Le citoyen ·r.... Pianciani, dont le dérnuement à la cause républicaine ne s'est jamais démenti, nous adresse la lettre sui vau te : ~Ion cher Ribeyrolles, • .Je viens de rec•~voirla brochure de M,tzzrnr, riui a pour titre: du D.•voir d'agir, et dont j'avais lu un fragment dans votre dernit•r numéro. Dans cette brochure, l\lazzini, s'adtes~ant à ses compatriotes, t>crit les phrases suivantes: " Le devoir de tout homme qui peut ·• entraîner un 110:nbrc quelconque d'éléments nationaux. c'est •• rlr comprendre que le moment est venu pour les Italiens ·' de s'iasurger ou de se déclarer stupides et lâches, et di' le dire. " Le devoir pour tout It:ilien, c'est de rechercher s'il peut, par "'une voie quelconque, pousser à l'insu1rection; et s'il le peut, " de le faire.,, Profondément convaincu de h vérité de ces paroles, et quoique persuadé riue ma voix n'a d'autre autorité que celle de ma loyauté et de mon dévouement, je veux remplir ce devoir qui m'est rappelé. Je crois que le moment de l'insurrection est arrivé, je le dis. Je crois qu'on doit profiter de ce moment, et si j•cn avais les forces, je le ferais. .Tcco.11ptc sur votre obligeance si souvent éprouvée, mon cher Ribeyrolle~, p:>Urdonner la publicité de votre journal à cette déclaration et me permettre de citer quelques lignes de la brochure sns-nv:iniionnée, les faisant suivre de quelques ob3crvations. Mazzini commence par dire : " Les forces qui étaient aupara- " vant qnies et prêtes à se jeter sur les· insurrections, sont aujour- " d'hui diviséès en trois camps; deux en hostilité l'un contre " l'autre, le troisième hésitant, c::mspirant la porte de ses amis " et cle ses ennemis, suspect à tous. " Si les peuples ne profitent pas de cette opportunité pour se « lever et s'émanciper, il ne sont pas dignes de la liberté. Si à la " guerre des Princes elle ne substitue rapidement la guerre des " N atio:15, que la DGmocratie se résigne ;nt nom d'agitatrice in- " quiète et impuissante; qu'elle n'ose plus dorénavant se dire " rél'olutionnaire, créatrice, capabie. '' Pourquoi," se demande Mazzini, "l'Italie ne se lève-t-elle " pas? Pourquoi, sur toute la ligne gardée par l'Autriche, le " premier ennemi que nous devons combattre, ne sur~it pas <lès " :l. présent le cri d~ Patrie et de Liberté ? C'est une q11estië1n ·• que commencent i. se fairJ avec étonnement tous ceux dn cle- ,, hor5 qui aiment l'Italie et riui devrait faire rou6ir ceux du " dedans nui disent l'aimer." . En parlant de ]'initiJtivc royale, :1 ajoute: "De l'initiative " royaie, qu'en peut-on espérer? Je p?.rle aux homm~s, républi- " eains ou non, qiti rfrlamcnt nne l'atrie Italienne et non p'.ls " seulement l'agrandisseme:1t de la monarchie savoyarde. B~- " p;!rent-ils q11e le Roi va, dans le m:\me moment, déclarer la " gnerre à l' Au. rich'•, à N ap\cs, aux petits gouvernemci1ts des " Dnchés et au l'ape? '' Répondant à ceux qui disent qu'il fant attendre que J'_'u1triche se dfoide eutre les p;rnndc5 puissanc~s qui combattent en Orient, il dit: " J::\.utriche est lâ::he et a~tuc;ct.sa; elle ne s'al- " liera décidéme11t qu'avec cdui qni sera victorieux, et quand elle " en sera bien certaine. A ce moment, il sera trop tard pour "nous.'' Pa:- un c'.llcul s:1rnnt sur les positions. le nombre et les éléments des forces de l'Autriche, il les réduit à leur véritable val•èur ; et après avoir considéré la situation que la guerre d'0ricnt fait à cette puissance, il conclut qu'elle ne pourrait envoyer un sen! nouveau régiment en Italie. Se tQurnant alors vers ceux qui s'épouvanternic-nt à l'idée de combattre même le peu de troupes qui y sont à present et sur lesquelles l'Autriche peut compter, il 3'écrie avec une sainte indignation: "Voulez-vous donn, lta- " liens, conquérir la Liberté et la Patrie s·rns même vous battre?" Les habiles, les diplomates de la Démocratie diront : une insurrection Italic1me déci-lerait l'Autriche à s'unir aux puissaucos de l'Occ:dent. M,1zzini a prévu cette objection et y répond en démontrant clairement qn'lmc insurrection Itali<}nnc, inévitablement suivie d'une insurrectlon 11ougroisc, ferait de l'alli:rnce de l'Autriche un embarras au lil'u d'un secours pour les puiss'.lnces ae l'Occident. Son alliance, à la cinrge de la défendr<',-leur coûterait trop cher, elles n'en voudraient pas. L'Autriche se jettera peut-être dans les bras de la Russie; eh bien ! qu'elle y aiilc ; estce que cela nous regarde? . Depuis que Mazzini a écrit sa brochure, un grand fait s'est ,i.ccompli: la Révolution d'Espagne. Ctt exemple doic, selon moi, être u:1grand enseigne?1ent yonr. les }talien_s. ':),u'ont fait les grandes puiss:uiccs / St la Revolut1on eut eu lieu il y a quelques mois, l'iuterventio:i en Espagne 11•eût pas mrme été doukuse; aujourd'hui on laisse aux E~pagnols lc soin de régler leurs affaires à leur foço:1 ; Yo:lil. ce qui arriverait en Italie si les Italien~ se montraient aussi déterminé~ que les enfants de l'amrc péninsule. Je ne me laisse point entraîner par des rivalités nationales; je ne puis me cacher cependant que la gloire de mon pays me tient particulièrement au cœur, et, puisque l'Espa~n~ a ]?ris pour elle une initiative féconde de mouvement, quel' halte, 1:i s,11vantde près, ait pour elle l'initiati,•e du dénonemeut. Mais qu'elle se hâte pour cela. Déjà le mot RJpublique a été pro:wncé sur plusieurs points. Une Constituwt,~ issue du suffrage universel va fixer les destins de l'Espagne. Ponl'l1t1oin'aurions-nous pas aussi notre Constituante, après avoir comme e)le, en peu ~e scmain.es, purgé de ses ennemis Je sol de la Patne ? Pourquoi ne pourrions-nous pas faire ce que les Espagnols ont fait ? 0:1 nou~ aira .que. leurs enn:mis étaient des Espagnols; ch quoi! Italiens, a1menez-vons mieux vons battre avec cbs Italiens qu'avec des Croates. Enviez-vous rlonc l:i. France mitr.1illée par les 1Iagnan, les Canrobert et les Saint-Arnaud ? Notre nosition serait meilleure que celle des Espagnols si, avant rux, nou~ proclamions le grand principe sans lequel il n'est pas d'insurrection qui pmsse être suivie de snccès, le principe de la s'llidarité des peuples, si l'Italie avait la première l'honneur de déployer le drapeau de la République univer~elle, sans l.aquelle il n'y a ni liberté ni sol:tlarité possibles, si nous acccpttoM sans détour tonte,; les consé(1uences politiques et sociales d·une République sans iesquclles elle n'est qu'nn grand mensonge au profit rle <1uclquesfourbes ou de quelques ambitieux. E1~ fai,ant cela, nous ferions mieux qu'en Espagne, car nous ne seams pas seulement comme les E8pagnols, laissés à nous-mêmes, mais nous verrions arriver à notre secours toutes IC'sforces de laDémocr .. t e. .Je répète encJre ici les paroles de :Mazzini : " toutes les intel- " lio·enc.:?s de la Dé:nocratic devraient méditer et résoudre; le " choix fait, tout"s les forces de la Démocratie ,levraient conver- •· ger vers un même but. Le secret des guerres napoléoniennes, la " concentration sur un point donné du plus grand nombre de ~' forces possible, doit être aLlSsinotre secret à nous. Disséminées, " nos forces se perdent; si nous voulons agir sur dix points à la " fois, il nous faut aller en dix combats, tandis que nous u'a- " vons besoin que d'une victoire. L, victoire d'un peuple sera " h victoire de tous, suivie lestement par tons. La Démocratie " européenne doit aujourd'hui, comme Archimède, chercher un '' poht d'appui pou;- son levier; si elle réussit à le trouver, rien •· r:f lui résistera, elle sou]èl'era le monde. '' Italiens, nous pouvons fournir ce point d'appui; voulez-vous {)n'on dise que nous ne l'avons pas voulu? Jr ]ir.?.i~ dims un des premiers jonrnaux de l" Ang!cterrc, le , L'IlOM ~l E. Momiug Advertiser <lu 29 juillet dernier; "La République peut " seule sauver ]' Espagne, et les bienfaits d'un gouvernement ré- " p ublii:ain ne seraient pas restreints à c~ seul pays, ils seraient " indirt:ctement mais certainement partagés par les autres natio- " na lités qui gémissent sous le despoti~me ......... Que l'Amérique " pousse à l'établissement d'une République en Espagne, elle "n'aura pas seulement rendu un service incalculable à ce pays, elle " se sera encore montrée la bienfaitrice d'autres nations du couti- ,, nent qu'il serait inutile de nommer; jamais peuple n'a eu une ·' plu~ belle occasion de rendre un grand service à la cause de la " liberté universelle, de l'humanité. '' Eh bien, je le confesse, j'envie ces paroles adressées à l' Espapagne; ces conseils donnés aux Espagnols nous pourrions les mériter aussi; ces encouragements i l'Amérique à l'égard de l'Espagne se répèteraient à notre adresse, si, présentant une main fraternelle à la grande République de l'Occident, nons prenions l'in,tiatire d'une alliance qui doit aboutir à la République univcrselie. Certainement l'Espagne avait un droit sacré à la révolution. Mais si elle en avait le <lroit, l'Italie en a le devoi:· dès que l'insurrection e,tpossible. Quel est, en effet, le pays plus malheureux que le nôtre? La thiare et le glaive se disputent la suprématie de l'oppression ; pas un droit reconnu, pas une richesse à l'abri de la main rapace des oppre~seurs. La misère, le sen-age, l'abrntissement, voilà le sort'de l'Italie. De; gouvernements qui, nous pliant sous leur joug, nous ôtent la jouissance de notre li.::an soleil qui est celui de la liberté; des institutions qui empoisonnant uotrc climat de leurs miasmes infects, privent notre sol de sa fécondité, et, au-dcssns de tout cela, la domination l'trangèrc qni pèse sur nous comme la pierre du tombeau; voilà l'Italie! Confiscations, éxils, galères et gibets, voilà l'histoire de ses enfants ! E.;t-il un seul peuple '1lli puisse compter de pareils griefs? :En est-il un seul qui ait autant de titres à l'insurrection? Bt que dire de ce peuple si, quand l'occasion se présente de se venger de tous ses maux, de reconquérir tous ses d:oits, il ne Ja saisit p;is ? .\fazzini repond pour moi, quand il dit: "Honte, ô Italiens! "Ch:qu2 jour qui pas.se dans votre muet servage, chaque victime "qui tombe sans que vous vous leviez pour la sauver, est un re- ,, proche de lâcheté que vous jettent à la face vos maîtres et les "étrangers qui regardent avec étonnement la pat.ieuce avec la- " quelle vous gémisszz et sonfftez. '' . Ou dirnit vraiment qu'en Italie on a peur des conséquences d'une révolution. Et eep,mdant, s'il y a un pays au monde dar.s lequel Je lélldemnill d'une révolution soit mo:ns difficile à réso•ldre, c·e~t certainement l'Italie. N JUS avons toutes les ressource.; qn'avaieut en F,ance les hommes du XVIIIe siède, taadis qu'aujourd'hui, ils ctivr:1bnt en chercher d'autres.Nous avons ces rcs;;.ource~.plus les conquêtt>s de b science au Xf:X:e qu'ils n'avaient p,1s. S'il y a un pay~ dans !::!queltoutes les clas~es ont un intérêt direct, immédiat, clms l:1Rérn!ution, c'est l' ltali~ assurément. Propriét:iircs, industriels, on vous a ta:t peur du Socialisme; pouvez-tou5 le craindre, vom que la fiscalité dépouille tous les Jours? .::'ropriét:tires, à quoi vous sert le privilége de la propriété, quand la mnitié de ms rentes sont englouties par les gouvernea1ents? :N''aimericz-vous pas mieux, aholissant ce privilége qui est une injui;tice et respect~nt le principe qui est un droit, changer la condition de l'ouvrier, vous as,urcr de garder les deux tiers. lndustnels, qu'est-ce pour vous que le monopole de l'industrie, $Ï l'industrie ne peut arnir son essor, si mille liens l'ens~rrent et l'étranglent? Qn'est-cc qu'une industrie contr6!ée par la police et les <louanes? E~t-ce qn'il y a une vraie industrie en Italie/ Est-ce qu'une industrie est possible sous sept administrations jalnu-;es, trncdssières, incapables, exposée, d'un cô,é aux faillite, <lnco.n .1~rce, de l'autre à la banquerou~e de l'Etat? En qn:ii, je le cbmandc encore, pro5tez-vous cl11monopole, moutons, que les gouvernements tondent, en attendant qu'ils vous envo,ent à l'abattoir? Ne préféreriez-vous pas une industrie libre, mais garantie, une indu$trie ouverte à tous, mais dégagée d'entraves, une vraie industrie enfi:1, d:1ns laquelle tous trouveraient tlcs ressources, au lieu de c~tte indu~trie fantô:n~, de cette industrie sque,ettc, des os de laquelle \'OUS avez le monopole. Oui, citoyen~, chns plnsicnrs p 1ys, malheureu,e·nent, les misères des prolétaires enrichissent les privilé$iés. l\his il n'en est pas ain$i en Italie. Les classes qu'ou appelle p,·ivilégiées n'ont que le privilé6e de dépouiller les dé,hédtés pour le compte des gouvernements; non scolement il ne leur en reste rien, mais ils sont encore obligés d'y ajooter beaucoup du leur. Ain-si ce n'('st pas le privilége mais h do.!struction qui représente un intérêt. Je ne pourrai ,jamais me persuader que des Italiens se plai~ent à ce rôle d·agents du fisc, non salariés m;iis payant. lis -comprendront qué le seul moyen de pouvoir jonir de ce qui leur appa~- ticnt, c'est au contraire un changement de système qui garantisse à chacuu ce qui doit lui revenir. Prolétaire, on vous dit: la révolution arrêtera les travaux, les maîires retireront leurs capitaux. :'.\.faisla ri'volution veut assurer le capital au:< travailleurs, le caprice d'un m~ître ne pourra plus vous en priver. Vous devez vous contenter d'un salaire insuffisant à la consommation, vous êtes aujourd'hui réduits au rôie d'rnstruments de travail dont on paye la manutention. Maîtres de l'instrument de travail ou asrnciés à sa possession, vous avez droit à une partie cle la production '1ui puisse un jour produire pour votre compte, et la révol11tiou fera ra:son à tous les droits. Ouvriers des villes, l'a~sociation vous garantira de la concurrence; ouvriers des campaines, votre travail multipli~ la valeur de la terre; qu'il soit afiranchi, et il pourra un jour faire de vous des propriétaires. , Vous tous, enfin, qui voyez tous les jours empirer votre sort, pourriez-vous donc craindre 11nerévolution? Que veut-elle cette révolution? Liberté pour tous, justice pour tous; hors de là, pas de bonheur vrai, de bonheur pur, de bonheur durable, pour personne. Il en est qui peuvent se procurer de~ jouissances, mais ces ,iouissances ne sont pas du bonheur, la peur les trouble, le remords les ernpoi~otllle; et pour profiter d'une injustice i! faut en subir deux. Vn système fondé sur l'injustice ne peut produire qu'antagonisme et dé~ordre; les souffrances de tout genre en sont la conséquence, et dans toutes les classes : vous en avez une expérience fatale. Réfn 6 ions-nous donc dans le vrai, dans le juste, c'est le seul m')yen de salut pour tons; et puisque la seule voie pour y arriv.?r c'est l'insurrection, puisque l'insurrection est po:;sible, pour ceux qui en sont convaincus, c'est, comme dit Mazzini, un devoir de le dire; pour ceux qui peuvent, c'est un devoir de le faire. On me demandera, peut-être, la Proscription que fait-elle? La Proscription ne peut pas faire éies révolutions, son devoir est de les servir. Fraction du parti national qu~ la haine des oppresseurs a jetée sur le sol étranger, elle est aux ordres du parti, elle attend son appel, elle n'y manquera p:i.~. Je sais bien qu'il y a dans la proscription des hommes qui parleront autrement; je sais qu'il en est qui trouvent plu~ com:node et surtout moins dangereux d~ rëhtt·er cbns leur patrie dans les fourgons de quelque armée étra·16ère, quelle qu'elle S'>it, qui se postent en attendant à toate~ les antichambres impériales f't royales, présentes et futures. Je sais qu'il en e$t qui ne voudraient s'unir à aucun mouvement national qui absorbernit leur indivitlua!ité, comme iis disent, ou ils ne seraient pas les premiers; plagiat~ de César, pt.r Sgan:1rrlle ! Je sais tont cela: mais cc ~ont des c:xccption5, des pan_ • vres exceptions qui vous ont toujours dit qu'il ne faut pas cons. pircr, qu'il ne fant rien faire, et q~i, en partie au moins, comme le dit Mazzini, "disaient la même chose peu d'heures avant les "journées de mars,. et descendaient, ~dmirateurs du peuple, à "~~mbattre ~vec lm peu .d·heure~ après." Je veux bien espérer qu ils en feraient autant auJourd'hu1; ce sera une expiation dont le peuple leur tiendra. compte, en jugeant leur conduite antéril?ure. Mais je le répète, ce sont des exceptions peu nombreuses 9u'il 1:c faut p~s con~ondre ave~ la Pr?scription,: La Proscription, Je crois pouvoir le dire, est prcte à laisser di coté toute question personnelle quand il s'agit de servir le pays . .Te crois qu'elle acceptera le programme que ~Iazzini nou~ présente ;.ujourd'hui, parce que ce programme se réduit à ceci: Droit de tons, devoir de chacun; l'~manc;patio1: de la nation pour qu'elle puisse e;-er1;~r ses droits, le devoir de chacun de l'aider à s'émanciper, d obe1r à ses volontés quand elle ~era émancipée. Dans sa plus gr~?~e majorité, .la pr.oscripti~n a t.oujoun; fait son devoir jusq~ ic!. Sa conduite lui a acquis l'estime des étrangers. Ceux qui n avaie.nt pas de moyens en ont cherché dans le travail, ceux qui en ~va1ent les ont fraternelle:nent partagés avec ceux qui en manquaient. Par ses paroles, par ses actes, h Proscription a toujours servi la cause de la Rév.)lution. Cmnbien d'hommes qui auraient pu vivre tranquillement en exil, gémissent dans les prisons ou on~ expiré sur ~es échafauds ? Oui, je le dis ~vee orgueil, l'Itali~ pen:_se plaindre _de,quelriues. in?ividus: mais n'a rien jusqu'à ce JOnr, a reprocher a 1a Prosunpt1on, 1•tJ'espère qu'elle .i'aura qu'à se lou0 r de tout le mo:1de au moment suprême. Les froutières sont gardées par l' œil de la police; qu'on nous appelle, et nous chercherons à les franchir ; qu'on nous les ouvre, et nous nous précipiterons avec l'élan de l'amour pour embrasser cette terre qui est notre mère, pour la rendre libre ou y mourir. On me dira, peut-Être, \'Ous ne pom•ez parler qu'en votre nom. ~~ parle pou~·tou$, et je réponds: que celui qui ne voudrait pas fatre ce que Je veux, ose le dire, le pays jugera entre nous. Et à présent qu'est-ce donc que la Prvscription? Notre condu!te _à!1ous décidera. de notre hon_neur, mais ~e ne sera pas elle ~ut d~c1~era d7s destms de Ja patrie. Le sort fi une populatfon de '27 millions d hommes ne p~ut dépendre de quelques milliers d'individus. Ces individus ne sont que des soldats et clll<}Ueville d'Italie en compte plu~ et de meillP.urs que nous. Souven~z-vous toujours de ce que M:.izziui \'OUS dit: " Les vainqueurs de la Bas- " tille étaient inconnus en I 78J, les hommes qui, en 1808, corn- " mencèrent le mouvement en Espagne étaient inconnus. Les " deux n~tions se lr~l\/èrent à leur suite et furent victorieuses." Vous auriez grand tort si vous vo.uliez considérer comme chefs ceux 4ni l'ont été dans le p:issé, pour cela seul qu'ils l'ont été. Grn(les, c1nplois, tout cela d:iit se perdre dans le grand mouvement ~atioaal.,, ~e ~ui seul tout doit surgir; ce que nous avons été appartient à I ms toue, ce que nous serons dépendra de votre volonté et de uos action~. Je crois remplir un devoir en signant cette déclaration, acceptant francheme.nt l<; programme qui nous est présenté, et c'est ponr cela que Je dois espérer que mon exemple sera suivi. Salut fraternel, L. Pr ANCIA::,-1. Jersey, 6 aoî1t 185}. DES DEVOIRS DE LA PRE~SE. Réponse. au Leader de Londres. Dans un article que le Ledder de Londres a consacré à la brochure que vient de publier le citoyen Schœlcher ce journal s'attachE: exclusive.ment à justifier l'attitude silencieuse qu'il a prise vis-à-vis des décembriseurs depuis l'.allia~ce .. Nous.n'avons. p~s à nous ocr:upcr de cettejustdicat1on 1mposs1ble, mais 1I y a dans l'article du Leader qu~lques points que nous devons relever. Son argumentation se résume daus ces mots textuels : " tant que nous " avous cru la nation française victime cru n guet-à-pens, " nous avons protesté, mais le peuple tout entier étant " d l. d' • ' evenu camp zce un cnme, s IL Y A CR.lME, nous ac- " ceptons avec déférence le gouvernement visiblement ac- " cepté .Pa~ la nati~n française. Déclamer toujours sur " les prmc1pes, serait b:i.ttre l'air. " Il est assez commode de prétendre que la France acc.epte •: 1~ re~tau:ation du despotis1~e " , on croit se justifier a_mstso1-meme, quand on est hb6ral, de respecter le despotisme, de. montr.er " de la déférence " pour un gouvernement qui crucifie toutes les idées de mora1e de droit et de ~ibert(i. Il y a cependant à cela un grand :nalheur, c'est qu'on donne de la sorte u:-ie ]é.,.itimité à toutes les tyrannies possibles en disa11t qu'elles s~nt sanctionnées puisqu'elles existent. Avec cette soumission aux "fatalités politiques et à la force des inttrêts ", avec cdte mani~re de }~ger les ch~ses, il n'y a pas de raison pour qu on n aille pas baiser les mains des fouetteurs de f;m~es italie_nnes et du roi. Bomba, sous pretexte que l Italie et Nap e, acceptent le Joug des fouettern de femmes et le roi Bomba puisqn'ils sont encore en Italie! -On sait ce que pèse dans la destinée des peuples la force sauvage et aveugle des armées. Nous repoussons énergiquement de pareilles doctrines. La mission du journalisme est à nos yeux· plus haute et plus noble, il a précisément pour devoir de guider la société, de l'éclairer lorsqu'elle 3'égare, d'attaquer incessamment le mal, où qu'il se trouve, de prêcher, partout, e.nvers et co:1tre tout, l: culte du bien, rlu juste et de la hbert~. ~l n est pas vrai que la France ait ratifié la plus sanguinaire de toutes les usurpations. le citoyen Schœlcher l'a démontré au chapitre IV de sa brochure avec la dcrnièr~ évidence; mais cela f~t-il vrai, c; ne serait pas un motif pour la presse de pactiser avec 1usurpation, ce serait un motif de plus pour la combattre à outrance. Un tel devoir incombe plus impérieusement encore aux journalistes anglais, lorsqu'on considère que nulle voix indépendante n'a la faculté de se faire entendre en France. ~our c:ux ~ui cl_1er.ch~natu milieu des vicissitudes politiques a mamtemr 111v10lablesles grands principes, seul moyen de gouverner hoHnêtcment la société, il ue s'agit pas de regarder si une nation s'abandonne à la force du crime" par lassitude, indifi'6rence, épuisement, servilismc ?u T~RREUR ", il s'agit de fl~trir le crime toujours, sans pmms se reposer, car le crime même accepté ne cesse pas d'être le crime.
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