Homme - anno I - n.51 - 15 novembre 1854

-SCIENCE.- ' -SOLIDARITÉ.- JO-URNAL·DLEADEMOCRATIUENIVERSELLE. Ne 51. - MERCREDI, 15 NOVEMBRE 1854. Cc .iouh•na,i a,a11.•ait une fois e~a.111•1enud111e. Toutes lettres et correspondances doivent être affranchies et dressées au bureau de l' f11;primerie Universelle à St-Hélier AVIS AUX ABONNÉS Nous prévenons les personnes qui se sout abonnées au journal l'Homnte, soit pour trois mois, soit pour six mois, soit pour un an, et qui n'ont pas encore \ ersé le montant de leur abonnement jusqu'au 1er Décembre 185-l, qu'elles so11t instamment priées de S'ACQUITTER SANS RETARD entre les mains de M. Eramus Z~HCHOWSKI, fZS. Greek-stn et, Soho Square, London, ou bieu de l'envoyer directement à l'administration du journal, ù Saint-Hélier (île de J crsey), 19, Dorset Street. Dai1s ce dernin cas, il suffira d'adresser soit un mandat sur la poste, ou en stamps, au nom de M. Zeno SwIRTOSLA WSKI. Les souscripteurs au journal !' Homme sont avertis que la SECONDE ANNEE du journal commencera le 1er D~cembre 1854; partant, l'Admi,1istratio11prie les personnes qni désireraient re11ouvelerleur abonnement, d'en envoyer immédiatement le prix d'avm1<'e à l'adresse indiquée, AFIN D'ÉVITEI{ 'l'OUT RErrARD dans l'envoi du journal r,our ·!e nouveau terme. - LE's conditions ci-dessus sont indisp011sahles et doiveut être remplies, - autrement les Abonnés s'exposeraient à la cessation de l'envoi <lu journal. On trouvera chez MM les agents du jo11rnül ou à l'lmprimerie univt>rselle, 19, Dorset Street, à Jersey, les •rnrnéros qui man ri ueraie11t aux personnes Jait>ant collection de l"I-IoM M,E, à raison de 3 penre (6 sous) l'exeni pl ai.l'e pris sépéirément. Quant· aux persom1es, au contraire, qui désireraient avoir tous les numéros qui ont paru jusqu'à ce jour, elles peuvent se les procurer aux mêmes condiLio11s d'abonnements qui se trouvent indiquées, po,tr chaque pays, en tête <le notre jo11rnal. LA NOUVELLE VICTOIRE. On a beau vouloir s\ibstraire de cette grande r:uerre qui se fait là bas, et se réfu~:ier dans l'averrir avec les espénrnces et les i<léi:,s,le terrible souci <lu jü11r vous suit partout et l'on revient forcément à Séhnstopol. Transportés, proscrits ou captifs, nous n'avons aucun intérêt direct engagé dans cette querelle des rois et des gouvenwments ; les Bourses de Paris, de Londres, de Vienne nous sont étrnng·ères, comme les cai~ses des empires; et, l'on nous a foit la misère si grn11de que nous µourrions, race errante, voir crou Ier le monde, sans que notre rui11ey fût mieux marquée. • Mais les intérêts ordinaires de la vie comptent peu dans l'esprit des sol<lats-conft>sseurs qu'anime la sainte idée de justice: le contin.c;ent ne les touche g·uères, qu'il soit le cachot, la misère ou l'exil, et ils s'en v.ont, sans trop plier sous le fardeau, tandis .que toute cause géuérale de patrie ou d'humanité les ·entraîne, comme uue destinée de famille. Voilà pourquoi cette guerre d'Orient nous émeut et nous tourmente; nous craignons que cette lutte sauvage, renouvelée des temps de la force aveugle, ne corrompe la civilisation et n'éteigne ses dernières lumières; nous craignons que le Rarjureg·net-apens baptisé par un peu de gloire 11e soit amnistié par les foules que la bataille enivre, et nous craignons anssi, nous craignons surtout-contradiction fatale qui est le trouble de nos cœurs !- nous craignons que la France, déjà deshonorée, ne fie démoralise dans des défaites qui sout à prévoir. 1 (Jersey), 19, Dorset Street.-Les manuscrits déposés ne seront I ANC:lJ.ETERRE ET Cor.o:-.otE~: pas rendus. - ON s'AnONNE: A Jersey, 19, Dorset street. AI Un an, 8 shilliugs ou 10 francs. Poun L'ÉTRANONR: Un an, 12 fr. 50. Six mois, 6 fr. 25. Londres, chez M. Zmichowski, 28, Greek-street, Soho Square.-A •Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Genève (Suisse), chez M. Corsat, libraire, rue Guillaume-Tell. -1 Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. Trois mois, 3 fr. 50 c. Belgique, chez tous les libraires. - A Madrid, chez Casimir CHAQUE NUMt;Ro: '!l'ous ~e~ ahoHne■uen• ~e atal-i~nt d'a,·a.nee. Monnier, libraire. 3 pence ou 6 sous. Ah! nous sommes exposés à payer cher, bien cher, toutes ces épopées militaires du pr~mier empire qui nous laissèrent les frontières envahies, la haine des peuples, les musées pillés, les campagnes désertes, la patrie dans le deuil, et la plus formidable contribution de guerre qu'aient eu jamais à payer des vaincus ! Voilà que, déjà, le dernier de ces Bonaparte a jeté bas nos tribunes, nos philosophies, nos fouillessentinelles et tout éteint. jusqu'au sens moral, dans cette. France de la Révolution, nagnères ardente, illuminée comm.e un Sinaï. Cet héritier des grandes aventurPs a fait de notre pays une aubenre à soudards, une boutique à juifs, un cachot pour les penseurs, une cantine pour les polices: il a corrompu, faussé, dégradé les âmes timides, les faibles caractères; il a empoisonné l'ignorancf', dupé la misère, exploité la peur, proscrit la foi, le gén1e, les sair1ts dévouements - et, nrnintenant, par une gnnre mal conduite, livrée à des joueurs dP-coupd'état, faite à contre-sens, c'est-à-dire sans les penples, il est en train de compromettre, de ruio€r, peut-être, la France dans son dernier orgueil, celui des ~rmes. ' Certes, nous ne demandons pas pour notre patrie qne le temps revien11e de ces farouches victoires où l'on comptait par milliers les drapeaux conquis, et surtout les cadavres; nous avons trop souffert de ces légendes dites héroïques, et, dont le parfum-poison, enivrant les foules crédules et trop jeunes, nous a valu ce règne qui, dans l'histoire, aura nom : l'infamie. \1 ais dans l'brdrn des dPstinées que la France doit servir et qui l'appellent, nous croyons qu'elle a besoin de garder entier son caractère, comme le soldat son armure : nous croyons qu'elle doit rester vaillante et confiante en elle-mêmP comme en ses idées, et voilà pourquoi nous dénonçons comme un nouveau guetape11~, comme une trahison dernière contre la patrie, cette expédition de Sébastopol qu'ombragent d~jà, pourtant, dt!s drapeaux de victoire. L'armée française est brave: ses ennemis le disent comme ses alliés : elle a de l'énergie, de l'audace, du feu; mais qne valent les chefs! Où sont les prPUVPSdu champ de bataille P.t les garanties militaires du commandement? M. Canrobert qui ne sait pas où campent les fm·ces ennemies, qui se laisse surprendre, en plein jour, par une armée eutière, et dont une poig·née d'hommes encloue les canon~, quand les tranchées sont peuplées comme <les ruches, M. Canrobert est-il un général sérieux, un homme de la vieille guerre et de la gTande respousabilité? Son dernier bulletin nous dit que Jt,s assiég·eans, assiégés à leur tour et pris entre deux feux, ont tenu toute une g-rande journée contre les deux diversions supérieures en nombre, qu'ils ont couché des légions entières (10,000 h<?mmes) non sans de cruelles pertes pour eux-même~. et rejeté dans la place la division de sortie. Mais s'il en est ainsi, deux triomphes pareils seront la ruine des forces coafüées; car il n'y a que les tacticiens de salon qui croient aux hécatombPs de dix mille hommes, sans é'luivalertt dans le camp voisin; les Russes ne tombent pus sans frapper; et comme ils ont de grands chemins ouverts pour se fortifier, pour se ravitailler, comme ils sont chez eux, tandis que les armées ennemies sont engagées daus une expédition loi11taine et fermée, il est évident que ceJ dernières doivent s'aff<1iblirà chaque lntte nouvelle, et que la victoire finira par les enterrer. Qu'elles prennent, d'ailleurs , Sébastopol, ' ' ' • s qu on n aura qu en rumes, comme arragosse : qu'ellt>s bivouaquent victorieuses, dans cette ville fumante, l' Anglett;rre et la France de Bonaparte croient-elles que l'orgueil-tzar traitera sur ces débris et dans r.ette honte? Non : de nouvelles légions accourront rapides; il faudra livrer de nouvelles batailles (elles ne sont pas toujours heureuses - voyez la journée du 25) et ·l'on se retrouvera cette fois - le choléra faisant miséricorde - entre une armée fraîche et la ternpète aclrnrnée. Les lrnurg-eois-oisifs qui se lai~sent bercer au chaut des chroniques ne doutent de ril'n. Au moindre murmure de victoire, ils pavoisent, ils illuminent, 1!s crient comme les commères de '\Vindsor. Braves gens! La guerre dans laqut>lle 011est engagé n'est pas cle celles qui finissent en une s<lisou. L'Europe des banqui~rs et des rois fera bien <les emprunts, lèvera bien des armées avant la dernière péripétie, et, si l'on veut qu'elle ne soit poiut fatale, il faudra que la Révolution fasse le grand appel, l'appel aux peuples: car les sen les victoires décisi ,·es contre le Czar aurou t nom Varsovie, Pes1h, Vienne, Paris et Rome libres! Charles R1 BRYROLLR::-l. nu LLE'l'lNUELA SEMA lNE. Le ftfoniteur publie la dépêche suivante llu g-enéral Canrobert: Sébastopol, G Novembre. - L'armée russe s'est accrue de renforts de l'année du Danube ët des réserves rassemblées dans les provinces méridionales. Ces forces réunies, encouragées par Ja présence personuelle <lesGrands-ducs Michel et Nicolas, ont attaqué hier l'aile droite des Anglais. L"armée anglaise a soutenu le combat avec la fermE>té la plus admirable, aidée par fa division Bosquet. L'eunemi, plus nombrenx que les troupes qu'il attaquait, a été forcé de battrP eu retraite avec uue perte de 8,000 à 9,000 hommes. La bataille a duré toute la journée. "A ma gauche, le général Forey a repoussé, au même moment, une sortie de la garnison de Sébastopol qui a perda 1,000 hommes. " Ce jour brillant, qui a cependant coûté beaucoup aux armées alliées, répand sur elles le plus grnnd honneur. Le siège c,ontinue <le la façon la plus régulière." On ne dit pas si l'armée victorieu!>e a fait des prisonniers et si elle a pris des canons : on ne dit pas si les deux redoutes de Balaclava ont été e1:- levées, et si le siége qui se poursuit régulièrement avance rapidement. En deux mots, ,cette dépêche annonce un brillant combat : mais sans résultat décisif. On compte les morts dans le camp ùes Russes et l'on ne sait pas, ou· l'on ne veut pas dire les pertes que l',ona subies. L'armée turque, sous les ordres d'Omer Paella, marche de nouvèau vers le Pruth, l'Autri,·hc ayant cédé aux représentations énergiques des Puissances occidentales et ordonné à son armée, dans les Provinces Danubiennes, de laisser agir librement les Turcs. Les rapports <lesg-énéranx Raglan et Canrobert, sur les combats des 25 et 26, -confirment les mauvaises nouvelles douuées par les dlpêclies particulières. Les Russes ont enlevé 4 redoutes sur les hauteurs de Balaclava, eu ont détruit deux et en ont g·ardé deux. La cavalerie anglaise,, lancée au secours du 93e ( Highlanders) a été écrasée par no feu croisé d'artillerie; elle a é1é secourue par les Chasseurs d'Afrique; et les·divisions C<1theart et Cambridge ayant rf'joint les Hig·hlaoders, les Russes ont dît s'arrêter. La perte des Anglais a été d'environ 600 hommes hors dt>combat. - Le lendemain, la division du général <leLacy Evans a n:~poussé une sortie de la garnison de Sébastopol. La reine d'Espagne a ouvert paisiblement les Cortès; Espartero a refusé de les ouvrir lui-même et seul, comme l'y poussaient ses amis, peu partisans de la comédie constitutionnelle. L'Ordre des Paysans, en Suède, traîne en longuenr le vote des subsides pour la Neutralité; il préf-érerait voter des subsides pour la grt1-cr:r~.

CORRESPONDANCEPARISIENNE. 10 Novembre 1854. Savez-vous comment l'administration-police expliquait dans les cafés, les cabarets et le::-tavernes des faubouris, l'incident-Soulé et le fameux refus de passage? On disait que M. Soulé vendu au Czar, comme le~ Etats-Unis, ne voulait passer en France q11epour y rallier contre l' Angleterre et contre l'Empire la vieille conspiration légitimiste dont la caisse est à Saint-Petersbourg. Ainsi, voilà le représentant de l'Amérique républicaine constitué en procureur fondé du droit divin et venant en France pousser les affaires russes! Il faut qu'un gouvernement ait un mépris absolu de l'intelligence publique pour lui servir des fables aussi pauvres, aussi niaises, et nous le disons avec une· tris- • tesse profonde, ce mépris est en quelque sorte fondé ; car une partie du peuple, depuis qu'il n'y a plus de journaux, croit à t0utes ces bourdes. Cet abétissement de l'esprit public ne sera pas, au jour des comptes, le moindre des crimes qui pè:seront sur Bonaparte et ses aides ! L'inquiétude est toujours grande ici et va croissant devant les besoins de l'hiver. Les paysans volent la châtaigne dans les pays du Centre, et la cachent comme dernière ressource. Les riches propriétaires du Gers. de l' Arriège, des Hautes et Basses-Pyréné~s émigrent sur Toulouse où il y a garnison, et annoncent qu'avant d'entrer en plein hiver - les demoiselles (nom des affamés de la montagneJ rendront visite aux grasses fermes de la plaine. Tout ce pays qui se. trouve entre la Garonne. le canal et la frontière d'Espagne est à ce point misérable et dépourvu, qu'il ne reste pas aux mt'.'tayers, sur la récolte dernière, assez de grain pour semer. Il fant que les maitres approvisionnent eux-mêmes les terres de labour. 0 fécondités et magnificences de l'ère impériale ! A Paris, où l'on craint l'insurrection des ventres, la police fait toujours distribuer le pain au-dessous dn cours normal ; mais les campagnes, par l'impôt qni le:- écrase, paient la différence, et les faubourien!; sont écorchés à leur tour sur le bois de chauffage, sur le loyer, sur le Yin du dimanche. Il y a dans Paris une foule de ménages aisés qui se trouvent réduits, vu la prospérité des temps, à se loger en mausarde et à ne boire que du cidre. Ce qu'il y a de clésolant et ce qui n'est 11ue trop vrai, c'est que la misère morale va de pair avec la detresse matérielle, que }'Esprit public :se crétinise dans les tristes silences de la servitude, et que de jour en jour la France descend ! Cette agonie de la grande France, presqu'au lendemain d'1rne Révolution, fait la joie des prêtres et des souricières cléricales; Saint-Sulpice est dans le ravissement, comme Montrouge : l'Univers se pâme et les petits li"res truf-, fés de miracles se r~pandent par milliers sous le patronage des gendarmes qui sont presque tous emmédaillés comme des St.-A.rnaud. Au milieu de cette croisade noire qu'inspire et que mène l'esprit des ténêbres, toutes les voix font silence, celles de la science comme celles de la philosophie ; les champions de l'Université trahissent leur petit sacerdoce , et digèrent à l'écart. Cousin se tait làchement, comme tous ses confrères de l'Institut, et la gangrène religieuse qui fera la peste sociale n'est pas combattue. 0 Voltaire, quels tristelS laquais tu as dans ta bonne vigne gau'oise ! Autre corruption impériale: Dans le Corps des ponts et chausséés, dans le service des chemins de fer, et l'on peut dire clans tontes les administrations publiques, il y a des employés, en fonction depuis Décembre, et qui touchent doubl~ salaire, une part pour J.e service public, et l'autre pour les rapports secrets, les dénonciations, les r6vélations. Chaque branche a ses hommes-argus, ses attachés de police qui surveillent, e:-pionnent, font parler et tiennent tablettes hebdomadaires. Dans ce bienheureux empire, il y a partout, dans les casernes et les ateliers principalement, des succursalistes de la rue de Jérusalem ! Et ne croyez pas que les chefs d'administration répugnent plus que les autres à cet immonde métier de la confidence venitiennc; on en connait qui touchent jusqu'à 30 mille francs d'appointement et qui n'en émargent pas moins au registré Piétri, Collet-Maigret et Cie. Que voulez. vous que deviennent les mœurs publiques sons cet ignoble régime des polices de f:,mille? Le père n'est pas sûr de ses enfants et l'amitié la plus éprouvée vous est menace ou du moins problême ! Le camp du Midi comme celui du Nord a été presqu 'un eamp-cimetière. Le choléra l'a fauché trois mois durant, et ce qui en reste, expédié pour Sébastopol n'y fera pas grande besogne. ' Nous ne ~avons rien, ici, de ce grand siége qui devait être un si rapide et si beau triomphe. La feuille officielle ne dit rien; les autres journaux n'osent pas parler et l'opinion s'égarE! dans l'ombre. Il y a cependant quelques lettres particuli~res qui nous arrivent à travers les filets de la police impériale, et cc qu'elles disent est bien triste! Non ·seulement l'armée a eu les Russes et le choléra, mais l'anarchie est da11s lee états-majors : le:, commanL' li OM~lE. dans des diverses armes sont tous divisés et ne s'appuient guèrcs ou concourent mal. La flotte est en lutte avec l'armée de terre~ et si les Russes résistent e11core quelque temp~, c'en est fait de notre armée : car la tempt'He est là qui coupera le retour. Tristes nouvelles! XXX. LA FRANCE ET LA. RÉVOLUTION. LA 1110XA!tCHU,: DE JUILLET. J'ai à parler maintenant de la monarchie du Juillet. J'écarte les idées secondaires, et je ne m'attache qu'aux' idées tout-à-fait générales. La ,-,ituation de la branche cadette des Bourbons fut, à i>onorigine, tout le contraire de celle de la branche ainée. La monardlie de la Restauration avait été imposée par l'étranger. La monarchie de Juillet sortit <l'une insurrection populaire, commencée, poursuivie et achevée au nom des lois audacieusement violées. L,1 première soulevait contre elle le patriotisme national. La seconde fut le produit de ce patriotisme triomphant. • L'une, s'appuyant sur le droit divin, henrtait les idées du temps. L'autre, fondée :.ur le dogme de la souveraineté du peuple, était en p.1rfaite harmonie avec ces idées. Celle-là, par ses sentiments, ses tendances, ses projets, ses sectes, inquiétait la France nouvelle; celle-ci, par les même~ causes, la rassurait complètement. Il y a plus : ce contraste entre les deux monarchies SP. manifestait même jusque rlans le caractère des membres des deux familles royales. Fiers, hautains dans leur langage, leurs habitudes et leurs manières, s'entourant pi esque exclusivement de descendants des familles féodales, les Bourbons de la branche aînée semblaient lies I evenants d'un autre âge. ''Ils n'ont rien oublié, rien appris," disait-on d'eu"!. Dans ces quelques mots, l'esprit franç:iis, souvent si vrai dans sa vivacité et sa concision, les avait peints admirablement. Les princes de la famille d'Orléans étaient tout l'opposé. Sans faste, sans morgue, simplr.s en toutes choses, ils avaient les mœurs de la bonrgcoisie; d'ailleurs, le chef de la famille, le roi Louis-Philippe, p,1ssait pour un esprit éclairé et sans préjugés, pour un partisan siflcère de la liberté. On savait que, sous la Restauratiou, il avait été l'ami des hommes les plus populaires de cette époque, de Laffitte, du général Foy, de Casimir Périer, de Manuel lni-même, et que sa maison et sa bourse avaiet,t été ouvertes aux victimes de la cause libérale. Et puis, Béranger, le poète de la gloire et de la liberté, n'avait-il pas fait des vers en son honneur? Paul-Louis, le mordant pamphlétaire, ne s'était-il pas départi envers lui de son humeur ombrageuse et sarcastique? N'avait-il pas dit : "J'aime ... le duc d'Orléans particulièrement, parce yu'é- " tant ué prince il daigne être honnête homme ... Le cas " avenant je me fierais à. lui, quoiqu'il m'.cn ait mal pris " avec d'autres drjà? " Et, en voyant au collége le ùuc de Chartres, fils ainé du duc d'Orléans, il n'avait pu contenir sa jubilation, et il s'était écrié: "Jamais de dra- " gonnarles ni de Saint-Barthélemy, quand les rois, élt:vés " au milieu de leurs peuples, parleront la même langue, " s'entendront avec eux sans truchement ni intermé- " diaire; de Jacquerie nan plus, <le Ligues. de Barri- " cades.'' • Dans tout cela, que de causes de force, de <lurée, de puissance, de splendeur, pour la monarchie de Juillet ! Et, pourtant, après dix-huit ans de règne, elle aussi a disparu à son tour! La faiblesse, la bouté du roi, sa répugnance à faire verser le sang, et, d'un autre côté, l'audace des républicains, ont-elles amené la catastrophe, ainsi qu'on l'a prétendu? La Révolution de Février n'estelle qu'un coup de main heureux ? Louis-Philippe serait encore sur le trône, disait naguère l'Asse•nblée nationale, s'il avait fait tirer à boulets rouges sur les Parisiens. Et, là-dessus, dé,olatio11 du journal de la fusion de ce que le roi 11'a pas t>U recours à ce moyen héroïque. Eh bien, examinons, et voyons si telle a été en effet la pierr .. d ·achoppi=ment de la monarchie de Juillet, ou bien si, au contraire, elle n'a pas été tout autre, bien plus profonde et bien plus éloignée. Je crois tiue, pour cela, il f<tut no11s demander et rechercher deux choses : d'abord, qu'ell~ était la tâche historique de la monarchie de Juillet, ensuite, comment cette monarchie ra accomplie. Car, évidemment, si elle n'était tombée que pour y avoir m nqué, toutes les petites explications que nous venons de noter seraie1 t sans faleur. Jamais mission n'a été plus clairement rléterminée que celle de la monarchie de Juillet, tant au dehors qu 'an dedans. Par rapport à l'étranger, qu'est-ce que c'était que la Révolution de 1830 ? rLa France se relevant de ses défaites et de ses humiliations, et venant reprendre en Europe la place et l'importance qui !ni appartiennent. Car, depuis 1814 et 1815, cette place et r:ettc importance elle 11eles posséclait plus. Dépouillée de toutes les conquêtes de la République et de l'Empire, réduite aux limites de l'ancienne monarchie, ouverte d11 côté clu nord aux invasions de l'ennemi, la· France u'était plus en r6alité qu'une puissance de second ordre, tandis que les autres ~tats s'étaient accrus et fortifiés en proportion même de son abaissement. Et de plus, enferm!!e comme dans un cercle par la Sainte-A liancc, elle 11' vait pas un seul allié sur le continent, et ôtait àès lors encore affaiblie par-là. Dans cette situation, le rOle du gouvernement ùc Juillet était tout tracé. Il consistait, d'une part, à ne pas reconnaître le traité de la Sainte-Alliance, à s'appuyer ainsi sur son i111lépendance et sa liberté ; et, d'antre part, à former contre la Sainte-Alliance des rois absolus, la Saint~· Alliance des peuples et des gouvernements libres. Or, il n'y avait qu'à vouloir pour atteindre ce double résultat. En effet, en même temps qu'elle avait ébrar.Jé et rendu impuissant l'absolutisrue européen, la Ré,volntion de 1830 avait remué et agité tous les peuples. La Pologne, la Belgique, l'Italie s'étaient soulevées; l'Espagne, les Provinces rhénanes, le centre da l'Allemagne lui-même arnient frémi; et l'Angleterre, se dépouillant noblement de sa haine séculairC: pour la France, avait applaudi à la victoire des Parisiens. Ainsi, voilà des alliés naturel.;; qui venaient au gouvernement français. Leur donuer la main c'était son intérrt et son devoir, car, ùu même coup, il se fortifiait et il servait la liberté d'où il tirait son origne. Au lieu de cela, qu'est-ce qu'il fit? Il reconnut le traité de la Sainte-Alliance, -et il abandonna successivement tous les peuples qui attendaient de lui leur salut; il abandonna l'Italie, cette noble terre d~s arts et de la poésie, qu'écrase mais que ne peut ni abattre ni tuer la plus exécrable des oppressions; et il n'intervint en Belgique en Hollande que pour y exécuter les ordres de la ~ainte-Alliance. Aussi, profitarit de la circonstance, la Sainte-Alliance se refit contre nous plus formidable qu'avant 1830, nous fùmes de nouveau réduits à l'isolement, et, pour conserver la paix, notre gouvernement se vit contraint à entasser concessions sur concessions, hontes sur hontes. Trist,: et inévitable résult 1t d'une politique 11011 moins inintelligente que misérab:ement égoïste! A l'intérieur, la tàche du gouvernement de Juillet n'était pas moins bien déterminée qu'à l'extérieur, tant dans l'orJre politique que dans l'ordre social. Quel est le caractère de la Révolution rie 1830, considérée à l'intérieur, et sous le rapport politique 't c'est la France se rattachant directement à la tradition révolutionnaire, c'est le peul'le reprenant sa sou,·eraineté et ses ,droits. Or, de quelle manière les législateurs d~ 1830 cons tcrèrent-ils la souverai.neté du peuple? Après l'avoir reconnue comme prinr:ipe fondamental de leur Charte, ils la violèrent impudemment dans l'application, si bien que, sur près de dix millions de citoyens majeurs, ils n'attribuèrent la capacité politique qu'à deux cent mille environ. Si, selon moi, il existe des institutions politiques, seuli:s et éternellement légitimes, je reco1111ais,l'un autre côté qn:!, pour subsister et se développer, elles rloi\'cnt ètre en harmonie avec l'état social des peuples pour lesquelles elles sont établies. Je comprend-, dès lors que le législateur de 18,30 eût dit: "Je m'incline devant le principe "de la sou,·eraineté du peuple d'où je tire mon être erma " vie, mais en raisou de l'état i1ct11el des esprits et des "lumières, l'application complète m'en parait dangereuse; " par con<;équent, eu concentrant le pouvoir politiqne <lans " un certain 11omhre de citoyens, je ne fais que sanvegar- " der la société, comme· c'est mou droit et mon devoir." Bieu que ce me parai:<se un outrage ~norme et gratuit fait à la France du d1x-neuviè11w siècle que cet octroi du droit politique à deuJ; ce11tmille personnes seulement sur une population de plus ,le trente quatre millions d'âmes, je compreuds toutefois, je le répète, ce raisonnement. l\Iais quel en est le sens? Il saute aux yenx. Le voici : c'est la proclamation implicite du progrès clans la législation, et l'engagl.'ment pris <le le réalist:!r lorsque le besoin s'en fnait srntir. Le besoin ù\rne réforme d tns la loi éledorale ne tarda pas à $e manifester, clairement, énergiquement. Qu'estce que fit le gouvernement? Non seu 1ement il méconnut, il nia ce besoin ; mais, cle plus, il prit ses mesures pour que les portes <lu parlement lui fussent fermées, et qu'ainsi il ne püt se con\'crtir en loi. Je v<;ux dire qu'il organisa la corruption politique sur la plus large échelle : il acheta les députés, et ceux-ci achetèrent les électeurs, en sorte que, n'étant en coi:itact qu'avC'c une opinion publique factice, il ne vit point la réalité des choses. Passons à l'ordre social. Considérée sot,ts ce rapport, l'histoire de la nationalité française c'est l'amélioration progressive et continue de la condition des classes inférieures, commençant par l'abolition de l'esclavag-e, se continuant par l'affranchissement des serfs, et s'achevant à la Révolution de 1789 par l'établissement Je l'égalité des droits et de la proportionnalité de l'impôt. Or, ce mouvement réparateur et bienfaisant a-t-il atteint sa dernière limite ? Assurément non. Il est certain que, de notre temps, il y a, en France, infiniment plus de bic•n-être qu'avant l 789, et qu'en outre il est réparti sur un nombre de têtes beaucoup plus considérable. Néanmoins, la misère y est plus étendue et plus profonde qu'on ne le croit généralement. J'ouvre diverses statistiques, et je lis que, suivant les unes, le nombre des indigmts, c'est-à-dire des individus vivant soit en totalit~ soit pour partie, de la charité publique, y est de 4 à 5 millions, et, suivant les autres, d'environ l O millions. Prenone la moyenne, soit ; 7 mil-lion3 000 mitk inti~~1rfs.

Ainsi, sur 34 millinns d'àmes la France en contiendrait 7 millims 500 mille que dévore la faim ! Et dans ces 7 millions 500 mille indigents, combien n'y en a-t-il pas dont le sort fait véritablement frémir! A Lyon, à Rouen, à Lille, etc., dans nos grar,ds centres manufacturiers, on trouve notamment des tableaux <l'emisère affreux, horribies. Le temps me presse : je ne veux pas insister. Quelques faits néanmoins à l'appui de mon allégation. Aiusi, je lis dans un ouvrage à i feu M.. Blanqui ainé, de l'Institut, qu'à Lille," plus de 3,000 personnes "habitent dans des caves situées à deux ou trois mètres "au dessous du sol, et sans communie tion avec les mai- " sons dont elles font partie .... qu'elle-s couchent sur la "terre nue, sur des débris de paille de colza, sur des "fanes de pommes de terre desséchées, sur du '<able, sur "les débris mêmes périiblem<mt recueiliis dans le travail "du jo11r, ......... que la plupart sont presque nues, "et ne mangent pour toute nourriture que deux "kilogrammes <le pain noir p:.ir semaine, et sont si mai- " _qresque leur corps est presque diaphane." D'après le même auteur, le plus grand nombre des ouvriers de Rouen, de Lyon, et antres villes manufacturières, seraient presque onssi misérables. Quant à la condition lies travailleurs des champs, elle n'est p?.s moins mau\·aise, surtout dans certaines contrées. Aujourd'hui, je ne veux examiner ni les causes de cHte déplorable situation, ni les moye-ns d'y remédier. Il suffit à mon dessein de l'avoir tracée à grauds traits. Plus tarù, j'aurai occasion d'aborder et ùe traiter c~s questions considérables. Eh biei1, de ce qui précède il ressort, si je ne me trompe pas, q11e la Révolution de 1789 n'a pas tout fait pour l'amélioration des classes inférieures en France; et qu'il y :i encore à faire sous ce rapport, et :beaucoup à faire. Cette œuvre posée si clairement, pos,ée par la logique de l'histoire, la monarchie de Juillet la comprit-elle? Chercha-t-elle à l'accomplir? Non. Elle ne la vit pas, parce que la corruption !ni dérobait à la fois et l'état social et l'état politique du pays_; ou, plutôt, enivrée par l'optimisme et l'orgueil, elle ne craignit pas de la méconnaitre audacieusement, et, pù l'organe de M. Guizot, son Teprésentant' le plus éminent, elle s'écria : "La misère est un jrein salutaire ! " D'après l'Assemblée Nationale, si on avait tiré à boulets rouges sur les Parisiens, la catastrnphe de 1848 aurait été étouffée dans son germe. J'admets que la pensée atroce de ce journal ho1111éte l modéré ait été mise à éxécution, et :,it eu un plein -uccès. Après? .... Est-ce que la victoire du pouvoir aurait fait disparaitre . le fonds des choses? Est-ce que, en dépit des mitraillades, des fusillades, des arrestations, des emprisonnements, des exils, -(les déportations, et autres aménités du même geure à l'u- -sage <les s·-1.uveurs patentés de la Société, ce fnnds des ,choses ne serait pas resté après ce qu'il était avant? Car on n'étouff~ pas dans le sang les besoins sociaux; on u'en arrête b violente explosion qu'tin les S,ttisfaisant, daus une mesure légitime et raisonnable, je le veux bien, toutefois ,en les sati~foisant. ·1\'Iais l'Assnnblée Nation.ale n'a pas vu que on souhait affretrX ne po11vait se réaliser en ] 848;. •que tout le monde s'était reüré d,, ce gourernement inin- •telligemment corrnpteur et têtu.; que l'armée elle-même :l'abandonnait, et q11eles canons ne pouvaient pas foire feu Et.outseuls. Il était donc inévitahle que, suivant la vraie ,et pittorestj_ue expression de M. cle Larnar:tine, l-a Révo1ion du m.é_pris ,passât sur l~ Monarchie de J uiilet et la ;\Jalayàt. H. MARLET. DE LA RÉVOLUTION ET DE L'ITALIE. La lutte actuelle qui s'agite era Orient, me paraît .c-on11.rmer la pensée déja dé~eloppée ; les gouvernements de l'Europe occidentale repré~entent, à mon avis,. la barrière-ricleau qu'on a voulu tirer entre le principe d'autorité et celui de liberté; la Russie défend le premier, et ht Révolution, derrière l'alliance bâtarde, combat pour le second. Dans cette guerre, rien ne paraît plus illogique que la conduite des puissances occidentales qui se battent à droite co11tre le principe rlu privilége qu'elles cherchent à défendre chez elles, à g,1uche contre celui du drnit qu'elles défendent ailleurs. On reproche aux Ré·volutionnaires de •désirer la victoire <le la Russie ; ce n'est p:1s cela ; si les. Révolutionnaires ne so11t pas de cœur avec les piüssances alliées, c'est que seuls ils pP.uveut -combattre la Russie, la combattre par la Révolution qui -est le droit, et qui sera la force. Ou assure que le Tzar est furieux contre les gouveme- ' ments de l'Europe, tt il a raison, puisque représentai'lt l'autorité, ce sout des transfuges de son camp, ce sont dts lieutenants qui se sont tournés contre le chef, ce sont des guidons qui font face au drapeau; s'il avait devant lui la Révolution, il chercherait à la cpmbattre, mais il ne serait pas désappointé; c'est son ennemi naturel, il le sait bien. Les deux drapeaux, qui se nient pourtant, portent la même formule: sur l'un comme sur l'autre, on lit la devise éternelle de la marche humanitaire: Solidarité,-de par la force et de par les gouvernements, crie le Tzar avec le passé, -de par le droit et les peuples, répond la Révolution pour l' A.venir! On dit que le Tzar se moque des efforts des Alliés ; il Jl~ se moquait pa!'I d~ Ré\·oluti~ns en 1848 et 49; il avait gran•l souci des événements de la France et cl,el'Italie; il i11tervenait e11Hongrie: un peuple libre lui faisait peur, et, bien loin de song~r à s'emparer de Constanti1rnplc, il rendait Pesth à l' A utricht, parce que Pesth libre représentait la Révolution triomphante, et le triomphe de la Révolution disait : mort à l' Autocratie ! Au lieu de cela, il <lit à présent, que peu lui importe la prise de Sébastopol : qu'on lui brûle sa flotte, la R11ssie, il le répète, restera toujours là, et il a raison : la Russie restera, car la Ru:,sie c'est le despoti-mle selon qu'il l'énten<l; la Russie c';(:;stl'autorité pùur lui, le front de bataille contre la liberté, et il n'aura qu'à faire b.1ttre le rappel pour que les sous-officiers ivres rentrent dans les rangs. Nicolas doit se souvenir de la Révolution de la Garde, à St.-Petersbourg, et il doit y voir de l'analogie avec le drame que lui jouent ses Vassaux-Potentats ; il la d-ompta alors en c:omman<lant l'exercice aux révoltés : ne pourrait-il pas eu faire autant anjour-<l'hui ? Et vraiment, que peuvent-elles, les puissances alliées? Opposer à la monarchie nniversel\e à laquelle vise la Russie, <les Etats qui ne sont pas même des Nations, des Nations qui sont en antagonisme eutr'elles, dont les classes sont en guerre, qui toutes sont en lutte contre les gouvernements qui les régissent. On parle toujours dts armées, on ne voit que flottes et régiments; mais il faudrait se souvenir que si le3 soldats tiennent les batailles, cc sont ies peuples qui, le plus soavent, décident du résultat des gne-rres, et si cela n'était pas, Bonaparte au lieu de mou- • rir à St.-Hélène, aurait fait du palais d'hiver son palais d'Eté : cela doit arriver aujourd'hui. Le but constant du despotisme et de tous les despotes qui représentent la réaction, a été la mor,archie universelle; leurs moyens sont l'autocratie et le privilége. La Révolution qui représente le progrès ne p::ut les combattre qu'au nom de la République universelle par la liberté et le droit, et les comb·tttre également qu'ils se nomment Nicolas on Napoléon. Et c'.est à canse de cela, qu'ainsi que je le disais en commençant, c'est une erreur de chercher les causes de la Révolution dans les diverses nationalités, dans les inci<lents de leur vie particulière; si vous scandez nue Révolution ,comme on fait d'un vers ù'Horace 011 de Virgile, vous aurez des sons ùe prosodie, mais ni mots ni idét3, et jamais un vers. La Révolution est une, nous le répétons encore, une pour tout le monde dans le but et dans les moyens; et c'est pour· cela riu'à. <:eux qui me demandent quelles sont les conditious r~volutionnaires e11 Italie, j'ai l'habitude <le répondre: elles sout celles du continent européen, de l'Europe je pourrais dire: je pour rais ajouter ile l'humanité. L'Italie comme toute autre nation cherche à secouer le joug de l'autorité poiir rentrer dans la liberté~ el'le sait aussi bien que tout antre peuple qu'ell~ ne peut trouver de garanties ailleurs que dans la solidarité réµublic~a'Ïne. Elle sait antant qu'un antre que la Démocratie est un contre-sens avec une Théocratie et uu non-sens en dehors de la liberté sociale; sachant tout cela, elle est prête comme toute autre nationalité à entrer en lig!lc de bataille sous le drapeau commun, sous le drapeau de l'avenir. Il serait beau pour elle, selon moi, profitant dt! sa position géographique et diplomatique, de relever la première ce drapeau, pendant que les hommes du passé ~e querellent P.ntr·eux; mais si elle ne le fait pas, je serai heureux de voir une autre nationalité le faire à sa place; car je ne réduir.ailamais une question d'intérêt général aux mesquines proportions -d'nne discussion d'amour-propre national. La question <l'initiative est une qnestion d'opportunité, la question de solidarité une question de principe. Le peuple qui, pouvant prendre l'initiative d'une révolution ne se croirait p·-is en mesure, peut ne commettre qu'une faute; mais ct!lui qui ne soutiendrait pas l'initiative qu'un autre a11rait prise commettrait un crime. Celui-là commettrait une lâcheté, un crime de lèse-humanité, qui certain de pouvoir commencer le -mouvement révolutionnaire, s'en rapporterait au hasard des événements plutôt que de tenter l'action. Je dis cela pour l'Italie aussi bien quP. pour les autres peuples : attendre les événements est un mot qui trahit la peur; ce mot est exploité par ceux q~1i ont intérêt à arrêter les révolutions, les révolutions qu'on ne saurait empêcher, aussi bien que par ceux qui, - en acceptant les principes ne la Révolution, -e11 craignent les conséquences, par les ré 1ctionnaires en un mot et par les faux révolutionnaires. Attendrt les événements! mais c'est attendre que les éléments anti-révolutionnaires aujourd'hui divisés se réunissent; que cela se fasse par des combats ou par des protocoles, la chose est absolument la même; quP cela soit à l'avantage de la Russie on des alliés, la Révolution 11epourra qu'y perdre. Est-ce qu~ la cause du progrès, la solidarité républicaine, la République universelle, la Démocratie, le Socialisme, au raie-nt quelque chose de mieux à espérer de Lc,uis-N apoléon ou de François-1 oseph que de Nicolas ou de Frédéric-Guillaume? Que pouvons-nous attendre des événements, nous, tant que ce seront ces hommes-là qui décideront ? C'est pour cela que je ne puis m'expliquer ce sommeil léthargique des peuples. Mais on me dit : pour l'Italie la question est compliquée......... On nous fait observer que les nationalités déjà constituées sont toutes prêtes à entrer dans la grande famille républicaine, que la plupart d'entr'elles ont déjà fait l'expérience du régime constitutionnel et qu'elles peuvent, en conséquence, marcher droit à la Démocratie; que bcauc-oup :ut\'Ol'lt cl{>jà. ca que vaut une démocratie 0xclu!!iç-e~ ment politique; qu'elles peuvent dès lors adopter s-ani hésitation les doctrines sociales; .enfin qu'elles sont presque toutes affranchies du joug religieux, mais que la situation <le l'Italie est tout 11utre. L'Italie, dit-ou, doit avant tout couqu&rir son inJépentlance, elle doit euS\.lite constituer sa nationalité, elle doit se défaire des deux. grarnls ennemis qui pèsent sur elle, - la puissance religieuse du Pape, la puissance poli,tique de l'étranger,- de tous ses princes, -- et encore sera-t-elle prl'!te à rejoi11dre la grande famille républicaine comme nation, elle q11i n'est a.ujounl'hui qu'1111cagglomération de pro. Yiuces? Pourra-t-elle passer cl'nn bond de l'esclarno-e le plus hideux à la liberté entière, <le l'autocratie :utrichicnne ou bourbonienne, ile lu. théocratie pontificale à la Démocratie, et d::s fiJéicommis, <les majorats, du ré- ~ime de m;,.in-morte, de la féodalité, pourrais-je ,lire, au Socialisme? Voilà ce qu'on se demande; et il en rst qui en concluent qne l'Italie ne peut que rester en arrière des autres n:ttions, qu'elle doit battre la même route que les autres ont parcourue, subir les mèmes expériences, commettre les mêmes fautes pour arriver au même but en l'année de grâce 458 l peut-être! Il en est d'autres qui se montrent plus gén6reux: ils perme.ttcnt it l'Italie <l'es~ pérer entrer au port avec les autres p"nplcs, 111:iÎS train(:e à h remorque par quelqu'antre nationalité, co:-nme, une vieille coque de navire qui 11e peut plus marcher par elle-même. J'ai eu _le malheur de ·fae uno brochure qui concluait à ce que l'Italie 11epou,·:1it espérer que dans la dict«ture morale et matérielle ile la France . Vous croiriez peut-ê_trc que c'est de l' Amédée de Céséu.a ou du Granier de Cassa,gnac, du Chenu ot{tfo JJelahodr.le, de la littérature policière ou de la police littéraire, d'i.rn étraugcr à coup sûr. Point; c'était signé par un italien qui se dit républicain-socialiste. Je ne me laisse. pas entrainer par l'esprit de nationalité, mais j'ose affirmer qu'il n'est pas un cosmopolite de:cœur, pas un homme dans le grand sens de ce mot, qu-:ne se sento révolté contre celui qui refus~ à sa patrie la place à hiquelle chaque peuple a droit au banquet de l"humanité, Oll contre cerui qui condamne son p:1ys à subir la dictature d'un antre. Les h~mmes et les nations qni ne s-ont qnE' -des aggrégations, ont toutes tics droits égaux, et on ne peut refuser à l'un ce qu'o!1 croit ju::;te d'accorder aux autres. Les hommes comme les nations se doivent mut11ellemen.t l'assistance <le la fraternité, mais ni le:. uns 11i les autres ne doivent subir de Dictature ni morale ni matérielle: en irnbstituant à l'autorité Ile l'homme sur l'homme; celle <les nations sur les nations, on ne ferait qu'élargir les proportion!!! du despotisme. C'est pour le mieux <le tous, vous répond-on; mais c'est li c0 qu'ont toujoun; dit les tyrans depuis Mithridate O\,\ Denys <l.: Syrarnsc, jusqu'aux Soulouque blancs ou noirs de cc temps. Il faut pourtant oppose:r des misons à ces déclamations contre l'Italie; il fant prouver qu'elle est autant que tonte autre nation capable de prendre ou de suivre l'initiative <le la prochaine Révolution, selon que l'opportunité décide~a. En un mot, il faut prouver c1u'elle est mûre 1rnur la liberté telle que nous l'cutendons, qu'elle est 'digne de cette liberté telle que nons l'avons expliquée, telle, nous le répétons, que le progrès de l'humanité la réclame. Que rcproche-t-on à l'Italie? Ses malheurs peut-être? mais c'est dans le malheur que mîirisscnt les vertus civiques. Cc n'est pas certainement la poule rrn pot qu'un roi promettait aux Français qui a relevé l'esprit de la France ; c'est, au contraire, le régime ùu bon plaisir, c'est la dime, c'est la corvée, ce sont les droits <lu scigne11r et ceux du prêtre, c'est son Eminence rouge et son Eminen~e grise, c'est la Bastille et le Parc-aux-Cerfs qui ont enfanté la I~évolution de 89. Or, en Italie, il ne manque pas d'Emineuces de toute couleur, bien s'en faut. Nous avons le:- bastilles et les ca.:hots <le l'tnquisition ; nous avons le bon plaisir des princes, plus celui des çvèques, nous sommes tous taillables et co,véables à la. merci <lu premier Autrichien qui, porte une, épaulette, <lu premier juif qui prête 1m argent, or pour nos maîtres et fers pour nous. - Nous avons aus~i nos Parcs-aux-Cerfs; ce sont nos cours et nos cou vents ; nos femmes sont prostituées si elles vont au confessionual ; no., hommes, s'ils n'y vont pas, sont em·oyés. anx galère;;. On pend à Naples, on guillotine à Rome, on fusille en Toscane, on garotte en Lombardie; vous voyez qu'il y en a pour tous les goûts, il y en a pour content':!r tout lo monde. Que peut-on craindre de pire d'1111eRévolution? la Terreur elle-même - et la prochaine Révolution no peut pas faire rle la Terreur comme certaines gens l'en. tendent - ne saurait épouvanter les Italiens qui vivent sous une terreur continuelle, normale. Daus tous les pays il y a des classes qui profitent de l'ordre actuel, ùont l'intérêt est lié à celui des gou,·ernants, qui sont les suppôts naturels de la tyrannie ; mais rien de tout cela n'existe en Italie. Dans mon pays il n'y a pas ile classe gouver. nementale, il n'y a que des hommes qui soutiennent le gouvernement actuel, et ces hommes, à l'exception de quelques honorables personnalités, s'appellent espions, sbires et bourreaux. Ne reprochez donc pas à l'Italie ses malheurs. Ne lui reprochez pas son double joug spirituel et temporel. Ces conditio1,1s, bien loin de la retarder sut le chemin révolutionnaire, la pousseront en avant. Si la. Révolution ne deYait pas avoir lieu en Italie par nl:!cessitô de progrès, par la loi de raison, elle s'y ferait par instinct et par haine. Si une Révolution ne devait pas avoir lieu en Italie, comme partout ailleurs, il y aurait ur,e eom-inotion c,,mmc j-~ l'ai dlt è:n comme-it(i11'M_mt·:,.is ttn·e

commotion à la manière de celles que les volcans produiduisent quelquefois, et qui changent les montagnes en vallées, engloutissent les villes et lenrs milliers d'habitants. • L. PIANCIAN!. ( La suite au prochain numéro.) AFFAIRE SOULÉ. Londres, 13 novembre 1854. Mon cher ami, Le Moniteur vient de mentir, une fois de' plns, avec une impudence que va châtier, dit-on, la di- 'plomatie. arnéricaine. Pour cacher sa poltronerie à la France, Louis Bonap.irte a dénaturé cornpiétement les faits; je les rectifie, et cette rectification ne permettra aux faussi:lires décembristes aucun démenti. A son débarquemeut à Calais, le 24 du mois d'octobre, un commi~saire de police fit connaître à M. Soulé " des ordres qui lui intcrdissaient absolument le passage à travers la F'ra nce." M. Soulé exigf:'a l'exhibition de ces ordres: le commissaire répondit qu'il devait en demander l'êrntorisation, par le télégraphe, au sous-préfet de .Boulogne. - " Combien d'heures vous faut-il pour cela? demanda l'ambassadeur. - " Une heure, répondit le commissaire. - " Et pendant cette heure, ajouta M. Soulé, serai-je hbre ·t - " Oui, répliqua le policier, libre de rester à Boulogne, mais non de faire un pas au-delà." Lorsqu'uue heure se fut écoulée, le commissaire reparut et tint à M. Soulé ce hrngêlge t<:>xtuel: " Le sous-préfet de Boulogne confirme les ins- " tructions que je vous ai signifiéPs, mais il me " refuse l'autorisation de vous donner copie de " cet ordre. Néanmoins, si vous le désirez, je " tenterai upe transaction en sollic~tant des ordres " nouveaux." Alors, seulement, M. Soulé protesta contre une insulte qui atteignait son caractère public, et déclara que " il n'avait aucun ordre à recevoir d'un " gouvernement dépourvu, de sens moral et de " priucipes." Et, avant de quitter la France d'où on l'expulsait brutalement, il écrivit à son collègue Mason tons les détails de cet entretien. M. Mason se hâta d'en vover à Londres M. Piatt, son secrétaire de légatio~ ; en présence de M. Buchanan, ces détails reçurent une copsécration nouvelle. M. Mason les consigna, tous, dans la note qu'il remit à \l, Dronin de Lhuys; ce ministrn de Bonapsirte n'en contesta pas,· un seul instant, la pmf aite exactitude. Vous savez comment le pai:jure-sournois devint humble devant l'attitude mf'trnçante d0 ,, diplomates américains, - en présence du b!âme que lui infligeait lord Clarendon, - et sous la pression menaçante de l'opinion publique; il se rétracta rn.- chement. Dédaignant une <listinctiou que Bonaparte avait essayé' d'établir entre l'ambassadeur et l'homme privé, et ne voulant pas que le sycophante-empeL C Cet Almanach, formant un volume de denx cents pages, petit texte, paraîtra dans le dernier mois de l'année. Les articles déjà sous presse sont signés : -Victor Hugo, Louis Blanc, Félix P_yat, Charles L'HOMME. reur se réservât ce moyen d'expliquer ou d'excuser une reculade ho1:te11se, l\1. Soulé 11'hésita pêls à suivre l'homme de Décembre sur le terrain personnel où on l'nppt>lait. Il écrivit à M. Mason : " J'entends que tout "équivoque soit impossible. D'un outrage qui "attaquait mon caractère public, M. Bonaparte "essaie de faire, tardivf:'ment et subtilement, uu " outrage personnel. Mes antér:édents, vous a-t-il " dit, étant de natu.re à provoquer l'attention du " gouvernement impérial. " Eh! bien, je vais opposer mes antécédents à "ceux de mon insulteur. "Vous le savez, je m'exilai volontairement, en " 1825, pour échappn à des persécutions que me " valut une lutte ardente contre la politique dé- " plorable qu'avait inaugurée l'avé1u,ment de " Charles X au trône de P..-ance, et qui fit briser "par le 1wuple, en 1830, la couronne de ce roi. " Pe11d,rnt que j'étucl:.ûs la Libnté dans mon "p.iys d'adoption, pendant que jr> m'y livrais à de "séri ux travaux, grâces auxquels j'ai pu devenir " ce que je suis, - M. Louis Bo11aparte, deux "fois rebelle et une fois meurtrier, comparaissait, "e11 criminel, devant les grandes assises de la "uatio11 sur laquelle il règne, aujonrd'hui, en des- " pote insolent, et il était condamne à un claâti- • " ment ignominieux. '· Pt'lidant que, sénatenr élu par les suffrages "libres et non sollicités <les Etats de lcl Loui- " siane, je gravissais les degrés du Capitole fé- " <lénil, - 1\1. Loms Bonapë:1rte se baig-nait dans " le s~1ng <l'un peuple ~gorg·é par des sbires "qu'il venait d'enrôler pour en faire les miuistres ".de ses uppétits et de ses convoitises." A près avoir cloué au pilori et flagellé aussi rudement le triste héros de Strasbourg·, de Boulogne et des Boulevards parisiens, 1\1. Soulé, rappelant, en peu de mots. l'insulte de Calais transmise par Droui11 <le Llrnys, s'écrie avec un dédain écrasant: " V 011sle comprenez, un outrage " qui m'est fait par le valet d'un pareil maître " ne pourrait ni ne saurait m'atteindre.'' 'rraitant, ensuite, la question nu point de vue diplomatique, M. Soulé invoque l'autorité de M. Martens dont le livre sert de directorimn aux diplomates, et detruit victorieusement les misérables ar~;uties <le son adversaire accablé. Il priait M. Ma son d'adresser uns copie de cette énergique lettre à M. Drouin de Lhuys.- et, pour travP-rser le territoire impéri,d, il a attendu que cette communication ait. eu lieu. M. Dronin lut ce message qu'à l'ouverture du Congrès des Etêlts-Uni~ on lira publiquement, - et le ministre poltron a rugi de colère; il a manifesté, dit-on, le désir d'en demander une réparation par les armes; -;puis, lorsque M. Soulé, prêt à lui répondre, est arrivé fièrement à Paris, M. Drouin s'est tû, comme son maître. J'avais promis d'èljouruer la publication du document officiel dont je vons ai cité la deuxième page, - mais je me suis dégagé de cette promesse pour reodre hommage à la véritf' que le ~Moniteur offense avec une révoltante impudeur. Le courrier du 20 vous apportt·ra les prf'uves annoncées par ma précédente le1tre; celles qui vons démontrerollt les succès imn,ornux qu'arn:d1e1,t !'arrogance et la menace à la faiblesse et à la peur. Salut fraternel, Hippolyte MAGEN. Ribeyrolles, V. Hugo fils, A. Vacquerie, Colonel Pia,11..:iani, Colonel 'releki, A. Rug-e, Cabaigne, Faure, Bi ..nchi, Be1jeau, Duver<lier,ILircher, etc. Les libraires et les citoyens qui s'adresseront, Lord Palmerston se rend à P,ll'is : on en infère qu" Louis Bomip,irte n'ira pus à Wi11<lsor,résultat probable de l'afE.iire Souli'.:. -- Le T,eader revient en ces termes sur cette affaire : "L'empereur a trouvé une ri:lÎson pour ne pas persister dans sa crainte de laiss('r l'ambassadeur américain traverser la France: c'est ciue l'empereur craig-nait que M. Soulé ne voulût résider en France. C'eût été terrible! - Si cela est vrai, nous devons supposer que l'empereur croH1it incompatible sa propre présence et celle de M. Soulé sur if' même territoire. Cela montre-t-il la puissance de M. Soulé ou la faiblesse de N apoléo11? mêlÎS, depuis, l'empereur a découvert que la cause de sa peur (non pas sa peur) était erronée; l'ambassadeur américain ne voulait pas résider eu France! "Pendant ce temps, l'empereur nous favorise de l'application de son systèllle d'espionnage. Il semble qn'il ne peut rien foire sans espions; le Fouché est essentiel êlU Napoléon. C'est une humiliante confession. Le Fouché-isme s'étend avec l'influence napoléonienne; à Londre", à Madrid, à Venise, l't>mpere11rdoit être représPnté par la plus basse espèce de coquins. C'est uue idée napoléonienne . ...... . "Notre gouvernement, de son côté, a l'œil sur les Grecs qui résident en Angieterre. Notre gouvernemeut u'a jamais joué ce jeu sans se brO.ler les doii·ts. L'ouverture des lettres à la poste devrait rester l'apani1ge des Pick-Pockets ..... . L'usao-e des espions devrait être abandonné aux 0 • ' ,, co11treban<l1erset aux empereurs ..... JERSEY, IMPRIMERIE UNIVERSELLE, 10, DORl<ETSTREEJI'. V,...ICTOHRUGO Le discours pro- • r,011cé le 27 septembre 1854, sur la tombe du citoyen Félix Bony, vient d'être imprimé sur papier fin et en petit format. On peut s'en procurer à Jersey à !'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, et à Lo111lres,chez M. Eram•1s Zmichowski, 10, Claremont Place, Jvdd Street, New Road. Prix : Un exempbire, Id. (2 sous); cent, 4s. (5 fr.) EN VEN"rE A L'JJJPRT.l1eRTE UNTVEUSELLE, 19, DORSET STREET, SAIN,-f-HÉLIER (JERSEY) : Ou par co1nmi~:,Îo11 à LO" D 1-{ ES. chez Erasmus ZMICHOW:o-KI, 10, Clare111ont J>lace .. J udd :--treet, New l{oad. GÊOGRAPHIQUE DE LA HONGRIE, '!lfagyar Orszag) Par Scheùius 1ejas et Blaschnetk Samuel. DANGERS TO ENGLAND OF TIIE ALLIANCE \VIl'H THE MEN OF TiiE COUP D'ÉTAT. To which are n.dded, the persona! confes~ions of the December Couspirators, r:nd so111ebio9-raph1cat notices of the most notorious of them. BY VICTOR SCHŒLCHER, Representative of the People. u 1855. dans le mois, à la Librairie Universelle de J P-rsey, l!J, Dorset ~ireet, ~a111t-Hélier, recevront, aussitôt !'Almanach paru, selon leurs demandes. PRIX: 1 ~HILLING (1 fr. 26 c.) G UTE'L rRosCRIT ou 2 DÉCEMBRR, a le triple av:mtage d'unir l'élégance, la légerté et 1n•otesseui• de cou1ae la solidité. en plâtre, eu cire, en mastic et en gélatine sur nature morte ou vivante. Tailleur d' J-labits.-29, Belmont Road, Sr.-Hé11er, Les semelles sont fixées avec ùn laiton et ne ---------------- Jersey. laissent aucune aspérité ni à l'intérieur ni à l'exBIACNHI f./a~~;::!, r~~~~~~~:; , en chef pendant huit ans c!ujournal quotidien le .',!essagerdtt Nord, A. LUDK. ORDECKI, PROSCRIT POLITIQUE POLONAIS, paraissant à Lille ( France), donne à domicile des Donne à domicile des leçons de langue Allemaude leçons de langue française, d'arithmétique, d'his- d Latine; il démontre aussi la Gy1111111stiq11e. toire, de géographie, de littérature, etc. M. Lud. Kordecki désirerait trouver <lel'emploi 11 se charge également de toutes corrcspon- comme professeur dans une pension. -61, Newman térieur. - On peut marcher à l'eau saus nuire à la solidité cle la cha11ssure. EDOUARBDIFF,I PROSCRIT ITALIEN, Donne des leçons de l:rngue italienne. dances, écritures commerciales et autres, et des Street, Oxford Street.-Londrc:,;. • mémoires dopt on lui confie 1~ rédaction. 15 _COL0MBERIE ST.REET~ST.-iiÉLll'.R~ll.SE\~ S'adresser, 20, Dol) ::Street, Saint-Hélier. S'aclre~ser au professeur, 20, Don-street, St.- . Hélier (Ile de Jersey). GU "Y proscrit du 2 Décembre, faiseur Références chez MM. Wellman, P. As-plet, 11. ,de BOTT~S sans couture, pour .t J'()][0'-ISE' mouleur en plâtre, se charge Oeo. V'lekcry. nomme~ et p-our dames. - Ce genre de ch:m'!~ure 1t ; 1., 1 , de tôute tspèce de moul~ge Il moule anssi les ornements, les statues et fournit des épreuYes à un prix modéré.---20, Donstreet, St.-Hélier. HOrrELDE L'ElJROP E DON STREET, No 11, TENUPARG. ROUSSEL. G. RoussEL a l'honneur de prévenir l\r;\L les voyageurs qui viennent visiter cette île, soit pour agrément, soit pour affaires, aussi bien que les habitants de cette localité, qu'ils trouveront dans son Hôtel, bonne table, bons vins, et tous les soin~, ainsi que tous renseignements possibles. t~ Table ,]'Hôte à 10, 1 et .S-.krnrc-~.-Rtp~~ ~ tcllte h~1:'e-. -Tl ~~rt a;1~~i rt\ 6fi~.

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