scènes de l'Ancien et <luNouveau Testament, il peint cc que ses yeux ont vu. Il a vu le sermon de la montagne, à l'écart, dans les prêches des protestant.,. Cette foule qui hurle et qui menace dans l'Ecce llomo, ne sont-ce pas les hommes qui viennent demander la mort de Barneveldt? Ne demanderont-ils pas bientôt celle des Vv1tt? L'Evangile s'accomplit sous les yeux du peintre·; tou,t est vie, réalité, histoire immédiate dans cette école nationale. Quant à la magie du coloris sous un ciel de plomb, -un~ ])areille contradiction er1tre la nature et l'art est unique dans le monde. Pourquoi la pâleur ascétique de Lt1cas, le Lucas ile Leyde et tout à. coup l'éclat fulgurant de Rembrandt et de Rubens? Ces contraùitions ne peuvent s'expliquer aussi q11epar le principe même de la vie nationale. La Hollande a une double existence, à la fois européenne et orientale. Elle vit surtout par les Indes, par ses colonies égarées à l'extrémité de l'Asie. Quand tous les yeux étai,mt tournés vers les flottes lointaines qui chaque chaque jour découvraient une portion de la terre de la lumière, quan1l naissait à Amsterdam la compagnie des Ind.;s orientales et occidentales, comment les peintres seuls seraient-il:,: restés indifférents à ce qui tenait alors occupé l'esprit de toute une nation ? Les colo11ies conquises dans un autre hémisphère, ce fut là le foyer -éloigné et comme· le verre ardent où s'alluma l'art flamand et hollandais. Une flamme jaillit d'un climat inconnu; le IIIidi éblouissant scintille dans la vapeur et dans l'esprit du Nord; un coin <lu ciel <les Maldives se reflète dans un taudis des Flandres. De là l'effet fantastique et réellement magiq11ede cette lumièr.e composée qu'aucun œil n'a vue et qne la nature n'a pas produite. Ce coloris flamboyant paraît s:rns cause, parce que la cause est éloignée : un monde brumeux qui a entrevu sur ses vaisseaux la lumière orieutalc, et qui y aspire d11fond de ses ténèbres natives ; l'Asie aperçue et convoitée à travers le nuage ; un Orient flamand, une Espagne batave, un Thabor hollandais,· où tout objet &etransfigure. D'où vient le rnyon brCllant qui traverse ces fonds ténébreux? Peut-être, en rasant les mers nouvelles, a-t-il jailli de Sumatra et de Ceylan, où les flottes viennent (l'aborder .. Java éblouit Amsterdam. Les peintures des peuples marins gardent ainsi, à tran:rs l'Océan, un reflet du rivage opposé. Venise emprunte quelque chose de son coloris au ciel du Bosphore. Arne- ~urc que l'Orient rayonne dans la civilisation moderne ·par les comptoirs, les émigrations, les voyages, les conquêtes, les découvertes des Hollandais, il resplendit ila11s leur art. Réverbération de l'Asie sur la Zélande, de la colonie sur la métropole. Les peintres bataves n'ont pas vu eux-mêmes la .terre de la lumière; peu y ont abordé ; mais ils voient chaque jour les vaisseaux, les matelots, les indigènes qui en arrivent ; il-s voient reutrer à Amsterdam les flottes chargées des dépouilles des colonies portugaises, depuis Ceylan jusqu'au Brésil; ils touchent les productions, les draperies, les costumes qu'on en rapporte, et qui tous g::mlent un rayon d'un ciel étranger. La pauvre, froide, triste nature du Nord est amoureuse de cc soleil entrevu. Désir du pays du jour dans le pays de l'ombre, tous ces traits sont au fond de la peinture hollandaise. Je vol:ldrais la définir - une aspiration ver.s la lumière du fond de l'ombre éternellr. Il est impossible de ne pas être frappé de la préoccupation constante de Rembrandt pour tout ce qui vient d'Orient; il s'entourr. d'objets exportés d'Asie, turbans, ceintures, robes flottantes, cimeterres; il fait son portrait armé d' 1m yatagan ; ses chasses sont des chasses au lion ; il l)lace des personnages orientaux débarqués de la veille sur le seuil des hôtelleries flamandes; ses ,batailles sont des batailles de mahométans. Il ombrage ses saints du parasol du Thibet; il ouvre l'immense Bible de saint Jérôme dans ces forêts inextricables qui donnent l'idée d1un paquis de Java. Qu'est-ce que ce paysage mystérieux aux trois arbres? Par del.Yi.me ombre .opaque s'étend au loin un horizon de flammes, une ville fantastique qui est elle - même la création de la lumière première. Rambrandt a précisé une fois sa pçnsée avec plus d'ingénuité. Un philosophe, enveloppé d'une robe orientale, vient d'apercevoir des lettres cabalistiques écrites dans les .rayons du matin, à travers un vitrail de Flandre. Il épèle ces lettres flamboyantes qui ont jailli ,d'un soleil invisibl0; à ses pieds un globe terrestre est éclairé d'une ceinture de flammes, autour de la zone équatoriale. Les Pays-Bas espagnols, tombés en servitude, respirent encore librement dans les peintures de Rubens. C'est dans ces peintures qu'éclate un reste de vie nationale après que la Belgique est perdue dans l'empire du Midi. Rubens règne bien mieux que Philippe II et les rois d'Espagne sur leur immense héritage; lui ,seul tient encore réunies les extrémités opposées de la monstrueuse monarchie espagnole, Parme et Goa, la Lombardie et le Pérou, Anvers et les Maldives, l'Escaul et le Gange. L'horizon de Rubens, c'-est l'empire du soleil, c'est l'extrême Orient visité, fouillé, découvert, révélé à l'Europe. Du mélange des grasses Flandres et des colonies espagnoles ou portugaises se forme ce génie, ce génie tout nouveau qui marque une époque et comme une journée 11ouvel1edans la peinture. Sous Raphaël, je sens Rome antique et la Grèce; sous Titien, Constantinople; sous Rubens, je crois sentir les deux Indes : un catholicisme indou, où la .nature immense s'exalte et s'enivre, un panthéisme chrétien où se déchaînent et semblent rugir les forces de la vieille Asie, l'apothéose de la nature aux cent mamelles, le retour de Bacchus indien et sa marche enivrée vrrs les pâturages d'Anvers. Cependant les rois mages aux manteaux de pourpr') se succèdent et se renouvellent sans intervalle; ils apportent au::icpieds de la madone flamande l'or, la myrrhe, l'encens et surtout la lumière intarissable de leurs lointains royaumes. Ainsi, avec m1e apparente impartialité, l'art jette son reflet sur les peuples qui s'affaisent comme sur ceux qui s'élèvent. Il couronne avec Rubens, chez les Belges, la liberté tombée, comme chez les Hollandais avec Rembrandt la liberté 11aissante : consolation pourles uns, triomphe pour les autrel>. C'est que l'inspiration de la vie nationale se prolonge en~ore chez quelques hommes, même après qu'elle s'est éteinte pour la foule, et comme il y a des héros, il y a aussi des artistes qui survivent d'un jour à la patrie perdue. La réconciliation des deux races, où ont échoué Marnix et Guillaume, s'accomplit dans la peinture nationale des Belges et des -Hollandais; la parenté des artistes marque, en dépit des passions rivales, la,parenté des peuples. E. QUINET. ~T.IC'T· OR HUGO· Le discours pro- V • noncé le 27 septembre 1854, sur la tombe du citoyen Félix Bony, vient d'être imprimé sur papier fin et en petit format. On peut s'en procurer à Jersey à l'Imprimeric UniYerselle, IV, Dorset Street , et à Lonrlres, chez M. Eram1rn ZmichowsJ..::, 10, Claremont Place, J udd Street, New Road. Prix : Un exemphtire, LI. (2-sous); cent, 4s. (5 fr.) • JERSEY, DIPRIMERm UNIVERSELLE, 19, DOR!ŒT STREE/1'. Pour répondre aux nombreuses demmlclPs qui nous sont journellement adressées, l' Administration du journal l'HoMME vient de faire réimprimer les premiers numéros dont les exemplaires avaient été complètement épuisés lors de •leur publication. En conséquence, on trouvera chez MM. les agents du jourmll ou à !'Imprimerie universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, les numéros qui manqueraient aux' personnes faisant collection de l'HoMME, à raison de 3 pence (6 sous) l'exemplaire pl'is séparément. Quant aux personnes, au contraire, qui désireraient avoir tous les numéros qui ont paru jusqu'à ce jour, elles peuvent se les procurer aux mêmes conditions d'abonnements qui se trouvent indiquées, pour chaque pays, e.n tête de notre journal. L'administration du journal l'Homme croit devoir pGrter à la counaissance du public de Je1sey que deux uouveaux bureaux, pour la vente du journal au numéro, viennent d'être établis: Chez Mme LEV AILLA.NT, marchande de papier et de fournitures de bureaux, Pierson Street, près le Ro,ral Square ; Et chez M. HUREL, marchand de tabac, 24, Queen Street. On peut également s'abonner à ces bureaux. AVIS. JEAN' MANESSI ancien officier • , <lela marine de guerre autrichienne, professeur de mathématiques reconnu par l'Académie de la Côte-d'Or, donne ·des leçons de mathématiques élémentai·res et spéciales, et _prépare les élèves pour entrer à l'école navale. S'adresser à St-Hélier, 2, Halkett Street. EN VENTE A L'I.AlP RI MERIE UNIVERSELLE, 19, DORSET STREET, SAIN'r-HÉLIER (JERSEY): ·ou par commission à LONDRES, chez Erasmus ZMICHOWSKr,' IO, Clarernont Place, Judd Street, New Road. DIXANSDEPRISON AU ET A LA CITADELLE DE DOULLENS, Pur MAR'I1IN BERNARD, 1 volume grand in-18 Charpentier. Cet otwrage se trouve aussi : A LONDRES, chez JEF.Fs, libraire-éditeur, BurlingtoR Arcatle ; • A BRUXELLES et à GENÈVE. DAKGERS TO ENGLAND OF THE ALLIANCE WITH THE MEN OF THE COUP D'É'I'AT. 1'0 which are acldcd, the p~rsonal confessions of the Decembcr Conspirat01·s, and some bivgraphicat notices of the_most notorivus of them. BY VICTOR SCHŒLCIIEn,, Representative of the Peo,ple. GUTEL PROSCRIT DU 2 Df:cEMBRE, a le t~i~l: av:mtage d'unir l'élégance, la légerté et . 1n.•ofie~rn1eu1c• ie coupe la sohd1te. , . Tailleur d' Jlabits.-29 Belmont Road, St.-Hélier, Les semelles sont fixces avec dn laiton et ne en plâtre, c11cire·, en mastic et en gélatine sur nature morte on vivante. Il rno•nle aussi les ornements, les statues et fournit des épreuves à un prix modéré.---20, Donst reet, St.-Hélier. ------------------1Jersey. ' laissent aucune aspérité ni à l'intérieur ni à l'extérieur. - On peut marcher à l'eau saus nuire à la solidité de la cha11ssure. BIANCHI proscrit politique ,. français, rédacteur , en chef pendant buil ans du journal quotidien le Messager dn Nord, UJDK. ORDECKI, -PROSCRIT POLITIQUE POLONAIS, paraissant à Lille (Fran_cc), d,on!1e à, d_omicilc ~es Donne à domicile des leçons de langue Allema11de leçons de langue française, d anthmct1que, d'h1s- et Latine; il démontre aussi la Gymnastiqne. toirc, de géographie, de littérature, etc. M. Lud. Kordecki désirerait trouver de l'emploi li se charge égnlement de toutes correspon- comme professeur dans une pension.-61, Newman dance~, écritures commerciales et autres, et des Street, Oxford Strcet.-Londres. mémoires dont on lui confie la rédaction. • S'adresser au professeur, 20, Don-strect, St.- 15 , COLO:IIBERIE STREET, ST.-HÉLIER, JERSEY. EDOUABRIDFFI, PROSCRIT ITALIEN, Donne des leçons de langue italienne. S'adresser, 20, Don Street, Saint-Hélier. Hélier (Ile de Jersey). GU ,iy proscrit du 2 Décembre, faiseur Références chez MM. Wellman, P. Asplet, • 11.. ,de BOTTES sans couture, pour AJ PHONSE mouleur en plâtre, se charge Geo. Vickery. hommes et pour dames. - Ce genre de chaussure J .L , de toute espèce de moulage I-IOTELDE L'EUROPE DON STREET, No 11, TENUPARG,ROUSSEL. ' G. RoussEL a l'honneur de prévenir l\:C\L les voyageurs qui viennent visiter cette île, soit pour agrément, soit pour affaires, aussi bien que les habitants cle cette localité, qu'ils trouveront dans son Hôtel, bonne table, bons vins, et tous les soins, ainsi que tous renseignements possibles. ~ Table ll'Hôte à 10, 1 et 5 heures.-Rcpas à toute heure.-II sert aussi en ville. AVIS IMPORTANT; spec1men ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus à l'Office de !'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du ma1di. Toute correspondances doit être affranchie et contenir 1111 bon, soit sur la poste anglaise, au nom de 111. Zé110 SwrnTo:n,A"'SKI, soit sur un des banquiers cle Jersey ou de Londres. Le prix dés Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Dans l'intérêt du Commerce, de l'Industrie et de la Science, les A1,non_ces de tous les J)ays seront acceptées l à la condition d'être écrites en français, conformément an Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proporti1,n de la hauteur qu'elles occuperont, calculée sur le plns petit texte. 1
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