pelle le Progrès; elle peut s'accomplit relativem,mt, pour 'U1teépoque déterminée, mais comme le Progrès, elle est indéfinie de sa nature. Quand les conditions générales sGnt telles que l'état de la société les demanùe, la Révolution est accomplie, mais elle n'est accomplili que pour le temps où cet état 1liire, et comme cet état change nécessairement, la Révolution doit nécessairem~nt contiuuer. Si b Rfvolntion av~it toajo11rs continué, d'accord avec les changements dans l'humanité, c'est-à-dire si les institutions avaient suivi les mœurs, si les intérêts particuliers s'étaient constamment pliés aux conditions générales économiques, si 1~ droit légal avait toujours racounu la 1rnprématie <le la justice, et les croyances, celle de la vérité, il n'y aurait jamais eu de Révolutions dans l'acception vulgaire <le ce mot, de Révolutions violentes, <le bouleversements. J'ai voulu poser d'abonl ces observations, afin d'établir que,· pour reconnaitre les instincts - ce qui signifie, selon moi, L,venir d'une Révolution-il n'y a qu"à étudier la marche du progrès humanitaire, et, pour se con raincre de la nécessité et de l'étendue d'une Révolution violente, il n'y a qu'à calculer la distance de cet ét.it de la société que j'appellerai rationnel à son état réel. Or, la m:irche du progrès humain, comme je l'ai déjà dit, a eu des formes diverses, mais elle fut toujours une dan".!son but-la solidarité générale de l'espèce dans l~ développement progressif dJs facultés fodividuetlesce qui peut se traduire par ces mots : unité et liberté, 'C'est-à-dire socialisme et inclivi<lualisme ; dualisme fatal, source continuelle d'antagonisme, tant qu'on a accepté séparément ces deux mots qui; réunis, représentent, selon moi, la loi de la destinée. L'humanité a toujours marché à la solution du :problème harmonique entre cts denx principes ; m.ilheureu~ sement, par ce penchant naturel à la réaction qui entraîne toujours à l'abus les forces opposées, on a souvent séparé les deux principes au lieu de les réunir, et à la liberté indi vid,1elle, gênant la liberté socia1e, a succédé l'autorité empêchaut la liberté ; voulant les réunir, on a plus tard introduit entre eux des éléments hétérogènes, factices, injus.tes le plus souvent, mauvais toujours. , A l'état de sauvagerie a succédé le patriarehat 1 abus de i'autorité dans la famille opposé à l'individualisme : puis sont venues les anciennes Républiques qui cherchaient dans l'esclavage un contre-poids à la liberté indh·iduelle, dans l'intérêt social. Au milieu de tout cela, l'instinct de l'unité perçait toujours ; mais là ou la justice était oubliée à l'égarù. des individus, la collectivité ne p1Juvait chercher cette unité que par la force, et c'est, en effet, par la force qu'on a cherché à faire de la solidarité chez les anciens. Les Egyptiens, les Perses, le~ Grecs, les Romains marchèrent au même but; ptrsonne ne l'a atteint parce que personne ne pouYait l'atteindre; des obstacles matériels que le progrès n'avait pas encore renversés s·y opposaient alors: de.:; empêchements moraux entravaient encore darnntage; ce ne Sl!ra jamais par la force qu'on pourra obtenir l'unité qui ne peut être que la conséquence d~ la liberté. Malgré tout cela il n'y a pas à douter que les Romains ne M. soient le plus approchés de cette unité de la famille humaine. Et si les circonstances que la nature même de leur domination avait 'Provoquées, n'eussent porté à la destruction de leur empire,je suis convaincu qu'il se serait bientôt • transformé en République universelle. C'était du reste la marche rationnelle des évén~ments. Le droit de cito.1;en Romain qui, restreint à une seule ville avait asservi le monde, en tiniss:mt par asservir Rome elle-même, s'étendait déjà sur la. surface de l'Empire et il n'y a pas à douter pour moi que, clu jonr où tGut le monde en eut joui, La RépubJique renaissant de ses cendres aurait été le droit et la forme de l'uuivers. L'ère chrétienne, en chaHgcant les conditions sociales, a coupé court au mouvement cle l'antiquité pour lui donner un.e autre impulsion, quoique dirigée vers le même but. Il ne s'agissait plus de réunir des pays, il s'agissait de rfonir les homme:;:. Les esclaves ont fait partie de la société; ils n'ont plus été 1.leschoses, ils out été des indiYidus, mais des individus privés des moyens d'exercer le droit qui leur appartenait. On a délivré des esclaves, mais on n'en a pas fait des hommes, puisqu'on leur a refusé l'instrument de travail auquel ils avaient autant de droit qu'à cette liberté-sarcasme dont on leur faisait ,Ion si tardif. Ces métis de l'ancienne civilisation ont fait cause commune avec les barbares ses ennemis, et l'édifice de Rome s'est <:croulé sur sa base sans qu'on lui ait donné une meilleure assise. Du chaos dans lequel le monde alors tomba, surgit un nouveau mouvement au milieu <luquel nous nous trouvons encore, mouvement politique, religieux, économique, qui a pour lmt de substituer la liberté j l'autorité, qui aura pour résultat de substituer la solidarité à l'antagonisme; puisque c'est e11 donnant le dernier congé au Muverain, au prêtre, au maitre, que la Révolution pourra réu11irles hommes dans le même intérêt, dans la même loi, dans la même foi .. Chaque travail du. progrès humajn commence par la n~gation des fait!>q11ele, hasard des circonstances avait vrocluits, établis. Et cela est arrivé dani:l le cas présent, comme toujours : on a nié l'autorité politique, l'autorité religieuse, l'autorité sociale, mais on n'a pas su dès le commencement reconnaître la liberté ; cle là ces éternels changements enrte Républiqu~ et Monarchie, République aristocratique, monarchie féotlal<l, villes libres, prêtres L'IlOM JIE. souverains, seigneurs qui opprimaient les peuples, rois qui 1 décapitaicn t les s::igneurs pour absorber leurs fiefs, Louis X[ et la République de Venise: anomalies du progrès, mais ,uwm,,die!. gràce auxquelles il marchait toujours de la nrgation ft l'nffirmation nouvelle. - De li1 les diverses sectes qui ont troublé, depuis sa naissance, l'omnipotence catholique, de là les guerres ·entrn la Papauté et l'Empire. Le pape représentait la né- _gation de l'autorité politique, l'empereur, la négati 1 J11 clc l'autorité religieuse. Le monde qui sentait le besoin <le nier l'autorité comme principe se divisait entre les deux, cherchant dans l'un un appui contre l'autre, oubliant qu'une négation partielle est une confirmation du principe général, et ne se doutant pas que les deux autorités devaient nécessairement finir par s'entendre entr'ellcs contre l(;'ur ennemi commun, la liberté. De là les luttes coutinuelles entre les affranchis et le,; maitres, les serfs qui prennent la place des cscb\·es, pnis les vassaux, les apprentis, le prolétariat, mêmes gens sous des noms divers, qui se remuent, qni nient la justice de l'état social, qui demandent une place au soleil et auxqµels on répond par la guerre, qui réclament le droit au travail et auxquels on répond par l'aumône, qui veuleut changer de position et dont oi1 ne change que la livrée, qui nient la société, sff révoltant contre elle, et auxquels la société officielle, toujours la rnême, répond par la mitraille, par les galères, par l'échafaud! Voilà la lutte dont je parlais, lutte <1uidure dcpnis dixneuf sîècles et pendantlaquelle le progrès a toujours avanC'é dans sa marche fatale, puisque nous n'en sommes plus a11x négations, puisque <les aflirmations 011t surgt et que voici la période dans laquelle la vérité, de l'état d'aspiration, doit passer à l'état d'acte et de Yie. La religion,. clef de Youte du despotisme d<' l'autorité, a cronlé la première, qnan<l la llévolutio11 du XIIIe sièr.le a proclamé le principe <lu libre examen. L'autorité politiqu/ est tombée, dès qu'on a reconnu le dogme rie la souYcraincté populaire en 1789. . Enfin, l'autorité du Capital se débat vainement contre ces mots signés par la faim sur le drapeau des Lyonnais : Vivre en travaillant ou mourir en combattant.' Le progrès est là; Yoilà ses tenrlances qui sont, selon nous 1 <les orclre:-;; mais la société en est encore_blen loin, en Fr:mce comme en Russie, en Angleterre commQ à Naples, en Espagne comme en Autriche, et, sil' Amérique est plus avancéH que les autres pays, d'elle non plus ou ne peut dire qu'elle a un état de société tel que les co»<litions du ,progrès le deman~lent. De là, pour nous, motif fonùé de conclure à la nécessité d'une Révolution militante, d'une Révolution absolue comme le principe qui la porte, et générale comme les besoins qui l'appellent. Le progrès marche malgré l'opposition des hommes, mais les hommes réussissent souvent à l'entr,tver dans sa route, et c'est encore ce que nous Yoyons. On a été forcé de reconnaitre la souveraineté populaire, rnais on a respecté l'autorité gouvernementale, et au dessus de l'individu et de la collectivité, on a conservé le gouverneinent. On a reconnu la liberté religieuse, mais on a respecté la religiGn comme institution sociale, et en dehors de la morale et de la conscience on a conservé le prêtre. On a reconnu la liberté du Travail, mais on a respecté les privilèges contre le travailleur, on a conservé le c1pitafüte. C'est une <ligue-chimère, une barrière-hypocrisie, des institutions-mensonges, un édifice-carton, selon nous, qu'on a élevé devant les nécessité de l'avenir, et tout ceLi doit crouler comme tout ce qui est transaction contre les principes, comme tout cc qui est expédient contre la vérité ; mais, en attendar1t, cela fait obstacle, cela retarde la marche du progrès, et eu lui masquant son e11nemi, cela rend. fatale, inévitable, une Révolution violente qui tout abattra 1 1. PIANCIANI. ( La 3uite au prochain nÙméro.) SERVITUDE VOLONTAIRE, S'il y a rien de clair et d'apparent en la natnre, ot en quoi il ne soit pas permis de faire l'ave,Jgle, c'est cela, que naturo, le ministre de pie11, et la gouvernantt des hommes, nous a tous fait de même forme, et, comme il semble à même moule, afin de nous entreconnaître tous po1u compagnons au plutôt frères. Et si faisant les partages des prése11s qu'elle nous donnait, elle a fait quelques avantages de son bien, soit au corps ou à l'esprit, aux uns plus qu'aux autres; si n'a-t-elle pourtant entendu nous mettre en ce monde comme daus un champ clos, et n'a p1s envoyé ici bas les plus. forts et les plus ad\·isés, comme des brigands armés dans une forêt, pour y gourma111ler les plu~ faibles. Mais plutôt faut-il croire que faisant ainsi aux uns les parts plus grandes, et aux autres plus petites, elle voulait faire place à la fraternelle affection, afin qu'elle eO.t où s'employer, ayant les uns puissance de donner aide, et les antres besoin d'en recevoir. Puis donc que cette bonne mère nous a donné à tous toute la terre pour demeure, uous a tous tignrés en même pâte, que chacun se pO.t mirer, et quasi reconnaitre l'un dans l'autre; et si elle a tâché par tous les moyens de serrer et étreindre plus fort le nœud de notre alliance et société; si elle a montré en toutes choses qu'elle ne voulait tant 1'1ousfaire tons unis que teas un~, il ne faut pas faire doute que nous ne soyo11s totts naturellement libres, puisque nous sommes tous compagnons ; et ne peut tom~ ber en l'entendement de personne que Nature ait mis aucun en servitude 11ous ::iynut tous mis en compagnie. Mais à b vérité c'est hien pour néaut de débattre si la liberté est naturelle, puisqu'on ne peut tenir auctrn en servitude sans lui faire tort, et qu'il n'y a rien au monde s1 contraire à la nature (étant toute raisonnable) que l'i11j 11re. Reste donc <le dire qne la liberté est naturelle, et que nous ne sommes pas seulement mis eu possession tic notre frailchisc, m.iis aussi avec affection de fa défendre. Or, si d'aventure no11s faisons quelque cloute en cela, C't sommes tant ahàtarùis que ne puissions rl!connaitre nos biens, il faudra que je mus fassli l'honneur qui vous appartient, et qntt je monte, par manière de dire, les Lôtes brutes eu chaire, pour vous <)llscigncr votre nature et condition. Les bêtes, 11i les hommes ne font trop les sourds, leur crient: Vive Liberté. Ainsi doac, puisque les bêtes, qui encore sont faite:i pour le ~crvice de l'homme, ne se peuvent accoustumer à servir, qu'avec protestation d'un désir contraire: quel malencontre a été cela 4ui a pu taut dénaturer l'homme, seul 1lé pour vivre franchemcut, de lui faire perdre la souvenance <le son premier être, et le désir de le reprendre ? , Il y a trois sortes de tyrans. J c parle des méclrnuti:; princea. Les uns ont le royaume par l'élection du peuple 1 les autres par la force <les armes, les aùtres p tr la. succession de leur race. Ceux qni l'ont acquis par le tlroit ile l;i guerre, ils s'y portent ainsi qu'on e;:mnalt bien, qu'ils sont, comme on dit, en terre de conquête. Ceux. qui naissent rois ue sont pas communément guères meille,irs: ainsi étant mis et nourris dans le sang de la tyrannie, tirent avec le lait la nature du tyran, et font état d,·s peuples qui sont sous eux comme de leurs serfs héréditaires: et, selon la complexion en laquelle ils sont plus enclins, arnres ou prodigues, tels qu'ils sont, ils font du royaume comme <lè leur héritage. Celui à qui le peuple a donné l'fü,!t devrait être (ce me semble) plus supportable; et le serait, comme je crois, n'était que <lès lors <Ft'il se voit éiev{-par-Jessus les autres en ce lieu, flatté par je ne sais quoi qu'on appelle la grandenr, il délibère de n'en bouger point. Communément, celui-là fait ét<lt do la puissance qu~ le peuple lui a baillée, de la rendre à ses enfants. Or <lès. lors que ceux-là ont pris cette opinion, c'est chose étrange de combien ils passent en tontes sortes de vices, et même en la cruauté, les autres tyrans. Ainsi pour en <lire ln v~- rité, je Vùis bi~n qu'il y a entre eux quelque différence, . mais de choix je n'en vois point : et étant les moyens de venir aux règnes divers, toujours la façon de régner est quasi semblable. Les élus, comme s'ils avaient pri:l Ùi,s taureaux: à dompter, les traitent ainsi: les conqu~rants pensent en avoir le droit, comme de leur proie: les successeurs, d'en faire ainsi que de leurs naturels esclaves. Mais certes, tous les hommes, tant qu'ils ont quelque chose d:homme, devant qu'ils se bissent ,assujetir, il fout l'un des deux, ou qu'ils soient contraints, ou déçus. Il n'est pas croyable comme le peuple, dès lors qu'il Ci<t assujetti, tombe soudai11 en un tel et si profond oubli de la franchise, servant si franchement, et tant volontiers, qu'on dirait à le voir, qu'il a, 11011pas perdu sa liberté, mais sa servitude. Il est vrai qu'au commencement l'on sert contraint, et vaincu par la force : mais ceux qui viennent après, n'ayant jamais vu la liberté, et ne sachant que c'est, servent sans regret, et font volontiers ce que leurs devanciers avoient fait par contrainte. C'est cela que les hommes naissent sous le joug, et puis 11onrris et élevés dans le servage, ils prennent pour leur nature l'état de leur r1aissance. Le naturel de l'homme est bien d'être franc, et de le vouloir être; mais aussi sa nature est telle, qu'il tient le pli que la nourriture lui <loune. Disons donc, ainsi qu'à l'homme to1lles choses lui sottt naturelles, à quoi• il se nourrit et accoustume, mais seulement celui est naïf, à quoi sa nature simple et non altérée l'appelle : ainsi la première raison de la servitude volontaire, c'est la coustume. Ils di:sent qu'ils ont été ~oujours s 11jets, que leurs pères ont ainsi vécu. Ils penstmt qu'ilG ~ont tenus cl'end11rer le mors, et se le font accroire par exemples : et fondent eux-mêmes sur l1t longueur la possession de ceux qui les tyrannisent. l\Iais pour vtai les ans ne donnerit jamais droit de mal faire, itins agrandissent l'injure. Toujours en demeure-t-il quelques-uns mieux nés que les autres, qui sentent le poids du joug, et 1Ht peuvent tenir de le crouller, qui ne s'apprivoi_sent jamai$ de la subjectiOI}, et qui toujours ne se sa:vent garder d'a<lviser à leurs naturels priviléges, et de se souvenir ùes prédécesseurs et de leur premier être. Ce sont volontiers ceux-là, qui ayant l'entendement net, et l'esprit clair.,. voyant, ne se contentent pas, comme le gros populas, de regarder ce qui est devant lenrs pieds, s'ils :u'adviseut et derrière et devant, et ne ramènent encore les choses passées, pour juger de celles du temps allvenir, et pour mesurer les présentes. Ce sont ceux, qui ayant la tête d'euxmêmes, bien faite, l'ont encore polie par l'étude et le savoir. Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue, et toute hors du monde, l'imaginant et la sentant en leur -esprit, et encore la savourant, la servitude ne leur est jamais de goO.t, pour si bien qu'on l'acou:stre. Or communément le bon zèle et affection ile cct1x qui ont gardé malgré le temps la dévotion à la franchise, pour si grand nombrt qu'il y en ait, en demeure :;ans effet poµr ne s'entre connaitre point. La liberté leur est toute ûtée sous le tyran, de faire et de parler c: quasi de petiser, ....
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