Homme - anno I - n.37 - 9 agosto 1854

• -SCIEN'CE.~ ., -SOLIDARI'fÉ.- JO-URNADLELADEMOCRATIUENIVERSELI-1E. N6 37. - MERCREDI, !) AOUT 1854. Ci, Jlournal tDa11.•ait une :f,11iis 1•ar l!le11naiiue. Tontes lettres et correspon<lances doivent être affranchiPs et adressées au bureau de !'Imprimerie Universelle à St-Hélier AMNISTIE. I. L'ancien mon<le o-rec et romain avait' ses fêtes b • , • t l nationales , ses jours sacrés qm perpetu~ieRn es, grands souvenirs : dans_A~hène~ con:_im~a orne, 011 célébrait toutes les victoires repubhcarnes contre l'étrancrer ou coutre les tyrans, et ces dates illustres, 0 1 . , sainte propagande des m~!·ts, rapp~ ment aux ~enératious en fleur les héro1ques ense1gnemens quavaient laissés les pères. Dans le monde moderne, toutes les nations qui fo·ntsouche eu Europe ont, également, daus leurs annales des journées de gloire et de feu; mais la Fran~e, entre toutes, est riche en éphémérides de cette espèce, et contre l'étranger et contre les trônes. ' Elle s'est trouvée cent fois conùamaée par les coalitions à faire tête seule et sans urgent. Entamée quelquefois, elle n'a jam,ai~ é~é envahie tant qu'elle a pu _lutter dans s_on,geme hbre; et'. quant à la mom-1.ràne,elle a laisse chez non-; tr01s tombeaux qui marquent asse~ l~s éta~es <l0 lil:Ré:70lution.-L'ère de ces funermlles. n est pus iermee ! E!1 bien, en ce pays qni a fait le 14 Juillet, le 10 Aoüt le 27 J mllet, le 2-1Fhrier, et la campagne d~ l'Argonn,e _et~elles de Sa~ke-et-~eu~e, en ce pays dont _l ln_sto1re~st se~rne,, depms cinquante ans, de nctoues sarn.~es,1! n y a. plus ~ujourd'hui 9u'nne ?,~te, _une ,f .;te, u:1 anmversaire, un souvenu-, l'aumversm;:e d une nmssance, la date <l'unhomme ! Ce n'était pas assez d'avoir surJ?ris. la. France par trahison, <lelui avo~r v_ol~ses rnst1tut10~s, .sa liberté, son arg·ent; on etait Jalotn du passe, rnquiet des_ souveuirs, ennei:ni de tom_ les grands morts tombés dans le d<w01r; on ava•r peur des g·loiressévère~ <lela République couché3s en travers de la frontière, et ne pouvant pas effacer les noms du livre éternel de l'histoire, on a supprimé les traditious et mis un haillon aux statues ! Et, que_lest cet ho'.11mequi, reste seu~ au piédestal, qm est le samt, le heros, le dieu de la France mère des Hoche, des Kléber ,et des Marceau? C'est l'homme du dix-huit brumaire et l'homme de Waterloo : il s'appelle le pmjure et l'invasion ! - grande date à célébrer, en vérité, que ce jour de naissance qui marque la mo:·t de tant de millions d'hommes, la décadence de l'idée humaine et la chute de la patrie ! Ceci est loo-ique, pourtant : le nouveau parjure devait réhabiliter, glorifier l'ancien : les crimes s'appuient, et Louis Bonaparte es~ dans son ~ôle, quand il destitue toutes les glmres fr~nçaises, quand il brise tous les s?cles, _rour n~ la,~~er au parvis que la statue de l orgueil, de l ambit10n et du sang. . . , Qu'importent à ,_cethomme les _traditions ;.acrees et les ancienrjes fetes de la patne? elles l importunent elles le blessent, elles l'accusent, elles sont pour l~i le trouble_e_tle re~ords: il les craint_d'ail~ leurs, ces dates d1vmes qm enseignent les vivants par les morts et qui disent à tous: Révolution et Liberté! II. Ce triste jour de l'idolâtrie nàpoléonienne, ils veulent, dit-on, le consacrer, cette fois, par une grande, par une large amnist~e : encore une honte qu'ils préparent à la Révolution, encore u_nmensono-e qu'ils jettent aux misères de l'exil, aux <lés~spoîrsde la prison, pour les entraîner bientôt dans un nouveau guet-apens! Souvenez-vous, républicains-socialistes, qui souffrez pour la justice -et le droit, souvenez-vous 1 (Jersey), 19, Dorset Street.-Les manuscrits déposés ne seront pas rendus. - ÛN s' ABONNI:: : A Jersey, 19, Dorset street. - A Londres, chez M. Zmichowski, 28, Greek-street, Soho Square.-A Genève (Suisse), chez M. Corsat, libraire, rue Guillaume-Tell. - Beluique chez M. Leconté, rue de la Rivière, 16, faubourg de Col~gue' à Bruxelles. - A Madrid, chez C. l\Ionnier, libraire. qu'en 1570, Charles IX amnistia les Huguenots, et qu'en 1572, il fit la St.-Barthelémy : croyezvous que le Bonaparte <les boulevards, le. Bonaparte du 4 Décembre ne vaut pas Charles IX? L'amnistie-qu'est-ce à dire, <l'ailleurs? Un ambitieux viole un jour les conditions sacrées du pacte souverain et son serment: il insulte à la foi publique par une trahison scandal~use ; il livre la République à ses polices et la patne à ses soldats ivres; il vous fait mitrailler dans Paris et dans les départemens : ceux qu'il n'égorg·e pas clans les rues ou dans les prisons, il les trarisporte, il les exile, il les entasse dnns les p:rntons on dans les bagnes : il a des tribunaux secrets qui condamnent par §uspicion et sans jamais entendre; il vole la Banque , il vole les institutions, il vole le scrutin, il n'a pitié ni des enfans, ni <lesmères, ni <lesvieillards q ni voudraient mourir au foyer : il s'appelle la trahison, le guet-apens, la violence, l'hypocrisie, l'assassinat, et ~et ho1;11m~eaiur~ cl~ crimes, couvert de sang, vieu<lrait auJourd hm vous aumôner d'un pardon !-La fidélité sainte au devoir, à la loi, serait amnistiée par le pmjure impie ! !Les rôles seraient à ce point chang~s, que l'in,amie recevrait en grâce l'honneur! Nous n'avons pas de conseils à donner; en pareille matière, thacuu est son juge, et nous savons que si, parfois, les misères s'inclinent.sous la force, les convictions n'en restent pas moms au cœur; mais nous <lirons à ·tous ceux qui out charge d'âmes et responsabilité collective dans le grand parti de la Révolution , - nous leur dirons : croyez-vous qu'il soit possible, sans affaiblir, sans compromettre et l'honneur et l'idée, de ramasser, même à la dernière heure, dans le sang· de vos frères, la cédule de miséricorde? Croyez-vous qu'il vous soit possible, sans vous diminuer, sans ahdiq uer, d:entrer ainsi, clients dégradés, clans les domames de César, et de passer sur les tombes de nos morts, sur les ruines de la République.? Ah ! devraient nos os blanchir sur les chemins de l'exil, devraient nos mémoires se perdre et dans les cœurs et dans les foyers de la patrie, ne donnons pas, ne donnons jàmais au crime cette joie suprême de notre abaissement. Nos souffn~nccs sont un témoignage et sont un exemple; auJourd'hui, profanée, blasphémée par toute là terre, la justice en a besoin. : elle n'a d'aill~nrs d'au!re asile que nos consciences. Gardons-lm _ce <lermer refuge, et travaillons, ardemrqent, patiemment, à lui créer une armée nouvelle; car le combat de chaque jour et de chaque heure voilà l'éternel, voilà le grand devoir des républicains! Eh qu'importent nos misères petites ou grandes, nos chétives douleurs privées? Qu'importent les avanies et les regards louches qui nous suivent à l'étran o-er '! telle fut toujours la destinée des exilés 0 1 . et des pauvres :. ne nous en p aignons pas, et travaillons, soldats ·de la foi sainte, à rallier les idées-et les phalanges. Nous ne pouvons être que les amnistiés de la République; nous l'avons laissée tomber dans un meurtre infâme, et, depuis, elle nous parle, elle uous appelle par la tombe •de ses morts, par la voix de ses martyrs. Unissons-nous pour la relever, et relevons-nous nous-mêmes ! CHARLES RnrnYROLLES. P.S. A propos de cette amnistie-promE>sse, il est bon de rappeler qu'à l'époque du mariage-Eugénie, on inscrivit plüsieurs morts, sur les tablettes de grâce ; cela faisait nombre ! Il y a six mois, environ, on a bien voulu inter- 'ner dans un <léparhnnent'du~centre deux citoyens que les garde-chiourmes d'Afrique avaient enterrés dans un de ces ·camps-colonies, où les fi'èvres empestées font ravage. Depuis trois mois leurs familles portaient le deuil : - cela promet pour les miséricordes du J 5 Ao'ilt ! A:--GLf.TERRE ET Co1.o:-.;TES : Un an, 8 shillings ou 10 francs. Six mois, 4 sh. ou 5 fr. Trois mois, 2 sh. ou 2 fr. 50 c. (,i!AQUt: NUMÉRO : 3 pence ou G sous. Pot:R 1.'i:TRAXC:r:R: Un an, l:l fr. 50. Six mois, 6 fr. 25. Trois mois, 3 fr. 50 c. 'i.'@1M ley abor1111en1eaat1 se naaicut d.':i1;-and'e. BULLETIN DU Jorn. La Révolution espagnole paraît', décidément, s'arrêter à la combinaison-Espartero. Les barricades désarment : San-Miguel s'éloigne, après avoir résigné ses fonctions, et le peuple qui a fait sa preuve, rentre dans ses mansardes ou ses ateliers, laissant confiance et mandat au chef de l'administration nouvelle. Puisque la véritable souveraineté se retire, un peu trop tôt, nous le craignons bien, regardons du côté <lu g·ouvernee1ent, et cherchons ce qu'on en peut atlendre .• Espartero, l'ennemi de Christine, le destitué, le <léo·rndé,le banni, ne paraî: pas avoir gurdé de long,) res~entiments. Il a baisé la main royale qui, voilà dix jours, aurait passionnément sig-né son arrêt de mort, et il ue se souvient, dans tout son passé, que de sa gTan_detutelle de _larein~-~nfant. Enfants deviennent parfois les vieillards ! De ce temps d'arrêt, il ne faudrait pourtant pm, coi\clure à l'affaissemeut de la Révolution; et ceux qni ne verraient là, comme résultat, qu'un changement de ministère, se tromperaient étrangement. L:1 victoire du peuple est une les;on qui amènera d'antres luttes et d'autres victoires. Espartero, de son côté, ne peut avoir qu'une signification révolutionnaire, et la liberté relative retrouvera toutes ses garanties, ce qui est un fait grave, en ce moment où tous les gouvernements de l'Europe se concentrent en despotisme. S'il est vrai d'ailleurs que la junte de salut et d'armement ait résolu de garder tous ses pouvoirs, jusqu'à la réunion des Ùortès, le prin_cipalfait révolutionnaire subsiste, et tout est possible. L'armée russe, après avoir évacué B1,1charest, se concentre dans la Moldavie : ceci n'est pas une rettaite, a dit le général en chef, à ses soldats : ~•est une manœuvre stratégique pour faire face à d'autres : mais nous reriendrons bieutôt. Ces autres ne seraient-ils pas les Autrichiens auxquels on v?udrait d?nner une leç~n, pou; leur rappeler les saints devoirs de reconnaissance . Les évolutions mystérieuses de l'armée et la concentration <les forces n'auraient pas de sens, s'il n'y avait pas au fond de ces stratégies quelque grand coup à frapper. Quant aux armées et flottes alliées, soit vers le Danube, soit clans la Baltique, elles n'ont jusqu'ici livré bataille qu'au choléra, cet invisible et sinistre capitaitJ.e-g-énéral de la mort. - Nos pauvres soldats n'ont pas vaincu! En Fra11ce, la situation est à peu près la même; lassitude profonde, épuis~ment, ,<légoût; il_ y ?• pourtant, quelques sy1~ptomes"d un yr~cham ~eveil. et les placards d Angoulemc, Jadis la ville napoléonienne par excellence, annoncent que la honte aura bientôt fait son temps. Si nos armées ne. se battent guères, en revanche, la police belg·e fait des merveilles : elle vient d'expulser, sur ordre de Biaritz, ~e colonel Charras: elle avait chassé, le mois dernier, Etienne Arago - quelles victoires! Quan<l on song-e que le vieux Guillam:ne <le Hollande a:1;oardé quinze ans les Convenhonels, malcrré les 'itileries, on a pitié, vraiment, de cette peu~ io-noble qui se fait gendarme et qui traque des pr~scrits pour caresser le cri11;-e ! , . . , En Italie, les mouvements prevus et deJa denoncés par la press~ anglaise n'ont pa~ encore éclaté : mais les coleres couvent, ks hames fermentent, et l'explosion aura lieu dans un temps prochain. La démonstration de Parme calomniée par tom1 les journaux de Fran~e et d' Allemag~e, a été suivie <levols et de brigandages commis par les soldats autrichiens. Ce sont de si saintes'armées que les armées des empereurs! Ch. Rrn.

Le citoyen ·r.... Pianciani, dont le dérnuement à la cause républicaine ne s'est jamais démenti, nous adresse la lettre sui vau te : ~Ion cher Ribeyrolles, • .Je viens de rec•~voirla brochure de M,tzzrnr, riui a pour titre: du D.•voir d'agir, et dont j'avais lu un fragment dans votre dernit•r numéro. Dans cette brochure, l\lazzini, s'adtes~ant à ses compatriotes, t>crit les phrases suivantes: " Le devoir de tout homme qui peut ·• entraîner un 110:nbrc quelconque d'éléments nationaux. c'est •• rlr comprendre que le moment est venu pour les Italiens ·' de s'iasurger ou de se déclarer stupides et lâches, et di' le dire. " Le devoir pour tout It:ilien, c'est de rechercher s'il peut, par "'une voie quelconque, pousser à l'insu1rection; et s'il le peut, " de le faire.,, Profondément convaincu de h vérité de ces paroles, et quoique persuadé riue ma voix n'a d'autre autorité que celle de ma loyauté et de mon dévouement, je veux remplir ce devoir qui m'est rappelé. Je crois que le moment de l'insurrection est arrivé, je le dis. Je crois qu'on doit profiter de ce moment, et si j•cn avais les forces, je le ferais. .Tcco.11ptc sur votre obligeance si souvent éprouvée, mon cher Ribeyrolle~, p:>Urdonner la publicité de votre journal à cette déclaration et me permettre de citer quelques lignes de la brochure sns-nv:iniionnée, les faisant suivre de quelques ob3crvations. Mazzini commence par dire : " Les forces qui étaient aupara- " vant qnies et prêtes à se jeter sur les· insurrections, sont aujour- " d'hui diviséès en trois camps; deux en hostilité l'un contre " l'autre, le troisième hésitant, c::mspirant la porte de ses amis " et cle ses ennemis, suspect à tous. " Si les peuples ne profitent pas de cette opportunité pour se « lever et s'émanciper, il ne sont pas dignes de la liberté. Si à la " guerre des Princes elle ne substitue rapidement la guerre des " N atio:15, que la DGmocratie se résigne ;nt nom d'agitatrice in- " quiète et impuissante; qu'elle n'ose plus dorénavant se dire " rél'olutionnaire, créatrice, capabie. '' Pourquoi," se demande Mazzini, "l'Italie ne se lève-t-elle " pas? Pourquoi, sur toute la ligne gardée par l'Autriche, le " premier ennemi que nous devons combattre, ne sur~it pas <lès " :l. présent le cri d~ Patrie et de Liberté ? C'est une q11estië1n ·• que commencent i. se fairJ avec étonnement tous ceux dn cle- ,, hor5 qui aiment l'Italie et riui devrait faire rou6ir ceux du " dedans nui disent l'aimer." . En parlant de ]'initiJtivc royale, :1 ajoute: "De l'initiative " royaie, qu'en peut-on espérer? Je p?.rle aux homm~s, républi- " eains ou non, qiti rfrlamcnt nne l'atrie Italienne et non p'.ls " seulement l'agrandisseme:1t de la monarchie savoyarde. B~- " p;!rent-ils q11e le Roi va, dans le m:\me moment, déclarer la " gnerre à l' Au. rich'•, à N ap\cs, aux petits gouvernemci1ts des " Dnchés et au l'ape? '' Répondant à ceux qui disent qu'il fant attendre que J'_'u1triche se dfoide eutre les p;rnndc5 puissanc~s qui combattent en Orient, il dit: " J::\.utriche est lâ::he et a~tuc;ct.sa; elle ne s'al- " liera décidéme11t qu'avec cdui qni sera victorieux, et quand elle " en sera bien certaine. A ce moment, il sera trop tard pour "nous.'' Pa:- un c'.llcul s:1rnnt sur les positions. le nombre et les éléments des forces de l'Autriche, il les réduit à leur véritable val•èur ; et après avoir considéré la situation que la guerre d'0ricnt fait à cette puissance, il conclut qu'elle ne pourrait envoyer un sen! nouveau régiment en Italie. Se tQurnant alors vers ceux qui s'épouvanternic-nt à l'idée de combattre même le peu de troupes qui y sont à present et sur lesquelles l'Autriche peut compter, il 3'écrie avec une sainte indignation: "Voulez-vous donn, lta- " liens, conquérir la Liberté et la Patrie s·rns même vous battre?" Les habiles, les diplomates de la Démocratie diront : une insurrection Italic1me déci-lerait l'Autriche à s'unir aux puissaucos de l'Occ:dent. M,1zzini a prévu cette objection et y répond en démontrant clairement qn'lmc insurrection Itali<}nnc, inévitablement suivie d'une insurrectlon 11ougroisc, ferait de l'alli:rnce de l'Autriche un embarras au lil'u d'un secours pour les puiss'.lnces ae l'Occident. Son alliance, à la cinrge de la défendr<',-leur coûterait trop cher, elles n'en voudraient pas. L'Autriche se jettera peut-être dans les bras de la Russie; eh bien ! qu'elle y aiilc ; estce que cela nous regarde? . Depuis que Mazzini a écrit sa brochure, un grand fait s'est ,i.ccompli: la Révolution d'Espagne. Ctt exemple doic, selon moi, être u:1grand enseigne?1ent yonr. les }talien_s. ':),u'ont fait les grandes puiss:uiccs / St la Revolut1on eut eu lieu il y a quelques mois, l'iuterventio:i en Espagne 11•eût pas mrme été doukuse; aujourd'hui on laisse aux E~pagnols lc soin de régler leurs affaires à leur foço:1 ; Yo:lil. ce qui arriverait en Italie si les Italien~ se montraient aussi déterminé~ que les enfants de l'amrc péninsule. Je ne me laisse point entraîner par des rivalités nationales; je ne puis me cacher cependant que la gloire de mon pays me tient particulièrement au cœur, et, puisque l'Espa~n~ a ]?ris pour elle une initiative féconde de mouvement, quel' halte, 1:i s,11vantde près, ait pour elle l'initiati,•e du dénonemeut. Mais qu'elle se hâte pour cela. Déjà le mot RJpublique a été pro:wncé sur plusieurs points. Une Constituwt,~ issue du suffrage universel va fixer les destins de l'Espagne. Ponl'l1t1oin'aurions-nous pas aussi notre Constituante, après avoir comme e)le, en peu ~e scmain.es, purgé de ses ennemis Je sol de la Patne ? Pourquoi ne pourrions-nous pas faire ce que les Espagnols ont fait ? 0:1 nou~ aira .que. leurs enn:mis étaient des Espagnols; ch quoi! Italiens, a1menez-vons mieux vons battre avec cbs Italiens qu'avec des Croates. Enviez-vous rlonc l:i. France mitr.1illée par les 1Iagnan, les Canrobert et les Saint-Arnaud ? Notre nosition serait meilleure que celle des Espagnols si, avant rux, nou~ proclamions le grand principe sans lequel il n'est pas d'insurrection qui pmsse être suivie de snccès, le principe de la s'llidarité des peuples, si l'Italie avait la première l'honneur de déployer le drapeau de la République univer~elle, sans l.aquelle il n'y a ni liberté ni sol:tlarité possibles, si nous acccpttoM sans détour tonte,; les consé(1uences politiques et sociales d·une République sans iesquclles elle n'est qu'nn grand mensonge au profit rle <1uclquesfourbes ou de quelques ambitieux. E1~ fai,ant cela, nous ferions mieux qu'en Espagne, car nous ne seams pas seulement comme les E8pagnols, laissés à nous-mêmes, mais nous verrions arriver à notre secours toutes IC'sforces de laDémocr .. t e. .Je répète encJre ici les paroles de :Mazzini : " toutes les intel- " lio·enc.:?s de la Dé:nocratic devraient méditer et résoudre; le " choix fait, tout"s les forces de la Démocratie ,levraient conver- •· ger vers un même but. Le secret des guerres napoléoniennes, la " concentration sur un point donné du plus grand nombre de ~' forces possible, doit être aLlSsinotre secret à nous. Disséminées, " nos forces se perdent; si nous voulons agir sur dix points à la " fois, il nous faut aller en dix combats, tandis que nous u'a- " vons besoin que d'une victoire. L, victoire d'un peuple sera " h victoire de tous, suivie lestement par tons. La Démocratie " européenne doit aujourd'hui, comme Archimède, chercher un '' poht d'appui pou;- son levier; si elle réussit à le trouver, rien •· r:f lui résistera, elle sou]èl'era le monde. '' Italiens, nous pouvons fournir ce point d'appui; voulez-vous {)n'on dise que nous ne l'avons pas voulu? Jr ]ir.?.i~ dims un des premiers jonrnaux de l" Ang!cterrc, le , L'IlOM ~l E. Momiug Advertiser <lu 29 juillet dernier; "La République peut " seule sauver ]' Espagne, et les bienfaits d'un gouvernement ré- " p ublii:ain ne seraient pas restreints à c~ seul pays, ils seraient " indirt:ctement mais certainement partagés par les autres natio- " na lités qui gémissent sous le despoti~me ......... Que l'Amérique " pousse à l'établissement d'une République en Espagne, elle "n'aura pas seulement rendu un service incalculable à ce pays, elle " se sera encore montrée la bienfaitrice d'autres nations du couti- ,, nent qu'il serait inutile de nommer; jamais peuple n'a eu une ·' plu~ belle occasion de rendre un grand service à la cause de la " liberté universelle, de l'humanité. '' Eh bien, je le confesse, j'envie ces paroles adressées à l' Espapagne; ces conseils donnés aux Espagnols nous pourrions les mériter aussi; ces encouragements i l'Amérique à l'égard de l'Espagne se répèteraient à notre adresse, si, présentant une main fraternelle à la grande République de l'Occident, nons prenions l'in,tiatire d'une alliance qui doit aboutir à la République univcrselie. Certainement l'Espagne avait un droit sacré à la révolution. Mais si elle en avait le <lroit, l'Italie en a le devoi:· dès que l'insurrection e,tpossible. Quel est, en effet, le pays plus malheureux que le nôtre? La thiare et le glaive se disputent la suprématie de l'oppression ; pas un droit reconnu, pas une richesse à l'abri de la main rapace des oppre~seurs. La misère, le sen-age, l'abrntissement, voilà le sort'de l'Italie. De; gouvernements qui, nous pliant sous leur joug, nous ôtent la jouissance de notre li.::an soleil qui est celui de la liberté; des institutions qui empoisonnant uotrc climat de leurs miasmes infects, privent notre sol de sa fécondité, et, au-dcssns de tout cela, la domination l'trangèrc qni pèse sur nous comme la pierre du tombeau; voilà l'Italie! Confiscations, éxils, galères et gibets, voilà l'histoire de ses enfants ! E.;t-il un seul peuple '1lli puisse compter de pareils griefs? :En est-il un seul qui ait autant de titres à l'insurrection? Bt que dire de ce peuple si, quand l'occasion se présente de se venger de tous ses maux, de reconquérir tous ses d:oits, il ne Ja saisit p;is ? .\fazzini repond pour moi, quand il dit: "Honte, ô Italiens! "Ch:qu2 jour qui pas.se dans votre muet servage, chaque victime "qui tombe sans que vous vous leviez pour la sauver, est un re- ,, proche de lâcheté que vous jettent à la face vos maîtres et les "étrangers qui regardent avec étonnement la pat.ieuce avec la- " quelle vous gémisszz et sonfftez. '' . Ou dirnit vraiment qu'en Italie on a peur des conséquences d'une révolution. Et eep,mdant, s'il y a un pays au monde dar.s lequel Je lélldemnill d'une révolution soit mo:ns difficile à réso•ldre, c·e~t certainement l'Italie. N JUS avons toutes les ressource.; qn'avaieut en F,ance les hommes du XVIIIe siède, taadis qu'aujourd'hui, ils ctivr:1bnt en chercher d'autres.Nous avons ces rcs;;.ource~.plus les conquêtt>s de b science au Xf:X:e qu'ils n'avaient p,1s. S'il y a un pay~ dans !::!queltoutes les clas~es ont un intérêt direct, immédiat, clms l:1Rérn!ution, c'est l' ltali~ assurément. Propriét:iircs, industriels, on vous a ta:t peur du Socialisme; pouvez-tou5 le craindre, vom que la fiscalité dépouille tous les Jours? .::'ropriét:tires, à quoi vous sert le privilége de la propriété, quand la mnitié de ms rentes sont englouties par les gouvernea1ents? :N''aimericz-vous pas mieux, aholissant ce privilége qui est une injui;tice et respect~nt le principe qui est un droit, changer la condition de l'ouvrier, vous as,urcr de garder les deux tiers. lndustnels, qu'est-ce pour vous que le monopole de l'industrie, $Ï l'industrie ne peut arnir son essor, si mille liens l'ens~rrent et l'étranglent? Qn'est-cc qu'une industrie contr6!ée par la police et les <louanes? E~t-ce qn'il y a une vraie industrie en Italie/ Est-ce qu'une industrie est possible sous sept administrations jalnu-;es, trncdssières, incapables, exposée, d'un cô,é aux faillite, <lnco.n .1~rce, de l'autre à la banquerou~e de l'Etat? En qn:ii, je le cbmandc encore, pro5tez-vous cl11monopole, moutons, que les gouvernements tondent, en attendant qu'ils vous envo,ent à l'abattoir? Ne préféreriez-vous pas une industrie libre, mais garantie, une indu$trie ouverte à tous, mais dégagée d'entraves, une vraie industrie enfi:1, d:1ns laquelle tous trouveraient tlcs ressources, au lieu de c~tte indu~trie fantô:n~, de cette industrie sque,ettc, des os de laquelle \'OUS avez le monopole. Oui, citoyen~, chns plnsicnrs p 1ys, malheureu,e·nent, les misères des prolétaires enrichissent les privilé$iés. l\his il n'en est pas ain$i en Italie. Les classes qu'ou appelle p,·ivilégiées n'ont que le privilé6e de dépouiller les dé,hédtés pour le compte des gouvernements; non scolement il ne leur en reste rien, mais ils sont encore obligés d'y ajooter beaucoup du leur. Ain-si ce n'('st pas le privilége mais h do.!struction qui représente un intérêt. Je ne pourrai ,jamais me persuader que des Italiens se plai~ent à ce rôle d·agents du fisc, non salariés m;iis payant. lis -comprendront qué le seul moyen de pouvoir jonir de ce qui leur appa~- ticnt, c'est au contraire un changement de système qui garantisse à chacuu ce qui doit lui revenir. Prolétaire, on vous dit: la révolution arrêtera les travaux, les maîires retireront leurs capitaux. :'.\.faisla ri'volution veut assurer le capital au:< travailleurs, le caprice d'un m~ître ne pourra plus vous en priver. Vous devez vous contenter d'un salaire insuffisant à la consommation, vous êtes aujourd'hui réduits au rôie d'rnstruments de travail dont on paye la manutention. Maîtres de l'instrument de travail ou asrnciés à sa possession, vous avez droit à une partie cle la production '1ui puisse un jour produire pour votre compte, et la révol11tiou fera ra:son à tous les droits. Ouvriers des villes, l'a~sociation vous garantira de la concurrence; ouvriers des campaines, votre travail multipli~ la valeur de la terre; qu'il soit afiranchi, et il pourra un jour faire de vous des propriétaires. , Vous tous, enfin, qui voyez tous les jours empirer votre sort, pourriez-vous donc craindre 11nerévolution? Que veut-elle cette révolution? Liberté pour tous, justice pour tous; hors de là, pas de bonheur vrai, de bonheur pur, de bonheur durable, pour personne. Il en est qui peuvent se procurer de~ jouissances, mais ces ,iouissances ne sont pas du bonheur, la peur les trouble, le remords les ernpoi~otllle; et pour profiter d'une injustice i! faut en subir deux. Vn système fondé sur l'injustice ne peut produire qu'antagonisme et dé~ordre; les souffrances de tout genre en sont la conséquence, et dans toutes les classes : vous en avez une expérience fatale. Réfn 6 ions-nous donc dans le vrai, dans le juste, c'est le seul m')yen de salut pour tons; et puisque la seule voie pour y arriv.?r c'est l'insurrection, puisque l'insurrection est po:;sible, pour ceux qui en sont convaincus, c'est, comme dit Mazzini, un devoir de le dire; pour ceux qui peuvent, c'est un devoir de le faire. On me demandera, peut-être, la Proscription que fait-elle? La Proscription ne peut pas faire éies révolutions, son devoir est de les servir. Fraction du parti national qu~ la haine des oppresseurs a jetée sur le sol étranger, elle est aux ordres du parti, elle attend son appel, elle n'y manquera p:i.~. Je sais bien qu'il y a dans la proscription des hommes qui parleront autrement; je sais qu'il en est qui trouvent plu~ com:node et surtout moins dangereux d~ rëhtt·er cbns leur patrie dans les fourgons de quelque armée étra·16ère, quelle qu'elle S'>it, qui se postent en attendant à toate~ les antichambres impériales f't royales, présentes et futures. Je sais qu'il en e$t qui ne voudraient s'unir à aucun mouvement national qui absorbernit leur indivitlua!ité, comme iis disent, ou ils ne seraient pas les premiers; plagiat~ de César, pt.r Sgan:1rrlle ! Je sais tont cela: mais cc ~ont des c:xccption5, des pan_ • vres exceptions qui vous ont toujours dit qu'il ne faut pas cons. pircr, qu'il ne fant rien faire, et q~i, en partie au moins, comme le dit Mazzini, "disaient la même chose peu d'heures avant les "journées de mars,. et descendaient, ~dmirateurs du peuple, à "~~mbattre ~vec lm peu .d·heure~ après." Je veux bien espérer qu ils en feraient autant auJourd'hu1; ce sera une expiation dont le peuple leur tiendra. compte, en jugeant leur conduite antéril?ure. Mais je le répète, ce sont des exceptions peu nombreuses 9u'il 1:c faut p~s con~ondre ave~ la Pr?scription,: La Proscription, Je crois pouvoir le dire, est prcte à laisser di coté toute question personnelle quand il s'agit de servir le pays . .Te crois qu'elle acceptera le programme que ~Iazzini nou~ présente ;.ujourd'hui, parce que ce programme se réduit à ceci: Droit de tons, devoir de chacun; l'~manc;patio1: de la nation pour qu'elle puisse e;-er1;~r ses droits, le devoir de chacun de l'aider à s'émanciper, d obe1r à ses volontés quand elle ~era émancipée. Dans sa plus gr~?~e majorité, .la pr.oscripti~n a t.oujoun; fait son devoir jusq~ ic!. Sa conduite lui a acquis l'estime des étrangers. Ceux qui n avaie.nt pas de moyens en ont cherché dans le travail, ceux qui en ~va1ent les ont fraternelle:nent partagés avec ceux qui en manquaient. Par ses paroles, par ses actes, h Proscription a toujours servi la cause de la Rév.)lution. Cmnbien d'hommes qui auraient pu vivre tranquillement en exil, gémissent dans les prisons ou on~ expiré sur ~es échafauds ? Oui, je le dis ~vee orgueil, l'Itali~ pen:_se plaindre _de,quelriues. in?ividus: mais n'a rien jusqu'à ce JOnr, a reprocher a 1a Prosunpt1on, 1•tJ'espère qu'elle .i'aura qu'à se lou0 r de tout le mo:1de au moment suprême. Les froutières sont gardées par l' œil de la police; qu'on nous appelle, et nous chercherons à les franchir ; qu'on nous les ouvre, et nous nous précipiterons avec l'élan de l'amour pour embrasser cette terre qui est notre mère, pour la rendre libre ou y mourir. On me dira, peut-Être, \'Ous ne pom•ez parler qu'en votre nom. ~~ parle pou~·tou$, et je réponds: que celui qui ne voudrait pas fatre ce que Je veux, ose le dire, le pays jugera entre nous. Et à présent qu'est-ce donc que la Prvscription? Notre condu!te _à!1ous décidera. de notre hon_neur, mais ~e ne sera pas elle ~ut d~c1~era d7s destms de Ja patrie. Le sort fi une populatfon de '27 millions d hommes ne p~ut dépendre de quelques milliers d'individus. Ces individus ne sont que des soldats et clll<}Ueville d'Italie en compte plu~ et de meillP.urs que nous. Souven~z-vous toujours de ce que M:.izziui \'OUS dit: " Les vainqueurs de la Bas- " tille étaient inconnus en I 78J, les hommes qui, en 1808, corn- " mencèrent le mouvement en Espagne étaient inconnus. Les " deux n~tions se lr~l\/èrent à leur suite et furent victorieuses." Vous auriez grand tort si vous vo.uliez considérer comme chefs ceux 4ni l'ont été dans le p:issé, pour cela seul qu'ils l'ont été. Grn(les, c1nplois, tout cela d:iit se perdre dans le grand mouvement ~atioaal.,, ~e ~ui seul tout doit surgir; ce que nous avons été appartient à I ms toue, ce que nous serons dépendra de votre volonté et de uos action~. Je crois remplir un devoir en signant cette déclaration, acceptant francheme.nt l<; programme qui nous est présenté, et c'est ponr cela que Je dois espérer que mon exemple sera suivi. Salut fraternel, L. Pr ANCIA::,-1. Jersey, 6 aoî1t 185}. DES DEVOIRS DE LA PRE~SE. Réponse. au Leader de Londres. Dans un article que le Ledder de Londres a consacré à la brochure que vient de publier le citoyen Schœlcher ce journal s'attachE: exclusive.ment à justifier l'attitude silencieuse qu'il a prise vis-à-vis des décembriseurs depuis l'.allia~ce .. Nous.n'avons. p~s à nous ocr:upcr de cettejustdicat1on 1mposs1ble, mais 1I y a dans l'article du Leader qu~lques points que nous devons relever. Son argumentation se résume daus ces mots textuels : " tant que nous " avous cru la nation française victime cru n guet-à-pens, " nous avons protesté, mais le peuple tout entier étant " d l. d' • ' evenu camp zce un cnme, s IL Y A CR.lME, nous ac- " ceptons avec déférence le gouvernement visiblement ac- " cepté .Pa~ la nati~n française. Déclamer toujours sur " les prmc1pes, serait b:i.ttre l'air. " Il est assez commode de prétendre que la France acc.epte •: 1~ re~tau:ation du despotis1~e " , on croit se justifier a_mstso1-meme, quand on est hb6ral, de respecter le despotisme, de. montr.er " de la déférence " pour un gouvernement qui crucifie toutes les idées de mora1e de droit et de ~ibert(i. Il y a cependant à cela un grand :nalheur, c'est qu'on donne de la sorte u:-ie ]é.,.itimité à toutes les tyrannies possibles en disa11t qu'elles s~nt sanctionnées puisqu'elles existent. Avec cette soumission aux "fatalités politiques et à la force des inttrêts ", avec cdte mani~re de }~ger les ch~ses, il n'y a pas de raison pour qu on n aille pas baiser les mains des fouetteurs de f;m~es italie_nnes et du roi. Bomba, sous pretexte que l Italie et Nap e, acceptent le Joug des fouettern de femmes et le roi Bomba puisqn'ils sont encore en Italie! -On sait ce que pèse dans la destinée des peuples la force sauvage et aveugle des armées. Nous repoussons énergiquement de pareilles doctrines. La mission du journalisme est à nos yeux· plus haute et plus noble, il a précisément pour devoir de guider la société, de l'éclairer lorsqu'elle 3'égare, d'attaquer incessamment le mal, où qu'il se trouve, de prêcher, partout, e.nvers et co:1tre tout, l: culte du bien, rlu juste et de la hbert~. ~l n est pas vrai que la France ait ratifié la plus sanguinaire de toutes les usurpations. le citoyen Schœlcher l'a démontré au chapitre IV de sa brochure avec la dcrnièr~ évidence; mais cela f~t-il vrai, c; ne serait pas un motif pour la presse de pactiser avec 1usurpation, ce serait un motif de plus pour la combattre à outrance. Un tel devoir incombe plus impérieusement encore aux journalistes anglais, lorsqu'on considère que nulle voix indépendante n'a la faculté de se faire entendre en France. ~our c:ux ~ui cl_1er.ch~natu milieu des vicissitudes politiques a mamtemr 111v10lablesles grands principes, seul moyen de gouverner hoHnêtcment la société, il ue s'agit pas de regarder si une nation s'abandonne à la force du crime" par lassitude, indifi'6rence, épuisement, servilismc ?u T~RREUR ", il s'agit de fl~trir le crime toujours, sans pmms se reposer, car le crime même accepté ne cesse pas d'être le crime.

Mai1:que le Leader et les journalistes anglais qui exprimeraient les mêmes idées, sachent bien qu'ils ne trompent personne, pas plus qu'ils ne se trompent eux-mêmes. li est trop facile <lele constater; le silence qu'ils font aujourd'hui, autour <lu trône sanglant de Décembre, n'a co!llmencéque du jour où " le neveu de l'empereur s'est livré à la Grande-Bretagne, en recqnnaissant les traités de 1815. Ils feraient mieux ile <lire nettement:" les intérêts de uotre pays passent pour nous avant les principes, nous soutenons tt flattons l'empire No 3 farce qu'il nous sert." Cela aurait au moins le mérite de la franchise. Chacun est juge de son honneur; puisque certains écrivains anglais placent le leur dans les avafltages exclusifs de l'Angleterre, puisque tout "leur point de vue est natiofla!/' selon l'expression du Leader, qu'ils aient donc le courage rie leur patriotisme, et ne viennent pas soutenir qu'ils se taisent sur les forfaits <l'une bande de 1.'célérats, parce que la France adhérerait à sa propre dégradation. C'est là calomnier très sciemment notre pays. Parler ensuite, comme fait encore le Leader, "de l'incapacité du Gouvernement Provisoire, " avancer à travers d'assez pauvres p aisanteries sur le Socialisme, que ce sont : "les "extravagance~, les faiblesses <les républicains, depuis "le 24 fevrier 1848 jusqu'au 2 décembre 1851, qui " contribuèrent à inaugurer au milieu des acclamations "un nouveau despotisme sur les ruines d'une République "impossible, " c'est ajouter une indignité à la calomnie pour couvrir une véritable désertion du bon droit. Il n'est pas généreux de nous traiter ainsi, il y a dans notre position une réserve forcée qui ne nous permet pas de prouver que toutes les faiblesses, toutes les insuffisances ne sont p.i.s de notre côté. En tous cas, à ceux qui tiennent un langage aussi gratuitement injurieux pour nous et surtout pour notre patrie, nous croyons faire peu d'injustice en admettant qu'ils ont plus de haine pour la •France, que d'amour pour la liberté et de respect pour l'humanité. Uue pareille façon d'expliquer le 2 Décembre, aux dépens <lesDémocr tes français et de notre honneur natioJlale, nous amène à· une triste conviction ;- c'est que les flétrissures imprimées d'abord par le Leader sur le front des assassins de Décembre, ne s'adressaient pas aux assassins, mais, eu eux, aux hommes soup<;onnés de vouloir déchirer les traités de 1815. Dès que ces nobles v1inqueurs, en effet, abattent le drapeau tricol,ne aux pieds de l'Angleterre, le Leader n'a plus pour eux de flagellations, il ne les regarde plus d'un œil indigné ; il se demande "s'il y a eu crime" dans leurs actPs; ce n'est plus par le meurtre et le parjure seulement qu'ils ont triomphé; "ce sont les folies des républicai:1s qui leur ont frayé le cl1emin,au despotisme au milieu des acclamations " et la France " acce°ptc visiblement l'empire !. ... " -Tout cela n'est pas beau et il noù3 est impos!:iible <le l'entendre saus en être vivt:nient blessés. Quant à nous, nous désirons avec sincérité le rapprochement de,s deux peuples, notre reconnaissance pour le refuge britannique nous y porte plus qt:e jamais, malgré l'irijusticc <l'une partie de h presse à notre égard; les haines nationales nous semblent aussi fatales qu'elles sont absurdes, mais ce n'est pas le moyen de les éteindre que de laisser éclater encore tant d'animosité. De plus, une alliance d'expédients n'est pets de110tre goût, ·une alliance qui force l'Angleterre à mettre ses troupes sous le commandement <l'un misér;•Ùle comme Saint-Arnaud, qui est tout à la fois un assassin et un voleur, nous paraîtra toujours manvaise, parce qu'elle est peu honorable; une alliance entre des éléments aussi hétérogènes que le constitutionalisme et l'absolufo:me êsl grosse des périls propres à l'adultère-; basée sur les intérêts égoïstes et momentanés des deux gouvernements, elle ne saurait rallier les deux peuples·; elle se brisera comme verre dès que les intérêts du quart d'heure se diviseront, laissant derrière elle de nouveHes et dangereuses déceptions. L'alliance que nous souhaitons sera celle qui se fera un jour sur le terrain de l'honneur commun et de la liberté commune des contractants ; ce sera celle où aucun aes deux peuples n'aura rien à regretter, où l'un, enfin, ne croira pas encore triompher de l'autre. XXX. LA QUESTIONSOCIALE. " Agrandissez le champ de votre travail," me disent les uns; - " Pressez-vous cle conclure," me disent les autres. Je voudrais suivre le conseil des premiers, et je sens que je dois suivre celui des seconds. Aux uns et aux autres pourtant je dois une explication préliminaire. A ceux qui voudraient me voir traiter d'abord la grande questio:1religieuse, je répordrai que les limites cl'un article de journal ne me permettent pas de donner une philosophie complète du droit, mais seulement de poser quelques jalons auxquels nous puissions, au jour de la victoire, reconnaître la voie que nous devons suivre pour ne pas courir à de nouveaux abîmes. Je me contenterai donc, en ce qui touche à la reli_qion, de donner quelques conclusions dont chacun pr.ut trouver les motifs dans les écrits de nos chers et vénérés initiateurs, quitte à entrer plus tard, s'il y a lieu, dans <les explications plus étendues. A. ceux qui me deman,lent de conclure en hâte, je dirai que j'ai d-éjà conclu en partie. En effet, puisque la posses- ·sion <les droits sociaux, tels qu'ils existent pour les - L'ROM~1E. membres des castes dominantes, 'est la condition nécessaire à la réalisation de la souveraineté individuelle et sociale, il faut que ceux qui n'ont pas ces droits sociaux les prennent. Voilà ma conclusion. Maintenant, ce que j'ai à dire, c'est comment je conçois que tous et t01ites puissent avoir des d'roits égaux, et comment il me paraît possible de les conquérir et de les garder. l\1ais, plus encore que rle conclure, je me hâte de déclarer que je ll'ai aucune panacée universelle, aucune 'vérité absolue, aucune conclusion dernière, aucun secret pour faire la Révolution sans douleur. Je ne connais qu'un moyen pour savoir, c'est <l'étudier, qu'un moyen pour vaincre, c'est <le-Combattre. Voulons-nous la République démocratique et sociale universelle? Aimons-la de tout notre cœur, et employons à sa conquête toute notre intelligence et toutes nos forces. Nous serons nous-mêmes surpris du peu de temps qu'elle mettra à venir. Voilà ce que j'ai à dire à ceux qui me ·demanclent d~ conclure. ,Ie me permettrai encore de leur donner un conseil : c'est de se tenir en garde contre tout procédé infaillible de faire la Révolution ; laissons cela à ces gens qui, sous couleur de sauver la société, sont~ de ~emps immémorial, occupés à sauver ... la caisse. Cela dit, et demandant à tous la permission de rester moi-même, et <l'écrire, bien ou mal, à ma façoR, je reviens à mon sujet. Celui-là seul qui, dans la sincérité <le son âme, a longtemps cherché la vérité peut connaitre les terribles pE.rplexités auxquelles est en proie l'esprit humain en travail. Où est le vrai, où est le faux, où le jugte, où l'iujuste, où la liberté, où la fatalité. On vowlrait un critfrium certain, et on sent que cela est impossible. Cependant il .faut avancer; la vie nous emporte, et ceux qui v-ienne1,1tnous demandent ce que nous avons vu et la lumière à l'aide ac laquelle nous avons marché. le nouvel édifice social n'est pas encore élevé. Les matériaux sont réunis mais épars. Quelques colonnes, il est vrai, sont scùlptées, sur lesquellès on lit perfectibilité, solidarité. Le fronton qui doit briller au faite est aussi taillé; mais il est dans la poussière où sa' sublime àcyise Libe1·té, Egalité, Fraternité, disparaît sous mille taches de sang et de bouc. Nous, nous en sommes encore à la recherche des lois suivant lesquelles doit s'élever l'édifice. Nous demandons aux hommes du progrès la philosophie du .droit nouveau ? Elle n'existe pas. Je demaude pardon de cette afllrmation à qui <ledroit. Si, la philosophie <lu droit existe; mais éparse dans une fou1e d'ouvrages où il est à peu près impossible que le peuple aille la chercher. Je sais bien qu'au résumé, c'est ce qu'il y a de plus difficile au monde à bien faire: cependant à toute révolntion il faut, je crois, ses cahiers. C'est à quoi je voudrais nous voir tous tra,vailler. "La loi, dit Proudhon, n'est l'expression ni d'une volonté unique, ni d'une volonté générale: elle est le rapport naturel des choses, découvert et appliqué par ln raison. " La sanction de la loi est en Dieu qui l'a donnée.'' Et Pierre Leroux : "'La vérité, la science tirent d'elles-mêmes leur sanction. " Vhomme ne dira plus : le maître l'a dit. L'homme e:.t émancipé de l'homme. L'homme dtra : la vétité dit, la science <lit." Cela est bien ; mais cela ne suffit pas. 'Car s'il est vrai que ln loi, quant à sa découverte, est affaire de ·science et non d'opinion, il est également vrai que la loi, quant à son application, est affaire de consentement, c'est-à-dire d'opinion et non 'de science. Que les savants e,herchent et découvrent les lois, rien de mieux ; pour moi, c'est l'opinion que je voudrais éclairer sur ce point. Dans mon travail sur les principes q1ü doivent régir le nouvel ordre social, j'ai dem~ndé à toutes mes affirmations ,leux cho:.es : la première, de satisfaire à la notion du progrès qui est la bannière même d·es temps modernes; la seconde, de présenter le caractère de rapport naturel des choses qui est le caractère même de toute loi qui porte en soi sa sanction. Des exemples me feront mieux comprendre. Sur la question de l'ipdissolubilité du mariage, je me suis p,ono11cé contre immédiatement, parce que l'indissolubilité du mariage suppose ou l'infaillibilité de l'homme et de la femme en matière de sentiment, 011 l'infaillibilité du prêtre en matière religi~Ûse. Sur la question des peines perpétuelles ( l ), je me suis prononcé cont1e immédiatement aussi, parce que cela suppose l'iùfaillibilité du juge, Toute loi qui repose sur une infaillibilité quelconque est contraire au progrès, stupide et tytannique. Voilà le premier point. Sur la question de l'interdiction du mariage entre frères. et sœurs je me suis déterminé pour l'interdiction, parce que la dégéuéniscence des familles qui ne se croisent pas est un fait naturel constaté, et qu'ainsi cette interdiction porte en soi la sanction d'une loi naturelle. Cepenrlant il n'y a pas de loi naturelle contraire absolument au ma- (1) Je dois dire que je me prononce contre toute espèce de peine autre q·ue h réparation, quan-l elle est possible, du tort c11usé. Mais cela demancle à être e:rpliqué et Je sera. riage entre frère et sœur, puisque admettant même la plus grande diversité de races humaines, la. famille a nécessai .. rement commr.ncé par là. Sur la question de· douanes, je me suis prononcé contre, patcê que ce n'est pas une loi naturelle du tout que d'ajouter des barrières factices aux barrières réelles qui séparent les peuples. Ainsi toute loi qui ne repose pas sur un rapport naturel de choses constaté n'est pas une loi, mais une tyrannie et une impiété. Voilà le second point. • Tout le monde pourrait continuer ce travail et soumettre toutes les lois humdines à cette double et terrible épreuve. On connait maintenant le flambeau à la lumi~re duquel j'ai marché. La famille a été le premier milieu social. J c devrais. donc, si je suivais l'ordre de généalogie dP.s tyrannies, montrer d'abord ce que la famille a éonservé d'oppressif pour la fémme et l'enfant, et dire comment on peut modifier ce milieu de manière à lui faire perdre ce qu'il a gardé de sa sauvnge et brutale origine. La religion 'a dominé et domine encore tout l'ordre social. Je devrais donc, s-i je suivais l'ordre d'importance <les sujets, montrer ce que la religion, entendue comme révélation directe <le Dien , a d'incompatible avec la. doctrine du Jlrogrès affirmée comme croyance cle notre siècle , et dire quelle doit être la politique d:u Socialisme avec les religions existantes. lliais plus que la religion, plus qùe la famillll, la propriété constitue aujourd'hui la société. La ptopriété est l'amour; la propriété est la foi; la propriété e·st l'arche sainte; la propriété est le Dieu du siècle. Comment pénètrer tous dans ce sanctuaire et flous rendre maitres de ce souverain bien sans lequel il n'y a ni liberté dans l'industrie, ni joie dans la famille, ni sou vcraineté dans la cité ? La propriété est-elle de droit divin ou humain, naturel ou civil? c'est ce dont je ne m'inquièterai })as ·pour le moment. Entendue comme droit de l'homme à exerce'r ses facultés sur la nature, .la propriété est un droit cùtain et qui appartient à toute l'humanité. Ce droit là, nul ne le détruira, et il c:.t bien superflu <le craindre pour son existence. • E11te11duecomme droit d'user et d'abuser, d'acquérir et de transmettre, la propriété individuelle n'est reconnue, même par le Code civil, que comme soumise aux modifications Nablies par les lois (Art. 537, 544 G. C.). Créons des faits nouveaux, et des lois nouvelles viendront bientôt sanctionner notre œuvre. • VIVRE EN TRAVAILLANT:voilà la loi naturelle, t0ut ce qui entrave ce droit sacré qui appartient à toui-:, doit disparaître de la société. Soit qu'on regarde le travail comme la condamnatio11 qe l'homme rebelle, soit qu'on le regarde comme le privilége de l'être chargé de continuer sur le globe l'œuvrc <le lu création, tout le monde convient que, malédiction ou bénédiction, le travail est la destinée nécessaire du genre humain. Vivre en travaillant n'est pas seulement la formule du rlrnit, ç'est encore celle du devoir. Il nous faut donc modifier la propriété de mamère 'que tout homme puisse également jouir de cê droit et remplir ce devoir. Cela n'est possible qu'en faisant de la fonction la seule véritable propriété, en n'attribuant la possession de l'instrument dt travail qu'à celui qui le fait produire, et en faisaflt que personne 'dans la société ne soit sans fonction. Voilà la véritable propriété, et je me fais fort de démontrer qu'elle satisfait à l'exercice de toutes les facult6s, à l'assouvissement de tous les besoins. C'est du reste le seul mode de propriHé dans lequel l'Egalité soit possible. Car si on veut accorder qu'on puisse avoir des fonctions d'un côté et des propriétés de l'autre, comme ces préfets, magistrats, généraux et banquiers, qui gagnent de bon'nes sommes à la ville et ont encore à la campagne des champs que cultivent pour enx ;le malheureux paysan1-, il est certain qu'il est impossible de de donner cela à tout le monde, et qu'un pareil cumul aboutit forcément à la spoliation du plus grand nombre. Cette propriété li':!e.st injuste au suprême degré, contraire aux lois naturelles, meurtrière pour les faibles, corruptrice pour les forts, ar1ti-humaine, anti-sociale, sacrilége et infàme à tous les ·degrés. Pour la modifier selon les nouvelles notions de .jnstice qui éclairent la conscience humaine, il faut la pre11dre et lui couper ces pattes monstrueuses sur lesquelles elle marche opprimant l'humanité, i'uswre et l'héritage. l'ou'r la prendre, et pour créer en même temps la propriété de la .fonction 1 telle que nous l'entendons, il faut s'emparer de l'atelier, champ ou usine, et ce, à la pre• mière occasion. Il faut qu'à la prochaine Révolution, au nom du droit et de la force, et sans sé_laisser divertir par de beaux discours, les ouvriers de chaque atelier disc11t au maitre : " La commune fera la liquidation de ta propriété, et nous réglerons avec toi sur les bases et dans les termes fixés par elle. Si dès aujourd'hui tu veux remplir une fonctiob dans l'atelier, sur le pied de l'égalité entre nous, tu as ta place ici. Si tu aimes mieux vivre de la redevance ou du prix que nous aurons à te payer vour la propriété 11ue nous te prenons, à ton choix. Nous, nous n'avons pas le choix, et nous ne pouvons faire différem• ment, à moins de retomber avee nos femmes et no• e•-

fants dans la misère, et dans l'esclavage qui en est la suite. Notre droit est de vivre en travaillant, de posséder l'instrument de travail nécessaire à l'accomplissement de notre fonction." Ainsi, prise de possession de l'atelier, c'est-à-dire révolution, mais révolution véritable ; modification du milieu propriété par l'organisation de la fonction d'une part, et par l'élimination progressive de l'usitré et de l'hérédité <lel'autre. Telle e::;tpour aujourd'hui ma conclusion, conclusion sur laquelle je demanderai la permission d'insister. La suite à bientôt. Alfred TALAN'DIF.R. VARIÉTÉS. SCIENCE POPULAIRE. ETHNOLOGlE. II La diversité des races humaines étant acquise à la science moderne, il reste à considérer quelle doit être .l'influence de cette loi daris son application. Sans entrer ici dans tous les développements que comporte cc grave sujet, on peut montrer par quelques-exemples combie11 est fausse la théorie que le docteur Knox a essayé de baser sur la rép11lsion naturelle des races, sur la stérilité dont il prétend que leurs inter-mariages sont irrévocablement frappés. Ne voyons-nous pas au contraire les races humaines, que des préjugés funestes parquent dans le cercle étroit <lesnationalités et des croyances religieuses, s'étioler, s'amoindrir et disparaître peu à peu de la i;urface de la terre, tandis que les races mixtes offrent le type humain dans toute sa force et toute sa beauté. L'infortuné Lapon qui met des déserts de glace entre sa maison de neige et l'habitation de l'homme des zônes tempérées, le Cosaque, ce type de la laideur européenne, le Zingaro qui n'a ni foyers, ni patrie, le Juif, le Casot des Pyrénées, le Colibert de la Saintonge offrent tons les signes d\me décadence fatale et la statistique constate partout leur diminution graduelle; tandis que l'Anglo-Saxon, le Slave, le Germain, le Hongrois, le Gallo-Franc, le Lombard, le Celtibérien, races mêlées par les relatious que développent et l'absence de préjugés ~tupides, et une plus grande facilité de communications, présentent le • spectacle d'un développement physique et moral plus ou moins énergique, suivant les conditions de liberté que .leur laisse la tyrannie politique et religieuse. Est-il nécessaire de rappeler ici que dans le cercle des nationalités et même de certaines familles, les mêm~s phénomènes se manifestent avec une activité d'autant plus grande que le cercle est plus resserré et que les infractions à la loi sont plus fréquentes. Qui peut douter, en effet, que la maison de Habsbourg, la famille des 'Bourbom et d'autres tiges dynastiques ne soient redevables de l'abâtardissement graduel dont elles sont frappées, à la répétition de ces alliances de famille qui ont empêché leur sang de se rajeunir à quelq11e source plus pure et plus féconde ? Maintenant, s'il est vrai que la fusion des races soit éminemment favorable à l'amélioration et au perfectionnement d11 genre humain, il est de même évident qne l'hostilité des races entre elles, ou leur repercussion sur elles-mêmes, conduirait infailliblement à la destruction de l'humanité et à sa disparition finale du globe terrestre. Et remarquez bien que ceci n'est ni une hypothèse gratuite, ni la simple déduction du principe de la diversité des races. Oui, le genre humain serait destiné à périr, dans un temps donné, le jour où les races diverses, refusant de s'allier l'une avec l'autre, resteraient chacune L' JI O~1 ni E. dans son isolement sous le prétexte de conserver leur pureté originelle. ' Cette assertion, toute blessante qu'elle puisse être pour les créoles et les dynasties, est basée sur de_sfaits matl:- riels non seulement irrécusa.bles, mais qui sorit encore le vrai fondement rationnel de la famille dans la société. Cette théorie offre de plus une solution scientifique à la question de la communauté des femmes, question souvent débattue dans les siècles d'ignorance et quelquefois posée e111ccredans le nôtre par cert,ains esprits maladifs qui donnent leurs rêveries pour des manifestations de la vérité absolue. Lisez l'histoire et vous verrez ceci: partout où la communauté des femmes a existé comme institution publique, le peuple a dégénéré rapidement, partout où la corruption des mœurs est devenue générale, les caractères se sont abaissés, la forme républicaine à fait place à la tyrannie, la civilisation est restée la proie de la barbarie. Regardez autour de vous et vous constaterez que partout où la famille est peu ou point constituée, le type humain s'abàtardit, diminue de stature et offre le plus d'exemples de déformations et d'infirmités constitutionnelles. C'est surtout à l'état de promiscuité dans lequel ils vivent qu'il faut attribuer la dégradation physique et morale des lazzaroni napolitains, celle des gitanos d'Espagne et de Hongrie, et l'extinction prématurée d'un grand nombre de tribus sauvages en Amérique et dans les îles de la Polynésie. Car, pour se perpétuer fortes, énergiques et intelligentes, les races doivent se mêler profondément et se rechercher à distance. Sous ce point rle vue la guerre a été jadis l'un des puissants auxiliaires du perfectionnement de l'humanité. De nos jours, le commerce et l'industrie sont devenus les agents invincibles de la fusion des races et cc ll'est qu'en frappant à mort ces deux leviers puissants de la civilisation qne les ennemis de l'humanité pourraient se flatter d'arrêter un instant son développement progressif. L'histoire· et la philosophie des siècles passés, les récits des voyageurs, les travaux des naturalistes fournissent 1111emasse considérable rl'arguments à l'appui de cette théorie de l'extinction des races par leur répercussion sur elles-mêmes. Si les Aztcks qu'on nous montrait à Londres, il y a quelques mois, comme les descenda11ts des Incas <ln Pérou, appartiennent réellement à cette race infortunée, les antiquités péruviennes, récemment publiées pa.r M. E. Rivero, directeur <ln :M'usét>national de Lima, nous expliquent la dégra.clation visible de ces myrmidons, réductions à l'absurde de l'espèce hum,dne, par ce seul fait historique que pour ne pas mêler le sang des Incas on forçait le prince régnant à épouser une de ses sœurs. A111siles Azteks, autrefois maîtres souverains de la vie et de la fortune de plusieins millions d'hommes, ont descendu graduellement l'échelle des êtres jusqu'à la limite qui sépare l'ho:.:ime du singe, la voix h•.'mai ne leur est restée; mais déjà la parole lenr manque et leur mtelligence dépasse à peine celle d'un chien savant. Quand le voyageur Chardin remarqua en Perse la dégradation manifeste <les Guèbres, le peuple autochtone de l'Iran, tandis que les conr1uérants, mêlés de sang arabe et géorgien, offraient un type de beauté remarquable, il ne pouvait s'expliquer la raison de ce contraste douloureux. Un vieil l1istorien, Thabari, dont le livre a été traduit en turc et 1rnblié à Constantinople, eu 12GO, nous donne le mot de cette énigme qui embarrassait Chardin : "Un siècle " avant 1\fahomet, dit-il, Yers la fin du règne de Koba<l, '' sortit de la ville de Nisa, en Khorassan, l\Iazdee, l'es- " prit fort, qui prétendit être prophète. Il établit, d'après " la religion des Mages, l'adoration du feu et le mariage " des mères avec leurs fils, des pères avec leurs filles et " <les frères avec leurs sœurs. Il enseigna qu'il n'y avait " point <lepropriété au monde et que Dieu en est l'uni- " propriétaire, qu'il n'y a point de mâriage, que Dieu a " créé le monde pour les fils d'Adam, qut1 tout est corn- " mun, etc., etc." Nous ne répondrions p.::s que le Musulman Thabari, ennemi religieux des Guèbres, n'ait calomnié la religioh des I\Iages ; mais le fait de l'isolement des Guèbres au milieu de la Perse mahométane reste à l'appui cle uotre théorie. Montesquieu prétend aussi, dans l'Esprit des Lois, q1 1e les Tartares pouvaient épouser leurs filles quoiqu'ils ne se mariassent jamais avec leur propre mère, et cela seul pourrait rendre raison <lela laideur du Cosaque; mais le fait qu'avance l'illustre président a petit-être besoin d'être vérifié. Quoi qu'il en soit, disons, pour terminer, que la loi de promiscuité est radicalement condamnt'.>cpar u11fait concluant emprunté à l'histoire naturellp. des animaux : Les poneys d'Ecosse et les lévriers microscopiques, délices des vieilles filles incomprises, sont obtrnus par la réduction systématique de la race à sa plus simple expression numérique, pendant un certain nombre de générations ! Il résulte invinciblement de tout ceci que la constitution de la famille est une loi de la nature et non une loi de la société, et que toute réforme politique et sociale en dehors de cette base serait le résultat d'une déplorable aberration. J.-PH. BERJ.EAU. Pour répondre aux nombreuses demandes qui nous sont journellement adressées, l'Administration du journal l' HoMME vient de faire réimprimer les premiers numéros dont les exemplaires avaient été complètement épuisés lors de leur publication. En conséquence, on trouvera chez MM. les agents du journal ou à l'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, les numéros qui rnanqueraient aux personnes faisant collection de l'HoMME, à raison de 3 pence (6 sous) l'exemplaire pris séparément. Quant aux personnes, au contraire, qui désireraient avoir tous les numéros qui ont paru jusqu'à ce jour, el1es peuvent se les proc.urer aux mêmes conditions d'abonnements qui se trouvent indiquées, pour chaque pays, en tête de notre. journal. L'administration du journal l'Itomrne croit devoir porter à la connaissance du public de Jersey que deux uouveaux bureaux, rour la vente du journal iu numéro, viennent d'être établis : Chez Mme LEV AILLANT, marchande de papier et de fournitures de bureaux, Pierson Street, près le Royal Square ; Et chez M. HUREL, marclrnnd <le tabac, 24, Queen, Street. On peut également s'abonner à ces bureaux." ·LEBSAGNDE'SAFRIQ HISTOIRE DE LA TRANSPORTATION DR DÉCEl\1.BRE, Par CHARLES RIBEYROLLES. 1 volume in-8.-Prix : 2s. 6d. AVIS. GUTEL PROSCRIT nu 2 DÉCEMBRE, a le triple .iv:mtage d'unir l'élégance, la légerté et 1n•otesseo•• fie ~01111e la solidité. _ en plâtre, en cire', en mastic et en gélatine sur nature morte ou vivante. Il moule aussi' les ornements, les statues et fournit des épreuves à un prix modéré.--20, Denstreet, St.-Hélier. Tailleur d' Habits.-29, Belmont Road, St.-Hélier, Les semelles sont fixées avec du laiton et ne ------------------!Jersey. laissent aucune aspérité ni à l'intérieur ni à l'exBI A m "IIl r:~~:;:t!, r~~~~~~~~ A. LUDK. ORDECKI, 'PROSCRIT POLITIQUF. POLO:S-AIS, A11lJ , en chef pendant huit ans du journal quotidien le Messager du Nord, paraissmt à Lille (Frar1:cc)1d,on_ne à, d_omicile,~es Donne à domicile des leçons ùe langue Allemande le?ons de langue f~·ança1s:, d anthmet1que, d h1s- et Latine; il démontre aussi la Gymnastique. tom•, de géograp~1e, de httérature, etc. M. Lud. Kordecki désirerait trouver de l'emploi 11 se ch~rge egalement_ de toutes correspon- comme professeur dans une pension.-61, Ncwman <lances, écntures commerciales et autres, et des Street Oxford Street.-Londres. mémoires dont on lui confie la rédaction. --'--------- térieur. - On peut marcher à l'eau sans nuire à la solidi,té de la cha11ssure. EDOUABRIDF1F, PROSCRIT ITALIEN, Donne des leçons de hngue italienne. 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AVIISMPORTANTa Dans l'intérêt du Commerce, de !'Industrie et de la Science, les Aunonces de tous les pays seront acceptées l :).la condition d'l'.ltre écrites en français, conformément au spécimen ci-après. Les Avis et Annonces sont reçus à l'Office de l'Imprimerie Universelle, 19, Dorset Street, à Jersey, S-Hélier, jusqu'à l'arrivée du courrier du mai di. Toute correspondances doit être affranchie et contenir 1m bon, soit sur la poste anglaise, au nom de :M:. Zéuo SwrnTo3LAWSKI, soit sur un des banquiers de Jersey ou de Londres.· Le prix dés Annonces est uniformément de six sous (trois pence) la ligne, pour les trois sortes de caractères courants employés dans ce journal. Les lignes en capitales et en lettres de fantaisie, seront payées en proportit,n de la hauteur qu'elles occupcrnnt,. calculée sur le plus petit texte.

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