rupture du lien entre le travailleur et l'instrument de travail. , Il faut aujourd'hui que l'homme rentre en communion avec la tnre ; et pour cela il faut ôter de dessous la main du maître l'instrument de travail qui y est resté et snr lequel pèse encore vraiment le régime féodal. Voilà, si je me suis bien fait comprendre, c11 quoi la RéYolution actuelle diffère de la Révolution de 89-93 et en q11oielle en est la suitè et la continuation. Avant la Révolution l'homme était en commu11ion avec la nature sous la main du maître : la Révolution ne sera faite que lorsque cette communion de l'homme et de la nature sera rétablie dans la liberté. Si par la Révolntion le peuple ne renoue pas ce lien entre la nature et lui en s'emparant de l'instrument de travail, la décomposition sociale continuera. L'écart que j'ai signalé dans la marche de la société au point de vue <less. ciences physiques et au point de vue des sciences morales ira en s'élargissant, et l'inégalité deviendra telle que de nouveaux rapports cle justice seront impossibles à établir dans un monde qui sera en complète dissolution. Les inventions mêmes de la science contribueront à hâter la chûte des sociétés européennes : car les machines, au lieu d'affranchir tous les hommes des travaux répugnants, au lieu de diminuer le temps dne travail pour tou:,, au lieu de rejeter les ignorants, en leur donnant plus de loisirs, dans la vie morale et intellectuelle, les rejetteront dans la misère et dans la mort. Certes, on ne fait pas de p<:trcilstableaux var pure fa11taisiP et par amour de l'art. On ne les fait même que lorsqu'on a le puissant désir de conj~er un avenir aussi menaçant, la ferme résolution de dire la vérité telle q11'on la conçoit, l'espérance de convaincre ceux (les ouvriers at les paysans) de qui dépend le sort de la Révolution et de la société, et la foi d'être compris et appuyé par celles et ceux qui ne veulent pas mourir. Alfred ÎALANDIER. F.RRATA. - Dans l'article du num6ro ·41, on lit: "La femme doit s'inquiéter seulement de faire des enfants le plus prompte1111Cnt possible,'' c'est" proprement" qu'il faut lire. '' Mais les femmes sont éminemment artistes et ne se soumctte:1t,'' au lieu de : " ne se soumettront.'• " La candeur de ses formes,'' au lieu rie : " la ro11dem·.'• " Le froid engourdis~ement qni sent l'immobilité, " au lieu de : " qui suit." 13IENAF ITSD'UNEARISTOCRATIE. Nous empruntons à. un historien anglais, John Hampden, les détails qui vont suivre. (I) Après avoir montré comment, Cromwell étanc mort, l' Aristocratie anglaise, se vendant à Charles II dont elle Yonlait opérer la resta1Hation, trouva le moyen de faire supporter au peuple le fardeau des impôts payés auparavant par elle-même; après avoir établi 'Cette évidence que tout grand malheu.r public est source de gain énorme pour une aristocratie, l'historien anglais arrive à supputer les sommes fabuleuses dé~ pensées depuis la restauration de Charles II jusqu'en 1814 pour faire la guerre au continent. Parmi ces chiffres appuyés de l'uutorité de Sparkman, autre statisticien anglais, nous prenons seulement ceux relatifs aux gnerres contre la Révolution française et l'Empire·; ils nous apportent la mJsse de 56 milliards de francs, environ. La guerre de l'Angleterre contre la Révolution française a coûté aux Anglais 728,330,000 livres sterling, ou 18,208,250,000 francs. Il convient d'examiner quel emploi 011 aurait pu faire de ce tas d'or. Voici une famille composée du père, de la mère et d'un enfant, auxqne1s on danne 2 shillings, ou 2 fr 50 par jour, soit 14 sh. ou l 7 fr. 50 par semaine. J 4 sh. multiplié par 52 semaines égale 728 sh. ou ;f. 36. 8 sh. ou 9] 0 fr. Telle est b. dépense annuelle de trois créatures humaines rétribuées comme nous le disons. En multipliant par 1,000, le nombre des i11dividus et la dépense, nous avons 3,000 individus dépensant par an 723,000 sh. ou 36,400ue ou 910,000 fr. La multiplication de ces derniers chiffres par cent nous donne 300,000, dépensant 72,800,000 sh. ou 364,000 .t-. ou 91,000,bOO.fr. Nous multiplions encore ces derniers chiffres par dix et nous avons 3,000,000 dépensant 728,000,000 sh. ou 36,400,000 .t. ou 910,000,000.fr. En doublant le nombre, 6,000,000 dépenseront 1,456,000,000 sh. ou 72,800,000;f.. ou l,820,000,000.fr. Si nous multiplions par dix cette dépense d'une année, l'opération nous montrera six millions de créatures humaines consommant en dix ans 728,000,000.t. ou 18,200,000,000. fr. Six millions d'âmes constituaient alors le quart environ de la population de l'Angleterre. Or, la guerre contre la Révolution française a coûté aux Anglais 728,330,000,;t. soit 18,208,250,000 fr. - Donc au lieu de verser tant de sang et de dépenser tant d'argent, Pitt et les siens auraient pu nourrir pendant dix années un quart de b po1mlation anglaise en réservant encore un boni de 330,000,:f,. soit 8,250,000 fr. Et quand on pense que cette guerre impie était dirigée par l'aristocratie contre la liberté et l'affranchissement des peuples, ne trouve-t-on pas bien juste la grande • L'JlO MME. Convention françuise dénonçant, du haut de sa tribuue éloquente, le 'gouvernement anglais d'alors et déclarant Pitt l'ennemi du genre humain! (le aoO.t 1793) La guerre cpntre le premier Bonaparte a coûté aux Anglais 1,498,500,000 livres sterling, ou 37,462,500,000 francs pendant une période de douze années. Près de trente huit milliards de francs et le sang humain versé comme de l'eau, pour le bénéfice d'une caste insatiable et ne reculant pas, afin d'assouvir son affreuse avidité, devant l'égorgement et la ruine des pe~ples ! N'est-ce pas à faire frémir les âmes les plus froides ? L'historien anglais le fait noblement comprendre. Après avoir supputé le nombre des hommes tués, Anglais i:;eulement, et l'argent dépensé durant les guerres suscitées par l':uistocratie depuis 1688, John Hampden laisse échapper ce cri de son âme désolée : " Une dépense de trois milliards, trois cent quatrevingt-trois millions vingt-deux mille cinq cents livres sterling, et la perte de dix-huit cent vingt mille hommes!" (Anglais seulement). Tels sont les bienfaits d'une aristocratie. J. CAHAIGNE. ( 1) The Aristocracy of England, a history for the people, by John Hampden, jun. - London, Chapmau brothcrs, 121, N ewgate Street, 1846. VARIÉ'rÉS. SCIENCE POPULAIRE. PHILOSOPHIE POSITIVE. Quel avantage moral le genre humain a-t-il retiré des vaines spéculations tMologiques et métaphysiques qu1 l'ont égaré si longtemps? Quelle est la valeur aujourd'hui ùe ces milliers d'écrits et de livres sortis de la plume <lesmoin'es et des théologiens des dix-sept premiers siècles du Christianisme? Qui s'intéresse maintenant aux disputes de la Sorbonne, nu fatras <lela scholastiqne, aux querelles des nominalistes,des réalistes et des conr.eptualistes? Tot1t cela est tombé sous le marteau des puissants <lémolisseurs du 18e siècle et sur ces ruinei ne doivent plus s'édifi.er désormais que des théories basées sur l'expérimentation. On ne nous ordonne plus de croire sous peine d'une damnation éternelle , on nous dit simplement qu'il fal!lt observer aYec exactitude, analyser avec précicision, génêraliser avec rigueur. "La vraie philosophie, ajoute Proudhon, c'est de savoir comment et pourquoi nous philosophons, en combiep de façons et sur quelles matières nous pouvons philosopher, à quoi aboutit toute spéculafion philosophique. De système, il n'y en a pàs, il ne peut pas y en avoir, et c'est une preuve de médiocrité philosophiqne que de chercher aujourd'hui une philosophie." . Est-ce là réellement ce qu'a voulu prouver A. Comte, un des plus éminemment penseurs de notre siècle, par l'immense travail qu'il a pnblié sous le nom de Philosophie positive? On serait tenté de le croire, car les idées nouvelles que développe le positivisme portent véritablement le coup de grâce à la philosophie théologique et métaphysique, au lieu de fournir un syi;tème destiné à la remplacer. L'opportunité de la philosophie positive d' A. Comte est incontestable en ce qu'elle présente s1utout un admirable plan d'éducation encyclopédique, que Pon peut considérer comme le seul. point de départ rationnel et grandiose d'une rénovation sociale telle que nous la comprenons au 19e siècle. L'esprit humain après s'être élancé d'abord avec un enthousiasme religieux dans les spéculations théologiques dont le dernier terme était un Dieu, s'est arrêté trop longtemps aux spéculations métaphysiques dont le dernier mot était la nature. Il est descendu maintenant sur un a11trs terraiu, sur le sol d'alluvion accumulé par le courant éternel du progrès ; il poursuit sans hésitation sa marche à la recherche de la vérité ; car le magnifique horizon qu'embrasse la science s'ouvre enfin devant lui. Arrière donc les langes de la théologie, les subtilités embrouillées d~ la métaphysique ! Notre enfance a pu se contenter de la première ; notre jeunesse poursuivre la seconde ; notre virilité n'accepte plus d'autre joug que celui de la démonstration rigoureuse appuyée s11rl'expérimentation. Le caractère fondamental de la philosophie positive est de généraliser, en les réduisant aù moindre nombre possible, les lois naturelles, invariables, auxquelles sont assujettis tous les phénomènes cle la nature; de n'accorder de valeur absolue qu'aux théories démontrées scientifiquement, et de rejeter comme inaccessible et vide de sens la recherche de ce qu'on appelle des causes soit ptemièrr.s soit finales. En partant de cc principe, toute science humaine se partage en denx grandes branches dont la première co!l'lpreucl les connaissances spéculatives, la seconde les connaissances d'application. Toute science spéculative se subdivise en outre en sciences générales et en sciences partict11ièrcs. .. Le grauù problème de l'éducation rationnelle consiste donc à classer les cat/ig-ories de phénomènes de telle sorte que l'étude ùe chaque catégorie soit fondée sur la connaissance des lois principal'es de la catégorie qui précède, et qu'elle devienne à son tour le fondement snr lequel repose l'étude de la catégorie suivante. Ce proli>lème sera résolu si on descend successivement de l'étude des phénomènes les plus simples ou les phs généraux, à celle des phé..a nomènes les plus particuliers ou les plus compliqués. Tous les phénomènes se divisent de même en deux classes : 1 ° phénomènes des corps bruts; 2° phG11omènes des corps organisés. Les seconds dépendent évidemment des premiers; tandis que ceux- ci ne dépendent nullement des seconds. Il en résulte que l'étude de la physique i1~organique_doit nécessairement précéder celle de la physique orgamque. Chacune de ces deux grandes classes se subdivise ellc- ~ême en deux parties distinctes. La physique inorgamque comprentl : lo les phénomènes généraux de l'univers ; 2o les phénomlines particuliers des corps terrestres; d'où résulte d'une part une physique céleste on astronomie soit géométrique, soit mécanique, de l'autre une physique terrestre. C'est par l'astronomie ql1e doit débuter l'étude de la physique inorganique; car l'astrouomie enseigne la loi de la gravitation universelle et cette loi modifie la })hysique terrestre sans qnc cette dernière ait aucune influence sur l'astronomie. A son tour la physique terrestre présente cleu:t divi• siom:; l'une mécanique qui prenrl le nom de physique proprement dite, l'autre chimique qui consti.tue la chimie. lei encore cette dernière science a besoin du concourn cle la physique sans que celle-ci ait eu général besoin <le recourir à. la chimie. Dans les sciences rclati\·es aux êtres organÎséf;, cette double division se reproduit. Il y a deux séries de phénornè11es distincts qui se rapportent d'un côté à l'individu, de l'autre à l'espèce. Aussi la physique organique comprend-elle une physiologie ou étude de l'homme considéré individuellement et une physi:pie sociale ou étude du genre humain claus son ensemble et comme virnnt en société. En résumé, la philosophie positiYe comptend six sciences fondamentales dont l'étude successiYe est déter- ·minée par une subordination nécessaire et invnriablc; cnr ce qui s'appïend dans la première est absolument nécc'.;;- rnir~ dans l'étude rationnelle,des cinq suinntes. L'éducation encyclo11«'.'diquedoit donc parcoutit, pour être complète, l'échelle S'cicntifique suivante ~ 1. Mathématique ~ 2. Astronomie; 3. Physique ; 4. Chimie; 5. Physiologie ; 6. Physiqûe sociale 'ou science ne 1a sociocratie. Ce n'est qu'à la condition de s-uivre rigourc115ernent cette marche rationnelle d'enseignement que la société moderne peut espérer de substituer au règne de la force brutale et de l'anarchie intellectuelle l'équilibre scientifique appelé à servir de base dans l'avenir à la régénération spirituelle des sociétés humaines. J.-PH. BERJEA'lJ. DERN!ERNEOSUVELLES. Une dépêche télégraphique :de Vienne avait annoncé à Londres, <lès j-eu<li, le débarquement des alliés en Crimée, entre _Eupatoria et Sébastopol. Le Duc <le Newcastle a reçu lundi, de Lord Raglan, une dépêche, de laquelle il résulte que le débarquement s'est effectué, sans opposition; commencé le 14 au matin, il n'était pas entièrement terminé le 16 au soir, à cause de l'ag·itation de la mer. - Les Russes, au din:: des journaux allemands, n'ont que 38,000 hommes en Crimée, et devront se borner à défendre Sébastopol, jusqu'à l'arrivée de la garde impériale qui vient de quitter St.-Pctersbourg,et de l'armée d'Osten-Sacken, remplacée en Bessarabie, par l'armée de Gottschakoff qui, le 16, a repassé le Pruth. - Les troupes alliées, inférieures en cavalerie aux Russes, commencent par se retrancher sur la côte. Le cabinet autrichien a écrit pour féliciter les cabinets de Londres et de Paris de cet heureux commencemeut des opérations contre la Russie. Il a fait plus pour les alliés ; tandis que son armée avauce dans les Principautés et met le Czar dans la nécessité de déclal·er la guerre à l'Autriche s'il veut franchir. de nouveau le Prnth, l'empereur François-Joseph est convenu avec les alliés qu'ils pourraient, en tout temps, opérer dans les Principautés; et il a ordonné, en conséquence, au général Hess, de laisser Omer Pacha marcher contre Galatz et Ibraïla, s'il le jugeait utile. Tandis que les nouvelles officielles présentent ainsi l'Autriche comme hostile à la Russie, la
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