas tl'éxcuse à cette retraite. ·l'exemple du maréchal St.-Arnaud prouve q11'011peut aller au combat, même en ago11isant; et la dyssenterie du prince ne motive pas suffisamment son éloignement du camp dans un moment si crilique. On se rappelle que le prince n'a gagné sa position militaire ni par de brillants exploits ni par l'ancienneté de ses services, et quand il a été autorisé à prendre les épaulettes rle général ce n'était pas p'Ouren faire un puéril uniforme. "Le prince a gagné beaucoup an Coup d'Etat du 2 Décembre; mais il faut faire quelque chose pour mériter de tels avantages. On ne peut croire qu'un Bonaparte ait quitté le camp par peur ; mais, à moins qu'il ne fût mourant, on ne lui pardonnera pas d'avoir ainsi quitté. le champ de- bataille; des couplets satiriques circulent à Paris contre lui; et on entend répéter qu'il eût bien mieux fait.de rester le" P1ince de la Montagne," au risque d'être exilé ! " Les escadre 0 alliées, dans !'Océan pacifique, ont vainement attaqué le po~t de Petropaulovski (Kamtchatka 1où se sont réfugiées deux frégates russes égarées dans les mers d' A.ustra]1e. L'amiral Price s'est brûlé la cr.rvelle, dit-on, de désespoir d'avoir subi tant de pertes sans résultat. - Lord Dudley Stuart, si longtemps le champion des réfugiés italiens et polonais, est mort à :Stockolm. La dé. putation qn'il laisse vacante, à Londres, a été offerte à Sir H. Seymour, l'ambassadeur anglais à Pétersbourg. JERSEY. IMPRIMERIE UNIVERSELLE, 19, DORl'ET S'rllEEoT.' 'TICTOR HUGO Le discours pro- \ , r,oncé le 27 septenihre 1854, sur la tombe du citoyen Félix Bony, vient d'être imprimé sur papier fin et en petit format. On peut s'en procurer à Jersey à !'Imprimerie Universelle, 19, 1'orset ::itreet, et à Lo11<lres,chez M. Eram11s Zmichowski, 10, Claremont Place, J udd Street, New Road. Prix : Un exemplaire, Id. (2 sous); cent, 4-s. (5 fr.) 1855. dans le mois, à la Librairie Universelle de Jersey, 19, Dorset Street, Saiut-Hélier, recevront aussitôt I' Almanach paru. selon leurs dema11de~. PRIX: l SHILLING (1 fr. 25 c.) GUTEL PROSCRIT ou 2 DÉCEMBRF., ·ale triple avantage d'unir l'élég:mce, la légerté et • 1n•ol'esseu1• tle cou1»e la solidité. en plâtre, e11cire, en lllastic et ,en gélatine sur nature morte ou vivante. 1'aillettrd'Habits.-29, Belmont Road, St.-Hélier, Les semelles sont fixées avec du laiton et ne ----------'~L--------1Jerscy. , laissent aucune itspérité ni à l'intérieur ni à l'exDI ANC 8 1 r::i~;::!, !~~~~~~~~ D .ll 11 9 en chef pendant huit ans du journal quotidien le Jlfessager du Nord, A. lUD. K01UlECKI, PROSCRIT POLlTIQUl': P0LOXJ.IS, térieur. - On peut marcher à l'eau saus nuire à la solidité de Ja cha•issure. A LA RÉCIPROCrrÉ. paraist;:mt à Lille (Fran_cc),d,on:1c à, <l_omicile~,es Don.ne àdemicile des leçons llelangue Allemande leçons de langue f!·ançau1:-, _d anth:net1que, d h1s- et Latme; il démontre au8si la Gym11astiq11c. " , tg,rP, de géograp~11ed, e httcrature, etc. M. Lud. 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RoussE:L n l'honneur de prévenir l\IM. les voy.igeurs qui viennent vi~ter cette île, soit pour agrément, soit pour affaires, aussi bien que les habitants de cette localité, qu'ils trouveront dans rnn H6tel, bonne table, bons vins, et tousles soin~ . . . , ams1 riue tous rense1gnel'l'lentspossibles. .. ~,è• ~•a,ble Ll'liôte ~ 10~ J et-:S hentès.-Rep~s à tout~ ~e.are. -Tl strt aussi c11 ~'11le.
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