• -SCIENCE.-, ' -SOLIDARITÉ.- JOURNALDELADEMOCRATIUENIVERSELLE. Ne 40. - MERCREDI, 30 AOUT 1854-. 1 (Jersey), 19, Dorset Street.-Les manuscrits déposés ne seront I ANGLETERREET CoLONTES: pas rendus. - ÜNr.s'~BONNE.: A Jersey, 19, Dorset street. - A Un an, 8 shillings ou 10 francs. Ce Journal 1•a1•ait une .fois pa1• senudne. Londres, ch~z M. Zm1chowsk1, 28, Greek-street, Soho Square.-A Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Genè~e (Smsse), chez M. Corsat, libraire, rue Guillaume-Tel!. -1 Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. PouR L'ÉTRANGER: Un an, 12 fr. 50. Six mois, 6 fr. 25. Trois mois, 3 fr. 50 c. Toutes lettres et correspondances doivent être affranchies et Belgique, ,chez M. Leconte, rue de la Rivière, H,, faubourg de CHAQUENUMi:Ro: adresséesau bureau de l' Imprimerie Universelle à St~Hélier Cologne a Bruxelles. - .d Madrid, chez C. Monnier, libraire. 3 pence ou 6 sous. To11g les abo1u1e1nen1t se 1•aie11.t d'avance. On lit q.ans la Gazette da Peuple de Lausanne : MM. Eugène Suc et Etienne Arago se trouvant dernièrement en passage à Genève, ont dû quitter précipitamment cette ville sur l'ordre cln département de justice et police. Nous tenons d'ail~ leursde bonne source que le citoyen Flocon y est l'objet de recherchesminutieuses, comme si un intérêt puissant était attaèhé à son expulsion. Il paraît que la vieille Suisse est jalouse dü laurierbelge tt qu'elle veut avoir ses Charras : nous allions répondr~ à cette lâche provocation contre l'exil et le malheur, lorsqu'il nous est arrivé un aide puissant, le consul-général américain, Geo. Sanders. Heureux, nous lui cédons la place et nous publions la plus gTande partie de sa lettre que nous avons traduite autant que possible dans son abrupteet vigoureuse simplicité. . Londres, 16 aoilt 1854. AU PRÉslDENT DU CONSEIL FÉDÉRAL DE LA SUISSE. CHER MONSIEUR, Comme citoyen américain, à l'étranger, et, votre frère en République, je saisis franchement l'occasion de vous exprimer les sentiments éveillés enmoi par une triste et récente nouvelle qui nous intéresse tous, nous, bons démocrates Américains -ouSuisses. ' ' La Rép~blique helvétique nous est chère comme une \Verte oasis au milieu des froids déserts de l'absolutiste continent. Son honneur, ses succès, son salut sont les nôtres. Le nom de Guillaume Tel1 est une harmonie dans l'oreille de tout enfant américain. Tell "au cœur defer" est une des di- ~i~ités tu~élaires que chaque ,~ère en Amérique ~?itco1!na!tre ~. s~n fils. Je n ai donc pas besoin, J en sms sur, d ms1ster longtemps pour faire comprendre combien nous est amère cette nouvelle que le gouvernement suisse aurait ou semblerait avoir (d'après les journaux) subi la politique de l'Autriche, politique de suicide, et teudant à s'opposerà tout~ propaga~de de l'action républicaine ~u~ 1~ co~tm~nt : à sr ~pposer à ce point qu'on irait .1usqu à hvrer les hberaux traqués qui, pleins de confiance en vos sympathies naturelles et comme on pourrait le croire incontestables, ont cherché refuge dans vos limites. Ces hommes, républicains comme nous mais moin~~eureux n'en s~nt, que plus mérita~s par leur mebranlable perseverance et leur foi. J'espère encore profondément que cette nouvelle est fausse, car la seule rumeur est une immense injure pour la Suisse et lui fait grand tort auprès de ses seulsvrais amis. .Comme not~e Amérique, la Suisse par le seul fait de son existence est une protestation morale contre le despotisme. Comme la nôtre, cette existencene dépend ni d'une permission ni d'une faveur des gou vernemens absolus. Ils connaissent p~rfait~m~nt la for~e ex~ansive dont le principe ~ep11hl.1caei?st doue, et ils ~e .se reposeront ni Jour 01 nuit, avant qtrn ce prmc1pe ne soit déraciné partout, ou qu'ils soient eux-mêmes renversés. Leur salut est dans le silence de toutes les voix républicaines, notre force est à leur donner le •souffle!Nous sommes arrivés en ce jour où tout hommed'intelligence doit comprendre que sa place est du côté de la lutte ou de la protestation· car d h ·1 ' ' ' en e or~, i n Y.a q~e la ?ar?arie ou la stupidité. La Suisse qm a auJourd hm cette grande sit.uat_iond'être la seule République organisée de l'Europe, est le seul pays pouvant soutenir les droits des peuple~ européens au self-gouvernement, soit par ses habiles efforts, soit en donnant asile aux patriotes des autres pays, et leur laissant ainsi développer la féconde influence de leurs vertus et de leurs idées. Le droit d'asile est sacré. Que les gouvernements monarchiques de second ordre repoussent les vaincu~ s?r l'ordre im~ér~eux des despotes, et. tombent amsi dans le mepns des hommes libres, une République ne saurait descendre à si lâche couardise et laisser, pour toujours, son nom sous u~e telle infamie. L~ S_uisse n'a~ qu'à jeter un regard sur sa propre hist01re pour savoir avec quel succès l'énergie et la foi peuvent tenir tête à la force brutale. Sa gloire est d'avoir, maintes fois défendu le droit d'asile contre les réclamation; iniques des plus puissans états, et, dans ce qu·on appelait alors la lointaine Amérique, nous nous rappelons avoir jadis applaudi la Suisse, lorsque, sous le règne de Louis-Philippe, sommée par le gouvernement français d'expul1>erun pauvre exilé qùi se cachait derrière ses montagnes, elle refusa noblement et résista même aux menaces de guerre. L'exilé dont il est ici question, est aujourd'hui le maître de la France et il ne sera peut-être pas sans intérêt de rappeler ici èe que Lonis Napoléon disait alors à la Suisse. '' Je félicite un peuple qui sait se gouverner lui- " même et qui tend chaque jour à se rendre plus " digne de la liberté et du grand nom de la Ré- '' publique.". . . . ... • Dieu a donné à la Suisse de grandes défenses naturelles pour la conservation de son indépendance, ce qui lui permet de pouvoir, en gardant toute prudence, rester :fidèle à ses institutions. Sa grande force, sa véritahle sûreté, au milieu des gouvernemens antagonistes, c'est la ~onfiance en sa position, c'est la foi dans l'enseignement sublime que la nature lui souffle du haut de ses montagnes. Recev~nt bravement dans son sein les apôtres et champions persécutés pour ses propres principes, elle peut, - et alors seulement, - défier les intrigues de ses ennemis quand même. En faisant de sa, terre. ur! champ. d'asile et d~ ralllement pour les repubhcams patriotes, elle a.1oute une force irrésistible à sa bonne situation g·éographique, et de cette position stratégique, moralement couverte elle peut matériellement aider à l'affranchis~ sement de l'Europe. Une fois certains d'une an~itié cordiale . et à toute épreuve, les républicarns, à la première attaque, voleraient à son secours de tous les points de l'Europe, et feraient au ~esoin, de chaque chemin des Alpes, un défilé des rhermopyles pour sa défense. Je sais ce que la prudence exige : mais souvent être ferme c'est être prudeut, et la plt1s grande preuve de cette vérité, la Suisse la trouvera dans ~es, a~nales. Ses fils n'ont-ils pas montré ce dont Ils eta1ent capables, dans les batailles de Morgaten de Sempach, de N œfels, contre les ducs d'Au~ triche au 14e siècle, et par les célèbres victoires de 1472, et de 1476, remportées à Granson et à Morat sur Charles-le-Téméraire? Et, dans les temps modernes, lorsque tant de ?hange~ens bouleversaient l'Europe, n'est-ce pas a la droiture et à Ja·fermeté de sa politique que la Suisse a dû de rester indépendante et libre? 9u'elle ne se 1:1ontre donc pas, aujourd'hui, ~oms brave et moms généreuse, qu'elle déclare bien haut qu'aucune intimidation ne saurait la forcer à trahir l'hospitalité, ni la faire dévier du principe qui fait sa force et sa vie............ . ••L.' Ar:ié;i~~~· ~~·tait ·d·e·p·u•·i~ ~ ;)~~~ ·t·e~;~: ·L~ coup-d'Etat de Décembre a détruit en son âme toute espérance de voir avant quelques années des RépublJqu.es s'asseoir en Europe. Les rois malgré, leur. mepns 1 appare~t, doivent beaucoup plus à Loms N apoleon qu a toute autre tête couronnée· c'est lui qui arrêta l'élan toujours croissant d; l'enthousiasme américain qu'échauffait l'éloquente parole de Kossuth: mais si la foi dans l'action s'est endorm~e, la sympathie reste, et voilà que de Cf't engourdissement un premier réveil venant d'~spagne nous relève! voilà que l'héroïque cond 1 01te .de~Esp~gnols nous prouve que l'aspiration repubhcame amme encore le continent ! Et combien cett~ sympathie ne serait-elle pas fortifiée par la conduite nne et forte des Républicains en Enrope, combien ne le serait-elle pas, surtout, par la fermeté ~es Républiques établies ou qui sont en ~~nn~ v01e, c?mme l'Espagne aujourd'hui, comme l I.tahe, demarn peut-être, et la Hongrie le jour smvant? . Quant à l'attach~1:1e~tprofond, quoique silencieux du peuple amencarn pour cette cause, voici u?-e.décl,aration qui m'est adressée par un sénateur distmgue du Sud aux Etats-Unis, et qui fait preuve: " Je suis d'accord avec vous sur la nécessité " q?'il y a de pr~ter ~ain ~orte aux républicains " d Europe, ~t Je suis pret à faire tout ce qui " pourra les mder dans la revendication de leun " libertés, et pour leur maintien plus tard " ••ï•i·~.:·;~· r;~~. -~·~•• cÏ'6p·~~i~~-· ïi ~..r ~·~~;hi~ .. ·q~~ c~lle-ci; il n'y a pas eu de pays ,!Ilieuxsitué que le votre pour le grand honneur d'une action puissante. Tou!es les ~irconstance~ y poussent. Il n'y a besom que d hommes qm veuillent les servir: or, les homm~s sont en. Suisse; s'il. n'y étaient pas, votre patrie ne serait pas la Smsse, ou, hientot, la Suisse ne serait plus !...... Ce sont les hommes qui font les événements et d_anst~ut~ occasion grave, quand on se sent f~rt, si on n agit pas, on trompe sa destinée· on viole ses relations solidaires. ' J'espère que mon simple langage américain sera plus agréable à un républicain sincère que le rusé langage diplomatique des rois. En finissant, permettez-moi de vous dire combien ~st vraie l'amitié fraternelle de mon pays pour la Suisse, et combien sa droite conduite nous est à cœur. Un républicain indépendant, ami de la Suisse, GEo. N. SAND ERS. DERNIÈRES NOUVELLES. Depuis la reddition de Bomarsund, lesjournaux n'ont annoncé aucun évènement important. L' Autriche, l'Angleterre et la France ont adressé une ~~te idei:itique au. C~ar ~our lui . déclarer que 1eyacuat10n .des.prmc1paute.s dan!-1biennesne pouv~1t les satisfalre ~ ~es trois pm~sances exigent d autres et plus seneuses garanties que la paix ne sera plus troublée sur le Danube. La libre navigation du Danube et de la mer Noire est, bien ent~ndu, l'un ~es pre1;11~erpsoints stipulés; l'abrogation des anciens traites avec la Turquie est aussi reclamée. Mais, en somme, si le Czar consentait à donner les garanties qu'on lui demande, il subirait peut-être une humiliation, mais sa puissance ne serait e°: ri~n diminuée. Sébastopol et Kronstadt! la K:imee, la Pologne, la Finlande lui appartiendraient encore; et tant que l'Enrope occidentale verra camper les soldats de Nicolas sur la Vistule, la Baltique et la mer Noire, elle devra s'attendre à une agression, à une invasion menaçante pour sa liberté, pour son existence même. La Prusse a, dit-on, envoyé de son côté une note à St Petersbourg, pour appuyer les exi(J'enccs des trois puissances alliées, dont elle n'a p;urtant pas accepté la note. - .L'armée autrichienne - dont on annonce chaque semaine l'entrée en Turquie - n'a pas encore franchi les frontières. La prise de Bomarsund a vivement ému les Sué- • dois. L'ordre des paysans à la diète a signé une adresse a_uroi pour le prier d'aviser à ce que les îles d' Aland ne retombent plus sous le jou(J' russe: c'est le pousser à la guerre. 0 Le choléra décime les armées et les flottes. Le ,9-énéral Napoléon Bonaparte est arrivé malade à Constantinople, - L'éxpédition de Krimée n'est pas ·encore partie de Varna, où l'amiral Boxer conce?tre les t;ansports e..._l'tartillerie de siège qui doivent partir le 20 aout pour Sébastopol, avec 70,000 hommes dont 20,000 Turcs. Omer-Pacha est entré à Bucharest, une proclamation rassure ceux des Valaques forcés jusqu'ici de servir les,. Russes, et qui fuyaient devant les rrurcs.
____ ..__ ____ CORRESPONDANCEPARISIENNE. Pi:ris, 28 août. Boi1aparte emploie les loisirs de sa villégiature à faire joner le télégraphe. Il expédie ses dépêches au ministère <l'Etat, lequel les transmet au ministère de l'intérieur, et en quelques heures, la France est saisie. De quoi? - D'une réponse à l'é\-êque de Bayonne, <liscours préparé sur les grèves, et dans lequel 011 déclare vouloir partager les prières au Tout-Puissant, avec ceux qui se battent, avec ceux qui s01~ffrent... Cette horrible hypocrisie du luxe insolmt et de la làcheté bien gardée, l'opinion publique, en France, l'a bien comprise : elle a dégoüt ! On expédie de plus des circulaires au ministre de la guerre, décrets ordonnant de diminuer les étapes sous la canicule : on écrit cela sous les frais ombrages ou sous les tmtes fleuries, et l'on espère que cette sollicitude pour les recrues en marche, sur les chemins de la France, fera oublier les grands désastres cholériques de nos armées rlans la mer Noire et la mer -dn Nord. 0 Tartuffe à casque et goupillon ! On leur envoie, du reste, à ces braves gens qui meurent là-bas, des paroles de maquignon impérial parodiant l'autre : ou les appelle, soldats, rnès enfants, et on leur dit au revoir. Au revoir? Les Russes n'ont évac·.:é les îles d'Aland que pour fuir le terrible fléau qui les décimait : de là, la facile victoire, tant célébrée par les feuilles de la Sainte=- Alliance de Boulogne. Le 'l'imes déclare que les soldats français vainqueurs de la grande tour sont déjà décimés et qu'.on va quitter le séjour d'hivernage, les forHic«tions détruites! Le journal le Pays ( une des fermes de M. Laguéronière) vient de reccveir un premier avertissement, pour a.voir mal parlé des Turcs : ce 1\1.Laguéronière est un grec, nous le savions. Est-cc que M. Forcade envoyé consul-général à Bucharest serait le Forcade, publiciste borgne de 1\I. Changarnier? - Pauvre maison d'Orléans! Et la maison La Rochejaquelein ? Le dernier héritiP.r que vous connaissez vient de faire un discours au conseil-général des DeuxSèvres. 1 L'apostat et très peu scrupuleux actionnaire félicite la France et son chef de leur sagesse et de leur patience dans la gnerre ! Croyez-moi bien, les aristocraties et les empires en sont à leur dernier jour. XXX. LA QUESTION SOCIALR. Il est manifeste que l'humanité te!lClà la réalisation d'un ordre nouveau dans lequel il n'y aura plus trois ou quatre -espèces de sociétés : le grand monde, le moyen monde, le pauvre rnonde, et le monde innommé, celui des crétins, des voleurs, des prostituées et des mouchards (je demande 1iardon aux crétins, aux voleurs et aux prostituées de mettre avec eux cette dernière espèce, le mouchard) mais une seule société, un seul monde dont, à titre d'homme, on sera memhre, et où la liberté sera le droit de chacun, et l'égalité le droit de tous. Pour atteindre ce but, le seul digne des efforts humains, il faut connaitre et les lois tlu vieux monde qu'il s'agit de détruire, et les lois du monde nouveau c1u'il s'agit de constituer. Un de ceux qui ont fait faire le plus de chemin à. cette donble étude, Pierre Leroux, a parfaitement démontré que le régime des r.astes, qui dnre encore aujourd'hui sous la forme propriétaire, avait pou 1' sanction une notion vraie, mais incomplète de l'homme et de ses rapports avec la nature et la vie universelle. A la ·science antique qui, ayant vu que l'homme est sensation, sentiment, connaissance, avait divisé les hommes io;elon les fonctions propres à ces diverses facultés, et produit par cette division les castes de prêtres ou savants, de nobles ou guerriers, d'artisans ou iudustriels, castes qui toutes puisaient leur vie dans la classe sans nom de l'esclave, du paria, de l'ilote. Pierre Leroux a opposé une notion plus complète de la nature humaine, et il a dit : l'homme est sensation 1 sentiment, connaissance indivisiblement unis et simultanément manifestés. Et cette nouvelle notion ramenant l'homme à l'unité de sa nature ot excluant la possibilité d'une nouvelle division de l'humanité en castes, en même temps qu'elle renferme b. négation de l'ordre passé, renferme l'affirmation la plus haute d'un ordre nouveau. Malheureusement l'ignorance est encore si grande dans le monde, que beaucoup n'ont pas même l'idée qu'une notion antérieure d'un ordre idéal soit nécessaire à la Téalisation d'un ordre réel : à p1ns forte raison ceux-là ignorent-ils que toujours l'ordre réel se modèle sur la notion de l'ordre idéal entrevu. C'est à cette ignorance qu'il faut nous attaquer : et : pour aujourd'hui, je tâcherai de montrer comment, par '.l'exercice de plusieurs fonctions dans les divers ateliers industriels, artistiques, scientifiques, l'homme se conformera à cette loi trinaire de son complet développement L'HO1\~1l ~~ .. que Pierre Le1·oux a appelé la triade et qui est vraiment une des lois de la vie les plus importantes. ( J) On reconnaitra, je pense, volontiers, que le développement partiel d'un des côtés de la nature humaine, aux dépens des deux autres côtés, produit dans la société des choses vraiment effrayantes et monstrueuses. Dans l'industrie, le développement, par le travail, du côté physique de l'homme, en fait une espèce de machine propre à sa fonction, mais impropre à. toute autre chose: Nous ne sommes que des machines! (Chant des Ouvriers de Pierre DuPO:-.T.) Dans la science, le développement excessif des facultés intellectuelles aux déperis du corps et de l'àme fait de la ~lupart des savants de~ êtr~s ~aladifs, sans virilité politique, chez lesquelles l mspuat10n et la spontanéité sont détruites à jamais. Dans l'art c'est peut-être moins fort, les artistes tou- ~h~nt un peu à ~out, mais c'est plus comique. Des êtres 1rntables et vamteux plus qu'aucune femme du monde jaloux du moindre éloge décerné à d'autres, rapportan~ tout à eux-mêmes, pers1iadés queîa terre n'est pas digne de les porter, ne sachant plus que dire, du reste aussitôt q~'il ?'est,_pl~s questio~ de leu~ art, et pen,san;, en poht1qu;, qu 11faut _unear,1stocrat~epour que l art prospère, et qu une Républu1ue democrat1que et sociale n'aurait pas de quoi les payer. , Sans do~te _c~tablea~ est chargé si on veut l'appliquer a tous les 111d1v1duqsm, dans quelque spécialité que cc soit, compren11er,t qu'il faut puiser à toutes les sources de la vie et faire concouJ:ir la science, l'art et l'industrie au cléveloppement mutuel les uns <les autres· sans doute ' ' et fort heureusement, tous les savants ne sont pas des J>édants en us, tous les artistes ne sont pas <les filles entre~enues, _tous les ouvriers ne sont pas que des machines; mais en genéral, et qunnt aux so11ffrances qui résultent pour le~ uns et pour les autres de ce développement inhar~10111que,ce, t~b_leaun'est, l1élas ! que trop vrai. Et encore n aJ-Je parlé que des travaux où l'homme crée et vit véritablement. Il y a d·ms <:cttcscience, telle qu'elle est, des contemplations sublimes; to11t un monde où le savant oublie les douleurs du monde réel. Il_~ a ~:rns _l'art, dans cet art maladif de notre temps, des JOICS 111fi111esd,es émotions puissantes. Ces hommes qui se servent au public sous forme de chant, de drame, de tableau, de piano, de violon, comme l'oie sous forme ~e. fo!e-g~as, ils ont du plaisir à le faire, et, plus que l 01e, ils aiment à être mangés ainsi. Il y a dans l'industrie créatrice des joies mâles et fières, des conquêtes superbes, et celui qui étanche sur son front la sueur noble du t-ravail, jouit aussi des produits -~u'!l crée comme jamais consommateur au monde n'en a JOUI. . Mais <1uc ~ire des malheureux gratte-papier dont la :71c~e passe ~. un bureau, de ceux dont le temps se passe a ph~r et dépu~r des étoffes, de tous ceux enfin qui, livrés a un travail fragmenté, absorbent toute leur vie dans une seule occupation q11'ils exercent toujours, et toujours la même ? sont-ils des hommes, ceux-là ? 'Non. Ou ne peut être ·vraiment homme que si on cultive tout à la fois ses forces physiques, ses sentiments et ses idées. Ce n'est pas assez d'avoir une fonction. Il faut en avoir au moins trois : une dans l'industrie, une· dans l'art, une dans la science. Tout homme doit travailler pl1ysiquement. Tout homme doit travailler moralement. Tout homme doit travailler intellectuellement. L'homme reviendra à l'unité de sa nature quar,d il se _dév:loppera harmonieusement, selon les trois aspects de la vie physique, morale et intellectuelle. Voilà comment je comprends la loi du développement trinaire ou triade. Si, au contraire, l'homme continue à se parquer selon l'industrie, l'art, la science, les castes que nous voulons détruire se recréeront d'elles-mêmes, et nous tournerons éternellement dans le cercle de la damnation. Il est d'autant plus nécess::tire que les révolutionnaires comprennent cela, qu'il n'y a plus guère aujourd'hui que deux castes : celle qui possède et celle qui ne possède pas. Et la situation respective allant se dramatisant à mesure que le problème se simplifie, nous arrivons à un point où. il n'y a plus <p1'une manière de faire la Révolutio~. Cette manière, je l'ai indiquée et j'y reviendrai; mais de gnlce que les révolutionnaires veuillent bien médit~r ,sur le jugement qu'a porté Robespierre sur les révolut_10nsma~quées,, quand il a dit qu'elles n'étaient qu'un crzme succedant a un autre crime. Or'. po11r ne pas f~ire <leRévolution manquée, il faut la fatre sur le terram même où le problème social est posé par la force des choses, et il ne faut pas surtout recommencer le passé. Distinguons donc les fonctions, mais ne divisons plus l'homme contrn lui-même et les hommes entre eux. Qu'y a-t-il d'impossible d'ailleurs à ce que chaque homme se développe sous les trois aspects de sa nature ? ( l) Au lecteur, à Pierre Leroux et à moi-même, je dois de dire qt'.'à moi seul doit inco1_nber la responsabilité de cc que j'écris. Pierre Leroux trouverait sa11sdoute beaucoup à re'>rendre dans des idées dont plusieurs cependant ~ont filles des s~iences : et je n.e m'accorderai peut-être pas avec lui ,ur toutes les conséquences qu'il tirerait de la. loi de la triade. Je crois que toutes les séries sont dans la nature et qne chacune a sa loi qu'il faut connaître ainsi tpie les ohjets auxquels el!~ s'applique. Ne saurait-on être, en même temps, je supvose, jardinier, géomètre et musicie?; ?u tisserand, peintre et philosophe; ou toute autre combinaison embrassant au moins une industrie, une art, une science ? Les différentes branches de l'activité humaine ne s'offrent- elles pas du reste de mutuels secours, et la tendance manifeste de _l'humanité n'est-elle p~s ver<; ce développement harmomcux des facultés humames qui fera de notre espèce quelque chose d'aussi différent de l'homme actuel que celui-ci diffère lui-même du plus brutal sauvage. N'entendez-vous pas les voix des ouvriers poètes, des ouvriers savants ? Ne voyez.·vous pas que dans les grandes villes la jeunesse ouvrière smt des cours de chant de dessin, de ~éo?'1étrie: de physique, etc., etc., et qu~ tout cela nous md1que d une façon certaine la tendance de l'humanité ? , Reste à voir maintenant si la pluralité de fonctions équivaut à ce qu'on entend aujourd'hui par cumul de places ou de propriétés ? .... Je crois qu'après tout ce que j'ai dit déjà, 011 peut répondre sans crainte : non. Il y a_cum,ul lor~qu'~n to~che d'un côté un salaire pour un travail qu on fmt, et de I autre un salaire pour un travail qu'on ne f~it pas; mais que d'autres font pour vous, au moyen de 1 mstrument de travail que vous leur louez ou du capital que vous leur prêtez. ' Mais il n'y a pas cumul lorsqne, travaillant dans divers ateliers, on ne touche dans chacun que le prix du travail fait. Soit donné un homme, jardinier, musici<::net géomètre, par exemple. Et une journée employée ainsi : 4 heures à la Géométrie.; 4 heures au Jardinage; 4 heures à la Musique_ Cela fait une journée de 12 heures de travail. (Je ne crois pas que dans cette voie l'homme cherche à diminu r la journée de travail. La tendance · sera au contraire à l'allonger, parce que les divers travaux se scrviron~ mutuellement de délassement.) Cet ho,~11nedevra rec~voir dans chaque atelier le prix de ce_qu 11y aura produit penda11tles 4 heures qu'il y aura travaillé. Il aura passé par trois fonctions, mais n'aura fàit qu'une journée de travail, et ne recevra que Je fruit de son travail. Il n'y a donc aucun cumul et tout cela est aussi juste que bea11 et utile. Je n'a~ pris cette journée et sa division par 4 heures de travail que pour exemple. Toutes les combinaisons son: possibles et variables à l'infini, selon les goûts et les aptitudes. Il ne faut soumettre la liberté humaine à aucune entr~~e. Mais la libnté est-elle d'être parquée dans une condition quelconque? Non : la liberté est d'l!trc ouvrier, à l'atelier industriel; artiste, à l'atelier artistique; savant, à l'atelier scientifique; et hors <le là et au dessus de tout cela, d'être homme. Aujourd'hui on est ouvrier, ou artiste, ou savant • mais l'on est très peu homme : p ,rce qu'il faudrait êtr~ pour cela et ouvrier, et artiste, et savant, En revanche on est très bourgeois. même parmi les ouvriers. Il n'est pas difficile je pense de comprendre comment dans cette 110uvelle société l'instruction, sauf l'instructior, ~rimaire générale, devienrlrait tout simplement l'apprentissage. L'enfant choisirait lui-même les ateliers où s'exerceraient les fonctions vers lesquelles sa nature le ferait incliner, et de cet usage de sa propre liberté découlerait tout le droit· pour lui. • Ne serait-il pas meilleur de choisir soi-même sa propriété, dans l'atelier où l'on posséderait l'instniment de travail de sa fonction, que de la gagner ou de la perdre au jeu de hasard de la naissanctl? Ne serait-il pas meilleur d'hériter <le toute l'humanité en succédant, dans trois ou quatre ateliers différents, aux hommes dont on continue les fonctions, que d'hériter d'un seul homme dont l'héritage est souvent un fardeau, quand héritage il y a. Cela n'~mpêcherait pas du reste d'hériter du père par le sang, s1 on remplissait quelqu'une de ses fonctions. Soi~nt, par exemple un père menuisier, géomètre et journaliste, et un fils menuisier, géomètre et peintre, le tils succèdera au père dans l'atelier de menuiserie et dans le cabint>t de science géométrique ; mais il ne lui succèdera pas clans l'atelier du journal, et succèdera à d'autres dans l'atelier de peinture. Ainsi toutes les lois véritables ,le la vie s'enchaînrnt ' • d ' s appment et se coor onnent. Ce n'est quf- parce que "l'homme en a négligé l'étude qu'il va se heurter sans cesse à tontes les fatalités imprévues. Cependant la M,ience antique elle-même fait, du fond des siècles, retentir à nos oreilles la mystérieuse parole : connais toi toi-rn,éme. Tout dépend de là. Mais ce n'est pas assez que l'homme individuel se connaisse; il faut encore, il faut surtout que l'homme collectif, que la société se connaisse. Oh! c'est alors que la révolution marcherait dans sa force et dans sa liberté, éclatante et rapide comme la lumière, belle comme l'éternelle jeunesse! 0 République démocratique et sociale quand les peuples apprendront-ils donc à te connaître en se connaissant euxmêmes ! Alfred TALA :-.roi Eu.
L'INSURRECTION DE VIENNE. ( Extrait d'une histoire inédite de la .Révolution allemande, par Théodore K.1.RCHER.J Situation de l'Autriche; politique de Metternicù. - Agitation. - Le discours de Kossuth et les étudians viennois. - 0uverture des Etats. - Attitude éuergir1ue des écoles. - Combat du 13 mars. - Concessions de la cour. - Renvoi de l'archi-chancelier. - Promesse d'une Constitution. -Triomphe et enthousiasme de la bourgeoisie. - Funérailles des victimes-. - Les Israélites. - La Révolution s'arrête. - L'Europe républicaine ou cosaque. - Testament de Pierre-le-Grand. - L'équilibre européen révolutionnaire. • De sa nature, le progrè~ est essentiellement envahissant ; il passe à travers les barrières de douane, et franchit les murailles chinoises. Tout est impuissant contre lui, l'habileté diplomatique aussi bien que la force des bayonnettes. Le Nestor des pclitiques de la SainteAlliance, l'ainé des ministres de l'arbitraire et de la compression, 1iletternich lui-même, devait en faire l'expérience. L'aptitude tant vantée de cet homme d'Etat n'était autre chose que la négation absolue du cœur et de la lumière. Il nnintenait les portions disparates de l'empire autrichien, en appelant les Italiens à peser sur les Hongrois, et lt:s Croates à tyranniser les Allemands. Inventeur du système impie, diviser pour régne1·, il le mettait en pratique de la manière la plus brutale. Partisan résolu de l'aristocratie, il n'en avait pas moins a!il1eutéles paysans de la Gallicie contre les nobles, et organisé lè massacre cle tons les hommes qui croyaient à la nationalité slave. Les gibets portaient <:ncoregarnis les ca<lavres des patriotes, qui, dans leur saint enthousia~me, avairnt rêvé de gloire et parlé de liberté. Néanmoins, le règne de la force touchait à sa fin. On n'attente pas im1mnément aux droits de la nature et des peuples, et les crimes politiques, comme les délits ordinaires, échappent rarement à la répression. A bout de patience, malgré leur bonhomie proverbiale, les Autric1iiens se demandaient enfin, si gouverner un état signifie le couvrir de ruines et de décombres. Les peuples de l'Autriche· entendirent le cri d'émancipation, po11ss~ dans les rues de Paris. A la nouvelle des événements du 24- Février, une agitation fiévreuse s'empara des sujets de la vieille maison de Hapsbourg. Le manifeste de Lamartine, sur la politique étrangère de la République française, produisit, il faut bien le dire, U'll effet des plus heureux. Les princes avaient tant parlé de l'esprit de conquête de la France, que les hommes les plus libéraux ne pouvaient se défendre d',mc certaine crainte. Une nation tient, comme chaque membre de la société humaine, à conserver son caractère d'individualité. Aujoud'hui • qu'ils jettent un regard douloureuv sur le passé, ·]es révolutionnaires allemar1ds accusent la France d'avoir failli à sa mission; qu'ils n'oublient cependant pas qu'en 1848, ils seraient accourus les premiers sur lrs bords du Rhin, pour défendre le passage à l'armée de la Révolution. • Les défaites qu'ils ont éprouvées, leur font envisager maintenant la question sous une autre face : nous nous en applaudissons; mais, il y a quatre ans, l'Allemagne <lisait, ni plus ni moins que l'Italie, son fara da se. La terrible leçon devra nous profiter à tous. La République française, enserrée clans u11 cercle de fer qui finit par l'étouffer, comprend maintenant que, dans l'intérêt de son propre salut, elle a pour tàche de chasser tous les tyrans de l'Europe : démocratie oblige. Voilà pour l'avenir; mais, nous le répétons, le lendemain de notre révolution victorieuse, les paroles pacifiques du gouvernement provisoire amenèrent d'excellents résultats, en enlevant aux despotes leur prétexte favori. Le premier jour, les imprimeùrs réclamèrent l'abolition de la censure. La feuille officielle du ministère leur répondit que l'augus~e .maison impériale entendait ~aintenir intacts tous ses ctroits et toutes ses prérogatives. Immédiatement, les effets publics éprouvèrent une baisse considérable, et l'on s'attendit à une nouvelle édition de la banqueroute de l'Etat. La caisse d'épargne fut littéralement assiégée ; à la Banque, chacun voulait échanger les billets contre de l'argent comptant. La publication du bilan de ces deux établissements financiers, quelque favorable qu'il fùt, ne parvint pas à rétablir la cor1fiancc. Les corporations commencèrent à signer des pétitions. Des exemplaires étaient déposés dans les cafés et les librairies, et la foule s'y prt-ssait. Au milieu de cette fermentation, vient tomber un discours brûlant, prononcé par Louis Kossuth à la diète de Hongrie. L'orateur magyar avait dit, avec la véhémente chaleur qui lui est propre, que tous les pays de la monarchie étaient solidaires de leurs Constitutions respectives, et que, ponr sauver la Charte hongroise, il fallait en faire donner une à chacun des peuples soumis au même empereur. Kossuth avoua, depuis, à Londres et à Nottingham, qu'il tenait alors, dans ses mains, le sort de la dynastie de Hapsbourg. Il a dit vrai; malheureusement, il n'était pas encore républicain, et ce fut lui qui maintint le <les11otismeet sauva la tyrannie. Cette err~ur ,fnni:ste, q~e les Girconstances peuvent excuser, perdit d abord ia liberté de l'Allemagne et par suite la nationalité de la Hongrie. Inspirés et enflammés par la parole ardente du député n,ePesth, les étudians de Vienne se réunirent dans la salle de l'Gni\'ersité, c'était le 12 mars, la veille de la séance d'ouverture des Etats provinciaux. Toutes les espérances s'étaient concentrées sur cette session. Les écoles inaugurèrent leur participation à l'insurrection, en votant une adresse à l'empereur, pour demander des réformes radie.iles. Le professeur Hye fut chargé de transmettre cette pétitiQn. L'inimitié contre Metternich prenait des proportions de plus en plus grandes. On se racontait, dans les groupes, qne la cour ne répugnait pas à faire des concessions, et que même la Messaline autrichienne, l'archiduchesse Sophie, se prononçait contre le ministre implacable. Mais lui, qni pouvait regarder comme son œuvre personnelle la réaction efféni5e, sous le poids de laquelle l'Allemagne étouffait depuis les guerres contre Napoléon, lui, l'incarnation vivante de l'esprit aristocratique, ne voulut pas plier : comme l'homme fatal clu roi des agioteurs, il aima mieux être brisé. M. Hye, qui vint le lendemain rendre compte aux étudians de l'inutilité de sa démarche, les conjura de ne, pas sortir ùes voies légales. Ce fut en vain : ils q11i.ttèrent l'acédémie en masses pour se rendre devant la salle des Etats, où se 1rouvaient réunis un grand nombre de bourgeois, des prolétaires et les élèves de l'école polytechnique. Une députation fut envoyée auprès des élus de la province. La foule s'était accrue. Un jeune homme s'éleva sur les épaules de ses camarades, et proclama les demandes du peuple. Ces demandes. ne sortaient pas encore du programme constitutionnel ; la plus impérieuse avait rapport à la liberté de la presse. " Du courage, s'écria l'orateur improvisé ; maintenant il nous faut combattre et vaincre, ou bien nous sommes perdus ; du courage ! " Et l'attroupement répéta : du courage ! Un autre étudiant rendit hommage à l'initiative et à la gloire de la France, à ses combats prolongés pour la liberté, le droit et la justice. Un troisième se fit une tribune d'une fontaine et lut, d'une voix vibrante et enthousiaste, le discours de Kossuth. De bruyantes acclamations l'interrompirent à chaque ~hrase. Les vivats pour l'éloqueut Hongrois alternèrent avec les cris : A bas Metternich ! pas de Russes!! Pour conjurer le danger, le comte Montecuculi, maréchal des états, parait à la croisée et promet d'envoyer immédiatement une délégation auprès de l'empereur, avec une adresse. Ce document est remis à l'élève qui lit la harangue de Kossuth. Mais, avant d'écouter l'œuvre incolore de la Chan.bre, le peuple veut entendre et applaudir jusqu'à la dernière, les p:iroles patriotiques du Magyar. L'adresse humble et servile des Etats est déchirée par ~ l'orateur populaire, et ses concitoyens le portent en triomphe. La foule commence à s'introduire dans la cour de la salle des Etats. Déjà, le bruit du rassemblement s'était rép:mdu dans les faubourgs. Les magasins sont fermés. La générale avait été battue, dans les casernes , dès neuf heures, mais les rues ne sont occupées militairement qu'à midi. La catastrophe est imminente ; les canons sont traînés dans les rues et braqués sur l'attroupement. Les fusils sont chargés, en présence du peuple, ,qui, quoique sans armes, n'est pas intimidé. Il reste là, calme et fort, attendant toujours le retour de ses délégués. Tout-àcoup, ces derniers paraissent aux fenêtres, et crient qu'on veut les retenir prisonniers. •Transportée de fureur, la masse se n!-e contre les portes. En ce moment, sans sommation, sans avertissement préalable, les soldats font feu, et le pavé se couvre de morts et de blessés. Le premier martyr qui tombe, est un étud,iant, un lsraëlite. Un cris terrible aux armes répond à cette lâche agression. Des décharges successives viennent décimer les rangs de la foule, qui se trouve renfermée de tous les côtés.· La soldatesque, ivre de sang et de vin, déploie toute sa sauvage brutalité, contre des hommes inoffensifs qui ne peuvent se défendre. Ce n'est pas un combat, c'est nn massacre. Enfin, le peuple parvient à rompre une 'triple rangée de bayonnettes , et à se diriger vers l'arsenal. Les insurgés n'ont pour armes que des bâtons et des morceaux cle bois, mais ils n'en montent pas moins bravement à l'assant, contre des portes doublées cle fer, derrière lesquelles sont entassées des pièces chargées à mitraille, appuyées par des escadrons de cuirassiers. Ils tordent les lames avec leurs mains ensanglantées , et présentent leurs poitrines nues à la pointe des sabres. Ne pouvant prendre l'arsenal, les combattants se retirent sur la place des Juifs, et la couvrent de barricades. Ils ne possèdent d'autres projectiles, pour répondre aux balles et aux boulets , que des pierres et des tuiles, et, néanmoins la résistance devient de plus en plus opiniâtre. Un officier de cavalerie blesse grièvement un jeune homme, d'un coup de sabre ; on l'atteint; on le jette en bas de son cheval ; o.n met à sa place sa malheureuse victime qu'on promène, le front ruisselant de sang, à travers les rues. Sur le passage du triste cortège, tous les citoyens se découvrent, en jetant de cris de haine et de vengeance. Obéissants, froids et impassibles, à la discipline, les soldats continuent le carnage. Une fusillacle meurtrière force le peuple dans ses derniers rétranchemens. Il quitte ses barricades, mais pas à pas, en faisant face à son implacable ennemi. Les femmes, pâles mais silencieuses, s'arrêtent dans leur fuite, et trempent l!urs mouchoirs dans le sang des hommes morts pour la liberté. Les voitures ont cessé de parcourir la ville. Nul bruit étranger n'empêche les imprécations des blessés et les détonations des arme:; à feu d'arriver jusqu'aux oreilles impériales. La nuit amène enfin une trève forcée, et le gouvernement commence à reculer devant la terrible responsabilité qu'il assume. A peu d'exceptions près, l'armée s'était montrée cruelleet mal inspirée. Les artilleurs seuls hésitèrent devant l'effusion de sang. Ainsi, dans la rue de Carinthie, une compagnie de ce corps d'élite enleva les bayonnettes sur les instances d'11n bourgeois. Un grand exemple de civisme fut donné par un artificier, dont il faut citer le nom, car c'est le nom d'un brave. Tollet dirigeait u11e batterie, placée à la porte du château. Un officier lui donne l'ordre de faire feu; il refuse et dit anx solùati : "C'est à moi que vous ,devez obéir." Le commandant réitère son impérieuse injonction. A.lors le uoble sousofficier s'élance à la bouche de la pièce, et s'écrie : " Le boulet que vous lancerez sur le peuple, me tuera d'abord.'' - Les canons restèrent muets. Pour calmer l'effervescence, le· présideu t <lugou rernement ne trouva rien de mieux que de publier, dar1s la soirée, 1111peroclamation b11rlesque, ainsi conçue : "Un désordre regrettable a signalé ce jour la séance " des Etats provinciaux de la basse Autriche. Les Etats "ont été obligés, par la populace, d'interrolllpre les dé- " bats, et de soumettre à sa majesté les vœux <lela foule. '' Dans le but louable d'apaiser les esprits, ils se sont "montrés prêts à tout faire. Sa majesté a daigné, par "une faveur toute spéc\ale, recevoir les Etats, et leur "promettre tout gracieusement de faire examiner, par " une commission, nommée à cet effet, tout ce qui peut " répondre aux circonstances , et (le le soumettre à la dé- " cision souveraine, pour que son auguste majesté décide, " au plutôt, ce qui peut contribuer au bien commun de " de ses bien aimés sujets. Aussi, sa très gracieuse ma- " jesté attend de l'amour et de l'antique loyauté de lu. " population de sa résidence, le rétablissement de l'ordre, "que rien ne devra }Jlus troubler à l'avenir. " Vienne, le 13 mars 18,18. "JEAN ÎALATZIKo, Baron de Gesticticz, "président du gouvernement.'; Telles sont les pensées <l't;n monarque, en présence d'une révolution. Quel remède à la misère publique! Quelle expiation pour le sang versé ! ! ! Le peuple se prépara, pendant la nuit, à recommencer la lutte le lendemain. Les travaux furent suspendus dam les faubourgs. Partout, les tuyaux de gaz brisés laissèrent échapper la flamme. Cet incendie de rue fut nourri, par les insurgés, avec les débris des guérites et des corps-rlegarde. 'Une illumination gént!rale fut impérieusement exigée. La foule se porta vers les écuries impériales. El1e fut reçue par une décharge à bout-portant. Parmi les victimes, se trouva madame Bauer, la femme d'un professeur. Une députation de citoyens parvint enfin auprès de l'empereur, qui, frappé de terreur, décrét.1 l'armement des étudiants et cles bourgeois, et congédia son âme dnmnée. Mettern}ch s'empressa de se soustraire, par la fuite, à h vengeance populaire. Immédiatement, des patrouilles bourgeoises commencèrent à sillonner les rues. Elles furent reçues avec enthousiasme et enjoignirent aux troupes d'abandonner l'arsenal civil. En passant devant l'Hôtel de la Direction de la police, une de ces patroilles essuya un coup de fusil, tiré d'une fenêtre. Un citoyen tomba mort. Ses camarades forcèrent les portes de l'hôtel, et il y eut une sanglante mêlée. Sur d'autres points , des barricades furent élevées. Des combattants enlevèrent l'enseigne d'un magasin, qui portait le nom du- prince de Metternich. On abattit aussi la balance de la statue de la Justice. La nouvelle de la révolution avait franchi les murs de Vienne et enflammait les habitants des villages envirounans. Ils commencèrent par démolir les édifices publics, et se portèrent ensuite vers les lignes qui ceignent la capitale. Ils parvinrent à les· forcer et à pénétrer clans les faubourgs, après avoir brûlé les bureaux d'octroi. Ils ne furent arrêtés que devant la citadelle (Burg), par la milice bourgeoise plutôt que par les soldats. Le 13 Mars était désormais une journée acquise à. l'histoire. Le 14, l'émpereur Ferdinand organisa, par un décret, la garde nationale, et la plaça sous le commandement de son grand-veneur, le général Hoyos. Il fit' également annoncer une loi sur la presse, et nomma le prince W-indischgrœtz gouverneur civil et militaire de Vienne. Les tendances aristocratiques, bien connues, clu nouveau fonctionnaire, inspirèrent une certaine méfiance. Quoique les étudiants et les bourgeois se fussent empressés d'aller repousser les campagnards, ils étaient loin d'ajouter une grande foi aux concessions qu'ils venaient <l'arracher au gouverneme11t. L'opinion publique n'était pas satisfaite. Les élêves traversèrent la ville , portant des bannières blanches, et criant : "Une constitution, et la liberté de la presse!" Immédiatement, l'empereur décréta l'abolition de la censure, et promit de convoquer une espèce d'assemblée nationale, composée des députés des Etats slaves et allemands, et des délégués de congrégations centrales du royaume Lombard-vénitien. Théodore KARCHEn. ( La. suite au prochain miméro.)
·-v AR IÉTÉS. BIBLIOGRAPHIE. Da11&-er• pour l' A111glete11.•1•ede l'allian"e an•ec les ho1naue!i du Cou1•-d' Etat, P:ir VrcTORSCHŒLCHER. Après les sombres journées de Décembre, quand LouisNapoléon Bonaparte eut mitraillé Paris, et fait dans tonte la France la nuit et la terreur; quand les défenseurs du Droit et de la Liberté eurent traversé les étapes de l'exil, loin de la famille, loin de la mère-patrie, des voix vengeresses se firent entendre, - ces voix, concert de haute et , éternelle justice, dénoncèrent au monde les crimes de M. Bonaparte et de ses complices. Dès lors, se souleva le rideau qui cachait- à l'œil inquiet les péripéties de ce lugubre drame ... la civilisation recula épouvantée ... la Frauce, ce vaste foyer de lumière, ce point concentrique d11génie et des grandes initiatives, cette forteresse qui semblait inexpugnable, la France de 89, de 1830 et de 48 venait de tomber dans le sang ... Bonaparte en avait fait un panclœmonium, une impure sentine, une halle cynique où tous les appétits brutaux, toutes les lâchetés, toutes les bassesses et tous les vices se trouvaient cotés, tarifés, hiérarchisés et emégimentés. -Tribune, presse, droit, justice, tout était sous le pied de la police et du soldat... La barbarie tenait la place : les bandits étaient rois ! Parmi les hommes qui ont travaillé avec le plus d'ardeur et de loyauté à rédiger le réquisitoire du gouvernement de Décembre, de ce gouvernement, comme l'appelle l'inflexible auteur des Châtiments, " meurtrier du peuple et violateur des lois," le citoyen Victor Schœlcher n'a pas failli à la tâche. Lancé depuis longtemps sur l'océan ré.-olutionnaire, notre ami est toujours entré en lutte avec ce caractère grave, austère, qui a la foi ardente au progrès et l'amour profond, sincère de l'humanité. Après avoir publié deux volumes sur l'histoire du guet-apens de Décembre, l'ancien membre <le ln Montagne vient <lefaire imprimer en anglais une brochure de trois cents pages, dossier terrible et impitoyable qui prouve d'une manière irréfragable, par A plus B, les imminents dangers qu'il y a pour l'Angleterre clan~ son alliance avec les hommes du Coup-d'Etat. Dans cette brochure, curieuse par les détails e_tla logique du texte, le citoyen Schœlcher n'a rien oublié : extraits de journaux, renseignements particuliers, notes biographiques, aveux personnels dés conspirateurs de Décembre, tout est recueilli et classé avec un soin attentif et _scrupuleux. C'est le cri d'éveil jeté à l' Angle~ terre, c'est la sentinelle vigilante qui entrevoit le péril et 1a trahison au fond de l'alliance bonapartiste. Quant aux journaux anglais, qu'ils s'époumonent à chanter sur tous les tons et sur toutes les rimes que M. Bonaparte est un grand génie, - que son règne est l'âge d' Auguste, - le siècle de Périclès, - et que -la France accepte visiblement l'empire, - ils verront, ces pauvres journaux, comment finira cette touchante intimité, cette cordialité fraternelle! Quand Néron eut empoisonné son frère Britannicus, pour arriver au trône, la valetaille dorée et affamée des courtisans, le proclama le sauveur cle Rome. Quand il eut fait égorger sa femme, on loua la justice, la magmnimité du grand empereur. Enfin, quand il eut assassiné sa mère, la tourbe impériale lécha la main ensanglantée du parricide, et courut au temple remercier les dieux !... Bonaparte a trahi tous ses serments, il a couché une République et une civilisation dans le saug, - c'est un honnête homme. L'HOMME. Il a volé la Banque, volé les biens-des d'Orléans, ruiné des centaines de familles, - c'est le représentant de la loi, l'incarnation de la justice. Il a fusillé, mitraillé et transporté des milliers •le ci. toyens, - c'est l'élu 1le la Providence !... Et c'est avec un pareil homme c1uela Grande-Bretagne fait des traités d'alliance ! Quoi ! l'Angleterre, la patrie de Milton, cette vieille terre historique de la libErté constitutionnelle, s'engage, dans les guerres avec l'ancien constable de Pa11-Mall, - ce vieux pay:s, qui a toujours professé uu respect religieux pour la légalité, joue à l'Oreste et au Pylade avec un Bonaparte ! C'est triste. Quoi qu'il en soit, laissons passer l'enthousiasme du moment, et attendons le dénoüment de cette alliance immonde, de cette monstrueuse nécessité politique. F. TAF.ÉRY. La 6a. chambre vient de rendre un nouvel arrêt-service. Le tribunal a condamné tous les défaillans ( style d'huissier), à 5 ans de prison, 6,000 francs d'amende et dix ans d'interdiction des droits civiques. Boichot n'a pas voulu se présenter à la barre. Poirier a été condamné à 1 an de prison, 500 fr. d'amende, etc. Mme Coingt à 2 ans de prison! 500 fr. d'amende, etc. - Que voulez,vous? c'était une femme, et Bonaparte qui en a tué tant d'antres a .toujours soif. Quanù clone finiront toutes ces orgies judiciaires et toutes ces lâchetés ? A Madrid, la crise continue. Les bandes révolutionnaires, commandées par Pacheta, continuent à ,fouiller les maisons pour y chercher les ministres vaincus il y a un mois. Beaucoup d'hommes d'Etat du parti modéré se sont réfugiés en· Portugal Qu en France. - Les modérés ont essaJé de former un grand comité par les élections où, sous prétexte de conciliation, ils auraient confisqué à 'leur profit l'influence des progressistes, ainsi qu'ils l'avaient fait en 1843. après la chute d'Espartero. Les journaux progressistes ont déno~cé cette manœu vre; la polémique est très vive et préoccupe l'opinion publique, agitée par le pressentiment d'une prochaine rupture eutre Espartero et O'Donnell. COURS DE LECTURE ET DE PRONONCIATION DE LA LANGUE ANGLAISE, PAR JuLEs'ALLIX. Le Cours de Lecture et de Prononciation de la Langue anglaise commencerajeudi pl'ochain, 31 août, à 7 heures du soir, à Music-Hall, Museum Street. - Les proscrits de toutes les nations y étant parti_culièrementinvités, ceux qui n'auraient pas reçu de lettre d'invitatio1;,sont priés d'en faire la demande. JERSEY,IMPRIMERIEUNIVERSELLE, 19, DORSETSTREEII', Pour répondre aux nombreuses demandes qui nous sont journellement adressées, l' Administration du journal l'HoMME vient de faire réimprimer les premiers numéros dont les exemplaires avaient été complètement épuisés lors de leur publication. En consé- • quence, on trouvera chez MM. les agents du journal ou à !'Imprimerie universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, les ~uméros qui manqueraient aux personnes faisant· collection de l'HOMMEà, raison de 3 pence (6 sous) l'exemplaire pris séparément. Quant aux personnes, au contraire, qm désireraient avoir tous les numéros qui ont paru jusqu'à ce Jour, elles peuvent se lesprocurer aux mêmes conditions d'abonnements qui se trouvent indiquées, pour chaque pays, en tête de notre journal. AVIS. L'administration ùu journal l'Homme croit devoir porter à la connaissance du public de Jersey que deux nouve:iux bureaux, pour la vente du journal au numéro, vienn'ent d'être établis : 1 Chez Mme LEV AILLANT, marchande de papier et de fournitures de bureaux, Pierson Street, près le Royal Square ; Et chez M. HUREL, marchand de tabac, 24, Queen Street. On peut également s'abonner à ces bureaux. CHOLERA Le Docteur J. PHILIPPE, de la , Faculté de Médecine de Paris, vient de composer une mixture préventive et curative contre le choléra. J.es effetsde cette préparation sont infaillibles, ainsi qu'il résulte d'une longue expétience pendant les précédentes épidémies en France et à l'étranger. Elle se trouve seulement à la pharmacie française du Dr. J. Philippe, 28, Greek Street, Soho Square à Londres. ls. 6d. la doa.e. EN VENTE A L'l.lJlPRIMERIE UNIVERSELLE, 19, DORSET STREET, SAINT-HÉLIER (JERSEY): Ou par commission à LONDRES, chez Erasmus ZMICHOWSKI, 10, Claremont Place, Judd Street, New Road. DUDEVOIDR'AGIR. AU PARTI NATIONAL, PAR JOSEPMHAZZINI. Prix de la brochure : 2 pence. LESBAGNDE'SAFRIQU HISTOIRE DE LA TRANSPORTATION DE DÉCEMBRE, Par CHARLES RIBEYROLLES. 1 volume in-8.-Prix : 2s. Gd. DIXANSDEPRISON AU ET A LA CITADELLE DE DOULLENS, Par MARTIN BERNARD, 1 volume grand in-18 Charpentier. Cet ouvrage se trouve aussi: A LONDRES, chez J EFFs, libraire-éditeur, Burlingtoit Arcade; A BRUXELLES et à GENÈVE. BIOGRAPI-IIES BONAPARTISTES, Par Pn. BERJEAU. - Prix : 2s 6d. AVIS. - GUTEL PROSCRITnu 2 DÉCEMBRE,a le t~i~l:,avantage d'unir l'élégance, la légerté et 1n•ofesseu1• de coupe la sohd1tc. . en plâtre, en cire~, en mastic et en gélatine s\tr nature morte ou vivante. Tailleur d' Habits.-29, Belmont Road, St.-Hélier, Les seme1les sont fixées avec du laiton et ne ------------------1Jersey. ' laissent aucune aspfaité ni à l'intérieur ni à l'exABI 'NCH.I fi:o:;:~!, r~~~~it~~~ LUD, KORDECKI, PROSCRITPOLTI IQUEPOLONAIS, 1 .fi. f en chef pendant huit ans du journal quotidien le lvlessager du Nord, paraissant à Lille (Fran_c)e, d,on!1e à, d_omicile~, es Donne à domicile desleçonsdelangue Allemande leçons de langue f~·ança1s 7, _danthmet1que, clh1s- et Latine; il démontre aussi la Gymnastiqne. toire, de geogl'ap?1e,de htterature, etc. 1\1. Lucl. Kordecki désirerait trouver de l'emploi 11 se _ch~rgeegalement. de toutes correspon- commeprofesseurdans une pension.-61, Newman <lances,ecntures commerciales et autres, et des Street, Oxford Street.-Londres. mémoires dont on lui confiela rédaction. _ . , .• -- -,----- térieur. - On peut marcher à l'eau sans nuire à la solidité de la chaussure. EDOUABRIDFFI, PROSCRIT ITALIEN, Donne des leçons de hngue italienne. S'adresser, 20, Don Street, Saint.-Hélier. S'adresser au professeur, 20, Don-Street, St.- li>, COLOMBERSIETREET,ST.-IIELIERJ,ERSEY. Hélier (Ile de J~rsey). GUAY proscrit du 2 Décembre, faiseur --------------- Références chez MM. Wellman, P. Asplet, ,de BOTTES sans couture, pour ALPHONSE mouleur en plâtre, se charge Geo. Vickery. hommeset pour dames. - Ce genre de chaussure t de toute espèce de moulage Il moule aussi les ornements, les statues et fournit des épreuves à un prix modéré.--20, Donstreet, St.-Hélier. HOTELDEL'EUROPE DON STREET, No 11, TENUPARG,ROUSSEL. G. RousSEL a l'honneur de prévenir MM. les voyageurs qui viennent visiter cette île, soit pour agrément, soit pour affaires, aussi bien que les habitants de cette localité, qu'ils trouveront dans son Hôtel, bonne table, bons vins, et tous les soin~, ainsi que tous renseignementspossibles. ~ Table ù'Hôte à 10, 1 et 5 heures.-Repas i toute heure.-11 sert aussi en ville. A.VIS iMPORTANT~ ])ans l'intérêt du Commerce, de l'Industrie et de la ScienC1e,les Annonces de tous les pays seront acceptées l à la condition d'être écrites e11 français, conformément au spécimen ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus à l'Office de }'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-H élier, jusqu'à l'arrivée du courrier du mai di. Toute correspondances doit être affranchie et contenir 1m bon, soit sur la poste anglaise, au nom de M. Zéno SwrnToSLA WSKI, soit sur un des banquiers· de Jersey ou 1 de Londres. Le prix Ms Annonces est uniformément rle six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proportic,n de la hauteur qu'elles occupercrnt, calculée sur le plus petit texte.
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