mité de la mise en action de ces forces sociales, la légitimité de la SOU\'eraineté des castes propriétaires. Ces hommes disent encore : " Enrichissez-vo11s et vous -:mrez les droits politiques. Tant que vous ne possédez pas vous n'êtes que des appendices de la société, et vous êtes aussi ridicules qu'insensC·s en demandant une participation quelconque au droit 110litiqne. Y ous naîtrez au droit quand Yous posséderez : jusque là, vous n'existez pas. Il u'y a }HlS société entre vous et nous. Il n'y a société qu'entre ceux qui ont une propriété." Et il faut reconnaitre que 1, description du fait existant est exacte : seulement ae fai, : )it-il durer? D'un autre côté, certains ·urnes, frappés non plus du (:Ôté économique, mais du c, politique des institutions .humaines, or1t cru qu'il st: ,lÎt pour arrirer à la mvdit.ication des faits sociaux d·c, .!1odifier les lois. De là, la pensée de s'emparer ùu } ·;voir législatif; l1e là, la ' 11oursuite du droit politique :e lù. l'opinion r~puhlicaine en face de l'opi_nion consen ee et monarchique. :Ma:s les lois ne peu\'ent re être que la consécration des faits ou des tendances, et ,c1n la créatio11de ces faits ou te11da1Jccs'.:Fut-on Moïse (un dictateur qui s·y entendait, je crois). on ne parviendrait pas à donner des lois nouvelles si l'on ne créait en même temps des faits nouveaux. C'est la création de ces faits nouveaux que demande le Socialisme; faits sociaux et faits politiques tout ensemble. Car. ::-i quelq11Cs-uns ont eu le tort de ret0111JJer seulement la guestion. aux politiques qui disaient : Pours-c.ivons l'égalité sociale au moyen ù::: l'é6alit~ politique. Répond 111t: l)oursuivons l'égalité 11oiitique au moyen de l'.:galité .sociale ; Il n'cll est pas ainsi du plus grand 11ombred~s socialistes, et il est vrai de dire que le Socialisme est en même temps républicain, et qu'il l'a bien montré. Il est , vrai de dire enfin , que la solution consiste à ne plus opposer !'"égalité sociale et l'~galité politique l'une ~ l'autre, nfois it les pours11ivre ensemble et l'une par l'autre, en donnant la premiè·rc JlOur base à la seconde. En pareille matière, 4ui n'a pas tout n'a rien. Car: les libertés publiques n'ont aucun fonùement tant qu'e1lès 11e reposent pas bUr la liberté réelle, physique, morale et iutellectuelle de l'individu. Ne parlons plus d'égalitè poli tique et ne.:suffrage unin•rsel entre riches et misérable::-! où sont les hommes libres, vous dirai-je? entre ces deux castes, la bourgeoisie esclave de sa propriété et de sou orgneil satisfait, et le-prolétariat esclave de sa misère et de ses besoins inassouvis, combien sommesnous qui pouvons nous dire hommes libres ? combien sommes~nous qui soyons prêts à jeter par-dessw, bord tous les biens de la vie, séjour de la patrie, joies de la famille et de l'amour, fon1:tions, fortune, satisfactions du luxe et ,les goûts artistiques, tout, plutôt que de sacrifier cette' liberté morale sans laquelle nul ne mérite le nom __ t:l,'!z.omme? Il y a bien peu d'hommes dans l'hurrunité. Mais enfin , il y en a assez pour montier au peuple où il faut frapper. L'histoire des castes privilégiées elle-même nous indique tht reste parfaiteme11t et le but à atteindre et les moyens à employer pour cela. • Le but, c'E.st de réaliser pour tous l'égalité sociale telle que la possèdent entre eux les membres des castes c!omi11antes. Les moyens s011t de briser les barrières qui tiennent le peuple à la porte des milieux sociaux qui ont nom famille, cité, p:·opriété en y' pénétrant de vive force, et en abolissant les priviléges civils, économiques et politiques de la même manière que la bourgeoisie abolit autrefois lés priviléges féodaux. . Mais vouloir conquérir les libertés publiques en laissant it la caste privilègiée tous les droits de propriété, dont la privation rend le prolétaire esclave du riche! Non, ~on. C'est assez jouer aux révolutions. Révolutien pour .de bon, ou rien. "Il n'y a rien de nouveau sous le soleil," répètent avec satisfaction les ignorants et les fourbes qui accusent le Socialisme d'être un habit d'Arlequin, dont les morceaux ont été pris à la hotte aux chiffons de l'antiquité. Non, il n'y a rien de nouveau dans ce sens que h véTité, la justice, le bien, le beau ne sont pas inventés tl'aujimrd'hui. Nons ne nous donnons pas pour des Messies, et nous accordons volontiers que nou:a: n'avons rien inventé du tout. Mais ce qu'il y a de nouveau, c'est quc:- nous voulons que le proverbe, le soleil luit pour tous, devienae une vérité ; et que, sous le soleil, la justice luise pour tous et pour toutes. Ce que nous voulons, c'est qu'on jouisse dans l'humanité, sans acception de couleur, de race, de sexP., de la liberté et de l'égalité dont on a joui -dans la c_asteprivilégiée dès la plus haute antiquité. Oui : la justice, la liberté et l'égalité ont été connues -et pratiquées dans le monde, mais connues et pratiquées --dans la caste au bénéfice de laquelle le reste était opprimé. Pour le ~rec, la justice existait entre Grecs; pour le Romain, entre Romains, et selon la caste it laquelle chacun appartenait, (aujourd'hui elle existe entre riches). En outre, les sociétés ,a,ntiques reposaient sur un , monde d'esclaves pour lequel la justice n'existait ras. Et •<:'est grâce à ce monde d' e~cla,ves,qu~i lea hommes illns.- (t:es, Orph~e, Pythagore, S<tcrate, Platon etc., ont pu cullttv..ir,ies ~c1e12ceset les arts, et nous transmettre leurs imm.~Ues· .~couv-ertes -~~\_le œ.~n~e d~, bi_eu.ét-du 'eeau. • . ~ L'IIOMllE. Mais, ne l'oublions pas, ces découvertes, fleurs éternelles de la civilisation, ont eu leurs racines dans le fumier humain de l'esclavage ; et le progrès ac_compli11'est pas que l'humanité puisse ou non produire des hommes supérieurs indi viduellcment à ce~.grm.uls hommes qai ont eu euxmêmes d'aussi éminents ancêtres dans l'antiquité la plus reculée, mais que, en étendant à toits les bienfaits cle leurs découvertes, ou ait fait que le plus simp]e des hommes puisse avoir une notio11de la justice supérieure à celle qu'avait Platon lui mème, tout divin qu'il fùt. C'est ce caractère d'universalité qu'a revêtu la notion de justice qµi différencie le plus profondément les temps modernes des temps anciens. Cela, quoiqu·on en puisse dire, est très 11ou \·eau puisque cela ne <late que ùe la Révolution française. Et ce qni u'est pas moins 11ouveau, c'est que, sûrs de la justice de notre cause et de son triomphe, nous ne nous <lounons cependant, pas plus que nos pères, ni pour Messies, ni ponr papes, 11ipour aucune de ces espèces qui prétendent ~·entretenir avec Dieu en audience particulière, et nous r11pporter les secrets de la pensée éternelle. Pour se conformer de plns ()ll plut-:à la notion moderne de la justice universelle, le:-: mili.eux hnmains, famille, propriété, patrie, subissent deux sortes de mouvements : les mouYements révolutionnaires qui étendent ces milieux en y faisant erttrer toujours de nouvelles ma3scs d'hommes, et les mouvemeuts évolutionnaires, sije puis dire, qui modifient ces milieux eux-mêmes dans leur nature intime en vertu des sentiments et clc:s idées de la génération nouvelle. Exemple : par la révolution de 89, la bourgeoisie conquérait tous les droits de famille, et en même temps, ffodiflait la famille en instituant l'égalité des enfants entr' eux, et en tempérant l'antori té 11atern'elle. Ainsi, dans ce gr:rnd mou\'emeut, le milieu familial se modifiait selon les règles nou\·elks d,, justice, en même temps qu'il s'étendait pour faire place à la bourgeoisie. Serait-il vrai de dire ccpenc1ant <1 ue la Rérnlution a détruit la famille? Alors il serait- nai de dire aussi que le Socialisme veut la détruire; car, outrè qu'il veut que les droits de famille soient des réalités pour tous, il Yeut encore modifier la famille elle-mf-me selon les tendauces et les besoins de justice nouveaux. Ainsi, tle la propriété et de tom, les droits civils et politiques. Mais pour modifier les milieux humains, il faut e!1être maître ; et l'histoire nous montre que les castes clomi-. ilantes ne cèdent jamais qu'à la force. Cela est triste ; n_1aiscèla est certain, et prouvé par toutes les expériences. Il y a dans la richesse, dans le pouvoir, un vertige qui éblouit· 1es gens et leur fait croire que tous ces biens n'existeraient plus pour eux-mêmes s'ils existaient pour tous. Que faire donc '? faire comme a fait la bourgeoisie : rire des accus:1tions et des iujmes par lesquelles on no\Jlt impute de vouloir tout détruire ; ne voir dans ces fantômes de terreur .agités devant nos yeux, Çl!ledes créations fantastiques semblables aux mannequins destinés à effrayer les oiseau~ , et en faire 1i1 ière à la première occasion, comme les bourgeois en ont fait litière autrefois. Sans doute, s'ils avaient beaucoup de science ou un peu de foi, les bourgeois pourraient comprendre l'identité au fond de l'intérêt privé et de l'intérêt général, et conjurer un avenir plein de menaces. Mais que àis-je : 'Ils deviendraient donc socialistes? à tout prendre cela vaudrait peut-être antant pour eux. Car si Juin 48 a pu apprendre aux prolétaires qu'il n'y a pas de souveraineté, véritable pour qui n'a pas le droit social, Décembre 51 a pu apprendre aux bourgeois qu'il 11'ya de liberté assurée à personne là où il n'y a pas liberté et égalité pour tous. La leçon a été complète. Profitera-t-elle ? Pour moi, je n'ai pas la prétention d'apprendre à la bourgeoisie comment on conquiert la liberté ; si elle l'a 011blié, qu'elle relise sa propre histoire. Ce que je veux, c'est montrer au peuple où est la véritable souveraineté, et comment on peut l'acquérir. Ce n'est :eas ma faute si je n'ai encore rien de mieux à lui offrir que l'.exemple de la bourgeoisie. Croyez-vous que pour être gouvernés par un roi héréditaire, une Chambre des Pairs et une Chambre des Députés, au li(:;ud'être gouvernés par une seule assemblée , élue par eux, les 200,000 censitaires de Louis Philippe en fussent moins le véritable souverain de la France t Le roi, tout roi héréditaire qu'il fût, était leur humble serviteur, la pairie était le sabot laissé \ la machine pour n'aller pas trop vite : la députation était la bourgeoisie elle-même représentée, selQn sou cœur, par les plus cupides et les plus orgueilleux. Les 200,000 pouvaient en toute sureté déléguer à ces pouvoirs l'exercice de leur souveraineté. Leur souveraineté inaliénable n'était pas dans cette mécanique, elle était dans leur richesse, dans toutes ces forces vives qu'ils possédaient, et que ni roi, ni ministres, ni pairs ne pouvaient leur enlever"( J ). Mais ils s'étaient fait caste dans la nation. Ils étaient trop souverains, trop maîtres. Ils' étaient tellement repus de toutes choses qu'en face du patibulaire prolétariat que la disette de 45 venait de décimer, ils ne purent s'empêcher de crier leur joie et de se déclarer satisfaits. Un si grand et si injuste bonheur ne pouvait durer. Tout le mond.e sait comment, à propos d'une question de ( 1) Pour plus ample dém.onsh;-ition,voir l'admirable line de Pi~rre Leroux, iAtitulé : Plo«tocratie, aprèli la lecture duquel il ..n'y a plus de do~ possible.· . • . réforme électorale, il ne s'agissait pourtant que d'ouvrir leur salon à quelqnes-uus, ils s'exposèrent à voir tout le monde entrer chez eux. Tout le monde, même Bonaparte. Celui-là à su y rester. Le peuple, lui, alla monter la garde à la porte, et comme il avait .mis trois mois de misères à passer, sur le pavé, an service de la République, les curés vinrent lui bénir ses arbres <le liberté pour l'amust>r, en attendant juin. Tout cela est-il assez vrai? Et le peuple comprendrat-il enfin que ce n'est pas assez de forcer la porte et d'entrer ; qu'il faut y rester, dans la famille, la propriété, le gouvernement? Pour moi, je crois qu'il n'y a. que cela à faire pour ne pas être dupe toujours. Il ne faut cependant rien négliger. Il faut donner à la question de forme du gouYernement, à la quqstion politique, l'attention qu'elle mérite. La forme nécessaire d'une société égalitaire, c'est la République. Mais il ne faut pas perdre de vue la question souveraine, la vraie question, la q_uestion sociale. Il faut que tout le monde eutre clans la familir, dans la propriété, dans la cité; et pour cela, il faut modifier ces milieux de manière qu'ils puissent satisfaire aux besoinset aux droits de tous. Ensuite le peuple pourra, à son choix et sans danger 1>our sa souver :ineté inaliénable ùe fai_t,soit garder l'exercice de cette souveraineté et voter les l_ois dan_s ses. comices, soit, ce qui serait _pe11t-être le mieux, faire lm-même tout ce qu'il pourra faire facilement et bien, confiant le reste à des maudatnires toujours responsables et révocables. Alors, la vraie République pourra exister, parte que les individus seront libres et égaux ~n fait comme en rlroit; alors les libertés publiques seront umttaquables, parce qu'elles seront incarnées dans la liberté physique, mor:i.le et intellectuelle de chacun; alors, le suffrage sera quelque chose, parce qu ';! sera l'expression de consciences libres; alors le droit politique sera une vérité, parce qu'il sera Ja manifestation ne volontés humaines, co11sciencieuses. Jusque là, la République sera une illusion. Ce n'est pas le snffrage u11iversel qui fait des ltommes libres : c'est la liberté qui fait des hommes dignes du droit de suffrage et capaliles de s·en servir. .Alfred T.u AlŒIER. SCIENCE POPULAIRE. PHILOLOGIE. L' Anglais est assez volontiers philologue : il se lance plus ardem1~ent q~e nous daus les spéculations qu'embrasse la pl11losopl11edu langage, La logique britannique, étranglée par les anomalies du spelling-book le ba be • . ' ' ' in, bo, bu national, cherche son équilibre dans l'étude des langues dont l'anglais moderne est dérivé. Il faut nécessairement qu'il demande au latin, au français, à l'allemand et au danois la généalogie de ses mots et la raison plausible de leur prononciation. Cette étude conduit naturellement à faire des voyelles continentales, une abstraction dam laquelle on ne peut établir la filiation cherchée. Cette habitude de donner aux voyelles un rôle tout secondaire aplanit singulièrement les difficultés de la linguistique comparée, car elle réduit les mots à leur plus ~mple expression, en exposant à la fois tous les os du squelette aux regards de l'anatomiste. Il ~•y a d'aill~urs, d~ns cette dissection, :rien d'exagéré ou qui répugne a la 1':uson; car si on examine, en dehors des conventions académiques, les divers dialectes parlés dans un territoire de quelque étendue, tel que la France, par exemple, on reconnaîtra que la prononciation des voyelles y est parfaitement arbitraire et varie souvent d'un. village à l'autre. Tout Français sorti de l'enceinte de son v_illagen_atala _été fo~pé de ce fait qui n'est pas l'except10n, mais la regle normale, universelle . Maintenant cette base une fois posée, on peut se demander si les 2,000 langues parlées sur le globe terrestre ont un type commun, ou si elles sont, de leur nature diverses comme les races humaines. L'examen de cett; question, qui se lie si étroitement à la théorie de la diversité des races, vient confirmer irrésistiblement cette théorie en se heurtant comme elle à un préjugé populaire admis comme article de foi. Parmi les hypothèses tantôt ingénieuses et tantôt extravagantes qu'on a laborieusement échafaudées sur la communauté d'origine de toutes les langues, il n'en est guère de plu~ hardies et de pl,us intéressantes, peut-être, que celles qm ont été soulevées par les philologues celtes de notre siècle, et entr'autres par Maçlean, auteur d'une histoire de la langue celtique, publiée à Londres en 1840. Pour lui toutes les langues dérivent du celte, tel qu'il s'est conservé jusqu'à nos,jours en Ecosse, dans le pays de Galles, et en France, dans la péninsule armoricaine. Les dialectes appelés celtique, enfique, copte, aramique, • punique ne forment qu'une seule et même langue sous des noms divers ; bien plus, toutes les langues actuellement parlée~ sur 1: globe terrestre sont des dérivations pltts ou moms éloignées de cette source unique, descendue en droite ligne de la bouche àu premier hf>mme et restée pure aux extrémités les ·plus reculées du vieux monde. Il résulte clairement de la lecture du travail de.]{. Mt clean, que les études phij.ologi411er.kde: C'&t,aufeur• ont été • l • • • • ' •
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