-SCIENCE.- ' -SD LI DARI'fÉ.- JOURNALDELADEMOCRATIUENIVERSELLE. Ne 47. - MERCREDI, 18 OCTOBRE 1854-. C.- .Jou1•1ud ~•a1•ait n111e (ois gta.1• sea11ah1e. (Jersey), 19, Dorset Street.-Les manuscrits déposés ne seront I ANGJ,ETER_R~ET CoLONTEs: pas rendus.- ÜN s'ABONNE: A Jersey, 19, Dorsetstreet. - A Uu an,Sshillrngs ou l0francs. Londres, chez M. Zmichowski, 28, Greek-street, Soho Squarc.-A Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Genève (Suisse), chez .M. Corsat, libraire, ru~ Guillaume-Tell. -1 Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. POUR L'ÉTRANGER: Un an, 12 fr. 50. Six mois, 6 fr. 25. Trois mois, 3 fr. 50 c. Toutes letlres et correspondances cloivent être affranchies et dressées. au .bure:rn de l' [mprimerie Universelle à St-Hélier Belgique, chez tous les libraires. - A Madrid, chez Casimir CHAQUENUMBRO: 'l'eus les a1Jo1111en1en• se 1•aient tl'a,•anee. Monnier-, libraire. 3 pence ou 6 sous. ARlV.I\ND B.\RBES ET LOUIS BO~APARTg. 1 \ Le gouvernement de M. Louis Bonaparte, ayant eu l'échec de la dé1iêche-Sébastopol, avait compris qu'il fallait une diversion morale, et il s'était. p:'rmis d'amnistier Barhès. Nous -avons aujourd'hui la lettre-réponse de notre camarade, et nous la livrons, non pas à l'histoire, mais à toutes les opinions et à tous les honnêtes gens : " Monsieur le directeur , • " J'arrive à Paris, je prends la plume, et je vous prie d'insérer bien vite cetce note dans votre journal. . " Un ordre, dont je n'examine pas les motifs, car je n'ai pas l'habitude de dénigrer les sentiments de mes ennemis, a été donné le 5 de ce mois au directeur de la• maison de détention de BE>lle-Isle. " Au premier énoncé <le cette nouvelle, j'ai frémi d'une indicible douleur de vaincu, et j'ai refusé tant que je l'ai pu, pendant deux jours, de quitter ma prison. " Je viens maintenant ici pour parler de plus près et mienx me faire entendre. " Qu'importe à qui n'a pas droit sur moi que j'aime ou non mon pays? " Oui! la lettre qu'on a lue est de moi, et la grandeur <le la France a été, depuis que .j'ai une pensée. ma religion. '' Mais, encore un coup, qu'importe à qui v'ït hors de ma foi et: de ma loi que môn cœur ait ees sentiments ? Décembre n'est-il pas là, et pour toujours, un combat indiqué en1re moi et celui qui l'a fait? . " A part donc ma dig-nité personnelle blessée, mon devoir de loyal ennemi est de déclarer-, à tous f.ltà chacun ici, que je repousse de toutes mes forces la mesure prise en mon endroit. " Je vais passer à Paris deux jours pour qu'on ait le temps de me remettre en prison, et ce délai passé, venrlre<li soir, je cours de moimême chercher l'exil. A. BARBÈS. " " Paris, le Il octobre 1S54, dix heures du matin. - Grand hôtel d.i ·Prince Albert, rue Sainte-HyacintheSaint-Honoré.'' Nous P.tionsparfaitement convaincus que Barhès répondrait ainsi: victimt: d'un coup de grâce qu'il n'avait certes pas mérité, il a compris immédiatement qu'on voulait le perdre, exploiter son beau nom, et se servir de lui, co·ntre nous, contre la cause, contre les idées. Cartouche amnistiant Bayard, c'était habile et fort adroit; mais un soldat républicain, comme Barbès, est très dangneux pour les cléments du crime, et quand les portAs lui sont ouvertes, il reste sur le seuil des prisons, défiant les guichetiers et les gouvernements. Barbès, dans sa lettre interceptée ou communiquée, donnait son opinion sur la guerre d'Orient. L'opinion d'un prisonnier est sacrée pour nous, comme celle des forçats-citoyens de Cayenne et de Lambessa; mais nous dirons à notre ami qu'il ' t , / t ses trompe sur nos esperances e sur nos seutimeuts Pas plus que lui nous n'aimons la guerre, cette monstrueuse débauche de la force ; la guerre est pour lui, comme pour nous tous, ce qu'un ancien doctrinaire appelait le grand jeu des hasards. La g-uerre '? Robespierre n'e11 voulait pas eu 92. ' - Condorcet la répudiait comme la courtisane de toutes les fortunes, et nous, h~ritiers des !rrandes pensées de nos pères, nous maudissons le drame des batailles, parce que nous sommes prof ndément hurnains. C'est la seconde époque de nos temps. Maintenant, qu'est-ce qne la guerre d'Orient pour •on~? Un abominable despote qui se fait appeler Dieu dans ses catéchismes, profite de la République française morte, et veut réaliser son rêve, le rêve de deux siècles d'absolutisme, - il marche sur Constantinople ! L'intérêt anglais, l'intérêt mar~hand s'inquiète, et l'autre misérable despote, qui est à Paris, s'allie à son ennemi de Sainte-Hélène, contre le Russe dont il pratique les priuci_pes : - il avait besoin de diviser l'Europe dans ses desseins futurs! Nous avons compris sa pensée, nous qui savons sa tradition et sa vie. La Belgique, la ligne du Rhin, le royaume d'Italie, les grands Duchés et les Contëdérations d'autrefois, voilà ses rêves! Mais puisqu'on n'a pas le génie des victoires, il faut bien avoir la ruse et les petits moyens; voilà pourquoi, sans aimer l'Angleterre, sans la comprendre dans sa vie de liberté, Louis Bonap<1rte a fait accord avec elle: il fallait diviser l'Europe! Séparez l'Angleterre de la Rassie, vous enlevez la caisse à l'armée! Voilà ·l'intérêt <le Bonaparte dans la question d'Orient. Quant aux républicains, leur pensée la voici : La France n'a pas assez souffert de Waterloo pour en garder un éternel ressentiment. La France n'a pins besoin de faire ses preuves sur les champs de bataille : sa vie morale n'est plus là. La Fruncé-, c'est l'idée d'~galité qui veut, non pas <les strophes, non pas des romans, mais des études sérieuses sur le Socialisme, et des hommes qui sachent vivre, combattre et souffrir pour elle, •comme vous, .Barbès ! Ch. Rrn. Le gouverAemf'nt de Louis Bonaparte est aux abois; ses petites victoires lui coûte11t si chet qu'il est. obligé de faire un troisième emprunt. Comment l'établir et le faire venir à point? Le peuple des campagnes est à bout : les mercuriales du Moniteur,. il les sait mensonges, et quand on lui demandera de l'argent, il montrera ses greniers et ses caves vides. Le peuple des villes, artisans, ouvriers, petits locataires, est obéré: les salaires, dans quelques parties, vont assez bien ; mais tous les frais de consommation montent, ~t quand il a payé son logement et sa nourriture, il lui reste ..... des dettes. M. Bonaparte dépense beaucoup·; il a des châteaux, des palais, des courtisans, des chevaux, des femmes, et par-dessus tout une grande guerre. Comment sortir cl u petit embarras '? Le trésor est à sec. Voilà ponrquoi l'on parle d'un nouvel e~p!·unt national, et la version qui court la VOICI : La victoire d' Alma servirait de prétexte : on demanderait au pays les moyens de continuer cette grande guerre qui doit donner la paix à l'Occident. et pour ce, l'on exig·erait dudit pays, une nouvelle contribution de 400 millions qui; sur coupons pris, seraient inscrits au grand livre. . Si l'opération paraît trop difficile, on prendrait une grande mesure révolutionnaire, et l'on distribuerait, avec cours forcé, pour 850 millions d'assignats, appelés '' bons du trésor." Le gouvernement républicain, en 1848, porta le poids de la crise sans altérer la foi publique ni dans les contrats, ni dans , la loi : nous avons • aujourd'hui un gonvernemeht d'ordre et de moralité qui nous fera les deux milliards au grand livre de la dette. Ce sera son monument. Nous n'avons encore aucune nouvelle décisive sur l'affaire de Sébastopol. Les courriers tartares ou français (ils sont tous de la même famille) ne disent rie~, - La Bottrse est en peine! - notre pays aussi. Partout, àans la chaumière, daPJsles mansardes, les ateliers et les échoppes, on s'inquiète et l'on parle de ceux qui sont partis ! En France le gouvernement russe est exécré : l'on voudrait qu'il reçoive une rud'e leçon de bataille : mais Bonaparte !}-'Y gagnerait rien : on le sait le cousin dl:' Nicolas! Les faubourgs de Lyon et de Paris ont, à l'endroit de la guerre, une opinion qui n'est pas toutà-fait la nôtre. Ils voudraient, pour les armées alliées, une lég-ion de victoires, Contre le Russe despote et conquérant?- Nous sommes d'accord : mais pour le Russe despote de France, nous ne voulons point de gloire. Il fant que le crime reste le crime. Nous recevons d'un de nos amis, qui . est en Espagne, la lettre suivante, et nous la publions. bien certains qu'elle ne trouverait pas fenêtre ou verte ailleurs. t A ~Monsieur Coualhiac, c01·respondant à Madrid du journal la Press-c. Monsieur, Il y a quelques jours, quaucl j'eus l'honneur de vous remettre la lettre adressé-e à la Nacion par divers proscrits résidant à MaJrid, je n'avais pas le moins du monde l'intention de vous en demander l'insertion dans lt Presse. Je voulais uniquement, prévoyant le cas où il vous conviendrait d11la reproduire, eu m 1rquer le sens et prévenir, par la communication dL1 texte français, les modifications de forme qu'entraine toujour~ une traduction, et par !esquelles le fond est presque inévitablemeut alt6ré. Tel était mon but ou plutOt mon scrupule. Jugez comme j'ai nu être surpris de voir, dans la Pre3se, èette même lt>ttre, non pas seulement modifiée ou altérée, mais mutilée dans ses passages essentiels, de te1le sorte qu'il n'était plus possible d'en saisir la véritable signification. Ce que nous nous -proposions, c'était beaucoup moins d'affirmer notre neutralité dans les affaires intérieures de la Péninsule, que de faire compren'dre au peuple espagno 1 qu'en raison de nos précédents en France et de nos principes, cette neutralité, sous le régime actuel, devenait pour nous un rlevoir. Voilà pourquoi nous rappelions notre fidélité à la ca1.tse dans le passé, notre ferme résolution de la défendre jusqu'au bout; voih'l pourquoi aussi, en parlant de notre infortune, nous la rattachions à l'état présent de la France, nous préoccupant fort peu de nos souffrances personnelles que nous savons, Dieu merci, endurer sans nous plaindre, et que par conséquent nous ne racontons à personne. Les phrases ou les membres àe phrase qui expriment tous ces sentiments, ne se retrouvent pas dans la lettre moclifiée par la Presse. Ai-je eu tort de vous dire qu'elle n'a pas le même sens ? Ai-je eu tort d'ajouter qu'on peut, en France et à l'étranger, nous imputer des mobiles que nous ne connaissons pas et que nous ne connaîtrons jamais? Tout ceci bien posé, monsieur, j'ai le droit et même le devoir, moi qui vous ai fait la communication en vertu de laquelle notre lettre a été reproduite par vous, de vous demander le rétablissement, sous la forme que vous jugerez convenable, de sa véritable signification Jans la Presse. Rieu de plus naturel et de plus juste q11e cette réclamation. Sans aucun doute vous n'hésiterez pas à l'accueillir comme je n'hésite pas à vous l'adresser. Agréez, Monsieur, etc. Ed. LEGOEVEL • Madrid, 5 octobre 1854, Par suite de cette lettre nous trouvons dans la corresro 1dance de la Presse signée L. Coualhiac, à la date du 7 octobre, le paragraphe suivant : "Un dernier mot : des réfugiés français, résidant à Madrid, m'ont fait une réclamation au sujet de la reproduction dans la Presse de la lettre qu'ils ont adressée au journal la Nacion. C'est daïs leur intérêt même que j'avais supprimé quelques lignes relatives à leurs antécédents et à leurs opinions. Je ne demande pas mieux que de leur en donner acte. " Les proscrits républicains que M. Coualhiac, chroniqueur de la Presse, voulait patroner de son silence, n'en ont, en aucune façon, besoin: M. Coualhiac pouvait refuser leur protestation, mais il n'avait pas le âroit de l'altérer : ceci \'Jst un point d'honneur que devraient défendre toutei l~s é-celes, surttmt cell" de la liberté.
.. DELATYRANNIE. Vivre sans âme est le mei11eur expédient pour vivre longuement et avec ~écurité sous la tyrannie; mais je ne veux pas enseigner les règles de cette ignoble végétation. Chacun peut les trouver dans sa propre peur, dans sa propre bassesse, dans sa position p'us ou moins servile et fatale, et enfin dans le triste et continuel exemple du plus grand nombre. • Je rp'adresserai donc à ce petit nombre d'hommes qui, dignes de naître dans un gouvernement libre, sont jetés par le sort toujours injuste au milieu de l'ignoble troupeau de ceux qui, n'exerçant aucune des facultés humaines, ne connaissant ou ne gardant aucun des droits de l'homme, en usurpent cependant le nom. En montrant à ce petit nombre comment 011peut vivre qitasi-homme sous la tyrannie, je gémis d'être obligé de leur donner ces préceptes, hélas! trop çontraires à leur libre et magnanime nature ; mais je fais comme le chirurgien qui, ne pouvant guérir immédiatement une plaie, cherche au moins à calmer la souffrance du patient. Lorsqu'un homme, sous la tyrannie, est par sa nature capable d'en sentir tout le poids, mais que faute de forces propres ou étrangères, il est incapable de le rejeter, il doit avoir pour principe fondamental de se tenir toujours éloigné du tyran, de ses satellites, de ses infâmes honneurs, de ses emplois iniques, de ses vices, de ses leurres, de ses corruptions, des murs, de la terre qu'il habite, et de l'air même qu'il respire. Ce n'est que dans cet éloignement total et sévère qu'un tel homme cloit chercher, non pas tant sa propre sécurité que l'estime dt! soi-même et l'intégrité de sa réputation. En agissant ainsi, il pourra s'estimer plil-s encore que s'il était né libre sous un gouvernement juste, puisqu'il a su se rendre libre au sein de L'esclavage ; si, outre cela, cet homme ne se trouve pas dans la funeste nécessité de pourvoir :::ervilement à sa subsistance, qu'il recherche, puisqu'il ne peut acquérir la gloire de I'actlon, qu'il recherche avec ardeur et persévérance celle de penser, de parler et d'écrire. Mais comment penser, parler et écrire dans un gouvernement monstrueux où une seule de .ces trois choses est un délit capital ? Penser pour son propre soulagement, et pour trouver dans le juste , orgueil de celui qui pense une compensation à l'humiliation de celui qui sert; parler avec le petit nombre des bons, dignes à ce titre de compassion et d'amitié ; écrire enfin pour être ntile au plus grand nombre,_ et fai~e la noble contrebande des idét s en dépit des douanes de l'oppresseur. Tout homme courageux peut affranchir son pays du tyran, mais il ne l'affranchit pas pour cela de la tyrannie; il faut à cette œuvre le concours du peuple 011 du plus grand nombre, - non pas expressément le concours matériel, mais le concours moral. Or, ce concours ne peut s'obtenir que par le mépris et la haine excités dans les cœnrs de tous contre l'oppresseur; et ces sentiments n'y peuvent être excités qu'à la longue, par les moyens de propagande indiqués ci-dessns. Quand l'efüt est produit, la minorité entreprenante et hardie choisit son jour et passe tout à coup de la pensée à l'action ; les masses approuvent et donnent leur inertie _pour auxiliaire à l'agression contre le tyran. Mais il .y a un moyen plus efficace et plus prompt ·d'agir sur la multitude, et ce moyen c'est le tyran qui le fournit par ses propres excès. L'homme le plus vertueux et le plus humain se trouve donc dans la malheureuse nécessité de désirer que ces excès du tyran se multiplient, se pressent et s'aggravent afin que 1'opi- , nion et la volonté universelles changent avec plus de rapidité et de certitude, et se consolident inébranlablement. Si un tel désir paraît injuste et cruel au premier aspect, que l'on se rappelle qu'il ne peut arriver de changements importants parmi les hommes sans de grands, périls et de grands dommages, et que les peuples n'ont jamais passé qu'à travers le sang. et-les pleurs de la servitud.~ à la liberté. Tout ce qui est précieux cot\.te cher. Un excellent citoyen peut donc, sans cesser de l'être, souhaiter ardemment ce mal passager, car, outre qu'il met fin subitement à de non moindres et plus durables dommages, il en doit naître un bien immense et permanent. Ce désir n'est point blâmable en lui-même, puisqu'il ne se propose d'autre fin que l'avantage réE:l et durable de tous. Et le jour arrive où un peuple autrefois opprimé et avili, se sentant libre, heureux et puissant, bénit ces calamités mêmes qui, d'une vile et misérable mnltitude d'esclaves corrompus, ont fait une nation glorieuse d'hommes fiers, Yertueux et fortunés. Il y a des gens r1ui disent : " Mais puisque vous avouez " qu'il y a des tyrannies modérées et supportables, pour- " quoi les dévoiler et les proscrire avec tant d'ardeur et " d~ haine ? " - Parce que les plu:s cruelles injures ne ~ont pas celles qui offensent le plus cruellement; parce que les maux doivent se mesurer à leur &tendue et à leurs effets plutôt qu'à leur violence ; parce que, enfin celui'qui vous ôte chaque jour quelques palettes de sang, vous tue .à la longue aussi bien que celui vous épuise les veines d'un seul coup et vous fait languir davantage. Toutes les facultés de notre âme engourdies, to11s les droits de l'homme ameirîdris ou confisqués, toutes le~ volontés magnanimes empêchées ou détournées du vrai, mille et mille autres outrages semblables et continuels qu'il serait trop long de détailler, et, quand la vie de Thomme consiste avant tout da.n! l'âme et l'intelligence, vivre dans une L'IlOM11-E. crainte de tous les instants; n'est-ce pas là une mort perpétuelle ? Et qu'importe à l'être huma!n, 11ui se sent né pour penser et agir ouvertement, de G0I_J.serveern tremblant la ·vie du corps, sa propriété et ses autres biens ( toujours mal assurés) s'il perd en même temps, sans espoir de les récupérer jama:.is, tous les biens les plus pr.écieux de l'âme ? 'ALFIERI. Nous regrettons de ne pouvoir publier en entier, aujourd'hui, la lettre de Georges SAND ERS, cons"ul américain à Londres. Nous la donnerons en denx parties : elle s'adresse au Peuple français. C'est un heau travail sur lequel nous aurons à discuter, mais que nous voulons d'abord faire connaître. .45, Weymouth Street, Portland Pl(lce. Londres, 4 octobre 1654. ·PEUPLE DE FRANCE! Ancieas et puissants alliés de l'Amérique révolutionnaire! Après douze mois dans votre voisinage, ayant eu avec vous des rapp-orts intimes, je connais assez l'état présent de l'opinion en France, en ce qui concerne plus spécialement ·mon pays, pour ne pouvoir m'empêcher, en quittant l'Europe, <lem'expliquer sur quelques appréhensions de votre part, appréhensions qui, je vous le déclare comme citoyen américain, engagent l'honneur de mes compatriotes. . On accuse l'Amérique de ne pas s'inquiéter des hontes et des souffrances de ce peuple auquel uous sommes si redevables pour notre indépen<l:mce nationale,-d'accepter les calomnies adroitement lancées contre ses plus honorables et ses pl11s purs patriotes, - d'aider moralement Napoléon III à étouffer la voix ·de l;:ipresse de'France, - de s'unir avec lui pour déclarer que le peuple ae France mérite son sort, n'étant ·capable que d'anarchie et n'étant propre qu'au despotism~; enfin, que les Américains aiment mieux et ont plus de confiance en tous autres républicains qu'en ceux de France. • Devant ces accusations, uucnn franc Américain ne peut se montrer indifférent. Le péché d'ingratitude nationale est un des plus monstrueux, et dans lequel chaque individualité est engagée. Par conséquent, av.ec. toute l'énergie dont je suis capable, je repousse la croyance du peuple français en notre indifférence envers lui. Quand bien même ma lettre ne devrait passer que sous les yeux d'un seul Français, soit en France soit hors de France, je ne partirai pas sans dire que l'Amérique est toujours ardemment sympathique à ce peuple qu'elle a, le premier, appris à aimer dans les jours de notre obscurité la plus sombre. Comment pouvons-nous mus oublier! Il faut alors arracher les peintures nationales des salles du Congrès, faire que chaque histoire <les Etats-Unis clev.ienne une fausseté, a.Itérer tous les livres d'enseignement, efü1.cerles noms des villes et comtés de beaucoup de nos Etats, rejeter à chaque instant de la vue et de l'ouïe les témoignages de notre profonde obligation et de notre reconnaissance passionnée. Partout, dans les Etats-Unis, les noms français rappellent au peuple 011 apprennent à l'étranger, qu'un grand fait dans le drame national a imprimé ponr toujours le souvenir de la France sur chaque page de l'histoire d' .Amérique. Le plus riche pays du monde, le cœur du Kentucky, fut couvert de noms français par les vaillants pionniers, les compagnons de Daniel Boone, qui firent les premiers retentir la cognée clans ces magnifiques forêts, au moment même ou le sang français coulait pour l'indépendance àméricaine. Le lieu de ma naissance, le jardin <le ce charmant pays, porte le nom de 11 Fayette, et, pès de là, Paris, Versailles et autres noms français sont donnés et conservés en souvenir perpétuel de votre assistance. Nous n'oublions pas que c'est à la source d'où nous provenait cette assistance que nous sommes redev ,bles de la plus grantle part de notre s11ccès. Nous savons que c'est à la Démocratie française que nous le devons : c'est à l'idée républicaine grandissant et progressant alors que le .roi fut contraint de céder. Les gouvernements en France, et les administrations en Amérique, ont disparu et disparaissent ; mais vous, vous êtes toujours le peuple envers lequel nous avons une dette, et nous, nous sômmes toujours le rieuple qui en a profité. C'est l'instru tion donnée à la jeune.sse américaine dans ces écoles publiques qui font le palladium de nos libertés municipales, écoles que j'espère voir se propager en France, au lieu de bayonnettes reluisantes dont votre pays est maintenant couv _rt; éclatant et solennel témoignage! Puisse l'Europe, bientôt, remplacer partout l'exercice de caserne par la lutte de l'école, et puissent les enfants de la prochaine génération connaître aussi peu d'armées organisées que nous aux Etats-Unis, où plus des trois quarts du peuple n'ont jamais vu un soldat du gouvE:rnement. Pour vous, Français, nous regrettons les erreurs de jugement de La Fayette aux époques cri.tiques de votre histoire, mais pour nous, Américains, nous ne le connaissons que comme l'ami ancien et dévoué de la République américaine. Sa conduite éclatante remplit une belle page, honorable pour l'humanité, daus l'histoire de notre révolution. Sa réponse aux commissaires américains à Paris, quand ils lui dirent franchement que la cause américaine dénnée d'amis était languissante, est conservée comme sujet religieux d'exhortation pour notre jeunesse. " Plus votre cause est tombée en discrédit dans l'opinion publique, plus grand sera l'effet de mon propre appui. Pnisque vous ne pouvez vous procurer un vaisseau, j'en _achèterai et en équiperai un à mes frais et j'entreprendrai de transmettre vos dépêches au congrè1 s." Il abandonna tout, vint à nous d'au-delà de)'Océan, demanda à payer les dépenses, et combattit comme volontaire dans nos régiments nus et sans souliers. Quels noms, demande un orateur améric:ain, se maintiennent dans l'histoire comme les héros, les patriotes vertueux et dévoués?... Un caractère les marque tous : ils ont été audacieux et ils ont souffert pour le pays qui les a vu naitre. Qui, avant La Fayette et Kosciusko a jamais mttrché, seul, au combat pour les droits de l'hom~c, dans la caYse d'un Peuple faible, méprisé et inconnu? Les apôtres, les hommes de la Révolution, doivent s'incliner devant cette dernière preuve de désintéressement vis-à-vis de l'étranger. • .Quand, pour répondre à une invitation de notre pays tnomphant et prospère, La Fayette nous visit1 dans se vieill· sse, le peuple se leva sur tous les points du territoire, dans 1m transport de reconnaissance et d'admiration, pour rendre hommage aux souvenirs gue sa _présence faisait renaitre. Dans plusieurs circonstances, l'Am"ér-ique a répondu à l'écho de la France. Elle l'a. plus spécialement •témoigné chaque fois que le peuple s'est vengé lui-même. La Marseillaise n'a jamais retenti ,dans les rues de Paris sans que, p.ortée par la voix puiss2.nte,de la Démocratie, elle n'ait pr?~uit ~n écho fraternel en Amérique ; d'imposa11tes mamfe.stat10ns, avec-drapeaux et-devises, dans nos principales villes, ont prouvé l'intérêt que nous prenons à chaque Révolution du peqple fran,çais pour b conquête de ses droits. Un ~méricain .ayant visité Paris en 1848, et y retournant mamtenant, peut presque ressentir en lui le feu violent, quoique étouffé, de 1'-iudignation, qui doit enflammer le cœur de chaque citoyen français, en voyant substituer un chant effémiué de salon, comme l'antienne 1,iationale, aux accord!s vibraF.ts de cet hymne historique, qui réveilla toujours les plus nobles sentiments dans le cœur du peuple; tandis qu,e maintenant, même après une victoire chèrement achetée, il n'est pas un Français qui ne puisse célébrer ce triomphe par ce cha11t inspiré de liberté ! Vous l'attrib11en,,z, cependant, j'en suis sûr, à un motif honnête, lorsque je vous <lirai que la résistance de l' Amérique républicaine, à l'oppression gouvernementale, fut spontanée, irrépressible et non calculée. C'est que nous avions de puissants et r11des ennemis parmi nous aussi bien qu'au dehors; c'est que nos fermiers, nos marchands et 110smécaniciens cornbattaient les troupes bien disciplinées et bieu payées cl 'une armée rég11lière pendant trois longues et cruelles annt'ies, gagnant sans aide l'importante bataille ·de Saratoga, avant la reconnaissance par la France de notre indépendance. Il ne s'est ja:mais produit dans l'histoire dn monde, dit nn de nos plus honorables hommes d'Etat, de prns hauts exemples de noble aud:1ce, de rudes souffrances, de patience héroïque, que pendant cette Révolution. Dans quelqfüs districts, tout le pays, depuis les montng11es jusqu'à la mer, fut envahi par une force accablante. Les produits de l'industrie périssaient sur le lieu où ils étaient créés, ou étaient consommés par l'ennemi. Le sol était abreuvé du plus pur sang de nos. concitoyE:ns - <les ruines noires et fumantes inJiquaient la pla.ce où avaient été les habitations de leurs enfants. Mai3, malgré tout, l'esprit de liberté survivait et se montrait invincible. Ce ne fut que dans la septième année <le nos combats corps à corps qu'il nous vint de vous un secour.; décisif, qui nous permit enfin de terminer cette guerre d'une manière glorieuse, par la réunion des flottes et des soldats de De Grasse, de Saint-Simon et de Rochambeau avec les soldats, depuis longtemps fatigués et souffrants, de 110s bien-aimés Washington et La Fayette, à Yorktwn. Revenons à la question actuelle: les Américains en France. PermE:ttez-moi, d'abord, de repousser tout jugement• des Français, e11fait de dignité et de respect de soi-même pour les Américains, si ce sentiment est basé sur la conduite récente de deux hommes connus comme des Bonaparte <l'Amérique; en les dévoilant, ce sera prémunir le public contre cette grossièreté. Dans le but jésuitique de donner un vern}s américain à la violatiou des droits de la France, ces deux hommes ont été attirés comme des mouches stupides dans les trames de Saint-Cloud ; et là enivrés par le poison du rusé et infatigable corrupteur, ils sont devenus, par un seul et mllmt: acte, parties volontaires de l'immense mépris qu'on a essayé de jeter sur les femmes américaines dans la personne de la mère de l'ainé des Bonaparte. Cette dame, fille d'un puissant citoyen des Etats-Unis, personne aimable, pure et grâcieuse, fut dépouillée du nom de son époux légitime ; et cet homme très commun, Jérome Bonaparte, la rejeta de la société dans la position ·irrégulière de mère privée de ses droits, privée de toute protection et de sa dignité d'épouse. Grâce à l'usurpation du traître président de la République françttise, le petit-:ffü de madame Patterson, avec
le consentement de son père - qui de tous les hommes sur terre est tombé dans le plus profond mépris au dire des Bonaparte eux-mêmes, pour son indignité envers sa mère - a été obligé de résigner sa commission d'officier dans l'armée des Etats-Unis et ses droits de citoyen américain pour se faire le sujet soumis du parjure LouisBonaparte. Je certifie que vous trouvez, dans cette conduite généralo, des preuves que les Bonaparte américains représenterit aussi peu l'esprit américain que LouisBonaparte, l'honneur français ! Nos voyageurs américains en France sont ordinairement à la recherche des plaisirs, parcourant vos villes les plus agréables comme distractiou à cette vie sévère d'affaires à laquelle l'Amérique républicaine pou:,,se tous ses enfants. Sur les boulevards, aux théàtres, à l'opéra, la foule est gaie et présente à l'œil de l'étranger le spectacle d'une joyeuse harmonie. Le chagrin de l'épouse ou de la mère dont l'époux ou le fils est à Cayenne, en Algérie ou dans les bastilies de Bonapart.e, ne se rencontre pas au bois de Boulogne, ni n'assombrit l'esprit enjoué des cafés; les murmures désolés des enfants souffrants et affa_ més qui osent prononcer le nom d'un père enlevé et perdu pour le travail-salaire, dans une nuit obscure, ne se mêlent pas aux ris joyeux des jardins de:,, Tuileries, ni aux divertissements, ni aux spectacles des Champs-Elysés ; dès lors n'ayant pas les moyens de s'éclairer, je suis forcé d'avouer que nos Américains ont, trop souvent, basé leur jugement sur votre contentement officiel qui paraît s'accorder, à s~s yeux, avec la gaieté et la mode. (La s1tite au. prochain numéro.) LA FRANCE ET LA RÉVOLUTION. Quel est le but de ce travail? C'est d'étudier la France la France aclitelle dans ses sentiments, ses idt>es, ses passions, ses tendances dans les partis qui l'agitent; et, par le résultat de cette étude, de tirer des inductions et des prévisions pour l'avenir, Mais si le présent contient l'avenir en son sein, il a été lui-même engendré par le passé. En d'autres termes, et pour développer plus complètement ma pensée, les sentiments, les idées, les passions, les tendances, les partis de la France d'ai~jourd'hui sont issus des sentiments, des idées, des passions, des tendances, des part•s de la France d'hier. Donc, pour bien étudier et connaitre la France actuelle, il faut étudier et connaitre la France qui l'a précédée, au moins immédiatement. La Franee actuelle date de 1789. Quelle était la France d'avant 1789? Une Ftance d.'inégalité dans le monde social, dans le monde politique et <laus le monde moral. Dans le monde social, inégalité dans les personnes, dans les choses : des personnes nobles, des personnes roturières ; de1,;terres nobles, des terres r-0tirrières; des persounes jouissant de tous les bi-néfices, de tous les avantages sociaux, exemptes de toutes les charges sociales, - des personnes supportant exclusivement toutes ces charges, et exclues des bénéfices, des avantages de'la société; des terres supérieures et des terres inférieures, des terres possédant la ver-tu de procurer à leurs propriétaires des priviléges sur d'autres terres : en un mot, tous les abus de l'organisation féodale, alors que la féodalité était tuée politiquement; c'est-à-dire le mal sans compensation, le revers de la médai Ile sans sa face. Même inégalité dans le monde lJolitiqne, ou, pour mie11xdire, absence complète de tous tlroits, de toutes garanties : d'une part, la royauté, pouvoir absolu et san.s contrôle, se regardant comme maîtresse de la vie, de la libert6 et de la propriété de ses sujets ; et d'autre p:Lrt, l'Eglise enseignant que les rois sont les représentants de Dieu sur la terre, et légitimant ainsi, n.e par' la Religion, la souvernin~té monarchique. Il n'en était pas différemment dans le monde moral. En vain l'Eglise prêchait le dogme de l'unité morale du genre humain, la fraternité, le dévouement des uns pour les autres ; en vain ses c..érémonies religieuses étaient des symbolés visibles de l'égalité ; en vain les penseurs avaiPnt proclamé les mêmes principes au nom de la raison et de la philosophie, l'inégalité ne subsistait pas moins 1lansles sentiments et les idées que dans les institutions politiques et sociales, dans le fond que dans la forme des choses. En sorte que les éléme11ts constitutifs de l'ancienne société se prêtaient réciproquement appui, et concouraient au même but. La France actuelle est tout autre; est absolument le contraire de la France d'aittrefois. L'inégalité était la base de l'ancienne société française ; l'égalité est la base de la société française actuelle. Et, d'abord, dans l'ordre social, l'égale admission de tous les citoyens aux fonctions publiques, l'égalité devant la loi, la proportionnalité de l'impôt, la liberté individuelle, la sûreté des personnes, l'inviolabilité des propriétés proclamées et consacrées par la loi, sont des applications diverses du dogme de l'égalité. Assurél'I).ent, l'égalité devant la loi e~t encore illusoire dans un très grand nombre de ras, les fonctions publiques sont le plus souvent la récompense du vice et de la médiocrité et non de la vertu et du mérite, la proportionnalité de l'impôt n'existe pa~ dans toutes les-matières qu'il frappe, 11. liberté indiL'HO.MME. ' viduelle, la sûreté des perso11nes, l'ill\'iolabilité des propriétés sont en maintes occasions peu respectées ; mais enfin ces principes, ces droits forment le fonàement de l'organisation sociale de la France actuelle. Or, cm dépit du mauvais vouloir et de la résistance, pacifique ou violente, îls prévaudront tôt ou tard complétement et définitivement ; car il est dans la nature de:-. choses que toute cause produise ses effets, que tout principe réalise ses conséquences. Dans l'ordre politique, physionomie analogne, situation analogue. L'ordre politique, en France, repose sur deux principes, sur deux faits, dont l'un n'est t(Ue le développement de l'autre: d'une part, sur le principe, sur le fait de la souveraineté du peuple; et d'autre part, et comme conséquence, sur le principe, sur le fait de ] 'indépendance du pouvoir civil relativement au pouvoir religieux. Or, la souveraineté du peuple, l'indépendance du ponvoir civil relativement au pouvoir religieux, qu'est-ce autre chose que l'application politique de la souveraineté individuelle, de la souveraineté de chaque membre du corps social, c'est-à-dire, en d'autres termes, de l'égalité; que lr dogme de la souveraineté du peuple ait des inconvénients; qu'il ait produit souvent des résultats funestes à la liberté comme au bien-être des nations, là n'est pas la question. Qnoi qu'il fût très facile de répondre: premièremrnt, au point <le vue rationnel et théorique, que les avantages qu'il présente surpassent de beaucoup les inconvénients qui s'y trouvent, ce qu'il serait certainement difficile d'établir pour les autres principes de gouvernement ; que, d'ailleurs, ce principe semble le plus conforme au droit naturel et à la justice, au bon ordre de la société dès lors; et, deuxièmement, au point de vue historique, que le mal qu'il a fait ne doit pas surprendre, que la perfection n'est pas de ce monde, et que pour apprécier ce mal, il faut le mettre en balance avec le bien qui a découlé de la même source, - qu'en outre l'homme n'apprend que parce qu'il se trompe, et qu'avec le temps l'institution de la souveraineté du peuple s'améliorera comme s'améliorent insensiblement toutes les institutions sociales qui ont vie et durée. Mais, je le répète, là u'est pas la question. Il ne s'agit pas pour nous, en ce moment, de discuter sur les vertus et les vices des différents principes de gouvernement-; il s'agit tout simplement de reconnaître et de constater ce qui exist 0 , ce qu'est l'ordre politique de la France· actuelle. Et il n'est pas niable que l'égalité en est la base et le fondement. La domination, le règne ùe l'égalité dans l'ordre moral éclate de tontes parts : par les sentiments, par les idées, par les mœurs, par les habitudes, par les œu vres de la littérature et de l'art. C'es't à peine si l'on trouve quelq11'un qui, je ne dirai pas ose, mais sente naître en soi la velléité éle sen'timents et d'idées contraires au dogme de l'égalité : chacun a conscience que ce dogme est le fond tle la vie moral de notre temps, en est nourri lui-mên1e de force on de gré, et en est dès lors le serviteur involontaire ou libre. Il y a plus: le dogme -de l'égalité s'est fait chair en quelque sorte, je veux dire, qu'il a faço1111é à son image les mœurs et les habitudes. Dans les mœurs et les habitudes françaises pouvez ..vous, en effet, trouver la moindre trace d'aristocratie, dans le vrai sens du mot? On y est sur le même pied ; et les distinctions qui s'y font étant tirées de la valeur de la pernonne, confirment l'égalité bien loin de la contredire. Enfin, les œuvres de Pesprit, soit artistiques soit littéraires, glorifient l'égalité sous toutes les formes. En peut ..il être autrement? Quelle est aujourd'hui, en France, la croyance, la foi générale? La croyance, la foi à l'égalité des hommes. Quel Est le roi qui acclame le talent, le génie, et qui distribue les couronnes de l'immortalité? C'est tout le monde, c'est-à-n.ire le peuple. Donc, nécess(lirement, les artistes, les poëtes, les philosophes, les savants, qu'ils le veuillent ou non, qu'ils en aient le selltiment ou qu'ils ne l'aient pas, puisent leurs inspirations dans l'amour de l'égalité, peignent, taillent le marbre ou écrivent pour parler et plaire au peuple. Cela est manifeste surtout c11ezlt•s écrivains politiques; car, naturellement, dans les ouvrages politiques, le dogme de l'égalité se fait sentir plus fortement, et dès lors se formule d'une manière plus formelle et plus accentuée. Tous, en effet, à quelque école, à quelque parti qu'ils appartiennent, ultramontains, rationnalistes, légitimistes, orléanistes, bonapartistes, s'inclinent devant le dogme nouveau et l'invoquent à l'appui de leur opinion, de leur système, de leur parti. Et les plus illustres d'entr'eux, les Châteaubriand, les Lamennais, les Viet.or Hugo, ayant dépouillé le vieil homme, et comme illuminés par les rayons n.e l'avenir, en chautent l'avènement inévitable et définitif. Les considérations générales que nous avons exposées jusqu'ici étaient nécessaires. Elles seront la lumière qui nous guidera dans les études qne nous avons à faire. En France, les révolutions succèdent aux révolutions, les formes de gouvernement aux for ,·es de gouvernemel'}t; et, au milieu de tout cela, une mer immense d'idées s'y agite, une multitude de partis s'y combattent et s'y dispute le pouvoir. A ne voir que la surface des choses, la France semble une anarchie vivante, un chaos vivant, une énigme incompréhensible. Il n'en est rien pourtant : toutes ces révolutions, tous ces changements de gouvernement, tous ces partis ont leur cause, leur raison d'être, tendent à un but, ont produit des résultats. La France n'e:1t point une l'l.ation.incon:1dquente et folle, temme en pourra: t être tenté de le croire ; m1is une nation essen .. tiellement logique, qui marche d'un pas ferme et assuré v_ersla réalisation de ses desseins, de sa mission providentielle. Or, pour la comprendre, il fallait bien d'abord s'ea. faire une idée philosophique et générale. H. MARLET. ÉCONOMIE SOCIALE. II Les champs, les préi;;, les bois, les vignes, les fermes) les bàtiments, les immeubles enfin, ne constituent pas se11ls l'avoir social: il se compose encore de valeurs mobilières, indus'trielles, q_ui,pouvant se reproduire indéfiuime?f: ~ans la main de l'homme, forment un capital non moms important que le capital foncier. En France la production ind11strielle s'élève au tiers eriviron de la production agrïc-ole. Mais cette partie de l'avoir social n'est pas tancrible comme le capital social ; elle est tantôt visible, t;ntôt invisible ; ici matérielle, là immatérielle ; transmissible, échangeable, aliénable sous certaines formes ; intransmissible et inaliénable sous d'autres. Ce qui distinD'ue surto~t le capital mobilier du capital foncier, c'est qu: le P;em1er,_ne se trouve que dans les sociétés perfectionnées; c e~t qu 11échappe à la conquête commt::au pillage; c'est qu'il uc se développe que sous le régime de la libert~ • c:est qu '!l s~ flétri_t et se dessèche aussitôt que le despo~ t1sme lm fait sentir son contact odieux. S'imaginerait-on, par exemple, que l'habileté de maiu du Russe soit inférieure à celle de !'Occidental; que la classe moyenne des négociants et des boyards moscovites soit incapable de sentir les avantages de l'inùustrie? Certes ce serait une gtande erreur: tous. les voyageurs affirment le contraire. Et cependant les mineurs de l'Oural envoient à Vienne, à Paris et à Londres les ,métaux précieux que l'industrie occidentale renvoie à Petersbourg convertis en bijoux, en instruments et en objets d'art; les pasteurs des Steppes vendent à des maisons anglaises, françaises, allemandes, Jeurs laines qu'ils rachètent ensuite transformées en draps; les Cosaques nous expédient leurs cuirs qui, après avoir été tannés rue l\fouffetard ou à Bermondsey, retournent à Odessa transformées en chaussures, en harnais, en voitures, etc. De sorte que le producteur russe a, non seulement à payer en pure perte un transport d'aller et de retour, mais encore une main d'œuvre infiniment plus chère que la sienne, pour jouir des fruits naturels de la terre ingrate qu'il cultive, au lieu de fabriquer lui-même, en objets de luxe, la matiere première qu'il a. sous la main. A quoi cela tient-il? Cela prouve-t-il que les voyagP.liril ont menti et que le Russe est réellement inintelligent et qu'il se refuse au travail? Non. Tout le mal, c'est qu'il est ~scl~ve ; c'est que,_vivant sous _lejoug du despotisme, sa vie n est pas garantie, son travail n'est pas garanti, sa propriété n'est pas garantie. Il vit, travaillr., économise; et le premier barbare venu d'Asie ou cl' Allemagne peut le faire expirer sous le Knout, s'emparer de son travail et lui voler ses économies ; non plus parce que le ravisseur possède une bonne lance et un poigHet solide, mai~ simplement parce qu'il porte une paire d'épaulettes que lui a donnée le maitre de tout, l'autocrate, le despote, le Czar. Comment se pourrait-il que, sous un tel régime, le malheureux producteur prit la peine cle défendre une vie que la force individuelle ne peut protéger contre la force collective du porte-épaulettes ? Pourquoi s'amuserait-il à perfectionner un travail qui ne lui appartient pas et dont il ne profite que tout juste pour ne pas mourir de faim ? Comment songerait-il à accumuler un capital qu'on ne lui laissera pas? Ne serait-il pas vraiment stupide de tran$- former gratuitement les matières premières qu'il trouve il. sa portée, en objets de luxe à l'usage de ses oppresseurs, des misérables inti: ressés à l'abrutir! De même, partent où le pouvoir se dresse en maître devant l'industrie, la production dépérit et se dérobe; partout où le despotisme touche au travail, la force spontanée de l'ouvrier se change en inertie; le créateur n'aspire plus à la création, il ne songe plus qu'au repos ; la vie s'arrête; et la léthargie survient, en attendant la mort. Ainsi, l'avoir social n'est double que dans les sociétés civilisées ; car le capital mobilier ne se forme que sous Pégide tutélaire de la liberté. Qu'on transforme tant qu'on voudra les armées destructives de l'Europe en armées industrielles, qu'on leur fasse tracer des routes comme aux: légions de César, creuser des canaux comme aux soldats de Louis XIV assainissant Maintenon pour une favorite; on ne pourra jamais créer avec elles que de&. valeurs mortes, des richesses périssables et qui n'auront pas li:1. faculté de se reproduire elles-mêmes. comme les vraies richesses industrielles. Qu'on substitue tant qu'on voudra l'intelligence des chefs, des illustres, des savants, des meiileurs, à •l'intelligence infiniment diverse et indéfiniment perfectible de la multitude, on produira sans doute de gigantesques pyramides, de belles chaussées romaines, de superbes acqueducs, de merveilleuses voies ferrées, des monuments imposants par leur masse et l'unité de pensée qui aura présidé à leur construction ; mais on n'obtiendra rien de semblable aux chefs-d'œuvre de travail et à'intelliiencc que prt.1duit le Briarée ~ux bras :aus,
quand il a conquis non le droit au travail sous un maître, m.iis le droit de travailler sans maître au grand soleil de la liberté individuelle garantie par la liberté de tous. L'intervention du pouvoir sous quelque forme que ce soit dans la production agricole ne peut, comme nous l'avons vu, se traduire qu'en des services d'intermédiaire payés par l'impôt foncier. Son intervention dans la production industrielle ne se traduit ùe même, qne par un courtage perçu sous prétexte de douane et d'impôt indirect. Ici, comme dans la première hypothèse, le rôle du poÙvoir ne peut donc être que passif; car son intervention active amène infailliblement une décadence, une baisse dans la production, comme il est facile de le vérifier en Russie, en Turquie, en Egypte, en Algérie et dans nos colonies transatlantiques. Le gouvernement, quelqu'il soit, n'est pas et ne peut pas être uiilement productenr; c'est un parasite qui s'impose par violence ou par ruse à la production; et toute la qnestion, quant à lui, se réduit à chercher, comme nous l'avons dit, s'il ne met pas un prix exagéré à ses prétendus services. Le gouvernement tel qu'il est aujourd'hui constitué en France se charge d'acquitter les frais généraux de la société moyennant: lo un milliard qu'il demande tous les ans à l'impôt; 2o un autre milliard escroqué au pays sous le nom de dette flottaute ; et, 3o environ sept milliards <le dette consolidée qu'on a demandés à l'emprunt en engageant très imprudemment et très follement l'avenir des générations futures. Cet énorme prélévement sur la fortune publique est employé à pourvoir partiellement aux frais dê défense et d'administration du pays. Il faut dire: partiellement; car le gouvernement ne trouve pas dans ces ressources immenses le moyen de couvrir les pertes sociales résultant d'incendies, de naufrages, d'épizooties, de frais de justice reclamés par les notaires, les avocats, les avoués et les huissiers ; il ne se charge pas d'ass11rer <les retraites à la vieillesse, de soigner les malades, d'occuper les mendiants et les vagabonds, d'entretenir les enfants en bas âge, de les instruire et de leur faire apprendre un état conforme à leurs aptitudes, etc. ; car, pour to·.!t cela, c'est à peine si la totalité de l'avoir social lui suffirait. J.-PH. BERJEAU. BULLETIDNELASE!IAINE. Sébastopol n'est encore ni pris ni même attaqué. Défendue par 70,000 hommes, 800 pièces en batterie et cent pièces de campagne, at1aquée par 60,000 hommes, 140 pièces de siége et 120 pièces de campagne, la place ne paraît pas facile à emporter. On prétend qu'à ~ne dépêche de Canrobert demandant quinze à vinJ-t jours pour prendre Sébastopol, le Bonaparte aurait répondu: Le général veut me faire une surprise. - La surprise ponrrai t être en sens contraire, l'armée de Gortschakoff marchant au secours de Mentschikoff, qui a coulé plusieurs de ses vaisseaux à l'entrée du port et aussi dans le cl étroit de J enikalé, de façon à interdire à la flotte tout mouvement utile aux opérations des alliés. - Des renforts sont partis de Varna et de Gonstantinople (26,000 hommes); les tempêtes dispersent et retardent ces convois, qui seront suivis par trois régiments en garnison au Pyrée, et plusieurs régiments de cavalerie, anglais et français. Le 14e et le 43e de ligne ont reçu ordre également de s'embarquer à Marseille. - Sur le L'HOM]IE.·· Danube et en Asie, les opérations militaires sont suspendues. Les aut0rités turques ,et autrichiennes sont déjà aux prises, au sujet des fonctionnaires roumains dévoués à la Russie - Me9tr'autres l'Hospodar Stirbey - quel' Autriche ve~utremettre en place. ·Les flottes quittent la Baltique, chassées par le mauvais temps, et ne pouvant attaquer les ports fortifiés du Czar. Plusieurs journaux insinuent que les flottes pourraient bien être occupées snr les côtes prussiennes, où se fait une active contrebande de guerre, - On prétend que des· notes énerg·iques ont été envoyées à la Cour de Berlin pour qu'elle ait à prendre parti, ouvertement, pour le Czar ou pour Fûccideut. Le Tirnes parle de menaces adressées à 'Frédéric Guillaume par les gouvernPme1·1ts de Londre-.; et de Paris. On dirigerait 50,000 hommes du camp de Boulog·ne vers les provinces rhénanes, sous les ordres du général Schramm; et l'armée belge - la Belgique n'étaut plus désormais qu'une province impériale - se }-!réparerait à seconder ce mouvement vers le Rhin . .... . La crise g·ouvernementale continue ·en Danemark, lentement, froidement. A un banquet donné aux députés, l'iucident le plus remarquable a été l'omission du toast au roi, auquel 011 avait substitué le toast: " Aux puissances occideutales, cham- " pions de la Liberté et de la Civilisation contre "l'ennemi barbare de l'Europe.'' - Les banquets amènent parfois les Révolutions, et celui-ci rappelle un peu le banquet de Lil.le en 1847? U ue conférence <lesdiplomates américains a lieu en ce moment à Ostende, pour discuter la ligne de politiq ne à suivre par les Etats-Unis dans les complications européennes. Un des ministres du préside11tPierce, en ce moment à Paris, doit rapporter à Washington l'opin10n émise par la conférence. - C'est uu grand pas fait par la République transatlantique vt>rs l'interv@ntion - attendue, espérée - des Citoyens Américains dans les affaires de leurs frères d'Europe ; nous verrons si la fille de l'Angleterre a su secouer les traditions politiques de Pi.tt, en même temps qu'elle a su s'affranchir de sa domination. L'empereur et l'impé~·atrice se sont rendus à Amiens, pour inaugurer, dans la cathédrale, une chapelle décorée aux frais impériaux et qui est consacrée à Sainte-Theudosie; - c'est celte dame (l'impératrice) qui paie avec l'argent des laboureurs de France! • ~ Le concert de notre compagnon d'exil, Edward Remény, violoniste nongrois, aura lieu vendredi prochain, aux Queen's Assembly Hooms. VICTORHUGO T,e d}scours pro- ·• rioncé le 27 septembre 1854, sur la tombe du citoyen Félix Bony, vient ,d'être imprimé sur papier fin et en petit format. On peut s'en procurer· à Jersey à ]'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, et à Lon<lreR, chez Il'I. Eram11S Zmichowski, 10, Claremont Place, J ud<l Street, New Road. Prix·: Un exempluire, Id. (2 sous); cent, 4s. (5 fr.) JERSEY, Hf PRIMERIEUNIVERSELLE, J 9, DOR!<ETSTREE,T. L'administration du journal l'Homme croit devoir porter à la counaissance du public de Jersey que deux nouveaux bureaux, pour la vente du journal au numéro, viennent d'être établis : Chez Mme LEV AILLANT, marchande de papier et de fournitures de bureaux, Pierson Street, près le Ru, al Square ; Et chez M. HUREL, marchand de tabac, 24; (Jueen Street. Or, peut également s'abonner à ces bureaux. AVJI~·o JEANMANESSI ancien officier , rie la marine de guerre autrichienne, professeur <le mathématiques reconnu par l'Académie de la Côte-d'Or, donne des Jpçons de mathématiques élémentaires et spéciales, et prépare les élèves pour entrer à l'école navale. S'adresser à St-Hélier, 2, Halket t Street. EN VEl'tiTE . 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Kordecki désirerait trouver de l'emploi li se _ch~rge également_ de toutes correspon- commeprofesseur dans une pension.-61, Newman Donne des leçons de hngue italienne. dances, ecntures commerciales et autres, et des Street, Oxford Street.-Londres. mémoires dont on lui confie la rédaction. . S'adresser, 20, Don Street, Saint-Hélier. S'adresser au professeur, 20, Don-street, St.- 1• 5 , COLOYinERISETREET,ST.-IIELIER,JERSEY. Hélier (Ile de-Jersey). GUAY proscrit du 2 Décembre, faiseur ---------------- Ré/ér.enccs chez MM. ,v eJJman, P. Asplet, ,de BOTTES sans couture, pour AL pl[ 0NSE mouleur en plâtre, se charge Geo. V1ckery.1 hommes et pour clames.- Ce genre de chaussure J Ï , de toute espèce de moulage Il moule aussi les ornements, les statues et fournit des épreuves à un prix modéré.--20, Donstreet, St.-Hélier. IIOTELDEL'EUROPE DON STREET, No 11, TENUPARG. ROUSSEL G. 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Le prix dés Annonces est uniformément cle six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proporti1,n de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le plus petit texte.
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