des puir sances o~.ciùcn_tnlcs,nous ~\·ons: n~n plus u~ seul, mais trois ennemis puissants. AnJourd hm, par smte de l'incertitude de ses rnonvements, l'Autriche n'a pas d'alliés. La Russie ne l'aidera pas à réprimer l'insurrection hongroise; l'Angleterre et la France n'enverront point _en Italie des armées destinées à combattre pour une puissance qui n'est pas aYec e11es. L'Autriche, neutre ~t inerte, est isolée ; suspecte à tous, mal vue de tous, quoiqu'en puisse dire, et pou~· cause, l_adi~lo~rntie. _ _ Mais, dira-t-011, une msurrection Italienne déciderait 1'Autriche à s'unir aux puissances occidentales ; s'unir, avec quelles forces? Quels éléments de puissance offrirait aux deux cabinets l'Autriche assaillie par l'insurrection Italienne et par l'insurrection inévitable de la Hongrie? La guerre royale, - _sijamais elle pouvai_t se faire - pourrait être arrêtée subitement par les premières propositions amicales de Vienne. Mais la guerre du Peuple? La guerrn du peuple, échappant à l'influence des ~abinets, supprimerait l'utilité de leur accord. Les puissances, pour lesqueiles serait inutile l'alliance d'un fantôme d'Etat, diraient à l'Autriche : Vous n'avez que ce que votts méritez; sauvez-rous si vous pom·ez et comme vous poun-ez. LAQUESTIONSOCIALE. L'humanité n ·est sortie jusqu'à ce jour de l'indivision qui est pour elle l'état de nature, eu _ég_ardà la propriété du domaine terrestre, que par la spohat10n du plus grand nombre au profit de quelques-uns; et il est certai11 que la propriété, telle qu'elle existe ai1jourd'hui, n'a pas de parts pour tous. Ceux _tlonc qni croient q_ue la proprié~é ainsi constituée doit toujours durer, ont raison de soutenir qu'il y aura toujours des pauvres. Leur opinion es_Lantihumaine , anti-sociale , blasphème et condamnation de toute loi providentielle; mais qu'importe que la nat~re et l'humanité aient tort, pourvu que la logique bourgeoise ait raison ! Oui : i! y aura toujours des pauvres sous le régiine de l'usure et de l'hérédité ; cela est incontestable. Aussi, la question n'est-elle pas de savoir s'il y aura ou non des pauvres sous le régime de l'usure et de l'hérédité mais de savoir si ct1 régime doit toujours durer, ' . et s'il ne peut pas être remplacé par un régime sous lequel il n'y ait pas de pauvres. Pour ma part, en regard de la négation de l'usure et de l'hérédité, je pose l'affirmation d'un mode nouveau de propriété dans lequel il y aura des parts _pour tous, sam qu·il y ait cependant auc_un partage; et J'app~lle 1 ce mo_de de pronriété, du nom qm lm est propre et qui n est pomt <lu re~te de mon invention, Propriété constituée par la fonction. Autant il est difficile de concevoir comm<>nt donner des parts à de nouveaux_ arrivaut~ snr un dom.aine où tout est approprié, a1itant 11 est facile de concevoir comment leur donner des fonctions, du moment qu'aucun droit seigneurial ne ferme l'industrie. Les nouveaux arrivants apportant par leurs besoins de _con~om;11ationun débouché égal à leur faculté de produire, 11 n y a plus à craindre pour la société un surcroit de populatior1. On n'a à leur demander qu'une chose: quelfes fonctions ils savent remplir; et aussitôt leur droit se réalise dans les •ateliers des diverses fonctions,· où chacun devient possesseur de· l'instrument qui sert à ~on tr_avail,_et du prix des produits qu'il crée, défakat10n faite, bien entendu, de la portion afférente, sous quelque forme que ~e soit, aux services pnblic.s auxquels chacun, par sa condition sociale, est tenu de contribuer pour sa part. Et d<>même que la fonction constitue ainsi la véritable propriété qui, née des facultés de l'in~ividu, détermine ]a possession de l'instrument de travail dans tel 011 tel atelier, lais~ant à chacun la libre jouissance, selon ses goùts , du fruit de son travail ; de même, la fonction constitue aussi la véritable hérédité, la filiation sociale en vertu de laquelle on est industriellement , artistiquement, scientifiquement, héritier de celui dont on continue l'œuvre. Qu'est-ce donc que cette loi bestiale qui, depuis le trône jusqu'à la hutte, i~pose au~ ~nfants la con~ition du père? Des hommes, libéraux d a1ll.:mrs et amis du progrès, s'étonnent de notre haine contre les royautés, et ils ne voient pas que la royauté est la plus haute incarnation, l'assise suprême de cette loi qui maintient l'homme dans la condition natnrelle aux bêtes, m ,is non pas naturelle aux hommes. C'est ne rien comprendre aux choses de l'ordre social, que de ne pas voir que cette filiation selon la chair est un lien de la matière contre lequel l'esprit est en révolte perpétuelle. Les prêtres du Catholicisme, dans leur aspiration à la domination unive,selle ont été mille fois plu:; clairvoyants que tous ceux qui ont passé dans le' monde pour des savants et des politiques. Quelle profondeur de vue ! Laisser le monde s'organiser selon la loi animale, bruta 1e et royale : et s'organiser, soi, selon la loi morale, spirituelle et sociale ; et ainsi dominer le monde à toujours l C'est à jeter l'esprit de celui qui médite sur ces choses dans une extase d'admiration. Si on n'était pas socialiste, on voudrait être jésuite. C'est que c'est vrai. C'est que l'héritier véritable d'u~ homme est celui ,1ui contiuue son œuvre. Sans doute, 11 L'1TO~lME. arrive quelquefois que le fils selon la chair continue l'œuvre du père; mais ce fait est excessivement rare. En dehors de cette filiation naturelle, il y a une filiation sociale, une filiation par l'esprit, en vertu ~e laquelle l'industriel, l'artiste, le savant ont leurs apprentis, leurs élèves, les fils de leur pensée, les continuateurs de leur œuvre, les héritiers de leur savoir, de leur talent, de lenr génie. C'est en vertu de cette filiation que les fonctions se transmettent, que les instruments du travail passent <le mains en mains et trouvent des intelligences toujours jeunes, des bras toujours vigoureux, des cœurs toujours amoureux de leur œuvre ; tandis que la filiation selon la e,hair ne transmet l'instrument du travail paternel qu'à une iutelligence lassée, à un sang appauvri, à un camr fa_ tigué par le travail même qu'il s'agit de continuer. Pas plus qu'il ne faut faire éternellement porter· à un champ la même moisson, il ne faut faire continuer à une famille la même fonction. Les romanciers (je dois citer ici George Sand) savent cela. Les politiques et les législateurs du l 9e siècle ne le savent pas. Ainsi, la véritable propriété doit être d'avoir une fonction, (d'en avoir même plusieurs; je reviendrai sur ce ce point,) et de possé<l~r dam, l'atelier de sa fonction, l'instrument de travail· qu'on sait mettre en œuvre. Ainsi, la véritable hérédité doit être de succéder à un homme dont on continue l'œuvre, et d'hériter, dans l'a- , telier où cette œuvre s'accomplit, de tous les moyens matériels, moraux. et intellectuels nécessaires à la fin poursui vie. Que les 11èrcs, selon la chair, ne craignent pas cette révol11tion, moins ils seront des maîtres pour lours enfants, plus ils en seront aimés. Les pères ont gagné beaucoup dans l'affection de leurs enfants à la suppression des lois féodales. Ils gagneront immensément encore à la suppression des lois qui régissent l'hérédité actuelle. Je voudrais pouvoir m'étendre sur cet 'lrlmirable sujet, et montrer quelques-unes des perspectives qu'ouvre sur l'ensemble <les fonctions humaines, cette r,otion vraiment sociale de l'hérédité. D'un côté, des généalogies absurdes, monuments de l'orgueil insensé des Castes, par lesquelles des familles se disent nobles, constatent qne depuis tel homme, leur aïeul, puissant par le cœur ou l'intelligence (souvent• aussi par la force ou la rusE:) lt!s descendants n'ont fait que dégénérer: enquête permanente établie involontairement par la f.jOttise vaniteuse pour montrer cornbien il faut <legénérations sans mésalliance pour descendre du ],éros à l'imbécile. ' De l'autre côté, l'humanité lal1orieuse, artiste, savante retrouvant ses vrais tftres de noblesse et les inscrivant dans l'histoire des créations humaines. _ Un jour ce serait, je suppose, l'histoire de la locomoti~n, et nons suivrions la filiation d'hommes de génie et d'ouvriers habiles qui, depuis la première brouette cahotant sur un sol abrupte, se sont succédé, apportant, à e,haque siècle une nouvelle création ou un nouveau perfectionnement, et arrivant, par une' suite d'inventions dont la série n'est jamais close, à ren,lre le genre humain maitre de la terre et <le la mer, du temps et de l'espace, et demain du ciel. Uu autre jour, ce serait l'histoire des instruments de musique, et nous suivrions 1a série qui du roseau où le premier pâtre a soufflé, nous conduit à l'orgue et à cet instrument humain et multiple qui a fait trouver à Berlioz cette saisissante expression : Jouer de l'orchestre. Un autre jour ce serait l'histoire des inventeurs de la lumière , depuis le premier sauvage qui a allumé à grand'peine un bois résineux, jusqu'aux ProméthéP.s modernes qui semblent, avec le feu électrique, avoir vraiment ravi au soleil un rayon de sa lumière. Et ainsi de toutes les créations de l'homme, monde obéissant auquel l'esclavage ne pèse ras, et grâce auquel tous les homrçes pourront conquérir la force, l'it1telligence, l'amour et la beauté qui est la réunion harmonieuse de ces trois choses. J'aurais plaisir aussi à prouver par l'analyse des faits humains que la fonction est bien véritablement. la propriétété naturelle et sociale. Que la vraie propriété d'un poète est <lefaire des vers, d'un mâcon de bâtir cles maisons ou des palais, d'un jardinier de r.ultiver et de créer des fruits et des fleurs; que cette propriétl'> est celle à laquelle, au fond du cœur, tout homme qui travaille tient véritablement, plns fier de sa charrue, de son ciseau ou de sa plume, que toutes les propriétés acquises par l'usure et l'héritage (l ). J'aurais plaisir à montrer qu'il n'y a que les sots et les impuissants qui, ne pouvant se faire gloire ne rien dans le monde, tirent vanité <le ce que produisent les autres. Infirmes qui, tout fiers de leur luxe, ne connais~ent pas qu'au point de vue des fonctions sociales, ils ne sont que des enseignes vivantes pour leurs bottiers, gantiers, perruquieri; carrossiers et maquignons de toutes sortes ; enseignes infiniment trop coüteuses pour le public qui (1) Ces vérités sont évidemment voilées clans un milieu ou l'insuffisance du salaire fi,it du travail, pour le plus grand nombre, un esclavage. Mais que chacun gagne hrgemcnt sa vie par son tra-- vail et on rira de cette propriété fausse et mal acquise dont, en vérité, on ne peut pas rire aujourd'hui; aujourd'hui qu'on en meurt. Il y a aussi des travaux répugnants dont l'accomplissement est un vrai supplice; mais dans un temps très court. les machines et les procé<lés scientifiques doivent débarra~ser l'homme rle ces affreuses corvt>es. finira par les prier de gagner leurs bottes, et ce, en choi~ sissant dans les divers ateliers des fonctions selon lenrs aptitudes. Oui, ce serait un très hel et très utile enseignement. Mais que <ledifficultés ù Yainc:re ! et que de temps il faudrait! D'un côté, mon insuffisance à remplir une pareille tâche, de l'autre, mon sujet qui me presse. Il est plus prudent de ne pas s'égarer dans les chemins de traverse, quelques charmants qu•'ils soient, et de ne pas entreprendre sur le domaine de l'histoire et de la poésie. :Mais assez pour aujourrl'hui; dans le prochain article, je tâcherai de <lémontrP.r que chacun peut et doit avoir plusieurs fonctions; que cela est juste, et qu'il n'y a pas dam ce,t ex<>rcicede plusieurs fonctions le cumul qu'il y a aujourd'hui dans la possession de plusieurs héritages, ou de fonctions et d'héritages tout ensemble. Alfred TALANm ER. VARIÉTÉS. BIBLIOGRAPHIE. llHx a1n de 1wiso11 au noa1t-§ai112t-?llit•ll11e! et a. la œitacieUe clc Jl)ouilen•, Michelet, dans son Histoire de la Révolution française, prétend que la tradition nationale, si toutefois on en écarte les ornements légendaire", c'est-à-dire ce que le peuple, an milieu des hénements qui se sont déroulés sur la vaste scène politique des nations, a vu des yeux du cœur, - la tradition nationale doit être la plus haute autorité en matière historique. Aussi, est-ce à ce propos que l'écriYain de talent, dont nous venons de citer le nom, croit qn'on peut, en tonte assnra11cr, adresser au peuple les questions suivantes. et que la quasi-majorité y répoi\<lra toujonrs avec une in\'ariaùle précision : " - Qui a amené la Révolution? Voltaire et Ro11ss<>au. 1 " - Qui a perdu le Roi ? I,a Reine. " - Qui a commencé la RGYOlution? l\iirabeau. " - Quel a été l'ennemi de la Révolution? Pitt et. Cobourg, les Chouans et Coblentz. " - Et encore? Les Godden, les Calot,ins, etc., etc .... ·• Si, à l'égard d'événements moins reculés, nous procédons de la même façon, et que nous demendions : - Qui a fait la Révolution de 1830? - on répondra: les Libéraux. - Qui a perdu la dynastie de Juillet, cette royauté cito.venne qui devait être - selon Lafayette - la meilleure des Républiques? Les Thiers, les Guizot, les Duchâtel, hommes du mensonge et de la compr~ssion à outrance, en compagnie de cette haute· bourgeoisie de la fonction, du capital et du privilége, encroûtée dans son froid matérialisme et suant la peur à chaque idée d'affranchissement on de régénération, à chaqne formule philosophique ou sociale que de nobles camrs, d'invincibles dévouements , venaient, de temps en temps, apporter à l'atelier, véritable ruche du socialisme, ou à la mansarde sombre et désolée du prolétaire, le dernier citoyen de Rome, le pariri, le déshérité du dix-neuvième siècle. . Aussi, pour ces Yoix éloquentes, pour ces ardents confesseurs de la justice et du clevoir, pour ces apôtres de la grande famille humai11e,montrant à l'ouvrier sa misère, son ignorance, l'insuffisance de son salaire et sa continuelle exploitation, aYait-on pour ces audacieux, ces fous, les vieilles bastilles du Mont-8aint-Miehel et de Doullens, bastilles formidables où toutes les tyrannies, tou3 les despotismes; depuis l..ouis XI jusqu'à nos jours, ont successivement entassé et torturé leurs victimes. D'ailleurs, est-ce que la persécution n'a pas été de tout temps la vertu héréditaire des têtes couronnées? En lisant l'ouvrage que vient de publier notre compagnon d'exil, le citoyen Martin Bernard, 11ous avons senti à chaque chapitre notre cœur bondir d'indignation aii récit des supplices qu'un pouvoir ombrageux et lâche faisait_journellement infliger à ces fiers caractères, martyn de la foi démocratique; à ces soldats de l'égalité qui, après les courtes illusions de 1830 passées, arrosèrent de leur sang les pavés de Paris, et plantèrent le drapeau de la République sur les barricades de Saint-Méry, Transnonain et Grenétat. Oni, la barricade de 1832, J 834 et 1839, dates saintes et indélébiles dans nos éphémerides révolutionnaires, était bien la .barricade de Février 1848 ! C'était la même cause, le même principe qui avait armé Jes combattants, c'était le même esprit républicain de Juin, Avril et Mai qui s'y trouvait! Nous avons suivi l'auteur de Dix ans de Prison aver un vif intérêt, avec une c;urieusP. anxiété dans tons les lieux où il conduit le lecteur. On reconnaît, en effet, le Mont-Saint-Michel, cette sinistre forteresse détruite tant de fois par les incendies, mais qui toujours, pour le besoin des tyrans, i,;'est relevée plus menaçante au milieu de ses grèves mortes et brumeuses. Nous avons pénétré dans les cellules vermineuses où 1 le _manque d'air et la séquestration abllolue rendaient fou
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