Homme - anno I - n.41 - 6 settembre 1854

L'JI O~l M R. ~·-----------------------------------------------------------------------' <lespréjugés religieux et économiques, et que sous son chaste et fier regard rougissent de honte lei; soudards, les jésuites et les usuriers; qu'elle, qui est la beauté, arme • la Rfvolution, qui est la jeunesse; qu'elle, alouette matinale, nous appelle, de sa voix chérie, au travail de la Révolution démocratique et sociale, et que, dans ses mains, se déploie, aurore d'un soleil nouveau, le rouge drapeau de l'indépendance universelle... Et l'on verra s'il est nécessaire qµe la femme sorte de son rôle pour être une personne politique, et l'on verra si la déesse de la liberté, personnifiée dans nos sœurs, fera retrouver sa vie et son énergie à ce peuple que les hommes politiques ont perdu ! Alfred TALANDIER. . ER1tATU~f. - Dans une note de l'article précédent, il est dit que" Pie,.;-e Lero11:rpourrait trouver à reprendre dan; des idée, dont plusieurs cependant sont FILLES Dl:S SCIENCHS," Lisez : "F!Ll.ES DES SIENNES.'' L'INSURRECTION DE VIENNE. -Suite.- En d~pit de l'organis1tion rapi<le de la garde nationale-, la confiance ne venait pas encore. Il fut question, un moment, d'arborer la cocarde rouge, et de marcher contre le château. Ce n'était pas sans motifs, le premier soin cle Win<lischgrœtz ayant été de mettre Vienne en état de siége, et de lancer la proclamation suivante : "Muni, par sa majesté apost0lique, de pleins pouvoirs, . "pour rétablir et maintenir l'ordre et la tranquillité dans "la capitale, j'invite tous les habitans à obéir aux me- " sures que réclame ce rétablissement, et à les appuyer "avec courage et résolution. J'espère qu'ils feront cause " commune avec moi , dans le sentiment <le lenr propre "intérêt, et à cause du fidèle attachement dont ils ont fait "preuve en tout temps. " J'ajoute l'avertissement sérieux, qu'on doit éviter "•i<mte offense envers les troupef' impériales et royales." Vindigr1ation des habitans força le gouvernement de remplacer Windischgrretz par le prince de Lichtenstein. Les Eta~s se clécidèrent à former une commission provisoire, composée de douzP.membres tirés de leur sein, et de douze autres, nommés par un comité bourgeois qui venait de se constituer. L'empereur sentit le besoin de faire de la popularité, et parcourut la ville, en voiture découverte, accompagné de deux archiducs. Les magasins 1m rouvrirent comme par enchantement. Il avait suffi d'une journée pour faire fléchir une monarchie séculaire. La Révolution constitutionnelle était accomplie. Aussi, l'enthousiastne de la bourgeoisie fut-il à la hauteur de la victoire. A toutes les croisées flottaient des drapeaux, aux couleurs allemandes, portant les inscriptions : " liberté de la presse, garde nationale, ordre et süreté ! " Pour le moment, 1a bannière noire et jaune de l'Autriche avaH disparu: Du reste, la loyauté monarchique ne se démentit pas. L'archiduc-palatin Etienne étant arrivé de Presbourg, les chevaux de son carrosse furent dételés, et les mêmes hommes qui, la veill~, étaient prôts à s'insurger, traînèrent le véhicule princier. Cela ne doit pas nous étonner d'ailleurs, nous qui voyons la bourgeoisie anglaise, dont le libéralisme est, pour ainsi dire, devenu proverbial, se mettre à genoux devant le trône, et proclamer l'inYiolabilité des priviléges aristocratiques. - Le peuple seul est grand ; le peuple scnl est révolutionnaire. Après avoir crié hurrah pour l'archiduc, la population cria, dans la même journée, eljen, sur le passage de la députation hongroise, à la tête de laquelle se trouvaient Kossuth et Bathyany. Le cortège magyar entra dans la • ville à l'heure même où la Constitution fut proclamée. Cette charte, qui résumait les concessions iropéri,tles de la veille, commençait par l'énumération complète des titres du souverain. Le soir, la vi1le fut splendidement n( uminée. Elle ne savait pas, alors, comment les têtes couronnées tiennent leurs serments et leurs promesses. Elle n'avait pas encore été bomoardée au nom de ce prince, dont l'image fut portée en triomphe à travers les Tues. Et cependant, le vent printanier n'avait pas encore séché le pavé, humide de sang humain. Le lendemain, 16 mars, l'empereur se rendit à l'Université, en passant au milieu d'une haie de miliciens émerveillés. La municipalitf> lui présenta une adresse de félicitations, pleine d'un enthousiasme lyrique, et lui promit solennellement que le peuple serait digne de la liberté. Le peuple a prou \·é la vérité de cette assertion, mais non pas comme l'entendaient ses officiers. La députation hongroise, après avoir fait accepter par le gouvernement les vœux qu'elle était chargée de lui soumettre, touchant la liberté de la presse, et un ministère responsable et spécial pour la Hongrie, publia son manifeste aux habitants de Vienne. Dans cette proclamation, Kossuth, toujours simplement constitutionnel, se félicitait clusuccès obtenu, et insistait sur la solidarité qui <levait unir tous les peuples de la monarchie autrichienne. Les Viennois n'oublièrent pas cette parole : plus tard, à l'heure décisive, ils 01:it fait de leur ville une forteresse, et l'ont défendue, pendant vingt jours, contre l'armée impériale, trois fois supérieure en nombre. Cette journée du 16 mars fut terminée par nne impo11ante procession aux flambeaux. C'était· assez, c'était trop de fêtes, car la Révolution n'avait pas encore enterré ses morts. Les funérailles des victimes eurent lieu le 27. Comme toujours, les personnages officiels se pressaient autour des cercueils de ceux qu'ils eussent fait exécuter, s'ils n'avait remporté la victoire. Trente-six cadavres trouvèrent une fosse commune au cimetière catholique, sans égard à la différence de leurs confessious religieuses : - la liberté de conscience célébrait son premier triomphe dans un asile funèbre. Il y avait, parmi ces trente-six martyrs, quatre femmes : tous les sexes et toutes les conditions avaient payé le •tribut de sang. 1 Les premiers discours qui furent prononcés, ne sortaient pas des banalités habituelles. Mais une émotion profonde s'empara des assistans, lorsque M. Maunheimer, le rabbin israélite, s'avança près de cette tombe béante, pour supplier l'être suprême "de recevoir .:!naemble, dans son sein, les confesseurs du Christ et les sectaires de Mo"ise, qui venaient de fraterniser snr le champ de bataille et <laus la mort". " Oui, dit le vénérable vieillard, si celui-là est juste, qui, poussé par la voix de sa conscience, se voue corps et âme à la défense de ce que l'homme a de plus précieux sur la terre, à la défense de la vérité, de la liberté, du droit et de la dignité; - tous ceux pour lesquels je prie, sont morts de la mort du juste." Le ministre d'un culte jusqu'alors honni, mais dont les adeptes venaient de gagner noblement leurs lettres de franchise, termina sa touchante allocution par ces paroles : "Vous avez voulu que les Juifs fussent enterrés près des vôtres. Ils ont combattu pour vous, ils ont versé leur sang pour vous. Ils reposent dans votre terre. Accordez donc à ceux qui, non moins braves, ont également combattu, mais qui ne sont pas tombés, de vivre, libres comme vous, sur la même ter.r:,eque vous." En effet, un des premiers actes que devait accomplir la Révolution, était l'émancipation <les Juifs. Il faut le dire, à. la honte de ce pays de discussion!! philosophiques, l'oppression du Moyen-Aga pesait encore sur la race israélite. La royauté se servait, contre ces malheureux, de l'abrutissement abject dans lequel elle les entretenait soigneusement. Ne fallait-il pas, comme le disaient les pieux ministres du parjure royal de Berlin, no fallait-il pas les punir de ce que leurs ancêtres avaient crucifié le Dieu des Chrétiens? Cette parola stupide fut prononcée, en plein l 9e siècle, ne l'oublions pas. L'exhortation du rabbin rie Vienne porta des fruits. Si, en France, les Israélites sont ùevenm:, pour la plupart, infidèles à la Révolution à laquelle ils doivent tant, il n'en a pas été de même en Allemagne. Beaucoup de ceu:ii1qui maintenant expient, sur la terre étrangère, leurs combats pour la liberté, appartiennent à la foi mosaïque. A dater rle ce moment, le godverrrement impérial ne cherche plus qu'à régler le mouvement. Il met tous se.s • soins à l'organisation de la garde nationale, q11'iljuge, à bon droit, fanatique d'ordre .. N'avait-elle pas marché,. au milieu de l'insurrection, contre les travailleurs des campagnes ? N'avait-elle pas laissé passer, dans un ordre du jour <leson général, la phrase suivante : "la pureté et la sincérité <levos sentimens ont armé vos bras contre les tendances sauvages et criminelles d'un prolétariat réprouvé, pour lequel rien n'est sacré, et qui ne demande son bonheur qu'au renversement de toutes les institu'tions sociales." En vérité, les mitrailleurs parisiens de Jui.i 1848 n'ont été que les pâles imitateurs du commandant Hoyos : on croirait lire une des pages homicides du Constitutionnel. Il fa.llut enfin songer à remplacer M. de Metternich, qui se trouvait sur la route de Londres, où il devait se rencontter avec Louis-Philippe et le prince royal de Prusse. Le cabinet autrichien, présidé par le comte de Kolowrat, fut composé de sept ministres, dont les plus marquans étaient le comte de Fiquelmont et le baron de Psillersdorf. Toujours des nobles de vieille souche, auxquels on confiait la garde des institutions nouvelles. C'était introduire les loups dans la bergerie, et les moutons n'avaient qu'à se laisser tondre, garder et dévorer, comme par le passé. Le premier acte du ministère fut une amnistie dérisoire. Les nations, comme les individus, rencontrent rlans leur vie des moments décisifs, de ces moments où la lumière jaillit des chocs, où la minute a la valent d'mt siècle. Les Révolutions n'ont qu'un jour : malheur à qui ne sait pas en profiter ! Lorsqu'un peuple entend le frôlemrnt des ailes d'or du génie, de ce génie qui inspire non des chants mais de1,actions, n faut qu'il marche résolument en avant : s'arrêter sur la route du progrès, c'est reculer. St. Just l'a dit : "Les révolutionnaires ne doivent se reposer que dans le sein du tombeau." Le peuple autrichien avait laissé passer le moment. Il s'était arrêté devant la première concession constitutionnelle. La bourgeoisie ne voulait pas même la liberté pour tous. Elle reçut fort mal une adresse des Polonais <lela Gallicie, qui réclamaient la formation d'un comité national. Et cependant, la Pologne ne demandait qu'à ~ervir de bouclier contre la barbarie. Il devait coO.ter cher à l'Autriche, de n'arnir pas su racheter un crime de lèse-nation. La population fut mieux inspirée, en s'élevant contre l'alliance msse. Les tendances envahissante11 des autocrates moscovites n'étaient plus u~ secret pour personne. Le temps était venu de se prononcer pour l'alternative posée à l'Europe par un iran<l coupable : ,·épublieai1te ott cosaque. Or, la Vienne de mars 1848 ne voulait pas être cosaque. La polémique reçut un nouvel aliment par une révélation faite à propos. La Gazeta Krakouska, journal de Cracovi!;!,publie. lé testament de Pierre-le-Grand, ce hardi manuel des intrigues moscovites. Dès lors, retentit le cri de bataille : avec Paris coutre St. Petersbonrg ! Chaque nation doit posséder un boulevanl extérieur contre le principe qui lui est opposé. Ainsi, l'empire moscovite est l'antipode de la France. Notre enceinte fortifiée contre ses empiètements, est l'Allemagne ; nos forts détachés sont la Pologne et la Hongrie. Il faut donc faire triompher la Révolution chez les Allemands 'lui, eux, ont la mission de la porter chez les Slaves. C'est là l'enchaînement logique des faits; c'est là l'équilibre européen révolutionnaire qui sortira du prochain mouvement et qui aura pour base l'alliance franço-germanique-italienne. De là aux Etats-Unis de l'Europe, à la République universelle, il n'y à qu'un pas. Malgré des petits résultats immédiats, la première igsurrection de Vienne n'en fut pas moins une phase intéressante de l'ébranlement général. Le système de la réaction, qui s'était si longtemps soutenu à l'aide des baïonnettes et des intrigues diplomatiques, sombra au premier coup tle vent. La conseience :POfiulaire s'est éveillée, et dans un mois, nous retrouverons la Révolution dans la capitale de l'Autriche. Constatons seulement que cet étroit patriotisme qui, dans une nation de quarantesix millions d'hommes, n'ose pas faire le sacrifice d'un village, esprit déplorable et funeste, quoiqu'il trouve son explication dans la tendance générale vers l'unité, perdit bientôt sa puissance sur les bords du Danube. Nous le verrons bien plus tenace et plus dangereux dans la. Prusse, dont nous allons nous occuper. Théodore KARCHErt. VARIÉTÉS. , __ :scrE~CE POJ;lULAIRE. GÉOLOGIE. Avant les découvertes de Cuvier et des géologues qui ont marché sur s&s traces, la théorie de la formation de la terre et de ses bouleversemens successifs ou simultanés, a donné lieu à une foule d'hypothèses plus ou moius hasardées; aucune d'e1les n'a présenté Je caractère d'uni;: formule scientifique. Le premier qui ait abordé cette théorie au l 7e siècle, Burnet s'imaginait qu'une croûte égale et légère recouvrant d'abord la masse des eaux, celles-ci ont produit le déluge en éclatant à la surface et soulennt les débris qui ont formé les montagnes. Une vingtaine d'arJilées plus tard, Whiston p,·étendit que la terre, créée des débris d'une comète, fut plus tard inondée par la queue. d'ùne autre. Leibnitz et Buffon firent de la terre un soleil éteint, sur lequel les vapeurs tombant à mesure de son refroidiss.ement ont été la source des meu qui déposent ensuite les terrains calcaires sur le monde intérieur de granit. Un autre naturaliste, Dema1.llet couvre le globe entier d'eau pendant des milliers <l'a_nnées~et fait élilborer au sein de l'océan les embryons de tous les êtres vivants, qui, se perfectionnant successivement, finissent par arriver de dégrê en Mgré jusqu'au point le plus élevé <le l'échelle animée, jusqu'à l'homme lui-même. Selon Delamethrie, tout s'est précipité par cristallisation et déposé par couches telles que nous les retrouvons aujourd'hui. Suivant Hutton et Playfair, les matér~aux des montagne, sans cesse charriés par les fleuves jus-qu'au fond de la mer y sont échauffés sous une énorme pression et durci, pa:r la chaleur qui les relève ensuite sous forme de volcans. D'après Marschall, la terre est formée de fragmens errants dans l'espace, que sa gravité attire et qui apportent, suivant la région du ciel parcourue, les élémeus d'êtres nouveaux et différents de ceux qu'elle avait auparavant. La science en était là lorsque Cuvier, ce grand génie qui découvrit des mondes éteints, ce petit caractère qui s'abaissa jusqu'à être le complaisan·t de Bonaparte, ce flatteur des Bourbons, le persécuteur d-es protestants ses coréligionnaires, Cuvier prouve clairement que les couches terrestres sont superposées suivant une loi que leur inspection attentive révèle partout, que les animaux et les plantes propres à certaines couches ne se retrouvent pas dans les autres ; que les animaux et les plantes dont on retrouve les dépouilles dans les premières couches nit se reproduisent plus quand elles ont une fois disparu. Avant, Saussure avait nettement posé la limite qui sépare les terrains primitifs des terrains secondaires; Werner avait fixé les lois de la succession des couches quant à leur valeur minérale. M~is c'est à Cuvier seul que revient l'honneur d'avoir fixé par la reconstruction des fossiles, les époques successives de la formation du globe, d'avoir donné la certitude que le globe n'a pas toujours eu la même enveloppe, et d'avoir indiqué non seulement la série des révolutions qu'a subies cette enveloppe, mais encore celle des êtres animé'!! qui l'ont habitée tour-à-tour. Maintenant quand Cuvier partant des découvertes qu'il a faites, en rapetisse lui-même la valeur et cherche à. :prouver quQ toutes ces révolutions i-e sont op~rées dan~

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