Homme - anno I - n.50 - 7 novembre 1854

-SCJENCE.- -SOLIDARITÉ..- JOURNALDELADE!fOCRATIEUNIVERSELLE. Ne 50. - MERCREDI, 7 NOVEMBRE 1854. c-, .!lc\Ul'l~ad -nnu•aU ullle fais i~a&• !'ienaaine. 1 (Jersey), 19, Dorset Street.-Les manuscrits déposés ne seront I ANCJ,ETr:n1n~ ET CoLONrns: pas rendus. - 0 N s' ABONNE : A Jersey, 19, Dorset strcer. - A I Un an, 8 shi i Ii11gs ou 10 fr, n es. Londres, chez M. Zmichowski, 28, Greek-street, Soho Square.-A Six mois, 4•sh. ou 5 fr. Genève (Suisse), chez M. CorMt, libraire, rue Guillaume-Tell._ 1, Trois mois, 2 sh. ou "2 fr. 50 c. PuUR L'ÉTRANOEl:t: Un an, 12 fr. 50. Six moi~, 6 fr. 2,5. Trois mois, 3 fr. 50 c. Toutes lettre~ et correspondances rloiv('nt être affrnnchies et dressées au lrnrcau de l' I~nprimerie Universelle à St-Hélier AVIS AUX AllONNÉS N ons prévenons les personnf's qni voudraient souscrire on renouveler leur abonnement au journal l'Homme, soit pour trois mois, soit pour six mois, soit pour la deuxième année tout entière, qu'elles sont instumment priées de s'acquitter sans retnrd e11tre les tnains de MM. les Ag1•11ts chez lesquels le renouvellement ou l'abo1rne1nent nouveau se contracte, ou bien de l'en voyer directement à l'udmi11istration du journal, à· SaintHélier (Île de Jen,f'y), l9, Dorset Str<'et. - Da11sce dernier cas, il su!Era d'adresser soit 11n mandat sur la po5t~, ou un billet de ch,rng:e snr u11 des ba11quiers <leL~ndres, au nom de M. Zeno SwJETOSLA W::iKI. On trouvera chez MM les agents du journal ou à l'lmprimerie uuiverselle, 19, Dorset Street, à Jersey, les '1uméros qui manq ueraie11t aux personnes faisant col lection de rHoM ME, à raison de 3 pence (ô sous) l'exemplaire pris séparément. Quant aux personnes, au contraire, qui désireraient avoir tous les numéros qui ont paru jusqu'à ce jour, elles peuvent se les procurer aux mêmes conditions d'abonnements qui se trouvent indiquées, ponr chaque pays, en tête de notre journal. L'EXPÉDITION DE CRIMÉE. I. Cette guerre d'Orient est conduite, depuis six mois, comme une véritable intrigue de comédie.- ,,friste comédie, pourtant, puisqu'on y gaspille, au cours des fantaisies, le sang, l'honneur ~t l'or des deux plus grands peuples de la terre! Ne parlons pas de l'expédition du Nord, diversion impuissant8 et qui n'a donné, comme gloire et profit, que le petit laurier de Bllmarsu11d. Il y avait lù dEs forces colossales, des amiram, habiles, une grande armée sur une flotte giga11tesque, et l'o'11y pouvait frapper un coup d'autant plus redoutable qu'il au mit ébranlé la pricipale porte de l'Empire. - On a lonvoyé, sondé, navigué, multiplié les manœuvres navales, comme -en un port d'école, et pour tout résultat, 011 a lai5sé au fond de cette mer quelques milliers de cadavres qu'avait touchés le soufle sinistre, le choléra! Sur le Dannbe, il y a tactique plus étrange encore, et l'on se perd à vouloir sonder les problèmes du commandement. Les Russes établis dans les Principautés, maîtres et seignt--urs du D,rnube, avuient lù, dans ce vaste camp tout coupé de forteresses et d'îlots, leurs grandes colonnes d'attaque leur armée d'invasion. Les ~rurcs faisaient face, et les forces alliées se concentraient, redoutable réserve, du côté de Varna. Quand la lutte s'est engagée, qu'a fait ce grand corps de troupE's anglo-françaises? On a laissé les divisions uu •bivouac, dans la tranquille oisiveté des lleu1res ..... et l'on était presque à portée du canoa ! - Les générauxcommandants allaient faire sieste à Constantiuople, et le brnve Om@r Pacha pouvait, au moindre .échec sérieux, voir tous ses chemins 0uverts jusqu'aux Balkans! Mais ce n'est point là le côté le plus étrange, le point le plus ténébreux de cette tactique du repos sous les armes et de l'isolement. Les rrurcs assaillent avec vigueur, battent l'ennemi, le chassent pied à pied et vont tonjours en avant, la bannière au milieu des mitrailles. Les forces• alliées intervenant tout à coup, et rejoign·int sous le feu avec leur prestig·e de discipline Belgique, chez tous les libraires. - A Madrid, chez Casimir CHAQUE NU~!t:tw: 'fi'o1i.esBe§ a!~oa=o'le0111~n• i;e a;.1ii.e~11da'a-u.1.n~e. l'vlonnier, libraire. 3 pence ou 6 sous. de science et de vieille gloire, que serait-il advenu de l'armée russe au fond de ces provinces qu'elle a si lentement évacuées et toujours l'arme an poing'? Certes! - l'armée russe ne serait plus. Mais les forces alliées 011t gar<lé leurs campements : elles étaie11t comme eu quartier d'hiver ; elles n'ont pas fait un pas, un geste, nn mouvement, et lorsque les Turcs ont eu sous la main les Priacipautés qu'on leur avait volées, la France et l'Angleterre y ont appelé l'Autriche, cette neutralité mystérieuse, ce sphynx des ulliances ! II. G'est après avoir ainsi laissé passer et lais~é perdre c·'tte a<lmirnble occasion de frapper nn conp décisif eu achevant, par une grande bataille, l'œnvre héroïque d<•s 1'urcs, qu'oll a résolu <l'ouvrir, en pieiu équinoxe, un épisode de guerre, nne c<1rnµag-11en Crimée, et c'est à :\lonsieur :":,t.- Arnaud, l'illustre maréchal de Décemb,·e, qu'on doit cette équipée 'de haute fantaisie. L\1miral Hamelin exposait, en plein conseil, que lâ Mer Noire a ses tempêtes comme la Baltiqirc ses p:laces, qu'il serait imprudent d'y h,1sardêr <les flo1tes aussi puissantes, a11ssi considérables, et dans une expédition qui avuit ses eha11ces mauvaisf's, qui p·lnvâit durer lougtfmips. Lord Rèlglan, général cèlpab!e, homme frn;d, u'était point très e:stlwusiaste, et s'en référait, d'ailleurs, ponr une e:itreprise si grave, à soil gouvernement; mais Monsieur St.-Arnaud, qui était \'Agamemnon de ce grand camp, s'obstina dans ce plan. de guerre, et comme il fut ratifié plus tard par l'homme aux aventures, par le joJeur des Tuileries, l'Angleterre, gP.nérnux et gouvernement, ne voulut pas reculer. Voilà pouryuoi l'on fait le :·iége de Sébastopol ; c'est la tentative désespérée d'un homme ruiné d'honneur; c'est une fantaisie-S1.-Arnaud ! Or, qu'adviendra-t-il de ce siége qui ne devait être qu'un coup de main, de ce siég-e qu'oni, déjà ehanté les canons, héraults de victoire, et qui dure depuis un grand mois avec toutes les alternatives de la guerre? Hier, les alliés avaient écrasé les Russes; aujonrd'h11i, les Russes enclouent les canons des alliés, détruisent leurs retranchements, écrasent leur cavalPrie, et demain, la chronique changera jusqu'au prochain jour : - à chacun sa roue. rroujours est-il que, d'après Canr0bert lui-même, Sébastopol résiste avec plus de vigueur et de fermeté qu'on ne l'aurait pu croire d'après les bulletins hâbleurs de Monsieur St.-Arnaud; toujours est-il que ce même général en chef déclare n·e pas savoir où sont les forces russes, preuve terrible de l'imprévoyance aveugle ou payée qui conduit cette guerre; toujours est-il, eufin, que trente mille ennemis ont swpris, dans Bèlluklava, la division de garde, qu'ils l'.civaient presque enlevée, et qu'avec les renforts attendus par les chemins ouverts de Pérékop, un nouveau coup de main plus heureux peut tout perdre en coupant les armées .... III. Voilà la vi'>rité. Que l'opinion publique, en Angleterre, se tienne en garde contre ces bulletins qui se croisent et s'abattent sur toutes les places. Ce sont les feux-follets dP l'ag'iot,tge, et le véritable patriotisme n'a qu'ù souffrir de ce misérable commerce qui spécule sur les plus nobl...:s sentiments. La France ne peut et ne doit rien savoir ; elle est couchée dans les ténèbres, sous les voûtes du despotisme: elle ne sait pa1-même les noms des fils qu'elle a perdus! Mais l'Angleterre peut et doit tout connaître avec son principe de hberté générale et la responsabilité de son gouvernement; qu'elle lui demande, à ce gouvernement, la lumière, toute la lumière, et la lumière permanente. C'est le devoir de l'administration, comme c'est le droit du pays qui donne son sang et son or, et l'administration ne refusera pas: elle ne se sent <lsjà que trop fourvoyée dass la grande alliance! Quant ù Sébastopol, un dernier mot. Si la ville ne tombe pas, uos années sont compromises, peutêtre perdues; si elle est prise, il ne restera que des ruines, et les colères s'irritant, nous aurons au printemps prochain la grande guerre par toute l'Europe. Belle saison pour les financiers et pour les corbeaux ! Charles Rt BEY ROLLHS. Le hornbar<lement de Sébastopol - ou plutôt, de ses fortifications - continuait le 2D octobre; les batteries russes réµonchiient vig·oureusC:'met!t_aux batteries assiég·eantes; les obus et les bombes avaient mis l,\ feu, <le p,1rt et d'autrf•, 8 qnr!qne:-; rn;ig,isius de pondre; mais r;en de u.'.!çisifn'arnit eu lieu jusqu'au 29, selon les dépêches russçs ou ang·lais~s. L'attaque des flottes alliées contre les forts rnsscs n'a pas eu le succès attendu - et a1rnoncé il .li a huit ioars comme cerlèiin. Les f,H·ts rnsses u'ont pas été détroits. En rcvauc~ie les csra-:.1:-l·:osnt beaucoup sonffer~; le nombïc des tuùs et des blessés est de près de !:iOO ! Plusieurs ofücie:-s de marine ont été tnés ou blessés; plnsi::!urs vu:sseaux od eu des màts brisés et mêmt-' quelques parties incendiées; L'Albion et l' Aretlwse ont étt'i envoyés en rép;:irntion à Constantinople. - D,_,nx des amiraux qui commandaient à 8inope, o:1t été blessés; l'un <l'eux, Kornilo.lT, est mort de ses blessures, Le 25 et le 26, l'armée russe a manœuvré p:)Ur tourner l'armé~ assiégeante et lui couper la retraite vers la mer, Les déuêches officielles relaLives nux opérations militaires'depnis le 18, on ne sont pus encore arrivées, on ne sont pas pnbliéf's. - Le correspondant du Times doute que '- lèldépêche dn général Canrobert ait été publiée en entier." Le bruit a couru - et ri.e. n ne l'a, depuis, démenti - que les R11sses avaif'nt réussi dans leur mou,.:ement; ils auraient enlevé aux rrnrcs des retranchements dorÏ1inant lu position _<le Balaclava, la baie de débarquement; ils a11raieut détruit plusieurs ouvra~·es de sièg;e, encioué des canons; eufin ils anraie11t écrasé la cavalerie lég·ère ang·laise. Samedi, les journaux ang·lais o,t publié une dépêche de Lor-d Stratl'ord, l'ambassadeur anglais à Constantinople. Un corps <le 30,000 R11sses aurait, le 525, attaqué les retranchements près - ou sur la route - Je Balaclava, défendus par les rrurcs et <les détachements écossais. Les rrurcs, surpris et vaincus, auraient abandonné leurs positions; et leurs canons to11rnés contre eux, auraient complété leur défait<~. Les Russes, ma'ltres de deux redontes, u\rnraie11t pu s'emparer des positions cléfe:1clnes par les Ecossais; des rrnforts envoyés du camp des alliés auraient repoussé les Ru!ises, non sans de grandes pertes souffertes par la cavalerie lc'.!g'l~re-. Le fils de Lord Clanricarde aurait été foit prisonnier. - Le 26, les positions françaises auraient été attaq 11ées, sans succès; pourt::rnt, certaines dépêches annoncent la prise de deux batteries par les Russes. Le Moniteur de .di-manche· raconte l'attaque de Balaclava, mais prétend que la cavc.llerie de ligne et une division française auraient secouru à temps la cavalerie légère et mis e • déroute les troupes ennemies. - L'attaque du_26, sur les camps alliés, à la fois par la g·arnison de Sébastopol et par l' armée russe postée vers Balaclava, aurait été complètement rèpoussée; les Russes auraient perdu mille hommes. Le 27, les alliés avaient attaqué le corps du général Liprandi, vers Balaclava, mais sans succès. De nombreux renforts partent tous les jours pour l'armée alliée qui s'affaiblit et par les maladies, et par les pertes souffertes dans ces combats sans résultats, qui fotiguentles troupes et retardent les travaux des assiégeans de façon à reml.r~ possih!c la lo':ée cln siège.

CORRESPONDANCEPARISIENNE. 4 Novembre 1854. Les conspirations s'organisent, les intrigues se croisent, les ligues ennemies se forrnent dans l'ombre, et, quoique la police en dise, la police qui touche de toutes mains, cette fois ce lle sont pas les rouges. Le clergé séculier, cette léproserie de l'espri~ humain, est en permanence dans ses couvents, dans· ses c:loîtres, au fond de ses abbayes: les curés des villes et les simples desservants eux-mêmes or,t des réunions hebdomadaires .. Les grands-vicaires, les évêques, les archevêques et dignitaires des Chapitres se sont donné rendazvous à Paris, et, depuis deux mois tiennent conférence, comme en ces beaux jours de la Restauration où l'on débattait la sainte loi du sacriiége. Et quel est le motif apparent, officiel, avoué de toutes ce~ rencontre:; et discussio11s pies? C'est. .. l'immaculée conception de la Vierg1J, pour lequel problème on doit aller en concile à Rome ! Quelques préfets, sous-préfets et maires ayant appris par leurs agens, que les notables du parti légitimiste prenaient part dans certaines provinces à ces religieux conclaves, ont cru faire preuve de zèle, en dénonçant en haut lieu carlistes et prêtre.s comme en flagrant délit di::conjuration. 111aissi les hoyalistes sont des ennemis, comme rivaux, les prêtres sont nécessaires, comme chefs J'abrutissement, et puis, les évêques font de si belles harangues aux majestés, quand elles vont doter les autels ou les cloches ! On a donc, enjoint aux maires, aux sous-préfets et à tous administrateurs, dans l'Empire français, de respecter les saintes réunions de la famille sacerdol'ale, et de ne point l'inquiéter dans la sainte incubation de ses niaiseries immaculées. Vous ne sauriez croire combien ce triple vicieux de· la chair, de l'esprit et du cœur qn' on appelle Bonaparte, a peur de ces robes noires qui traînent dans les sacristies: elles peuvent conspirer tout à l'aise : on n'osera pas ·les inquiéter, et c'est à peine si les francs-maçons qui leur forit concurreuce, (hélas! bien triste concurrence) peuvent aujourd'hui continuer leurs affiliatioi1S malgré l'appui du gros Murat, leur Bœuf-Apis. Que sortira-t-il de ces nouvelles menées cléricales ? Rien de bon pour l'Empire-transition, ce qui nous inquiète peu, mais rien de bon non plus pour l'esprit humain : car il y a toujours, en ces ténèbres monacales, une conspiration contre les iJées ! On parle d'une autre révolution qui ne va pas jusqu'à l'enfant du miracle, Henri V,. mais qui nous rendrait Persigny. Vous connaissez ce juif-transfugi:: - il est passé protestant, jadis, pour faire sa cour à la princesse Hélène - ctui s'appelle FJuld, Achille Fould? Entr'autres attributions de grand intérêt et de premier honneur, on avait confié à ce Judas-Shyllock le gouvernement absolu des grands théàtres de Paris. En quelques mois, il en avait fait des Lup:mars à son compte ; il insultait les femmes, il biffait les engagements, il proscrivait les pièces, les auteurs, les comédiens; il distribuait les rôles, ce grand pleutre ! - Il était le paclischah de toutes ces boutiques, depuis la taverne aux couplets, jusqu'à la scène de Meyerbeer et de Rossini. Cela a duré quelque temps, - le monc1e tles coulisses qui a faim, étant fort prudent et réserYé : mais un beau jour, les Yrais talens ont parlé haut,· tout haut, et quelques uns en face, - c'étaient ·des femmes. - Les scandales, alors, ont couru la rampe : on a tout dit, tout révélé, tout dénoncé, les pots de vin, les contrats ignobles, les séductions payées, les passe-droits, lei. infamies de l'engagement, les résiliations forcées, tous les mystères enfin du Mécènes-goujat. Voilà pourquoi Persi 6ny nous revient, dit-on. Après son Verrès le vaucleville aurait, donc, son Sully? Defiezvous en. Mais cela n'est rien, et l'opinion qui a le ùégotH de tontes ces misères, porte ailleurs son intérêt et ses regards. 011 ne sait rien de l'Orient, depuis un grand mois, dans cette intelîigente ville de Paris qui, le soir, après les affaires, étudie la politique et toutes les grandes ou _petites évolutions, soit de la guerre, soit des idées. Ce silence qu'on ue saurait expliquer, avec des moyens de communication 1-i faciles ·et si puissants, ce sileuce effraie lçs intért'tS et contriste les àmes. - S'il y avait de bonnes nou-relles, disent les bourgeois, el1es seraient affichées; placardées, commentées; elles feraient tapisserie le long,des murs et l'on entendrait les deux canons de l'empire, la gueule d'airain des Invalides et le fausset de 1\1. Sibour. - On ne dit rien? - Donc les armées ~!liées sont en peine, la gloire ne vient pas et l'exp6dition est perdue: mauvaise chance pour le crédit et pour les affaires cet hiver ! Encore du sang français qui coule au r.iisseau, disent les prolétaires; encore des hablerics <l'Empire et d'empe1·eur qui se liquident en cadavres ! Gra.nd Saint-Arnaud, que vous avez laissé là une belle chance aux armes francaises ! T~ut le Nord distillateur de grains est aux abois. Les moulins's'arrêtent, les chaudières se vendent, les livres de commerce mut aux syndics et les fai1iites encombrent les tribunaux de commerce. Qu'y foire? BonaJJarte qui est en guerre avec la Russie, pet'd un ~e ses greniers, Odessa. Bonaparte qui ser:.i demain peut-être en guerre avec l'Amérique perdra· le second _grenier, les Etats-Unis, et Bonaparte qui est en guerre avec la nature-Providence compte déficit d'uu tiers dans sa récolte de l'année ! Voilà ))Ourquoi la meule ne doit plus broyer, et les grains ne doivent plus fermenter pour le trois-~ix : meurent les indu_stries et les intérêts engagés, l'Empire-paix. s'est fait tant d'ennemis qu'il a besoin de tout garder, pour .ses captifs, même l'avoine! • XXX. CAMP DE BOULOGNE. 31 Octobre 1115i. Nous voilà condamnés à passer l'hiver dans ces maudites baraques où nous sommes 1111 peu moius inondés pendant le jour, mais plus gelés la nuit. Afin d'améliorer notre position, on nous fait construire de petites casernes et des chapelles. Le 4le et le 4e de 'ligne, au camp d'Herfaut, ont été chargés d'une rude et périlleuse besogne. Ils font des briques et crtusent des puits po•ur extraire de la terre glaise. Deux soldats du 4e y ont été engloutis par un éboulement ; l'un a été asphyxié, l'autre a eu les côtes brisées; mais on espère~ dit la Patrie,' que son état s'améliorera. Cette vie abrutissante d'exe'rcices et de marches militaires uous est odieuse, nous p1éférerions affronter les boulets russes et le Choléra clans les plaines de Sébastopol et de Varna que de moisir ainsi à l'ombre de ce pouvoir brutal et superstitieux. :nfalgré les scandalE:s, les omnibus et les théâtres, je puis vous assurer que l'armée est la partie la moins corrompue de cette société ratapoiliste patrouée par le clergé, la magistrature et autres e~- pèces d'industries qui finissent leur temps. Comme en Décembre 1851, on fait toujours appel à ses appétits grossirrs et l'on croit à 1wtrc amour. Vous devez bien vous douter que notre enthousiasme est forcé. Aux revues, le colonel, le commandant et tous les serre-files ont l'œil s1ir uous et excitent les braillards. l\Iais à la chambrée, quelle différence ! Et comme c'est réjouissant d'enteudre gloser sur ce faquin cléo-uisé en 1 • b N apo éon, mcapable de commander une escouade de caporal. Ou rit beaucoup des airs qu'il se donne le jour des· grandes manœuvres, courant, criant, jurant à droite et à gauche, et s'imaginant, qu'à lui seul, il fait mouvoir une armée de vingt-mille hommes. On parle aussi de cette piété édijiante, qui, an dire du Constitutionnel, électrise toute l'armée, des petite:, chapelles qu'il nous fait bâtir, des médailles à la Ste. Vierge et à Ste. Eugénie, en or pour les généraux, en plomb pour les soldats. Malhe11reusement, toutes ces superstitions propagées p:i.r ce jésnite en bottes à l'écuyère, augmentent l'influence des robes noires sur les campagnes environnantes et occasionnent des scènes-ignobles ; ainsi dernièrement nous faisions une marche militaire et nous traversions le p~tit village d'Aubervilliers près llfontreuil; eu J>assant pr~s de l'égli3e, nous vlmes une pauvre fille de 17 ans· qui était assommée par une populace furieuse. On l'accusait de jeter <les sorts sur les troupeaux et les fermes, et de plui> elle était mal vue du curé, nous dit un habitant avec une sainte indignation. L'adjoint du maire était parmi les assommeurs, il a été condd_mné pour ce fait à vingt-cinq francs d'amende. Les notes <ln rnré sont à la mode depuis que notre impératrice e~pagnole accorde ses faveurs et se;; pensions aux postulants not6s par ces :Messieurs. Un pauvre a ainsi attrapé une bonne petite pension pour une bûche du St.-Sacrement présent6e à sa i\Iajesté lors de son passage à Amiens. Cette bûche a fait grand bruit, l'Univers a crié au mirµ.cle et elle est maintenant déposée sous le maitre-autel de la cathédrale. Tous les généraux ·et les colonels du camp ont pétitiouné pour avoir <les médailles de la Ste. Vierge, qu'on distribL1era aux 11lus méritants. Ces médailles ont pour origine l'escarmouche Corneumse, ce duel mystérieux accompli dans la nouvelle tour de Nesle. Voici l'histoire qui drpuis longtemps fait le tour du camp : Ori dit que sa Majest6 voulait marier le général en question et qu'il lui destinait une dot de cent mille fran.cs déposée un certain soir clans son cabinet. Trois hommes se trouvaient à côté; deux maréchaux et le fiancé. A la fin clu souper, sa Majesté s'aperçut qu'il manquait la moitié de la somme; elle demanda des explications : qes explications on en vint aux gro~ mots, Alors le gén~ral furieux de la cléconfüure qu'il éprouvait, et quoiqu'inférieur en grade, insulta et provoqua l'un des maréchaux. Quelques minutes après, l'affaire était bàcléc, et l'on rapport ,it, chez lui, le malheureux général mort d'une attaque d'apoplexie... • Pour toute absc,lution, le vainqueur reçut ordre d'aller prendre les eaux d'H yères, avec injonctiou de l'impératrice rle se coufesser, de communier et de porter une médaille sai11te en or; ce qu'il exécuta fidèlement. Depui. ce temps, les médailles tombent comme la grêle sur l'armée, gràces à cette chaste créature et à son <ligne époux, dont la mission, nous llit souvent l'aumônitr du régiment, rst de régé11érer la France, de pw:ifier l'Angleterre et d'en ex! irper l'hérésie. Vous êtes heureux, vous proscrits, de ne pa~ être té- ,, moins de toutes ces turpitudes! Nous en verrons hieu d'autres, car la haine de ces gens-là contre la démocratie est l"aroud1e et sauvage. Autour de nous, ce ne sont que regards hc1ineux et défiants, imprécations, cris de coli:re Et jurements clignes de l'écurie! A qua1i1dla fin de toutes ces hontes? ... Tout à vous, Un suspect du camp de Boulogne. CHRONIQUE D'ANGLETERRE. La cour d'Angleterre est triste, dit-on, mais triste jusqu '~ la mort. Et pourquoi ? Quelque poney <l'Ecosse a-t-11 ~rébu_ché dans le grand parc de Windsor et jeté bas un petit prince? Le Ier Napoléon, échappé des Invalides, a-t-il pris le com_manùement <lu camp de Bonloo·ne ou le 1) .h o ' 1n1c , ce roi des frêlons a-t-il dessiné quelque ride impertinente et mal élevée? -Rien <le tout cela, mais le Bo~aparte l II arrive av:c Madame Eugénie, et les portraits des ancêtres qu1 sont dans la g~ande salle de Charles II ont été trouvés la face tournée vers le mur. Il pa~ait_que les aïeux, (grâ?e à quelque rancnne royalement md1gnée) ne v~1.dent pomt assister à l'étrange rencontre_- Ils ne cnm~rennent pas, ces anciens, qn'on mette sa mam dans la m~m déloyale du parjure, de l'assassinat, du faux serment; 11s ne Cùmprennent pas qu'on festoie quanti on est ÙP. lignée vraie, avec,des aventures épou:;ées'. Passons, ceci est l'affaire des augu ;tes! L'Angleterre, qui est tout entière à la guerre d'Orient ~,e regarde jamais du côté de l'Irlande ; elle y preud de~ Jockeys, des servantes, des valets pour ses chiens et pour s<::schevaux, mais elle n'a point souci de l'Irland!i en guenilles, de l'Irlande affamée ... Or, q11'elle y prenne garde : l'Irlande émigre, jour par jour ; les terres du landlord sout abandonnées, et c<::ttepépinière de sold1ts ne pourra lui donner bientôt deux mille recrues par an! Ceci est à prendre en sérieuse considération : III. Bonaparte, d'un jour à l'autre, pourrait l'entrainer -pour raison d'alliance en Orient - dans une guerre contre l'Amérique: Or l'Anglettrre trouverait sur les flottes des Et:-its-Unis un tiers de ses marins qui désertent depuis vingt ans, parce qu'on les paie mieux et qu'ils ne sont point fouettés. 1: An~leterre trouverait dans les Etats, dans les ports de l Umon, presque toute une Irlande émigrée qui se battr~it ~ontre elle av_e~ toute la grande rage des races, des h1s_to1re~et, des religions_ ennemies: l'Angleterre, enfin, pourrait voir d un moment à l'autre suspendre l'envoi des co~ons et l'envoi des céréales. Or, ce serait là l'Angleterre pnse aux deux flancs et deux fois affamée ! Les nouvelles de la guerre sont m:i.uvaises ici; l'opinion cruellement outragée par des dépêches-mensonges est aujourd'hui dans un état d'irritation qui se traduira bientôt en meetings contre le gouvernement. On lui a laissé tout faire, à ce gouvernement, on lui a tout donné, argent, hommes et confiance ; mais il en a si tristement usé que la revendication sera terrible ! C. C. DE LA RÉVOLUTION ET DE L'ITALIE. On a tort, selon moi, de chercher les cause11d'une Révolution dans des faits purement nationaux. Les Révolutions, les vraies Révolutions ne sont pas autre chose que des évolutions essent.iellement générales ; elles sont à l'humanité ce qne les cataclysmes dont parlent les géo:ogues sont au giobe. Comme ceux-ci, elies pell\·ent remuer un pays plus qu'un autre, mais toutes les fois qu'une Révolution est restreinte dans les limites d'une nationalité je n'ose pas l'appeler de ce grand nom; je n'y vois qu'u~ incident de la Rérnlutipn genérale, un commencement quelquefois, mais 9ui doit s'étendre sous peine d'avorter. Je vois dans l'histoire plusieurs commotio11s lor::aleset particulières,je n'y vois que très peu de R-évulutions: les premières vari_ablei,;,.diverses, incertaines clans les moyens et le but ; 111cons1dérées comme la passion, chano-eantes comme les circonstances; les secondes pers6vérantes, calmes, pliant quelquefois, ne reculant jamais, ayant toujours la même direction, poursuivant int:xorablement le même but ; celles-ci sont la marche de l'huma11ité, les autres n'en sont, selon moi, que les accidents. Les Révolutions ont un autre caractère spécial qui le3 distingue de ce que j'?.ppelle commotions; leur levier est toujours un principe dont l'unité se retro 1 Jve dans toutes les formules, tantlis que autres dériveut des faits et peuveut avoir rles conséquences essentiellement di verses. C'est pour cela que nous disons : une Révolution peut durE:r des siècles et produire des événements <liv<::rsdans la diversité cles lieux et des circonstances, sans cesser d'être h même, malgré la variété de ses résultats, puisque ceux-ci ne sont pas ses résultats directs, mais ceux des commotions que la Révolution a produites. Au milieu de tout cela, le principe avance toujours, il avarice clans ses différentes expressions, et la Révolution n'est accomplie que lorsque toutes les formules s'absorbent dans une solution supérieure qui rl-pond au principe lui-même. Nous disons encore: la Révolution est une et erle s'ap-

pelle le Progrès; elle peut s'accomplit relativem,mt, pour 'U1teépoque déterminée, mais comme le Progrès, elle est indéfinie de sa nature. Quand les conditions générales sGnt telles que l'état de la société les demanùe, la Révolution est accomplie, mais elle n'est accomplili que pour le temps où cet état 1liire, et comme cet état change nécessairement, la Révolution doit nécessairem~nt contiuuer. Si b Rfvolntion av~it toajo11rs continué, d'accord avec les changements dans l'humanité, c'est-à-dire si les institutions avaient suivi les mœurs, si les intérêts particuliers s'étaient constamment pliés aux conditions générales économiques, si 1~ droit légal avait toujours racounu la 1rnprématie <le la justice, et les croyances, celle de la vérité, il n'y aurait jamais eu de Révolutions dans l'acception vulgaire <le ce mot, de Révolutions violentes, <le bouleversements. J'ai voulu poser d'abonl ces observations, afin d'établir que,· pour reconnaitre les instincts - ce qui signifie, selon moi, L,venir d'une Révolution-il n'y a qu"à étudier la marche du progrès humanitaire, et, pour se con raincre de la nécessité et de l'étendue d'une Révolution violente, il n'y a qu'à calculer la distance de cet ét.it de la société que j'appellerai rationnel à son état réel. Or, la m:irche du progrès humain, comme je l'ai déjà dit, a eu des formes diverses, mais elle fut toujours une dan".!son but-la solidarité générale de l'espèce dans l~ développement progressif dJs facultés fodividuetlesce qui peut se traduire par ces mots : unité et liberté, 'C'est-à-dire socialisme et inclivi<lualisme ; dualisme fatal, source continuelle d'antagonisme, tant qu'on a accepté séparément ces deux mots qui; réunis, représentent, selon moi, la loi de la destinée. L'humanité a toujours marché à la solution du :problème harmonique entre cts denx principes ; m.ilheureu~ sement, par ce penchant naturel à la réaction qui entraîne toujours à l'abus les forces opposées, on a souvent séparé les deux principes au lieu de les réunir, et à la liberté indi vid,1elle, gênant la liberté socia1e, a succédé l'autorité empêchaut la liberté ; voulant les réunir, on a plus tard introduit entre eux des éléments hétérogènes, factices, injus.tes le plus souvent, mauvais toujours. , A l'état de sauvagerie a succédé le patriarehat 1 abus de i'autorité dans la famille opposé à l'individualisme : puis sont venues les anciennes Républiques qui cherchaient dans l'esclavage un contre-poids à la liberté indh·iduelle, dans l'intérêt social. Au milieu de tout cela, l'instinct de l'unité perçait toujours ; mais là ou la justice était oubliée à l'égarù. des individus, la collectivité ne p1Juvait chercher cette unité que par la force, et c'est, en effet, par la force qu'on a cherché à faire de la solidarité chez les anciens. Les Egyptiens, les Perses, le~ Grecs, les Romains marchèrent au même but; ptrsonne ne l'a atteint parce que personne ne pouYait l'atteindre; des obstacles matériels que le progrès n'avait pas encore renversés s·y opposaient alors: de.:; empêchements moraux entravaient encore darnntage; ce ne Sl!ra jamais par la force qu'on pourra obtenir l'unité qui ne peut être que la conséquence d~ la liberté. Malgré tout cela il n'y a pas à douter que les Romains ne M. soient le plus approchés de cette unité de la famille humaine. Et si les circonstances que la nature même de leur domination avait 'Provoquées, n'eussent porté à la destruction de leur empire,je suis convaincu qu'il se serait bientôt • transformé en République universelle. C'était du reste la marche rationnelle des évén~ments. Le droit de cito.1;en Romain qui, restreint à une seule ville avait asservi le monde, en tiniss:mt par asservir Rome elle-même, s'étendait déjà sur la. surface de l'Empire et il n'y a pas à douter pour moi que, clu jonr où tGut le monde en eut joui, La RépubJique renaissant de ses cendres aurait été le droit et la forme de l'uuivers. L'ère chrétienne, en chaHgcant les conditions sociales, a coupé court au mouvement cle l'antiquité pour lui donner un.e autre impulsion, quoique dirigée vers le même but. Il ne s'agissait plus de réunir des pays, il s'agissait de rfonir les homme:;:. Les esclaves ont fait partie de la société; ils n'ont plus été 1.leschoses, ils out été des indiYidus, mais des individus privés des moyens d'exercer le droit qui leur appartenait. On a délivré des esclaves, mais on n'en a pas fait des hommes, puisqu'on leur a refusé l'instrument de travail auquel ils avaient autant de droit qu'à cette liberté-sarcasme dont on leur faisait ,Ion si tardif. Ces métis de l'ancienne civilisation ont fait cause commune avec les barbares ses ennemis, et l'édifice de Rome s'est <:croulé sur sa base sans qu'on lui ait donné une meilleure assise. Du chaos dans lequel le monde alors tomba, surgit un nouveau mouvement au milieu <luquel nous nous trouvons encore, mouvement politique, religieux, économique, qui a pour lmt de substituer la liberté j l'autorité, qui aura pour résultat de substituer la solidarité à l'antagonisme; puisque c'est e11 donnant le dernier congé au Muverain, au prêtre, au maitre, que la Révolution pourra réu11irles hommes dans le même intérêt, dans la même loi, dans la même foi .. Chaque travail du. progrès humajn commence par la n~gation des fait!>q11ele, hasard des circonstances avait vrocluits, établis. Et cela est arrivé dani:l le cas présent, comme toujours : on a nié l'autorité politique, l'autorité religieuse, l'autorité sociale, mais on n'a pas su dès le commencement reconnaître la liberté ; cle là ces éternels changements enrte Républiqu~ et Monarchie, République aristocratique, monarchie féotlal<l, villes libres, prêtres L'IlOM JIE. souverains, seigneurs qui opprimaient les peuples, rois qui 1 décapitaicn t les s::igneurs pour absorber leurs fiefs, Louis X[ et la République de Venise: anomalies du progrès, mais ,uwm,,die!. gràce auxquelles il marchait toujours de la nrgation ft l'nffirmation nouvelle. - De li1 les diverses sectes qui ont troublé, depuis sa naissance, l'omnipotence catholique, de là les guerres ·entrn la Papauté et l'Empire. Le pape représentait la né- _gation de l'autorité politique, l'empereur, la négati 1 J11 clc l'autorité religieuse. Le monde qui sentait le besoin <le nier l'autorité comme principe se divisait entre les deux, cherchant dans l'un un appui contre l'autre, oubliant qu'une négation partielle est une confirmation du principe général, et ne se doutant pas que les deux autorités devaient nécessairement finir par s'entendre entr'ellcs contre l(;'ur ennemi commun, la liberté. De là les luttes coutinuelles entre les affranchis et le,; maitres, les serfs qui prennent la place des cscb\·es, pnis les vassaux, les apprentis, le prolétariat, mêmes gens sous des noms divers, qui se remuent, qni nient la justice de l'état social, qui demandent une place au soleil et auxqµels on répond par la guerre, qui réclament le droit au travail et auxquels on répond par l'aumône, qui veuleut changer de position et dont oi1 ne change que la livrée, qui nient la société, sff révoltant contre elle, et auxquels la société officielle, toujours la rnême, répond par la mitraille, par les galères, par l'échafaud! Voilà la lutte dont je parlais, lutte <1uidure dcpnis dixneuf sîècles et pendantlaquelle le progrès a toujours avanC'é dans sa marche fatale, puisque nous n'en sommes plus a11x négations, puisque <les aflirmations 011t surgt et que voici la période dans laquelle la vérité, de l'état d'aspiration, doit passer à l'état d'acte et de Yie. La religion,. clef de Youte du despotisme d<' l'autorité, a cronlé la première, qnan<l la llévolutio11 du XIIIe sièr.le a proclamé le principe <lu libre examen. L'autorité politiqu/ est tombée, dès qu'on a reconnu le dogme rie la souYcraincté populaire en 1789. . Enfin, l'autorité du Capital se débat vainement contre ces mots signés par la faim sur le drapeau des Lyonnais : Vivre en travaillant ou mourir en combattant.' Le progrès est là; Yoilà ses tenrlances qui sont, selon nous 1 <les orclre:-;; mais la société en est encore_blen loin, en Fr:mce comme en Russie, en Angleterre commQ à Naples, en Espagne comme en Autriche, et, sil' Amérique est plus avancéH que les autres pays, d'elle non plus ou ne peut dire qu'elle a un état de société tel que les co»<litions du ,progrès le deman~lent. De là, pour nous, motif fonùé de conclure à la nécessité d'une Révolution militante, d'une Révolution absolue comme le principe qui la porte, et générale comme les besoins qui l'appellent. Le progrès marche malgré l'opposition des hommes, mais les hommes réussissent souvent à l'entr,tver dans sa route, et c'est encore ce que nous Yoyons. On a été forcé de reconnaitre la souveraineté populaire, rnais on a respecté l'autorité gouvernementale, et au dessus de l'individu et de la collectivité, on a conservé le gouverneinent. On a reconnu la liberté religieuse, mais on a respecté la religiGn comme institution sociale, et en dehors de la morale et de la conscience on a conservé le prêtre. On a reconnu la liberté du Travail, mais on a respecté les privilèges contre le travailleur, on a conservé le c1pitafüte. C'est une <ligue-chimère, une barrière-hypocrisie, des institutions-mensonges, un édifice-carton, selon nous, qu'on a élevé devant les nécessité de l'avenir, et tout ceLi doit crouler comme tout ce qui est transaction contre les principes, comme tout cc qui est expédient contre la vérité ; mais, en attendar1t, cela fait obstacle, cela retarde la marche du progrès, et eu lui masquant son e11nemi, cela rend. fatale, inévitable, une Révolution violente qui tout abattra 1 1. PIANCIANI. ( La 3uite au prochain nÙméro.) SERVITUDE VOLONTAIRE, S'il y a rien de clair et d'apparent en la natnre, ot en quoi il ne soit pas permis de faire l'ave,Jgle, c'est cela, que naturo, le ministre de pie11, et la gouvernantt des hommes, nous a tous fait de même forme, et, comme il semble à même moule, afin de nous entreconnaître tous po1u compagnons au plutôt frères. Et si faisant les partages des prése11s qu'elle nous donnait, elle a fait quelques avantages de son bien, soit au corps ou à l'esprit, aux uns plus qu'aux autres; si n'a-t-elle pourtant entendu nous mettre en ce monde comme daus un champ clos, et n'a p1s envoyé ici bas les plus. forts et les plus ad\·isés, comme des brigands armés dans une forêt, pour y gourma111ler les plu~ faibles. Mais plutôt faut-il croire que faisant ainsi aux uns les parts plus grandes, et aux autres plus petites, elle voulait faire place à la fraternelle affection, afin qu'elle eO.t où s'employer, ayant les uns puissance de donner aide, et les antres besoin d'en recevoir. Puis donc que cette bonne mère nous a donné à tous toute la terre pour demeure, uous a tous tignrés en même pâte, que chacun se pO.t mirer, et quasi reconnaitre l'un dans l'autre; et si elle a tâché par tous les moyens de serrer et étreindre plus fort le nœud de notre alliance et société; si elle a montré en toutes choses qu'elle ne voulait tant 1'1ousfaire tons unis que teas un~, il ne faut pas faire doute que nous ne soyo11s totts naturellement libres, puisque nous sommes tous compagnons ; et ne peut tom~ ber en l'entendement de personne que Nature ait mis aucun en servitude 11ous ::iynut tous mis en compagnie. Mais à b vérité c'est hien pour néaut de débattre si la liberté est naturelle, puisqu'on ne peut tenir auctrn en servitude sans lui faire tort, et qu'il n'y a rien au monde s1 contraire à la nature (étant toute raisonnable) que l'i11j 11re. Reste donc <le dire qne la liberté est naturelle, et que nous ne sommes pas seulement mis eu possession tic notre frailchisc, m.iis aussi avec affection de fa défendre. Or, si d'aventure no11s faisons quelque cloute en cela, C't sommes tant ahàtarùis que ne puissions rl!connaitre nos biens, il faudra que je mus fassli l'honneur qui vous appartient, et qntt je monte, par manière de dire, les Lôtes brutes eu chaire, pour vous <)llscigncr votre nature et condition. Les bêtes, 11i les hommes ne font trop les sourds, leur crient: Vive Liberté. Ainsi doac, puisque les bêtes, qui encore sont faite:i pour le ~crvice de l'homme, ne se peuvent accoustumer à servir, qu'avec protestation d'un désir contraire: quel malencontre a été cela 4ui a pu taut dénaturer l'homme, seul 1lé pour vivre franchemcut, de lui faire perdre la souvenance <le son premier être, et le désir de le reprendre ? , Il y a trois sortes de tyrans. J c parle des méclrnuti:; princea. Les uns ont le royaume par l'élection du peuple 1 les autres par la force <les armes, les aùtres p tr la. succession de leur race. Ceux qni l'ont acquis par le tlroit ile l;i guerre, ils s'y portent ainsi qu'on e;:mnalt bien, qu'ils sont, comme on dit, en terre de conquête. Ceux. qui naissent rois ue sont pas communément guères meille,irs: ainsi étant mis et nourris dans le sang de la tyrannie, tirent avec le lait la nature du tyran, et font état d,·s peuples qui sont sous eux comme de leurs serfs héréditaires: et, selon la complexion en laquelle ils sont plus enclins, arnres ou prodigues, tels qu'ils sont, ils font du royaume comme <lè leur héritage. Celui à qui le peuple a donné l'fü,!t devrait être (ce me semble) plus supportable; et le serait, comme je crois, n'était que <lès lors <Ft'il se voit éiev{-par-Jessus les autres en ce lieu, flatté par je ne sais quoi qu'on appelle la grandenr, il délibère de n'en bouger point. Communément, celui-là fait ét<lt do la puissance qu~ le peuple lui a baillée, de la rendre à ses enfants. Or <lès. lors que ceux-là ont pris cette opinion, c'est chose étrange de combien ils passent en tontes sortes de vices, et même en la cruauté, les autres tyrans. Ainsi pour en <lire ln v~- rité, je Vùis bi~n qu'il y a entre eux quelque différence, . mais de choix je n'en vois point : et étant les moyens de venir aux règnes divers, toujours la façon de régner est quasi semblable. Les élus, comme s'ils avaient pri:l Ùi,s taureaux: à dompter, les traitent ainsi: les conqu~rants pensent en avoir le droit, comme de leur proie: les successeurs, d'en faire ainsi que de leurs naturels esclaves. Mais certes, tous les hommes, tant qu'ils ont quelque chose d:homme, devant qu'ils se bissent ,assujetir, il fout l'un des deux, ou qu'ils soient contraints, ou déçus. Il n'est pas croyable comme le peuple, dès lors qu'il Ci<t assujetti, tombe soudai11 en un tel et si profond oubli de la franchise, servant si franchement, et tant volontiers, qu'on dirait à le voir, qu'il a, 11011pas perdu sa liberté, mais sa servitude. Il est vrai qu'au commencement l'on sert contraint, et vaincu par la force : mais ceux qui viennent après, n'ayant jamais vu la liberté, et ne sachant que c'est, servent sans regret, et font volontiers ce que leurs devanciers avoient fait par contrainte. C'est cela que les hommes naissent sous le joug, et puis 11onrris et élevés dans le servage, ils prennent pour leur nature l'état de leur r1aissance. Le naturel de l'homme est bien d'être franc, et de le vouloir être; mais aussi sa nature est telle, qu'il tient le pli que la nourriture lui <loune. Disons donc, ainsi qu'à l'homme to1lles choses lui sottt naturelles, à quoi• il se nourrit et accoustume, mais seulement celui est naïf, à quoi sa nature simple et non altérée l'appelle : ainsi la première raison de la servitude volontaire, c'est la coustume. Ils di:sent qu'ils ont été ~oujours s 11jets, que leurs pères ont ainsi vécu. Ils penstmt qu'ilG ~ont tenus cl'end11rer le mors, et se le font accroire par exemples : et fondent eux-mêmes sur l1t longueur la possession de ceux qui les tyrannisent. l\Iais pour vtai les ans ne donnerit jamais droit de mal faire, itins agrandissent l'injure. Toujours en demeure-t-il quelques-uns mieux nés que les autres, qui sentent le poids du joug, et 1Ht peuvent tenir de le crouller, qui ne s'apprivoi_sent jamai$ de la subjectiOI}, et qui toujours ne se sa:vent garder d'a<lviser à leurs naturels priviléges, et de se souvenir ùes prédécesseurs et de leur premier être. Ce sont volontiers ceux-là, qui ayant l'entendement net, et l'esprit clair.,. voyant, ne se contentent pas, comme le gros populas, de regarder ce qui est devant lenrs pieds, s'ils :u'adviseut et derrière et devant, et ne ramènent encore les choses passées, pour juger de celles du temps allvenir, et pour mesurer les présentes. Ce sont ceux, qui ayant la tête d'euxmêmes, bien faite, l'ont encore polie par l'étude et le savoir. Ceux-là, quand la liberté serait entièrement perdue, et toute hors du monde, l'imaginant et la sentant en leur -esprit, et encore la savourant, la servitude ne leur est jamais de goO.t, pour si bien qu'on l'acou:stre. Or communément le bon zèle et affection ile cct1x qui ont gardé malgré le temps la dévotion à la franchise, pour si grand nombrt qu'il y en ait, en demeure :;ans effet poµr ne s'entre connaitre point. La liberté leur est toute ûtée sous le tyran, de faire et de parler c: quasi de petiser, ....

L'H0'1I\JE. --·~-----,.-----~---------'-------------------------__:__---------------------- Ils demeurent tous singuliers en leurs fantaisies. Et toutefois qui wmdra discourir les faits du temps passé, et les annales anciennes, il s'en trouvera peu ou point de ceux, qui voyant leur pays mal mené, et en mauvaises mains, ayant entrepris d'une bonne intention de le d~- livrer, qu'ils n'en soient Yenus à bout. I-farmode, Aristogiton, Trasybule, Brnte lt Vieux, Valère et Dion, comme ils ont vertueusement pensé, l'exécutèrent heureusement. En tel cas quasi jamais à bon vouloir ne défaut la fortune. LA BoETIE. Nous venons de recevoir la lettre sui vau te : Mon cher ami, I:onclres, 5-novembrc 1854. Il faut que l'Europe entière connaisse_ ]a reculade honteuse de Napoléon-le-Petit ddns la question Bonaparte-Soulé. Que M. Soulé me pardonne ce trait-d'union purement grammatical, je ne l'emploie que pour caractériser le conflit soulevé à Calais, par un outrage brutal, - et terminé, prouisoirement, à Saint-Cloud, par une très humble capitulation. - Afin d'apprécier l'abjecte couardise de l'homme du Deux Décembre, on ne doit ignorer aucun détail d'une affaire qui aura un reteatissement européen. Vous savez comment 1:n policier de Calais signifia an ministre des Etats-Unis, l'ordre formel de quitter., sans délai, le territoire impérial. La protestation de M. ~:,onlé fut pleine d'énergie et de dignité. Le commissaire ayant offert à l'ambassadeur américain d'essaver unP, transaction en demandant au gonvernem~nt français, par le télégraphe, des ordres nouveaux, M. Soulé répondit avec une fierté républicc1ine: " Non, Mon- " sieur, je ne reconnais aucun droit de me donner " des ordres, à un gouvernement dépourvu de "sens et de principes. " En apprenant l'insulte faite à son collèg·ue, M. Masson, ambassadeur des Etats de l'Union à Paris, se rendit auprès de M. Drouyn-de-L'lmys, et rbclama de ce ministre décembriste des explications nettes et une prompte réparation. Le Drouyn, louvoyant avec cette hypocrisie familière aux complices du pmjnre sauglant, parla "du mécontement causé à l'empereur N apo- " léon Ill par l'attitude hostile du représentant de "l'Union, - par le congrès d'Ostende, - la dé- " monstration provocante des proscrits retirés à ••New-York, le 22 septembre dernier, - enfin, "par la lettre de M. San<ln!s à la France, lettre . "qne l'empereur traduisit, lui-même, à so·n con- ,, seil avec toutes les agitations d'un~ colère mal •' contenue. '' Peu satisfait de cette réponse louche, 1\1. Masson remit au Drouyn une note qui sommait le g·ouvernement impérial "d'articuler un grief personnel à "M. Soulé, sans quoi, l'outrage ~f•rait considéré " comme fait :rn gouvernement des Etats-Unis; - " et, dans ce cas, M. Masson Dïendrait, immé- " diatement, ses passeports." • Cependant, Lord Clarendon, après un long entretien avec M. Buchanan, écrivait à Bonaparte que l'Angleterre ne le suivra~ pas clans la périlleuse voie où il s'engageait. - " Que fera votre g-ouvernement? avait demandé Lord Clarendon à M. Ilucbauan. - " La seule chose possible: une guerre immédiate , avait répliqué celui-ci. - '' Et vous, - fut-il ajouté par le ministre eet Almanach, formant un volume de denx cents pagf's, petit texte, paraî~ra dans le dernier mois de l'année. Les articles déjà sous presse sont sig·nés : -Victor Hugo, Louis .Blanc, Félix Pyat, Charles anglais, -·- que foriez-vous à la pbcede 1-I. Masson? --· '' Ce q 11efera M. Masson : je réclamerais une "réparation éclatante, etje l'obtiendrais, ou bien, "je prendrais mes passeports," La note remise au gouvernement impérial fot discutée pe11dant ciuq jours; deux conseils de cabinet furent tenus. Le peuple murmurait, la Bourse de Paris s'alarmait, le commerce aux abois entrevoyait son coup de _grâce dans ce coup de t~le, - et les craintes, les alarmes, les murmures s'exaltaient. et grandissaient tellement que M. Bonaparte eot peur. Il pria :M.. Masson, en termes affectueux, de se rendre à la cour impériale. Mais le danger parut si pressant que l'empereur avant l'arrivée de M. Masson, envoya, lui-même, à la Bourse, nne note annonçi:lnt "le parfait arrangement. de !"affaire relative à M. Soulé." Dès ce moment, on put prévoir que toutes les conditions de l'arrangement seraient dictées par le ministre américain. M, Bonaparte essaya d'équivoquer, dit-on, sur les mots : " DISTINGUONS entre l'ambassadeur et l'homme, t>ntre la présence et la résidence," M. Masson 'repoussa vivement ces équivoques impossibles et ces jésuiticiue::) distinctions. Il fot, résolu que" M.. Soulé ~ERAIT IN- ,, VFrE à se rendre en France, quand et comme '' il le voudrait." Dans les débats de cette question, M. Bonaparte avait dit qui' "jamais il n'avait eu la pensée "d'interrompre les relations amicalC's qui existent "si naturellement entre la France et la loyale "Amérique, - mais, que, jusqu'à un certain '.' point. les antécédents de 1.lf. Soulé pouvaient " éueiller L'attention du gouvernement impérial." M. Bonaparte me11t;1it, il meutait suivant sa coutume; - sans les déclarations du cabinet anglais, sans les émotions du commerce parisien, sans les manifestations du mécontentement popi.1laire, il se fût aveuturé dans les chances d'une guerre qu'il prévoyait en insultant u11ambassadeur. Car M. Bonaparte hait et redoute I' Amétique; à tort ou à raison, il est dominé par cette i<lée fixe qqe "!~Amérique, tôt ou tard, contribuera puissam- " ment ù renverser le trône impérial.'' Quoiqu'il en soit, en parlant des antécédents de .1..H. Soulé, il a provoqué, assure-t-on, la susceptibilité légitime de cet ambassadeur. Je crois savoir qu'avant de traverser la France, M. Sou_lé a édit une lettre dont l'austère langage sera soumis au despote-iusulteur; si je suis bien informé, cette lettre est une rude leçon iufligée à notre bourreau; elle restera annexee au dossier officiel; elle constate la .reculade impériale; - Mr Soulé y rappelle ses antécédents avec 1111 juste orgueil, et ies oi-ipose à ceux de son adversaire imprudent. Certes, M. Soulé a beau jeu; - aussi dit-on qu'il en profite bravement; jamais ·fla:;ellations nïmprimèreI1t de plus profondes ni de plus saignantes flétrissures à des épaules criminelles. Peut-être serai-je assez heureux ponr saisir, quelque part, i11<liscrè.ement, le messag-e flagellateur; je pousserai J':ndiscrétionjnsqu'au bout, en vous envoyant ces pages brûlantes et vengeresses. En attendant, consignez dans vos annales <le ces jours néfastes, le nouveau témoignage du bas caractère de Napoléon III. Lâche et rampant avec les forts, il se venge de ses rampements et de ses lâchetés, en imposant D IL Ribeyrolles, V. Hugo fils, A. Vacquerie, Colonel Pianciani, Colo11el Teleki, A. Ruge, Cahaigne, Faure, Bi,rnchi, Be1jeau. Duverdier,Karcher, etc. Les libraires et les _citoyens qui s'adresseront, aux faibles ses volontés ou arrogantes ou peureuses. Dans un pays voisin, il trouve des s~rnmissions déplorables et faciles ; ses menaces ou ses promesses y créent <les Laubardemont et cles Marchang·y. Ma prochaiue lettre vous en fournira la preuve. Salut fraternel, Hippolyte MAGE~. Le Times - et beanco1;p d'antres journaux anglais - ont essayé d'atténuer l'effet produit par l'affaire-Soulé, en insultant l'ambassadeur -américain et s'at.tc1qnant à ses opinions démocratiques. i\1 ais, tandis que le correspondant parisien du Times lui écrit que le gouvernement français ne cédera pas, le Times an11on~e que " les promptes et franches réclamations de M. Masson ont été reçues courtoisement et amicalement, que des explications mutuelles ont été échangées, et que M. Soulé a été i1,1:ité à traverser la France; le ton et la eonduite du gouvernement français auraient été des plus convenables (.grat{f11in,r;) pour les Et.1ts-U ois. '' Le 'Times et ses confrères out donc prodigué en pur(' perte l'insulte au Républicain et fa flatterie à !'Empereur. Le Leader dit, à ce sujet : " Sa Majesté de France semble subir la mauvaise influence de succès trop soudailis: il commet des bêtises ( bl-unders ). Les Ang-lais, qui commençaie11t à croire à son infaillibilité, ont été récemment choqués par son décret contre l'emploi <lPsgrains dans les distilleries, par sa lettre étour- _die (/oose) à la veuve St.-Arnaud, et par ses p~rsécntions contre la presse infortunée de tous pays, car il lie permet qn'anx feuilles fü.1tt.eusesde passer ses frontièfes. - L'impression pro<luite p:1r ces actes récents ne rendait g-uères la Nation désireuse de le voir à \iVinclsor. i\1ais, non content d'outrager l'opinion publique de l'Angleterre, il a compris dans sa méprisante indifférence tou!e la race ang-losaxoune, et il a osé insulter v=-s Eti:lts-Uuis en refusant à M. Soulé de traverser la France. " Les Anglais, eux-mêrnes, ont consi<léré cet acte comme une grande folie; et nous apprenons avec plaisir que Lord Clarendon a eu le courage et le bon sens de condamner ce procédé. Lord Clarendon, sans se laisser intimider par la nécessité de se concilier no1re grand allié, a déclaré q11'il ne sympathisait nullement avec le gouvernt>me11tfrauçais à cet égard, et que le gouvernement anglais ne prendrait aucune part clans la discussion quelles qu'en fussent les conséquences. " La folie de la couduite du gouvernement impérial a été suivie d'une antre folie; on a tenté d'interdire toute connaissance de l\iffaire i't la France. Les journaux, silencienseme11t avertis, se sont tus. Qu'en est-il résulté'? Tout Paris s'est occupé <lecette affaire: M. Soulé avait comploté une Révolution avec Ledru Rollin, et -vuyag-eait comme agent accrédité des Réfugiés, avec l'au- • torisatiuu des Etats-Unis. " ........ M. Masson aurait dit au gouverne- " ment français: "Nous autres, Américaius, nous " ne comprenons rien aux manières Européennes. "Vous nous avez offern,és: présentez des excuses, " ouvrez la France à 1110nami et collègue, ou je "quitte Paris, et mon g-onvernetnent rompra ses "n'lations avec vous." En somme, l'Empire a reculé devant un8 guerre · contre la République américaine; mais il pardonnera difficilement aux Anglais leur refus de le secouder c\ I'Occide11t tandis qu'il est leur fidèle allié en Orient. 1855. di:lllSle .mois~ ~ la ;Lp>rairie :f:.!niverselle de Jerse~, 19, Do1set :-Stieet, Sarnt-Heher, recevront, aussitôt ['Almanach parn, selon leurs demandes. PRIX :.1 SHILLING (1 fr. 25 c.). GUTEL PROSCRIT DU 2 DÉCEM!lRE, a le triple av:mtage d'unir l'élégance, la légerté et 1n•ott,§§eu1· de f!ouaie la solidité. Tailleur d' lfabits.-29, Belmont Road, St.-Hélicr, Les semelles sont fixées avec du laiton et ne en plâtre, eu circ'. en mastic et en gélatine sur nature morte on vivante. --------------~---1Jersey. laissent aucune aspérité ni à l'intérieur ni à l'extérieur. - On peut marcher à l'eau saus nuire à la solidité rle la cha1tssure. A I Bi'N~HI y.;~~~;;:!, ié~~~it~~; a ! Il \J ~ en chef pendant iuit ans du journal quotidien le Jfrssagcr dn Nord, P.ROSe!RIT POLITIQUE POLON.4.IS, p11raiss11nt à Lille (_Fran_ee),d 1 oi::1;-~ ~l_omicilc,~es Don_ne à_domicile des leç~ns de langue Allemaude le~on5 de langue f:ança1s~. ,ll a11t111.1Ltque,d hts- _et Lat1,1ie; il démontre aussi la Gy111na1tiqne. tom•, cle géographie, de htterature, etc. M. Luù. Korrlccki llésirerait trouver de l'emploi 11 5e eh~rge également_ de toutes corrcspon- comme professeur dans une pension.-61, Newman EDOUARBDIFF,I PROSCRIT ITALIEN, Donne des leçons de bngue italienne. tlance~, écntures commerciales et aut:·es, et des Street Oxford Street.-Lon<lrcs. 1 mé"Tloiresdont on lui confie la rtldaetion. - ' --------~- S'aclrnsser, 20, Don Street, Saint-Hélier. S'adrc~scr a.n professeur, 20, Don-street, St.- l5, COLOMl.!ERIE STREET, ST.-HÉLILR, JERSE_Y. Hélier (Ile de Jersey). ,f'UAY proscrit du 2 Décembre, faiseurJ------------ ----------- R.é./ér_e11cc.~ chez Ml.{. ,v ellman, P. Asplet, U ,ae BOTTES sans couture, pour, A } f) JJ O "\l C, ~i' rooulenr en plâtre, se charge Geo. V1ckery. houmes et pour dame;. - Ce genre de ch::ttsrnrc l\ -' i l'\ 1) b, de toute· e~pi.lce de mo1tlagc Il monle aussi les ornements, le~ st;;.'ues et fournit des épreuves à un prix modéré.---20, Donstrect, St.-Hélicr. HOTELDE L'EUROPE DON STREET, No Il, TENUPARG.ROUSSEL G. 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